Elle n’entend rien, la Cheffe. Ni le début de hurlement de la Soigneuse, ni l’agitation, le creux dans la foule autour d’eux. Son ordre a l’effet escompté, un frisson monstrueux qui ne vient pas d’elle. Proche, très proche qu’elle est, à ne surtout pas s’interroger sur le sale sentiment qui surgit, jaillit brièvement devant sa réaction, avant d’être aspiré par la colère. Elle n’a pas le temps de s’y attarder, un cri strident fend ses tympans et la fait grimacer. La Soigneuse - Yell, la bien nommée - s’est approchée et tient plus sur sa colère que ses jambes.
Elle n’a pas lâché, la Gueule Cassée, malgré ses oreilles qui sifflent. Elle ne lâche pas, sa colère pulse encore malgré le choc. Qu’est-ce qu’elle cherchait à faire, déjà ?
Un coup, qui ne la vise pas mais qu’elle encaisse par ricochet. Elle ne vacille pas lorsque le corps du punk part en arrière, semble presque l’accueillir alors que sa prise change de nature - hors de question qu’il tombe par la faute de quelqu’un d’autre qu’elle. Sa main qui tenait le collier desserre son emprise, l’autre tente de soutenir le Chasseur du mieux qu’elle peut. Un sale goût emplit sa bouche, parfum d’amertume et de regret. Elle voulait éviter ce genre d’histoire, justement.
Il n’y a pas la moindre once de chaleur dans le regard que Lacerate adresse au Rouge, pourtant aucune insulte ne franchit ses lèvres. Elle n’a pas oublié qu’elle lui en devait une.
Sa voix siffle :
- C’est bon, tout le monde en a eu pour son compte ?
Lacerate s’adresse à Yell et Scar, mais son esprit est ailleurs. Si sa prise s’est desserrée, la Cheffe sait que le danger vient d’Apache désormais. Elle connaît sa rage, elle avait failli en crever.
Il fera les frais de la sienne s’il jette de l’huile sur les braises.
Résumé:
Lace n’entend pas le premier cri de Yell, trop concentrée sur Apache. La deuxième fois, ça l’assomme un peu mais elle ne le lâche pas. Dès que Scar fout un coup à Apache, elle desserre sa prise pour le soutenir. Elle s’en veut de la tournure des évènements et demande à Yell et Apache s’ils en ont eu assez (c ironique, elle est soûlée). Elle n’a toujours pas lâché Apache et est prête à intervenir s’il réplique - elle est sûre que ça va arriver.
Et entendant ça, Skunk, en bon ado bien ivre et juste un chouia fouteur de merde, a ri. Le con.
Il n’a jamais douté de la capacité d’Apache à répandre le chaos, encore moins alors qu’il est accompagné de Nasty - le concert qui vient de s’achever en est un magnifique exemple. Skunk s’est bien dit qu’avec ces deux-là dans la même Cabane que la moitié des Chefs de l’Arbre, le ton ne pouvait que monter.
Mais sur le coup, il ne s’est pas inquiété. Peut-être que c’est l’alcool qui le ramollit, ou qu’il a tellement peu l’habitude de passer une agréable soirée avec d’autres Perdus qu’il s’est laissé contaminer par la bonne humeur ambiante. En tout cas, le Dandy s’attendait à une engueulade, un échange d’insultes de cours de récré, peut-être une bataille de bouffe... Un truc relativement bon enfant, quoi. Pas...
Pas ça.
Skunk n’a même pas compris l’imbroglio de départ : il a bien entendu Volt parler de Scar et de Yell, mais... Attendez, c’est qui déjà Yell ? Et sans même parler de ça, parmi la foule, parmi la multitude de gens que Scar pourrait appeler à l’aide (elle est blessée, non, c’est ça ?), pourquoi choisirait-il Apache ? Apache ?! Le punk anarchiste qui s’y connait que dalle en premiers secours et qui vient de lui aboyer “CRS SS” au visage devant tout le monde ?! Même torché comme il l’est, Skunk ne peut pas s’en empêcher :
“Mais... c’est pas logique...”
Sauf que cela semble apparemment bien assez logique à Apache, qui fonce de l’autre côté de la Cabane tel le Crocodile ayant repéré le sillage du Jolly Roger. Skunk lui emboîte le pas sans réfléchir, à une allure cependant bien plus modérée. Il cherche Owl du regard, un peu inquiet à l’idée que le Masseur soit embarqué dans ce bordel malgré lui ; mais le Soigneur est toujours près du buffet alcoolisé, loin des éclats de voix qui fusent, paradoxalement, du côté des jus de fruits et bonbons, au milieu des plus petits.
Et comme toujours dans ce genre de cas, en dépit du temps qui n’existe pas, tout dérape extrêmement vite.
“PRENDS ÇA DANS TA SALE GUEULE, BÂTARD DE FLIC !”
“Lâche ta putain de guitare, Apache.”
“Putain mais tu te fous de moi ?!”
Il y a un bruit sourd et dissonant de guitare qui percute un avant-bras, un hurlement de harpie qui fait grimacer l’assistance et d’un coup Skunk se retrouve au premier rang d’une masse d’enfants, qui s’agglutinent autour du spectacle comme des mouches sur un morceau de viande pourri. Il voit sans comprendre la main de Lacerate sur le collier d’Apache, la Soigneuse aux cheveux tressés qui s’époumone comme si sa vie en dépendait - ah oui, Yell, ok, d’accord... De toute évidence, elle n'est pas blessée à la gorge.
Skunk voit la guitare d’Apache qui tombe, avec une autre plainte métallique indignée.
Et la baffe de Scar, qui fait un bruit de coup de poing quand elle défracte la tronche du punk.
Pourtant, ce qui alarme vraiment le Récolteur, malgré son taux d’alcoolémie fort solide, c’est un détail bien plus subtil et discret que ces grands éclats de voix et les coups qui vont avec.
Pour lire les expressions des gens, le Dandy n’est pas un champion. Mais il sait tout de même très bien reconnaitre la haine dans les regards.
Skunk se mord la lèvre, hésite. En temps normal, il s’en tiendrait sagement à son rôle de spectateur : c’est que sans être un ennemi public comme Apache, il a sa réputation lui aussi, et il n’a aucune envie de se faire péter la gueule pour un mot de trop, alors qu’il porte son plus joli costume, qu’il passait une bonne putain de soirée, et tout cela juste parce que son crétin de pote à crêtes a sévèrement déconné. Skunk est loyal, mais pas suicidaire, merde...
Cependant, il y a ce silence qui suit le coup de Scar. Bref mais lourd, il donne à l’air un goût de bitume et d’ozone, celui qui traine avant les explosions. Et dans les yeux sombres d’Apache, on trouve mille étincelles.
“C’est bon, tout le monde en a eu pour son compte ?”
La voix de Lace fait à Skunk l’effet d’un claquement de briquet en plein milieu d’une poudrière et le Dandy ne peut retenir un frisson d’appréhension - oh merde, ça va mal finir, ça va vraiment vraiment mal finir...
Pourtant, Skunk reste là où il se trouve, devant les autres gosses qui échangent des murmures impressionnés et des gloussements excités. Lentement, le Récolteur s’accroupit, avec d’infinies précautions - son sens de l’équilibre est bien naze, et il est hors de question qu’il pose un genou sur ce parquet poisseux de sucre et d’alcool. Il se penche, attrape délicatement la bandoulière de la guitare d’Apache. Puis il tire l’instrument jusqu’à lui, aussi bien pour l’écarter du champ de bataille que pour provoquer un petit son, un léger mouvement, capables de capter l’attention de l’Hérissé. Juste assez pour que ce dernier croise son regard. Juste assez pour pouvoir le fixer bien en face et lui faire un lent signe négatif de la tête.
Fais pas ça, ducon. Ça n’en vaut pas la peine. Fais pas ça.
Résumé:
Skunk emboîte le pas à Apache, sans comprendre pourquoi ce dernier s'énerve alors que de toute évidence Volt a raconté de la merde (on sait, pourtant ça n'arrive jamais, allons)... Le Dandy n'ose pas trop intervenir pour aider son pote - ça va trop vite, Skunk craint de foutre son magnifique costume en l'air, et puis sérieusement, c'est quand même Apache qui déconne, sur ce coup-là. Mais devant les attitudes extrêmement vénères de Scar et Lace, qui avec le punk donnent l'impression qu'ils vont finir par se jeter l'un sur l'autre en visant la jugulaire, Skunk prend quand même le parti d'essayer d'attirer l'attention d'Apache, en ramassant la guitare maltraitée et en lui faisant signe subtilement (ou pas) que C'eSt PaS uNe BonNe iDéE!
Rien pour le retenir d'aller plus loin sinon sa propre volonté. Le dos de sa main picote du coup qu'il vient d'asséner et le souffle qui traverse ses narines est chaud, encore un peu fébrile. Mais il n'ira pas plus loin, il a de toute façon déjà dépasser les limites, il le voit à la goutte écarlate à la commissure des lèvres du punk et au regard que lui adresse Lacerate.
Mais le Rouge ne regrette, pas pour l'instant, alors pas d'excuses dans ses yeux lorsqu'il croise ceux de sa collègue. Ce bâtard d'Apache l'avait trop cherché et sûrement que la Cheffe comprend. Quelques temps, longtemps auparavant leurs places avaient été inversées.
C’est bon, tout le monde en a eu pour son compte ?
Pour montrer sa bonne volonté, Scar recule d'un demi-pas. Une part de lui non négligeable a encore envie d'en découdre, n'attendant qu'un geste de l'Hérissé – qu'il sent bouillonnant – pour l'éclater contre les tables derrière lui. Mais il n'en fera rien, c'est fini et il est encore temps de plus ou moins sauver les honneurs, pour l'instant il s'est contenté de lui rendre coup pour coup. Bien sûr qu'il n'aurait pas du le frapper mais c'est différent de s'il l'avait vraiment tabassé devant tout le Grand Arbre. Ça c'est hors de question que ça arrive. En plus la descente de l'alcool lui file mal au crâne, une petite migraine commence à pulser à sa tempe ; il a soif.
Ouais.
Il tourne juste assez la tête pour jeter un bref regard à Yell et s'adresser discrètement à elle pendant qu'un Perdu – Récolteur s'il se souvient bien – récupère la guitare échouée.
Ça va mieux on dirait. Tu veux pas l'engueuler encore un peu que je profite de la diversion pour me barrer ?
La colère redescendant gentiment même s'il se sent toujours à cran, il prend lentement conscience de l'ampleur de la foule de spectateur autour d'eux. Ca lui donne presque la nausée – mais c'est peut-être le whiskey ; il repense à ses débuts quand la plupart des gamins le fuyaient et tout les efforts qu'il a fait depuis. Il a pas envie de revenir à ça mais pour le moment il n'a surtout pas envie que tout le monde le suive des yeux et chuchote dans son dos jusqu'à la sortie de la grande Cabane.
award:
Pour la V2
abs by Kit:
team chefs by Freckles:
Apache
♣ Chasseur ♣
✘ AVENTURES : 1686 ✘ SURNOM : L'Hérissé ✘ AGE DU PERSO : 16
Le punk avait la joue qui lui brûlait, encore méchamment échauffé par le revers brutal qu'il s'était prit dans la gueule, et l'impression que sa tête allait exploser tellement il fulminait. Ça plus les oreilles qui sifflaient, mélange de colère et de la gueulante qui avaient accompagnées la soufflante. La prise de sa cheffe qui était à la base entrave s'était faite soutient, empêchant Apache se se vautrer par terre, mais cela n'apaisa en rien l'esprit chauffé à blanc. Même le regard bleu froid du cowboy, un peu plus loin, aussi souligné de noir fut-il, n'eut pas d'effet anesthésiant. De toute manière, ce n'était pas le but recherché. Just n'interviendrait pas. C'était ce que ça disait. C'était déjà un exploit de l'avoir convaincu de participer au concert ! Chose qui ne se reproduirait sans doute pas, le "sans doute" étant sans doute trop optimiste encore.
"C’est bon, tout le monde en a eu pour son compte ?" La voix glaciale de Lace qui lui parvenait de juste derrière lui le fit frissonner, une fois n'étant pas coutume, mais ses yeux noirs acérés ne lâchaient toujours pas le Rouge, dents serrées, le goût du sang dans la bouche.
Pourtant, l'autre semblait abdiquer, faisant un pas en arrière. "Ouais." Qu'il avait même dit d'une voix plate sans saveur, se détournant, s'adressant à Yell ensuite sans qu'Apache n'entende, ou plutôt n'écoute ce qu'il lui racontait. Le révolté avait le cœur au bord des lèvres et la rage au bide, sa respiration encore trop rapide. La haine qui lui serrait la gorge.
Autour d'eux, ça s'était attroupé. Tout le monde voulait assister au spectacle ! Voir de quoi il en retournait. Il y avait quelques visages connus, d'autres moins, mais ce fut à ses pieds que l'attention de l'Hérissé fut attiré, alors que doucement, sa guitare glissait, se carapatait, récupérée par un Skunk accroupie. Leurs regards s'accrochèrent. Vert contre noir. Et le Dandy eut ce petit mouvement de tête caractéristique. Un hochement à la négatif, léger et lent, mais inratable. Sur sa mine, une expression qui ne laissait place qu'à une seule interprétation. Fais pas ça.
Le punk se pinça les lèvres, sa mâchoire se contractant. Fais pas ça ! Le récolteur de guitare insistait silencieusement, et en guise de réponse, Apache rompit le lien, détournant le regard, une moue mauvaise se peignant sur ses traits.
Il prit une longue inspiration, tentative de se calmer, avant de lâcher un "Ouais, ouais, c'est bon." Dégoûté, suivit d'un mouvement d'épaule un peu brusque, cherchant à se défaire de la prise de Lacerate.
Alors c'était vrai ? C'était fini ?
Bah oui, bien sur, puis-qu’Apache le disait !
C'était qu'on pouvait le croire.
Un léger brouhaha monta dans la salle, tout les enfants regroupés commençant à commenter, se posant des questions, les bouilles étonnées, parfois déçues, d'autres soulagées se dessinant de ci et de la.
L'altercation s'était terminée aussi vite qu'elle avait éclaté.
Terminé. Circulez, ya rien à voir.
Et puis soudain.
L'anarchiste se rua sur Scar !! Tentant de lui foutre une patate, visant le nez, et y mettant absolument TOUTE ses forces !
Résumé:
Apache semble s'être calmé. Un regard d'un coté, un regard de l'autre. Et puis en fait non.
"Si tu ne trouves pas une raison pour vivre, trouve une raison pour mourir." "I aspire to inspire before I expire" "Live fast die fast"
Justice veille.:
By Freckles
Loner
♣ Raccommodeur ♣
✘ AVENTURES : 31 ✘ SURNOM : Le Planqué ✘ AGE DU PERSO : 17 ans
✘ DISPO POUR RP ? : Oui ! ✘ LIENS :
Your best and wisest refuge from all troubles is in your science.
Loner avait perdu son pari. La question ne se posait donc même pas : il fallait qu'il aille à cette fête. Il en avait à peu près aussi envie que de visiter le dernier cercle des enfers (selon lui, les deux lieux s'équivalaient, de toute façon). Il ne lui serait jamais venu à l'idée de se défausser, de ne pas jouer le jeu jusqu'au bout, même si à cause de ça, il allait sans doute passer un moment exécrable. Se donner des gages, si c'était pour ne pas s'y tenir, ça n'avait aucun sens.
Loner avait pourtant été sûr qu'il avait l'avantage sur ce coup, et qu'il allait sortir victorieux. Haut la main. Facile. Les doigts dans le pif. S'il n'avait pas été si sûr de lui, il n'aurait probablement jamais accepté l'enjeu proposé par son seul et unique pote.
Raté. Il s'était fait avoir en beauté et maintenant, comme à chaque fois que ça lui arrivait, il était en train de se demander pourquoi il acceptait encore de faire ce genre de trucs avec Cyber. Sa vie serait beaucoup plus facile s'il arrêtait les conneries. Tiens. C'était exactement ce qu'il allait faire : plus de paris. Plus jamais. On s'occuperait autrement et sans douleur.
... C'était aussi ce qu'il se disait à chaque fois, et pourtant il y retournait immanquablement. Il fallait croire qu'il avait un côté maso, ou bien qu'il aimait trop les défis que son ami et lui se donnaient pour y renoncer sous prétexte que de perdre avait parfois de cuisantes conséquences.
C'était vraiment trop con. Il y avait tellement de monde qui s'était rué sur les lieux de la fête que les coins du Grand Arbre qui n'étaient pas concernés par la fiesta étaient incroyablement calmes, comme ça n'arrivait jamais. Peu de monde, peu de gamins qui piaillaient. Une occasion perdue de passer une soirée tranquille dans une cabane potentiellement VIDE (ou presque). Le Planqué l'avait mauvaise, au bas mot.
Bien heureusement, le pari que Loner avait perdu contre Cyber n'impliquait pas de suivre le moindre dress code à la con, si bien que l'adolescent allait pouvoir déchainer toute la mauvaise volonté qu'il avait en lui - qui débordait de lui, à vrai dire, par tous ses pores, à tel point qu'elle en devenait presque palpable. Le plan c'était de se pointer, supporter jusqu'à la fin, se casser, bye.
Sans surprise, Loner était donc habillé de ses éternels fringues noires, un peu "dark", mais surtout passe-partout. Un jean vaguement élimé, un t-shirt qu'on ne voyait pas vraiment, puisqu'il était planqué sous son sweat sombre dont la capuche était bien évidemment rabattue sur sa tête pour cacher son visage, et puis voilà. Il y avait bien un bracelet de force caché sous la manche de coton épais, mais il était le seul à le savoir. Seul détail qui tranchait un peu et pouvait attirer l'attention, les mitaines en laine dont l'ado se séparait rarement. Le printemps était peut-être revenu, mais Loner avait tout le temps froid aux mains. Le Givre n'avait fait qu'accentuer provisoirement un problème que le Planqué avait depuis aussi longtemps qu'il était capable de se souvenir. Loner avait diverses paires de mitaines. Celles-ci étaient striées de rayures noires et anthracite. C'était pas exactement le plus discret de sa collection, mais il les aimait beaucoup quand même.
Il s'était assis dans un coin pour ruminer quelques minutes se donner du courage et faire le plein d'autant d'énergie que sa bouteille d'oxygène virtuelle était capable d'en contenir avant de plonger en environnement hostile. Un immense soupir plus tard, l'ado se mettait debout en grinçant des dents comme s'il avait eu environ 70 ans de plus.
Et puis go. Direction la Cabane à manger. Cyber avait intérêt à être là, sinon Loner allait le fumer la prochaine fois qu'il le voyait. (Spoiler : non. Soyons sérieux deux minutes, Loner n'avait jamais ni le courage ni l'envie de fumer personne - en tous les cas pas de manière extériorisée. En revanche, ça allait être la Méga Panique - aussi nommée panique++ - s'il n'arrivait pas à retrouver le Hacker dans la foule intimidante que Loner était déjà en train d'imaginer et de craindre).
Lorsqu'il arriva au niveau de la Cabane, les quatre fantastiques étaient déjà sur scène, en train de jouer leur premier morceau. Ca avait l'air assez épique. En fait, c'était même plutôt sympa. Loner aimait beaucoup ce style de musique, même si les paroles lui passaient un peu au-dessus - il avait la personnalité du gars qui préfère se laisser marcher dessus parce que ça faisait toujours moins mal, que ça durait moins longtemps et que ça demandait moins d'efforts que de se battre et/ou de se défendre, donc voilà.
Ouais. C'était vraiment sympa comme ambiance. Il s'était pas attendu à ce que ça trashe autant. Par contre, voilà : c'était sympa de loin. L'ado eut comme souvent le réflexe de porter les mains à ses oreilles et d'ajuster les bouchons qui ne tenaient de toute façon plus assez bien. L'espace d'un bref instant, Loner regretta d'être lui-même. Pas moyen qu'il rentre là-dedans tant que le niveau de décibels atteignait cette intensité. Il allait aussi falloir gérer la foule et l'effet qu'elle avait sur lui. Trop de trucs à prendre en compte en même temps.
Le Planqué se cala dans un coin le plus à l'ombre possible, en espérant qu'on ne le remarque pas trop. C'est qu'il se sentait très con, adossé comme il l'était contre le mur, à se tenir les coudes pour trouver un truc à faire de ses bras. Il arrivait même plus à profiter du son. S'il avait été seul, peut-être qu'il aurait eu de timides envies de head bang. Là, il avait surtout envie de mourir. Il y avait des gens qui discutaient à l'extérieur, pas mal de monde encore qui passait à côté de lui pour rentrer dans la Cabane. Quelques perdus lui jetaient des regards intrigués à l'occasion, ce qui donnait à Loner l'envie de devenir transparent. Il baissait de plus en plus la tête. Il finit par porter les mains devant sa bouche et souffler dans ses mitaines pour les réchauffer machinalement. Il était à deux doigts de se ronger les ongles. Naaaaah, je suis pas du tout nerveux. C'est une vue de l'esprit. Meilleure soirée ever, et elle a même pas encore vraiment commencé.
Les coups furieux sur la batterie et les cris de la guitare électrique se calmèrent bientôt. Loner se demanda s'il pouvait tenter de faire son entrée sans risque. Pas sûr, hein. Les musicos en avaient peut-être d'autres en réserve. Il décida d'attendre de voir ce qu'il se passait sur la scène avant de prendre une décision.
La guitare sèche... Feu vert ou piège éhonté ? L'ado qui ne cessait plus d'hésiter attendit encore. La batterie. Niveau ok si ça bougeait pas. L'accompagnement... ok. La voix ? Oh, sympa. Un peu trop calme pour correspondre à ses préférences, mais tout de suite, ça l'arrangeait. Il pouvait toujours se tromper, ça allait peut-être s'énerver et faire grimper le volume d'un coup, mais pour le moment, c'était safe. Autant que ça pouvait l'être, toujours. Rien ne disait que ça allait rester comme ça longtemps, mais Loner allait devoir finir par rentrer. Autant le faire à un moment où l'effort ne lui paraissait pas insurmontable.
... Mais qu'est-ce que je fous là ? fut la première réflexion qui lui traversa le crâne après qu'il eut passé la porte. Il s'arrêta après avoir avancé sur quelques mètres, de sa démarche gauche et peu assurée. Un type qui ne s'attendait pas à ce qu'il se plante au milieu du chemin lui bouscula l'épaule.
Bouffée d'angoisse. La gorge de Loner se serra. Il n'aimait pas du tout l'acoustique des lieux. La musique, c'était une chose. L'espèce de brouhaha assourdissant que constituaient les dizaines de discussions superposées des perdus en présence en était une autre. Y avait des groupes de ci de là, vers les tables, vers le buffet - non merci, pas faim. Y avait même des gens qui dansaient. Mais quel bordel.
Et puis y avait lui au milieu qui savait pas trop comment se tenir et qui était tout sauf à sa place. Si quiconque faisait attention à sa présence, on pouvait être sûr que ça sauterait aux yeux de la personne en question. ... Au secours, je suis ridicule.
... ok. Déjà on allait garder les bras fermement serrés contre soi et continuer de baisser la tête, ça éviterait de pas savoir quoi faire de ses membres et de croiser des regards accidentels. Il serait moins ridicule s'il arrivait à retrouver Cyber dans la foule. Être accompagné de quelqu'un (ok la seule personne) qu'il connaissait, ça serait un peu rassurant. Interagir avec lui, Loner savait faire. Ca serait mieux que d'être comme il l'était actuellement, sans manuel pour comprendre ce qu'il était censé foutre au milieu de ce zoo. Hey. Il avait un objectif. Peut-être que ça n'allait pas si mal se passer, finalement - toutes proportions gardées.
L'avantage d'etre pote avec un gars qui a toujours un mini-écran rétro-éclairé sur lui, c'est que le gars en question n'est pas difficile à repérer, même au milieu d'une bande de gamins surexcités bouchant le paysage - et la plupart des cinq sens que Loner avait à disposition. Loner n'eut pas trop de mal à remarquer le petit rectangle lumineux qui perçait la pénombre. Bouffée d'espoir - c'est carrément mieux que l'angoisse. Maintenant qu'il savait où aller, Loner marchait de manière bien plus assurée.
Il était presque arrivé vers Cyber quand il remarqua la présence d'un gamin chelou qui était quasiment perché sur l'épaule du Hacker. Il y avait trop de bruit pour que Loner parvienne à entendre ce que le Follet était en train de raconter à Cyber, mais il était au moins certain d'un truc : le gosse devait certainement être en train de faire chier son ami avec des histoires à dormir debout dont personne n'avait besoin. Loner ne connaissait pas grand monde, mais y avait quand même des réputations qui n'échappaient aux oreilles de personne - pas même aux siennes.
Le Planqué se mit à réfléchir. Euh. Que faire ? Y avait-il un moyen d'aider Cyber à se séparer de cette sangsue ? Et si ce moyen existait, Loner était-il vraiment la personne pour le job, lui qui ne brillait jamais que par sa passivité lorsqu'il s'agissait d'interactions sociales ?
S'il tentait un truc, Nut risquait de changer de cible et de le viser lui. Pitié. Loner n'avait pas besoin de ça. Désolé Cyber, y a des limites à la loyauté. Loner n'allait pas être capable de l'assister sur ce coup là.
A moins que d'ignorer le Follet suffise. Oui. On pouvait peut-être juste faire comme s'il n'était pas là. Si on l'ignorait complètement, Nut allait peut-être finir par se lasser pour aller emmerder quelqu'un d'autre ? Rien n'était moins sûr, mais comme Loner n'avait de toute façon pas l'intention de passer la soirée à moins de deux mètres de Cyber - à cause de qui il était là en premier lieu - il fallait tenter.
Loner se glissa derrière son ami et jeta un coup d'œil à l'écran. Ca enregistrait. Le Planqué ne voulait pas foutre en l'air la vidéo plus que Nut ne l'avait déjà fait et n'avait pas non plus envie qu'on enregistre sa voix, alors il murmura pour éviter les problèmes. Cyber répondrait quand il en aurait l'envie et l'occasion.
"... J'ai pas vu le début. T'as chopé des trucs intéressants ?"
Cette seule question prouvait que Loner ne s'était pas encore donné la peine de regarder la scène. Ses yeux se dressèrent de ce côté et...
"... Oh. Wow."
Non, ce n'était pas un cri d'admiration, mais de stupeur aussi sincère que spontanée. Et pour le coup, celui là, il ne l'avait pas murmuré. Pourquoi ces gens étaient-ils nus ? Trop surpris pour contrôler la direction de son regard, il avait direct maté les croix noires qui ne cachaient pas grand chose de la peau de la batteuse, et puis il avait accidentellement dérivé sur les pectoraux des deux autres musiciens pas très vêtus.
Mais pourquoi est-ce que je regarde ça, moi ?
Honteux, il s'empressa de mettre ses mirettes ailleurs. Genre sur le visage - c'est à dire le masque - de l'actuel chanteur - qui était en train de terminer sa prestation. C'était le seul endroit à peu près safe pour les yeux. Tout le reste là... Ok ils avaient la classe mais c'était quand même super gênant. Heureusement que Loner avait sa capuche. Il espérait que personne n'avait capté ses expressions faciales, et encore moins la direction de ses regards.
S'il avait su qu'il était encore loin d'être au bout de ses peines...
Soudain, la musique se tait. Fin du son. Probablement un autre qui va arriver, à moins qu'on change l'effectif sur scène - Loner n'était pas certain de savoir s'il voulait qu'ils partent (pitié) ou qu'ils restent encore un peu, parce qu'ils avaient quand même bon goût. C'était avant que le ciel ne lui tombe sur la tête et que les feux des enfers - il l'avait prédit - tombent presque littéralement sur le bâtiment.
Sans crier gare, la batterie lui déchire les tympans. Imprévu. Violent. Intolérable. Un peu comme l'explosion d'un pétard, mais pire, car ça n'a rien d'aussi bref. Une voix comme du métal ou comme du verre brisé qui rentre dans son âme et le blesse jusqu'au ventre. Il sursaute si violemment qu'un muscle dans son épaule se contracte et lui fait un mal de chien. C'est le cadet de ses soucis. Il recule et fait tomber un truc qui était sur une table. De véritables bris de verre s'ajoutent au vacarme. Loner se sent encore ridicule, parce qu'il a réagi bien plus fort qu'il ne l'aurait dû. Qui sursaute aussi facilement ? Est-ce que quelqu'un l'a remarqué ? Manquerait plus qu'on se foute de lui, alors qu'il tolère à peine ce qu'il est en train d'entendre et qu'il n'a pas de place pour d'autres sollicitations. Il ferme les yeux et essaie d'ignorer ce qui l'entoure. Il n'est pas là, rien n'est là, et ça sera comme ça jusqu'à ce que ça s'arrête. Tout le monde doit regarder Nasty, de toute façon, non ? Les bouchons qui ne suffisaient déjà plus sont devenus parfaitement inutiles. Debout mais ramassé sur lui-même, Loner porte les mains à ses oreilles et essaie d'empêcher cette horreur de lui déglinguer la tête.
Pourtant, c'est cool. Dans des circonstances normales, il sait qu'il aurait kiffé. S'il avait encore été dehors, c'était tellement inattendu qu'il aurait quand même sans doute sauté un coup, mais il aurait apprécié. Mais là, c'est trop. Il encaisse à grand peine. Il n'attend plus que la fin.
Résumé:
Loner se prépare pour aller à la Boum parce qu'il a perdu un pari contre Cyber qui lui a donc demandé de venir, mais il a grave le seum. Il se fringue normalement. Planqué sous sa capuche, il ne veut pas attirer l'attention. Il arrive devant la Cabane à Manger quand les quatre musicos rebelles jouent leur premier morceau et il kiffe mais le volume sonore est trop abusé pour lui malgré ses bouchons d'oreille. Il attend le second morceau - plus calme - pour entrer. Il est en panique parce qu'il y a trop de monde et qu'il se sent très con et peu à sa place au milieu de tout ça. Il s'empresse de retrouver Cyber, à qui il demande s'il a pu choper des trucs intéressants sur son téléphone. Il bugue de manière très gênée sur les tenues légères des musiciens parce qu'il était tellement à l'ouest qu'il avait pas remarqué avant. Le morceau de Nasty à la batterie, d'une violence et d'un niveau de décibels inattendus, le fait sauter en l'air et lui fait perdre son sang-froid comme ses moyens. Il recule et fait tomber une bouteille, précédemment sur la table, qui se fracasse contre le sol.
Dernière édition par Loner le Dim 19 Juin 2022 - 23:29, édité 2 fois
Cyber
♣ Artisan ♣
✘ AVENTURES : 102 ✘ SURNOM : Le Hacker ✘ AGE DU PERSO : 17 ans
Alors que les images enregistrées avaient la fibre de l'or du 21e siècle, les dossiers, Nut faisait son entrée. Cyber redoubla de vigilance, il opta pour ignorer Nut. Celui-ci ne lui gâchait pas la vie, et le volume du groupe randomisé était assez fort. Au pire, il améliorerait le son par après. Merci les programmes pirates.
Une présence s'ajouta, celle de Loner. À la question, le Hacker acquiesça. Et son ami compris très vite ce qui était intéressant. Ce n'était en effet pas la musique.
Non.
Cyber avait toujours apprécié les meme-cows. Il aurait rêver lancer ce genre de vidéo sur les sites et attendre de voir les commentaires se faire la guerre. Là, il n'avait malheureusement que 20 ou 30% du potentiel. L'élément déclencheur. Alors, à défaut de publique anonyme... il garderait simplement ça au chaud. La chanson bizarre de Nasty lui souleva un sourcil, la fin aurait dû s'achever littéralement. Un peu de sang. La vidéo aurait été bien... Là, il devrait se contenter d'un basique. Selon ce qu'il avait déjà pu voir. Décidément, le Monde Ordinaire avait montré tant de déviances que le Hacker se retrouvait un peu surpris lorsque ça n'atteignait pas les bas-fonds. Ou est-ce qu'il devait considérer le look comme étant de cette partie ? Il aurait un peu de peine à parler à Nasty sans avoir cette image en tête maintenant. Jusqu'à ce qu'il oublie. Quoi que... avec la vidéo... bref, après tout... ce genre de style passait tous les jours à la télé. Sur les clips tout en mangeant des céréales. En réalité, tout était normal.
Nut avait eu le temps de s'intéresser à une autre victime. Fin d'enregistrement. Il créa un dossier pour la boum. Et un dossier secret après une petite hésitation. Le peuple arriéré ne devrait pas se douter de tout ce que l'on pouvait faire, mais... on était jamais trop prudent.
Un instant de pause.
Cyber se massait les tempes, qu'est-ce que ça avait été pénible. Il se tourna vers Loner ensuite.
- Yes, t'as tenu le gage. En plus, je dois reconnaître que c'est pas de la tarte.
Il tapota son téléphone.
- On se fera des memes sympas !
C'était calme durant un petit moment, enfin "calme". Presque trop selon le Hacker, le groupe aurait dû engendrer quelque chose. C'était évident, surtout avec le fameux chasseur Apache. Un de ces gosses qu'on pouvait des fois voir dans des vidéos de bootcamps qui visaient à redresser des enfants difficiles. Cyber en a connu un qui s'y était retrouvé, les parents avaient la thune. Bref, c'était une occasion incroyable pour se faire quelques jolies données.
Il chercha Nasty d'abord, histoire de lui dire bravo. Pour la forme. Lui, il ne savait que faire du violon. Et il ne chantait pas en même temps.
- On peut se faire de jolis cadrages... t'as vu où ils se sont tirés ?
Il remarqua l'énergumène Hérissé qui s'approchait du bar à jus de fruit.
- Ah ! Au bar, suis-moi. On va filmer.
Il descendit de son estrade et bouscula quelques personnes en enclenchant la vidéo. Il se cala au bar pour ne pas être trop dérangé, mais rapidement, alors que les voix montaient, il pesta et grimpa. Encore. Sur un meuble. Il filma l'altercation, un peu discret. Il espérait que Loner l'ai suivi et puisse le prévenir au cas où.
Et là, c'était impressionnant.
Douce montée, un sommet puis la pente redescendait.
C'était un bel enregistrement. Vidéo enregistrée, Cyber s'assit sur le comptoir avant de bidouiller quelques trucs sur son écran. Il avait pu avoir l'impression d'être dans un monde moderne.
Le "silence" était revenu depuis un petit moment maintenant. Les musiciens avaient même fini par descendre de la scène. Exit le risque de se prendre une nouvelle salve de violence à l'état pur dans les oreilles à un volume sonore beaucoup trop élevé. Ca avait été court mais intense.
Pour Loner, ça avait été intense et interminable. L'adolescent avait fini par trouver une chaise à proximité de la table sur laquelle Cyber squattait. Il s'y était installé lourdement, en prenant garde à éviter de marcher sur les morceaux de la bouteille qu'il avait accidentellement pétée. Ses pieds ne risquaient pas grand chose, considérant l'épaisseur des semelles de ses rangers, mais il détestait la sensation des bouts de verre qui rayaient le sol en vibrant vaguement sous lui. S'il pouvait s'éviter une mauvaise expérience supplémentaire, il prenait.
Le Planqué était devenu livide sous sa capuche. Il regardait dans le vide, l'esprit sourd, emporté par ce qu'il restait du brouhaha ambiant. C'est que ça lui paraissait presque confortable, dorénavant, et en comparaison de ce que Nasty venait de lui faire subir.
Il lui fallut un temps pour se rendre compte que Cyber s'était tourné vers lui et lui avait adressé la parole. Suite à une légère latence, Loner lui rendit son regard. Il avait l'impression d'être assommé, à tel point qu'il eut du mal à trouver ses mots pour répondre à la remarque pourtant un peu trop juste de son pote.
"Yes, t'as tenu le gage. En plus, je dois reconnaître que c'est pas de la tarte. - ... Tu me reprendras pas à parier sur des trucs pareils je te jure. Le niveau dépasse toutes mes "espérances", là..."
Est-ce qu'il en voulait à Cyber ? ... Non. C'est pas lui qui avait fait la programmation de l'événement, et puis il fallait bien avouer que dans d'autres circonstances, Loner aurait pu trouver tout ça plutôt marrant. Les circonstances dans lesquelles il trouvait ça marrant étant généralement lorsque le Hacker lui montrait les vidéos qu'il avait tournées, et que Loner était donc dans la position privilégiée de celui qui profite des pépites sans se mouiller (sans avoir l'air d'un idiot asocial perdu au milieu des fauves, et sans se faire défoncer les oreilles par les réalités sonores d'une telle sauterie).
Le Planqué tenta d'esquisser un sourire en direction de Cyber, mais le résultat ressemblait plus à une vague grimace qui dépassait à peine l'angle à 180° standard d'une bouche sans expression. Il avait les traits tirés, ses cernes ressortaient comme jamais. Qu'il ait encore plus mauvaise mine qu'à l'habitude, c'était en soi un petit exploit.
On se fera des memes sympas !
Et rien que comme ça, les yeux de Loner se mirent à briller d'anticipation. Bon sang oui. Séance meme. Il avait hâte d'y être. Ca n'allait pas effacer la violence du souvenir qu'il venait de se forger, mais ça compenserait sûrement un peu. Cyber allait sans doute lui donner des détails qu'il avait manqué soit parce qu'il était pas encore là, soit parce qu'il était trop occupé à ne pas savoir où se mettre (puis à saigner des oreilles).
"Carrément."
Cyber s'éloigna brièvement pour aller parler à quelqu'un - une tête blonde, Nasty peut-être. Loner était trop lessivé pour suivre et n'était actuellement plus dérangé par l'idée de tenir sa position. Il était vachement bien, vissé sur sa chaise. Ca lui évitait d'être awkward parce qu'obligé de dire bonjour à quelqu'un. Puis il essayait de ne pas trop repenser aux croix noires sur lesquelles il avait posé le regard sans le vouloir durant le concert. S'il pouvait éviter de mettre ses yeux où il fallait pas une fois de plus, il prenait.
"On peut se faire de jolis cadrages... t'as vu où ils se sont tirés ? - Ouais... Ils sont là-bas, mais il se passe un truc bizarre."
Le calme semblait être revenu, et pourtant quelque chose dans l'air bouillonnait. Loner avait naturellement tourné la tête en direction de l'action. Lui n'aimait pas quand ça devenait violent. Pas quand il était dans la pièce où le ton montait, toujours. Par écran interposé, c'était pas un souci. Même s'il ne s'en souvenait pas, son corps le faisait pour lui : il avait suffisamment soupé de la violence dans l'Ordinaire et il détestait y être confronté, même lorsqu'elle ne le visait pas directement.
"Ah ! Au bar, suis-moi. On va filmer. - Je.. Euh. Je comprends que t'as pas le meilleur angle de vue là, mais t'es sûr ? Je le sens grave pas..."
Une plainte sincère, mais pour la forme. Au premier contre-argument venu, Loner abandonna la bataille et se contenta de suivre Cyber. C'était un peu leur dynamique qui voulait ça en tous temps et toutes circonstances. Loner resta dans le sillage du Hacker. Ainsi, il n'avait besoin de pousser personne, et il parvenait à rester plutôt discret. Loner laissa Cyber escalader les meubles aux alentours du bar à sa guise. Pour sa part, il observait, mais avec une distance de sécurité (qu'il jugeait insuffisante). Il avait trouvé une autre chaise, près du bar mais aussi près du mur, là où - espérait-il - on ne le remarquait pas trop.
Est-ce que son cerveau était kaput au point qu'il calculait plus rien, ou bien est-ce que la scène qui se déroulait sous ses yeux n'avait réellement aucun sens ? Y a quelqu'un - une soigneuse - qui s'était fait mal et le chef des sentinelles qui était avec elle demandait de l'aide à Apache pour la ramener. De base, c'était une team un peu bizarre, mais le plus bizarre, c'est ce qu'il se passa ensuite.
... Mais enfin pourquoi ça s'énervait à un moment pareil ? Loner n'avait pas été appelé par les messages des chansons qu'il avait entendues, et il n'avait pas non plus assisté au duel en wifi auquel Apache et Scar s'étaient livrés un peu plus tôt. Cependant, il n'était pas totalement teubé. Il savait que la hiérarchie en avait pris pour son grade dans ce qu'il avait compris des paroles beuglées, et il savait aussi que ça n'avait pas dû plaire à Scar, si celui-ci était sur place durant la prestation. Mais de là à s'envoyer des regards plein d'éclairs noirs à un moment pareil ?
Est-ce que le punk pensait que Scar était à l'origine des blessures de sa partenaire, pour réagir de cette façon ? Est-ce qu...
MAIS QUOI ? Apache avait été à deux doigts de se prendre un poing dans la gueule. Loner n'avait pas imaginé que ça allait dégénérer à ce point, et en si peu de temps. Il suffisait d'une étincelle... Et ensuite c'était le chaos généralisé. Coup de guitare. La chef chasseuse qui tentait de calmer le jeu en immobilisant Apache. Le bref espoir que l'escalade avait atteint son apogée, et que l'ambiance allait se calmer...
OH MAIS NON. Oh mais si. Oh la mandale. Oh il l'avait pas vue venir, et il n'avait rien aimé. Les entrailles de Loner se serrèrent. Il passa une main sur sa bouche. La main resta sur sa bouche. Il recula dans le fond de sa chaise, qui heureusement avait un dossier.
Pour rien aider, la soigneuse blessée s'était mise à beugler de toute la force de ses poumons, faisant vriller les quelques derniers neurones encore fonctionnels du Planqué. Atterré, les tempes vrombissantes, il mit les pieds sur sa chaise, les genoux contre lui, en position fœtale. Voilà qu'il se bouchait encore les oreilles.
Loner jeta un coup d'œil rapide à Cyber. Au moins y en avait un qui s'éclatait (et pas en se faisant fendre une lèvre ou deux). Le Planqué était bien incapable de partager la joie de son pote pour le moment. Vrai qu'il était en train de filmer des dossiers en or, mais tout de suite, Loner avait du mal à trouver ça drôle ni à y voir la moindre pépite à immortaliser. On verrait plus tard, quand ça serait passé, et qu'il n'y aurait plus que l'image confortablement rejouée sur un quelconque lecteur VLC pendant que les gens en chair en os et en sang faisaient leur vie ailleurs, sans se foutre des pains à moins de deux mètres de lui.
Mais vraiment, qu'est-ce que je fous là ?
Scar se cassait. Scar se cassait ? Oh génial. ... Et Apache allait le laisser faire, évidemment ? Ha. haha. Ha.
Loner connaissait mal ses camarades garçons perdus, mais il sentit tout de suite que ça n'allait pas se passer comme prévu. A croire qu'il avait réussi son jet de dé en intuition.
Apache fondit sur Scar. Le nez de Loner fondit quant à lui en direction du creux de ses genoux. Il tremblait, il avait la gerbe, il ne voulait pas voir ce qui allait se passer ni risquer de se prendre un dommage collatéral malheureux, et il en avait marre des cris et des gens énervés.
"... Oh mais arrêtez vos conneries par pitié..." murmura t-il pour lui, plus suppliant qu'il s'attendait à s'entendre l'être.
Résumé:
Loner a vraiment été retourné par le morceau de Nasty, trop puissant et qui l'a pris par surprise. Il est en vrac et il a du mal à capter ce qu'il se passe autour de lui. Cyber lui fait remarquer qu'il apprécie qu'il ait respecté son engagement, et Loner lui rétorque amicalement qu'on ne le reprendra plus à parier sa présence à ce genre de soirées. Son humeur s'améliore quand Cyber lui fait remarquer qu'avec ce qu'il a chopé en vidéo, ils vont pouvoir créer des memes bien cools. Cependant Cyber voyant les prémisses de la bagarre arriver veut s'approcher pour filmer. Loner ne le sent pas et le lui fait remarquer, mais il le suit quand même. Il se cale sur une chaise à côté du bar et témoigne de l'affrontement entre Scar et Apache. C'est trop violent pour lui, surtout que ça ne va qu'en s'empirant, et puis il y a aussi Yell qui hurle et lui vrille les tympans : il finit par se mettre en boule sur sa chaise et par supplier dans le vide pour que ça s'arrête.
Dernière édition par Loner le Lun 20 Juin 2022 - 0:17, édité 3 fois
Scar
♣ Chef des Sentinelles ♣
✘ AVENTURES : 84 ✘ SURNOM : Le Rouge ✘ AGE DU PERSO : 17 ans
Comme un gros débutant il l’a pas vu venir et se mange le poing de son adversaire en plein dans la face. Tout de suite Scar sent que l’arcade de son nez, à peine guérie, vient de se fissurer à nouveau. Il vacille, son regard se brouille et son dos percute involontairement – sans violence - Yell derrière lui. Malgré tout il tient bon et se redresse vite.
Chaque battement de son coeur furieux se répète à l'intérieur de son pif et c'est un supplice mais il s'en souciera plus tard. Hors de question de se laisser humilier comme ça.
Alors à son tour de saisir le punk au collier. Sa main droite serre la bande de cuir pendant que l’autre attrape le col de la veste cloutée. C’est pour répartir la tension, pour ne pas lui briser la nuque ; un vrai geste attentionné si on y pense. Sur ses doigts et ses avant-bras leurs sangs coulent d'un afflux commun et ivre. Rouge vif de son nez qui pisse et de la bouche de l’Hérissé, ils se mêlent indistinctement et les éclaboussent.
Espèce d'enfoiré, t'as vraiment envie que je te démonte. qu'il lâche entre ses dents serrées, un peu nasalement sous l'effet de ses narines congestionnées d'hémoglobine.
Malgré la douleur de son cartilage explosé, son œil de Sentinelle vise juste lorsqu’il propulse le Chasseur avec rage vers les deux guignols cameramans. Il les a remarqué juste avant quand la foule a commencé à se disperser, ces petits bâtards en train de les filmer. Dans le mille et tant pis pour qui se serait trouvé sur le chemin ; le jeu de quilles humain se renverse. Ça leur fera un gros plan, ils pourront le remercier plus tard.
Petite victoire mais le Rouge ne traîne pas pour admirer son œuvre, l’alcool rend son sang plus fluide et l’hémorragie commence à lui faire tourner la tête. D'un pas qu'il veut le moins chancelant possible il avance entre les silhouettes qui s'écartent, choppe un linge de nettoyage au hasard sur l'une des table comme compresse de fortune et amorce sa sortie.
award:
Pour la V2
abs by Kit:
team chefs by Freckles:
Lacerate
♣ Chef des Chasseurs ♣
✘ AVENTURES : 1100 ✘ SURNOM : La Gueule Cassée ✘ AGE DU PERSO : 17 plaies
Il y a comme un instant où elle n’entend plus rien. Son cœur qui pulse, alimenté par cette espèce de colère froide, couvre le moindre des sons alentours. Elle voit Scar qui recule légèrement, perçoit à demi la capitulation du punk. Un geste, il essaie de se défaire.
Et pendant une fraction de secondes, elle resserre sa prise.
Ce serait facile, au vu de sa posture, de lui foutre une raclée. Ce serait sans doute la meilleure chose à faire, une vraie décision de leader. Sentir un peu de sang, ailleurs que dans ses tempes. Un sang qui coulerait entre ses phalanges et pourquoi pas sur sa langue.
Ce serait la chose à faire, non ?
Lacerate n’a aucune idée de pourquoi elle le lâche, pourtant.
Elle finissait toujours par le lâcher. Après toutes leurs discussions, après tous leurs éclats. Après qu’il ait essayé de la tuer, après qu’elle l’ait déposé à l’Infirmerie. Elle le laissait s’en tirer à bon compte. Connasse, victime, connasse, victime !
Ça tempête, dans les coins de son crâne. Ça hurle, elle voit aussi rouge que le sang qui s’écoule du nez de Scar. Car bien sûr qu’Apache s’est jeté en avant, bien sûr qu’il n’avait rien d’autre à faire de que lui pourrir la vie.
Elle y pense, elle y pense toujours. Elle a envie de réagir et aucun de ses muscles ne répond. Plus loin, Scar s’est saisi du punk et l’a balancé dans la foule, elle ne voit même pas contre qui.
Et d’un coup, c’est comme si quelque chose se brisait. Ou se formait.
Une énorme douche glacée, qui anesthésie tout - pas cette fois.
Elle bouge ses doigts, remue son bras, s’avance vers le Rouge - PAS CETTE FOIS. Il a l’air de vouloir partir, elle lui chope l’épaule. Cherche un regard au milieu de l’écarlate.
- Je vais m’en charger. Dégage.
Quelques pas, rapides, vers le centre du chaos. Elle ne remarque pas les deux autres, ne se concentre que sur le fait qu’Apache est là. Et sort, d’une voix atone.
- Apache.
Voix impérieuse, voix glaciale. Comme sous la pluie. Sa main s’étend, automatique.
- T’en as eu pour ton compte, les autres aussi.
Malgré tout le self control qu’elle parvient à mobiliser, sa voix gronde.
- Je te donne une chance de me suivre. Aller prendre l’air. On en a tous les deux besoin. Un bref regard vers la sortie. Et si tu refuses...
Elle ne dit plus rien, elle n’y arrive plus. Un geste de plus et elle se mettra à hurler. Elle inspire une poignée d’air tranchant, souffle.
Ça lui coûte, d’articuler. De demander.
- ... si tu refuses, j’en aurais fini avec toi. Pour de bon.
Victime, victime, victime, victime.
Résumé:
Machinalement, Lacerate essaie de retenir Apache avant de lâcher. Elle se rend compte qu’elle a été beaucoup trop sympa avec lui et - contre toute attente - ça a l’air de la rendre apathique. Elle reste pétrifiée quelques secondes puis se bouge, avance vers Scar et lui dit qu’elle va s'occuper d'Apache. Puis elle rejoint l’endroit de la collision et lui parle. Elle lui propose d’aller dehors et lui dit - grosso modo - que s’il ne la suit pas ce sera la fin de leur relation.
Oh, il a voulu y croire, oui. Il ressent encore cet enthousiasme juvénile, paradoxalement réveillé par une drogue pour adultes, qui l’a fait rire et applaudir pendant le concert, qui l’a incité à courir jusqu’à Apache et Nasty juste pour partager sa joie avec eux. Sentiment aussi doux qu’éphémère, qui pousse le Dandy à espérer que l’Hérissé va réellement s’apaiser et qu’ils pourront reprendre cette belle soirée. Rigoler, boire trop, critiquer les tenues des autres et débiter des horreurs sur Scar.
Mais même ivre, Skunk connait trop bien Apache. Il sait sa violence explosive, qui peut se retourner même contre ses proches. Il sait sa haine des chefs. Il sait son horreur du compromis.
Il a vu les regards, qui ont fusé plus violemment et brutalement que les coups. Il a vu la manière dont Apache s’est détourné de lui et de son silencieux avertissement, en serrant les dents comme un chien d’attaque qui se met à gronder.
Alors non, au fond, le Dandy n’y a pas cru.
Apache, non mais sérieusement...
Skunk soupire. Il s’accorde quand même un moment, quand Lace lâche le punk, pour les quitter des yeux et se pencher sur la guitare. Il la saisit par le manche, d’un geste lent et appliqué d’ado bourré, en drapant sa main de son mouchoir pour éviter le contact avec le bois encore humide de sueur.
Il n’a pas le temps de se relever.
Skunk capte le mouvement d’Apache du coin de l’oeil et il entend l’impact de son poing. Le temps de redresser la tête, le flot de rouge qui s’écoule soudain des narines de Scar ne laisse que peu de doutes sur ce qu’il vient de se produire ; après tout, le Dandy est bien placé pour savoir que le punk aime cogner en visant le nez... Il laisse même échapper une grimace compatissante. Avant de percuter que la situation va lui retomber dessus de manière péniblement littérale.
“Oh putain...”
Scar chope Apache par le col, l’envoie valser dans le public. Skunk a juste le temps de bondir sur ses pieds en entraînant la guitare avec lui. Il s’écarte in extremis de la trajectoire du punk, laissant son pote aller se crasher sur d’autres infortunés spectateurs juste un peu plus loin. Petit succès, mais sans miracle : le Dandy est bien trop alcoolisé pour ce genre de cascade, il s’est relevé trop vite, le poids de la guitare le déséquilibre. Et à son tour, il tombe.
Sauf qu’au lieu de l’impact attendu avec le parquet jonché de bonbons, de jus de fruits et d’alcool, Skunk sent soudain une main qui agrippe son bras droit, une autre qui se referme maladroitement sur l’arrière de son col. Sa chute s’interrompt brutalement, dans un bruit étranglé guère élégant - son noeud papillon lui a bien cisaillé la gorge, sur ce coup-là. Le Dandy a presque l’impulsion de râler contre ce sauvetage peu délicat, mais il change d’avis quand un “jebo te!” grogné dans son dos lui fait comprendre qui vient de lui sauver la mise.
Skunk ne connait qu’un seul Perdu qui soit tout à la fois assez grand pour le rattraper ainsi, assez con pour se préoccuper de lui, et assez je m’en foutiste pour lâcher devant les plus petits l’équivalent serbe d’un bon gros “fuck”.
Toujours à moitié pendu par son col, le Dandy lève le nez et échange un regard avec Owl. Il ne dit rien, il ne formule même pas de mots dans sa tête embrumée d’alcool. Mais il réalise que le Soigneur aux yeux vairons s’est approché spontanément de la bagarre, pour se tenir juste derrière celui qui l’a trainé là. Et qu’il n’a (peut-être ? sans doute ?) pas fait cela par hasard.
Sans s’en rendre compte, Skunk laisse échapper un sourire, un peu flou, aussi bref que sincère.
Puis il se hisse sur ses jambes, vacillant, et tourne la tête pour voir où Apache a atterri. Il distingue plusieurs personnes à terre et repère rapidement l’éclat écarlate des crêtes de l’Hérissé. Sa chute a dû être amortie (plus ou moins volontairement) par d’autres, parce qu’il n’a pas l’air trop amoché.
Skunk s’en sent soulagé, avant de noter une autre tache de couleur : dans le tas de quilles humaines, il y a aussi le turquoise de Cyber. Le Dandy fronce les sourcils. Même ivre, il pense tout de suite au téléphone que le Hacker utilisait pour filmer. C’est qu’il y a des trésors, dans ce petit ordinateur, d’innombrables films et morceaux de musique qu’on ne trouve nulle part ailleurs sur cette foutue Île. Et soyons réalistes, le téléphone ne se réparera pas aussi bien que les éventuelles blessures de son propriétaire - Skunk n'est pas insensible, il a juste le sens des priorités. En plus il sait que Cyber pense la même chose.
Par réflexe, Skunk s’avance. Mais Owl, qui n’a pas lâché son bras, le retient :
“Pense à la guitare.”
Le Dandy s’arrête, interdit. Cependant, l’argument semble tout de même trouver un sens dans ses neurones intoxiqués, parce qu’il finit par hocher la tête et resserrer sa prise sur l’instrument pour le ramener contre lui : il ne peut pas sauver en même temps tous ses potes ET leur matériel précieux, quand même...
Surtout que la situation est en train de prendre un tour encore moins plaisant : Scar a peut-être renoncé à une (compréhensible) envie d’achever Apache, mais maintenant c’est Lacerate qui s’avance vers le punk. Elle marche d’un pas rapide et décidé, qui fait onduler sa robe autour de ses jambes nues. Dans ses yeux couleur d’orage, il y a soudain plus de tourments que sur sa peau couturée. Et quand elle se met à parler, on sent dans sa voix quelque chose de froid, dur et douloureux :
“Je te donne une chance de me suivre. Aller prendre l’air. On en a tous les deux besoin.”
Sans aucun signe avant-coureur, Skunk frissonne violemment ; il ne connait pas bien Lace, il ne sait pas grand chose de sa relation avec Apache. Mais c’est assez pour que les quelques mots de la Gueule Cassée lui rappellent des choses glacées, dangereuses, qu’il n’a pas encore laissées très loin derrière-lui.
Au lieu d’aller vers le punk, Skunk fait un pas en arrière, recule jusqu’à ce que son épaule heurte doucement le torse de Owl - une présence chaude, vivante, réelle, loin des fantômes qui sifflent et ricanent dans les recoins de sa tête. C’est un peu mieux. Mais pas beaucoup.
“... Si tu refuses, j’en aurais fini avec toi. Pour de bon.”
A nouveau, les yeux clairs du Dandy cherchent ceux d’Apache. Et cette fois, l’alcool aidant, il prend sur lui pour parler, d’une voix qui lui semble presque naturelle (et qui ne l’est pas du tout) :
“Vas-y. Je m’occupe d’Anna.”
Ses bras s’enroulent un peu plus autour de la guitare et ses iris verts se font sévères, insistants.
“Vas-y.”
Pour une fois, une seule fois, fais ce qu’on te dit, bougre de con de punk...
Résumé:
Skunk est atterré, mais guère surpris, que Apache ne lâche pas l’affaire. Il parvient à ramasser la guitare, avant d’esquiver précipitamment le punk volant. Vu son taux d’alcoolémie vraiment pas raisonnable, il manque bien entendu de se casser la figure. Mais il est rattrapé de justesse par Owl, qui s’est approché en voyant le ton monter pour s’assurer que son bro n’allait pas s’en prendre une (c’est pas moi qui le dis, c’est Max, qui approuve bien évidemment tout ceci <3 ).
Surpris mais content (chut), Skunk prend ensuite le temps de s’inquiéter pour Apache, pour Cyber, et pour le téléphone (pas nécessairement dans cet ordre). Il ne voit pas vraiment Loner, perdu dans (sous) la masse.
Puis il est un peu secoué par les jambes de l’intervention de Lace ; il voit bien que ça sent sérieusement le roussi, à tel point que cette fois il insiste à voix haute pour Apache la suive, bordel!
Apache avait vu rouge. Il avait vu le rouge éclabousser du nez du Rouge ! Oh comme ça lui allait bien au teint ! Le Rouge ! Une décharge d'adrénaline qui lui parcourue tout le corps, l’électrisant tout entier jusqu'aux bouts de ses crêtes alors qu'il admirait le visage couvert d'hémoglobine ! Son œuvre... Et Scar le saisit brutalement au collier, le rapprochant de lui violemment, fermement, si près que le punk pouvait sentir l'odeur ferreuse de son sang.
"Espèce d'enfoiré" Son haleine haineuse aux arrières goûts d'alcool lui balaya le visage. "T'as vraiment envie que je te démonte." Et en guise de réponse; un sourire ensanglanté qui se découpait sur les lèvres abîmées de l'anarchiste.
Tout alla très vite ! L'instant d'après, le révolté était soulevé comme de rien et projeté dans les airs !
Instant de vide. Instant de rien. Le temps inexistant semblait s'être arrêté.
Le chasseur avait l'habitude de planer, mais la chute avait rarement été aussi brutale ! Il fracassa tout sur son passage ! Un vacarme bordélique alors qu'il percutait de plein fouet un mec, éclatant la chaise sur laquelle il était installé dans l'action ! En passant, un meuble fut bousculé et Apache sentit un poids se vautrer sur lui, lui coupant le souffle. Bordel, quel boxon ! Le punk avait mal partout, mais ce fut lorsqu'il poussa sur ses bras pour se relever, repoussant l'autre type qui lui était tombé littéralement dessus qu'une douleur plus intense lui brûla le poignet gauche.
C'était cassé.
Merde ! L'envie de repartir à la charge, la rage au fond de la gorge, mais lorsqu'il se retourna, même pas encore relevé, il ne pu voir que sa cheffe qui le surplombait de toute sa hauteur, son regard froid planté sur lui, écrasant, lourd de reproches et d'autre chose, plus sombres, bien plus sombres. Comme si on venait de l'asperger d'un seau d'eau froide ou qu'il venait de croiser un fantôme, Apache prit une brève inspiration, ses yeux s'écarquillant.
"Apache." Un frisson qui le traversa tout entier. "T’en as eu pour ton compte, les autres aussi." Il s'était figé, comme un animal prit dans les phares d'une voiture, comme écrasé par l'ombre de la Gueule Cassée qui le recouvrait.
"Je te donne une chance de me suivre. Aller prendre l’air. On en a tous les deux besoin." La voix était grondante. Les mots ne sonnaient pas si dur, et pourtant, le révolté entendait autre chose en écho. Un quelque-chose de terrible. Un quelque-chose de terrifiant. Pétrifiant. Les yeux de fer caressèrent brièvement la sortie. "Et si tu refuses..." Si tu refuse... Le punk ravala sa salive avec un peu de mal. Inspiration courte du coté de Lacerate, pour une exaspération marquée. "... si tu refuses, j’en aurais fini avec toi. Pour de bon." C'était clair. Très clair. L'impression qu'autour de lui, tout s'était figé. Il ne voyait plus vraiment les mouvements, s'il y en avait. Il n'y avait que Lace et son ultimatum.
"Vas-y. Je m’occupe d’Anna." Le regard noir de l'Apache croisa celui de son pote, pas si loin, qui tenait sa guitare dans ses bras. Les yeux verts se faisaient sévères, insistant.
“Vas-y.”
L'attention du punk revint vers sa cheffe sans qu'il ne réponde ni ne renvoi rien de particulier vers le Dandy. C'était que Lace prenait de la place. Tordait l'ambiance. Faisait tourner l'air. L'atmosphère se chargeait d'une tension nauséeuse, et l'iroquois pouvait presque de nouveau sentir les gouttes de pluie gelées lui marteler la peau. L'odeur du sang, de l'orage et de la forêt. Terre humide et feuillage détrempé.
Particulièrement raide, après un temps indéfinissable, l'anarchiste acquiesça d'un très léger et bref mouvement de tête, avant de se relever non sans un peu de mal, évitant de s’appuyer sur sa main gauche. Il avait le souffle un peu court, reste de la bagarre ou de la pression exercée. Sans doute les deux à la fois.
Scar s'était tiré. Pour Apache, la fête était terminée. Il suivrait sa cheffe sans moufeter.
Résumé:
Apache est projeté dans les airs et s'écrase sur Loner, éclatant la chaise au passage. Ca a du faire mal ! En passant il a bousculé le meuble sur lequel était perché Cyber qui s'est vautré sur le punk ! Double aie ! Apache s'est cassé le poignet dans l'action. Sous la pression de sa chef, il accepte de la suivre.
"Si tu ne trouves pas une raison pour vivre, trouve une raison pour mourir." "I aspire to inspire before I expire" "Live fast die fast"
Justice veille.:
By Freckles
Loner
♣ Raccommodeur ♣
✘ AVENTURES : 31 ✘ SURNOM : Le Planqué ✘ AGE DU PERSO : 17 ans
✘ DISPO POUR RP ? : Oui ! ✘ LIENS :
Your best and wisest refuge from all troubles is in your science.
Revenons tout pile au moment qui précéda la catastrophe (de plus) au cours de laquelle Scar inventa une nouvelle discipline pour les jeux olympiques du Grand Arbre qui restaient eux-mêmes à inventer : le Lancer de Punk.
Loner avait littéralement - ou plutôt mentalement - ragequit la fête. Cette formulation manquait encore de pertinence, car l'adolescent n'était pas en train de rager, mais plutôt de s'effondrer intérieurement (un verbe qui, appliqué à sa personne entière et physique, allait devenir tristement prémonitoire d'ici peu).
Le Planqué fermait les yeux, se bouchait très fort les oreilles et pointait son visage en direction de ses genoux, ses pieds remontés tout contre le siège en bois. Il ne voulait pas témoigner de ce qui allait arriver. Il y avait trop de violence dans l'air, et aussi trop de mauvaises ondes. Il ne voyait rien, mais il entendait quand même un peu.
Les chocs qui eurent lieu entre les corps à quelques mètres de lui, même amortis par ses bouchons en mousse, eux-mêmes couverts par ses mains, lui parvinrent tout de même faiblement. Quelque chose se retourna dans son ventre, comme si c'était lui qu'on venait de frapper.
Je veux pas savoir. Je veux pas savoir. Je veux pas savoir.
Oubliez le, il n'était pas là. Ah... Ca aurait été drôlement mieux si ça avait été vrai. Sauf que non, il était là, et il entendait Scar hurler si fort et avec tant de hargne qu'il sentit son sang se glacer. Loner, terrifié, eut l'impression qu'il n'aurait pas pu bouger même s'il en avait eu l'envie saugrenue.
Oubliez-moi, oubliez-moi, oubliez-moi Personne ne faisait attention à lui, mais il avait quand même peur de se prendre quelque chose dans la gueule. Cette peur n'était pas aussi irrationnelle qu'on aurait pu le penser au premier abord. Cyber, en filmant la scène, était clairement en train d'en provoquer les acteurs. Or, Cyber étant la seule personne avec qui Loner interagissait au Grand Arbre, il était facile de les associer. Surtout lorsqu'ils étaient l'un à côté de l'autre, et surtout au beau milieu d'une fête à laquelle Loner ne se serait jamais pointé si son partenaire de geekerie ne l'y avait pas forcé vaguement incité par pari perdu interposé.
Soudain, un flottement. L'instant se suspend. Loner ne comprend pas pourquoi, puisqu'il ne voit actuellement rien. Ce qu'il comprend en revanche, c'est la brutalité de ce qui arrive au moment où le temps reprend son cours et que ses craintes deviennent réalité sans presque aucune transition. C'est à peu près tout ce qu'il pane. Tout est tellement inattendu qu'il n'en analyse pas le détail, et qu'il n'a même pas tout de suite conscience des diverses douleurs qui auront tôt fait de l'assaillir.
Il se fait déglinguer par un poids humain qui lui atterrit d'abord sur la tête. Son visage bute violemment sur ses jambes. Il se prend son propre genou dans l'œil. Sonné, il n'a pas le temps de se dire que ça fait putain de mal - même si c'est le cas - car il est déjà en train de se bouffer un coude venu d'il ne sait trop où dans la mâchoire. Le goût du sang envahit sa bouche, car il s'est ouvert la joue contre ses propres dents. C'est déjà pas mal qu'aucune d'entre elles n'ait décidé de jouer au parachutiste, autrement nommé "navette s'éjectant de la fusée".
La chaise aurait probablement basculé, propulsant cible comme projectile humains sur le sol, si seulement elle n'avait pas plutôt explosé sous eux. L'incident confisque à Loner la possibilité de se casser la gueule quoiqu'il arrive sans élégance mais, au moins, face contre terre. L'adolescent l'aurait largement préféré. Planqué sous sa capuche, il aurait pu faire mine de se figer et de n'être qu'un objet du décor, ce jusqu'à ce que tous les fauteurs de trouble se cassent de là, et qu'il puisse ensuite lui-même filer. Après un tel incident, Cyber ne lui en voudrait certainement pas de vouloir mettre court à cette soirée des enfers.
... Mais c'est donc impossible, car Loner tombe sur le dos, et son dos entre désagréablement en contact avec les bouts de sa pauvre chaise démontée. Pour ne rien aider, sa capuche se barre et expose son visage tordu de surprise et d'une douleur qu'il n'a toujours pas complètement calculée. Un bouchon en mousse sort de son oreille et roule à quelques dizaines de centimètres de lui. Il hurle involontairement quand Apache lui tombe dessus. Loner a mal à la main : des clous (ceux des fringues du type qui lui est tombé sur la gueule) sont rentrés dans cette dernière, ça a même réussi à le faire saigner. Il a sans doute aussi le visage griffé, et puis d'autres clous lui ont défoncé les reins à un moment ou à un autre - à moins que ça ne soit le foutu pied de chaise encore coincé sous lui.
Tout va trop vite, Loner est toujours incapable de caler ce qui est en train de lui arriver, mais il est tout de même en première loge pour voir Cyber BASCULER SUR EUX. Ses yeux s'écarquillent. Il sait que c'est le pire qui pouvait encore lui arriver. Une peur affreuse se superpose à ses inquiétudes précédentes : Cyber ne peut PAS tomber. C'est lui qui a le téléphone ! LE MATOS. Irremplaçable ! Que faire s'il se fêle, s'il se brise ? Le Hacker ne peut et ne doit perdre aucun de ses écrans. Si une telle chose arrive, ce sera presque littéralement la fin du monde.
La pensée s'évanouit avec un nouveau choc qui étourdit Loner. Il prend alors conscience du poids écrasant à cause duquel il avait déjà du mal à respirer au préalable. C'est devenu presque insoutenable. Et si ce n'était que ça... Il y a eu un petit accident en lui, là. Un truc pas cool. Un signal aigu, si intense qu'il lui donne encore envie de hurler, même s'il se retient, les yeux exorbités. Il se bouffe la lèvre pour ne pas faire de bruit. Loner est habitué à la douleur : dans l'Ordinaire, même s'il n'en a aucun souvenir, il se faisait couramment frapper. Au Grand Arbre, ça arrive encore régulièrement. Il déteste ça, mais s'il faut, il encaisse. Il ne bronche pas, il attend passivement, ce jusqu'à ce qu'on se lasse de lui - ce qui arrive assez vite, en règle générale, parce que son tempérament ne le rend pas très marrant à harceler sur la longueur.
Après s'être arrêté, le temps s'était accéléré. Retour à la normale - si une telle chose existait sur l'Île de Jamais. Loner commença à faire le bilan des sinistres. Il avait si mal qu'il aurait voulu pleurer, mais s'il pleurait, il aurait encore plus mal, alors mieux valait éviter. Son œil droit et son visage étaient en feu. Son dos était en train de faire la Révolution tout seul, ses reins et sa main criaient "eh oh !", mais surtout, SURTOUT, il ne pouvait plus respirer. Et ce n'était pas juste parce qu'il se retenait, ou parce qu'il était la base comprimée d'une pile de trois gens enchevêtrés n'importe comment, non. Respirer lui causait une telle douleur qu'il osait à peine prendre ce qu'il lui fallait d'air pour ne pas crever d'asphyxie. Côte fêlée, pétée, ou qui en donnait juste l'impression parce que le strike option "coup critique" était encore trop récent ? L'avenir le dirait. Vu comment il était tombé - surtout considérant la présence des bouts de chaise en dessous de lui - il aurait déjà de la chance de n'avoir rien de pire que ça.
Le reste lui passait désormais bien au-dessus. Loner ferma les yeux, se figea et attendit, concentré sur le peu de souffle qu'il s'autorisait, et malgré tout appliqué à se faire remarquer le moins possible. Une petite voix lui conseillait de chercher sa boule quies égarée avant qu'elle ne disparaisse définitivement, mais ce problème majeur était actuellement déclassé et considéré comme secondaire. Peu lui importait Lacerate qui, au-dessus d'eux, gelait l'atmosphère. Peu lui importait ce que faisaient tous les autres témoins, sauveurs de guitare, conseillers de l'ombre, soigneuse qui ne gueulait plus ou voyeurs qui avaient eu le bon sens de rester à une distance respectable. Tout ce qui comptait maintenant, c'était qu'on se relève et qu'on le laisse tranquille.
Cela finit par arriver. Cyber fut probablement le premier à bouger, sans quoi Apache aurait eu du mal à se dégager de là. Puis ce fut donc le tour d'Apache, et l'exercice fut encore laborieux. Loner retint un nouveau gémissement.
Maintenant qu'il n'y avait plus personne sur lui, il aurait vraiment voulu pouvoir se tourner sur le ventre, histoire de se rouler en boule contre le sol jusqu'à ce que les facteurs de violence soient partis. Sauf que là... Là, tout de suite, il ne se sentait pas assez serein pour essayer.
Voyons le bon côté des choses : au moins, il n'avait pas eu l'occasion d'avoir peur trop longtemps.
Résumé:
Loner vit mal ce qu'il entend des bruits de l'affrontement en cours et est terrifié par les hurlements de Scar. Toujours en boule sur sa chaise, il ne voit pas Scar lui lancer littéralement Apache sur la gueule. Suite au choc il se mange son propre genou dans l'oeil ainsi qu'un coude dans la mâchoire, puis la chaise explose sous eux et il tombe sur le dos, sur les morceaux de chaise. Il se fait enfoncer des clous des fringues d'Apache à divers endroits dont une main pendant le mouvement et quand ensuite Apache lui tombe dessus et l'écrase. Sa capuche se barre et il perd aussi un bouchon d'oreille qui roule à côté de lui. Cyber tombe encore par-dessus eux. Terreur passagère pour l'avenir du téléphone de ce dernier. Le choc a raison d'une des côtes de Loner mais on ne sait pas encore trop à quel point elle a pris (cassée, fêlée, ou fausse alerte ?). En tous les cas il galère à respirer non seulement parce qu'il est écrasé par deux gadjos, mais aussi parce ça lui fait super mal. Le reste lui passe un peu au-dessus. Même quand Cyber puis Apache se barrent, il ne bouge pas. Il aimerait bien se retourner mais il ne se sent pas de le faire.
Cyber
♣ Artisan ♣
✘ AVENTURES : 102 ✘ SURNOM : Le Hacker ✘ AGE DU PERSO : 17 ans
Cyber faisait son malin, moins nerveux grâce au semblant de monde moderne. Moins nerveux à voir un Twitter réel, ça c'était bel et bien une normalité. Enfin. Loin d'être louable et le meilleur de l'Humanité, mais l'Humanité n'avait rien de louable. Il fallait arrêter de se penser être les gentils, alors qu'ils n'étaient que des ordures. Autant le souligner.
Il allait pouvoir faire des memes avec tout ça ! 30 images par secondes, ce sera fluide, pas assez pour en faire de beaux slowmotions en revanche... mais ce n'est pas grave.
Trop occupé à faire ses plans, le Hacker ne se rend pas compte tout de suite qu'Apache allait heurter Loner. Ce n'est qu'au dernier instant qu'il voit l'impact, et sans avoir le temps de crier à Loner de dégager, il se retrouve lui aussi dans la chute. Le meuble avait succombé face à la force de l'envoi. Ça avait valsé un peu et un cyber-dépendant tomba du ciel.
Ainsi le burger fut engendré.
Un punk entre deux codeurs.
Cyber a heureusement eu le réflexe de prendre son téléphone contre lui, et tant pis s'il se cassait quoi que ce soit. Ici, on répare mieux les os que les écrans.
Hors de question d'avoir ne serait-ce qu'une fissure sur le verre électronique.
L'adolescent tomba sur le dos, pour éviter à son smartphone tout contact trop brutal. Il eut un petit choc, un peu mal, mais il fallait dire qu'il avait évité le sol. Un Hérissé, en revanche, il y avaient quelques attirail qui n'ont pas fait du bien.
- Ouch...
Aussitôt, il regarda son téléphone qui filmait encore. Il le tourna vers le public, et la cheffe qui s'avançait. Il ne trouva que ça à dire, le souffle un peu coupé :
- Ho... menacing....
Ses dernières pensées alors qu'il fit un selfie, avachi sur le burger, fut que Loner et lui-même s'étaient sacrifiés pour leur internet. Et c'était beau. Des dernières pensées avant de changer de spot.
Puis il dû lutter contre le mal de dos, et surtout la cheville qui n'avait pas aimé jouer les équilibristes avant de tomber, et il se redressa tant bien que mal. L'Artisan a été grandement aidé par un punk qui ne comptait pas rester là éternellement. Et celui-ci avait bien raison.
Cyber s'inquiéta aussitôt de Loner. Le téléphone en main, il se mit à genoux pour vérifier l'état de son confrère en technologie.
- Loner ! Tu peux respirer ? Je te promets qu'on aura les plus beaux memes...
Il souriait jaune, parce qu'il essayait de passer outre l'air grave. Et la petite panique. L'adolescent chercha des yeux un soigneur.
Presque aussitôt après avoir été libéré, Loner vit apparaître au-dessus de lui un visage auréolé d'une lumière blanche, tandis qu'un chœur de voix angéliques entonnait un hymne doux et réconfor...
... Non. Il n'était a priori pas encore mort, même s'il l'avait échappé belle. La figure qui le surplombait n'avait rien de celle d'un chérubin (et heureusement, considérant l'amour de Loner pour la population des moins de dix ans du Grand Arbre). Il s'agissait de Cyber, qui avait l'air inquiet. Le Hacker était trop soucieux pour songer à prendre une photo de lui étalé sur le sol avec sa gueule agonisante qui, pourtant, devait certainement être priceless en termes de potentiel memesque. Bon. Il y avait aussi que Loner avait tant de mal avec son image que de le prendre en flag de cette façon pour réutiliser sa vieille tronche comme base de meme plus tard aurait été assez cruel.
Merci Cyber. Ca, c'était un vrai pote.
"Loner ! Tu peux respirer ?"
Ah, oui. Cyber avait tout compris direct. C'était pas une bonne nouvelle. Il suffisait vraisemblablement de regarder Loner pour comprendre qu'il était en galère pour remplir ses poumons sans avoir envie de crever. Autre mauvaise nouvelle : la sensation ne passait pas malgré le burger désormais désolidarisé. Le Planqué la sentait mal, cette histoire. Il y avait de bonnes chances qu'il ait effectivement réussi à se péter quelque chose.
"Je te promets qu'on aura les plus beaux memes..."
Étonnamment, cette perspective restait réconfortante, quand bien même Loner espérait qu'il allait être en état de participer au processus de création. Ca l'aurait grave emmerdé de rater ça après avoir autant donné de lui au cours de la soirée qui aurait engendré ces images. Il grimaça plutôt que de sourire. C'est qu'il aurait bien levé le pouce pour faire comprendre "Yes, vivement qu'on y soit parce que tout de suite ça me semble loin", mais il avait trop mal pour trouver le geste pertinent. Il trouvait assez comique que Cyber lui parle de ça alors qu'il était à moitié en train de crever, mais il ne pouvait pas dire grand chose : à sa place, soit il se la serait fermée parce qu'il n'aurait rien trouvé d'intelligent à dire, soit il aurait probablement fait pareil. Loner avala sa salive au goût ferreux dégueulasse puis essaya de répondre à son ami.
"J... Oui. Et non. Pas génial. Ca fait mal." parvint-il à caler entre ses respirations laborieuses, le visage crispé de douleur.
Il n'avait pas trouvé le courage de lever le pouce, mais par contre, son bras fusa sans transition en direction du poignet de Cyber, qu'il saisit pour descendre le smartphone à hauteur de regard. Le bijou technologique fonctionnait toujours et son écran n'avait subi aucun dégât. Les yeux de l'adolescent s'égarèrent sur sa propre mitaine. Sa main avait pris mais visiblement, la laine n'était pas trouée. Une super nouvelle (pour le téléphone) et une bonne nouvelle (pour ses gants). C'était accessoire, mais le Planqué était quand même content de n'avoir pas besoin de jeter l'un des rares fringues auxquels il était attaché. Loner laissa ses poumons se vider de soulagement, puis il prit une respiration trop ample parce qu'il avait brièvement oublié de réfléchir. AOUTCH. Il venait de s'overkill tout seul, le con.
Putain mais quel abruti.
Il n'était pas sûr de savoir s'il voyait les pics d'une fonction sinusoïdale dont le motif tentait laborieusement de se transformer en hyperbole ou bien juste des petites étoiles - quoique sa tête allait étonnamment bien, même s'il allait sans doute avoir le cocard du siècle grâce à la façon dont son propre genou lui avait mis un gnon. Le méga coup de coude qu'il avait pris de l'autre côté du visage allait sans doute aussi laisser une marque.
Lorsqu'il eut suffisamment repris ses esprits pour être en mesure d'y penser, Loner se concentra sur ce qui pouvait être un détail pour vous, mais qui pour lui voulait dire beaucoup (référence musicale/20). Après avoir tenté en vain de dégager le pied de chaise inconfortablement coincé sous lui et sur lequel il avait eu de la chance de ne pas s'être brisé le dos - se tortiller faisait vaguement trop mal pour insister - la main qui était du côté de son oreille nue entreprit de tâtonner pathétiquement le sol à la recherche de la boule quies perdue.
Résumé:
Post d'état des lieux loneresque : il découvre Cyber au-dessus de lui et le remercie intérieurement de ne pas prendre sa gueule démontée en photo pour en faire un meme, puis il répond laborieusement à sa question pour lui expliquer qu'il a encore du mal à respirer parce que quand il le fait ça douille. Il y a de bonnes chances qu'il se soit effectivement cassé quelque chose. Il trouve quand même la force de tirer sur le poignet de Cyber pour avoir son smartphone sous les yeux et est rassuré de le découvrir fonctionnel et sans fissure sur l'écran. Il est aussi rassuré dans une moindre mesure car ses mitaines ne sont pas trouées malgré leur rencontre avec les clous apachesques. Il s'oublie un instant, pousse un soupir de soulagement et inspire ensuite un peu trop fort => douleur et insultes mentales envers sa propre personne. Quand il s'en est remis il tente de retirer le pied de chaise sur lequel il est couché car c'est très désagréable, mais il n'y arrive pas parce qu'il faudrait se tortiller d'une façon pas exactement envisageable pour le moment. Il change d'objectif et tâtonne le sol à la recherche de la boule quies qu'il a perdue.
Lacerate
♣ Chef des Chasseurs ♣
✘ AVENTURES : 1100 ✘ SURNOM : La Gueule Cassée ✘ AGE DU PERSO : 17 plaies
À travers l’extraordinaire apathie qui l’a recouverte comme un dernier mécanisme de survie, sa colère pulse et brouille les contours de sa vision. Tout ce qu’elle cherche, c’est le rouge et le noir, la silhouette d’Apache entre deux corps. Sa main est toujours tendue, raide.
Toujours en attente. Toujours à demander. Connasse, victime, connasse- jamais à prendre.
Il y a une voix, quelque part sur le côté. Une voix embrumée, des mots qu’elle entend sans les intégrer. Elle ne tourne pas la tête, ne prend pas plus en compte la remarque du hacker. Tout ce qui compte, c’est lui et s’il va refuser sa proposition.
Et le temps s’étire, et l’attente lui colle à la peau. Tout poisse, sa colère suinte de chacun de ses pores.
Jusqu’à ce qu’il acquiesce, d'un geste discret.
Dans un film, tout redeviendrait clair. Les bruits de la Boum se feraient entendre à nouveau, d’autres couleurs se rajouteraient au rouge. Comme si l'obéissance soudaine d'Apache suffisait à tout régler, remettre le temps en marche et la délivrer de sa rage.
Ils ne sont pas dans un film, rien ne change. Il faut quelques secondes pour que la Gueule Cassée s’anime, inspire une bouffée d’air viciée. Et, d’un geste violent, saisisse le poignet d’Apache.
Peu importent les regards, peu importe qu’ils soient effrayés, distraits ou lubriques. Peu importent les rumeurs, cette fois, qu’elles soient fausses ou vraies.
Précédée du Chasseur, la Cheffe quitte la scène.
La suite se déroulera sans témoins.
Résumé:
Lacerate reste plantée là, elle entend Skunk et Cyber sans pour autant les écouter ou vraiment les prendre en compte. Dès qu’Apache accepte de la suivre, elle le chope par le poignet (j’ai pas précisé lequel hihi) et ils partent. To be continued.
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