Les yeux arrondis par la peur, Loner toujours caché sous la capuche de son sweat noir serrait son sac à dos contre son ventre. Il s'en servait comme d'une sorte de bouclier de tissu, de carnets et de crayons entassés. L'instant d'avant, il était près du Grand Arbre, dans un coin un peu calme à côté d'un ruisseau. Il s'était redressé parce qu'il devait aller ailleurs, il avait fait quelques pas dans la direction qu'il visait, et là...

Là, le paysage était devenu flou durant ce qui n'avait même pas dû être l'équivalent d'une seconde. Les couleurs s'étaient mélangées, les contours distordus, le Planqué avait failli perdre l'équilibre et puis...

... Et puis subitement, il était ailleurs. Complètement ailleurs, dans un endroit qu'il ne connaissait pas.

"mmmmMMMMMMMMHHHH !
- AAAAAAAAAAAAAAAAH !"

Le mugissement qui lui avait vrillé l'oreille droite l'avait fait hurler plus fort qu'il avait l'impression de n'avoir jamais hurlé. Est-ce que ça lui était déjà arrivé de s'égosiller d'une telle manière avant, d'ailleurs ? Il n'en était même pas sûr. Le timbre de sa propre voix lui avait laissé un effet bizarre. Trop personnel et trop marqué. Il en avait rougi de honte en même temps qu'il s'éloignait en courant, terrorisé par l'ÉNORME bête à côté de laquelle il avait atterri.

A une dizaine de mètres de l'immense animal, il s'était figé. Le bison s'était lentement tourné vers lui et Loner avait cru qu'il allait tourner de l'œil. C'était avant que des cris ne le fassent sursauter et qu'une troupe de gens inconnus foncent en direction de la créature pour la chasser. Le bison avait choisi la fuite, ses terribles pas tonitruants faisant trembler le sol à chaque fois qu'ils l'atteignaient.

Tremblant, Loner reculait, sans savoir si c'était une bonne idée, car il regardait tout autour de lui et il ne voyait que ça... De la plaine. Des bisons au loin - ou pas assez loin. Tel une chips de niveau 1 il était accidentellement arrivé dans une zone élite de end-game. Il aurait suffi qu'il aggro un (un) mob pour se faire étaler définitivement. Sur l'Île, le game over était définitif.

De l'herbe, des bisons, quelques cailloux... encore de l'herbe au loin. Des gens qui n'étaient pas des perdus. Pas de forêt ? Il était où ?

Loner ne sortait jamais du périmètre de l'Arbre. Il n'avait aucune idée de l'endroit où il avait atterri, ni même de la direction qu'il aurait dû prendre pour rentrer !

"... Oh non..." trouva t-il seulement la force de commenter, les larmes aux yeux, tandis qu'une main nerveuse réajustait ses trop lâches bouchons d'oreille. Les bêtes comme ceux qui les agaçaient faisaient trop de bruit et il était simultanément débordé, tétanisé, terrorisé.

Trop, trop, trop. Il était déjà sur le point de s'effondrer.

La journée de Ink est apparemment sous le signe des heures supplémentaires. Mais pour une fois les étoiles sont bien alignées, ou ce qui tient lieu d'étoiles à Neverland (pour ce qu'il en sait les fées peignent des dessins sur un tissu géant la nuit...), parce que... jusque là, tout se passe bien.

Au départ, le plan c'était mission visite de courtoisie chez les Delaware. Juste vérifier que tout va bien, pas de changement, ok cool on se revoit bientôt. Cette partie-là s'est bien passée. Et puis Ink s'est fait embusquer par un trio de jeunes papooses qui baragouinaient à peine assez d'anglais pour lui faire comprendre que justement, ils voulaient en apprendre plus. Et apparemment Ink a une tête de professeur ou quelque chose parce qu'ils avaient l'air convaincus mordicus que c'était dans ses cordes.

Bon, techniquement, apprendre l'anglais aux gens qui ne le parlent pas ou peu, ça fait en effet partie de ses attributions, même s'il n'a pas vraiment encore eu l'occasion de beaucoup pratiquer cette compétence particulière. Et puis les gamins avaient sorti leurs plus beaux yeux suppliants et Ink avait cédé.

Après tout, les enfants étaient contents, Ink était content de se sentir utile, et en plus il prenait de l'expérience pour son job. Win-win-win.

Et, incroyablement, ça aussi ça s'était bien passé.

Mais du coup, Ink quitte le village bien plus tard que prévu, ce qui n'est pas un problème vu comment les journées sont structurées, mais permet à la coïncidence d'avoir lieu. À savoir : il n'aurait jamais dû être là pour entendre ce cri terrifié au milieu de la Plaine des Bisons, et pourtant.

Ink hésite un instant. Il est Diplomate, pas Sentinelle ou Armurier, s'il y a un danger qui nécessite autre chose que courir il ne sert à rien. Mais il ne peut pas juste ignorer ça, du coup il change de direction pour tenter de trouver l'origine du hurlement.

Au loin devant lui, un groupe de chasseurs rabat un bison. Très certainement pas ce qu'il cherche. Le cri était humain, après tout. (Pas un instant il n'imagine que l'un des chasseurs pourrait avoir hurlé ainsi. Un cri de bataille pour faire peur au bison, oui, mais pas ça.)

Et puis finalement Ink repère la silhouette sombre qui se tient... pas si loin que ça à l'écart, en fait, et semble figée option paralysée par la peur. Très franchement, Ink compatit. Il lui a fallu un moment pour être à l'aise en traversant la Plaine des Bisons, et réaliser que la plupart des animaux sont en fait plutôt placides tant qu'on ne va pas leur chercher des noises a bien aidé. (Sauf le rouge avec les cornes vert fluo, là. Lui il est probablement énervé de naissance d'avoir des couleurs aussi atypiques. À éviter.) Mais bref, même avec son habitude relative Ink ne ferait pas le malin si un groupe de chasseurs lui passait sous le nez avec leur proie paniquée.

Ink se rapproche, et oui, de plus près l'ado en face de lui ne semble vraiment, mais alors vraiment pas dans son assiette.

– Hey, tente Ink. Respire. Ça va aller.

Il n'est pas sûr de très bien savoir être rassurant, mais il n'était pas sûr de très bien savoir être professeur non plus et ça s'est bien passé. Il peut le faire.

Loner était dans un tel état de nerfs qu'un rien aurait été capable de le faire sursauter. Ca ne manqua pas : tout concentré à fixer un bison doré qu'il trouvait un peu trop près de lui et qui était en train de le fixer de manière dérangeante, non sans mâchonner ce qui devait certainement être une grosse touffe d'herbe, il ne vit ni n'entendit le nouveau venu arriver.

"Hey. Respire. Ça va aller."

La Planqué sauta donc un grand coup en l'air et manqua de lâcher son (énorme) sac à dos par terre. Il s'empressa de le réajuster dans ses bras et il fallut aussi qu'il rattrape sa capuche, laquelle avait failli tomber en arrière. Il se serait senti très mal à l'aise la tête nue, surtout considérant le (ou les) regards bovins encore tournés sur lui. Il avait plus ou moins les cheveux devant les yeux, mais ça ne suffisait pas à le couvrir assez.

La signification des mots vint donc bien après leur formulation, mais elle finit tout de même par monter au cerveau du raccommodeur qui, même s'il avait beaucoup de mal à appliquer les conseils qu'on venait de lui donner, était plutôt content d'être tombé sur quelqu'un d'assez bienveillant pour tenter de le rassurer.

Néanmoins, soyons honnête : ce qui lui fit le plus d'effet, ce fut avant tout de reconnaître en ce "quelqu'un" un autre garçon perdu, même s'il ne se souvenait pas l'avoir déjà rencontré avant. Ses yeux humides de peur et de trop d'émotions négatives se mirent à briller autrement, sa poitrine se gonfla d'un espoir nouveau. Est-ce qu'il était sauvé ?

"... Tu sais où on est ? Tu sais comment rentrer ?"

C'était un peu abrupt mais en même temps Loner était terrorisé, et puis ces questions auraient difficilement pu être plus légitimes : c'était exactement ce qu'il lui (leur) fallait savoir pour survivre. Survivre étant actuellement une cause plutôt (très) urgente.

En revanche, après avoir cligné des yeux et balbutié à quelques reprises, Loner regarda le bout de ses chaussures et trouva bon de rajouter, sur le ton incertain de celui qui ne savait pas trop comment s'y prendre :

".. M .. Merci."

C'était pas si souvent que quelqu'un l'abordait sans que ça lui soit désagréable, et de surcroit pour l'aider. C'était euh... Inhabituellement sympa. Et encore plus inhabituellement bienvenu.

Son camarade sursaute, et Ink se mettrait des baffes. Il n'avait pas pour but de lui faire (encore plus) peur mais les fameuses fées qui peignent les étoiles dans sa métaphore pourrie ont dû perdre leur niveau à bulle parce que ça n'a plus l'air très aligné, tout d'un coup.

Ink est à un demi-cheveu de s'excuser, les mots déjà sur le bout de sa langue, quand les gestes saccadés de l'ado face à lui le coupent dans son élan. Parce qu'il donne l'impression de vouloir se cacher du monde entier, et ça... c'est bien trop familier. Pourtant... ça ne devrait pas, non ? C'est Ink qui a un problème... Il doit projeter. La ressemblance est dans sa tête.

Puis finalement, entre deux mèches de cheveux sombres, c'est un regard plein d'espoir qui se pose sur Ink.

– ... Tu sais où on est ? Tu sais comment rentrer ?

À dire vrai, ça prend Ink au dépourvu. Comment est-ce que l'autre a pu arriver ici sans savoir ça ? Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? (Est-ce que finalement c'est seulement le passage d'un bison à fond la caisse juste devant lui qui l'a poussé à hurler ?)

– .. M .. Merci.
– Oh, euh, je... de rien, bafouille Ink, plus par réflexe qu'autre chose.

Il n'a encore rien fait, pas besoin de le remercier ?...

– On est dans la Plaine des Bisons, s'empresse-t-il donc d'enchaîner. C'est pas loin du village Delaware. J'en reviens, je rentre à l'Arbre là. Je suis Diplomate, ne peut-il s'empêcher d'ajouter, parce que ça explique pourquoi il était chez les Delaware. Je m'appelle Ink.

Il hésite un instant, puis décide d'écouter son instinct.

– On est en sécurité ici. Tu veux te reposer un peu ou rentrer tout de suite ?

Il essaye de se retenir, mais c'est plus fort que lui : il attrape un de ses stylos et se met à le manipuler sans but. Parce que ce n'est pas parce que lui aimerait entendre quelque chose que quelqu'un d'autre va apprécier, et qu'il voudrait être rassurant, pas... malaisant.

L'autre adolescent bafouillait un peu, l'air aussi gêné que lui. C'était tout à la fois bizarre et inhabituel... Bizarre car inhabituel, plutôt. Personne n'avait jamais l'air plus gêné que Loner. C'était lui qui était awkward as fuck en toutes circonstances, alors c'était un peu chelou d'être face à quelqu'un qui donnait l'air d'être à peu près aussi à l'aise à faire la conversation que lui.

... C'était probablement juste la situation qui était malaisante pour tout le monde car la rencontre était inattendue et qu'il y avait des bisons flippants partout. Rien que ça. Tous les gens que Loner connaissait étaient bien plus assurés que lui, même Cyber. Il n'y avait aucune raison que cette fois soit différente.

"On est dans la Plaine des Bisons..."

... Et il n'en fallut pas plus pour que, pour une fois, Loner regarde quelqu'un dans les yeux, ses propres prunelles pleine de petites étoiles brillantes (niveau à bulle déglingué ou pas).

Bon, ok. Il avait encore les cheveux devant la gueule alors ça brillait derrière un rideau de longues et épaisses mèches enchevêtrées, mais c'était déjà pas mal.

Il savait où ils étaient !
Ils étaient sauvés ! Enfin... A priori ?

"C'est pas loin du village Delaware. J'en reviens, je rentre à l'Arbre là. Je suis Diplomate. Je m'appelle Ink."

Oh my gosh le soulagement. Il était sans commune mesure. Les épaules du raccommodeur se détendirent d'un coup et il émit un long soupir. La présence des animaux l'empêchait de se calmer parfaitement, mais il était au moins trois fois moins crispé qu'avant. Sur une échelle de 0 à 9, il était descendu à 3 quoi.

"On est en sécurité ici. Tu veux te reposer un peu ou rentrer tout de suite ?"

Comment ça en sécurité ? Avec les bisons et tout ? Attendre un peu ? Se reposer ?

"Non !! Je veux dire euh.. Oh. Pardon."

Il rougissait sous ses cheveux maintenant et se remettait à fixer le sol. Il était vraiment pas doué. Il faisait pas les choses dans l'ordre. Ink avait eu la décence de se présenter et tout ce qu'il était foutu de faire c'était de lui envoyer une négation sèche car paniquée dans la figure.

"... Pardon. Je m'appelle Loner. Je suis raccommodeur. J'ai marché sur un passage bizarre et... J'étais là. Je suis pas fatigué du coup je veux juste rentrer... Est-ce que tu peux me montrer le chemin s'il te plaît je le connais pas ?"

Il manquait encore un truc, non ?

"JEEE.. Je.. Euh. Pardon. C'est euh.. Sympa de te rencontrer ? Enfin pour l'instant c'est surtout que tu me sauves la vie mais... Enfin je veux dire... Je veux pas dire que c'est juste ça mais faut avouer que c'est vrai et... Salut, quoi."

... A force de rougir il allait devenir violet. Pourquoi il essayait de parler - voire de fraterniser un peu - alors qu'il était pas fait pour ça et qu'il savait pas s'y prendre ?

Exclamation négative véhémente de la part de son interlocuteur. Et voilà, Ink continue de gaffer. Évidemment que ce que lui aimerait entendre est juste bizarre. Évidemment.

Sauf que Ink n'a pas le temps de faire machine arrière et de présenter ses excuses, parce que c'est l'autre qui s'excuse. Et s'explique. Et s'excuse de nouveau. Et même au travers du rideau de cheveux, ça devient flagrant que Loner, donc, est rouge pivoine.

Ink décide d'ignorer les bafouillements de son interlocuteur. Il ne va pas retourner le couteau dans la plaie alors qu'il est le premier à perdre pied pour n'importe quoi et que Loner, lui, a toutes les raisons de se sentir mal à l'aise voire carrément flippé. La téléportation directe dans un endroit inconnu, ça a de quoi mettre n'importe qui dans un état pas possible.

(Et c'est bon à savoir que l'Île peut aussi faire ça. Non pas que ça sauvera Ink si ça lui tombe dessus, mais bon, au moins il aura une vague idée du pourquoi du comment.)

– On peut rentrer ensemble oui, bien sûr. C'est par là.

Et il commence à marcher, surveillant du coin de l'œil la progression de la chasse qui n'a pas l'air de vouloir revenir sur leur chemin pour le moment, dieu les Grands Esprits quelque chose soit loué.

– Et t'inquiète, enchaîne-t-il, je peux pas t'en vouloir d'être content que je te tire de là. Moi aussi je serais content d'avoir quelqu'un qui peut m'aider si j'étais perdu et en plus dans une situation que je maîtrise pas. Et puis c'est pas comme si je t'avais donné la moindre raison de m'apprécier à part ça, pour le moment.

Bon, il a essayé d'être rassurant, mais il a échoué dans les grandes largeurs, et c'est entièrement sa faute donc il ne va pas en vouloir à Loner.

Ink ne sait pas trop s'il devrait ajouter quelque chose, essayer de faire la discussion, ou au contraire laisser à Loner le temps de se reprendre, mais... Loner a tenté de lancer une conversation, donc c'est peut-être qu'il préférerait ça ? Peut-être qu'il a envie de quelque chose pour l'aider à ne pas penser à sa situation actuelle ?

– Mais du coup je suis content de t'avoir rencontré, tente Ink, espérant que son sourire ne laisse pas entrevoir son hésitation, ne serait-ce que pour pouvoir t'aider.

Clairement pas sa meilleure introduction, mais une mission diplomatique avec un cadre et des objectifs précis ça n'a rien à voir avec cette rencontre totalement random qui ne ressemble à rien de ce qu'il a déjà vécu !

Qu'est-ce que Loner se sentait bête... Il mettait pas son interlocuteur à l'aise alors qu'il était en train de lui sauver le cul, et même lui était capable de comprendre que c'était parce qu'il communiquait n'importe comment. C'était ultra embarrassant, et il s'en voulait. Aurait-il été seul, il aurait eu envie de se mettre des coups sur le front avec l'intérieur de la paume.

Pas que ça lui aurait remis le cerveau à l'endroit ni rien. Les interactions c'était juste pas son truc. Il n'avait pas volé son nom.

"On peut rentrer ensemble oui, bien sûr. C'est par là.
- Merci !" s'empressa t-il de répondre, réellement reconnaissant et approximativement certain de ne pas avoir merdé, cette fois. En prononçant un mot unique ça aurait quand même été...

... Non rien. Déjà fait précédemment avec le mot "Non !". Y avait décidément rien à récupérer chez lui, il était trop nul. Mortifié, Loner avançait en regardant plus ou moins le sol (masqué en quantité conséquente par son volumineux sac à dos). Il redressa le nez quand Ink prit la parole.

Anxiété - le silence c'était ptetre mieux non ? Il allait encore pas savoir comment répondre.

Espoir - Y avait-il une petite chance que Loner rattrape ses conneries précédentes quand même désormais qu'il était plus calme et qu'ils avaient euh... Vaguement fait les présentations ?

"Et t'inquiète. Je peux pas t'en vouloir d'être content que je te tire de là. Moi aussi je serais content d'avoir quelqu'un qui peut m'aider si j'étais perdu et en plus dans une situation que je maîtrise pas. Et puis c'est pas comme si je t'avais donné la moindre raison de m'apprécier à part ça, pour le moment."

... Oh. C'était... Inattendu. Gentil. Et réellement rassurant. Les épaules de Loner se dénouèrent. Il mit quelques secondes à savoir ce qu'il voulait répondre, mais les mots lui vinrent plus facilement.

"Oh... Tu comprends ça c'est euh... Tant mieux. Je voulais pas te vexer du coup c'est cool si tu l'es pas. Et tu me sauves vraiment alors ouais je suis... super content que tu sois là."

La difficulté à communiquer de façon correcte restait, mais Loner était déjà un peu plus content de lui. Il avait l'impression d'avoir fait passer un message valable cette  fois... Il espérait ne pas se planter.

"Mais du coup je suis content de t'avoir rencontré, ne serait-ce que pour pouvoir t'aider."

L'autre ado tentait de continuer la conversation et pour la première fois depuis leur rencontre, Loner envisagea la possibilité qu'il put se trouver presque aussi mal à l'aise que lui. Parce que la façon de s'y prendre suintait d'une maladresse qui était beaucoup trop familière au Planqué pour que ça lui échappe. Il tourna la tête en direction d'Ink, pas longtemps, avant de regarder devant lui pour répondre. En roue libre. Il foutait quoi ? Il savait pas.

"Ouais... C'était un coup de bol merci encore. Je suis désolé je... sais jamais trop ce que je dois dire. Généralement je parle de jeux, ou d'informatique, mais c'est que avec quelqu'un que je connais bien. Euh tu... euh..."

Renvoyer la balle ? C'était pas naturel, mais c'était comme ça que les gens faisaient nan ? En les écoutant faire (quand il n'avait pas le choix), Loner avait au moins compris ça.

"... Y a des trucs que tu aimes faire et dont tu aimes parler ?"

Hey. Y avait du mieux.

Ink se détend légèrement. Non, Loner n'est clairement pas quelqu'un de parfaitement à l'aise avec la discussion (en même temps son nom aurait peut-être dû mettre la puce à l'oreille de Ink), mais il comprend. Et même s'il peine à aligner les mots, au final... Ink le trouve plutôt clair. Pour un peu, ça serait rafraîchissant. (Rassurant ?)

(Ou peut-être que Ink se plante dans les grandes largeurs et qu'il comprend tout de travers, mais... ça paraîtrait un peu gros, juste pour cette fois.)

– Je suis désolé je... sais jamais trop ce que je dois dire. Généralement je parle de jeux, ou d'informatique, mais c'est que avec quelqu'un que je connais bien. Euh tu... euh... Y a des trucs que tu aimes faire et dont tu aimes parler ?

Ink ne peut retenir un regard surpris vers Loner.

– D'habitude, c'est moi qui ne sait pas ce que je dois dire... admet Ink.

Le stylo dans ses doigts a toujours son capuchon, mais ça ne l'empêche pas de suivre un trait d'encre sur l'avant-bras de Ink, presque machinalement.

– J'aime bien lire. Enfin, je lisais beaucoup... avant, précise-t-il. Depuis que je suis ici c'est plus compliqué. Et je... j'avais pas vraiment de gens qui voulaient m'écouter parler de ça, je crois. Je me souviens plus très bien mais... je crois. J'ai pas beaucoup touché aux jeux vidéos mais j'avais un blog où j'écrivais à propos de mes lectures, se rappelle-t-il soudain, mais je crois que personne ne m'a jamais lu, ajoute-t-il avec un vague rire dépréciateur. Mais au moins je pouvais imaginer que quelqu'un m'écoutais jusqu'au bout, je suppose.

... il est de nouveau en train de faire ce qu'on lui a toujours reproché, non ? Il ne parle que de lui, il parle trop longtemps... Il n'est pas intéressant. C'est pas comme ça que ça marche, une discussion.

– Je, euh... j'y connais quasi rien en jeux vidéos, mais je trouverais ça cool d'en apprendre plus. Si tu veux.

Laisser les autres dire ce qu'ils ont à dire, c'est comme ça que ça marche, une discussion. Sauf quand il doit faire son boulot de Diplomate, bien sûr, mais ça n'a rien à voir.

"D'habitude, c'est moi qui ne sait pas ce que je dois dire..."

Même si Loner n'était pas excessivement surpris à ce stade, car c'est l'impression que le diplomate était parvenu à lui laisser en l'espace de quelques phrases échangées, il l'observa de plus belle et s'entendit répondre sans contrôle :

"... Cool." Immédiatement, il se sentit stupide. Ses joues s'empourprèrent légèrement. Il était bien placé pour savoir qu'on était généralement pas très fier de son manque de facilité à communiquer, même s'il s'en accommodait souvent très bien et qu'idéalement il aurait juste voulu avoir la paix, dans un lieu silencieux, pourvu en électricité et en matériel informatique.

"Enfin ! Disons que les gens qui sont à l'aise je sais pas, souvent ils me stressent..."

Ils étaient jamais sur la même longueur d'onde que Loner, et puis beaucoup d'entre eux étaient pas très bienveillants à son égard. Ca pouvait aller du regard interloqué au cassage de gueule gratuit en passant par diverses moqueries désagréables. Alors oui c'était cool de savoir qu'Ink ne faisait pas partie de leur étrange clique. Ca mettait Loner plus en confiance, il se sentait immédiatement moins méfiant, moins inquiet, moins impressionné.

"J'aime bien lire. Enfin, je lisais beaucoup... avant. Depuis que je suis ici c'est plus compliqué. Et je..."

C'était rassurant de pouvoir écouter sans avoir à répondre tout de suite. Loner lisait un peu dans l'Ordinaire, mais pas énormément non plus. C'était pas son loisir préféré. Ainsi n'était-il pas en mesure de comprendre complètement Ink. Néanmoins il savait ce que ça faisait d'être subitement coupé de ses occupations phares - sans lesquelles le Planqué trouvait que la vie n'avait qu'un intérêt très restreint. Il compatissait. Puis c'était cool de causer blogs. On faisait pas souvent référence à internet sur l'Île de Jamais.

"Tu faisais comment pour savoir ? Avec un compteur de visites ? Ou bien c'est parce que tu avais pas de commentaires ? Après ça dépend avec quoi tu l'as fait... Peut-être qu'il était pas assez bien référencé ?"

C'était pas nécessairement parce que les réflexions d'Ink sur ses bouquins n'intéressaient personne, si ? Après tout y avait plein de gens qui causaient de leur lectures sur internet, certains partaient même dans des théories pétées, et ça fonctionnait plutôt bien.

"Je, euh... j'y connais quasi rien en jeux vidéos, mais je trouverais ça cool d'en apprendre plus. Si tu veux."

Bref moment de silence durant lequel Loner tentait de trouver comment aborder le sujet. Le souci, c'est qu'il avait déjà pas mal Oublié. Il lui restait le contenu de ses carnets, puis quelques connaissances de surface aussi mais... De là à alimenter une conversation ? Il était pas sûr d'en être capable.

"Je euh... J'ai pas mal écrit de trucs dessus avant d'oublier, mais ça commence à devenir flou, tu sais... Parce qu'il y a pas de jeux vidéos ici. Hm... Je me souviens surtout des jeux en ligne sur lesquels j'étais. Après hors ligne j'ai fait pas mal de jeux d'action, mais aussi des rpg... Puis des action-rpg. Parfois de la stratégie en vrai ça dépend de l'humeur. Plus rarement de l'horreur parce que c'est quand même hyper angoissant. Tu... sais quels genres de jeux vidéos auraient pu t'intéresser ou pas du tout ?"

Parler, c'était décidément pas évident. Outre briser la glace avec Ink, ça avait néanmoins un second avantage : Loner flippait moins. Il ne se concentrait plus sur ce qu'il y avait autour de lui. Il oubliait presque la présence des bisons.

– Tu faisais comment pour savoir ? Avec un compteur de visites ? Ou bien c'est parce que tu avais pas de commentaires ? Après ça dépend avec quoi tu l'as fait... Peut-être qu'il était pas assez bien référencé ?

Ink est un peu désarçonné par la précision du questionnement, mais d'un autre côté il ne devrait sans doute pas. Loner a bien mentionné son intérêt pour l'informatique, après tout. Sauf que...

– ... je ne me souviens pas, admet Ink après quelques trop longues secondes à fouiller dans sa mémoire pour ne trouver que du vide.

Il lui reste cette impression diffuse qu'il avait cette certitude, avant, mais pourquoi ? D'où pouvait-elle lui venir ? Est-ce qu'il avait été suffisamment calé pour vraiment surveiller les vues ou pas du tout ? Aucune idée. Sans cette discussion, il ne se serait même pas rappelé avoir eu un blog, et très franchement il n'est pas convaincu qu'il s'en souviendra encore demain.

C'est vertigineux, de se retrouver directement confronté aux frontières de l'Oubli.

Il est reconnaissant à Loner de meubler à son tour le silence, même s'il ne semble pas vraiment mieux loti que Ink, en l'occurrence. Mais en même temps, à moins d'avoir été passionné par le bricolage, les fringues ou à la limite le maquillage, difficile d'avoir encore accès à ses passes-temps de l'Ordinaire une fois sur l'Île. Et encore, il faut soit être assigné au bon groupe, soit avoir du bol sur les arrivages-slash-trouvailles de matériel. Et sur la distribution.

– Tu... sais quels genres de jeux vidéos auraient pu t'intéresser ou pas du tout ?

Ink ne peut contenir une grimace peu convaincue.

– Là, comme ça, au débotté, absolument aucune idée, répond-il. Laisse-moi réfléchir...

Jeux vidéos, jeux vidéos...

Il n'arrive même pas à retrouver un seul nom de jeu. Il s'efforce de ne pas s'appesantir sur le début de sensation de malaise qui le guette.

– Euh, peut-être les jeux d'énigmes ? hésite-t-il finalement. De puzzle ? Je ne sais même plus comment on dit... ceux où il faut résoudre des problèmes de logique.

Sans prévenir, un fragment de souvenir lui revient, plus émotion que faits.

– Je crois que ma sœur m'avait traîné à jouer à des jeux multi-joueurs quand elle n'arrivait pas à inviter assez d'amies d'un coup pour avoir assez de joueurs. C'est très flou... Je crois que je n'étais pas très bon.

Il lui semble se souvenir de chaos et de cris, trop forts mais... pas associés à quelque chose de négatif. Peut-être que ce n'avait pas été sur lui que sa sœur et ses amies avaient crié, à l'époque.

... je ne me souviens pas.
- ... Ah. Ouais... Je comprends. commenta Loner un peu bêtement, mais en même temps pas, parce que c'était à propos. Lui-même galérait à trouver quoi dire, considérant l'aspect morcelé de ses souvenirs. Il lui restait vaguement le contexte, tout ce qui allait "autour" du sujet en lui-même, mais alors le contenu ?

Tout ou presque s'était évaporé. Il ne lui restait plus que ce qu'il avait couché sur le papier. Autant d'informations actuellement empilées au fond de son sac. Et ce n'était pas le moment qu'il l'ouvre. Rentrer au Grand Arbre était une priorité.

"Là, comme ça, au débotté, absolument aucune idée"

Ink prouvait une fois supplémentaire combien l'Oubli pouvait être emmerdant quand déjà on n'était pas socialement très adroit. Les deux adolescents peinaient à trouver un sujet de conversation fonctionnel. C'en était presque angoissant.

"Laisse-moi réfléchir..."

Loner ne répondait rien, mais il attendait, les yeux rivés sur ses chaussures. Une seule fois tournés dans la direction d'Ink pour lui indiquer qu'il écoutait encore. Devait-il lui dire que c'était pas grave s'il trouvait rien ? Le Planqué n'aurait peut-être pas dû poser cette question. C'était pas facile de se souvenir de ce qu'on faisait régulièrement avant l'Île, alors quand il était question de trucs par lesquels on avait été moins intéressés...

"Euh, peut-être les jeux d'énigmes ? De puzzle ? Je ne sais même plus comment on dit... ceux où il faut résoudre des problèmes de logique."

Loner se sentit pousser des ailes suite à cet exploit par lequel son interlocuteur avait réussi à tirer les informations de son cerveau amnésique. Pour une fois, il savait exactement quoi dire. Même si ça n'allait probablement pas les mener bien loin.

"Ah ! Les jeux de réflexion. Dont les point and click, où traditionnellement on doit interagir avec des objets de l'environnement avec ou sans l'aide des objets de l'inventaire. J'y pensais même plus. J'aimais bien aussi."

Le regard du Planqué se tourna plus franchement sur Ink comme ce dernier évoquait désormais une ombre de souvenir en lien avec un jeu en ligne auquel sa sœur l'avait initié. Il hocha la tête sans s'en rendre compte, galvanisé par le sujet.

"C'est très flou... Je crois que je n'étais pas très bon.
- Ca demande de la pratique pour s'améliorer. En plus ça prend beaucoup de temps de se constituer un équipement correct qui permet de tenir la distance en donjon, alors si tu jouais pas beaucoup c'est pas étonnant que ça t'ait pas laissé une impression top."

En une phrase, Loner se montrait bien plus compréhensif avec Ink qu'il ne l'avait été avec la somme de tous les mauvais pickup qu'il avait récolté en instance à l'époque où il avait encore accès aux jeux. Les mmorpg, c'était vraiment la jungle. Personne ne donnait à personne le droit de débuter ou de se tromper. Fallait que tout soit rapide, efficace, optimisé. Il avait pris le pli, son perfectionnisme parfaitement satisfait par cette façon de fonctionner dès lors qu'il avait commencé à se débrouiller.

Un peu tard, Loner se rendit compte qu'il faisait peut-être preuve de trop d'enthousiasme. Il utilisait des mots qui peut-être n'évoquaient rien à Ink. Comment l'intéresser en parlant de choses dont le principal intérêt étaient d'être expérimentées ? Quand il n'y avait plus aucun moyen de les expérimenter ?

"... Si j'avais pu te montrer le genre de routines qu'il faut suivre pour s'améliorer je l'aurais fait mais maintenant... C'est plus que des mots. Comme on est coupé d'internet même Cyber peut pas lancer ça sur son ordi."

Qu'est-ce que ça pouvait être frustrant !

"Je suppose que si on voulait on pourrait inventer des jeux avec des mécaniques un peu similaires, à base de figurines et de plateaux sur lesquels on règle son positionnement au tour par tour. Avec des fiches de personnage, aussi."

C'est que ça aurait même pu être intéressant. A cela près que Loner se voyait mal recruter des joueurs parmi les perdus. Il ne connaissait pas assez de monde. Ne voyait pas qui ce genre de plans aurait pu intéresser.

– Ca demande de la pratique pour s'améliorer. En plus ça prend beaucoup de temps de se constituer un équipement correct qui permet de tenir la distance en donjon, alors si tu jouais pas beaucoup c'est pas étonnant que ça t'ait pas laissé une impression top.

Ink se sent à la fois rasséréné que quelqu'un de bien plus calé que lui sur le sujet lui dise que c'est normal de galérer au début... et en même temps il n'est pas totalement certain qu'ils parlent bien de la même chose. Il ne se souvient pas du tout d'une histoire d'équipement... mais d'un autre côté à part sa sœur et ses copines qui criaient en se coupant la parole mutuellement sur le canapé, il ne visualise pas grand chose, donc il a peut-être juste oublié.

Le fait que Loner lui semi-propose (contraintes logistiques obligent...) de jouer avec lui pour l'entraîner, même si c'est factuellement impossible, ça touche Ink. Il aurait aimé tester ça. Peut-être qu'il n'aurait pas accroché aux jeux, mais faire ça avec quelqu'un qui partage une passion... ça, ça avait l'air agréable.

Dommage.

– Je suppose que si on voulait on pourrait inventer des jeux avec des mécaniques un peu similaires, à base de figurines et de plateaux sur lesquels on règle son positionnement au tour par tour. Avec des fiches de personnage, aussi.

Ink réfléchit quelques secondes. C'est que c'est loin d'être inintéressant comme idée, même s'il peut déjà voir plein de points compliqués.

– Dans ce cas il faudrait probablement faire quelque chose de plus simple qu'un jeu vidéo, vu qu'il faudrait tout gérer à la main. Et si on veut que ça soit accessible il faudrait des règles assez simples vu qu'il y a pas mal de monde ici qui ne lit pas, ou alors pas la même langue que les autres, donc il faudrait qu'ils mémorisent tout.

Probablement que ça ne se fera jamais, mais c'est agréable de réfléchir à un projet de ce genre. Ça n'a rien à voir avec son travail, ni avec ses... difficultés, non, c'est juste pour le fun.

– Après, je dis ça, mais tu pourrais faire un jeu qui se joue seulement à deux, je suppose. Ça autoriserait sans doute plus de complexité vu que tu n'aurais pas à trouver le terrain commun entre trop de monde.

Ink se met à faire tourner le stylo entre ses doigts sans même s'en rendre compte, et pour une fois ce n'est pas un exutoire à sa nervosité, c'est juste qu'il est trop concentré sur autre chose pour s'en apercevoir.

– Créer des jeux, ça doit être un truc bien vu ici, non ? demande-t-il. Je suis pas là depuis très longtemps et j'avais jamais pensé à ça, mais ça me paraîtrait logique... Je suis sûr que les Artisans pourraient faire un plateau... Une pause. Tu as parlé de figurines, mais par curiosité, des trucs genre poupées en tissu, c'est du domaine des Artisans ou des Raccommodeurs ?

Ink soulevait des points très pertinents ! A tel point que ça donnait envie à Loner de réellement concrétiser ce projet qu'il venait d'inventer et évoquer sans penser le mettre en œuvre pour de vrai. Son intérêt happé par l'analyse du diplomate, il oubliait totalement qu'ils n'étaient pas tout à fait rentrés et que la nature autour d'eux pouvait devenir dangereuse sans crier gare.

Il hocha la tête et commenta, appréciateur :
"C'est vrai."

Après, je dis ça, mais tu pourrais faire un jeu qui se joue seulement à deux, je suppose. Ça autoriserait sans doute plus de complexité vu que tu n'aurais pas à trouver le terrain commun entre trop de monde.

Une œillade surprise sur le côté, en direction de son interlocuteur. Ah... Loner avait même pas envisagé de créer un jeu qui pourrait se faire à beaucoup parce que... parce que... Bah.

"... Ouais. En vrai c'est plus simple pour un premier projet et pis j'imaginais plutôt ça, j'aime pas quand y a trop de monde. En plus ça devient trop vite brouillon et on comprend plus rien c'est chiant."

Créer des jeux, ça doit être un truc bien vu ici, non ?
Bonne question. Sans doute ? Loner savait pas trop ce qui était bien vu ou pas ici, à part ce qui tenait de l'évidence (genre faire correctement son travail, ou bien être poli avec les gens).

"Tu as parlé de figurines, mais par curiosité, des trucs genre poupées en tissu, c'est du domaine des Artisans ou des Raccommodeurs ?
- Ah, si c'est en tissu c'est plutôt nous. Je veux dire les raccommodeurs. Au final c'est pas une fringue mais ça reste un truc à coudre même s'il faut le rembourrer après..."

Puis s'il fallait déjà demander de l'aide à quelqu'un d'autre pour le plateau, ce qui faisait paniquer Loner d'avance... S'il pouvait s'occuper des figurines tout seul en fait, ça l'arrangeait. Il avait pas vraiment imaginé en faire des poupées de chiffon à la base, mais c'était pas une mauvaise idée du tout.

"Ca aura moins d'intérêt si ça n'a pas de rejouabilité, ça serait un peu barbant de toujours faire les mêmes scénarios... Ca serait pas mal si le plateau était modulable, avec diverses pièces par exemple, imbriquées façon puzzle... Et même si ça prend masse place on est tout le temps dehors de toute façon donc ça serait pas gênant."

Alors qu'il réfléchissait à toute allure, il se prit à se masser frénétiquement le menton.

"Ouais. Ca serait vraiment bien que ça soit un matos varié, pas trop directif, qui laisse la liberté d'être réutilisé même en changeant des trucs aux règles ou au déroulement du jeu."

S'ils le faisaient vraiment, alors il allait falloir drôlement se triturer les neurones pour créer la liste la plus exhaustive possible des éléments dont ils allaient avoir besoin ! Enfin... Loner se rendait compte qu'il incluait Ink dans le projet alors qu'il savait même pas vraiment s'il avait l'intention de participer. C'était parce qu'il lui donnait l'impression d'être intéressé... En vrai, pourquoi pas ? Ils se connaissaient à peine mais Loner l'aimait déjà bien. C'était étonnamment pas désagréable de lui causer...