Au moins, Skunk se contentera de boire ce qui se trouve sur, ou sous, les tables. Au lieu de manquer de se tuer en voulant fabriquer ses propres mixtures. Et Creepy aimerait, de tout son cœur, oublier les Récolteurs pendant quelques minutes pour profiter de la soirée. Comment est-ce qu’on fait ça, par contre ? L’unique bal qui lui vient en tête est celui de Carrie, et la fin en fut un poil désastreuse. Quoique terriblement satisfaisante. Une sublime effusion de sang—qui ne va pas se reproduire ici. Quelqu’un entame même la conversation, et tout ce que Creepy note c’est l’esthétique totalement opposée de cette personne et de sa salopette d’un doux rose barbe à papa.

D’ailleurs, où est Heaven dans la foule ?
Pas les Récolteurs on a dit, c’est son moment.

« Mes enfants s’en sont chargés, je n’y connais pas grand-chose, » qu’il admet après un court silence, « Merci en tout cas. »

Est-ce qu’il a loupé le moment parfait pour retourner le compliment ? Probablement. C’est fort dommage. Surtout que la question finale est restée en suspens. Que boire ? Hm, il n’y a pas de traitement pour l’empêcher de se détendre—passé la soirée tétanisé dans un coin à se morfondre n’est pas la meilleure option, s’il voulait faire ça, il serait resté dans la cabane des Récolteurs.

« Alcool et le jus orange, » qui n’est peut-être même pas de l’orange, qu’importe la couleur est suffisante, « Merci. » A peine le verre en main, que Creepy l’a déjà à demi-vidé d’un coup, peu expressif. Ses papilles ont été bousillées il y a bien longtemps. C’est à peine s’il sent le jus chargé d’alcool.

Le second verre, il se le sert lui-même, ajoutant bien plus d’alcool que de jus, quoique une pointe pour le colorer de cette teinte qu’il aime tellement. « La musique est bien, j’aime bien, » qu’il lance à Pastel, dont le nom lui est finalement revenu. Un des gosses de ce cher Pit, c’est pour ça.

L’énergie qui se répand dans la salle à quelque chose d’électrique—oh c’est son premier concert, à sa connaissance. Les gens sur la scène ont un côté presque obscène, avec leurs tenues et paroles qui se déchaînent. Un léger air de rébellion dans leur dernier morceau que Creepy noie avec son troisième verre. Ils ne sont pas bien grands, et plus l’alcool se répand dans son corps, moins il se sent patraque, bien qu’il ne soit pas naïf pour un sou, il va le regretter. Plus tard.

Il a bien aimé Paint it Black, le type avec les cheveux aussi blancs que les siens, sa voix déchire, moins la chanson suivante. Pas qu’il connaisse quoi que ce soit outre les soundtracks de ses films favoris.

Du coin du regard, le Cryptique tombe sur une robe absolument sublime, digne d’une princesse et il ne connaît pas sa propriétaire. Une fois encore, pas du tout son style. Classe quand même. Il aimerait bien lui dire, et il fait un signe à Pastel, après avoir rempli son verre, comme pour s’excuser de l’abandonner. Le truc, c’est que Creepy ne s’éloigne pas du buffet.

C’est un cri qui l’interrompt, un truc qui vient du cœur et qui fend l’air au travers de toute la boum. Tout le monde s’y met d’un coup, du punk à la fille de l’infirmerie qu’il a déjà croisé en y déposant des gosses. En passant par—qu’est-ce que Dandy fout dans cette zone ? Creepy hésite, puis il se contente de presser le verre contre ses lèvres.

Not my circus, not my monkeys.

Deux chefs dans le bazar, ça devrait être suffisant pour régler le problème, non ? Voir, ou plutôt entendre, Scar se prendre un coup n’était pas dans ses plans de soirée. Pas que Creepy se soit décidé à former le moindre plan, sachant parfaitement qu’il n’irait parler à personne sans y être forcé. C’est dommage, qu’il songe en se prenant à rire silencieusement, parce que le mec aux cheveux blancs, il était vraiment classe. Il doit être déjà parti par contre.

Si Scar frappe, Creepy songe en s’appuyant sur la table, c’est que ça doit être mérité. C’est Scar, après tout. Si Apache—qu’est-ce qu’ils ont à se frapper dessus alors qu’ils ont l’air de Freddy contre Jason, excellent film qu’il a vu en VHS dans la maison souterraine—Scar est Jason bien sûr.

C’est les muscles.

Dans des circonstances plus posées, Creepy aurait lancé un regard noir aux gamins empilés en train de regarder le train dérailler, voir qu’il leur aurait gueulé dessus. Là, la scène a un truc hypnotisant. Le punk que personne ne peut retenir, la tension grandissante. Il lâche un long « Oooooh. » lorsque le jeu de quilles s’effondre d’un coup. C’est drôle, vous savez, ça résonne à ses oreilles et Creepy ne s’était quasiment jamais entendu rire.

Le son vrille contre ses tympans et il presse une paume contre son menton, ajustant sa position contre la table pour ne pas perdre une miette de la sienne. « Maudits niaiseux, » qu’il se moque dans son français-québécois, sa voix moins neutre qu’à l’habitude. Et il pourrait aider, faire quelque chose. C’est juste—juste que c’est comme regarder un film, que rien ne lui semble réel.

La pile sur ce qui fut une chaise encore moins que le reste, le public déçu de ne pas avoir plus lorsque les gens continuent à s’en à aller, Dandy avec cette guitare qu’il sert contre lui. Qu’il fait minuscule, d’un coup. Lacerate et Scar qui n’ont pas l’air bien—il reste là, verre presque vide qui ne quémande qu’à être rempli une dernière fois, peut-être qu’il comprendra le bonheur après.

Il est interrompu par un gosse qui s’approche du blessé au sol pas si loin, demandant de loin s’il s’est cassé quelque chose. Quoique pas avec un ton de soigneur, plutôt un truc malicieux, avec ses potes qui attendent un peu plus loin les nouvelles réjouissantes de leur comparse.

« Hey toi, » abandonner le buffet l’attriste, il n’a même pas pu parler à la fille dans la robe de princesse, « les embête pas. » Son ton est impitoyable, main qui attrape le col du gosse qui l’envoyer rejoindre ses mauvaises troupes. Urg, c’est bien moche, la situation au sol.

Creepy s’apprête à leur suggérer l’infirmerie au lieu de faire serpillère—quoique pour une raison incongrue ça lui donne envie de rire, d’imaginer le Perdu balancé comme une paupiette bien ficelée jusqu’à la cabane en bas. Au final, il garde ses distances, et d’un coup son regard aperçoit une masse rose bubble gum et pas pastel cette fois.

« Heaven, » le besoin de rire refuse de le quitter, c’est plus fort que lui. « Quelle soirée. Tu danserais ou bien c'est trop tard ? » Et il est à cet instant évident que, même sans verre à la main, oublié sur le buffet, Creepy est totalement torché. Il n'a jamais l'air si heureux d'habitude, voir heureux tout court. C'est la lueur qui recouvre son regard, le fait que ça soit tristement un peu trop tard par rapport au reste de la fête.

Avec un éclat de malice, il tend sa main, paume vers le haut. Pas grave si elle refuse, c'est juste que ça serait drôle de danser, qu'il ne l'a jamais fait. A moins qu'il ait oublié.

Il faut que la fête continue, c'est tout.

Résumé:

Résumé:

Apparemment, Heaven avait plus ou moins prédit les événements en restant ainsi postée près de la porte d'entrée. Un peu comme un mauvais présage, une malédiction lancée par une quelconque sorcière, le simple fait qu'elle se dise qu'elle allait "rester un peu jusqu'à ce que ça se calme" avait involontairement annoncé l'arrivée d'une bonne baston.
Du coup, il y aura de l'ambiance jusqu'à ce qu'elle décide de décoller ? Ça pourrait être drôle, ça. Mais même sur une Île pareille, ça restait encore un poil trop saugrenu, comme raisonnement.

En attendant, la Mésange écoute distraitement la musique, sans y prêter trop attention car elle n'avait pas prévu de danser... seule. À la place, elle scrute la foule avec attention, un peu comme elle pouvait le faire dans les "conventions mangas", dans le Monde Ordinaire, lorsqu'elle recherchait un cosplay particulier dans la foule; son objectif actuel n'étant pas un cosplay, mais une tête blonde; toujours la même. Pas sûr que les goggles y trônent, cependant, rendant la recherche plus difficile.
Non, la Récolteuse n'en démordait pas; elle voulait absolument danser avec le Raccommodeur en Chef, qui devait forcément être à l'intérieur de leur Réfectoire, comme il était introuvable à l'extérieur. Dieu sait qu'elle avait ratissé le Grand Arbre plus tôt pour s'en assurer.

L'hypothèse de son absence pure et simple ne lui effleure même pas l'esprit. Après tout, une Boum chez les Perdus, c'est un peu l'équivalent d'une réception après cette dure période de Givre qui leur a paru interminable, non ? Leur Gratin se devait d'y prendre part, n'est-ce pas ? Une question de bienséances. Après tout, elle avait déjà pu voir du coin de l'œil du roux, puis du brûlé, et du coup, sa propre Tête en Cruella.
Il devait y avoir le reste aussi, les Chefs excusables de leur non-présence étant Wild, connue pour avoir quelques soucis avec l'idée de se retrouver en contact d'autant de monde, ainsi que Soul, qui devait avoir retrouvé l'Infirmerie pour s'y enfermer. Ça devait être pour ça qu'Heaven ne l'avait même pas entraperçu depuis leur retour.
En tout cas, une chose était sûre : si elle n'avait pas sa danse avec le Joker avant la fin de cette petite sauterie, elle allait le bouder jusqu'à nouvel ordre !

Soupirant bruyamment, la jeune fille vit passer une tête blonde, mais ce n'était pas la bonne. Pire encore même, c'était presque un scoop : une nana qu'elle n'avait pas eu le temps de détailler venait de sortir, accrochée au bras de... Scar.
C'était sans doute la dernière personne que la Mésange pensait assez galant et avenant pour se retrouver ainsi proche d'une demoiselle. Peut-être que c'était dû à l'alcool; il y en avait sur les tables du réfectoire, et elle le savait. Ça lui faisait combien de grammes dans le sang, au Rouge ?

Un laps de temps que la jeune fille ne calcula pas passa, le temps de revoir le même duo entrer à nouveau, la fille cette fois beaucoup moins assurée que tout à l'heure. Elle avait même l'air plutôt à plat, littéralement. Elle devait être traînée, presque.
Est-ce que ce fut ça, l'origine du véritable binz qui suivit ? Mystère. Quoi qu'il en soit, il y eut rapidement un attroupement en plein centre de la Cabane à Manger, puis des éclats de voix, une chose rouge qui vola brusquement (Apache ?), de nouveau des éclats de voix, une tension palpable, puis des sorties au compte goutte (ah oui, c'ètait bien Apache, que Lacerate tenait fermement par le poignet).
L'atmosphère paraissait si dense, si lourde depuis son coin, qu'Heaven eut bien l'impression que la fête n'allait jamais recommencer. Elle allait même tourner les talons pour s'éclipser, avant qu'elle ne remarque que son propre Chef s'avançait vers elle.

Oh, il allait probablement lui demander si elle allait bien, si elle ne s'était pas pris un malencontreux coup de porte lors de cette sortie en masse, et...

- Heaven-

Attendez.
L'intéressée se fige. Pourquoi le Cryptique avait-il l'air ainsi hilare ? Ce n'est clairement pas l'attitude de quelqu'un qui viendrait lui demander des nouvelles...

Il ne fallut pas longtemps à la jeune fille pour en connaître la raison; il fallait être idiot pour ne pas comprendre que Creepy devait avoir à peine trop bu. L'alcool lui déliait visiblement la langue et le décoinçait un peu.
Jamais elle ne l'avait vu aussi expressif. Après, ils n'avaient fait "connaissance" en bonne et due forme qu'assez récemment, et par conséquent, elle n'avait pas eu le temps de voir grand chose non plus.
Quoique. Ils en étaient quand même venus à parler de leurs traumas d'enfance, sujet, en soi, assez particulier et épineux. Ce n'est pas à tout le monde qu'on décide d'en parler pour faire la conversation.

Donc.
Voilà que Creepy venait de se pointer devant sa Récolteuse, fringué de noir et de rouge comme un bon sosie de Cruella - sans la moitié noire dans les cheveux - avec ses petites fleurs dans ses mèches argentées bien tressées - ça changeait des toiles d'araignées.
Décidément, elle les attirait, aujourd'hui, les garçons aux cheveux fleuris.
Maintenant, que voulait-il, lui ?

- Quelle soirée. Tu danserais ou bien c'est trop tard ?

Pas de réponse immédiate. Juste de grands yeux fuchsia bien ronds et des lèvres rouges à peine entrouvertes sous l'action de la surprise. Surprise qui la laissa d'ailleurs si abasourdie qu'elle ne remarqua même pas que Nut leur tournait plus ou moins autour, hurlant un ramassis d'idioties à propos de Pumpkin, l'ours disparu.
C'est vrai que le Follet voyait les choses différemment, et qu'il devait penser que la marionnette de leur Tête était un être à part entière... En ce qui concernait Heaven, en tout cas, elle avait d'autres chats à fouetter. On venait d'échanger son Chef avec un inconnu extraverti ! Et plutôt charmant, en plus de ça. La lueur espiègle qui passe dans ses yeux lui plait. Sa main tendue, aussi.

- Volontiers.

Fit-elle avec un petit sourire, sans même remarquer qu'elle rougit un peu - mais elle, elle n'a pas bu.
Il n'y a pas de musique, les artistes se sont probablement réfugiés quelque part ou ont tout simplement fui, avec ce qui vient de se passer. Mais ça n'a pas empêché la Récolteuse d'accepter l'invitation sans hésitation. Après tout, ils n'ont qu'à s'imaginer une musique dans leur tête, en espérant entrer en accord sur les pas.
En vérité, Heaven n'avait aucune idée du genre de musique sur lequel ils étaient censés danser. Mais apparemment, voir les deux étranges personnages tenter quelque chose dans leur coin a donné assez de courage aux musiciens amateurs présents dans la salle pour qu'une petite bande se lance et entame un morceau, à grand renfort d'instruments artisanaux et de percussions maison - la batterie originellement présente sur scène ayant été réduite en morceaux par l'autre dingue de Panda, mais c'est un détail.

- Eh bien, Patron, si on m'avait dit un jour qu'on se retrouverait tous les deux sur la piste, je n'y aurais pas cru...

Gloussa Heaven qui, de nouveau, s'amusait comme une petite folle sans se soucier du reste. Elle savourait chaque moment et chaque pas... même les faux, un peu plus maladroits.
Au fond, pourtant, elle n'arrivait toujours pas à réaliser entièrement que la personnalité de son Chef venait de faire un 180°. C'était quelque chose à ne pas manquer !

Résumé:

Un truc se promène dans son champ de vision—une sorte d’habitude sous forme d’un Récolteur particulièrement tenace. Creepy devrait s’en préoccuper, surtout que Nut a l’air branché conversation déchaînée. Mais ça, voyez-vous c’est le job de chef Creepy, le mec qui est si sévère qu’il manque de se faire bouffer par trois vélociraptors tous les matins—ce n’est pas le problème de Creepy bourré, qui lui est bien moins décidé à intervenir. Il laisse même son bras être utilisé comme un shaker pendant quelques secondes. De toute façon, l’avantage avec Nut, c’est qu’il s’auto-alimente, que si son chef le laisse déambuler comme un dératé, il finira par se prendre un mur ou un perdu, voir une table particulièrement mesquine qui n’aurait pas de respect pour le pauvre enfant.

Il va oublier et repartir sur autre chose, Creepy ne s’en formalise pas.

Peut-être que Dandy a trouvé la solution au bonheur, et il regrette presque de l’avoir engueulé avec sa flasque à quelques reprises. C’est bien, d’être détaché comme ça, de se sentir capable de danser avec Heaven qui est bien jolie ce soir. Enfin, elle est toujours jolie. Creepy se dit qu’ils sont assortis, avec leurs fleurs, et ça lui arrache un sourire maladroit quoique bien sincère.

« Nut va chercher Pumpkin longtemps, je ne l’ai pas pris avec moi, » qu’il glousse, visiblement ravi à l’idée de cette chasse au trésor sans fin.

Un des musiciens improvisés se tourne vers son groupe, tentant d’aménager un truc avec ce qui leur reste, batterie fabriquée avec ce qui traîne et tout le reste. Du moment que ça marche, ça va à Creepy. Quoiqu’il aurait pu danser sans musique, la salle tourne même très légèrement s’il oublie de cligner les yeux. La chanson se lance—de circonstances si on y pense. Il doute que ça soit accidentel. Mais est-ce qu'on parle de Scar ou de Apache ? Mystère. Probablement les deux.

«  Eh bien, Patron, si on m'avait dit un jour qu'on se retrouverait tous les deux sur la piste, je n'y aurais pas cru... »

Lui non plus, soyons honnêtes. Où est-ce qu’il doit poser ses mains d’ailleurs ?

« Demain je vais regretter, » qu’il explique, sans visiblement que ça lui pose un problème, à sa gueule pleine de fierté, « pas toi, mais l’alcool. Je te laisse diriger, tu dois danser mieux que moi. Je débute. »

Une de ses mains attrape celle d’Heaven, la seconde sur son épaule—il se contente de suivre, lui faisant entièrement confiance. La musique lui dit un vague truc, c’est un bon rythme, qui résonne contre ses tympans. Creepy s’autorise tout de même à faire lever la main qu’il tient pour faire tournoyer Heaven quelques secondes. Histoire qu’elle s’amuse aussi !

« Au duo des fleurs ! Fleuri ? Floral ?
C’est nous. » Qu’il ajoute, un peu trop à l’ouest pour être certain d’avoir été compris du premier coup.

Après les avoir fixés un moment, d’autres perdus se glissent sur la piste en petits groupes encore timides. Comme si la bagarre précédente n’était pas encore passée. Creepy se dit que ça va changer, que Queen—ça y est le nom lui revient—devrait pouvoir faire danser tout les gosses restants.

Du moment que personne ne termine l’alcool.

Résumé:

Oh, tu.. tu vas ou ?

Scar se crispe à la sensation de la main sur son épaule mais reconnaît vite la voix de la Soigneuse. Il s'écarte du contact pour se retourner face à elle, le linge toujours pressé contre son visage, se dit qu'il doit vraiment avoir l'air con mais que c'est aussi le dernier de ses soucis actuellement. Chaque respiration, chaque pas est pénible.

N'importe où, mais pas ici.

Elle de son côté a l'air d'aller mieux. Pour combien de temps le Chef ne sait pas vu ce qu'elle tient entre les doigts mais il ne fait pas de remarque, il a eu sa dose de conflit pour la soirée.

Ecoute, tu.. ahem, ON se pose quelque part et je m'occupe de ton nez là, tu va pas le laisser comme ça ?

Probablement que ce serait sage, il est pas sûr d'avoir les nerfs actuellement pour se remettre le cartilage en place tout seul.

Je crois bien qu'Apache et toi, c'est physique, vous pouvez pas vous sentir.

Ca le fait rire, il s'y attend pas, la fatigue sûrement; et la sensation est horrible. A peine il se marre qu'il a l'impression de crever, un gros éclair de douleur lui traverse la tête.

Ah putain...

Le punk l'a pas raté, il espère qu'il est bien en train de douiller de son côté aussi. Mais vu l'expression de Lace quand elle l'a interpellé, sûr qu'il va passer un mauvais quart d'heure.

Avant de répondre, le Rouge doit prendre quelques secondes les yeux fermés, pour se ressaisir.

Physique. On peut dire ça ouais.

Il jette un regard en direction de où ils se sont battus avant de revenir à l'adolescente.

Et ok, je veux bien un peu d'aide. il doit respirer par la bouche entre chaque phrase, c'est insupportable. Deuxième fois en peu de temps qu'il se fait éclater le nez ça fait vraiment chier Mais d'abord je dois passer voir mes Sentinelles en poste- . il se rend soudain compte du ridicule de ses paroles dans sa situation actuelle Oh et puis merde, ils feront sans.

D'un geste de la main il fait signe à la Soigneuse de le suivre et sort enfin de cette foutue cabane.

Par contre pas l'infirmerie. c'est encore difficile pour lui, il ne sait pas s'il parviendra à y gérer l'absence de Soul en plus d'y croiser potentiellement l'autre con à crête. Suis-moi.

Apparemment, le petit groupe d'amateurs qui venait de prendre le relais savait plutôt bien ce qu'ils jouaient et avaient du goût. Du Queen, quand même. Le choix du groupe ravit Heaven qui a tout de même un peu de mal à trouver comment danser sur Another one bites the dust au départ.
Après une petite réflexion et beaucoup de coups de talons sur le sol pour battre la mesure, elle finit par trouver un tempo qui semble lui convenir, et remarque en même temps les regards parfois réprobateurs ou malicieux des autres invités. Il faut l'avouer, jouer un tel morceau juste après une bagarre, c'était assez cocasse... et surtout, complètement intentionnel.

- Demain je vais regretter-

Fit soudain le Chef des Récolteurs, qui faillit se prendre un regard féroce de la part de sa cavalière s'il n'avait pas enchainé :

- Pas toi, mais l’alcool.

Il eut droit à un petit sourire satisfait à la place. C'est qu'il s'était bien rattrapé, elle allait prendre la mouche. Cependant, Heaven ne dit rien. Mieux valait ne pas embrouiller ceux n'ayant plus l'esprit très clair à cause de l'alcool.
Ça allait gâcher leur petit moment, et la Mésange ne voulait clairement pas de cette éventualité.

- Je te laisse diriger, tu dois danser mieux que moi. Je débute.

Décidément, ça lui faisait un point commun de plus avec Pastel. Encore une fois, c'était la demoiselle qui commandait. Jouer les professeurs de danse lui donnait une petite impression d'importance, mais elle ne se focalisait pas dessus cette fois. Elle était trop occupée à prendre du bon temps, et surtout, dans l'état actuel des choses, trouver le moment propice pendant lequel ils pourraient démarrer.
Tiens, d'ailleurs, peut-être que Creepy et Pastel s'étaient croisés lors de la soirée, qui sait ? Les fleurs s'attirent... si c'est possible. Pour l'instant, elle en avait eu la démonstration par deux fois.

Ah, là, ils peuvent y aller.

- On est partis...

Souffla la Récolteuse, la mine un peu renfrognée par sa concentration. C'est qu'elle n'imaginait clairement pas se rater en dansant avec un Chef... et encore moins avec le sien. Elle n'arriverait plus à le regarder en face, sinon.
Même avec probablement quelques grammes d'alcool dans le sang, Creepy n'était pas du genre à venir mettre la main sur ses hanches sans sa permission. Elle appréciait ce geste.

Gauche, droite, petit pas par petit pas, tout en évitant les groupes se rapprochant pour regarder les deux seuls énergumènes sur la piste, encore trop timides pour les rejoindre, eux aussi.
Au départ, Heaven craingnait vraiment que sa Tête ne fasse un faux mouvement et glisse misérablement, faute à l'alcool qui lui brouillerait la vision.
Heureusement pour elle, le Cryptique s'en sortait plutôt bien. Et alors qu'elle prenait de plus en plus d'assurance, elle se sentit vite un peu trop prisonnière de cette main sur son épaule...

- J'essaye un truc...

Qu'elle glissa soudain en reculant un peu. Par pur hasard, ou bien par l'intervention d'une force supérieure, le Récolteur en Chef la comprit, et la fit tournoyer, juste lorsque la basse se remit à jouer son petit rythme constant.
Ça a marché ! Et au meilleur moment, qui plus est.

- Oh yeah !

- Au duo des fleurs ! Fleuri ? Floral ? C’est nous.

- Moui, c'est ça. À nous !

Elle rit joyeusement du blabla étrange de son cavalier qui avait décidément un peu trop forcé sur la boisson.

Lorsqu'elle danse, Heaven oublie tout ce qui l'entoure et se focalise sur le moment présent. Le fait que ce soit son Chef qui l'ait invité la surprend encore un peu, mais dans un sens, c'est aussi ce qui la marque le plus. Positivement parlant.
En fait, leur relation a évolué de "très mauvaise" à "clairement bonne, finalement" en l'espace d'une conversation - longue conversation, certes - lors de leur exil temporaire au Canyon, et le voir un peu plus détendu avec elle, sans sa fichue peluche qu'il utilise habituellement pour calmer les gosses turbulents ou ceux à rassurer, ça lui change.

C'est que Clumsy restait tout de même un gamin, à ses yeux. Un adorable gamin, certes, mais un gamin quand même. Un "Petit Chef", comme elle l'appelait. Elle le trouvait chou, s'amusait à l'écouter lorsqu'il motivait ses troupes et obéissait gentiment à ses ordres, mais c'est tout.
Creepy, lui, est loin d'être un "Petit Chef". C'est un grand garçon. Avec son lot de problèmes et d'insécurités, certes - qui n'en a pas ? - mais déjà plus mature, qui fait l'effort de comprendre son point de vue et de l'aider... ou du moins, la raisonner. Il s'adapte en fonction des individus. Du moins, c'est ainsi qu'elle le voit.
Oui, côtoyer une figure d'autorité de son âge qui ne se livre pas à des activités éthiquement incorrectes, avec laquelle elle n'avait pas besoin de marcher sur des œufs pour éviter de dire une parole de travers et qui avait déjà l'air de tourner un peu plus rond - sauf bourré - ça lui plaisait, à Heaven.

Et pour fêter ce petit changement, elle avait tout intérêt à rendre la soirée inoubliable pour marquer le coup.
Ça la motive.

- J'espère que tu arriveras à voir assez clair pour rattraper ma main et me donner un peu d'élan en même temps ! Je m'occupe du reste.

Indique la jeune fille à son cavalier, un grand sourire et un petit air espiègle appuyants ses mots. Oh, toutes les paires d'yeux présentes allaient se souvenir de ce duo...
Surtout lorsque la petite demoiselle choisit d'improviser quelques pas rapides sans réellement savoir la façon exacte dont elle devait danser sur ce morceau. Elle mise sur les mouvements de ses jambes, ses ballerines glissant sur le parquet de la Cabane à Manger, ses bras bougeant en rythme pour lui founir un genre de balance efficace.

De temps en temps, elle tend sa main à Creepy afin qu'il la fasse tourner. Dans un sens, dans l'autre.
En vérité, Heaven ne connait pas le funk. Pour elle, ce morceau est juste quelque chose d'autre que du rock, qui reste pourtant le genre de prédilection de Queen.
Mais, elle part du principe que tout se danse. Alors, pour quelqu'un qui a un minimum l'oreille musicale et qui sait chanter, elle se dit qu'improviser quelques pas ne doit pas être très compliqué.
Alors, elle s'éclate. Elle se laisse emporter par le petit solo de guitare que l'un des membres s'autorise et qui n'est pas inclu dans le morceau original, tente de rester fluide dans ses mouvements. Puis, poussés par son enthousiasme et son implication, ou simplement la curiosité, des petits groupes se forment peu à peu sur la piste.

À la fin du morceau, la Mésange est exténuée mais ravie, prête à se lancer pour une deuxième danse après une courte pause. Dans la salle résonne les applaudissements des Perdus, qu'ils soient en train de féliciter le petit duo qui avait involontairement motivé les troupes, ou encore les danseurs dans leur intégralité.

- Tu entends ? Tous ces applaudissements... c'est probablement pour nous !

S'exclama-t-elle en jetant un bref regard aux invités, brusquement saisie par la gêne. Ça ne l'empêche pourtant pas de faire sa plus grâcieuse revérence pour marquer le coup, sans même penser à lâcher la main de son Chef.

- J'espère que ça va ! Et peut-être qu'après une petite pause, on pourrait... si tu es d'accord... je sais pas... repartir pour une deuxième ?

Osa-t-elle ensuite tout en empêchant la gêne de rendre sa voix inaudible. C'est que la Récolteuse se disait qu'elle lui en demandait probablement trop.
Elle n'aurait eu aucun problème à demander une telle chose à Pastel, s'ils n'avaient pas été distraits par l'infernal groupe de musique précédent.
À l'inverse, s'il s'agissiat de Pit, elle se serait tue de peur de l'ennuyer - c'est lui qui décide, après tout.
Actuellement, face à Creepy, elle ne savait pas trop. Dans un sens, elle avait vraiment envie de continuer sur sa lancée, mais dans l'autre, elle avait aussi un peu peur qu'il ne tienne plus trop droit et s'écroule.
Au moins, elle avait essayé.

Situation plus ou moins catastrophique physiquement, mais la partie technologique s'en sortait. Même Loner dans son terrible état avait pris le temps de vérifier.

- Tout va bien pour ça. Je crois que t'as suffisamment relevé le pari.

Un vague sourire plaisantin, qui ne tenu qu'un bref instant.

Il essaya d'aider Loner à se redresser, mais... il se ravisa très vite. Il allait lui falloir un peu d'aide. Avec les Soigneurs qui étaient disposés à faire des heures sup' et une mère, ou une mère apprentie... Cyber avait de la peine à remettre tout le monde dans sa tête. Mais, il était presque sûre qu'elle était du côté des Chasseurs.

Les deux Soigneurs s'étaient mis d'accord sur la meilleure position dans laquelle il allait falloir trimbaler Loner. Le Hacker aida à la tâche, et voilà donc la petite procession menant à l'Infirmerie.

Fin du Game.

Mais pas des Memes.

Il avait fallu beaucoup de temps. Vraiment beaucoup de temps, pour que Pit finisse enfin par se décider à achever son ensemble afin de briller à la petite fête. Fête qu'il pensait paradoxalement ignorer. Il avait fait quelques belles pièces avec l'aide des petites mains, et il avait déjà travaillé sur un costume qu'il comptait plutôt destiner à... zut il avait oublié pourquoi il avait commencé ce travail. Autant le finir, et s'il finissait avant la fin de la fête, il irait.

Heaven l'avait cherché partout apparemment, si elle venait dans ses pattes il risquait de ne pas résister à corriger les habits qu'elle porterait. Et perdre ainsi encore plus de temps hypothétique.

Il avait même fini à la place de Love, sous le bureau, à finaliser une broderie pendant que la Récolteuse était passée en vitesse à la Mercerie. Puis, il a pu sortir de son trou de lapin et s'installer correctement. Qu'est-ce qu'il était doué à créer dans des cachots ou plié en quatre entre une chaise et un bureau.

Le Joker ricana en finissant sa préparation, face au miroir, dans ses atours blancs, il... trouva le résultat diablement salissant. Tant pis, qu'on le salisse, ce serait juste l'occasion de tomber la chemise. Ça le faisait rire. Et ça lui donnerait des occasions de collectionner des dettes.

Le givre l'avait un peu engourdi.

À part au maniement de la batte. Ça, il avait pu s'échauffer les épaules. Un crâne en bouillie, et un joli feu de joie. Que de bons souvenirs. Et une demoiselle qu'il allait falloir gérer autrement. De plus, il avait la désagréable impression que ses plans bougeaient.

Ajustant ses gants en cuir, il en profita afin de coiffer ses cheveux. Quant à ses lunettes d'aviateur, il les gardera au cou. Même si le détail jurait, hors de question de ne pas les avoir sur lui.

Bref, le voilà enfin à l'entrée. Il résista à l'immense envie de suivre Scar.

Le Chef des Raccommodeurs se contenta de faire son apparition à la boum. Tout sourire, tout rayonnant qu'il était. Il salua des Garçons Perdus par-ci par-là, histoire de récolter quelques compliments et d'en faire en retour.

- Je vous ai manqué j'espère~

Un peu de sang au sol attira son attention... il avait manqué quelque chose de passionnant. Il allait devoir chercher quelques informations croustillantes. Est-ce que par hasard ça aurait pu avoir un lien avec Apache ? Une carte chaotique n'aurait sûrement pas pu rater une telle occasion de faire du bruit... Sinon, Pit serait déçu. Et reverrait son jeu.

D'ailleurs, quelques Raccommodeurs ne manquèrent pas l'occasion de glisser un récit de bagarre et de chanson bien étrange à leur chef. Pit regrettait presque son retard... mais il préférait exhiber son talent de cette façon.

Vers la piste de danse, les lacs d'Absinthe tombèrent sur deux silhouettes bien connues.

Grand sourire, quoi qu'un peu acéré, la quatrième facette avait ce truc en plus. Et sans moins d'assurance, le Joker approcha son collègue et sa poupée rose. Bien sûr sans oublier d'entrer dans la sphère de la Mésange en replaçant l'air de rien une mèche qui jurait un peu trop.

La faute à la danse.

Oh ? Elle avait dansé avec ce chef qu'elle n'avait pourtant pas l'air de porter dans son coeur ? T'en mieux, Creepy n'était pas un mauvais bougre.

- Heeeey, tu ne m'as pas attendu ? Toute mignonne que t'es.

Taquina le Joker avant de rire avec légèreté. C'était ambigu. Puis, il s'adressa au Cryptique tout en prenant Heaven par la taille.

- Toi, t'as un truc différent...

Grand sourire solaire, il était curieux. Il devinait la présence d'une nuance, petit talent du passé. Petit réflex afin de savoir si tout était lucide. Et surtout, beaucoup de suppositions. Une fête pleine d'enfants mais surtout... d'adolescents, ne lui faites pas croire qu'il n'y a pas d'alcool quelque part.

Tenue:

Elle a promis qu’elle irait à la fête. Mais quand l’heure est venue, que tous ses gamins sont partis se changer avec excitation, elle n’a pas eu envie d’y aller. Elle a débarbouillé quelques visages et tressé quelques cheveux, et a pretexé de devoir ranger un peu, et a laissé tout le monde partir vers la Cabane à Manger en la laissant seule.
Elle n’a pas rien fait, non, elle a vraiment rangé, elle a récuré une des tables de la Réserve jusqu’à faire disparaître les traces de sang les plus récentes (rien à faire pour les anciennes), et puis elle a accroché les hachoirs à leurs crochets, en les ordonnant par taille pour que ce soit joli, et puis elle a passé un coup de balai, et puis à un moment donné, elle s’est bien dit que si elle y allait pas à cette fête maintenant, elle irait jamais.

Alors elle y est allée. Elle est arrivée pendant la dernière chanson du groupe d’Apache, qu’elle n’a pas vu se préparer – elle ne le voit jamais dans le coin, en fait – et a applaudi, et elle est allée se poser dans un coin avec un jus de fruit. Elle a mis un haut rose sombre, avec des manches un peu transparentes, et une longue jupe noire faite pour quelqu’un de plus petit qu’elle, qui lui arrive un peu plus haut que les chevilles. Elle a voulu mettre des boucles d’oreille, mais s’est rendue compte que les trous s’étaient refermés (ceux qu’elle a depuis ses quatre ans), mais de toutes façons ses cheveux lachés les auraient caché. Le regard de Bambi glisse sur les gamins qui dansent et parlent avec excitation. Elle voit Lacerate qui porte une robe incroyable et parle avec le chef des livreurs, qui finit par s’eclipser à la fin de la dernière chanson, et puis avec Timber. Elle voit Justice et Tool sur scène, ça la surprend un peu, mais pas plus que Scar avec un verre à la main. Il y a plein de gens qui ne la connaissent pas, mais qu’elle connaît.
Le retour à l’Arbre a été difficile. En fait, depuis son escapade à l’épave, tout est difficile, et elle n’a pas beaucoup dormi. Du coup, Bambi n’a pas envie de danser, ou de s’approcher d’un de ces groupes pour engager la conversation. Sa faute, d’être arrivée en retard.

Et puis la dynamique qu’elle pensait établie part en éclats. Elle n’est pas bien sûre de comprendre comment tout commence, elle entend des cris et voit une guitare rouge se lever en l’air, et tout un mouvement de foule, de curieux comme de gens responsables venus intervenir. Elle comprend que les adversaires sont Scar et Apache, et est atterée pendant un moment : Max n’est nulle part en vue, ni la mère des sentinelles, et elle détesterait devoir y faire quelque chose. Pas sûre qu’elle puisse faire quoi que ce soit, d’ailleurs, à part se faire rire au nez. Heureusement pour elle, Lacerate s’en charge. Bambi essaie de croiser son regard, alors qu’elle traine Apache dehors par le poignet, et finalement se dit que c’est pas plus mal qu’elle ne l’aie pas vu.
Elle a l’air en colère.

Bambi s’approche de la scène, l’espèce d’amas de gens restés là en dommages collatéraux de l’altercation. Les deux protagonistes sont partis en laissant une trainée de sang derrière eux, plutôt métaphoriquement que littéralement (il y a juste quelques gouttes tombées du pif du chef des sentinelles). Elle se penche, ramasse une petite boule de mousse qui a roulé à ses pieds. Une boule quies. Ça la fait presque rire, intérieurement. C’est à la fois la chose la plus idiote et la plus intelligente à emmener à un concert du Grand Arbre.

« Tiens », dit-elle, après avoir aidé à ramasser un des gosses amochés et l’identifier comme le propriétaire de l’objet.

Pas vraiment un gosse, d’ailleurs. C’est un grand. Il a pris cher, se dit Bambi.

« ... Euh...... ... . Euh. Merci. »
« Pas de quoi. »

Elle s’eclipse doucement alors que le garçon se laisse examiner par un soigneur, pour aller se percher assise sur un coin de table, un nouveau gobelet à la main, les yeux rivés sur la piste de danse qui se remplit de nouveau.
Non, décidément, elle n’a pas envie de danser.

Résumé:

Creepy craint un instant de s’égarer, de croiser les pieds et se s’entraîner dans une chute tout aussi terrible que celle de Loner, avec Heaven en guise de chaise. Au contraire, plus ils dansent, plus ses pas se gorgent d’assurance, une un peu gauche, baignée d’alcool. Tout est sublime, l’espace d’un instant ; c’est le reflet des lumières sur les barrettes d’Heaven, le rouge sur ses lèvres qui éclaire tout son visage, le velours de sa jupe qui a l’air si doux tandis qu’ils tournent inlassablement—c’est incroyablement long une chanson,  de devoir offrir toute son attention sur ses gestes alors que son esprit est gorgé de sirop d’érable. Pour la Mésange, dans le fond, Creepy peut bien faire un tel effort.

Une sorte d’hommage à leurs débuts difficiles, une réconciliation bienvenue (d’ailleurs, Smoke n’est pas venu, dommage). Guidé par la musique, par les mains entre les siennes, Creepy se prend à rire, et ça râpe contre le fond d’une gorge qui ne ressent plus grand-chose anesthésiée depuis son enfance. Il est presque désolé quand le morceau se termine, qu’un autre suit directement, musiciens pris d’une inspiration soudaine qui ne semble pas prête de s’arrêter.

« Tu entends ? Tous ces applaudissements... c'est probablement pour nous ! »

Les—oh. Le Cryptique assiste, bouche bée, à la révérence de sa cavalière qui accompagnent la fureur d’un public qu’il n’avait pas remarqué. D’un coup, l’instant s’achève, et l’alcool reprend ses droits, balayant la confiance au bord de l’inconscience. Maladroitement, il presse une main contre une épaule, offrant une révérence qu’il espère au goût d’Heaven. Sa tête tourne lorsqu’il se redresse, rien qu’un verre (d’eau, si possible) ne puisse corriger.

« J'espère que ça va ! Et peut-être qu'après une petite pause, on pourrait... si tu es d'accord... je sais pas... repartir pour une deuxième ? »

Nut n’est plus dans son champ visuel, ce qui ne veut pas dire que la terreur des Récolteurs n’est pas en train de commettre un quelconque méfait. Un autre chef pourra s’en charger, là il s’en contrefout.

Est-ce que Heaven vient de l’inviter à danser une seconde fois ? Lui ? Conscient qu’il doit avoir l’air essoufflé, Creepy glisse ses doigts dans ses cheveux, vérifiant que la tresse a tenu. Il a perdu quelques fleurs, ce qui n’est pas dramatique.

« C’est toi—qui danse avec aise. Merci pour tout, et je suis solide. » Zéro chance qu’il se mette à vomir sur ses chaussures, trop l’habitude d’avoir été patraque pour ça.

Les gants, d’un si blanc presque brillant, passent devant ses yeux, une qui ajuste une mèche, une autre qui se glisse sur la taille de sa cavalière, qui ne l’est visiblement plus.

« Heeeey, tu ne m'as pas attendu ? Toute mignonne que t'es. »

Heaven est toujours mignonne, ce n’est pas forcément nécessaire de le souligner, quoiqu’elle aime peut-être ça. Faire communier ses deux neurones sobres est un acte qui demande toute la concentration de Creepy.

« Toi, t'as un truc différent... »

...Et pas même un compliment ? Heaven a le droit à ‘mignonne’, et Creepy à ‘différent’ ? Il frotte son front d’une main, pour retenir ses paupières de partir vers le bas. Plusieurs phrases lui viennent, certaines moins polies que d’autres (est-ce que Heaven approuve qu’on l’attrape comme le pom-pom d’une fête foraine ?), et toutes se meurent à l’instant où il dévisage enfin Pit.

Peut-être que Creepy a un souci avec les chefs, que Scar est magnifique et que Pit a ce charme fou et incompréhensible—un problème pour sobre Creepy. Bouche entrouverte, il fixe le Raccommodeur, finissant par se pencher vers Heaven avec la subtilité d’un semi-remorque.

« Il est giga beau, Pit—» 
Ce n’est que quelques fatidiques secondes après ça que Creepy réalise qu’il était parfaitement audible par les deux parties. Son regard passe d’Heaven à Pit, et c’est vers lui, qui fait sa taille, que le Cryptique se penche un peu cette fois, un semblant de rire dans sa voix.

« Tu es très beau, » comme s’il lui chuchotait un secret, il ajoute, « je crois que j’ai bu. Bourré quoi. Vraiment bu beaucoup. L’alcool a pas de goût pour moi. »

Un gloussement, puis il se recule d’un pas.

« Heaven danse vraiment bien, et—elle brille, elle est la lumière de la pièce. Enfin, pas la seule—juste une grande. Et toi—toi tu es une autre lumière et vous êtes vraiment beaux. Brillants.»

L’espace d’un instant Creepy paraît interdit, comme si son cerveau venait d’atteindre une réalisation absolument absurde et inenvisageable jusqu’à lors.

« J’aime autant les garçons que les filles ? » Il le sait, pourtant, il le savait en ayant dix ans et en voulant embrasser Laurie et Myers devant Halloween. Juste qu’à cet instant, c’est probablement la première fois qu’il ose le dire à voix-haute. Qu'il réalise qu'il aimerait autant la main de Pit sur sa taille que de tracer le sourire qu'avait d'Heaven lors de leur danse du bout des doigts, « Sensationnel. »

Dans le fond, Loner se fait évacuer sans que Creepy n’y prête attention.

Résumé:

Résumé:

Bambi se laisse porter par les événements avec un étrange détachement. Elle regarde les perdus entrer et sortir de la pièce, les groupes se former pour danser, puis se défaire, les allers et venues vers le buffet qui se vide à vue d’œil, et elle ne bouge pas trop, concentrée sur la sensation de ses doigts autour de son gobelet en carton. Elle écoute la musique jouée par les gamins qui se relayent sur la scène, et tape du doigt distraitement à chaque fausse note, c'est-à-dire à fréquence soutenue.
Le chef des raccommodeurs fait une entrée remarquée, se dirigeant directement vers le centre de la pièce pour interrompre la danse de celui des récolteurs, qui annonce son inclinaison assez fort pour que tout le monde puisse l’entendre.

Sensationnel, en effet.
Pour la première fois de la soirée, Bambi se surprend à pouffer.

« Besoin d’un remontant, toi aussi ? »

Elle se tourne vers sa gauche et reconnaît le garçon qui vient de parler. Elle sait qu’il s’appelle Skunk, et que le soigneur qui l’accompagne s’appelle Owl. D’abord, elle n’est pas sûre du tout que c’est à elle qu’il parle, et doit se retenir de se retourner et chercher un autre interlocuteur du regard. Mais si, c’est bien elle qu’il regarde. Elle baisse les yeux vers la bouteille qu’il tient.

« Je suis pas sûre que j’ai le droit », elle dit.

Elle n’a vu aucune autre mère dans la pièce. Pas d’exemple à suivre. Pas de moyen de savoir si elle doit garder la tête claire, si son rôle est encore d’être raisonnable et de ramener ses gamins complètement cuits dans leurs cabanes tout à l’heure.

« Peut-être que je devrais pas », elle dit encore.

Mais elle finit en hâte le fond de son verre, rempli d’un jus quelconque, et franchement pas très bon, coupé à de l’eau, pour le tendre vers Skunk et attendre qu’il le remplisse.

« Juste un petit peu alors. »

En plus Bambi ne boit même pas. Même dans l’Ordinaire, aux fêtes de son lycée, elle n’aimait pas tellement ça. Là, elle se surprend à tremper les lèvres dans son verre presque aussitôt servie. Peut-être qu’elle a quelque chose à prouver. Peut-être que c’est l’ambiance de la fête sur laquelle elle veut désespérément se caler. Peut-être que ça fait partie de ses grands plans pour changer et devenir une autre personne.

Quoiqu’il en soit, elle se met à tousser et cracher à la seconde où la première gorgée franchit ses lèvres. Elle manque même de lâcher son verre. Ce qu’il y a là dedans, dans cette bouteille, c’est toxique. C’est le genre de mélanges qu’on est pas censés faire. Si Skunk n’était pas en train de siroter son verre tranquillement, Bambi penserait à une blague cruelle.

« J’aime bien cette chanson », elle bafouille à la place, histoire de dire quelque chose.

Elle a tellement toussé que des larmes dégoulinent sur ses joues. Au collège elle avait des cours de biologie où il fallait découper des oignions pour regarder leurs lamelles au microscope. Elle et les autres, ils pouvaient pas s’empêcher d’en manger des bouts, encore et encore, même si c’était dégueulasse. C’est à ça qu’elle pense quand elle porte de nouveau le verre de poison à ses lèvres.

résumé: