I'm a vampire So out of place But I'm trying to be cool for one night
Skunk est franchement ivre, maintenant. Mais pour une fois, cela ne le rend ni triste, ni agressif.
C’est qu’il passe un bon moment, à cette foutue boum. Ne serait-ce que parce que Owl est là, posé sur sa chaise, un verre en main : le Masseur profite de l’alcool et de la musique, il a l’air d’aller bien, et rien que cela suffirait à réjouir Skunk. Mais en plus, le concert du groupe d’Apache était super cool (l’éthanol a déjà effacé la sale impression laissée par la bagarre qui a suivi) et même la musique actuelle est plutôt sympa.
Le Dandy est d’autant plus surpris de voir pleurer cette fille avec qui il se retrouve à partager son horrible cocktail. En temps normal, il s’esquiverait sans demander son reste, parce qu’il n’a jamais été un grand champion pour gérer les états d’âme des autres - il a plutôt la sale habitude d’aggraver les choses, oui. Mais ce soir-là, Skunk est bourré et de bonne humeur, un mélange aussi dangereux que celui que contient son verre. Le Perdu en oublie d’être méfiant, de guetter les signes d’ennui, d’hostilité, de rejet. Il ne surveille plus ses propres paroles. Et bien malgré lui, il laisse paraitre plus d’intérêt pour son interlocutrice qu’il n’en a l’habitude :
“Est-ce que tu... Personne ne t’accompagne ?”
Il fronce les sourcils, un peu préoccupé : c’est terrible d’être seul à une fête, lui-même n’y aurait jamais mis les pieds s’il n’avait pas été accompagné. Mais la fille lui répond en riant :
“Tu sais quoi, on dirait bien que non.”
Skunk réprime un tic, soudain un peu sur la défensive: quoi, c’était si ridicule que ça, comme question ? Mais le sourire de l’adolescente s’évapore vite, tandis qu’elle continue :
“Je suis arrivée super tard. J’étais pas sûre de venir.”
Et avant que le Dandy puisse lui répondre, précipitamment :
“Mais c’est pas grave hein, je suis une grande fille je m’accompagne très bien toute seule.”
Elle descend une goulée d’alcool, encore. Grimace, encore.
“Plus j’en bois moins c’est horrible. C’est probablement pas bon signe.”
Cette fois, Skunk rigole pour de bon.
“Au contraire, c’est l’effet recherché.”
Il ponctue sa bravade d’une belle gorgée, avant de continuer de sa voix d’adolescent qui déraille un peu et qu’il n’est plus en état de stabiliser correctement :
“Moi c’est pas pareil, j’ai l’habitude. C’est plus facile.”
Difficile de dire s’il se vante, s’il veut être sympa ou s’il est seulement factuel. Ses yeux clairs vagabondent un instant dans la salle. Puis son cerveau raccroche les wagons et il reprend :
“J’étais pas sûr de venir non plus. J’apprécie pas trop ce genre de... circonstances. Mais finalement c’est... distrayant. Et l’alcool n’est pas mauvais. Il ressemble à celui que je fais.”
Il émet un petit bruit cynique :
“Sans doute parce que je l’imagine comme ça, en fait. Si ça se trouve, il est juste franchement dégueulasse.”
Skunk jette un regard au verre de la fille, avant de lui adresser un mince sourire :
Bambi a la tête qui tourne. Elle sent ses mouvements un peu ralentis, mais l’effet n’est que physique, et elle arrive à penser très clairement. D’ailleurs, elle sait que clairement, boire ce mélange explosif qu’elle a entre les mains, c’est pas bien.
« Plus j’en bois », elle dit. « Moins c’est horrible. C’est probablement pas bon signe. »
Skunk se marre à côté d’elle.
« Au contraire, c’est l’effet recherché », il répond. « Moi c’est pas pareil, j’ai l’habitude. C’est plus facile. »
Bambi le regarde avec amusement. En arrivant à l’Arbre, elle était bien horrifiée de voir des gosses lui arrivant à la taille boire de l’alcool comme si c’était du lait au chocolat. Maintenant … C’est toujours un peu horrifiant, elle suppose, elle a juste appris à faire avec. Skunk n’est pas un gamin, même s’il est pas bien grand. Il peut bien faire ce qu’il veut. Et ça la soulage de penser ça. Comme ça elle a pas besoin de faire la chieuse. La maman.
« J’étais pas sûr de venir non plus. J’apprécie pas trop ce genre de... circonstances. Mais finalement c’est... distrayant. Et l’alcool n’est pas mauvais. Il ressemble à celui que je fais », il poursuit. « Sans doute parce que je l’imagine comme ça, en fait. Si ça se trouve, il est juste franchement dégueulasse. »
Quelle différence ? se demande Bambi. Peut-être qu’elle devrait s’imaginer que le contenu de son verre est bon, mais elle doute que ça marche. L’imagination n’est pas son fort.
« T’es pas obligée de le boire », Skunk lui dit avec amusement. « Je sais ! »
Elle a parlé plus fort qu’elle voulait.
« Je sais bien », elle répète donc, plus doucement.
Mais elle ne lâche pas son verre. Un peu gênée, elle rebondit sur quelque chose qui l’a interpelé, dans ce que Skunk a dit plus tôt.
« L’alcool que tu fais, c’est pas pour les fêtes comme celles-ci ? » elle demande, d'un ton qu'elle espère plus curieux qu'accusateur. « Ou alors tu le gardes pour de plus petits commités. »
Ou bien c’est qu’à cause du Givre, il n’en a pas fait depuis un moment. D’ailleurs, elle se demande d’où vient celui qu’ils ont sur les tables ce soir. Les chefs auraient-ils retrouvé une réserve cachée au fond de leur maison au dégel ? Ou est-ce qu’on a envoyé une expédition exprès pour en chiper aux pirates ? Peut-être que Bambi devrait plus apprécier ce qu’elle a entre les mains, décidément.
Skunk
♣ Récolteur ♣
✘ AVENTURES : 226 ✘ SURNOM : (Le) Dandy ✘ AGE DU PERSO : Tout juste quatorze ans
Sujet: Re: Nerd Corner [La Boum] Mer 14 Juin 2023 - 20:42
“T’es pas obligée de le boire.”
“Je sais !”
La réponse est trop rapide, imprégnée d’un outrage adolescent que Skunk comprend bien (pour une fois) et qui le fait glousser. Un instant, il hésite à pousser la taquinerie (“T’es sûre? T’inquiète pas, je dirai à personne que tu supportes pas l’alcool.”). Mais l’impulsion passe aussi vite qu’elle est apparue.
C’est qu’il n’a pas trop envie de l'emmerder, cette adolescente plus âgée qui prend le temps de le regarder, de lui répondre. Ça n’a même pas vraiment l’air de la faire chier, en plus. Ou alors elle prend la peine de le cacher ; mais rien que cela, pour le Dandy, ce n’est pas si mal.
Peut-être aussi que, même ivre, Skunk se rend compte qu’elle est seule, et pas seulement parce que personne ne l’a accompagnée à cette foutue boum. Il ne l’intellectualise pas vraiment, mais c’est bien là, un point commun nébuleux qui devient une maladroite ébauche de compassion.
Au final, le Dandy se dit juste qu’il n’a pas envie qu’elle recommence à pleurer. Encore moins à cause de lui.
“L’alcool que tu fais, c’est pas pour les fêtes comme celles-ci ? Ou alors tu le gardes pour de plus petits comités.”
Skunk cligne des yeux trop de fois à la suite et lève un regard surpris vers la fille : il ne s’attendait pas à ce qu’elle relève un tel détail, encore moins à ce qu'elle s'y intéresse. Désarçonné, il oublie de réprimer un tic qui tire sur son épaule.
“C’est que... ce n’est pas vraiment...”
Ses yeux pers glissent vers la salle, aussi bien pour se détourner de ceux de son interlocutrice que pour considérer cette étrange question. Évidemment qu’il a déjà partagé ses bouteilles, mais une par une, pour les offrir à des amis ou pour servir de monnaie d’échange. Il n’a pas l’impression que quelqu’un lui ait déjà demandé de contribuer à une fête, ou même à un “petit comité”. Lui-même n’a jamais pensé à le proposer.
D’un coup, ça le rend triste.
Il boit, vide son verre. Et ça passe.
“Ma production n’est pas adéquate.”
Il détache trop les syllabes, mais le mot sort en entier, avec une étrange pointe d’agressivité.
“La distillation est un prod... processus délicat, qui demande une grande stabilité de température. Alors ici...”
Il fait un geste du bras, comme pour englober toute l’Île dans son soupir tragique.
“En plus mon alambic ne fait que vingt-neuf litres soixante-quinze, à peu près. Les meilleurs jours, j’obtiens trois ou quatre bonnes bouteilles par charge. Pas assez pour ce genre de... d’évènement.”
Il marque une pause, avant de poursuivre d’un air résigné, presque factuel :
“De toute façon personne ne... Ça n’intéresserait personne. La plupart de ces crétins ne feraient pas la différence avec de la pisse d’âne.”
Il jette un coup d’oeil au fond de son verre, semble considérer l’idée de se resservir. Puis, finalement, il repose le gobelet. Aucune sagesse là-dedans, bien sûr : juste la peur (panique) de vomir. Et même si Skunk se sent encore plutôt bien, son estomac commence à protester de manière préoccupante ; il est temps de freiner.
“Je te ferai goûter, à l’occasion. Ça n’a rien à voir avec les rebuts des pirates. Qu’est-ce que tu préfères, la liqueur, le rhum arrangé ?”
Il croise les bras et s’appuie contre la table, inconscient qu’il parle trop et pour faire des propositions dont il n’appréhende pas la portée. Il finit même par retrouver un semblant de sourire, en désignant le verre de la fille d’un geste du menton :
Bambi penche la tête avec curiosité, fixant Skunk qui semble hésiter, une retombée curieuse après tant de bravades.
« Ma production n’est pas adéquate. » « Ah … ! » « La distillation est un prod... processus délicat, qui demande une grande stabilité de température. Alors ici... »
Elle hoche la tête. Skunk a l’air lancé, qu’elle réagisse à ce qu’il dit ou non.
« En plus mon alambic ne fait que vingt-neuf litres soixante-quinze, à peu près. Les meilleurs jours, j’obtiens trois ou quatre bonnes bouteilles par charge. Pas assez pour ce genre de... d’évènement. » « Ah, oui », commente Bambi, qui trouve pourtant que trois ou quatre bouteilles par jour, c’est super impressionnant. Et puis le mot alambic, tout de suite, lui fait ouvrir de grands yeux, elle ne savait même pas qu’il existait au Grand Arbre ce genre d’outils, et elle se demande ce qu’on pourrait faire d’autre avec. « De toute façon personne ne... Ça n’intéresserait personne. La plupart de ces crétins ne feraient pas la différence avec de la pisse d’âne. »
Est-ce qu’elle sent du mépris ? Ou juste une touche de déception ? Peut-être un peu des deux. Ca la ferait presque rire, de voir ce bout de garçon si sérieux, si au dessus des autres gamins de l’Arbre. Il désigne le verre qu’elle tient.
« Je te ferai goûter, à l’occasion. Ça n’a rien à voir avec les rebuts des pirates. Qu’est-ce que tu préfères, la liqueur, le rhum arrangé ? J’en ai des pas trop chargées. »
Elle cligne des yeux, puis sourit, mal assurée. Il disait plus tôt que son alcool n’était pas adéquat. Maintenant, il dit que c’est le meilleur.
« Je ne sais pas trop. En fait je bois pas tellement d’alcool. »
Elle trempe ses lèvres de nouveau dans son verre, comme pour vérifier – toujours dégueulasse, toujours assez intriguant pour qu’elle recommence dans quelques minutes.
« Enfin, j’en ai déjà bu avant ça – bien sûr – mais c’est pas tellement mon truc. Je dis pas que c’est mauvais, c’est plutôt qu- »
Elle s’interrompt, cette fois pas pour boire, mais pour rester bouche-bée devant la scène qui se déroule quelques mètres plus loin, de l’autre côté du buffet. Par-dessus l’épaule de Skunk, elle a une vue impayable sur Justice et Timber se roulant la pelle du siècle.
Skunk
♣ Récolteur ♣
✘ AVENTURES : 226 ✘ SURNOM : (Le) Dandy ✘ AGE DU PERSO : Tout juste quatorze ans
“Je ne sais pas trop. En fait je bois pas tellement d’alcool.”
Skunk est trop soûl pour tenter de maîtriser son expression, qui se fracasse instantanément. C’est con, mais il était tellement pris dans son discours qu’il n’a même pas envisagé que la fille puisse refuser son offre. Il est surpris, vexé, déçu, un peu tout cela en même temps.
Mais le moment où il panique, d’un coup, c’est quand il réalise qu’elle n’a pas juste dit non : elle lui a sorti une excuse bancale en replongeant rapidement le nez dans son verre, et même ivre le Dandy voit qu’elle est mal à l’aise, même ivre il sait que c’est sans doute à cause de lui, parce qu’il a trop parlé, comme d’habitude, qu’en fait l’autre Perdue l’a écouté par pure politesse, évidemment, qu’elle n’en a probablement rien à foutre de ses histoires de distillateur, et que lui pauvre con qu’il est il a... il a...
Le temps d’un bref instant rendu confus par l’alcool, Skunk a tout à la fois envie de hurler, de s’excuser, de reprendre un verre qu’il videra cul sec, ou de fuir en courant.
“Enfin, j’en ai déjà bu avant ça – bien sûr – mais c’est pas tellement mon truc.”
Peut-être plutôt de fuir en courant, en fait.
“Je dis pas que c’est mauvais, c’est plutôt qu-”
Puis, brusquement, la fille se fige. Comme au ralenti, ses yeux s’écarquillent, ses lèvres s’entrouvrent. Skunk ne comprend pas très bien si elle est choquée, effrayée, scandalisée ou juste surprise, mais il n’a aucun mal à suivre la trajectoire de son regard par-dessus son épaule à lui. Instinctivement, il se tourne dans la même direction.
Et au moins, il oublie complètement ses propres problèmes.
Juste là, à côté du buffet, il y a l’ex de Owl, penchée sur un cowboy qui ne peut être que le meilleur pote d’Apache, et ils sont très visiblement en train de s’embrasser. C’est loin d’être la totale, genre grand french kiss assorti d’un pelotage en règle, mais c’est quand même parfaitement qualifiable de roulage de pelle, et Skunk laisse échapper un râle :
“Oh sa mère, mais ça n’en finit pas...”
Juste un instant, il s’alarme de la possible réaction de Owl, à côté d’eux. Un regard lui apprend que le Masseur a bien vu la scène, mais on dirait qu’il le prend plutôt bien : il reste vautré sur sa chaise, à siroter son cocktail infernal, un vague sourire aux lèvres. Il a l’air d’un vieux gars empreint de nostalgie pour sa folle jeunesse. Ou d’un adolescent ivre mort qui ne suit que la moitié de ce qu’il se passe. Mais au moins, il ne semble ni en colère ni triste, et Skunk s’en sent très soulagé.
La fille assise sur la table, en revanche, n’a pas l’air dans son assiette. Cette fois le Dandy envisage de la fermer : dans le doute, ça lui réussit mieux, il vient d’en avoir une nouvelle preuve. Mais c’est plus fort que lui, il est curieux (et un peu désireux de rattraper son regrettable loupé égocentrique), alors il tente :
Elle est certaine que le baiser dure à peine une poignée de secondes en réalité, mais elle est quand même inclinée d’être d’accord avec Skunk car ça lui parait beaucoup plus. Elle n’arrive pas à détourner le regard alors qu’elle sent le rouge lui monter aux joues. Au Grand Arbre, il y a des choses qui ne se font pas – en tout cas en public, même si en pratique beaucoup des adolescents les font sans scrupules. Elle ne s’attendait pas à voir ce duo là, disons.
« Ça va ? Tu... Est-ce que tu les connais ? »
Elle se retourne de nouveau vers Skunk, l’air un peu prise sur le fait.
« Oh ! Euh … »
Elle pique un fard encore plus fort, à l’idée que Skunk puisse s’imaginer des choses sur sa relation avec l’un d’entre eux.
« Non, enfin si, Timber est chasseuse, donc je la connais bien, mais je dirais pas non plus qu’on est amies. » Elle est déjà du genre à s’épancher, elle le sait, mais c’est sans doute la boisson qui la fait rajouter, un peu trop fort : « En fait elle me déteste ! »
Les larmes lui montent, plus par habitude à ce stade que par chagrin, puisque la vérité c’est qu’elle ne peut pas blairer Timber non plus. Elle décide juste de terminer son verre pour les faire passer, une idée qu’elle trouve excellente sur le coup, puis immédiatement très mauvaise.
« Et puis Justice, bon, je le connais juste comme ça, je pensais juste pas que - »
Qu’il avait si mauvais gout ? L’alcool la rend méchante.
Quand elle tourne la tête de nouveau, le sentinelle est en train d’entrainer Timber dehors.
« Ils font bien ce qu’ils veulent. »
Skunk
♣ Récolteur ♣
✘ AVENTURES : 226 ✘ SURNOM : (Le) Dandy ✘ AGE DU PERSO : Tout juste quatorze ans
Lorsqu’il demande à la fille si elle connait ce couple encore moins discret que les autres, elle le regarde d’un air effaré, les joues bien trop rouges pour être expliquées par sa seule consommation d’alcool. Et Skunk se dit encore qu’il faut vraiment qu’il arrête de parler aux gens, en fait.
“Non, enfin si, Timber est chasseuse, donc je la connais bien, mais je dirais pas non plus qu’on est amies.”
Le Dandy cligne des yeux, l’air de ne pas comprendre :
“Attends, toi tu... tu es une...”
“En fait elle me déteste !”
La réplique et le regard empli de larmes qui l’accompagne ont le mérite de couper la chique du Récolteur, qui maintenant a lui aussi l’air d’un daim pris dans les phares d’un semi-remorque : ok, là ils s’embarquent vraiment dans une conversation qu’il est totalement incapable de gérer. Qu’est-ce qu’il est censé dire, qu’est-ce qu’il est censé faire ?
Allez, tente un truc avant qu'elle pleure, n'importe quoi!
“C’est... infortuné.”
Oh misère, pas n'importe quoi à ce point !
Infortuné. C’est le seul putain de mot qui lui vient, si bien que Skunk reconsidère sérieusement son projet de fuir en courant. Mais heureusement, cette fois c’est la fille qui semble ne pas avoir besoin qu’on la relance pour continuer à parler :
“Et puis Justice, bon, je le connais juste comme ça, je pensais juste pas que -”
Elle marque une longue pause, tandis que les deux Perdus finissent par interrompre leur baiser et s’enfuir sans demander leur reste. Skunk pense deviner pourquoi et grimace.
“Ils font bien ce qu’ils veulent.”
“Certes. Mais ils pourraient le faire en évitant de se donner en spectacle, aussi.”
Skunk croise les bras avec toute la désapprobation contenue dans son corps maigrichon, avant de s’appuyer à nouveau contre la table - il la manque presque, mais seulement presque. L’alcool marque son accent de Manchester, qui fait paresseusement traîner ses syllabes et lui donne vraiment un air de vieux pilier de pub grincheux.
“J’ai jamais compris cette passion que les gens ont de se lécher la tronche. Est-ce qu’ils ont la moindre idée du nombre de bactéries qu’il y a dans une bouche ? C’est absolument dégueulasse.”
Et il n’ose même pas songer au reste. Avec un grognement dégoûté, il tourne la tête en quête de son verre - peut-être qu’en fait il peut encore s’en autoriser un, non ? Juste un dernier. Mais sur la table, c’est autre chose qu’il finit enfin par noter, quelque chose qu’il aurait normalement dû voir tout de suite tellement c’est inhabituel au Grand Arbre.
« Certes. Mais ils pourraient le faire en évitant de se donner en spectacle, aussi. »
Elle fait une petite moue contrite en signe d’assentiment. Elle avait pas spécialement besoin de voir ça, c’est vrai. Mais elle a comme l’impression que ça va ravir plein d’autre adolescents en mal de rumeurs.
« J’ai jamais compris cette passion que les gens ont de se lécher la tronche. Est-ce qu’ils ont la moindre idée du nombre de bactéries qu’il y a dans une bouche ? C’est absolument dégueulasse. »
Mais Skunk a visiblement des préoccupations différentes des adolescents plus vieux. Bambi cligne des yeux, un peu surprise, un peu amusée aussi, devant cette réaction toute gamine que « les bisous c’est dégueulasse ».
« Tu sais les bactéries, c'est pas toujours mal ... »
Quelque chose change dans l’expression de son interlocuteur, elle ne sait même pas s’il l’a entendu, visiblement distrait par quelque chose.
« Oh... Oh merde, mais tu es une Mère, en fait ?! »
Elle cligne des yeux encore, se demande d’où ça sort, suit le regard du garçon jusqu’à son ombre étendue sur la table.
« Oh, juste apprentie », elle dit, avec un petit geste négligent de la main, à deux doigts de carrément lever les yeux au ciel.
L’air de dire On s’en fout. D’ailleurs, c’est vrai ça, de plus en plus de gens s’en cognent, qu’elle soit mère apprentie. Au début, on la ratait pas. C’était une évidence. Blonde et grande avec des yeux mouillés et tristes au milieu des chasseurs sales et échevelés. Qu’est-ce que ça veut dire, que les gens oublient son rôle ? Qu’elle a changé au point de passer pour autre chose, ou que les perdus se sont habitués ?
« Si c’est à cause de ça que tu ... » elle désigne la flasque de la main, tentant d’interpréter la nature du stress soudain de Skunk. « Je le dirai pas à Sugar. »
Skunk
♣ Récolteur ♣
✘ AVENTURES : 226 ✘ SURNOM : (Le) Dandy ✘ AGE DU PERSO : Tout juste quatorze ans
Sujet: Re: Nerd Corner [La Boum] Dim 7 Jan 2024 - 23:00
La fille n’a pas l’air de trouver que son statut de Mère (apprentie, donc) est très essentiel. Et elle a raison, ils ne sont pas dans une situation où cela a la moindre importance ; ce n’est même pas comme s’ils étaient dans le même groupe, aucun des deux n’a besoin de faire semblant. Ce soir, ils sont deux Garçons Perdus, ni plus ni moins.
Mais Skunk a toujours eu un rapport un peu étrange aux Mères. L’explication simpliste serait qu’elles le fascinent parce qu’il ne sait pas vraiment ce que c’est, une “vraie” maman ; mais chez les Perdus c’est plus la norme que l’exception, et de toute façon le Dandy est trop cynique pour trouver quoi que ce soit de maternel chez ces filles qui sont parfois plus jeunes que lui.
Non, c’est plus compliqué que cela. Un mélange de dégoût pour le principe du rôle et le pouvoir que certaines en tirent (Sugar la première), de compassion pour la charge de travail absolument démesurée et débile que cela représente (rien que parce qu’il sait très bien ce que cela veut dire de devoir faire une lessive à la main au Grand Arbre)... Et d’une viscérale incompréhension : elles ont encore leur ombre, elles ont encore leur nom, pourquoi est-ce qu’elles restent ?
Alors oui, bourré comme il l’est, Skunk oublie un peu de traiter cette information comme quelque chose de normal. Il en oublie aussi de noter la réplique de la fille sur les bactéries qui ne sont “pas toujours mal”, précision qui d’habitude n’aurait pas manqué de lui plaire et de l’intriguer. Là, il faut que l’adolescente lui désigne sa flasque, sortie machinalement, pour que le Dandy retrouve le fil de la conversation:
“Si c’est à cause de ça que tu... Je le dirai pas à Sugar.”
Il y a un moment de blanc, alors que Skunk la dévisage comme si elle venait de lui parler en mandarin. Puis il baisse les yeux sur sa flasque, prend encore quelques secondes pour intégrer ce que l’adolescente vient de dire. Et soudain il se met à rire, de ce rire cassé et acide qui donne moins envie de l’accompagner que de lui en coller une pour qu’il s’arrête.
“Oh j’en ai tellement rien à foutre de l’avis de Sugar...”
Son rire devient un gloussement méprisant, qu’il ponctue d’une lampée de rhum prise à même sa flasque.
“Mais c’est très aimable de ta part.”
Il s’entend parler, devine dans son ton un reste de vitriol mal maîtrisé, et voilà que son sourire de sale gosse se dissipe aussi vite qu’il est apparu.
“Sérieusement, je veux dire. Je... l’intention est... appréciable. C’est juste vraiment pas important : je fais de l’alcool et je le bois, y’a aucun secret là-dedans.”
Et parce qu’il est ivre, il ajoute :
“Peter Pan est le premier à être au courant, sinon il ne m’aurait pas...”
Sa voix s’étiole et sa phrase reste en suspens. Le regard dans le vague, il rajuste son noeud papillon, boit encore alors qu’il avait pourtant décidé de s’arrêter. Il reste silencieux quelques secondes, à écouter la ballade que le guitariste toujours posé sur scène interprète avec un talent agaçant. Puis, d’un ton plus curieux que vindicatif, il demande :
“Comment est-ce que tu sais que Sugar... Comment est-ce que tu sais que je suis Récolteur ?”
♪ (And if I were you, I wouldn't love me neither.)
Bambi
★ Mère Apprentie des Chasseurs ★
✘ AVENTURES : 195 ✘ SURNOM : La Cascade ✘ AGE DU PERSO : Seize ans
✘ LIENS : and before you know it, you're walking on air
Sujet: Re: Nerd Corner [La Boum] Sam 2 Mar 2024 - 23:51
« Oh j’en ai tellement rien à foutre de l’avis de Sugar... » « Ah bon ! » Rétorque Bambi, un peu fort (pompette quoi). « Mais c’est très aimable de ta part. »
Silence. Bambi regarde le fond de son verre.
« Sérieusement, je veux dire. Je... l’intention est... appréciable. C’est juste vraiment pas important : je fais de l’alcool et je le bois, y’a aucun secret là-dedans. »
Elle fronce les sourcils, fouille dans sa mémoire. Il a beau prétendre que ce n’est pas un secret, elle n’a jamais entendu parler de cette petite affaire. Et s’il a l’air de trouver ridicule l’idée de fournir le bar lors de grands événements, c’est peut-être à raison, peut-être qu’il tient pas à ce que tout le monde sache où trouver des réserves. Mais quand même ...
« Peter Pan est le premier à être au courant, sinon il ne m’aurait pas... »
Il s’arrête avant de finir sa phrase. Bambi penche un peu la tête, comme si ça pouvait l’aider à lire dans les pensées, ou au moins les expressions de Skunk. Rien lui vient. Le garçon regarde dans le vide. Ne l’aurait pas quoi ?
« Comment est-ce que tu sais que Sugar... Comment est-ce que tu sais que je suis Récolteur ? »
Le changement de sujet lui fait redresser la tête, conscience qu’elle doit avoir l’air idiote.
« C’est pas un secret non plus, si ? » Encore une fois, elle comprend pas. Elle comprend pas la question. Elle sent que si elle avait pas bu l’espèce de potion atroce de Skunk, elle comprendrait, parce que d’habitude elle est quand même plus fine que ça, mais là non. « J’espère que je suis pas en train de casser ta couverture d’espion », elle bredouille avec un demi sourire.
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