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Spoiler:

Les lueurs grossissaient et prirent peu à peu l'apparence de fées. L'espoir enfla à nouveau en Vijendra, gonflant ses poumons, ouvrant ses yeux, lui redonnant brièvement quelques forces ténues.

Est-ce que je rêve ? Est-ce que c'est vrai ?

La douleur était trop réelle et il se trouvait subitement trop alerte pour penser qu'il pouvait être assoupi. Le soulagement le submergea comme un ras de marée, vidant l'air qu'il retenait, laissant couler de nouvelles larmes de ses yeux.

Soit il mourait d'épuisement dans les minutes qui venaient, soit on l'emportait loin de cette infamie. En tous les cas, ça serait terminé.

On était vraiment venu pour lui. Vijendra avait toujours refusé de se voir semblable aux fées. Malgré toute l'amitié qu'il avait pour elles, son esprit était incapable d'accepter le profond changement de nature qu'il avait subi. Pourtant, dans un instant pareil, il lui était impossible de se leurrer.

Cela faisait des jours qu'il nageait dans une horreur abominable où les humains n'étaient plus que des monstres gigantesques. Les créatures qu'il apercevait derrière la vitre faisaient la même taille que lui, et c'était une vision rassurante, qui lui donnait l'impression d'atterrir après avoir passé trop de temps suspendu, qui lui insufflait une nouvelle impression de familiarité à la place de celle qui avait disparu. Ces fées agissaient de la seule manière qui avait du sens à ses yeux. Il s'y identifiait plus aisément qu'à la montagne ronflante qu'il entendait encore vrombir au-dessus de lui. En cet instant, il avait vraiment la sensation que sa famille était venue le sauver. Et tant pis s'il était incapable d'assumer cette impression plus tard. Tant pis si ça en disait trop sur lui, et si ça le terrorisait. Pour le moment, il n'était plus que gratitude à leur égard.

Pendant quelques instants, il y eut le visage d'Obéron face à lui. Vijendra trouva cette fois suffisamment de force pour coller sa main contre la vitre, comme pour vérifier la matérialité du Sigisbée - alors qu'il ne pouvait pourtant pas le toucher. Il paraissait voué à apparaître devant lui chaque fois que Vijendra pensait mourir. Cette scène lui évoqua directement l'émotion qu'il avait ressenti lorsqu'Obéron l'avait trouvé là-haut, seul, sur cet immeuble qu'il pensait être devenu sa tombe.

Il mit du temps à comprendre la signification du doigt posé sur les lèvres de son vis-à-vis. Lorsqu'il le fit, Obéron s'occupait déjà du bouchon de liège. Vijendra s'était laissé lourdement retomber, trop fatigué pour tenir cette position plus longtemps sans défaillir.

Le couvercle sauta et tomba sur le sol dans un bruit d'une relative discrétion. Un reniflement saccadé indiqua que le pirate avait failli se réveiller, mais ses respirations redevinrent ensuite plus régulière.

Tout se corsa lorsqu'Autan fit souffler la bise pour soulever la fée blessée hors du bocal. Le corps de l'Infortuné était dans un état malheureux. Le vent fit bouger son aile sinistrée d'une telle manière que malgré la tentative qu'il fit pour rester silencieux, un carillon douloureux et surtout trop bruyant lui échappa finalement.

Le pirate se réveilla dans une large inspiration. Il se redressa mécaniquement, en emportant son bocal. Vijendra rebondit contre une paroi et retomba au fond du pot. Pierre cligna bêtement des yeux en remarquant la présence de nombreuses lueurs qui n'étaient pas censées être là.

"Houlà j'ai bu à ce point ? Ca fait beaucoup de lanternes d'un coup..."

Heureusement, le pirate était lent à la détente, ce qui laissait aux fées le temps de réagir. Il remarqua en écarquillant les yeux la disparition du bouchon.

"Bah qu'est-ce qu'il a fichu le morpion... Il a pourtant l'air amorphe. L'est où le bouchon ?"

C'est sûr que contrairement aux autres occupants de la pièce, Pierre n'était pas une lumière.

Cadeau:

Lancage de dé (et c'est pas des bisous):

Damnation et Silve Obscure ! L'Humain se réveille soudain et repère l'absence de couvercle à sa prison pour fée. Halo, n'écoutant que son courage se propulse de la taie d'oreiller au tarin du géant. Il agite les ailes, déchargeant une puissante lumière qui irradie les rétines du pirate. Couinement aviné, l'homme se renverse en arrière, en frottant ses yeux douloureux. Le bocal rebondit sur le matelas secouant Eclipse dans tous les sens. Il manque chuter du lit, mais Autan ne l'entend pas de cette oreille. Avec une bourrasque il parvient à suspendre le récipient à l'horizontal et s'empresse de le maintenir dans cette position en se glissant dessous. Obéron, se précipite alors à l'intérieur du bocal et ramasse le corps malmené du fae. Il le traine jusqu'à l'ouverture et, une fois dehors, le porte tel une princesse.

Sonne l'heure du repli !

L'escouade se regroupe et vole jusqu'à la fenêtre. Autan, relâchant ses vents, laisse le bocal éclater sur le plancher. Aucune importance, ils ont déjà passé la brèche de la vitre. Le Sigisbée se hâte de déposer le pauvre renaissant sur les plumes de Philomèle, lui et Flammèche le maintenant sur le dos de l'hirondelle pour qu'il ne tombe.

- Rentrons! Il est temps.

L'équipée sauvage prend son envol, laissant derrière eux les vociférations de l'Humain qui retrouve enfin la vue. Obéron sert Eclipse contre lui, comme une biche le ferrait pour son propre petit. Son aura s'est considérablement réchauffée, offrant des notes douces de byzantin et d'améthyste.

- Tout va bien, Eclipse. Tu es sain et sauf. Tu es parmi les tiens.... Nous serons bientôt rentrés.

Le Sigisbée est gagné par un tel soulagement que les larmes lui montent naturellement aux yeux, scintillantes sous la lune.

Maintenant qu'Obéron dirigeait la suite des opérations, tout sembla plus simple à Flammèche, qui balaya bien vite ce ressenti de son esprit.
Il y avait des choses pour lesquelles elle pouvait se reposer sur ses collègues - comme par exemple, tout ce qui tenait du domaine administratif - mais il s'agissait d'affaires bénignes.

Dans l'instant présent, les choses n'étaient pas aussi simples et l'Impétueuse se devait de rester alerte, regrettant presque que le Conseiller des Flores l'ait congédié en la priant de rester avec Philomèle.
La tension de son côté était tout aussi palpable qu'à l'intérieur de l'habitation, alors qu'elle caressait nerversement les plumes de l'hirondelle, tic qui lui arrivait fréquemment avec Fressia.
Puis, elle se mit à faire les cent pas, tendant l'oreille.

- Il se passe quelque chose... Oh, j'aimerai tellement pouvoir les aider ! La seule chose que je puisse faire pour leur faciliter la tâche, c'est... ceci !

Et, sur ces mots, la petite Fée des Feux se dirigea vers la fenêtre qu'elle poussa de toutes ses forces, bientôt aidée des familiers de ses coéquipiers qui comprirent aussitôt ce qu'elle voulait faire.
Comme ce qui se passait à l'intérieur paraissait être mouvementé, mieux valait avoir une plus grande ouverture s'il fallait sortir en catastrophe sans avoir besoin de "viser" pour passer par une fenêtre à peine entrebaillée.
Ils n'étaient pas tous aussi agiles que le sont les hirondelles pour rentrer dans leur nid, après tout. Surtout lorsqu'il faut en plus transporter un blessé.

À peine la Conseillère des Feux eut-elle le temps de reprendre place sur Philomèle que le reste de l'escouade apparut à son tour, laissant derrière elle un Pirate quelques peu hébété, et surtout momentanément aveuglé.
La féérique demoiselle aida le Sigisbée à caler Éclipse sur l'oiseau, et les deux Conseillers se retrouvèrent bientôt entourant le Fé des Étoiles afin qu'il ne chute pas.

Puis, ils décollèrent, les battements d'ailes de leurs compagnons couverts par la voix du Pirate hurlant de rage d'avoir perdu sa petite lanterne, qui d'ailleurs, sans l'aide se ses semblables, n'aurait plus fait long feu.
Tendant l'index en direction de l'humain, Flammèche le fit taire en guidant ses Feux Follets vers lui. Les petites boules de feu explosèrent en crépitant à une distance respectable du visage de l'homme, tels de petits pétards.

Le groupe le perdit de vue lorsqu'il bascula en arrière, sur le coup de la surprise, l'Impétueuse riant aux éclats de sa petite blague douteuse en guise de cadeau d'adieu.

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Fawkes the Phoenix

Tout semblait plus beau lorsque l'on avait plus rien sur la conscience. Le soulagement se faisait général dans l'équipe féérique, et Obéron lui-même se permit de verser une petite larme.
Ah, comment fait-il pour être beau même lorsqu'il pleure ?

- Je t'avais dit que j'allais trouver un moyen de te sortir de là.

Glissa la Conseillère des Feux au Fé des Étoiles blessé, se retournant pour lui adresser un grand sourire satisfait.
Elle s'attarda un moment à regarder le ciel s'éclaircissant à peine à sa droite, à l'Est. Il n'était plus qu'une question de temps avant que le jour ne se lève...
... ce qui veut dire qu'elle avait donc vraiment volé quasiment toute la journée ! Terrifiant ! Oh là là, qu'elle était une bonne petite Fée pour avoir ainsi tenu le coup jusqu'à la fin ! Elle s'en étonnait elle-même.

C'est une véritable assemblée qui attendait la petite troupe au Palais. Mab, châle sur le dos, attendait leur retour, déjà entourée d'une poignée de Fées Infirmières et de leurs brancards.
Celles-ci étaient alignées comme des fourmis attendant patiemment qu'un ordre leur soit donné.

Flammèche descendit précautionneusement, époussetant sa robe. Que devait-elle dire, au juste ? Devait-elle seulement dire quelque chose ? Elle n'en avait aucune idée.
Alors, elle se contenta de sourire poliment, ne voulant importuner sa Reine, qui devait sans aucun doute être très inquiète de l'état dans lequel l'équipe de sauvetage avait ramené le pauvre Faux Fé.
Il faut dire qu'il n'avait pas très bonne mine...

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Les divers chocs que Vijendra venait de subir ne lui avaient pas fait du bien. L'équivalent d'un gémissement désespéré lui échappa lorsque son corps heurta le bocal en tous sens une fois de plus, bien que de façon moins brutale et moins répétée que lorsque les pirates s'amusaient à secouer sa prison comme une salière pour obliger sa poussière à sortir.

C'était trop. Il fallait que ça s'arrête. Il n'en pouvait plus. Le moindre mouvement dans son aile cassée provoquait des douleurs telles qu'il avait envie de hurler. Que dire de ce qui arrivait lorsque la gravité la faisait brutalement changer d'angle, ou lorsqu'elle frappait de plein fouet la paroi de verre ?

Le peu de conscience qui lui restait lorsque le bocal cessa de bouger et qu'il fut à nouveau prostré au fond n'était plus focalisé que sur l'étonnement de ne pas s'être à nouveau évanoui. L'intensité des sensations qui le traversaient était indescriptiblement affreuse.

Il sentit qu'on tirait sur ses bras - il sentit que ça faisait encore mal, ça faisait encore bouger des choses qui criaient qu'elles voulaient rester immobiles. La situation s'arrangea un peu lorsqu'Obéron le souleva, et comme il faisait probablement son possible pour le transporter sans le blesser plus qu'il ne l'était déjà - ce qui n'était pas une mince affaire.

Il n'était plus capable de bouger aucun muscle par lui-même. Il était donc tel une poupée de chiffon entre les bras du Sigisbée. Lorsqu'on l'installa sur le dos de l'oiseau, il se serait effondré si on ne l'avait pas immédiatement étreint, geste qui empêcha par ailleurs son membre rompu de subir trop des secousses impliquées par le vol de l'hirondelle.

Même s'il avait été un peu moins faible, même s'il n'y avait pas été obligé par la force des choses, Vijendra se serait probablement prostré contre Obéron de la même façon. Printemps ou pas, il faisait froid dehors, et l'altitude n'aidait pas. Mais le froid n'était qu'un détail. Ce qui comptait vraiment, c'est que l'Infortuné n'avait jamais eu de sa vie autant besoin de réconfort qu'en cet instant. Bien que ce fut toujours dans des situations compliquées, Obéron avait incarné ce sentiment à ses yeux chaque fois qu'il l'avait rencontré.

"Tout va bien, Eclipse. Tu es sain et sauf. Tu es parmi les tiens.... Nous serons bientôt rentrés."

Il essayait tant bien que mal de rendre un regard au Sigisbée. C'était laborieux. La douleur progressivement plus supportable laissait finalement place à un peu de soulagement. Ca faisait du bien d'être enfin libéré de cette horreur, et de se sentir entouré de bienveillance.

Tu es parmi les tiens...

Ca faisait mal de l'entendre une fois supplémentaire et de ne plus réussir à se dire que ce n'était pas vrai. Le Port s'éloignait. Vijendra savait que cette fois-ci, il ne voudrait plus jamais y revenir. Plus jamais il ne pourrait s'y sentir chez lui. Plus jamais il ne verrait les humains du même œil.

Les larmes coulaient sur son visage, tantôt douces, tantôt amères, au gré des sentiments qui n'arrivaient pas à se décider sur celui qui devait rester dominant.

... Pour le moment, ça faisait surtout du bien.

"Je t'avais dit que j'allais trouver un moyen de te sortir de là."

Il tenta de tourner les yeux sur celle qui venait de parler. Il parvenait à peine à accommoder sa vision. Il ne se souvenait pas de l'avoir entendue lui dire quoique ce fut, mais sa lumière en revanche lui était évocatrice. C'était la même que celle de son rêve, qui n'avait probablement pas dû être un rêve.

". . ."

Il tenta de s'exprimer, en vain. Il ne parvenait plus à produire le moindre tintement audible. L'Infortuné ferma les yeux. Le trajet lui sembla très long.

Il se sentait faible, si faible... Au point que l'angoisse l'étreignit à nouveau sur la fin du voyage. Il craignait de s'évanouir avant qu'ils fussent arrivés à destination et cette fois-ci, de ne plus jamais se réveiller. Cette crainte ne le quitta pas entièrement lorsqu'il sentit l'oiseau atterrir.

... Sa peur des hauteurs n'avait même pas trouvé l'occasion de se manifester.

Cadeau:

Mab laisse les deux Conseillers partir, non sans un léger sourire au geste d'Obéron. Elle n'a pas l'intention de rester longtemps sans rien faire, mais l'éclat passé l'amène à prendre un peu plus son temps. De toute façon, personne n'est éveillé, et elle n'a pas envie de déranger les fées qui ne doivent pas l'être, simplement pour aller plus vite. Cela ne servira à rien.

Pragmatique, la Reine s'assoit donc dans l'un des fauteuils du salon et prend le livre posé sur la table juste à côté, se plongeant dans sa lecture jusqu'au retour de Pistil. La porte étant restée ouverte, elle referme l'ouvrage en voyant le garde se fendre d'une légère révérence dans sa vision périphérique et se tourne vers lui.

"Votre Altesse, les Hauts-Conseillers des Flores et des Feux viennent de décoller avec les Fées-Chevaliers.
-Merci, Pistil. Vous pouvez vous retirer. Je vais me rendre de ce pas à l'Infirmerie pour préparer leur retour et la prise en charge d'Eclipse.
-A vos ordres, Votre Altesse."

Sur une dernière révérence, le soldat s'éloigne alors que Mab se lève. Ce bref repos lui a fait du bien, et elle se dirige vers l'ancienne Salle de Bal, reconvertie depuis les catastrophes de la Pluie Salée, d'un pas plus alerte qu'elle ne l'a été depuis longtemps. Peut-être parce qu'il est rare qu'on la laisse sortir de ses appartements, dernièrement.

Bien qu'une Reine ne fasse que ce qu'elle souhaite, évidemment.

Son arrivée provoque une vague de panique parmi les veilleuses des quelques malades encore présents, qu'elle rassure d'un sourire calme et bienveillant. Non, elle n'est pas là pour elle. Elle sait que son état a inquiété bon nombre de ses sujets et s'attriste de les voir ainsi quitter leur douce insouciance pour elle. Cependant, elle reprend bien vite son sérieux en expliquant la situation.

Ses fées sont bien entendu très promptes à réagir, et commencent déjà à préparer le nécessaire : un lit pour le futur patient, un brancard pour l'y transporter, des plantes et autres mixtures de premiers soins. On réveille les fées les plus aptes à s'occuper de ce qui va certainement être l'état désastreux d'Éclipse. Mab ne veut pas ennuyer ses sujets, mais il est hors de question de perdre bêtement l'un d'entre eux.

C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle se rend elle-même dans la Cour du Palais, pour attendre l'arrivée de l'expédition. Elle n'a pas à le faire longtemps : peut-être a-t-elle senti qu'ils arrivaient, ou peut-être s'agit-il simplement d'un très heureux hasard de timing, mais à peine sont-ils dehors que les silhouettes de ses sujets et de leurs compagnons ailés se détachent du ciel pour piquer dans leur direction.

La Reine éprouve un intense soulagement en distinguant le nombre de têtes adéquat : au moins sont-ils tous de retour. Cette éclaircie est cependant de très courte durée.

Lorsque Philomèle atterrit, Sa Majesté se dirige sans attendre dans sa direction. Elle n'a pas besoin d'être à côté d'Eclipse pour déjà entrevoir les marques sur son corps. Constater la blessure de son aile. Sa lumière si basse qu'elle peut s'éteindre à tout moment. Si la peine est première dans le cœur de la Reine, elle est bientôt submergée par une colère froide.

Les humains sont des barbares. Elle entend leur ignorance et le fait qu'une simple phrase de leur part les amène à décimer son peuple. Elle entend également avoir besoin d'eux pour naître et vivre, car la Nature est ainsi faite : tout est question d'équilibre, de balance exacte, de début et de fin.

Leur amour de la violence et de la haine gratuite, par contre, est quelque chose qu'elle n'a jamais compris. Qu'elle n'a jamais supporté, lorsque cela porte sur l'un des siens.

Tout comme plus tôt dans les appartements royaux, l'air se met à vibrer. Il n'est pas seul, cependant. Le sol suit, craquèle par endroits. Les feuilles et fleurs qui n'auraient pas de quoi s'y accrocher se mettent à voler en minuscules tornades. Les arbres de la Cour frémissent dans des sons qui s'approchent de râles de douleur. Les cascades d'eau décoratives -habituellement clapotis tranquilles et rassurants- se mettent à gronder, menaçantes. La température descend brièvement de plusieurs degrés. Les divers animaux présents frissonnent, un peu inquiets, mais fidèles à leurs fées. La colère et la douleur de la Reine sont palpables, transmises dans chaque portion de nature qui se trouve à la portée de son pouvoir renaissant.

Dans l'aube du jour, quiconque passant près de l'Arbre aux Fées pourrait le voir changer. Ses feuilles se teintent brièvement d'un rouge passion, avant de reprendre leur couleur habituelle. Un œil observateur le verrait trembler. Non pas de peur, mais de rage.

Les humains ne perdent rien pour attendre, et seront châtiés à la hauteur de leur crime. C'est une promesse silencieuse mais poignante qui se murmure dans l'air.

Puis, la Reine lève une main en direction du blessé. Aussi brusquement que tout à commencé, le grondement s'éteint. L'aura de Mab revêt à nouveau son assurance tranquille, sa bienveillance solennelle. Elle n'a pas dit un mot, pourtant chacun est capable de voir clair dans son esprit à cet instant. Sa main se pose délicatement dans les cheveux du mourant, qui semble être la seule partie de son corps qui ne soit pas douloureuse. La seule qu'elle ose toucher, sans craindre de lui faire mal.

Mab ferme les yeux, et laisse sa magie glisser de son âme à celle du jeune fée. On peut voir la poussière étincelante faire son chemin, entourer Eclipse comme un cocon. La comparaison est d'autant plus flagrante au regard des événements terminés il y a peu. Loin de la rage précédente, c'est une douceur sans fond, une bienveillance maternelle, un Amour sans limites qui étreint le cœur du blessé et l'âme de toutes les fées présentes. Car c'est là la source des pouvoirs de la Reine.

L'instant semble s'éterniser et pourtant ne dure pas. Bientôt, les doigts délicats se détachent de la chevelure nébuleuse, légèrement tremblants. Dans un geste tendre, maternel, Mab caresse la joue du jeune Infortuné. Les bleus n'ont pas disparus : ils sont trop nombreux et elle n'est pas assez en forme pour ce genre de miracles. Mais ils sont moins profonds, et certainement moins douloureux.

Lorsqu'elle parle enfin, sa voix revêt une tendresse à la hauteur de ses gestes.

"Quoi que tu aies eu à affronter jusqu'à présent, sache que tu es en sécurité ici. Il n'y a plus personne pour te faire le moindre mal."

Elle laisse provisoirement le vouvoiement de côté, car l'heure n'est pas à la distance protocolaire. Peut-être même cela ne ferait que le mettre mal à l'aise. Elle lève le regard vers Obéron, qui tient probablement encore la fée entre ses bras, puis sur Flammèche, Autan, Gour et Halo -qui se mettent aussitôt au garde-à-vous, pour les trois dernières. Elle leur sourit.

"Merci."

Il n'y a rien d'autre à dire. Rien d'autre qui pourrait mieux mettre en valeur la fierté de la Reine et sa reconnaissance de savoir ses sujets si fidèles et prompts à se lancer dans des missions dangereuses pour le bien d'un des leurs.

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Réunion de soutien au Club-des-Predefs-qui-font-Peur-à-Jouer:

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Vijendra n'est relié à la vie que par un fil de soie si mince qu'il semble à Obéron, qu'il en maintient à mains nues la tension. Son coeur de fée, bien que fermement immortel dans ce temps quantique meurt et vit avec la même souffrance que le corps qui s'éteint progressivement dans ses bras.

Il prie.
Les Esprits, L'Ile, l'Innocence des Enfants...
Mab.
Il prie pour qu'il n'est pas à tenir une nouvelle obscurité entre ses doigts.

Philomèle atterrit avec grâce malgré l'urgence. Le Sigisbée volète jusque terre, tenant le corps du supplicié comme une épousée de la dernière heure. Le Jumeau-en-Rire de la reine pleure. Des larmes d'argent sillonnent le long des scarifications lumineuses de ses joues. Il n'est qu'incompréhension et affliction. Pourquoi ces humains qu'Ether idolâtre tant sont-ils si monstrueux?
A peine a-t-il posé le pied au sol qu'il perçoit toute la profondeur de l'ire royale. Elle fait écho à son propre chagrin. Impuissant, le Sigisbée se laisse transfigurer par cette colère fondamentale. Nécessaire. Alors qu'autour d'eux les éléments bouillonnent de rage, s'ébranlent de teintes vivides, Obéron semble perdre ses couleurs. Ses ailes blanchissent, comme sa mise, et son aura devient si laiteuse qu'elle en parait lunaire. Aussi vite que la fureur impérieuse de Mab reflue, son bras-droit retrouve ses atours usuels.
Juste flotte sur ses lèvres un triste sourire, car il est le premier à deviner ce qui suivra.

Mab fait don d'elle-même, encore une fois.

Comme deux parents penchés sur le berceau de leur enfant souffrant, elle infuse son énergie en Vijendra, alors qu'il le tient à sa porté.

- Quoi que tu aies eu à affronter jusqu'à présent, sache que tu es en sécurité ici. Il n'y a plus personne pour te faire le moindre mal.
- Je suis désolé, murmure le Sigisbée tant pour Mab que pour son protégé.
- Merci, répond simplement la reine.

Obéron entre dans le palais, le jeune fae encore faible dans ses bras. Il prend la direction de l'infirmerie en pleine effervescence. Précautionneusement, il dépose Vijendra dans le lit-iris dont on rabat prestement les pétales enduits de sucs régénérants sur le corps malmené du patient.

- Repose-toi à présent. Tu es à la maison.

Le Haut-conseiller recule, conscient qu'il n'est plus d'aucune aide à présent et qu'il doit faire confiance au savoir-faire des fées-infirmières. Il se tourne alors vers son homologue des feux et la gratifie d'un chaste baise-main avant de recouvrir sa menotte de ses paumes brunes.

- Merci infiniment Flammèche. Vous êtes la véritable héroïne de cette expédition. Sans votre dévouement, nous ne serions jamais arrivés à temps. Vous avez toute ma gratitude.

Il lui sourit, les joues encore humides, avec cette sincérité humble qui le caractérise, puis rejoint sa reine pour s'enquérir discrètement de son état. Une telle démonstration de pouvoir ne peut que l'inquiéter.

Vijendra était presque inconscient quand le Sigisbée le porta à proximité de la Reine, et lorsqu'en constatant son triste état l'Étincelante fit vibrer terre, eau et vent par l'intensité de sa colère. Tout était noir, lourd, étriqué. Tout ralentissait. Tout disparaissait. L'Infortuné s'étiolait et n'était plus qu'à deux doigts de s'éteindre définitivement.

Puis tout changea d'un coup. La flamme qui était le point de disparaître s'embrasa, grondante, prête à toucher le ciel. L'Infortuné, ciblé par l'incroyable énergie de la souveraine, revint très subitement à lui. Une grande inspiration le secoua, lui arrachant un tintement comme un gargouillis. Il avait l'impression de respirer pour la première fois de sa vie. L'air était coloré, frais, merveilleusement odorant.

L'étoile mourante ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il était subitement entouré de chaleur et de confort. Il n'avait plus mal nulle part. Une merveilleuse brûlure se concentrait dans sa poitrine, sous son sternum, qui lui donnait l'impression d'imploser, de rayonner d'énergie solaire. Ce n'était pas juste une chaleur comme les autres. C'était un amour si absolu, si pur et si riche, aux frontières de l'expérience mystique, qu'il l'ébranlait jusqu'au plus profond de son être. Deux larmes épaisses quittèrent ses yeux et son visage se déforma sous l'effet d'une immédiate et intense émotion.

Cet amour qui lui était dirigé et qu'il buvait comme un assoiffé avant d'en rayonner lui-même en direction de tout ce qui l'entourait lui évoquait quelque chose de très ancien, qu'il pensait avoir oublié.

C'était trop vieux. Il l'avait perdue trop tôt. Il était trop petit pour s'en souvenir... Mais le manque, lui, n'avait jamais réellement disparu, n'est-ce pas ?

... Maman ? Maman c'est toi ?

Est-ce qu'il venait de mourir ? Est-ce qu'elle était venue le chercher et qu'il sentait désormais toute l'affection qu'elle n'avait jamais pu lui prodiguer l'envahir, comme pour rattraper l'horrible temps perdu ?

Ses yeux papillonnèrent. Il lui fallut quelques longues secondes pour accommoder sa vision, durant lesquelles il cligna des yeux en direction de la silhouette qu'il apercevait sans voir. Il ne se souvenait plus du visage de sa mère, mais il restait capable de sentir sa présence.

Le monde retrouva sa forme et ses textures. Les traits qui se précisèrent sous les yeux de Vijendra n'étaient pas ceux auxquels il s'était attendu, mais l'Infortuné ne ressentit aucune déception, aucune tristesse. Juste cette fabuleuse affection qu'on avait infusé en lui et dont il continuait d'irradier, à tel point qu'il aurait voulu pouvoir la rendre à tous ceux qui l'entouraient, qui l'avaient aidé, qui prenaient soin de lui. Leur bienveillance et leur tendresse étaient si pures, si belles qu'elles lui donnaient envie de pleurer à chaudes larmes et de les remercier jusqu'à la fin des temps. Il les aimait vraiment très fort, à la hauteur de ce qu'on venait de lui donner.

"Quoi que tu aies eu à affronter jusqu'à présent, sache que tu es en sécurité ici. Il n'y a plus personne pour te faire le moindre mal."

Il frissonna et laissa de nouvelles larmes d'amour couler contre ses joues. Il la croyait, du plus profond de son être. Son regard brûlait tandis qu'il fixait l'Étincelante. Il avait l'étrange impression d'encore sentir la présence de sa mère à ses côtés, alors même qu'il avait fini par comprendre qu'elle n'avait jamais été là.

Ce ne fut pas un remerciement qui quitta ses lèvres, dès qu'il en retrouva l'usage. L'émotion brute laissa place à une réalisation beaucoup moins agréable. Vijendra se souvenait très bien que la Reine Mab était souffrante, à l'époque de sa fugue improvisée. Elle avait dépensé trop d'énergie pour permettre l'expédition qui avait eu raison du Givre et se trouvait donc en convalescence forcée. S'il en croyait les rumeurs, c'était gros, grave. Plus que ce qui était jamais arrivé jusqu'à présent, ce qui n'était pas peu dire considérant qu'on parlait d'un être qui avait existé de tous temps.

Il n'était pas au meilleur de sa forme mais restait capable de se rendre compte que l'Etincelante venait de faire pour lui un effort conséquent. Ce qu'il avait ressenti à l'instant était trop puissant pour être anodin. Elle lui avait certainement sauvé la vie. Mais à quel prix, encore ?

Presque en même temps qu'Obéron soufflait ses excuses, l'Infortuné s'exprimait à son tour, prononçant les mots tels que son cœur les avait directement formés. Il s'en voulait vraiment. Il avait les larmes aux yeux. S'il avait écouté ce qu'on lui avait dit en premier lieu, rien de tout ça ne serait arrivé. Il n'aurait pas obligé la Reine à cette dépense d'énergie. Il n'aurait pas dérangé et inquiété Obéron pour la beaucoup-trop-ième fois consécutive. Il ne voulait pas leur causer du souci.

"... Je suis désolé... Majesté."

Lorsqu'il était humain et lorsqu'il avait rencontré Mab pour la toute première fois, Vijendra s'était montré très respectueux : c'était une Reine, il lui semblait important d'obéir à l'étiquette. Suite à sa transformation en revanche, il n'avait plus été capable de lui donner son titre lorsqu'il s'adressait à elle, ou lorsqu'il parlait d'elle. Ca n'avait pas été par malveillance ou par volonté de se rebeller. Il avait toujours eu beaucoup d'amitié pour la Reine des fées. Il savait ce qu'il lui devait, ainsi qu'au Seigneur Obéron qui avait sauvé sa vie désormais plus d'une fois. C'était juste trop dur pour lui : ça aurait été comme admettre qu'il était effectivement devenu l'un des sujets du Royaume féérique.

Ce n'était plus un problème, ou bien ce ne serait plus exactement le même problème, maintenant. Les choses ne seraient plus si belles lorsqu'il redescendrait du nuage sur lequel la Reine l'avait transporté, mais Vijendra avait au moins compris une chose : vivre parmi les humains, ce n'était plus pour lui. Il ne pouvait plus y prétendre. S'il devait regarder ce qu'il avait au fond de lui en face, il lui faudrait admettre qu'il n'en avait même plus envie. En revanche, il aspirait à ressentir encore l'émotion qui l'avait tétanisé plus tôt.

Il serait conciliant, désormais. Il ne voulait pas être contrariant. Les fées qui faisaient tant pour lui méritaient mieux que son ingratitude, qu'elle fut ou non volontaire.

C'était un bref moment de félicité, durant lequel il éprouvait réellement l'envie d'appartenir à tout ça. L'accueil chaleureux qu'on lui réservait le faisait fondre. Il ne voulait plus lutter. Il voulait accepter, et se laisser tout simplement être et aimer.

Doucement, les douleurs revenaient, bien moins fortes qu'au préalable. Il était encore épuisé, mais il ne se sentait plus partir. Il était stable. La respiration calme, il s'abandonna aux bras d'Obéron qui le transportait en direction de l'infirmerie. Éclipse cala sa tête contre le bras du Sigisbée. Sa présence le rassurait. Il avait l'impression étrange, sans doute passagère, d'être retombé en enfance.

Il ne lui avait jamais vraiment dit toute la reconnaissance et la sympathie qu'il avait pour lui. Ce n'était pas bien. Ce n'était pas correct. Il fallait qu'il se corrige. Désormais, il pouvait. Il n'avait plus rien à y perdre. A quoi bon s'en cacher ?

"Repose-toi à présent. Tu es à la maison."

Un bref élan de douleur, rapidement disparu. Le drame existentiel de Vijendra était loin d'être réglé. Pour le moment néanmoins, il ressentait globalement cette affirmation comme une vérité rassurante : il était parmi des êtres qui étaient faits comme lui, qui ne faisaient pas vingt fois sa taille, et qui n'allaient pas le maltraiter sous prétexte qu'il était différent. On lui voulait du bien, ici.

"... Merci. Pour tout. Je suis désolé d'avoir été un tel poids pour vous... Je ne recommencerai pas, je vous le promets. Je n'en ai certainement pas donné l'air, mais tout ce que vous avez fait compte vraiment Beaucoup. Alors... Juste... Merci."

C'était beaucoup de mots pour un être brisé qui de justesse avait échappé à la mort. Cette prise de parole, toute nécessaire qu'elle lui avait parue, l'avait épuisé. Il soupira et s'abandonna à la somnolence ainsi qu'aux soins des infirmières.

Cadeau:

En quelques instants, la Conseillère des Feux, toute fière qu'elle était, avant rentré la tête dans les épaules et s'était mise à fixer le sol avec insistance.
Elle ressentait la monstrueuse colère de sa Reine dans tout son être, et se sentait prête à s'ébranler, se fissurer, comme le faisaient les éléments.
Tête et ailes basses, Flammèche n'osait plus bouger d'un pouce.

Ce n'est que lorsque le calme revint qu'elle retrouva le courage de relever les yeux vers sa Souveraine, l'observant requinquer du mieux qu'elle le pouvait le Fé des Etoiles exsangue.
Elle aimerait lui dire qu'elle ne devrait pas faire une chose pareille dans son état actuel, mais se résigne presque aussitôt. C'est probablement la seule solution pour le maintenir en vie le temps qu'il reçoive les soins adéquats.
Et ce n'est probablement pas le bon moment non plus pour contrarier la Reine.

Far

Celle-ci, d'ailleurs, adressa quelques mots réconfortants au Faux Fé convalescent, afin de lui faire comprendre une nouvelle fois, comme lors de la Cérémonie de nommage, qu'il faisait maintenant parti de leur communauté.
Puis, elle posa le regard sur chaque Fée ayant participé à la mission de sauvetage; Obéron, puis elle, et enfin Autan, Gour et Halo - les Fées-Chevaliers se mettant instinctivement au garde-à-vous.

- Merci.

Leur dit simplement l'Etincelante, avec un sourire.

A ce moment-là, tout le stress et l'adrénaline qui avaient pu submerger Flammèche pendant la mission et qu'elle avait dû mettre de côté, ressurgirent d'un coup, puis firent place à un si grand soulagement qu'ils en furent éclipsés comme s'ils n'avaient jamais existé.
De grosses larmes roulaient maintenant sur ses joues, mais ce n'était en rien de la tristesse. Elle venait de vivre une si folle aventure et avait rendu un si grand service à sa communauté qu'elle s'en sentait toute bouleversée.

Elle n'avait rien ressenti de tel depuis la saison de Canicule qui précéda son nommage au poste de Conseillère des Feux.

Alors que son homologue des Flores entre au Palais afin de déposer le Fé convalescent, l'Impétueuse en profite pour se retourner vers le destrier de son collègue afin de ne pas être vue en train de sécher ses larmes. Ce n'est probablement pas Philomèle qui la jugera pour un tel détail.
Lorsqu'elle eut réglé son problème, elle jugea bon de trottiner au plus vite vers le brancard de fleur sur lequel le Fé des Etoiles fut déposé, afin de lui glisser un mot avant qu'il ne s'assoupisse :

- Tu as été très courageux pour endurer tout ça jusqu'au bout. Le courage et la persévérance sont de très belles qualités. Si tu en fais encore un tout petit peu preuve durant ta convalescence, tout se passera bien !

Faisant quelques pas en arrière afin de laisser le soin aux Fées-Infirmières de s'occuper d'Eclipse, l'Impétueuse s'apprêtait à tourner les talons quand Obéron l'interpella.
Pendant un instant, elle eut honte de se retrouver face à lui, avec son visage bouffi et son féérique fard à paupières coulant partout sur ses yeux et ses joues.
Enfin, ça, ce fut avant qu'elle ne remarque ses joues humides, à lui. Brusquement, Flammèche eut un regain de confiance.

- Merci infiniment Flammèche. Vous êtes la véritable héroïne de cette expédition. Sans votre dévouement, nous ne serions jamais arrivés à temps. Vous avez toute ma gratitude.

- Ah ! Eh bien, je... je...

L'enchainement du baisemain puis des mots extrêmement gratifiants de son collègue firent automatiquement piquer un fard à la Conseillère des Feux, qui bafouilla un moment avant de se reprendre :

- ... Je ne mérite pas tant d'éloges. J'ai beau avoir eu mon rôle à jouer dans cette histoire, il en est de même pour vous et pour les Chevaliers qui nous ont accompagné. Si j'ai par miracle repéré Eclipse, sans vous tous, nous n'aurions pu le sauver. C'est d'autant plus important.

Avoir les remerciements de sa Reine et de son éminent collègue en une seule journée avait quelque chose de profondément élogieux.
Ainsi, l'Impétueuse se sentait flotter comme sur un petit nuage, se repassant en boucle les événements de cette journée mouvementée.

Elle mettra même un petit moment avant de baisser la main qu'Obéron avait prise dans les siennes puis d'accourir à sa suite afin de prendre, elle aussi, des nouvelles de sa Souveraine.
Peut-être aura-t-elle encore besoin d'elle ! Et puis, c'était très impoli de partir sans avoir été explicitement congédié au préalable.

Mab ne suit pas le cortège qui porte Éclipse jusqu'à son lit. Non pas qu’elle s’y refuse, mais plutôt qu'elle ne s’en sent pas la force. Philomèle, bien plus maligne encore qu’elle ne le montre, s’approche de la Reine pour lui offrir un appui salvateur. La main glissée dans les plumes ébène lui permet de conserver son équilibre sans affoler quiconque.

L’Étincelante observe ses deux Haut-Conseillers adresser des paroles rassurantes au blessé avec un sourire doux et bienveillant. Le même que celui qu'elle a destiné à Éclipse un peu plus tôt, lorsqu'il s’est excusé en usant de son titre, pour la première fois depuis bien longtemps. Pas que Sa Majesté s’en soucie vraiment, elle qui passe son temps à dire à son plus proche personnel de l’appeler par son nom (ce qu’ils ne font jamais... sauf Éther, évidemment). Elle a accepté les excuses d’un hochement de tête allié à un sourire, le regard pétillant. La crise identitaire de Vijendra n’est pas terminée, ils le savent tous les deux. Mais un important cap vient d’être franchi.

"Halo, Gour, Autan, merci encore pour cette nouvelle réussite. Cette mission n’aurait pu être accomplie sans vous. Vous avez toute ma reconnaissance. Vous pouvez disposer."

Les trois Chevaliers hochent la tête et se retirent sur une dernière révérence. L’un d’entre eux, perspicace, se permet un "Prenez soin de vous, Altesse" qui lui retire un soupir. Sa convalescence forcée a trop d’impact sur ses sujets à son goût. Son état ne devrait pas leur coûter leur insouciance caractéristique... Heureusement, elle sait bien qu'il ne s’agit pas d’une majorité.

Le regard noisette de l’Étincelante se pose à nouveau sur le lit d’iris qui transporte le blessé à l’abri. Ses sourcils se froncent un instant. Cette attaque directe et gratuite envers l’un de ses sujets ne restera pas impunie. Et elle sait exactement à qui elle va s’adresser...

Obéron et Flammèche reviennent vers elle. Les fées infirmières ont suivi le brancard de l’Infortuné. Il ne reste plus qu’eux et Philomèle, toujours fidèle au poste. Peut-être sent-elle que le poids que la Reine pose sur elle est de plus en plus lourd... Chaque magie a un prix, après tout.

"Haute-Conseillère des Feux, Haut-Conseiller des Flores... Jamais fée à votre poste n’a aussi bien œuvré à sa fonction. Diriger n’est pas simplement prendre des décisions assis autour d’une table en haut d’une tour, mais également plonger au cœur de l’action, être prêt à aider et à protéger notre peuple par tous les moyens à notre disposition, dans l’entraide et sans foncer tête baissée."

Ces paroles sont évidemment plus destinées à l’Impétueuse, qui prend doucement mais sûrement la mesure de son poste, acquis il y a bien peu de catastrophes. Mais une fois encore, Flammèche prouve à Sa Majesté qu'elle ne s’est pas trompée en lui confiant ce rôle.

"Cette nuit, en sauvant Éclipse, c’est de tout notre peuple dont vous avez permis la survie. Qu’iraient se permettre les Pirates après s’être rendu compte qu’il leur serait si facile de violenter les nôtres ? L’Équilibre est chose bien difficile à maintenir, sur notre belle île..." La Reine s’interrompt un instant, songeuse, avant de continuer avec un sourire. "Vous avez bien mérité votre repos. Rentrons."

Élégamment, Mab passe son bras sous celui d'Obéron, avant d'amorcer un retour à l'intérieur du Palais. En croisant l'une des fées-majordome qui s'apprête à rentrer chez elle, elle l'interpelle.

"Nova ? Ayez l'obligeance, lors de votre prise de service demain, de passer par les Beaux Quartiers prévenir Absinthe et Opium que je souhaite les rencontrer dans mes appartements dès qu'ils sont disponibles."

L'employé s'incline en signe d'accord et Mab continue son chemin avec un air aussi satisfait que déterminé.

Il est essentiel de maintenir l'équilibre.

Réunion de soutien au Club-des-Predefs-qui-font-Peur-à-Jouer:

✘ AVENTURES : 2537

The End

Nul ne sait comment cette aventure s'achève,
On l'aura oublié, dès que le jour se lève.

FIN DE L'AVENTURE

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