Après le long silence consterné, la remarque.

- ...Vous me fatiguez.

Elle parle des humains.
La voix d’Écorce est tout autant apathique que consternée... et énervée. Elle se masse les tempes : c'est sûr qu'un mal de tête la guettait. Les humains l'agacent, vraiment. Il faut tout le temps calculer à chaque instant le poids des mots qu'on prononce devant eux. Encore plus quand il s'agit d'enfant. Il est où, le problème ? Elle a trop parlé ? Elle a trop fait la maligne ? Sans doute les deux, et ça l'agace. Écorce n'a pas envie d'avouer ses torts - si tant est qu'elle admet en avoir.

Elle fixe un court instant Skunk, puis se redresse à son tour, avant de battre maladroitement des ailes pour s'envoler de quelques mètres.

- Vous prenez le moindre mot de travers pour une attaque personnelle.

Écorce se le répète mentalement, elle ne craquera pas non plus. La seule chose qui l'énerve réellement, c'est ce qu'elle considère comme le jugement de valeur de Skunk par rapport à ses livres. C'est bizarre, parce que ça l'agace autant que ça ne l'attriste. Peut-être que ça se voit sur son petit visage... ou pas. Il faut dire qu'elle s'est un peu reculée, depuis.

- Les humains dupliquent à l'infini leurs connaissances, ce n'est pas parce qu'une fée prend un livre parmi tant d'autres que le travail d'autrui va être perdu. Sa voix tremble un peu. Et si tu crois que je m'amuse à les voler simplement pour le plaisir et pour recracher bêtement ce qui y est écrit, grand bien t'en fasse. Je ne vais pas m'épuiser à argumenter sur tes jugements de valeurs sans fondement.

Il faut dire que c'est probablement la partie de son discours qui l'énerve le plus. Qu'est-ce qu'il croit ? Qu'elle se contente de voler, de collectionner bêtement, sans rien en retirer ? Si Écorce avait la foi, elle s'expliquerait. Mais ça la fatigue bien trop. Elle a l'impression d'avoir atteint en un très court instant le taux de discussion maximal qu'elle entretient avec un inconnu ; pis encore, à force d'esquiver au maximum les discussions avec autrui, la fée n'a jamais été très douée pour encaisser les disputes et les piques. C'est le genre d'événements qui la perturbe, la déroute, au point de faire trembler son petit corps féerique. Même si elle fait exprès de ne pas le remarquer.

Fuir, c'est mieux, plus facile. Et c'est exactement ce qu'elle est en train de faire. D'autant qu'elle sait pertinemment qu'elle ne serait pas capable d'avoir autant de verve que lui. Tant pis. Elle mettra juste quelques temps à s'en remettre.

- Ne t'en fais pas, "pauvre mortel". J'ai compris. Je m'en vais.

Écorce s'éloigne, ralentit. Elle hésite un court instant avant de se raviser aussi sec. Si elle s'excuse sincèrement, seul l'Esprit Nuit sait ce que le Perdu va encore lui reprocher. Alors elle préfère filer... du moins, elle essaie. C'est qu'avec toute cette histoire, elle en aurait presque oublié le vent impitoyable qui se lève depuis la fin de la pluie. D'autant qu'elle n'est pas en état de voler, mais elle se force : son vol est malhabile, et rappelle celui d'un oisillon qui apprend à se servir de ses ailes.

C'est après avoir pris de la hauteur que son corps lâche : perturbée par la dispute et par une bourrasque de vent soudaine, Écorce est emportée et rebondit contre le tronc d'un arbre. L'impact lui arrache un petit cri de douleur ; déboussolée, elle n'a pas le temps de réagir et finit sa chute contre le sol.
Il lui est difficile de savoir combien de temps elle reste sonnée. Toujours est-il qu'après le choc, ses premières tentatives pour se redresser sont vaines et qu'elle parvient à peine à se mettre sur ses genoux. Une douleur atroce traverse sa tête et son aile droite - à tel point qu'une bouffée d'angoisse à l'idée qu'elle soit fracturée la saisit. Écorce palpe son crâne : la douleur la dérange, lui fait mal. Elle saigne à la tête. C'est ce qu'elle remarque vaguement en apercevant son propre sang, d'un vert aussi profond qu'un sous-bois, sur ses mains.

Là, c'est trop pour elle : pourtant, ça aurait pu être bien pire. Son aile n'est pas cassée, mais son angoisse la convainc pourtant du contraire. Ses sentiments et ses sensations tourbillonnent et débordent : tout est trop intense alors qu'elle ne comprend toujours pas ce qui s'est passé et qu'elle se rappelle soudainement que Skunk est encore là. Ses paroles lui reviennent en tête et aggravent tout.

C'est horrible.  Il a dû tout voir. Il va se foutre d'elle. Si ce n'est pire.
L'Archéologue tremble et est prise d'une violente crise de sanglots incontrôlables. Croiser les prunelles vertes du Dandy éveille en elle une agressivité soudaine et une honte nauséeuse.

- Pourquoi t'es encore là ?! Va-t-en !!

Il faut dire que c'est tout ce qu'elle espérait : qu'il parte. Qu'il la laisse la, en plan, sans doute après s'être bien moqué d'elle. Peut-être même qu'il va l'écraser ? Enfin, ça sera sans doute mérité. Elle est trop nulle. Il vaudrait mieux qu'elle reste dans sa forêt, dans son arbre, sans jamais en sortir.
Un millier de scénarios catastrophes se rajoutent à son esprit et empirent sa nausée. Recroquevillée sur elle-même,vacillante, Écorce s'entoure de ses ailes dans un geste mécanique de protection. Elle ignore du mieux qu'elle peut la douleur à son aile, qui s'est faite plus intense. Dans le pire des cas, son aile est foulée. Dans le meilleur des cas, c'est passager : comme lorsqu'une articulation reçoit un coup.
Dans le périmètre le plus proche de la fée, la nature s'affole en réponse à ses sanglots et ses angoisses incontrôlées. L'herbe jaunit, et quelques feuilles commencent à tomber d'un maigre buisson.

Pour l'instant, elle cherche juste à disparaître.

Écorce l'entend parler, mais elle se sent incapable de répondre, ni de le regarder. Encore moins de répliquer à son "Miss Marple" (ça, elle le retient), ou de répondre à sa dernière question. A croire qu'il s'inquiéterait presque de son état, mais la fée, noyée dans ses propres angoisses, est persuadée que c'est juste un sale piège ou une farce cruelle de sa part. Elle reste recroquevillée sur elle-même, cachée sous ses ailes... et coincée dans le cercle vicieux qu'elle s'est créée. Plus elle a mal, plus elle pleure, et plus elle souffre. Le pire, c'est qu'elle se dit que c'est bien mérité : Skunk vient de lui dire qu'il ne sait pas s'il peut marcher. C'est sa faute à elle et si ça se trouve, son état n'ira pas en s'améliorant.

Argh.
Elle ne pleure pas uniquement parce qu'elle a mal : elle pleure parce que tout est trop excessif pour son corps, trop petit pour supporter toutes les pensées sombres qui l’étreignent.
Parce qu'elle est nulle. Pour tout. Elle est nulle pour tellement de choses qu'elle est incapable de les lister concrètement dans sa tête. Écorce aurait pu rester longtemps dans cet état si la faune environnante n'avait pas senti sa détresse interne. A côté d'elle, un moineau se pose... puis deux. Au final, c'est bien cinq moineaux qui se posent à côté d'elle. Certains l'entourent, comme s'ils voulaient protéger Écorce du monde extérieur. Elle est d'ailleurs très sensible à cette marque d'affection : il faut dire qu'elle a tellement l'habitude de se jeter dans l'encolure de Plumbo au moindre stress qui l'envahit. Il lui faut néanmoins un temps pour calmer ses sanglots.
Elle finit par relever lentement la tête, puis par croiser le regard du Dandy.

...

C'est stupide, vraiment. Il n'est même pas venu l'écraser alors que l'occasion était là. Non, Skunk reste accroché au tronc d'un arbre afin de garder son équilibre. Alors il était vraiment sincère quand il lui a demandé si sa blessure était grave ? Après un court instant de réflexion, Écorce détend lentement ses ailes... et malgré la douleur qui la tiraille, elle comprend qu'elle n'est pas cassée. Mais ce n'est pas tout de suite qu'elle se remettra à voler.

- Je vais bien.

Son grelot est faible et enroué. A ses yeux, elle doit quand même avoir l'air pitoyable : pleurer devant un humain... quelle honte. Écorce tente de reprendre un peu de contenance en se redressant et en saisissant une feuille d'arbre gentiment tendue par un moineau. Elle la presse contre la plaie de son crâne, espérant calmer l'écoulement poisseux, qu'elle sent encore sur le côté de son visage. Même si elle est assise, sa tête tourne... et elle comprend qu'en plus de voler, elle ne se mettra pas tout de suite debout.

Autour d'elle, des piaillements qu'elle devine énervés commencent à se faire entendre. Ce sont les moineaux qui l'entourent et qui, visiblement, jugent Skunk responsable de l'état actuel de la fée. Ils ne sont pas encore au point de l'attaquer, et se contentent de sautiller et d'afficher clairement leur mépris à l'égard du Perdu. Au vu de leur taille, ils ne feraient de toute façon pas grand chose...

- Arrêtez, ordonne Écorce en posant sa main sur l'encolure du moineau le plus proche d'elle. Il n'a rien fait, je me suis fais mal toute seule.

Les moineaux se renfrognent, certains continuent de jeter des petits coups d’œil à Skunk. Mais heureusement pour Écorce, ils restent à ses côtés. Cette présence continue, qu'elle sait amicale, réconfortante et dénuée de tout jugement, finit par l'apaiser. Ses tremblements s'arrêtent, ses pensées sombres également. Sensibles à ses ressentis, les oiseaux s'écartent légèrement, sans pour autant la lâcher du regard.

Lorsqu'elle s'en sent enfin capable, Écorce tourne la tête vers le Dandy. Son ton est, à son tour, incertain :

- ... Tu devrais t'asseoir.

Elle ne rajoute rien de plus, jusqu'à se rendre compte que cette phrase pourrait - sait-on jamais - être mal comprise.

- Je veux dire, tu devrais aussi t'asseoir. A cause de ta tête. Elle fronce les sourcils pour elle-même. Et... je peux te trouver quelque chose si tu as encore trop mal. Une plante, par exemple.

Écorce passe en revue les plantes qu'elle connait. Il lui semblait bien que la grande camomille marchait bien contre les douleurs, mais elle n'en était plus sûre avec sa tête qui tourne : et de toute façon, serait-ce vraiment efficace contre un coup reçu à la tête ?

Du coin de l’œil, Écorce l'observe s'asseoir, et note distraitement cette étrange manie qu'il a de ne pas tâcher ses vêtements. ... Enfin, vu son style, il faut dire qu'elle le comprend un peu. C'est probablement l'un des rares Perdus qu'elle a vu, si ce n'est le seul, à avoir une apparence aussi soignée. Distraite, la fée appuie sa feuille d'arbre contre sa plaie. Si elle l'écoute, elle ne sait pas vraiment par quoi commencer. Aussi, la première chose qui lui vient est :

- Merci.

De quoi ? Qu'il ne lui fasse pas mal ? C'est stupide, Écorce le sait très bien, mais elle ne voit rien de mieux à ajouter. Quoique. Il vaut peut-être mieux qu'elle ajoute quelque chose histoire d'éviter un second drame.

- Enfin... merci de ne pas vouloir me faire du mal. Et, euh. Désolée. Pour le reste.

Au final, ça sonne encore plus bête qu'elle ne le pensait. La fée des forêts pousse un immense soupir et tourne la tête, désespérée d'elle-même. Désolée de quoi ? Oh et puis, il n'a qu'à se débrouiller et interpréter par lui-même !
Écorce préfère l'observer. Encore. Et repenser à son "comme d'habitude". La fée est très bien placée - de son point de vue - pour savoir à quel point les humains sont égoïstes et stupides envers leur propre paire, surtout les Garçons Perdus. A croire que leur passion favorite est de trouver le bouc émissaire du moment, et de le renouveler lorsque celui-ci est trop amoché. S'il dit ça, c'est qu'il doit subir beaucoup de moqueries : plus soigné que tout le monde, son côté arrogant, dédaigneux et son intelligence ne doit pas non plus aider. Même si ça ne justifiera jamais les coups.

- Ce n'est pas parce que tu as l'habitude qu'il faut accepter de souffrir à cause des autres.

Par pur esprit de contradiction, elle n'a pas envie de l'écouter : le seul problème étant qu'elle n'est en effet pas en état de se lever pour aller cueillir des plantes. Ah, ça l'énerve ! Vivement qu'elle soit remise ; en soit, elle n'a pas si mal que ça. C'est surtout le choc qui l'a troublé, plus que sa blessure superficielle bien méritée. Même si elle n'a pas envie de le dire.

- Mais si tu veux boire, je peux aller te chercher de l'eau.

Elle dit ça, mais elle se doute que ce sera plutôt le travail des moineaux qui l'entourent. Et même si l'idée ne les ravit pas, elle sait qu'ils le feront quand même. Il faut dire qu'elle dit aussi ça parce qu'elle ne sait pas quoi dire, et que ça la gêne qu'ils restent tous deux là, assis comme des idiots, parce que l'un comme l'autre souffre trop pour se relever tout de suite. C'est peut-être pour tout ça qu'elle sent le besoin de préciser :

- ... Je ne sais pas parler. C'est pour ça que que je n'aime pas les gens. C'est fatiguant de devoir chercher ses mots pour ne pas créer un conflit. Je fais toujours tout de travers, et ça finit mal. Comme maintenant.

Elle tourne la tête, encore. Un peu honteuse ; aussi bien de ce qu'elle raconte, que de ce qu'elle s'apprête à dire.

- Les livres n'expliquent jamais comment marchent les relations sociales.

- J’accepte que dalle. Les autres, je les emmerde. Je dis juste que je sais très bien ce que je fais. Je me débrouille mieux tout seul, de toute façon.

Écorce cache l'ombre de sourire qui naît sur ses lèvres. Loin de se moquer de lui, elle n'a pas non plus envie qu'il pense ça. Elle est juste impressionnée, et un peu amusée, du début de sa phrase. Elle aimerait aussi dire aux autres qu'elle les emmerde, mais elle n'y arrivera probablement jamais. Quant à l'eau qu'il refuse ensuite, elle note dans un coin de sa tête qu'elle lui proposera à nouveau plus tard, peut-être avant de partir. Sait-on jamais...

Recroquevillée sur elle-même, Écorce écoute Skunk, sans chercher à l'interrompre. Plus elle l'écoute, plus elle serait presque gênée de se rendre compte à quel point tout ce qu'il dit est évident, à ça près qu'elle n'a jamais eu de discussion pareille avec un humain. Ses yeux oblongs s'agrandissent quand elle se rend compte d'une chose : Mais oui, évidemment. Comment a-t-elle pu ne pas y penser ? A sa place, elle aurait réagi pareil ! Son erreur a été de le croire aussi stupide que les autres. Incapable de contenir ses émotions, elle tourne la tête vers le Dandy et affiche l'air de quelqu'un qui vient d'avoir la révélation du siècle.

- ... C'est normal, ça m'aurait énervé aussi. Mais, j'ai fait une... elle hésite, ralentie par le peu de gêne qui lui reste pour s'excuser, ... une erreur. J'ai tellement l'habitude que les Garçons Perdus soient des idiots que je t'ai jugé avant même de te connaître.

Bon bah super, elle ne sait plus quoi dire. Écorce a un peu moins mal à la tête, et elle a l'impression qu'elle ne saigne plus. Autour d'elle, les moineaux se sont définitivement calmés, en témoigne leur plumage gonflé.

- Tu... tu peux marcher, maintenant ? Lance-t-elle sur un ton sincèrement inquiet, avant d'ajouter : Je devrais peut-être te laisser tranquille.

A force de l'écouter, Écorce n'a plus envie de partir. En fait, elle n'aime pas trop ce qu'il dit, encore une fois. Le fait qu'il ait l'habitude, le fait qu'il va attendre que ça aille mieux. Qu'est-ce qu'il en sait, si ça va aller vraiment mieux ? Si ça se trouve, quelque chose va sortir des fourrés pour le dévorer. Ou alors, il va attraper froid. Ou mourir à cause de son coup sur la tête.

L'Archéologue se perd dans ses pensées et ses plans sur la comète. Elle est à deux doigts de s'angoisser toute seule quand le pépiement des moineaux la ramène à la réalité. Puis la voix de Skunk se fait entendre à nouveau :

- Est-ce que tu peux rentrer sans encombre, toi ? L’un de ces piafs doit bien être capable te porter, non ?

Écorce rigole un peu : pas pour se moquer, plutôt à l'attention de ses amis à plumes qui s'agitent, visiblement agacés de la dénomination.

- Oui, sans aucun problème. Ne...

Elle s'arrête. Est-ce qu'elle a vraiment failli dire "ne t'en fais pas pour moi ?". C'est idiot ! Surtout vu la situation. Écorce préfère se taire, se redresser, afin de faire quelques pas. Un pied devant l'autre. Son équilibre est précaire, mais ça devrait revenir. En revanche, elle ne va pas s'aventurer à voler, et montera sans doute sur le dos d'un des moineaux présents.

- Est-ce que... Je ne suis pas certain de comment cela fonctionne, mais... Si je tape des mains, est-ce que cela peut t’aider ?

La fée ne répond pas tout de suite, se contente de faire les yeux ronds au Perdu. Il lui faut un temps de latence pour comprendre, et lorsqu'elle saisit enfin ce qu'il veut dire, elle lâche un "Oh !" de surprise, avant de plaquer ses mains sur sa bouche. Elle a peur de trop en faire, que ses réactions soient mal interprétées.

- Excuse-moi, s'empresse-t-elle de dire afin qu'il n'y ait pas de malentendu. C'est juste que... je ne m'y attendais pas. Mais ça va aller, tu n'as pas besoin de faire quelque chose.

Écorce fait à nouveau quelques pas. Sans doute que la scène serait comique, de la voir marcher, suivie par une colonie d'oiseaux qui se postent à la queue leu leu derrière elle. La fée des forêts s'arrête devant Skunk, le dévisage un court instant. Elle n'a jamais aimé se tenir à cette taille, face à des humains. Qui sait ce qui pourrait leur passer par la tête ? Là tout de suite, ce serait trop facile de l'écraser, de la broyer dans une main... enfin bref. Elle secoue la tête pour elle-même, afin de chasser ces pensées idiotes, et grimace un peu en sentant une douleur lancinante se réveiller.

Elle hésite, avant de reprendre la parole :

- Hum... Écorce joue avec ses doigts. Tu sais, je suis une fée des forêts.

Sans blague ?

- Ce que je veux dire... c'est que... finalement, c'est dangereux, si tu restes ici tout seul. On ne sait jamais. Je n'y connais pas grand chose, mais je sais que les blessures à la tête peuvent être dangereuses pour les humains. Pour les fées aussi, mais passons. Et puis c'est de ma... faute... si tu es comme ça.

En fait, ce n'est pas du tout là où elle veut en venir, mais passons. A chercher ses mots, elle tourne souvent autour du pot.

- Enfin... vu que je suis une fée des forêts, je m'y connais en... forêt. En plantes. Je peux te faire un cataplasme pour ta plaie. Ça ne sera pas grand chose, mais ce serait le temps que tu puisses te soigner convenablement. Je sais que tu as déjà refusé, mais je me permets d'insister.

C'est qu'à force de lui parler, elle se sent vraiment mal d'avoir fait tomber ce livre sur sa tête.