L'attitude du jeune humain plut à la fée. Celle-ci afficha un sourire satisfait, si elle pouvait mettre de son côté toutes ses chances... alors elle le ferait. Le hasard ne lui faisait pas toujours de beaux yeux verts, alors il valait mieux tous les récolter.

- Pour le moment, il faudra simplement patienter. Je devrai de toute évidence me soumettre à ce que la Reine exigera.

Un temps, jouant en un souffle avec une petite lueur verte qui naissait entre les doigts de la fée.

- Vois-tu, j'aspire à devenir fée marraine. Et pour cela, il me faut un filleul.

Comme détachée en narrant ces mots, Absinthe se concentrait sur la lumière avant de remonter le regard sur le Garçon Perdu alors que le vert mourrait.

- Accepterais-tu d'endosser ce rôle ? Il ne te demandera pas grand chose si ce n'est de rester fidèle à ta créativité.

Ajustant sa posture afin de faire face au Dandy, elle était bien certaine de ce qu'elle formulait. La Fée Verte se montrait si aisément dédaigneuse de coutume, néanmoins ici elle pensait voir un artiste qui saurait correspondre à ses desseins sur le plan d'une muse. Là seulement elle laissa paraître un air quelque peu... vexé. Contrit.

- Où avais-je donc l'esprit ? Qui s'allierait à un inconnu sans demander son reste ?

Rire cristallin élégamment habillé du dos d'une main pâle, afin de demeurer en retenue.

- Je suis Absinthe, la Fée Verte.

Attentive, elle veillait à ne pas perdre une miette des agissements du Garçon Perdu. Comme une partition détaillée où il fallait impérativement saisir la moindre nuance.

Son petit surnom semblait être connu du jeune artiste, et Absinthe souriait doucement. Mais de ces sourire sérieux qui guettaient la suite des événements. Et la Fée Verte laissa échappé un souffle du nez, comme un rire étouffé, à la mention du Joker. Certes. Il paraissait dans ses papiers. Une expérience de longue date.

Si les notes de surprises et peut-être d'amusement avaient été, elles furent bien vite évincées par quelque chose d'autre. Comme un coquillage se fermant, solide, cachant ainsi au reste du monde son trésor. Pourquoi ce revirement ? Absinthe prit un masque plus analytique, derrière le sourire tendre qui poursuivait l'attente et avait acquiescé à son surnom.

Le nom vint enfin, Dandy. Et bien, les garçons perdus avaient enfin nuancé leur approche de la bienséance pour sortir une telle appellation.

- Enchantée, Dandy.

À nouveau, la mention de son projet de grand couturier, elle cessa de divaguer dans quelques questionnements. Pourquoi donc ce Dandy s'en souciait ? Quel intérêt ? Bras croisés sur la poitrine, l'index tapotant l'avant-bras, elle dévisageait gentiment le Récolteur.

- Voyons, cher Dandy...

Haussement d'épaules délicat.

- Il ne m'a même pas vue une seule fois. Je me contente de lui glisser de l'inspiration lorsqu'il dort, j'observe parfois de loin. Rien de plus. Je suppose qu'il me confond avec autre chose, pour ne m'appeler que par mon surnom.

Sourire taquin.

- Alors que toi, ne serait-ce que par ton nom, je pense bien n'avoir aucun mal à te présenter dans mes cercles d'amis de haute société.

Absinthe s'attendrissait en reposant les mains sur ses hanches.

- Je ne sais quelle humeur t'animer, mais ne craint pas de concurrence. Aucun garçon perdu ne pourra me faire perdre mon temps, il est bien trop bref et précieux pour moi. Dandy, je ne serais pas ici dans ta paume si je n'étais pas convaincue.

Contemplant finalement la machine créée par le Récolteur, elle corrigea délicatement une mèche de cheveux en la rangeant derrière l'oreille.

- Et tu sembles si bien parler à l'élément au fond de ma nature profonde.

Ces touches de folie offrant les lumières libérées...