Les couloirs sous les gradins sont vides, il n'y a que moi ici, le vent souffle emportant dans son sillage le son des anciens combat ayant été menés dans ces lieux et me caresse le dos des cris des pauvres enfants ayant failli entre les mains de leur adversaire et les murs de L'Arène.

Je me sentais sale d'avoir brisé une règle de Peter -se battre avec un camarade-, mais je devais en payer le prix et affronter ce camarade dans L'Arène, j’espère que le tournure que prendra les événements nous épargnerons tout les deux...au moins nous nous battrons dans les règles...

Même si au final je n'ai pas envie de me battre du tout...je ne suis à l'aise -plus ou moins- qu'avec mes lames durant un combat, alors affronter quelqu'un à mains nues n'était pas ma préférence...je ne suis pas forte ou musclée, mais au moins je suis rapide et "agile"...

Et puis mon entraînement d'armurière est plutôt bon non? je dois faire confiance à ce que Monsieur Sharpy m'a appris.

Silence....

Peut être que l'arbitre acceptera que l'on s'affronte avec nos lames? Qui était l'arbitre d'ailleurs?

Je n'ai assisté qu'à un seul autre combat auparavant...c'était celui de Soul avec...qui était-ce déjà? Hmmm peut-être que c'était juste un rêve au final...

Toujours est-il que dans ce rêve Soul s'était mué en une rage noire, ce qui m'effraye c'est que cela m'arrive ou pire, qu'Apache devienne un monstre de colère...

Je souffle, je réajuste les mitaines que l'on m'avais prêtée, je porte en pantalon, c'est plus pratique pour le combat mais je ne suis pas du tout à l'aise, j'ai plus l'habitude de mes robes et mes jupes, je soupire et j'entre dans l'Arène, le soleil me frappe le crâne, le sable rentre dans mes sandales et le bruit des gradins deviennent surpuissant comme si je venais de sortir de l'eau.

Je flippe....Apache devant son entrée me regarde fier et narquois.

Est-ce que quelqu'un dans les gradins est là pour m'encourager?

Je flippe...

Crow lui avait donné rendez vous, et comme pour chaque rendez vous, Apache avait prit tout son temps pour se préparer.
Il avait laissé tomber son blouson de cuir, pas assez souple pour le combat, même s'il ne rechignait pas toujours à le garder en toute circonstance. Il l'avait cette fois ci troqué contre un pull large mal foutu a grosses rayures rouges et noires horizontales. Le genre de pull qui lui allait à la fois trop court et trop grand, lui tombant sur les épaules mais découvrant son ventre.
L'art d'être mal fringué, c'était tout une culture !
La culture punk.

Pour aller avec il avait enfilé son baggy léopard préféré et qui faisait grimacer tant de gens, un collier en cuir noir bardé de pointes, et pour parfaire le tout, il s'était offert la coquetterie d'un peu de rouge sur les paupières, à la manière d'un eyeliner un peu trop épais qui surlignait ses yeux.

Il en faisait un peu trop ?
Jamais assez.

L'iroquois aimait bien se faire quelques peintures de guerre avant d'aller se battre, histoire d'assurer un minimum le show et qui sait, peut être un chouilla déstabiliser son adversaire.

Avant de quitter la cabane des chasseurs, il n'avait bien évidemment pas oublié ce qu'a la base il était avant tout venu chercher; sa fidèle et maudite lame dorée.

Ce fut donc fraichement looké, maquillé et armé que l'Anarchiste pénétra dans l'arène d'une démarche assurée, le torse bombé, la tête bien droite, ses crêtes hérissées vers le ciel et l'allure fière. Un coup d’œil aux alentours pour aviser qu'il était, malgré le temps prit à se faire beau pour la Lady, le premier des deux arrivé.

Dans les gradins, il n'y avait pas grand monde, mais un peu tout de même, assez pour qu'on puisse appeler ca un public.

Crow ne se fit pas désirer bien longtemps, apparaissant à son tour.
Elle aussi, elle s'était changée, troquant sa robe contre un pantalon, plus adapté à la bagarre, supposément.
Ca la changeait vachement, l'air de rien. Ca faisait ressortir un peu plus sa silhouette longiligne, fine comme une brindille.

Comme pour l’accueillir, outre un regard noir de circonstance, le punk dégaina son épée, le soleil frappant sa lame si particulière et s'y réverbérant alors que le garçon s'amusait à lui faire décrire de grands arcs de cercle, jonglant avec l'arme comme pour prouver qu'il était à l'aise avec, qu'il savait s'en servir.
Au bout de quelques minutes, il cessa son petit jeu, le concluant d'une révérence mal exécutée à l'attention de la jeune fille qui était son adversaire, se penchant en avant, dans sa direction, un sourire méchant dessiné sur les lèvres et son épée toujours en main.

Fine comme une brindille, Crow. Une brindille qu'il avait bien l'intention de casser en deux.

Une fois encore, on la dérange.
On vient la tirer de son sommeil, la traîner jusqu’à l’Arène. En chemin, elle comprend vaguement qu’il faut arbitrer. C’est parce qu’elle est Mère, non ? Sans doute.

Le gamin devant elle parle à toute vitesse et - de son charabia - elle tire deux noms. Apache, Crow. Des Perdus qu’elle connaît vaguement, pas ses enfants. C’est peut-être pour ça qu’on l’a choisie. Parce qu’elle était là, parce qu’elle s’en foutra.
Ils auraient tellement raison, elle s’ennuie déjà.

Lorsque Love fait son apparition dans l’Arène, il y a du monde. Des enfants dans les gradins, et deux adversaires. Apache a l’air méchant et Crow ne semble pas rassurée. Love soupire et fait quelques pas, se plaçant entre les deux.
Il lui faut parler fort, non ? Il lui faut se fatiguer. C’est ça, l’existence, au Grand Arbre. À ce qu’il paraît.

Un regard vers le Chasseur, un regard vers l’Armurière. Elle n’est pas experte, Love, en combat. Elle n’est pas experte pour décider, et pourtant elle est là. Après un temps sans doute un peu trop long, elle élève la voix.

- Rapprochez-vous. Je veux voir vos armes.

Un bâillement, qu’elle étouffe nonchalamment d’une main presque peinturlurée. Dans la main d’Apache, elle voit une jolie épée dorée, mais qu’en est-il de Crow ?
Il lui faudrait être juste, il lui faudrait arbitrer.
C’est ça, l’existence au Grand Arbre. À ce qu’il paraît.

Mme Love entre dans l'Arène, elle est sublime, comme tout les jours, je l'enviais, comment pouvait elle paraître aussi belle dans tout les instants?

Elle doit arbitrer sûrement car son statut de Mère et en plus de Mère des Sentinelles l'y oblige, mais je lui fais confiance, elle saura être impartiale, professionnelle et juste.

Je m'approche à sa demande avec Apache qui faisait de même, il est tellement sûr de lui s'en est terrifiant pour moi.

- Rapprochez-vous. Je veux voir vos armes.

Pardon?

Je vis alors l'arme qu'Apache tenait en main, je sent une boule se former dans ma gorge, comme coupant tout passage à l'air, comme si je ressentais déjà le fil doré tranchant avec aisance la chair de mon coup.

Je bégaye:

-Je..je ne savais pas que l'on avait droit aux armes, je croyais que tout ceci se réglerais à mains nus....p-p-puis-je aller chercher au moins une de mes deux rapières dans les vestiaires s'il vous plaît?

Je ne sais vraiment pas quoi faire; tremblante et suant à cause de la chaleur, de la pression du bruit et de l'humide étreinte de la peur.

Putain de merde, ils font chier !

C'était à peu de choses près les mots qui avaient traversé l'esprit de l'iroquois alors que Love avait débarqué dans l'arène, de sa démarche trainante mais non moins charmante.

Ouais, elle était belle cette fille la, ce n'était pas Apache qui allait penser ou dire le contraire, mais cela ne l’empêcha pas de lever les yeux au ciel, sa mine se peignant d'une exaspération théâtrale, férocement surjouée, histoire d'être bien sûr que tout le monde capterait ce qu'il pensait de la présence de cette garçonne la.

La mère des sentinelles.

Rien que ca !

"Rapprochez-vous. Je veux voir vos armes."

Le punk soupira bruyamment, se rapprochant tout de même, et s’exécutant sans aucune bonne volonté apparente.

"On a pas besoin d'un putain d'chaperon pour se mettre sur la gueule" Qu'il lâcha entre ses dents à l'attention de leur arbitre, n'attendant pourtant visiblement pas vraiment de réponse de la Lascive. C'était peine perdue. Dans la Grande Centrale, nombreux étaient les gosses qui se trouvaient incapables de faire autrement que comment les règles l'édictaient.
Il y avait toujours un foutu règlement pour tout gâcher !
Le summum du chiant, selon l'anarchiste.
Même pas la liberté de trancher de la bourgeoise en toute tranquillité. Non. Il fallait forcément que cette saloperie de hiérarchie y fourre son nez !

Chiotte!

"Je..je ne savais pas que l'on avait droit aux armes" Les bégaiements de Crow attirèrent de nouveau et automatiquement le regard noir du chasseur. "Je croyais que tout ceci se réglerais à mains nus....p-p-puis-je aller chercher au moins une de mes deux rapières dans les vestiaires s'il vous plaît?"
- Gnégné s'il vous plaiiit...! L'Hérissé avait répété en minaudant, se foutant ouvertement de la gueule de sa prochaine adversaire et de ce qu'il aurait désigné comme une stupide soumission. "J'vais faire gicler ton sang, comme ça on va pouvoir vérifier s'il est bleu comme on raconte !" Une menace même pas déguisée. Les nobles avaient le sang bleu. C'était un vieux truc historique qui était resté gravé dans la mémoire du punk. Il n'y croyait bien sûr pas vraiment, mais ca lui faisait plaisir de foutre un peu plus la pression a cette Lady qui n'en menait déjà visiblement pas large.
Et puis la présence encadrante de Love avait foutu un peu plus les nerfs au révolté.
Il avait soif d'en découdre.
Il avait hâte.
Et ca se sentait dans son regard noir qui fusillait la jeune fille qui lui faisait face.

Crow pâlit, Apache râle. Love ne connaît réellement ni l’une, ni l’autre, mais elle sait que leurs réactions n’ont rien de surprenant. Sans accorder d’attention aux mots du Chasseur - elle se doute bien, à son ton, qu’ils n’ont rien de sympathique - la Mère tourne la tête vers Crow.

- Je..je ne savais pas que l'on avait droit aux armes. Je croyais que tout ceci se réglerais à mains nus....p-p-puis-je aller chercher au moins une de mes deux rapières dans les vestiaires s'il vous plaît?

De l’autre côté, Apache raille :

- Gnégné s'il vous plaiiit...!

Un sourire mort étire les lèvres de la Lascive. Pourquoi défier un chien hargneux, si c’est pour se décomposer après ? Ce n’est pas parce que la plupart des duels se jouent sans armes que celui-là serait pareil.
C’est à elle de choisir, de toute façon.

- J'vais faire gicler ton sang, comme ça on va pouvoir vérifier s'il est bleu comme on raconte !

Menace qui aboie, parade qui n’impressionne pas la Mère, même si l’ombre d’une question effleure son esprit. Qu’est-ce que Crow a bien pu lui faire, pour déclencher une telle bravade ?
Le décoiffer, peut-être ? Ou le contraire ?

Un geste lent, contact étudié alors que Love se rapproche et pose sa main sur celle de l’Hérissé, exerçant une pression infime. Et un autre sourire, plus vif cette fois, alors qu’elle lance, d’une voix traînante :

- Tu le feras avec tes ongles ou tes dents.

La vie des enfants qui se tiennent devant elle lui importe peu, mais Love ne veut pas d’ennuis. Pas de compte à rendre, si quelque chose devait dégénérer.
Un centimètre ou deux de plus, juste assez pour qu’il soit à portée de murmure.

- Je suis sûre que tu sais t’y prendre.

Cela m'énerve au plus haut point que l'on me considère juste comme la fille noble, ou la petite princesse fragile, juste parce que j'ai des manières et que suis polie; je ne savais même pas d'où je venais, et ma personnalité ne veux en aucun cas dire qui je suis.

Je sais que je fais tâche au sein de l'Arbre, il n'y a pas besoin d'en rajouter en me parlant de sang bleu.

Mais son intention meurtrière et la force de son regard me fit trembler à nouveau de plus belle, tenant avec difficulté sur mes deux jambes, je reculais de quelques pas, de peur qu'il n'attende pas le coup d'envoie pour me sauter au coup et m'arracher la jugulaire.

Les moqueries d'Apache m'atteignent, font mouche, et je baisse les yeux, honteuse et vexée, mais peut-être qu'il avait raison? Je ne suis peut-être qu'une fille pourrie gâtée?

J'attends effrayée, tremblante mais patiente que mademoiselle Love énonce les règles, jetant un coup d’œil appréhensif vers les gradins, et très peux de gens s'inquiètent de mon sort apparemment, ils viennent en majorité pour le spectacle, mais je me refuse à leur en donner, ceci était une affaire sérieuse, jugée dans les règles de L'Arbre, les règles de Peter....

Je me demande où il est, il aime assister à ces événements, et sa présence me donnerait du courage et me rassurerait au moins sur le fait que quelqu'un au moins s'inquiète pour moi.

Mademoiselle Love clame les règles, pas d'armes; Pan merci; j'expire toute la tension qui s'était formée, dans mon cœur et sourit tout doucement.

Mais le combat vas bientôt commencer, alors je recule prête à recevoir les assauts d'Apache, levant ma garde, mais tremblant encore des genoux, j'ai si peur de ce qui va suivre.

Je clame assez haut et fort, mais bégayante:

-J-Je suis prête!

L'iroquois enflammé fusillait du regard la jeune demoiselle qu'il avait en face de lui. Peut être que sa tactique se composait entre autre d'une tentative de tuer son adversaire rien qu'avec les yeux ? Bien que le résultat fut inévitablement décevant, ce punk la n'étant pas équipé de rayon lazer, l'attaque gros yeux de celui la eu tout de même un certain effet; celui de visiblement intimider Crow dont l'absence d'assurance lui suintait par tout les pores et plus encore de par son langage corporel.
Moyennement efficace, donc.

L'attention d'Apache fut cependant capturée par l'arbitre alors qu'il sentit un contact de sa part au niveau de sa main, légère pression qui appelait son intérêt.
Elle souriait.

"Tu le feras avec tes ongles ou tes dents." Qu'elle fit d'une voix trainante, exsangue d'entrain, en réponse à la provocation que le punk avait lancé l'instant d'avant à la Lady.
En d'autre terme ?
Les armes étaient bannies.
La mine du garçon s'effondra de contrariété, sa mâchoire se serrant visiblement à s'en faire grincer les dents.
Décidément, tout était fait pour le foutre dans la plus sombre des rognes.
Quelqu'un allait devoir payer pour tout ça, et la cliente était toute désignée du regard noir que l'anarchiste lui lançait.

La Lascive n'en avait pourtant pas terminé, ajoutant un peu plus bas, un peu plus près de l'adolescent, dans un souffle presque, rien que pour lui, à l'en faire frissonner.

"Je suis sûre que tu sais t’y prendre."

Le chasseur cligna des yeux tout en tournant rapidement la tête vers la mère des sentinelles. Celle si s'était tant rapprochée qu'il eut un petit mouvement de recule de la tête, ses joues se teintant d'une jolie couleur qui rappelait les heures les plus rouges de la Russie.
C'était très bizarre ça !
Le punk avait ouvert la bouche, comme s'il allait répondre quelque chose.
Il était quasiment sûr d'y détecter un genre de... Sous entendu.
Il referma la bouche sans que rien ne franchisse ses lèvres, un chouilla perturbé.

Ok.
Il ravala sa salive.

La remarque de cette jolie fille eu le résultat d’à la fois refroidir et réchauffer le révolté, le sortant d'une certaine manière de sa colère combative.

Cependant, ce fut Crow qui, de sa voix certes forte mais toujours aussi peu assurée, se rappela à l'attention de l'Hérissé qui lentement avait de nouveau tourné la tête vers elle, se reconstituant une mine dure, même s'il lui restait quelques traces de gêne adolescente sur les pommettes.

"J-Je suis prête!"

Apache souffla bruyamment du nez, exprimant par la sa contrariété toujours bien présente, puis, un peu brusquement, il refila son épée dorée à l'arbitre, lui enfonçant dans les bras sans lui donner plus d'attention que cela.
Puisque les armes étaient proscrites...

Elle était prête, la Lady, hein ?
Et bien c'était ce qu'on allait voir.

Le garçon prit une longue inspiration, puis, il se décala, s'éloignant doucement de Love, mais pas de Crow. Il ne s'en rapprochait pas non plus, gardant une distance qu'on aurait pu qualifier de sécurité.

Il lui tournait autour, en fait, la fixant d'un regard mauvais.

Je suis..un lapin....et un loup féroce me tourne autour, autant dire que je suis déjà morte.....j'ai peur, je le sens jusque dans mes os; et Apache, prêt à me déchiqueter montre crocs et griffes, c'est déroutant.

Je ne sais pas si je dois lancer le premier coup? Je réfléchit...est-ce que je dois faire preuve de ruse? Non, ça l'énerverait encore plus....

Et essayer de lui parler? Encore moins, il me mettrais à mort immédiatement, je n'ai plus le droit de me défiler...

Je dois gagner du temps pour être sûre d'une stratégie....courir? En cercle? Non ça ne ferait que nous épuiser...et il risquerait de gagner à ce jeu étant donné qu'il doit avoir plus d'endurance....mais je suis plus rapide....mais moins forte, donc mes coups doivent tous être parfaitement bien placés....

Et je n'ai pas de muscles, malgré mon rôle d'Armurière... donc ma première impression était la bonne: je suis déjà morte...

Mais je ne dois pas me dégonfler, sinon je risque de me faire bannir, et mon honneur pourrait être taché à jamais, alors, que dois-je faire?

Je le vois faire toujours des cercles autour de moi, et je ne sais comment l'approcher, je maintien ma garde; mes bras se croisent, mes mains sont fluides, prêtent à parer, et j'avance un tout petit peu vers Apache.

Je vais me faire tuer en deux minutes, si j'était dans les gradins je parierait contre moi pour sûr...

-Tu sais, on pourrais régler ça autrement sinon?

...MAIS QUELLE ABRUTIE! Pourquoi j'ai dit ça?! Qu'est ce que je vais faire? Il va juste m'arracher la tête!

Ces mots se sont glissés hors de mes lèvres alors que je ne les avaient même pas pensé...donc c'est définitivement sûr à présent....je suis morte et enterrée.

Lentement, comme à son habitude lorsqu'il démarrait un combat de ce genre, Apache tournait autour de son adversaire, doucement, tranquillement même, semblait-il. Mais plus alerte en réalité que ce qu'il devait laissé penser.
Il se tenait relativement droit. Ne prenait pas de réelle position d'attaque et encore moins de défense.
Il n'y avait que ses muscles un peu trop raides et ses poings serrés d'avance pour le trahir. Son regard noir, aussi, sans doute, qui ne lâchait pas Crow, clignait même rarement. Entièrement focalisé sur elle, il lui offrait son entière attention. Il n'y avait plus qu'elle qui comptait. Tout le reste disparaissait. Et il avait bien l'intention de la faire morfler.

Elle, de son coté avait l'air plutôt débordé. Elle avait levé ses poings devant elle en position de défense mais l'assurance était loin de suinter de sa gestuelle. Elle attendait le premier assaut... Ou peut être pas ? Elle fit un pas vers le punk qui se stoppa net dans sa ronde, poings et dents serrés, et puis, contre toute attente, au lieu d'une attaque, ce fut une voix qui vint, s'envolant sur le terrain, elle sonnait toute petite, écrasée par les gradins qui entouraient les deux bagarreurs.

"Tu sais, on pourrais régler ça autrement sinon?"

La proposition fit cligner trois fois de suite les yeux du garçon, assez surpris d'entendre une chose pareille ici et maintenant.
La surprise passé, un sourire un chouilla condescendant se dessina sur les lèvres du chasseur.

"Tu propose quoi ?"

Il acceptait ?
Allez savoir.
Peut être que de voir cette gamine qu'il estampillait de l'étiquette si peu bienveillante à ses yeux de bourgeoise se dégonfler lui faisait particulièrement plaisir, et que l'idée de la voir s'enfoncer dans cette espérance réveillait en lui ce petit coté sadique que, certes, il n'avait pas tendance à cultiver mais qui en de rares moments faisait battre son cœur d'une bien étrange façon.
A moins qu'il n'ai pitié ?
Avait-il changé d'avis ?
Est ce que finalement la perspective de taper sur une jeune fille toute fine le rebutait ?

Je...euh...je proposes quoi?

Il ne bouge pas, il est détendu et accepte ma proposition?

Je souris gentiment pour lui répondre, peut être qu'il n'est un aussi mauvais garçon, peut être qu'il veux sincèrement se racheter et refuser le combat?

J'avance doucement, baissant ma garde et déclare:

-Et bien si tu es calmé, tu peux venir avec moi, on explique tout à Madame Love et on oublie tout, évidemment tu fais des excuses à la nouvelle.

Je lui explique mon idée et éspère qu'il accepte, je souris encore et continue:

-Je t'avoue que je ne voulais pas en arriver là et encore moins continuer ce combat, je ne suis pas du genre à combattre...

Peut être que parler un peu de ma peur de me faire frapper lui fera comprendre mon point de vue?
Je tends la main pour qu'il la serre et rajoute en un petit sursaut:

-Oh! évidemment, je passerais l'éponge sur ce que tu as dit sur Peter et le fait que tu m'ai traité de bourgeoise -même si je n'en suis pas une-.

Je tends la main un temps et les autres enfants dans les gradins commencent à râler et à crier:

-BAGARRE! BAGARRE!

-VAS Y FRAPPE LA!

-POURQUOI VOUS FAÎTES RIEN?!

En réponse; un sourire.

Elle souriait, Crow, et comme en échos, le punk le lui rendit. Mais ce n'était pas exactement le même genre de sourire que chacun arborait.
Celui de la jeune fille avait démarré sans assurance pour s'étirer avec gentillesse et bienveillance.
Celui du garçon était plus difficilement lisible. Comme une expression qui répondait dans le vide, qui ne disait rien de trop particulier, comme un reflet sans arrière pensée.
Le temps d'après, la Lady avait baissé les poings sous les yeux de son adversaire, se rapprochant de lui sans méfiance.

Dans les gradins, le brouhaha augmentait légèrement, réagissant au manque d'action de plus bas.

"Et bien si tu es calmé, tu peux venir avec moi, on explique tout à Madame Love et on oublie tout, évidemment tu fais des excuses à la nouvelle."

Pas de réaction.
Apache restait immobile à la regarder, sans expression particulière.
Crow continua, visiblement très motivée à éviter le combat qui se profilait. Ses mots confirmèrent d'ailleurs ce que son attitude hurlait déjà de plein poumon depuis le moment même ou elle avait posé son premier pied dans l'arène.

"Je t'avoue que je ne voulais pas en arriver là et encore moins continuer ce combat, je ne suis pas du genre à combattre..."

Toujours aucune réaction du coté du chasseur. Il avait même quitté la jeune fille des yeux, son attention se portant vers les gradins, les balayant du regard silencieusement et sans expression particulière.
C'était presque s'il donnait l'impression de ne pas entendre la Lady, ou du moins, qu'il n'en avait pas grand chose à faire.
Le fait que celle ci tende sa main dans sa direction rattrapa cependant son intérêt, ré attirant son attention vers elle.

"Oh! évidemment, je passerais l'éponge sur ce que tu as dit sur Peter et le fait que tu m'ai traité de bourgeoise -même si je n'en suis pas une-."

Ca râlait sévèrement du coté des spectateurs, donnant l'impression qu'ils étaient bien plus nombreux que ce qu'ils n'étaient réellement. Il fallait dire aussi que l'arène était particulièrement bien foutu niveau sonorisation, amplifiant la puissance des cries et de l'agitation.
Une voix en particulier se fit spécialement bien entendre. Peut être de par sa nature, ou peut être par ce qu'elle proposait un quelque chose d'un peu différent des injonctions à se casser mutuellement la gueule. De ce fait, celle ci choppa de nouveau l'attention du punk qui négligea un peu plus encore celle qui lui faisait face, main tendue.

"ALLEZ, VA ! J'OFFRE DES PÂTISSERIES AU GAGNANT POUR QU'IL SE REMETTE DE SES ÉMOTIONS, SI VOUS VOULEZ... MAIS BOUGEZ-VOUS !"

Le sourire qui n'avait pas lâché la bouille de l'Hérissé s'agrandit un peu plus alors qu'il repérait Heaven un peu plus haut, et il lui fit même un signe de la main, l'air de dire "Hey coucou Miss rose bonbon sucé !" Ou peut être que c'était pour lui signaler que l'offre n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd.
Juste après ça, tranquillement, Apache se ré intéressa à Crow, toujours le visage lumineux et calme, il avait même lâché un petit rire détendu, et enfin, il lui répondit un quelque chose d'une voix amusée.

"J'adore c'qu'est sucré."

Et PAF !

Rapide et précis comme il savait y faire, le punk venait de décocher un coup de poing dans le nez de son adversaire, y foutant absolument toute ses forces !

Skunk n’arrive pas à savoir ce qu’il pense de l’Arène.

Intellectuellement, il a un dégoût certain pour le concept; après tout, c’est l’une des scènes favorites de Peter Pan, qui aime tant jouer avec la vie de ses Perdus comme d’autres gosses joueraient à la poupée, et rien que cela rend le lieu détestable. Il y a aussi un petit côté panem et circenses, genre manipulation des foules à l’ancienne en leur filant leur dose de viande rouge, que Skunk trouve révulsant - et tous ces abrutis de gamins barbares qui plongent là-dedans sans même se poser la question...

Evidemment, le fait qu’il finisse lui-même plus souvent qu’à son tour à bouffer le sable de ce charmant endroit influence légèrement son opinion.

Mais dans certaines circonstances, Skunk doit bien reconnaitre qu’il n’est lui-même pas insensible à cet appétit de destruction. Il y a bien quelque chose de jubilatoire dans le fait de voir quelqu’un (d’autre) s’en prendre plein la gueule, surtout quand cela concerne une personne qu’il n’apprécie pas. Alors oui, de temps en temps, il se laisse aller à suivre le mouvement et à assister au "spectacle".

Ce jour-là, cependant, c’est un peu particulier: s’il finit par apparaitre entre deux gradins, les mains dans les poches et l’air intrigué, ce n’est pas en raison de celle qui est bien partie pour perdre. Il connait très peu Crow, certainement pas assez pour lui souhaiter du mal. Mais il ne lui veut pas forcément du bien non plus: quand on se fait surnommer le Dandy et que quelqu’un d’autre dans les parages s’appelle la Lady, il y a forcément des comparaisons de faites. Or Skunk n’a pas vraiment apprécié les “points communs” qu’on leur attribuait; aimer le thé et parler un anglais correct, c’est une chose, mais se faire traiter par analogie de petit aristo chouineur, très peu pour lui, merci.

En plus lui, un aristo, avec l’accent de Britannie industrielle qu’il traîne? Faut vraiment être très con.

Bref. Aujourd’hui, ce n’est pas la victime qui l’intéresse, mais le bourreau.

Sans sortir les mains de ses poches, Skunk s’arrête à la barrière qui entoure le coeur de l’Arène, avec un fantôme de sourire incrédule. Il s’est à peine attardé sur la présence de Love et la silhouette fluette de Crow, pour fixer l’abruti à crêtes qui fait face à cette dernière.

Ainsi, Apache est vraiment sorti de l’infirmerie.

D’un côté, Skunk trouve ça un peu (triste) bizarre de l’apprendre comme ça, par hasard, à cause d’une rumeur de duel; c’est une véritable bonne nouvelle, et le Récolteur aurait bien aimé le savoir plus tôt. C’est que le punk est resté hors course longtemps, sur ce coup-là, tellement longtemps que le Dandy lui-même est allé lui rendre visite chez les Soigneurs, malgré son aversion un peu paniquée pour le processus. L’expérience n’était pas très agréable, et tout ce que Skunk en a retenu c’est que Apache était vraiment amoché. Il ne sait pas trop pourquoi, et au fond il ne tient pas à savoir. Après tout, ils trainent ensemble, de temps en temps, mais ils ne sont pas exactement proches.

N’empêche que ça lui fait quand même plaisir de voir le porc-épic comme ça, sur ses jambes, prêt à se foutre sur la gueule avec un autre Perdu, et vêtu de manière aussi résolument atroce et peu fonctionnelle qu’il peut l’être - le collier à pointes dans un combat au corps à corps, Apache? Sérieusement?

Encore que pour l’instant, question combat, ça n’a pas l’air d’une intensité folle: qu’est-ce qu’ils font tous les deux, ils se parlent? Dans les gradins, le public râle, s’indigne, exige sa dose de sang. Et quand Crow tend la main à Apache, les hurlements fusent.

Skunk, lui, continue de sourire. Un vilain rictus satisfait, qui ne découvre pas ses dents et n’atteint pas ses yeux clairs.

Il n’est peut-être pas vraiment proche d’Apache, non. Mais il le connait bien mieux que Crow. Et même s’il n’est pas un champion pour décrypter les expressions des autres, il sait ce qu’annonce la mine réjouie du punk. Lui-même en a déjà fait les frais, après tout.

Cela ne l’empêche pas de ressentir une bouffée de plaisir malsain quand le poing d’Apache s’écrase sur le visage de la pauvre Crow.

“Oooh, ça doit faire mal.”

Indifférent aux rugissements qui noient soudain l’Arène, Skunk balaie rapidement le public du regard, note sans en avoir l’air la position de Heaven (cette peste a au moins eu la politesse de signaler sa présence, quand elle a hurlé sa promesse de récompense pour le vainqueur), grimace à peine en voyant Weasel posé non loin d’elle. Puis, sans vraiment tourner le dos aux combattants, il entreprend d’escalader les gradins pour aller s’installer tout au sommet, là où on ne pourra pas le prendre à revers. Juste un geste pour balayer la poussière sur le banc de pierre, puis il s’assied en tailleur, comme il aime le faire, et sort sa flasque pour y prélever une gorgée de rhum.

La pluie a cessé, Apache est sorti de l’infirmerie, et ce connard vise toujours le nez en premier. Ça a des airs de retour à la normale. Et ça, Skunk, ça lui plait.