Hein?

Des cris, plutôt des hurlements.

Chaleur vive au niveau du nez, qui remonte jusqu'au crâne, qui picote les yeux et fait pleurer; je sens les larmes couler de mes yeux et de mon nez, sauf que celle de mon nez sont opaques, au goût de fer et à la chaleur dense.

Puis, je tombe, douleur au fessier, très vive, très forte, je n'ai pour tout dire pas assez de graisse donc j'ai atterris directement sur l'os.

J'ai fermé les yeux sous le choc, je n'ose pas les rouvrir, mes oreilles sifflent et puis des cris étouffés sous l'eau grandissent de plus en plus, jusqu'à percer ma bulle.

J'ouvre les yeux, la lumière y entre et je vois les enfants crier et encourager dans les gradins, il y a bien plus de personnes qu'au début, c'est effrayant.

Je passe la main sur mon nez, ça m'arrache un cri et une douleur semblable à une piqûre d'abeille et je vois le sang sur ma main, je vois Apache qui sourit et Madame Love qui ne dit rien, je sens les larmes qui viennent, et le rouge qui me monte au joues, comment ais-je pu autant me fourvoyer?

Croire à une paix, croire au fait que la violence pouvait être évité? Non...

C'est impossible, pas avec Apache, il est...il est...monstrueux.

Le cruel garçon prêt à remettre ça, prêt à frapper à nouveau pour me mettre à terre...ou plus profond...

Et je ne dit rien, juste les larmes et le sang coulent et tombent au sol laissant une trace dans le sable avant de vite sécher et devenir brun.

Je ne fais rien, je ne me met pas en garde, je ne m'approche pas, je suis encore sonnée et dégoûtée par une telle  trahison, un tel coup bas.

Les cris dans les gradins fusent, les rires aussi, et je me sens juste honteuse, faible, ridicule; un regard vers Apache, une colère qui monte doucement.

La honte coule dans L'Arène et me noie dans son enceinte noirâtre et goudronnée, enserrant ma gorge en une boule et mon ventre en un noeud.

J'avance doucement, les jambes tremblantes, plus à cause de la peur, mais bien à cause de la colère; cette haine, forgée dans la honte et le ridicule.

Je n'avais jamais ressentie cette émotion, jamais envers qui que ce soit...

Mais Apache avais dépassé la ligne, il avait piétiné sur mon estime et l'a jeté en pâture aux gens dans les gradins.

Alors j'avance dans le sable, à la merci d'Apache et de ses poings, avant de finalement me retrouver à un mètre de lui, le coeur en tango et les mains serrées en poings, blanchissant les jointures et craquant les phalanges.

Les cris et railleries fusent, et mon regard soutenu contre lui redouble d'affront et de frustration alors que ses dents brillent dans un sourire narquois.

Le sourire fût de trop...

J'envoie mon pied sans prévenir, sans cri, juste tendue et frustrée, je vise sa tête, serais-je assez rapide?

Il avait frappé.
Fort. Trop fort ? Très fort. Et elle avait encaissé ça en plein pif pour ensuite bouffer le sable de l'arène.
Dans les gradins, c'était l'effervescence. Comme une vague mélange de contentement et d'indignation.
Elle avait rien évité du tout.
Trop facile.
Est ce qu'Apache s'attendait à ce qu'elle ai plus de répondant que ça ?
Qu'elle soit plus résistante.
Qu'elle manifeste une plus forte opposition.
Une opposition tout court.
Ca allait sans dire.
Un peu déçu, alors, d'une certaine manière.
Le punk n'était pas un habitué du tabassage. Quand il se battait, c'était qu'on lui rendait ses coups, au moins un peu.
Comme un gout de tellement trop peu, ici.
Pourtant, la jeune fille toute fine se releva, les jambes tremblantes, l'air hagard, le visage tout tuméfié. Son joli petit nez éclaté et tout peinturluré de rouge.
Il l'avait pas raté, on pouvait le dire.
Ses joues toute ruisselantes de larmes, elle s'avança de nouveau vers son bourreau.
Elle n'en avait pas eu assez ?
Au fond, le punk avait espéré qu'elle baisse les bras, qu'elle se tire. Qu'elle n'insiste pas.
Mais dans la vie, on avait rarement ce qu'on voulait, hein.

Elle avait serré les poings, et autour d'eux, le brouhaha s'intensifiait de nouveau.
Le chasseur aurait pu lui conseiller de retourner chialer dans les jupons de sa mère, mais au lieu de ça, il lui fit un sourire.

Visiblement, ce fut un déclencheur, et pour la première fois, Crow agit !
Le publique hurla, de joie comme de surprise. Certains même se levèrent pour applaudir ou huer plus fort.
Rien de plus excitant que de voir le martyrisé reprendre l'avantage sur le martyrisateur !

Un coup de pied !
Rapide et haut !
Elle était plus grande que lui et elle visait la tête !
Belle tentative, mais le punk l'esquiva sans mal.
Il était rapide lui aussi. C'était son point fort.
Une petite pirouette dont il avait l'habitude, et tournant sur lui même, glissant sur son adversaire, il se retrouva en un rien de temps juste derrière elle, lui foutant un grand coup de pied aux fesses avec l'intention de la refaire tomber par terre.
Cette fois, ce n'était pas vraiment pour la rétamer.
Non.
Juste pour l'humilier.
Et ca se sentait.

Alors comme ça elle s'était permise de le gifler, hein ?

Elle allait regretter ça, si c'était pas déjà le cas.

Tout est lent, tout est au ralenti. Le combat met des siècles à s’enclencher, des minutes élastiques où les deux adversaires se jaugent, discutent doucement. Les mots que Crow adresse à Apache traversent Love sans qu’elle s’y attarde. Elle s’est éloignée, s’accroche à une barrière tout en étouffant un énième bâillement, l’arme confisquée posée à ses côtés. À peine a-t-elle souri lorsqu’Apache a obtempéré, obéissant devant un joli sourire qui cache de sales idées.
Délicieux et prévisible.

Appuyée contre la barrière, Love ne bouge plus.
En attente.

Dans la foule, elle reconnaît quelques visages connus. Celui d’Heaven et, un peu plus haut, de l’autre Récolteur toujours si bien habillé. Alors que la Lascive reporte son attention sur le combat, Apache se décide à lancer les hostilités.
Un coup, du sang. Love ne frissonne pas, ne bronche pas devant la violence.
Que peut-elle bien y faire ? Le peuple veut du pain et des jeux, et elle ne souhaite qu’une chose : qu’on lui foute la paix.

Son regard passe d’Apache à Crow, en état de choc. Va-t-elle se relever, rendre au punk la monnaie de sa pièce ? Si le combat n’est qu’à sens unique, Love sera forcée d’intervenir.
Elle est si bien installée, pourtant. Ce serait dommage.

Au moment où une vague hésitation la traverse, la Lady finit par se décider. Un coup de pied rapide, que l’Hérissé esquive sans souci. L’affrontement prend des airs de réel duel, les petits sur les bancs s’agitent. Un sourire infime parcourt les lèvres de Love alors qu’elle saisit le manche de l’arme posée à ses côtés, qu’elle la soulève à la hauteur de son visage.

Usant du reflet doré de l’arme maudite, Love repasse quelques pigments écarlates sur ses lèvres.

Apache et Crow se débrouilleront bien seuls, comme les grands enfants qu’ils sont.

Il esquive avec brio, élégance je dirais même, et l'instant d'après je me retrouve à quatre pattes sur le sol, dos à lui et les rires qui résonnent dans l'Arène.

La poussière qui vole et s'accroche à mon visage plein de sueur et chauffe et gratte.

Je me relève en vitesse, les larmes rageantes sur les joues et les poings serrés mis en garde.

Prête à frapper une nouvelle fois, je ressens la honte et la frustration de me prendre une certaine déculottée face à des dizaines de personnes.

Consciente de ma faiblesse, je mets un temps pour me reprendre et tente une approche différente, je glisse plus proche du sol, les poings en avant et prête à plaquer Apache au sol en un coup, je me lance et enserre sa taille de mes bras pour le faire tomber.

Je pousse du mieux que je peux le sol avec mes jambes, lâchant un cri de désespoir, comme si crier allait me donner plus de force:

-KIYAAAAHHH!!!

Rauque et fort, grattant la gorge je frappe le sol de mes pieds comme pour bondir afin de donner plus de force au plaquage.

Le coup de pied aux fesses fit mouche et la demoiselle se ramassa méchamment au sol, se retrouvant vite fait à quatre pattes sous les rires moqueurs des spectateurs qui résonnaient dans toute l'arène, entremêlés dans les hurlements de joie ou bien outrés et autres applaudissements de l'assistance.

Apache, quand à lui, certes, ne riait pas. Mais arborait cependant un sourire plus que satisfait.
Le punk, comme déjà dit, n'entretenait pas de traits spécifiquement sadiques dans sa personnalité enflammée. Pourtant, en quelques occasions, il pouvait se laissé aller à une certaine méchanceté typique, dirait certain, à l'enfance.
Comme le rappel de l'immaturité dont les adolescents étaient si souvent affublés.

L'iroquois du macadam n'en était pas dépourvu, loin de la. Et la preuve en était, la, dans l'arène.
Il prenait un malin plaisir à humilier Crow, son adversaire, savourant sa vengeance.
Chacun son tour, qu'il se disait !

Elle, elle l'avait vilainement giflé, après tout, et devant tout le réfectoire !
Il ne faisait donc que lui rendre la monnaie de sa pièce.
Et puis quoi ?
Il n'avait pas frappé si fort.
D'ailleurs, la Désenchantée se relevait déjà, faisant de nouveau face au garçon mal fringué mal peigné.

Le rouge qui coulait de son joli petit nez lui tachait les lèvres, contrastant fort avec sa peau toute pale, et sur ses joues, les larmes brûlantes de colère avaient tracé de longs sillons jusque dans son cou gracile.
Le carmin lui allait bien au teint, se disait le chasseur dans un recoin de son esprit, alors que l'armurière, elle, serrait les poings.

Sans plus attendre, la jeune fille s'était de nouveau élancée droit sur l'Hérissé, lui fonçant une fois de plus dessus, mais cette fois, différemment.
Apache la vit venir de loin, mais, pour ce coup ci, plutôt que de l'esquiver, il se pencha en avant, se préparant à encaisser le plaquage, contre toute attente, bien décidé à lui faire face pour de bon.

"KIYAAAAHHH!!!" La brunette y mettait toute sa rage, toute ses forces ! Et BLAM ! Les deux s'étaient en un instant retrouvés au sol sous le brouhaha qui s'intensifiait dans les gradins !
L'impacte entre les deux adversaires avaient été rude et avait fait grand bruit ! Et bien que l'Apache ai préparé son coup, plaçant au mieux ses appuis, son petit gabarit n'avait pas suffit pour stopper la garçonne, même si elle ne pesait pas bien lourd non plus !

Un plaquage rondement mené, joliment exécuté ! En bonne et due forme !

Mais l'iroquois ne se laisserait pas faire ! Il avait bien l'intention de renverser la situation. Et à peine s'était-il retrouvé dos au sol, surplombé par Crow, qu'il mit toute ses forces à la repousser, gigotant comme un diable ! La saisissant par les épaules, cherchant à la déséquilibrer, la faire basculer sur le coté pour mieux échanger leurs positions, cherchant à lui faucher sa place de dominante et lui refiler la sienne, moins confortable et avantageuse !