Les éclats de rire s'envolaient dans la rue passante, provenant d'une bande de jeunes qui baladaient en ce samedi après midi ensoleillé.
Le premier jour du weekend, pas un nuage à l'horizon. Un temps agréable qui donnait envie de s'amuser, de profiter !
Quatre garçons et une fille, ce qui donnait cinq adolescents à une ou deux aubes de la majorité et une ambiance décontractée de vacance.

"Hey Evan, sérieux t'assure trop, mec !" Avait lancé un petit gars aux cheveux brun ondulés qui lui tombaient sur les yeux. "Comment t'as fait pour avoir ces résultats en sport !?"
Le grand blond à qui il s'adressait avait haussé les épaules tout en continuant de marcher tranquillement, un sourire aux coins des lèvres.
"J'me suis juste donné à fond, c'est tout. T'en serais tout aussi capable si t'arrêtais de rien foutre.
- Il a raison ! " Avait suivi la jeune fille qui devait bien faire deux têtes de moins que celui qu'elle soutenait. "Même moi j'ai eu de meilleurs scores que toi ! Tu déconne !"
Les jeunes s'esclaffèrent, celui qui se faisait gentiment descendre compris dans le lot.
"Tu t'es fais défoncé en sport par une meuf, Danny ! La honte !"
C'était un des deux autres garçons qui avait lancé rigolard, et tous s'étaient mis à rire de plus belle.

"C'est pas d'ma faute ! On a pas le même gabarit c'est tout !
- T'insinue qu'j'suis grosse c'est ca ?" La jeune fille faisait mine de prendre un air outré, les bras croisés.
"Mais non j'parlais d'Evan !
- En attendant je t'ai quand même étalé à la course !" Elle le narguait, le sourire revenu aussi vite qu'il était parti, visiblement très fière de sa performance.
"Moins de branlette, plus de tractions, Danny, c'est la clef du succès !"
Tout les ados se remirent à rire aux éclats à la dernière réplique d'Evan.

L'ambiance était bonne.
Les taquineries avaient beau s'enchainer, jamais rien de bien méchant, et personne ne prenait jamais rien trop personnellement, dans l'ensemble.

Ils continuèrent à tourner dans le quartier jusqu'à la fin de journée, profitant du beau temps, et puis, alors que le soleil commençait à décliner, il fut temps de se séparer.
Danny et un des deux autres garçons furent les premiers à rentrer chez eux, et lorsque les trois autres arrivèrent devant l'entrée d'une petite maisonnette qui ne payait pas de mine, ils s'arrêtèrent.
C'était chez lui. C'était chez Evan.

"Au fait, tu vas chez Hugo ce soir pour l'anniv ?" Lui avait demandé le garçon, et les yeux de l'adolescente toujours présente s'étaient mit à briller un peu plus fort, visiblement pleine d'espoir.
Pourtant, le blondinet leur servait une bouille hésitante.
"Aaah j'sais pas... Il est pas clair ce type non ? Il parait qu'il est pote avec des dealers.
- Oooh allez steuplé Evan !" Elle lui avait attrapé le bras, se collant à lui et lui offrant une magnifique ré interprétation du chat potté de chez DreamWorks. "Ce sera vraiment moins drôle si tu viens pas.
- Tu y vas toi ?" Il avait pris un air surpris, voir même un peu inquiet.
"Bein oui, tout le monde est invité ! J'y vais avec Charlotte et Tania !
- Et toi ?" Il s'était adressé à l'autre adolescent.
"Nan moi j'peux pas. Je dois m'occuper de ma grand mère.
- Ah..." Ca le rendait songeur. "Tu sais, tu devrais pas sortir le soir toute seule, c'est pas prudent." Il avait repris, s'adressant de nouveau a son amie.
"Je serai pas toute seule je t'ai dit !
- Des copines ca compte pas."
La fille fit une moue boudeuse, tirant sur le bras d'Evan comme pour le réclamer, l'agitant comme un jouet.
"Raison de plus pour venir alors !"
Le blond soupira, mais de façon assez exagérée pour qu'elle y décèle une possibilité qu'il accepte, ca lui rendit automatiquement le sourire.
"Ouiiii ! C'est trop bien ! Tu sera la pour me protéger !
- J'ai pas encore dis oui..." Il râlait, mais c'était tout vu. Il cédait.
"C'est à vingt heure ! Je t'attendrai devant avec les filles !"
Nouveau soupire, et enfin, les trois ados se séparèrent pour de bon, chacun rentrant chez soi.

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Dans la glace, le garçon regardait son reflet tout en enfilant sa chemise, penchant la tête sur le coté. Il aimait plutôt bien ce qu'il y voyait. Pour un mec de son âge ses abdos étaient particulièrement bien dessinés, sculptés, des bras forts, et une gueule d'ange qui n'enlevait rien. Il se sourit à lui même avec un air fier. Il n'y avait que ses yeux vert qui avaient tendance à un peu déconcerter. En général, les filles préféraient le bleu. Mais peu importait. Personne n'était parfait.
Pour la soirée, il avait opté pour une chemise noire. Le genre qu'il ne portait pas tout les jours. Ca lui donnait un style un peu classe, du moins c'était ce qu'il espérait.
Il avait même enfilé un bracelet pour l'occasion. Le style simple. Pas clinquant. Un genre de chaine fine qui lui tombait sur le poignet et qui attirait pas trop l'œil.
Il fallait savoir doser. Il n'était pas sur de le savoir, justement. Ca le faisait hésiter.
Un froncement de sourcils, un coup d'œil à l'heure.
19H.

"Evan ! A table !"

Sa mère été réglée comme une horloge.
Il soupira avant de sortir de sa chambre, descendant les escaliers en direction de la cuisine.

"M'man j'mange vite fait, je sors ce soir." Il avait dit ça sans se préoccuper de son avis. Ce n'était pas dans les habitudes de sa mère de gérer les sorties de son fils. Tant qu'il rapportait des résultats scolaires correctes et pas d'histoire, elle ne trouvait jamais grand chose à dire.
Pourtant...

"Ah bon ? Et on peut savoir ou tu vas ?"

Le visage d'Evan se figea, et il ralentit le pas sur les dernières marches.

"Papa ? Depuis quand t'es rentré ?!
- Je vois que mon fils est heureux de me voir."

Le ton sonnait froid, et les deux se fixaient, laissant un silence s'installer. Et puis, soudain, le père, qui était un homme robuste s'approcha du plus jeune, le gratifiant d'une grande claque dans le dos, ce qui arracha un sourire à son fils.

"Tu as l'air en forme ! Je vois que tu prend exemple sur ton vieux père ! C'est bien !"

L'atmosphère s'était brutalement détendue, et la petite famille ne tarda pas à se réunir pour manger ensemble dans une ambiance tranquille.
Peu de tension dans l'ensemble, et le père consenti même l'autorisation de sortie à son fils. Il fallait bien que jeunesse se fasse.
Il était un grand garçon, maintenant. 17 ans ! A son âge, lui était déjà en passe de se marier.
Pendant que la mère débarrassait, l'homme accompagna son fils jusqu'à la porte, lui donnant quelques conseils.

"Ne tarde pas trop, je ne veux pas que mon fils traine dehors comme une racaille.
- D'accord papa !
- L'alcool toujours avec modération ! Tu dois garder l'esprit clair !"
Evan agita la tête à la positive, souriant.
"Attention avec les filles !" Le plus âgé pointa un index vers le blondinet, un air taquin se dessinant sur ses traits durs. "Ne fais pas comme moi ! N'en engrosse pas une au hasard ! Tu le regrettera !"
Dans la cuisine, son épouse s'affairait silencieusement, et les deux se mirent à rire.

Il était l'heure de partir, et fier de son fils, le père lui tapota affectueusement la joue de son énorme main calleuse.
"Allez, va !" Et puis, au dernier moment. "Attend Evan... Qu'est ce que c'est que ça ?"
D'une prise à la mâchoire, il avait tourné le visage de son fils, avisant un anneau qu'il portait à l'oreille gauche.

Fier et droit. On peut compter sur ce garçon la. De larges épaules sur lesquelles se reposer. Les jambes bien arrimées au sol, le sourire franc et le regard froid bien que dans l'ensemble il garde des airs avenants.
Il fait bien son travail, ce sentinelle, et avec beaucoup de zèle, et ce depuis le premier jour ou il est arrivé sur l'ile.
Ce n'était pas il y a si longtemps que ça ! Quelques années, en fait, trois ou quatre ans, maximum.
Difficile à dire, mais il a vu Donald Trump accéder à la présidence des Etats Unis et il en a été ravi.
Pourtant, rien ne dit qu'il soit américain. Il en aurait la dégaine, selon certains ! D'autres lui trouvent des traits russes, et il se traine un léger accent qu'on ne définit pas. Polonais ? Pourquoi pas Français. Non ! A sa démarche, c'est sur que ce serait plutôt un allemand !
Une chose est sûre, c'est qu'il n'est pas anglais.


Il est droitier, il marche droit, il est adroit et est de droite.
Fervent partisan du chacun à sa place, chacun à son poste et chacun pour soi. Carrément conservateur, il défendra la veuve et l'orphelin, tant que la première embrasse son rôle de femme et que le second devienne un bon travailleur dévoué. Bien intégré. Pas de vague.
Faire ce qu'il y a à faire, et éviter de se plaindre. Les efforts sont toujours symbole de réussite.
Il aime par dessus tout ceux et celles qui se dévouent entièrement à leurs taches assignées sans rechigner. Les sacrifiés. Ceux et celles qu'on ne félicitent que trop rarement, voir jamais. Parfois même montrés du doigt ! Et pourquoi ? Par ce qu'ils travaillent dur.
Ce n'est pas juste. Ceux qui se plaignent le plus sont toujours ceux qui en font le moins.
Ne font aucun effort et se font sans arrêt remarquer pour de mauvaises raisons.


1 mètre 81, taillé en V, les bras puissants et les poings serrés. Un garçon généreux qui distribue des droites à qui les mérites, à qui les a cherché ! Il visera bien et frappera fort ! Il ne fera pas semblant, ce n'est pas un acteur, même s'il en a un peu la gueule ! Le genre qu'on retrouve dans ces séries américaines des années 90, sourire Colgate et regard pétillant, mâchoire bien dessinée et les cheveux blond comme les blés ! Succès assuré. C'est toujours lui qui gagne à la fin !
Pas très malin, pourtant. Il préfère les répliques salées qui font rigoler les copains plutôt que des arguments bien étayés. Ce n'est pas un intellectuel, après tout, on ne l'a pas assigné aux diplomates. Sa force est ailleurs, et il sait s'en contenter.


Prendre sur soi. Ne pas se laisser aller ni faire, physiquement ou mentalement. Righteousness est un adepte du contrôle que ce soit pour lui comme pour les autres. Il ne sera pas tendre avec l'un plus qu'avec les autres.
Se laisser envahir par la colère, ou pire, par la tristesse, quelque soit l'émotion sera perçu comme un signe de faiblesse. A éviter. Pourtant, il lui arrive régulièrement de se laisser aller à se regarder un peu trop longtemps dans un miroir. A apprécier ce qu'il y voit. A se permettre une fantaisie comme une chemise un peu moins boutonnée ou un bracelet. Il se reprendra cependant toujours, se détestant pour l'égarement. Seule les filles peuvent se permettre ça. Ou tout ce qui y est associé.

Righteousness suit les règles. Celles édictées autant que les tacites. Les non dites. Celles qui disent comment l'on doit se comporter pour être bien intégré à la société. Il ne fait qu'obéir, suivre le mouvement.
On a tous connu un Right dans la vie, et surtout, on a tous un peu de Right en nous. Au détour d'une pensée, d'une réflexion, voir même d'une manière de vivre.


Il a souvent des répliques toute faites qu'il a gardé de son ancienne vie. Ca sonne presque comme des citations parfois, et a un vocabulaire bien précis lorsqu'il s'agit de se moquer de ceux et celles qui ne rentrent pas assez bien dans le moule.
Ce n'est pas méchant, c'est juste pour plaisanter ! AH ! On ne peux plus rien dire maintenant ! Un peu d'humour, merde !


Righteousness, c'est plutôt le genre de garçon à rester campé sur ses positions. Difficile de l'imaginer changer d'avis sur un sujet.
Première raison à cela; il ne réfléchit pas.
Deuxième explication; sa mémoire.

Sur l'ile de Jamais, la mémoire se barre à une vitesse impressionnante, comme si l'endroit s'en nourrissait goulument.
Right ne fait pas exception à ça. Pire, il en est une représentation particulièrement affectée.
De ce fait, ce blondinet la a la tête remarquablement percée !
Il oublie tout, et surtout ce qui l'arrange !
Mémoire sélective me direz vous ! Et je répondrais; oui, exactement.
Il est capable d'oublier l'identité d'un perdu qu'il aura croisé à peine une semaine avant, allant jusqu'à demander son nom à un autre, sans se préoccuper du malaise que cela pourrait engendrer.

- 1 metre 81
- Musclé et s'entretient.
- Blond aux yeux vert.
- Le lobe de l'oreille gauche abimé; on lui a arraché une boucle d'oreille par le passé.
- Style vestimentaire simple mais ajusté.
- Coquet mais ne l'assume pas
- Souriant et joli garçon selon les critères majoritaires.
- Définitivement de droite
- Bien intégré, relativement apprécié, voire populaire.
- Homophobe
- Sexiste
- Raciste
- Pas très futé
- Mémoire trouée
- Nom compliqué trouvé par Bow et validé par Peter.
- Ne fume pas et ne commencera pas.
- Rêve secrètement d'une moustache, mais reste tristement imberbe.

Righteousness s'est étonnamment bien et rapidement adapté à l'ile de Jamais. Il s'y sent comme un poisson dans l'eau ! Une hiérarchie bien huilée, des ordres clairs, une place trouvée ou il s'épanouit comme jamais.
Il n'aurait sans doute pas eu de difficultés particulières à trouver une place dans le monde ordinaire non plus, en admettant qu'il ai atteint la majorité, mais au pays imaginaire, c'est plus qu'un rêve qui s'est réalisé. Il y est heureux et bien intégré.

Il n'en a que très très peu de souvenirs, et aucun mauvais, pourtant il y aurait de quoi. Il n'a pour ainsi dire aucun sentiment particulier pour sa vie d'avant. Le passé c'est le passé. Il n'est pas du genre à ressasser ou à retenir les souvenirs.

Peter Pan, c'est le boss. Celui qui gère, même s'il a parfois des attitudes un peu trop de gosse et ça l'exaspère. Cependant, il n'en fera rien voir, ni cas et obéira toujours aux ordres ! De toute manière, la plupart du temps, c'est plutôt de Scar qu'émanent les directives, alors aucun problème !
Il y a bien quelque fois ou Right ne comprend pas très bien les décisions du roi, comme quand il a nommé une fille en tant que chef. Quelle idée bizarre. Mais il a supposé que c'était pour qu'elle prouve sa valeur... Après tout, les exceptions, ca peut exister.
Peut être.

Quand au Capitaine Hook, c'est une autre histoire. En réalité, Right ne s'est jamais vraiment posé la question. Sans doute que ce type la doit être charismatique pour commander à une telle bande de pirates, mais il ne l'a jamais croisé et ne s'est jamais vraiment attardé sur le sujet.

Départ du MO en début 2017.

Il était la, pitoyable dans un lit à l'infirmerie.
On l'y avait emmené dans la journée.
Ou peut être que c'était hier ? Non... Ca ne faisait pas si longtemps.
Une journée n'était pas passée. Ca, Righteousness aurait préféré de pas le savoir. Il aurait préféré avoir perdu conscience pour ne pas se rendre compte de son état.
Comment il était incapable de marcher. Comment il avait mal sur chaque centimètre carré de son être tout entier.
Son visage lui tirait. Il n'avait pas encore vu l'état de sa gueule, et ça l'angoissait, et ça le foutait en rogne de s'angoisser pour ça.
Il avait mal ouais.
Partout.
Rien que d'inspirer était douloureux. Des côtes cassées. Il était pas médecin, loin de la, mais ça lui été déjà arrivé.
Connard de saloperie d'Orbleu... Ca il le pensait, mais jamais il ne le vocifèrerait. Il gardait ça pour lui.
On pourrait se demander pourquoi, mais il préférait parler d'un ours qui lui été tombé dessus dans la neige.

Et il grelottait, encore gelé d'avoir passé trop de temps dehors, encore gelé d'avoir croisé de trop près cette chose la.
Un ours.
Avec des yeux bleus électriques qui transperçaient du regard, et un pied de biche de glace qui cassait les os.

Alors on lui avait laissé une couverture épaisse en attendant qu'un soigneur plus expérimenté ne prenne le relais. C'était un cas sérieux, comme on disait, alors les plus jeunes ne pouvaient pas s'en charger.

Soul ? Il n'était pas la.
Étonnamment pas la.
Ca avait interpellé le sentinelle, d'ailleurs. C'était un gars posé, ce type la.
Responsable. Honnête. Fiable.
La raison de son absence ? A ce qu'on disait, il était sans arrêt en déplacement, occupé à ramasser les blessés de l'extérieur, ceux qui s'étaient perdus dans le Givre. Des perdus qui s'étaient perdus dans le froid. Le blizzard.
Il y avait d'autres enfants à sauver.

Alors, puisqu'il en était ainsi, Right attendait, en claquant des dents. Sagement.

Un soigneur avait fini par s'approcher, et ce soigneur, c'était Owl. Il le connaissait. Pas personnellement, mais assez pour savoir que c'était un bon gars qui faisait son taff en plus de celui de pas mal d'autres.
Le genre de type en qui on pouvait avoir confiance, même en mille morceaux, même avec les valises qu'il se traînait sous ses yeux clairs dépareillés et sa silhouette cassée en deux. C'était sans doute lui qui jouait les chefs intérimaires en l'absence du boss des infirmiers.

"T'as eu une meilleure mine, Right. Comment tu te sens ?
- Ca a déjà été mieux." Il avait répondu avec un sourire un peu forcé, toujours tremblant. Il avait beau serrer les dents il ne parvenait pas à contrôler ces foutues secousses.
L'autre s'était rapproché un peu plus, son regard le balayant tout entier. Ils s'étaient déjà croisés quelques fois, ces deux la. Pas si souvent, mais quand même. Right le tenait en haute estime. Pour son courage. Son abnégation. Sa dévotion. Pas sûr qu'il en soit de même de l'autre coté, mais le professionnalisme primait.

"On t'a déjà filé quelque chose, ou pas ?" En guise de réponse, le blessé agita la tête à la négative. "Je vais essayer de pas faire mal en t'examinant, mais je ne peux pas garantir.
- T'occupe pas de ça. Fais ce que t'as à faire, t'emmerde pas plus que tu l'es déjà."
C'était sincère.
Owl avait déjà bien assez de boulot sans en plus devoir se préoccuper des états d'âme de ses patients.

"T'es gentil, mais j'ai aussi besoin de savoir quand ça fait mal. C'est pas une question de faire le héros, c'est aussi un indicateur pour moi.
- O.. Ok. " Il avait eu l'impression de se faire rabrouer. Mais tant pis. Il allait pas se mettre à chialer pour ca. Owl, il avait l'air épuisé. Encore plus que d'habitude. Les temps étaient durs. Il n'avait visiblement ni le temps ni l'énergie pour les bravades et encore moins pour faire dans le social.

"On m'a dit que tu as les deux jambes blessées et des côtes en miettes." Right ravala sa salive. C'était pas comme s'il lui apprenait grand chose mais ça faisait quand même un peu bizarre.
"Est-ce que tu as d'autres endroits douloureux ? " Il se mit à le fixer de son regard étrange. Les yeux tout ronds et bicolores. Il venait vraiment d'ailleurs celui la. Ca perturbait un peu. Right n'était pas trop sûr de savoir ce qu'il en pensait. Du coup, il ne s'attarda pas sur la sensation.

"Euh..." Il avait envie de dire partout, mais ca n'aurait pas aidé le soigneur. Il allait falloir faire un effort. "Ca me brule les mains et les pieds. Genre fort." L'impression que ça cramait de l'intérieur. Au fond de lui, Right savait que c'était pas si mauvais signe. "Et... La joue." A chaque fois qu'il ouvrait la bouche il avait l'impression que sa peau allait littéralement se déchirer comme du papier. Une horreur.

La chouette retira la couverture sans cérémonie, découvrant le corps tout entier du blond qui se mit à frissonner plus fort. Mais il serra les dents, ne se plaignant pas. Il fallait bien se faire ausculter, et d'ailleurs, le soigneur se concentra sur ses pieds et ses mains, les regardant de plus près.

"Tu arrives à bouger les orteils ? Même un peu ? Et les doigts ?" Après un regard penaud vers Owl, le sentinelle soupira et se concentra sur ses propres pieds, y mettant toute sa volonté, et miracle, ca bougeait !
Ca lui mit un coup au cœur, du genre qui soulageait. Ca bougeait pas autant que l'énergie qu'il y mettait, mais quand même un peu.
Il releva le bras droit, avec l'impression d'un poids mort au bout. Et pourtant, comme pour les pieds, il parvint, même avec difficulté, à ramener un tout petit peu les doigts vers sa paume bien qu'il y mettait la force d'un poing méchamment serré.
C'était mieux que rien, pas vrai ?

En guise de réponse à la question non verbalisée, un sourire léger qui se dessina sur les lèvres pâles du soigneur.
Ouf.
Right n'aurait jamais cru pouvoir apprécier autant le sourire d'un autre garçon avant celui la.

"Super. C'est un bon signe que tu y arrives." En confirmation. Et le Rigoureux sentit une vague de soulagement l'envahir. Ca faisait du bien, un peu de positif.

Après ça, Owl appela une fille qui passait par la, lui donnant quelques directives. Chef par intérim. C'était bien ce qu'il pensait. Et il faisait ça très bien, la Chouette. Mieux que Soul ? Il ne fallait peut être pas exagérer.
Lorsque le Serbe se chargea de lui palper les jambes, Right ne pu s'empêcher de retenir sa respiration, la bloquant, ses muscles se tendant brutalement. Bordel de merde..!Ca faisait mal !
Mais une fois n'était pas coutume, il ne dit rien, n'esquissant même pas un geste.
Discipliné.

"Bon. Je vais te faire une attelle à chaque patte." Le blondinet écouta les explications avec attention. "Manque de pot pour toi tu vas pas pouvoir bouger tout de suite.
- D'accord.
- Pour les mains et les pieds, on va devoir te les foutre dans des tissus humides, pour te les réchauffer peu à peu."
Le sentinelle hocha la tête à la positive. Il ne respirait pas la joie de vivre mais restait digne, autant que faire se pouvait.
Si ça le faisait chier de rester bloqué pendant il savait pas combien de temps ici ? Bien sûr que oui.
Il avait un poste, lui aussi. Son travail était nécessaire, et il savait que certains et certaines comptaient sur lui. Alors, justement, il avait intérêt à bien écouter le soigneur. Plus il faisait d'efforts à se rétablir et plus vite il serait de nouveau sur pieds !
Ca marchait toujours comme ca.


"Apres ça, je te file un antidouleur et je m'occupe de ton visage.
- Ok." Il avait répondu rapidement, même si cette partie la était bizarrement celle qui l'inquiétait le plus.
Il crevait d'envie de demander à Owl de lui foutre un miroir devant la gueule pour voir à quoi ça ressemblait, mais il n'en fit rien, se maudissant pour cette pensée.
C'était tellement superficiel.

"Ca va aller ?" C'était presque comme si la Chouette avait su capter les divagations mentales de son patient, et ça le mit mal à l'aise.
"O... Ouais. Ouais. Bien sûr." Ca sonnait pas si assuré mais c'était mieux que rien. Il gardait le cap même si la mer était houleuse.
Il tâcha de garder la barre bien en main.

"Merci." Il fit. Juste avant un soupire. "Merci pour tout c'que tu fais ici. C'est énorme. T'assure. Vraiment." La remarque était profondément sincère, et dite sur un ton qui ne le dissimulait pas. Il fallait que ça soit dit. C'était bien le minimum qu'il puisse faire en échange de ces bons soins.

En réaction, un simple haussement d'épaules et le début d'une ébauche de sourire à peine remarquable.
Right n'en attendait pas plus.
C'était aussi ça, d'assurer.
Pas en faire tout un plat.

"J'suis pas le seul a bosser, on fait tous ce qu'on peut. Mais merci."

Ca fit sourire le sentinelle.
Modeste avec ça. Bien sur qu'il l'était, modeste. C'était une caractéristique courante chez ceux qui se donnaient plus que les autres.
Il était pas le seul à bosser, c'était vrai. Heureusement. Mais l'un des seuls à prendre autant sur lui, au point de se massacrer la santé. C'était pas le cas de tous, ça.
Mais Owl, c'était pas le genre à se plaindre. Plus le genre à bosser. A faire ce qui n'était pas fait. C'était un bon gars. Un type sur lequel on pouvait compter, même s'il avait pas l'air très solide, à première vue.

Avec l'aide d'une autre soigneuse, on lui installa des genres d'attelles qui l'immobilisaient.
C'était affreusement inconfortable, et ça présageait qu'il allait pas pouvoir bouger pendant un moment. Enfin, ça, on lui avait déjà expliqué. Pas de surprise. Mais quand on se retrouvait avec des trucs pareils attachés aux deux jambes et même jusqu'à la hanche, ça rendait l'affaire plus palpable. Plus réelle.

Ca faisait mal. Vraiment mal. Mais comme depuis le début, Righteousness ne broncha pas, tâchant même d'aider les soigneurs, se placer correctement, cherchant à devancer les demandes en restant attentif aux gestes.
Et puis, enfin, après quelques échanges entre eux, la couverture revint en place, soulageant le blond qui ne pu s'empêcher de lâcher un soupire tremblant.
Le froid s'éloignait doucement, à force de manipulations, mais il était toujours la. Sans doute le résultat d'avoir vu de trop près le Givre, en personne.

"Je vais chercher quelques trucs, je reviens.
- Ok" Et le sentinelle en profita de se retrouver seul pour relâcher un peu la tension, remontant une de ses mains presque morte au visage, inspirant profondément. Ca brulait... Ca tirait. Il regarda ses doigts, avisant le sang qui les tâchait, et ça lui donna envie de pleurer.
Cette sale petite pédale de traitre lui avait charcuté la gueule. Il l'avait humilié. Il avait voulu le tuer ! Le lâche...
Il en avait même pas été capable.
Pas même avec cette soi disant supériorité volée venue du froid.
Il l'avait juste laissé dans cet état...
Il n'en chialerait pas.
Non.
Pas pour ça. Pas pour lui, pas par sa faute. Jamais.
C'était pas son genre.
Il était pas ce style de merde à s'apitoyer sur son sort.
A se laisser atteindre, et encore moins par ce genre de sous merde.

Owl revint rapidement avec tout un tas de trucs, tirant Right de ses réflexions sur fond de colère noire, puis se mit à pester dans une langue inconnue aux oreilles de son patient. On ne savait pas d'où il venait, ce blondinet la, mais apparemment il n'était pas serbe.

Le soigneur se rapprocha.

"Avant que je te les traites pour les engelures, essaye de re bouger doigts et orteils, pour voir ?"
Le sentinelle s'exécuta aussitôt demandé, et comme pour la première fois, il y parvint non sans effort.  "Quand tu bouges pas, ca te fait mal, d'ailleurs ?
- Ca brule." Il admit. "Mais moins que tout à l'heure. Ca se calme on dirait. Et pour les jambes, non, quand je reste tranquille ca me fait rien."
La réponse sembla contenter la chouette qui se remit illico au travail, enrubannant les mains et les pieds dans des bouts de tissus humides et tièdes au contact de sa peau gelée.
Tout doucement, ca apaisait. Et même s'il restait une sensation désagréable de picotements, Right sentait déjà bien l'amélioration.

Dans la foulée, le doc lui refila un truc à avaler qu'il goba sans rechigner ni même poser de questions. Ca s'appelait avoir une confiance totale et aveugle en l'autre, et enfin, Owl plaça de la glace emballée dans des torchons sur les côtes défoncées du garçon. Ca le fit méchamment frissonner et grimacer. L'intérêt était évident, mais ça restait spécifiquement désagréable quand on grelottait déjà.
Aucune plainte cependant. Comme de toujours.

"Bon. Le visage, maintenant."
Right ravala sa salive avec un peu de mal, relevant ses yeux verts vers Owl.
Ca; c'était le sujet qui fâchait. Mais il allait falloir être courageux et prendre sur soi. Ne rien laisser paraître, ou du moins le moins possible.
Le sentinelle savait que s'il flanchait, il allait le regretter pendant trop longtemps. Il ne se le pardonnerait pas.
Plus douloureux encore que les blessures physiques; c'était celles infligées à l'égo.
Ces marques restaient toujours plus longtemps, même quand on avait une mémoire qui vacillait et imprimait une fois sur deux.

Owl n'avait pas raté le regard du garçon, et leurs yeux se croisèrent, s'accrochant l'espace d'un instant. Cependant, la chouette ne dit rien, restant parfaitement indifférent.
C'était la meilleure chose qui puisse arriver à Right que de tomber sur celui la.
Un véritable ange descendu du ciel.

Pourtant, Righteousness sentit ses muscles se raidir et un frisson désagréable le parcourir tout entier alors que le soigneur se rapprochait et étudiait la plaie de sa joue du regard, sans la toucher.
Owl resta silencieux, impassiblement concentré, et se détourna pour revenir avec de quoi nettoyer.
Normal.
Le blond se mordit l'intérieur des joues, la mâchoire crispée, et lorsque le tissu imbibé d'eau entra en contacte avec sa peau douloureuse, il ferma les yeux, sourcils froncés. C'était horrible. Froid contre brulure. Et le frottement qui n'en finissait pas. L'impression que ce n'était pas le sang qu'on lui retirait mais plutôt la peau.

Arrête de faire ta chochotte.
Serre les dents !
C'est rien ça, c'est que le début.
Et l'entrée en matière, heureusement, ne dura pas si longtemps.

La torture cessa, et le soigneur contempla semblait-il son œuvre. En fait, c'était plutôt celle de cette petite enflure d'Orbleu. Ou plutôt d'un ours, officiellement. Mais bref.
Il était inutile de s'énerver après celui la maintenant. Autant se concentrer sur le présent. Et présentement, ce qui se présentait à lui, c'était Owl qui sortait une longue aiguille courbe, la préparant tranquillement, comme ci de rien.
A cette vue, les yeux de Right doublèrent de volume et ses poings se serrèrent sur la couverture à en faire pâlir ses jointures, si c'était possible.
Avant même que la chouette ne revienne vers lui, le sentinelle l'avait quitté des yeux, braquant son regard trop fixe sur le plafond.

"T'as une jolie plaie" Ah ouais... Elle était jolie au moins. Le blond senti une vague désespérée le submerger. S'il commençait à faire ce genre de commentaire, est ce que ça voulait dire que ça n'allait pas être une partie de plaisir ? C'était l'impression que ça donnait. "Il faut que je fasse des points. Et après, ça sera globalement bon, tu pourras te reposer.
- D'accord."
Il avait acquiescé un peu automatiquement, d'une voix un peu enrouée, presque éteinte comparé à ce qu'elle avait été jusqu'ici.

Après ces quelques mots, Owl s'était simplement mit au travail.
Right, comme il se l'était promis à lui même, n'avait pas bougé. Oh il avait de quoi être fier, le blondinet. C'était sans doute pas tout les jours qu'un soigneur recousait un garçon perdu à vif sans que celui la ne remue, même pas un peu.
Même pas une plainte. Pas un gémissement, même étouffé. Il était juste resté immobile, les yeux verts braqués sur le plafond, la mâchoire et les poings serrés. Quelques frémissements, tout au plus.
Et puis, Owl termina.
Le son rapide d'un ciseau que le patient ne vit même pas.

C'était terminé, mais Right avait l'impression que non.
La douleur était telle que même le charcutage fini, la sensation restait.
Il avait l'impression que son visage n'était plus qu'un tas de viande découpée. Un carpaccio enflammé de douleur.
Immonde.
Indescriptible.
Par dessus ça, le soigneur étala une crème, sans rien dire.
Sans rien expliquer. Pas un mot. Et pour la première fois, le rigoureux sentit ce silence lui peser.
Silencieusement, donc , Owl appliqua un pansement sur la joue du garçon immobile. Il n'aurait pas eu les yeux ouverts qu'on aurait pu croire qu'il s'était endormi. Ou qu'il était mort.

"Et je crois que c'est tout bon pour toi. Merci de ta coopération, ça aide.
- Merci à toi."
Cette fois, sa voix était quasi méconnaissable. Lui qui avait plutôt un timbre clair et dynamique à son habitude sonnait maintenant comme un gros fumeur.
Et puis rien.
Voila.
C'était terminé.

C'était fini.

Une inspiration profonde, et douloureuse. Les côtes toujours cassées. Bah oui.
Et la sensation de quelque chose de chaud qui lui glissait sur sa joue intacte.

C'était terminé.