*Un grand jeune homme entre, trébuche sur le seuil mais se rattrape. Il porte un pantalon en cuir clair et est torse-nu. Il a plusieurs tatouages. Après une brève hésitation il se laisse lourdement tomber dans l'unique fauteuil. Un paravent masque le reste de la pièce. On ne voit pas son interlocuteur*

C’est ok si je fume ? *sans attendre la réponse il sort une cigarette roulée et l’allume* je l’ai juste un peu aromatisée hein, je voulais être assez sobre pour venir ici mais j’ai quand même besoin d’un minimum pour fonctionner *il fronce les sourcils* non vraiment vous voulez pas me voir complètement sec. *il fume et a l'air pensif. Au bout d'un moment il se redresse assez brusquement* Au fait moi c'est Ibis, on m'a dit de venir là pour un genre d'interview.

Je vis, c'est déjà pas mal, et ça je le dois surtout à ma tribu et à mon mentor ; Milan. Paix à son âme. Je vous passe les détails mais mes débuts ici ont pas été faciles et ces gens ils m'ont sauvé et de plus qu'une manière, croyez-moi. *il semble un peu ému* Je valais vraiment rien et ils  m'ont accueilli comme si j'avais toujours vécu dans un tipi. Ils ont pas cherché à me récupérer, j'étais déjà trop cramé pour ça mais ils ont pas jugé. Et comme je dessinais un peu et j'avais déjà tatoué quelques potes à l'arrache avant l'Ile ils m'ont dit que je pouvais faire ça et que c'était un métier honorable. *il remarque soudainement le pot de friandises sur la table, le prend dans son giron et commence à manger* Je suis vraiment tombé chez les bons. Je tatoue, je me défonce toute la journée et le soir c'est la grosse ambiance. Avec ça je bouffe tout le temps *il en profite pour enfourner deux cookies en même temps dans sa bouche*j'ai toujours la fonce-dalle. C'est la belle vie quoi. Et souvent mes clients, surtout les pirates, me filent à boire en échange des tattoos donc je vous promets que niveau boisson les indigènes on est pas en reste, je vous raconte pas le nombre de fois où j'ai pas réussi à rentrer jusqu'à mon tipi. D'ailleurs ça vient de là le ''Maladroit'' dans mon nom *il rit, postillonne un morceau de biscuit au passage*au début surtout j'étais toujours tellement jeté que j'arrêtais pas de me chier la gueule sur n'importe quoi. Les papooses ça les fait bien marrer. Les Garçons Perdus ils sont chiants mais les petits Delawere c'est des fous je les adore.

L'Ordinaire *il fait une moue dégoûtée* ça m'a jamais rien apporté. Enfin presque rien, sauf un truc peut-être. Mais je pense sincèrement que j'aurais fini pire là-bas. Je me serais foutu en l'air avant trente ans. J'étais accro à l'héroïne, une vraie merde. Et puis avec mes choix de vie je suis sûr j'aurais réussi à être assez con pour mettre une nana enceinte, même sans faire exprès. Les gars comme moi, on devrait pas les laisser avoir d'enfants. Vous imaginez ? Il faudrait pouvoir se faire castrer mais sans vraiment couper quoi. *il illustre son propos d'un geste éloquent* Peut-être que ça existe déjà remarque.

Peter la première fois que je l'ai vu on fumait sur un toit et il est arrivé en voletant de nulle part. Première chose que j'ai fait évidemment c'est lui proposer une taffe en pensant j'étais en train de délirer mais en fait il avait l'air bien réel. Alors je me suis dit que ça devait être un alien. A l'époque déjà j'étais assez à fond sur Bowie du coup j'ai commencé à l'appeler Starman comme dans la chanson et je crois que ça lui a bien plu. Ensuite il nous a parlé de l'Île. *Il ne poursuit pas tout de suite. Le silence plane quelques instants.* Honnêtement on l'a suivi parce qu'il était là. Sans vraiment y croire et puis pourquoi pas. Du moment qu'on y allait ensemble on s'en foutait de où on arrivait. *Encore un silence. Il croise les jambes dans un geste nerveux* Mais on va pas trop parler de ça après je deviens agité et c'est drôle pour personne. *Il se racle la gorge* Après Peter Pan je l'avais plus vu depuis mon arrivée dans la tribu. Mon rapport à lui, comme celui de beaucoup de monde ça a juste été de subir ses humeurs. Canicule, Pluie et maintenant ce froid horrible. Je vous promets qu'entre la température et son petit cadavre au milieu du feu là c'est vachement moins festif le quotidien. J'espère que ça va bientôt se régler toute cette histoire. Mais faut pas compter sur moi.

Hook ? Ouais je vois qui c’est. D'ailleurs la mode ces temps c'est de dire Seigneur Hook, on vous a pas mis au courant ? Vous vous dites sûrement qu'un gars comme moi il aurait plutôt sa place chez les pirates. Je vous dirais oui du point de vue alcoolisme et hygiène de vie mais j'aime plus particulièrement me battre. Oh je l'ai eu fait, plus d'une fois surtout quand j'étais sous speed, j'ai vraiment fait des trucs de connard dans ma vie mais là on pourrait même dire que je suis devenu un peu non-violent ? *Une pause. Il se marre* Et puis vous m'avez vu marcher ? Là ce petit seuil de traître à l'entrée j'ai bien failli me vautrer, vous me voyez partir en guerre contre la moitié de l'Ile ? Et je parle pas du bateau, ça tangue déjà assez dans mon quotidien sans ça. Après certains de ces gars sont plutôt sympas, j'en tatoue parfois et ça m'arrive de boire un coup avec eux. Croyez-le ou non je passe assez inaperçu au Port quand j'enlève les peintures et les mocassins. *il soupire* Mais c'est vrai que ça aussi c'est mort pour le moment.

Arrivé en 1993 : Nommé Snarky le Poison et attribué le rôle de Chasseur
Disparu peu après lors d'une mission dans le Domaine D'Halloween. Considéré comme mort par la plupart des Garçons Perdus. Ceux qui le connaissent sous sa nouvelle identité ne le lie pas forcément à l'ancienne.
A été récupéré par les Delawere et est devenu apprenti tatoueur. Vit dans le camp depuis.
Nommé tatoueur officiel après que son mentor aie été tué pendant la Canicule.
A passé la Pluie et le Givre dans son tipi sans prendre part aux missions.

Arrivés sur l'île ils s'étaient tenus pour ne pas sombrer, rendus plus fous par le sevrage trop brutal de leurs veines camées. Éloigner l'un c'était déclencher les hurlements de l'autre. Durant plusieurs jours l'infirmerie avait été hantée par leur sueur et leur manque.

Et puis un jour la douleur dans leurs corps s'était tût. Ils avaient survécu. Mais l'adaptation au Grand Arbre était difficile. Seth devint Snarky, un chasseur et Saaya fut renommée Sick et envoyée chez les Diplomates. Au départ ils ne changèrent rien à leurs habitudes, Snarky se foutait bien des règles et des Chefs, il n'était plus un enfant. La nuit il rejoignait Sick parce qu'il ne pouvait toujours pas dormir sans elle et la journée il faisait un peu ses tâches puis trouvait un coin où glander. Il n'était pas plus heureux dans ce prétendu paradis que dans sa vie d'avant. Il était un chasseur minable, n’avait pas la patience de rester à l’affût et les gamins le saoulaient. L'ambiance chez les Garçons Perdu le tendait, il n'avait même pas cherché à se faire des amis même de ceux qu'il pensait intéressants.

Et puis leur relation avec Sick était compliquée, ce n'était plus comme avant où il y avait eux contre le reste du monde. Sur l'Île il y avait trop de gens, on cherchait trop à les entourer. Snarky devint jaloux de l'attention de Sick, ce qu'il n'avait jamais été. Par peur qu'ils changent quand d'autre se mettraient à compter à leur yeux il se fit plus acerbe, contribua à avilir leur réputation déjà peu glorieuse.

Ils se combattaient parfois dans l'Arène comme ils avaient pu se battre avant mais c'était moins pour se défouler et s'exorciser que ça avait pu l'être. Aucun des deux n'étaient particulièrement bon à l'exercice mais ils devenaient plus méchants, moins conciliants, ça n'apportait plus la même paix qu'à l'époque.

Un jour il y eu la mauvaise blague de trop. Pendant le repas, Snarky avait raconté à quelques-uns des autres Chasseurs la nuit où leur amie était morte après qu'ils se soient shootés. Que c'était lui et Sick qui avaient volé la came et qu'elle avait entraîné sa pote dans l'histoire. Il avait bien ri quand la rumeur s'était répandue et que certains s'étaient mis à l'appeler ''La Tueuse''. Il lui avait dit que ça lui allait bien mais elle n'avait pas eu l'air de trouver ça si marrant alors il avait juste ajouté que de toutes façons ces cons d'enfants oublieraient bientôt.

Il ne s'y était pas attendu, Snarky, qu'un jour durant une mission quelconque elle se venge ainsi. Ça s'était passé alors qu'ils exploraient la Forêt Macabre. L'ambiance était flippante mais ils avaient vu pire. Ils ne parlaient pas vraiment, de toute façon ils ne communiquaient plus beaucoup. Au détour d'un chemin, alors qu'il enjambait une grosse racine pourrie, Snarky sentit quelque chose lui accrocher la cheville. L'air fut expulsé de ses poumons et il se retrouva la tête en bas avant de pouvoir comprendre ce qui lui arrivait.
Au début ça les avait fait rire. Jusqu'à ce que Sick, dont il pensait qu'elle s'approchait pour le libérer, s'était contentée de lui prendre son couteau avant de reculer. Il lui avait dit que c'était pas forcément l'endroit pour ce genre de blague, que s'ils restaient trop longtemps ils allaient se faire bouffer mais elle s'était contentée de l'observer. Ça devenait de moins en moins drôle. Après avoir râlé, fait du chantage et menacée,  il s'était contenté de lui tirer des doigts d'honneur de temps à autres. Il ne pensait toujours pas qu'elle allait réellement l'abandonner.

Quand Sick avait commencé à faire demi-tour, Snarky avait bien du se résoudre à la chose ; il lui avait alors crié «  Espèce de salope tu vas vraiment me laisser crever ici ? C'est quoi le plan tu vas rentrer au Grand Arbre mener ta petite vie ? T'as personne d'autre que moi, tout le monde nous déteste t'as oublié ? »

Puis elle avait disparu et il avait commencé à pleurer, la panique se frayant lentement un chemin dans ses entrailles, nourrie par les cris angoissants des Horreurs.

On l’avait repêché dans la poisse cauchemardesque, il avait réussi à détendre la corde du piège suffisamment pour que le haut de son corps touche le sol mais pas plus. Après deux jours à baigner dans la fange horrifique de Halloween tous ses cheveux étaient tombés et le reste aurait suivi si un Peau-Rouge ne l'avait pas aperçu attaché comme un con à son arbre décharné. Au moment du sauvetage, son crâne chauve avait bien fait rire les Delawere qui l’avaient surnommé Ibis à cause de ça et ses longues jambes maigres d'adolescent. Au final ça lui avait bien plu à Snarky. Depuis ses cheveux ont repoussés et il colore leur brun triste d'un peu de henné rouge. Mais il a gardé le nom.

D'ailleurs Ibis Maladroit c’est un peu malvenu pour un tatoueur mais c’est vrai qu’autant adroit est-il de ses jolies mains c’est autre chose lorsqu'il est debout. Son oreille interne doit être un peu bousillée. Ça va mieux mais à son arrivée au camp il était tellement déchiré tout le temps qu’il n’arrêtait pas de sa casser la gueule et ce pour le plus grand plaisir des papooses.

Son surnom Le Hanté c’est parce que les indiens croient que ses terreurs nocturnes et ses folies passagères sont dues aux spectres qu’il a croisé dans la contrée des horreurs. En vrai il a toujours été bien taré et le fait d'être un vieux junkie aide pas son cas mais il les laisse croire, ça fait mieux passer certains trucs et ça lui évite d'en justifier d'autres. Et puis il n'est pas sûr, ça pourrait être en partie vrai. Comment expliquer sinon que même après si longtemps il ne puisse se sortir Sick de la tête, que les même rêves coupables reviennent cycliquement lui faire du mal.

Bien vite adopté malgré ses conneries car il était plutôt sympa dans l'ensemble, Ibis avait été pris sous l'aile de Milan Tacheté l'ancien tatoueur de la tribu et père de Rossignol Enchanté. Le Hanté avait appris avec le père et s'était lié d'amitié avec le fils. Milan avait toujours fait preuve de patience avec lui, lui enseignant ses techniques comme un art et y liant une portée spirituelle que le jeune homme n'aurait jamais imaginée.

Peu à peu les souvenirs de l'Ordinaire s'estompaient pour laisser la place à ceux créés à l'intérieur du camp. Ce fut une période dorée bien qu'il pensait encore à Sick. Son absence le faisait souffrir mais il n'avait jamais cherché à la retrouver. Pour lui elle l'avait abandonné dans l'idée qu'il crève, pour se débarrasser de lui et de son poison, alors il acceptait et respectait son choix même quand c'était difficile. D'un autre côté, sous l'influence positive de ses nouveaux amis, il buvait moins et fumait un peu mais sans excès, concentré sur l'apprentissage de son art.

Et puis Milan est mort, durant la canicule alors qu'il était parti tenter d'apaiser l'Esprit Feu. Ce fut déchirant pour Ibis qui s'y était accroché comme à un père ou un grand frère. Il prit deux ans et presque quinze centimètres, douloureusement, en une nuit. Et le choc frappa plus encore Rossignol qui se retrouva soudainement orphelin. C'est peut-être ce qui l'a sauvé, le Hanté, de se sentir responsable de son ami encore adolescent. Il le tenait, le serrait contre lui pour le consoler. Il l'avait laissé s'installer dans son tipi et ils avaient beaucoup discuté. Une fois qu'ils se partageaient un calumet, Rossignol décida qu'il deviendrait chaman et servirait les Esprits. Même l'Esprit Feu qui avait tué son père il lui pardonnait. Alors Ibis, secoué par résilience du garçon, l'avait accompagné chez Corneille et elle avait fait de lui son apprenti, mettant à profit son empathie et sa voix d'ange.

Peu après la disparition de Milan, il avait été nommé tatoueur officiellement et ainsi définitivement intégré à la tribu. Il en avait chialé. Puis, sans la tutelle de son maître, il avait recommencé à boire et plus fumer surtout que Rossignol ne vivait plus avec lui. Mais ça fonctionnait aussi, il n'en était pas moins bon de son aiguille.

Des fois il aurait aimé que Sick soit avec lui, elle lui manquait encore mais il espérait un peu qu'elle de son côté ne pense plus à lui et vive libérée de sa présence sûrement trop étouffante.

Le cône entre ses doigts, la fumée dans sa tête. Le goût amer du tabac et celui musqué de l’herbe.  

Jamais sobre, le Hanté, toujours cette barrière entre lui et les mauvaises pensées. Ainsi peut-il vivre dans un aussi grand bonheur qu’il lui est possible. Ataxie, asphyxie mais le rire et les amitiés faciles des grands camés.  

Dans son tipi flotte une odeur douce d’encens et celle un peu plus rance de l’herbe à fumer et de la liqueur. Tatoueur il martèle à même la peau de ses frères indigènes les symboles sacrés de leur peuple. Son art pourrait s'arrêter là mais Ibis prend des clients de tous horizons ; souvent des pirates, parfois des garçons perdus. Ses aiguilles ne touchent pas les papooses indigènes pour ne pas avoir d'ennuis avec leurs parents, par respect aussi, et c'est bien la seule exception. Pour les autres la règle est simple : quiconque arrive à son seuil, pour peu qu'il ne soit pas trop torché, peut bénéficier de ses talents. Le paiement est au bon vouloir et l'application du travail à la valeur du paiement.

L'éventail des possibilités s'étend bien au-delà des motifs typiques ; sur demande il peut presque tout faire. Ça avait commencé un jour où, fatigué du stick and poke traditionnel, il s’était rendu à la machine pour y trouver un gun à tatouer. Un vrai qui fonctionnerait à pile ou par la simple volonté des esprits. Et puis il avait fait un arrangement avec les fées qui traînaient dans le camp ; elles volaient pour lui, dans les shops monde ordinaire, le matériel qu'il ne pouvait pas trouver ou fabriquer sur l'Île.

Il ne sort pas beaucoup, le Hanté. Les grandes expéditions l'ennuient, et son sens de l'orientation est assez médiocre. Quand il quitte son tipi c'est souvent attiré par le fumet d'un repas en train de cuire, toujours à la recherche de quelque nourriture à s'approprier. C'est lors de ces missions culinaires qu'il se laisse fréquemment entraîner par qui l'approche. Bien qu'il ait la flemme des longues distances, Ibis est généralement partant pour n'importe quoi et cela résulte à l'occasion à lui trop ivre pour rentrer.

Mais plus tard, quand les fêtes arrivent à leur fin, les mémoires ressurgissent ; se font oniriques et cauchemardesques. Souvent il trouve un compagnon et éloigne les mauvais rêves dans l’odeur tiède et douce d’une nuque assoupie. Ce qu'il recherche c'est avant tout l'intimité d'un corps chaud contre lequel se presser ; une preuve de vie pour ancrer à la réalité son esprit souvent en dérive. Si parfois le sommeil partagé prend une tournure plus sensuelle, il s'agit toujours d'un acte sans conséquence. Un simple moment partagé dans l'impulsion. Le Hanté aime mais ne tombe pas amoureux.

Ibis se soucie peu de l'apparence ou du genre de ses partenaires. Un parfum, un regard ou un hasard suffit à le séduire, à lui donner envie de s'y blottir. Il arrive néanmoins que le destin le condamne à la solitude. Des fois ça passe, d'autres il ne le sent pas alors il boit, se mine, et ce jusqu’au coma. Il se marre quand on le relève, le porte jusqu’aux fourrures de son tipi ; amusé de sa propre déchéance, réconforté de n’être rien de mieux.

L’Île fait oublier les détails mais laisse traîner l’émotion vivace. Peut-être bien que les Horreurs l’ont maudit finalement, deux jours à inscrire en ses veines un manque éternel. Le souvenir quand il apparaît, même un peu flou, de Sick et surtout du lien qui les rattachaient le fait parfois sombrer lors de ses nuits anachorètes. Junkie en crise, sueurs froides et angoisse grandissante, il se calme dans ces cas d’un peu d’opium qui transforme brièvement sa douleur en plaisir. Paradis artificiel pour oublier.

Bien sûr il y a toujours une descente à l'extase.
C'est toujours mieux que l'héroïne.

Toise les 1m90
Long, mince et peu musclé
Cheveux bruns mais teints au henné. Des fois rouges, des fois rouille
Yeux verts
Gaucher
Le plus souvent torse nu avec un pantalon noir ou brun. Généralement en cuir et de fabrication Peau-Rouge. Gros pulls en laine pendant le Givre.
Piercings constants : écarteurs et divers aux oreilles, anneau au nez (septum), langue, tétons. Alterne entre labret et snake bites pour les lèvres.
Tatouages (tous noirs) : Tête de chacal sur le ventre, crâne percé d'une flèche dans le dos, profil de rapace sur la main gauche (en hommage à Milan) et divers lettrages, tattoos old school et symboles/motifs Delawere sur le reste du corps. Rien sur le visage. S C R E W sur les phalanges de la main droit.
Plusieurs bagues et chevalières sans symbolique particulière.
Porte parfois des colliers et autres bijoux indigènes.
Vieilles cicatrices atténuées de piqûres d'aiguille et de coupures sur les bras et jambes.

Spoiler:

La vibration de l'aiguille faisait onduler la peau mais le trait restait droit, rythmé par les chants du tatoué.  

Rossignol était l’une des plus belles voix de la tribu ; apprenti chamane auprès de Corneille, il enchantait tous les esprits lors des fêtes et cérémonies d'où son joli nom de Rossignol Enchanté.  

C’était aussi le meilleur ami d’Ibis. A l’époque, plus papoose mais tout juste adolescent, le garçon s'était rapidement entiché du nouvel adopté des Delawere et, à l'image de son père, il avait guidé l'ancien garçon  perdu dans sa nouvel vie ; le valorisant – ce qu'on avait rarement ou jamais fait – et le soutenant quand le passé à demi oublié devenait trop présent. Ou quand il faisait un bad trip, des fois les deux en même temps. Le chanteur n'était pas sa moitié ou son âme soeur-némésis comme avait pu être la fille, ne le serait jamais, néanmoins il était bien plus sain à côtoyer. Le Hanté, il l’était mais pas par les spectres.

Ensemble  ils avaient eu cette stupide idée germée dans l'ennui du Givre et leurs esprits brumeux.

Malgré l’hiver glacial, les deux jeunes hommes suaient d’effort dans le tipi du tatoueur. Déjà plusieurs heures auparavant, ils avaient mangé quelques champignons pour mieux les mener sur le chemin de la transe et s’étaient mis au travail.  

Ibis, à genoux derrière son ami, encrait de ses longs doigts d'orfèvre un grand rossignol aux couleurs chamarrées sur son dos. Sur la tête de l’oiseau s’ouvrait un troisième œil symbolique qui semblait le fixer depuis qu'il l'y avait gravé. Il piquait, piquait, piquait, les yeux à demi-fermés, enivré  par la transe extatique et les esprits autour d’eux. Tatouer défoncé n'était pas expérience nouvelle mais là il se sentait vraiment out of his mind.

Tout le long de la session le chamane avait chanté pour invoquer les esprits et mélanger leur essence a celle de l’encre qui coulait sur sa peau. La Fumerolle de Rossignol leur tournait aussi autour depuis le début, parfois nerveuse, parfois extatique et à certains moments de douleur et d'émotion particulièrement intenses elle se grisait brièvement.

Au dernier poinçon, à cette ultime traînée noire appliquée, le Hanté laissa échapper un soupir de soulagement. Il essuya le dos qui suintait l'encre et le sang pour révéler son œuvre alors même que les dernières notes du chant rituel mourraient dans la gorge du Chanteur. Il avait encore un peu l’impression que les sillons colorés oscillaient d’eux-mêmes mais il refaisait gentiment surface, commençant également à sentir que le contrecoup de la performance allait être brutal.

Il se lava les mains dans la bassine prévue à cet effet, jeta sa machine sur le tas d’aiguilles et de torchons usagés et se retourna embrasser Rossignol avec ferveur; enveloppant son visage tremblant de fatigue entre ses doigts bagués.  

Les deux garçons n’étaient pas vraiment amants mais la puissance de ce qu’ils venaient de vivre valait bien un baiser. Et puis Ibis aimait bien ça, d'embrasser qui il voulait quand il voulait, ça avait toujours un petit côté électrique.

kiss your homies