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Sujet: Pas là, vous n'avez rien vu. Sam 5 Oct 2019 - 23:47

Ourf. Ça avait été un long voyage, épuisant. Ils avaient probablement failli crever trois fois, et Asher était étonné qu'ils n'aient finalement pas croisé plus d'orbleus que ça sur la route. L'air sombre, le pirate se tourna vers son compagnon de voyage, qui traînait indécemment du pied. Il foutait quoi, là ? S'il cherchait à prendre racine dans le givre, il aurait pu le faire sans l'impliquer. Il s'arrêta afin de cesser de le distancer, mais il eut un geste impatient dans sa direction.

"Hey du nerf ! On est presque arrivé, j'ai pas envie de passer la nuit ici ok..."

Un bruissement sur sa gauche. Le roux se campa sur ses jambes et porta instinctivement la main sur l'arme à sa ceinture. Prêt à dégainer, il tourna vivement les yeux sur les fourrés, mais ce n'était rien. Juste un lapin qui décampait.

... Ça pouvait devenir orbleu un lapin ? La gueule que ça aurait eu.

Tout occupé à visualiser un hypothétique combat entre lui et un lièvre volant berserk à yeux bleus, il se remit en route en ricanant dans sa barbe de trois jours. Ridicule. Mais pas tout à fait impossible. Mais ridicule. Il venait de réinventer une scène de Sacré Graal dans sa tête et il ne le saurait jamais, c'était triste.

Le natif marchait désormais au même niveau que lui, ce qui lui faciliterait la tâche s'il devait le protéger contre une éventuelle menace. L'homme était arrivé au Ranch sans prévenir après avoir marché sur l'un de ces foutus passages facétieux qu'on trouvait n'importe où depuis quelques saisons... Il avait eu la chance d'être plutôt bien accueilli. On lui avait même proposé les services de ~~l'ivrogne~~ l'homme à tout faire du coin pour le raccompagner. Non, ça n'était pas un si mauvais plan que ça pouvait en donner l'impression : Malgré son récent palmarès alcoolique, Asher était et restait un combattant émérite. Il n'était pas le plus mauvais garde du corps dont on pouvait se doter.

"Hmm Je vois les habitations. On fait comme on a dit ok. Je t'amène là-bas mais je passe pas l'entrée.
- Oui, parfait merci encore. Et je te ramène de quoi manger, ne t'avise pas de repartir le ventre vide
- Et de quoi boire.
- .. Et de quoi boire."

Ils buvaient quoi, d'ailleurs, les natifs ? Ils avaient de l'alcool au moins ? Après une pareille épopée, Asher méritait bien ça... Si on lui ramenait de la flotte, il allait faire la gueule. A force d'être mis à la diète, il allait finir par pisser de l'eau de source.

Comme promis, il laissa son compagnon de voyage terminer seul la dernière partie du trajet. Ils étaient entrés dans la zone protégée, où le givre ne pouvait pas s'infiltrer. Il n'eut donc aucun remord à s'asseoir par terre en soupirant bien fort. Il avait mal partout. Il tira sur ses muscles pour soulager les douleurs mais dut se faire une raison : Il ne récupérerait pas sans une bonne nuit de sommeil. C'était heureux qu'il ne soit toujours pas tombé malade, vu toutes les fois où il devait sortir dehors pour aider tel ou tel clampin à faire sa vie sans la perdre. Cela dit, il se rendait bien compte que le trajet retour allait être difficile. Il espérait que le repas offert par son camarade lui ferait reprendre un peu de poil de la bête.

Car il voulait repartir le plus tôt possible. Ce n'était pas pour rien qu'il avait refusé d'aller plus loin : s'il entrait plus allant dans le camp de réfugiés, il craignait de croiser de vieilles connaissances. Asher n'était jamais à l'aise lorsqu'il rencontrait des garçons perdus de son époque. Qui sait sur qui il pouvait tomber. Sa sœur ? Fichtre il l'aurait bien aimé, et tout en même temps il craignait de ne rien trouver à lui dire. Max ? Sa hantise. Il était devenu tout ce qu'elle détestait, et quelque part il en avait honte. C'était les deux exemples les plus flagrants, mais la liste était longue et il aurait pu continuer.

Tomber sur tout ce beau monde en même temps ?
... Nan. Tuez le plutôt, ça sera mieux.

Puisqu'il n'était pas voué à mourir dans les prochaines secondes, finalement, un peu de confort n'aurait pas été du luxe. Il se serait bien couché par terre, mais mieux valait qu'il reste sur ses gardes. Il restait un pirate en bordure d'un camp rempli de garçons perdus, on ne savait pas trop ce qui pouvait arriver. A défaut de mieux il détacha sa ceinture et tira la lame de son fourreau, qu'il commença à nettoyer avec un tissu pour éviter la rouille. Ensuite, il faudrait probablement qu'il aiguise son canif. Ça faisait trop longtemps qu'il ne s'en était pas occupé.

"Hmm hm hm hm oud I wo... Should I stay or should I go now? If I go, there will be trouble And if I stay it will be double... Hm hm hm hm hm hm hm..."

Sans quitter son ouvrage, Asher souleva un sourcil étonné. Généralement, il fallait qu'il soit bien fait pour que des mélodies lui reviennent de la sorte et qu'il se mette à les chantonner. Mais il fallait dire que celle-ci était particulièrement adaptée à la situation, ça avait peut-être forcé les souvenirs à remonter sans qu'une quelconque aide ethanolique soit nécessaire. Cynique, pour changer, le pirate ricana.

Sujet: Re: Pas là, vous n'avez rien vu. Dim 27 Oct 2019 - 18:43

Froissement de cape. Raven se tient en plein milieu du Camp et observe le ciel, le regard perdu dans le vague. Il avait l'impression que cela faisait une éternité qu'ils vivaient le calvaire.
Peter ne donnait plus signe de vie depuis la formation de ce fameux cocon autour de lui, et cela inquiétait le noir Corbeau qui craignait que la situation ne fasse qu'empirer au fil du temps.
Et pour son Roi, évidemment.

Ce matin-même, ils eurent un mort à déplorer. Un jeune garçon, qui avait pourtant lutté contre la maladie jusque-là, mais qui avait fini par succomber.
Ils avaient eu tant de morts à pleurer ces derniers jours... tant de noms que le Diplomate barra sèchement dans son cahier, avec un soupir.

Pourquoi le Roi se conduisait-il ainsi avec eux ? Pourquoi leur faire endurer cela ? Et surtout, pourquoi ne s'en rendait-il pas compte ? Il avait même fauché une Mère apprentie !
Et ce n'était pas que dans leurs Rangs. Des Pères et des Mères, des Frères et des Soeurs, du côté de leurs hôtes, pleuraient aussi les leurs : ceux ayant renoncé à devenir Orbleus, ou ceux partis sous la pression d'un Virus meurtrier inconnu.

Raven passe ses mains gantées sur son visage, par fatigue comme par abattement. C'est lui qui a dû assurer un semblant de "messe" le matin même, d'un ton grave, solennel, en petit comité.
Voilà l'utilité des Diplomates; c'est eux que l'on appelle lorsqu'il faut parler. Au fond, pourtant, bien qu'il ait fait cela naturellement, le cœur n'y fut pas.
Ce n'était jamais un acte très réjouissant que de dire adieu à un mort.

Des voix résonnent non loin de lui, sa curiosité l'obligeant à quitter sa contemplation du ciel gris pour s'intéresser au sujet de conversation des deux Natifs à sa gauche.
Apparemment, l'un d'eux venait de s'égarer via l'un des fameux portails disséminés un peu partout sur l'Île, et un Pirate venait d'agréablement le raccompagner.
Agréablement, l'Inflexible n'en doute pas. Certains de leurs ennemis peuvent se montrer très aimables envers les adultes... ou de vieux amis.

C'est la curiosité du noir Corbeau, encore, son désir de savoir de qui il s'agit, qui le pousse à se rendre à la limite du Camp. Il prend son temps, néanmoins. Il en a à tuer, avant que le Natif égaré ne revienne avec ce qu'il était venu chercher.

- Hm.

Ce qu'il voit fait naître un sourire au coin des lèvres du Diplomate. Ce Pirate-là n'a pas l'air vraiment impressionnant, étant donné sa manière de prendre ses aises, assis à même le sol, astiquant ses armes en fredonnant.
Il n'a pas d'ombre, qui plus est. Par conséquent, il doit le connaître. Encore faut-il savoir qui il fut auparavant. Et surtout, peut-être savoir ce qu'il advient de Seven...
Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé.

- Guten Morgen, mon brave.

Le salue l'adolescent d'un ton doux, tout en conservant son sourire poli.
Son apparence contrastait avec la couleur de la nature environnante. De sa cape jusqu'à ses chaussures, en passant par son costume et ses gants, il était pratiquement paré de noir des pieds à la tête.
Seule sa cravate prune apportait une touche de couleur à ce sombre tableau. Même du temps de Seven, il y avait toujours eu celui en noir, et celui en blanc.

- Vous attendez votre paiement, c'est cela ?

Il lui faut un peu de temps pour se rappeler à qui il a affaire.

♪ ~ ♪ Playlist ♪ ~ ♪

Accusations (avec Witted, Asher et Raven; version "petits doigts"):

By @Pastal

Asher sursauta brutalement. Baisser sa garde à proximité d'un camp ennemi, ce n'était franchement pas malin, et il faisait mieux que ça d'habitude, mais voilà : entre le sang séché sur sa lame qui lui donnait du fil à retordre et la chanson qui venait d'envahir son esprit sans prévenir, il avait la tête déjà saturée d'informations. Il avait donc vaguement omis de surveiller son environnement sonore ainsi que les variations de luminosité dans son champ de vision périphérique.

Il restait un combattant aguerri et sa réaction fut immédiate : la lame préalablement posée sur ses genoux se dressa dans sa main, menace et tout à la fois bouclier destiné à contrer une éventuelle offensive. Muscles tendus, visage fermé, un pied au sol, l'autre genou à terre, il était prêt à bondir en avant au moindre signe d'hostilité.

... Ce signe d'hostilité n'avait pas l'air de vouloir venir, ainsi qu'Asher s'en rendit rapidement compte. Ses épaules se détendirent et il abandonna son attitude guerrière, sans toutefois s'apaiser entièrement. Face à lui, il y avait un enfant. Les enfants étaient rarement ravis de croiser des pirates sur leurs chemins et parfois, ils étaient les premiers à donner l'offensive. Celui là, cependant, n'avait vraiment pas l'air intéressé par une confrontation.

... Euh. Mon brave toi-même ? Il vient vraiment de m'appeler "mon brave" ?

Voilà qui le rendait hautement perplexe. On le lisait ouvertement sur son visage. Son regard sombre et morne fixait celui qui le surplombait et il n'était pas loin de lever un sourcil interloqué. "Mon brave" était un qualificatif qui a ses oreilles sonnait particulièrement cocasse. Et qui était parfaitement inadapté pour le décrire.

Ces considérations retardèrent l'évidence destinée à lui sauter à la gueule : ce gosse lui disait quelque chose. Asher devait certainement le connaître de son ancienne vie de garçon perdu. L'information mettait du temps à lui revenir, ce ne devait donc certainement pas être quelqu'un dont il avait été proche ni quelqu'un qu'il avait détesté. Cette façon qu'il avait de le dévisager, cependant... Ce regard appuyé qui le mettait mal à l'aise... Cela faisait écho en lui à quelque chose d'encore très tangible, très réel. De l'eau avait coulé sous les ponts, une quantité d'événements phénoménale s'était déroulée depuis la dernière fois qu'il avait vu ce gars (on quantifiait le temps comme on le pouvait sur cette île maudite), mais il commençait déjà à se le remettre. Il avait son nom sur le bout de la langue.

... Cela faisait une bonne dizaine de secondes que l'enfant lui avait posé une question. Ah. Il était peut-être temps de réagir. Enfin... Il ne lui devait rien, mais il n'y avait que deux options capables de lui éviter la gêne liée à cette ridicule latence : faire la conversation, ou bien l'envoyer chier.

"... En quoi ça t'intéresse, le mioche ?"

... Bougonna t-il donc en choisissant sans surprise la seconde option. Ramener les perdus à leur condition d'enfant n'était pas le genre d'Asher, qui trouva donc étrange d'entendre ce mot lui échapper. "Le mioche". Il avait peut-être grandi, mais il n'aimait pas marquer cette différence. Déjà parce qu'un enfant perdu, ça grandissait bizarrement. Il n'avait pas l'impression d'être devenu le même type d'adulte que ceux qui n'étaient jamais passés par la case "Grand Arbre". Ensuite, parce qu'il n'avait jamais vraiment considéré les perdus comme ses ennemis. Seul Peter était dans son collimateur. Les autres... Il s'en sentait encore proche, malgré l'évolution qu'il avait suivie. Il était le cul entre deux chaises, et c'était bien ce qui lui avait occasionné tant de problèmes.

Un observateur attentif aurait tôt fait de se rendre compte qu'Asher n'en menait pas aussi large qu'il l'aurait voulu : il avait le regard fuyant et se consacrait de nouveau au nettoyage de sa lame, de façon un peu trop zélée. Son enthousiasme sonnait faux, d'autant plus qu'il frottait une partie de l'arme déjà propre et luisante, qui n'en n'avait donc absolument pas besoin.

... Depuis quand les garçons perdus faisaient-ils calmement la conversation aux visiteurs pirates approchant dangereusement de leur lieu de vie exactement ? Bon. Le Givre avait mis l'île sans dessus dessous, c'était vrai, mais n'y avait-il pas de limite aux incongruités que cela pouvait provoquer ? La curiosité de l'enfant ne l'arrangeait pas. Si Asher se souvenait de lui, l'inverse pouvait être vrai. "Le mioche". Il avait choisi ce mot dans l'espoir de noyer le poisson. Il fallait que son interlocuteur ne voie que l'adulte en lui. L'idée d'être reconnu - et que l'information puisse aller jusqu'au oreilles de Max, d'Eilish, ou des autres - le terrorisait complètement.

Mieux valait qu'il le fasse fuir avant qu'il ne se rende compte de quoi que ce soit. Ça ne serait sans doute pas très compliqué : Après tout Asher était plutôt doué pour se mettre tout le monde à dos.

La réaction du nouveau venu fut digne d'un fauve sortant de son sommeil de façade pour se dresser sur ses pattes, toutes griffes dehors, prêt à bondir.
Ce brusque mouvement fit tressauter le noir Corbeau, qui eut un petit rire en voyant que la personne la plus en panique en ce moment même ne semblait pas forcément être lui.

Le Pirate le dévisageait maintenant d'un air perdu. Allons, pensait-il qu'un banal Diplomate puisse faire quoi que ce soit face à un homme armé ? Raven était loin d'être un Armurier aguerri, une brute de Sentinelle ou encore un féroce Chasseur...

- ... En quoi ça t'intéresse, le mioche ?

La réponse, qui avait mis du temps à lui parvenir, n'avait rien d'une réponse concrète et acceptable. Il fallait apprendre à ce grossier personnage que l'on ne répond pas à une question par une autre question. Son vocabulaire n'étant pas des plus fleuris non plus, il avait tout l'air d'un rustre.

Il ne fut définitivement pas l'un de ses collègues. Et puis, cela se voyait à son apparence; les Diplomates ont toujours été un minimum propres sur eux, et possédaient un phrasé propre à chacun.
Que pouvait-il être ? Probablement pas un Raccommodeur non plus. Ceux-ci ont un minimum d'élégance, au moins au niveau de leurs vêtements.

Le mystère restait entier pour le moment.

- Cela est vrai, je n'ai aucune raison de me demander ce que fait un ennemi à la lisière de notre campement... c'est complètement idiot, n'est-ce pas ?

Répliqua l'Inflexible sur un ton sardonique. Résumons donc : un ex-Perdu au parlé comme à l'apparence rustre, à l'accent tout aussi irlandais que le cuir chevelu et à l'air on-ne-peut moins avenant.
Il s'agit probablement d'une brute sans trop de cervelle... serait-ce finalement un Chasseur, un Armurier, une Sentinelle ? Quoique, les Armuriers possèdent un minimum de bonne conduite. La plupart ne sont pas de petits sauvages.

- Chasseur ou Sentinelle, donc... voyons cela...

Murmura le Diplomate pour lui-même, ayant sorti de sa veste son intemporel carnet aux pages jaunies par le temps, mais toujours en service, et ce depuis maintenant plus de 100 ans.
Il le feuilleta, s'arrêtant sur chaque nom pouvant correspondre à cet homme, anciennement des leurs, qui se dissimulait maintenant sous une nouvelle identité.

Raven lança quelque noms, jetant de brefs regards au Pirate face à lui, et qui semblait particulièrement occupé à nettoyer une partie déjà propre de son arme. Non... ce n'était pas lui. Ni lui. Et encore moins lui.
Cet accent... cet accent... et ce comportement quelques peu bourru... cela lui disait vraiment quelque chose. Les longs doigts fins du noir Corbeau parcouraient frénétiquement les pages de son carnet en de brefs froissement de feuilles.

- Riffraff... Mastiff... à moins que ce ne soit...

Son index s'arrête sur un nom. Un léger laps de temps s'écoule, comme si le Diplomate s'apprêtait à rendre sa sentence.

- ... Bitter ?

Le nom fila entre ses lèvres étirées en un petit sourire satisfait. Raven s'en voudrait pendant des années, si jamais il se trompait. De son point de vue, ce Perdu-là était arrivé encore tout récemment, et le bruit courait qu'il n'avait jamais réellement réussi à s'intégrer dans la communauté du Grand Arbre.
Cela ne serait pas réellement étonnant qu'il s'agisse bien de lui. Son air revêche semble lui coller à la peau. Certaines choses ne changeaient pas, même avec les années. Après tout, Seven, même avec 10 ans de plus, avait toujours cet air plutôt doux et réservé que Raven lui avait toujours connu.

- En ces temps rudes, il est vrai que cela ne m'apporte rien de mettre un nom sur votre identité passée. Je m'adonne simplement à un petit jeu de mémoire.

Jugea bon d'informer l'Inflexible, refermant son précieux carnet d'une main en un claquement sonore. Le petit cahier retrouva bien vite sa place dans la veste de son propriétaire, dont le regard gris cherchait sans cesse à accrocher celui de son interlocuteur.
Une simple ruse de Diplomate servant à montrer son intérêt à propos d'un sujet, ou tout simplement à déstabiliser la cible afin de garder un semblant de supériorité vis-à-vis d'elle.

- Alors, quel bon vent vous mène donc en ces lieux, si loin de votre zone de sûreté ? Vous avez cordialement raccompagné un Natif ici, je me trompe ?

Poser des questions dont on connait déjà la réponse est aussi une tactique permettant à coup sûr de savoir si la personne en face de vous ment, ou non.
Quel en serait l'intérêt, ici ? Ce serait si futile. Ne pouvaient-ils pas faire une trêve amicale et sans ambiguïté, le temps du Gel ?

♪ ~ ♪ Playlist ♪ ~ ♪

Accusations (avec Witted, Asher et Raven; version "petits doigts"):

By @Pastal

Sujet: Re: Pas là, vous n'avez rien vu. Mar 3 Mar 2020 - 14:37

Cela est vrai, je n'ai aucune raison de me demander ce que fait un ennemi à la lisière de notre campement... c'est complètement idiot, n'est-ce pas ?

... Il cherchait la petite bête, là. Le garçon perdu reçut un grognement agacé pour unique réponse. Asher se butait à astiquer son arme comme s'il s'était agi d'un acte vital sans lequel l'univers tout entier se serait effondré. Ça lui donnait la contenance nécessaire pour justifier son absence de réponse. Ça lui évitait de devoir admettre que son interlocuteur avait marqué un point.

Cela dit, Asher ne comptait pas justifier sa présence face à tous ceux qui se pointeraient à l'improviste. C'était aussi pour ça qu'il était resté ici, en sécurité mais aussi loin qu'il le pouvait du Camp. L'aide qu'il avait apportée au natif égaré suffisait. Il avait fait son taf. Expliquer la situation aux autres réfugiés était celui de son compagnon de route. Hors de question qu'il s'emmerde à donner des détails, il se contenterait de l'information essentielle sans laquelle ce chieur ne le lâcherait probablement pas :

"Je compte pas rester longtemps. Rassuré ? Alors du vent..."

Il ne reçut pas la réponse à laquelle il s'attendait. Vraisemblablement, l'intérêt du perdu avait dérivé sur un tout autre sujet.

Chasseur ou Sentinelle, donc... voyons cela...

Hein ? Quoi ? De quoi parlait-il ? Asher, qui n'était pas aussi idiot qu'il en donnait l'impression au premier abord - après tout il restait le frère de sa sœur - réalisa très rapidement de quoi il était question. Son visage perdit brutalement ses couleurs. Ses yeux clairs, qui n'avaient finalement que peu changés malgré son apparence adulte, se dressèrent brutalement dans ceux du diplomate, dont l'identité lui était désormais presque entièrement revenue.

... Cette façon de lire en lui, de le dévisager, qui l'avait toujours désarçonné... Ce regard malaisant qui le mettait à nu sans qu'il ait le moindre contrôle sur ce qu'il révélait ou non... Cette capacité à deviner le non-dit au point de donner l'impression au gamin qu'il avait été d'une forme d'omniscience terrifiante...

Eh merde. Raven. De toutes les anciennes connaissances qu'il aurait pu croiser, il avait fallu que ça soit lui. Asher baissa presque immédiatement la tête en direction du sol et plus précisément de son absence d'ombre, contre laquelle il pesta bruyamment.

"... Eh merde. Bordel de sac à palourdes."

Les insultes fleuries à base d'associations de mots absurdes faisaient déjà partie de ce qui caractérisait Asher à l'époque où il était encore garçon perdu, et se laisser aller ainsi ne faisait que donner plus d'indices à Raven pour deviner qui il était vraiment, mais il n'était plus à ça près. Le diplomate avait déjà identifié les deux groupes auxquels il avait appartenu du temps de ses douze ans perpétuels. C'était probablement trop tard pour essayer d'arrêter le bulldozer qu'il avait à la place du cerveau.

Autant arrêter de récurer des tâches invisibles. Personne n'était dupe. Il lâcha son sabre sur le sol et se frappa violemment le front du plat de la paume, avant que la dite paume ne glisse tout du long de son visage, déformant ses traits accablés. Il avait le choix entre paniquer en vain et se résoudre à l'inévitable. La seconde solution paraissait moins fatigante. Blasé, il laissa les serres du destin se refermer sur sa nuque : Raven avait le nez dans son carnet, ce n'était qu'une question de minutes avant qu'il n'y retrouve son ancien nom.

... Ou de secondes, vraisemblablement. Était-il à ce point reconnaissable ? Il n'avait fallu qu'une mauvaise proposition vite balayée avant que l'adolescent tombe sur la bonne réponse, a priori presque certain de son verdict, et ce même avant qu'Asher ne le valide. Ou tente de l'invalider. Cela valait-il bien le coup d'essayer de rouler Raven dans la farine ? Le rouquin n'avait jamais été doué pour ça, et il se tenait face à une sorte de détecteur de mensonges ambulant. Alors...

Cela faisait longtemps que personne ne l'avait plus appelé par ce nom. "Bitter". Ça ne lui avait pas manqué : il n'avait jamais aimé ce sobriquet, même si tout le monde avait l'air persuadé qu'il le portait bien. "Tout le monde" n'était pas très sympa de se payer sa poire comme ça. Il n'avait pas demandé la désillusion qu'il avait vécue suite à son arrivée sur l'île. Quant à Raven, il était en train de lui raconter pépouze qu'il n'en avait en réalité rien à foutre de savoir qui il était, mais que ça l'amusait d'essayer de deviner. Les vies et les émotions d'autrui formaient donc son terrain de jeu. Sympa.

... Ça n'était décidément pas pour rien qu'il ne l'avait jamais senti. Asher avait toujours eu un bon instinct lorsqu'il était question de savoir qui était fiable et qui ne l'était pas du tout.

"C'est pas un jeu pour tout le monde..."

Le perdu se rendait-il compte des dégâts qu'il pouvait causer en forçant les gens - n'importe qui, vraiment, pas juste lui - à révéler qui ils étaient avant de grandir ? S'en souciait-il seulement ? Il avait toujours été du genre froid et impassible. Ce type de personnes mettait Asher intensément mal à l'aise : l'absence d'empathie était un truc qu'il peinait à comprendre et à accepter.

"............"

La peur dans les yeux du pirate laissait peu à peu place à une douleur résignée, ainsi qu'à une hésitation marquée. Il fixait Raven et une question lui brûlait les lèvres. Était-ce bien sage de laisser son cœur s'exprimer dans un pareil moment ? De donner au diplomate la confirmation qu'il attendait, et par là-même des armes supplémentaires qu'il pourrait aisément retourner contre lui ?

Haha. C'était une question facile : NON. Idée de merde. Raven n'en avait probablement rien à péter de lui et de ses histoires, mais malgré tout, montrer ses vulnérabilités face à ce gars, c'était potentiellement se condamner à des emmerdes qu'il n'allait même pas voir arriver. Qui sait ce qu'il était capable de répéter ? Et à qui ? C'était le moment qu'Asher se lève et qu'il se casse, basta, tant pis pour le repas et pour la bibine. Non seulement Raven était susceptible d'utiliser tout ce qu'il pourrait lui révéler contre lui sans sourciller ni éprouver le moindre remord, mais en plus de ça, il faisait partie des fréquentations de sa frangine, qu'il craignait de rencontrer. Et c'est exactement pour cela....

... Qu'il ne bougea pas d'un cil.

"Comment va Eilish ?"

Tant pis. Au diable la prudence. Foutu pour foutu de toute façon... Que pourrait-il lui arriver de pire que ce qu'il avait déjà vécu ? C'était une occasion unique de savoir ce que sa sœur devenait. Il ne se serait pas pardonné d'être passé à côté, tout cela parce qu'il essayait de préserver son absence d'intégrité physique et mentale.

... Cela dit, il y avait peu de chances que Raven se souvienne de ce nom. C'était celui par lequel il avait continué d'appeler sa sœur même après leur arrivée au Grand Arbre, mais son départ dudit Grand Arbre commençait à dater. Rares devaient être ceux qui avaient mémorisé le prénom réel de la petite-fille. Lui-même ne s'en souvenait que parce qu'il possédait encore la feuille de journal intime sur laquelle il l'avait écrit, qu'il relisait régulièrement.

"Witted, je veux dire."

Allez. Un précipice fictif de plus dans lequel il se jetait à corps perdu. Quoi de plus habituel ?

... Bon sang, il avait besoin de rhum.

Le malaise s'est installé, aussi facilement que la position de supériorité du Diplomate dans l'affaire. Bien. C'est un point de marqué afin d'être sûr de garder une totale maîtrise de la situation, de la conversation.
Mais, la myriade d'émotions qui illumine les yeux du Pirate fait se raviser le noir Corbeau; quel idiot il a été de vouloir enterrer un homme qui fut toujours en proie au mal être, et ce depuis son arrivée sur l'Île de Jamais ?

Pourquoi vouloir éloigner et réprimer une menace inexistante ?

Claquement de langue ennuyé, soupir las. Il n'avait pas besoin d'infliger une telle pression à son interlocuteur...
Une grimace tord les lèvres de Raven, qui déteste par dessus tout avoir tort et s'excuser. Mais, son rôle l'y oblige néanmoins :

- Hm. Il est cruel de ma part de faire ressurgir le passé, surtout en cette rude période. Navré, je me suis laissé emporter.

Déclara-t-il, tentant de masquer du mieux qu'il peut le fait qu'il ait dit cela avec une mauvaise grâce mal assumée.

"Restons professionnel et accédons plutôt à sa demande. Ne quémande-t-il pas des nouvelles de sa sœur ?"

Se dit-il ensuite. Qui plus est, cela paraissait plutôt important.
Évidemment, cela concerne les liens familiaux. L'Inflexible peut le comprendre; ce n'est pas comme si les Diplomates constituaient sa famille de cœur, après tout...
... et que son meilleur ami se trouve dans le camp ennemi, cela ne changeant pourtant en rien leur relation.

- N'ayez crainte; votre cadette se porte comme un charme...

Répond le noir Corbeau, que cette constatation semble quelques peu ennuyer. Il n'est pas bon de souhaiter que la petite tombe malade, même si cela permettrait qu'elle reste un peu tranquille...
Ce n'est pas aisé de garder tous les Diplomates à l'œil, surtout lorsque ceux-ci ont tendance à faire des allées et venues entre le Canyon et l'Ossuaire afin d'assurer une communication optimale entre les deux Campements.

Lorsque leur Tête ne se montre pas capable d'assumer son groupe, c'est son second autoproclamé qui s'en charge. La situation actuelle, d'ailleurs, ne fait que renforcer l'opinion de ce dernier : il aurait fait un bien meilleur Chef que ce rustre.

Enfin, passons.

- Elle reste rayonnante et légèrement envahissante, comme à son habitude.

Continue Raven sur sa lancée, affichant un fin sourire serein, à la limite de l'amusement. Il en a vu passer, des enfants aux caractères bien différents, depuis le temps qu'il se trouve sur cette Île.
Et, lorsqu'ils arrivaient chez les Diplomates, il prenait bien soin de les couver, probablement d'une façon trop stricte et oppressante cependant.
Mais, il pense bien faire.

S'accordant une pause dans la conversation, l'Inflexible reprend en main son carnet, tournant patiemment les pages afin d'arriver à la période approximative des années 80. De la poche de sa veste, il sort un stylo à plume, qu'il met un moment avant de réussir à amorcer. Le froid n'est pas le meilleur ami de l'encre.
Puis, le Garçon Perdu recherche l'ancien nom du Pirate, relié par une grâcieuse accolade à celui de sa jeune sœur, à laquelle le noir Corbeau rajoute une information dans la marge :

(Eilish)

Il est toujours bon de se rappeler de ce genre d'information, même celles appartenant à une vie révolue que l'on ne pourra jamais retrouver. Dans le cas présent, il semblerait qu'il soit passé à côté de celle-ci après tout ce temps.
Tout est bon à savoir, afin de ne rien manquer lors d'une conversation. Chaque mot, chaque mimique, chaque expression a son importance cruciale pour "ceux qui savent parler".

Le Diplomate n'a aucune crainte de se faire sournoisement attaquer. Il se doute que ce n'est pas la manière de procéder de Bitter, qu'il verrait en plus venir étant donné qu'ils se font face.
Qui plus est, il n'a aucune raison valable de s'en prendre à lui dans ces moments compliqués, n'est-ce pas ? Ce serait un gâchis de temps et d'énergie simplement pour la maigre compensation d'avoir mis fin aux jours d'un ennemi.

D'un côté comme de l'autre, l'entretien de la rivalité entre adultes du Port et enfants de l'Arbre n'est certainement pas la priorité.
C'est une chose que l'adolescent juge d'ailleurs bon de rappeler, par précaution, mais aussi pour rassurer son interlocuteur, qui lui en dira peut-être un peu plus s'il se sent en confiance :

- Étant donné la situation actuelle, aucune information essentielle de notre petite discussion ne sera divulguée à qui que ce soit, afin de préserver cette paix factice qui s'est installée entre nos peuples respectifs. Nous sommes évidemment d'accord sur ce point, j'imagine ?

Ses yeux gris rivés dans ceux de l'ex-Sentinelle, son ton se faisait grave, presque menaçant. Qui sait ce que les Diplomates pouvaient inventer, avec un peu d'informations et une bonne imagination ?
La maîtrise de l'art oratoire peut aussi bien servir pour établir la paix comme pour engendrer la guerre.

- Je suis curieux...

Reprit Raven après un nouveau moment de silence. Les pages de son carnet claquèrent à nouveau alors qu'il retrouvait sa place dans la veste, suivi par le stylo qui retourna dans sa poche attitrée.

- Comme le Givre vous a délogé, comment vous organisez-vous maintenant ?

Le ton avait beau être celui de la conversation -teinté d'une pointe du curiosité- il s'agissait en fait d'un acte. En vérité, l'Inflexible désirait simplement quelques nouvelles de celui qui fut pendant un peu plus d'un siècle la fidèle ombre blanche du noir corbeau.
Mais, il n'allait pas demander de but en blanc comment se portait Azel. Ce sont les Diplomates qui jouaient avec les émotions d'autrui, ils n'avaient aucunement le droit de perdre le contrôle des leurs. Personne ne devait savoir à quel point il pouvait s'inquiéter pour son meilleur ami.

♪ ~ ♪ Playlist ♪ ~ ♪

Accusations (avec Witted, Asher et Raven; version "petits doigts"):

By @Pastal

Depuis quand ce type se souciait-il de la "cruauté" dont il pouvait faire preuve, pour reprendre ses mots ? Bon, soyons honnête : Asher ne le connaissait pas très bien. C'était surtout Eilish qui le côtoyait. Lui, il se contentait d'être mal à l'aise en sa présence. Il n'aimait pas la façon dont Raven était en permanence en train de tout noter, de tout analyser. Il ne lui inspirait pas confiance.

Malgré ces sortes d'excuses, Asher ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'il y avait anguille sous roche. Pourquoi Raven le brossait-il dans le sens du poil ? Il voulait quelque chose ? Mais quoi ? Telle était la question. Asher n'avait pas l'impression d'avoir en sa possession la moindre information qui pourrait l'intéresser. Plus maintenant que l'adolescent avait deviné son identité, toujours.

"Hmm hmm..."

Se contenta-il donc de répondre, avec une méfiance manifeste, qu'il ne prendrait certainement pas la peine de cacher.

C'était peut-être pas le bon plan de se montrer désagréable tandis qu'il attendait lui-même une réponse à ses questions, mais bon. C'était pas pour rien qu'il avait été chasseur, sentinelle, mais certainement pas diplomate : mettre les formes, ça l'emmerdait royalement. Il privilégiait largement l'approche directe à toute autre forme de pirouettes, de flatteries et de tournage autour du pot.

Il était parti du principe que Raven n'allait probablement pas lui donner ce qu'il voulait de toute façon alors, foutu pour foutu...

Il se figea. Son expression s'adoucit tandis qu'il soulevait presque imperceptiblement un sourcil, étonné. Ah bah finalement, Raven répondait. Mais était-ce vraiment si surprenant ? Déjà il s'excusait, maintenant il se montrait atrocement coopératif...

... Non mais vraiment, il voulait quelque chose, c'était ça ? Mais quoi, enfin ?! Qu'est-ce qu'Asher pouvait bien avoir ou savoir qui pourrait pousser ce glaçon ambulant à mettre en pratique ses compétences sur lui ?

Il n'en avait toujours aucune idée, mais il était bon d'apprendre qu'Eilish allait bien. Un rictus irrésistible étira ses lèvres tandis que Raven décrivait sa frangine en des termes plutôt amusants. "Rayonnante et légèrement envahissante". Dans son attitude comme dans l'expression de son visage on sentait cependant la potentialité paradoxale d'une menace toute proche : Raven n'avait pas intérêt à parler de sa sœur en des termes insultants, ou peu élogieux. S'il pourrissait Eilish d'une manière ou d'une autre, il lui refaisait le portrait. Cette fatigue qu'il avait senti poindre au travers de la première réponse du diplomate était déjà de trop.

Cependant, c'était très Eilish d'être "rayonnante et légèrement envahissante". Il aurait bien aimé se faire légèrement envahir plus souvent, malheureusement ça n'était plus possible. Il espérait que Raven avait conscience de la chance qu'il avait de pouvoir côtoyer ce petit soleil tous les jours. Cela dit, l'adolescent avait désormais l'air plus attendri qu'agacé, et c'était ce qui le sauvait.

"Je vois qu'elle est toujours égale à elle-même... C'est bien. Tant mieux."

Il le pensait sincèrement. Et cela même si une partie de lui pensait qu'Eilish était (encore plus) en danger tant qu'elle restait parmi les garçons perdus. Même si cette partie de lui continuait d'espérer qu'un jour, elle grandirait, et qu'ils pourraient se retrouver.

Le regard vif du pirate se tourna sur les doigts de Raven, et plus précisément sur le stylo qu'il agitait encore sur une page de carnet. Sa paupière tressauta. Sa mâchoire se serra. Il n'aimait vraiment pas ça. Un grognement lui échappa.

"... Tu pourrais éviter de gratter ce truc pendant que tu me parles ? C'est ultra stressant."

Ennuyé, Asher - qui tirait de nouveau la gueule - posa le coude sur son genou et se tint la tête dans la main jusqu'à ce que Raven ait terminé son affaire. Avec un peu de chance la prochaine fois il attendrait que la discussion soit achevée avant de compléter ses notes. Ou pas. Parce qu'il n'avait plus douze ans et parce qu'il n'était plus aussi impressionnable, Asher osait exprimer frontalement son malaise vis-à-vis des habitudes de Raven, mais ça n'était pas pour autant que ce dernier allait accéder à sa demande. Même si il s'était montré étrangement conciliant, jusqu'à présent.

Étant donné la situation actuelle, aucune information essentielle de notre petite discussion ne sera divulguée à qui que ce soit, afin de préserver cette paix factice qui s'est installée entre nos peuples respectifs. Nous sommes évidemment d'accord sur ce point, j'imagine ?

"C'est plus ma guerre depuis un long moment, ça l'a jamais vraiment été, donc autant te dire que j'en ai de toute façon rien à foutre de la moindre éventuelle information essentielle."

Blasé, il gardait sa position. Il était normal que Raven se méfie de lui, même si vraiment, il n'y avait pas de quoi. Il n'était plus que l'alcoolique, l'homme à tout faire, au mieux le garde du corps de service. Puis même s'il avait encore été maître d'armes, il était pas assez bleu pour avoir envie de faire des rapports à Hook.

Je suis curieux...

Ah. On y venait. Raven avait RÉELLEMENT quelque chose à lui demander, finalement.

Comme le Givre vous a délogé, comment vous organisez-vous maintenant ?

Tout d'abord interdit, il plissa rapidement les yeux. Donc en fait il avait pris cette histoire d'informations essentielles qu'on n'irait pas divulguer à l'envers. Raven était en train de lui demander de baver sur les activités du Ranch, là. En quoi ça pouvait bien l'intéresser ? C'était CARRÉMENT suspect, comme question. La "paix" actuelle qui existait entre les pirates et les garçons perdus était très loin d'être officielle, ce n'était même pas vraiment un accord tacite. Juste une conséquence du Givre et de l'absence d'occasions que chacun avait pour se taper sur la gueule. Peter n'était certes pas là pour mener la charge, mais ça ne voulait pas forcément dire grand chose. Son influence avait tordu le cerveau de pas mal de monde au Grand Arbre, on n'était pas à l'abri d'une idée de merde et de l'initiative qui allait avec.

"... Pardon laisse moi être plus clair. C'est pas ma guerre, mais t'as aussi peu de raisons de me croire que moi l'inverse. Et du coup je serais particulièrement stupide de te filer le couteau avec lequel tu m'égorgeras peut-être une nuit prochaine. Pourquoi est-ce que t'aurais besoin de savoir comment on s'organise maintenant ? File moi une seule raison qui ne soit pas pour vous entuber sévère quand on en aura l'occasion."

Hey. C'était pas parce qu'il avait de gros biceps qu'il fonctionnait avec deux neurones se battant en duel. Bon ok. Il était impulsif et dans la plupart des cas, il agissait avant d'utiliser (ou sans utiliser) son cerveau. Mais ce n'était pas pourtant autant qu'il était complètement con. Parfois, comment maintenant, quand son intuition aiguë l'y forçait, il faisait l'effort d'activer le truc qui végétait entre ses deux oreilles. D'une manière ou d'une autre, il y avait anguille sous roche.

Évidemment, il n'allait pas lui répondre. Cet homme avait beau être une brute épaisse, il semblerait que les années lui avaient fait cadeau d'un semblant de raison et de prudence.
Raven en venait presque à se demander qui d'eux deux était le plus sur la défensive en ce moment même. Brute, mais pas complètement idiot, donc.

- Je vous prierai de surveiller votre langage...

Siffla le Diplomate, accompagnant ses mots d'une grimace de dégoût. La beauté de la langue semblait bel et bien s'être perdue avec le temps.
Il n'y avait qu'à entendre les derniers arrivés et leur langage charretier pour s'en rendre compte... c'est à vous faire grincer des dents.

- Je ne fais que demander la compensation de l'information que je viens de vous donner à propos de votre sœur. C'est tout.

Se justifia le noir Corbeau, sans se départir de son air grave.
Il laisse un silence pensant s'installer entre eux, réfléchissant à ses mots, à sa manière de procéder.

Il laisse échapper un long soupir, repose les yeux sur son interlocuteur.
Visiblement, il n'obtiendra rien de lui en passant par mille chemins.

- Cependant, il est tout à fait vrai que la valeur des informations échangées n'est pas équitable. Je cherchais simplement à me protéger, mais ce n'est évidemment pas en posant des questions à demi mot que j'obtiendrai ce que je veux entendre.

Pourquoi ne pas en venir directement au vif du sujet, alors ? Pourquoi attendre encore ? Était-il seulement bon de demander une chose pareille à l'ennemi ? Était-il réellement fiable ?
Ce n'est pourtant pas le genre d'homme à manquer à sa parole, en particulier s'il s'agit d'éviter les conflits. Il n'aurait pas idée d'en créer un dès à présent et de potentiellement mettre sa cadette en danger...

Non, quelle sotte idée que voilà.

Ils avaient un marché. Rien de ce qui pourra se dire ici ne sera divulgué. Et s'il arrivait, par malheur, le contraire, Raven finirait par le savoir un jour ou l'autre.
Et ce ne sera pas sans conséquences. Après tout, des vies, ainsi que sa réputation d'irréprochable Diplomate, étaient en jeu.

- Cela peut vous paraître étrange, mais j'ai moi-même un être cher dans le camp ennemi. Même si la distance nous sépare, je ne puis cacher que je m'inquiète pour lui...

Déclare enfin l'Inflexible en prenant soin de garder une certaine contenance dans ses paroles comme dans ses gestes. Il n'est pas bon de paniquer en s'imaginant le pire.

- ... comment Azel se porte-t-il ?

L'adolescent a beau être un bon orateur, il n'en reste pas moins sensible pour autant.
Et malgré ses efforts pour paraître impassible, la crainte crispe ses traits.

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Asher n'allait certainement surveiller rien du tout, mais il ne prit pas la peine de le faire remarquer. Il n'avait jamais eu un langage très fleuri, personne n'avait jamais réussi à le dissuader de changer ses façons de faire - ce n'était de toute façon pas la priorité de son entourage proche - et ce n'était certainement pas aujourd'hui qu'il était adulte que ça allait arriver.

Il ne devait de toute façon rien à Raven, n'en déplaise au diplomate qui était en train d'essayer de le convaincre qu'un retour était requis, maintenant qu'il avait accédé à sa demande en lui donnant des nouvelles d'Eilish. C'était son job et il devait très certainement le savoir : s'il avait voulu utiliser cette information comme une monnaie d'échange, alors il ne l'aurait pas délivrée si facilement. Parce que maintenant, plus rien n'obligeait Asher à lui rendre la pareille.

Non. Raven n'avait pas eu l'intention première d'utiliser cet argument. Il était ici depuis trop longtemps. Il n'aurait pas fait une erreur pareille. Il lui avait offert ces infos comme preuve de sa bonne foi, pour endormir sa méfiance, pour se rendre sympathique, pour pousser Asher à parler. Malheureusement pour lui, Raven l'avait sous-estimé. Il en fallait plus pour mener Asher par le bout du nez. Surtout lorsqu'on se rendait auteur d'un comportement si suspect, lorsque lu entre les lignes.

Raven avait changé d'avis au dernier moment, lorsque c'était en théorie trop tard pour que cela fonctionne. C'était un geste limite désespéré. Il n'était pas aussi calme ni aussi indifférent qu'il le laissait paraître. Il y avait quelque chose qu'il avait vraiment, vraiment très envie de savoir, et ça le poussait à des extrémités assez... intrigantes.

Asher n'avait pas bougé. Il tenait toujours sa tête dans sa main. Il avait toujours l'air hautement blasé. Peut-être plus encore maintenant que Raven lui avait servi cette excuse réchauffée. Il levait un sourcil et l'observait en silence avec un air de dire "Tu me prends vraiment pour un idiot, n'est-ce pas ?".

Le diplomate ne lui fit pas l'affront d'attendre qu'il rende son incrédulité plus explicite.

"Cependant, il est tout à fait vrai que la valeur des informations échangées n'est pas équitable. Je cherchais simplement à me protéger, mais ce n'est évidemment pas en posant des questions à demi mot que j'obtiendrai ce que je veux entendre."

"En effet."

Il l'admettait. Bien. On allait peut-être arrêter de faire du surplace, maintenant.

Et effectivement, Raven cessa sans attendre de tourner autour du pot. Ce n'était pas tant la vie et l'organisation du Ranch qui l'intéressait, finalement. Il n'était pas en train d'essayer de l'enfumer. Asher avait plus ou moins fini par le comprendre, mais c'était bon d'entendre le perdu le formuler en ces termes.

Il s'inquiétait pour un ami, devenu pirate sans ombre au même titre qu'Asher lui-même (... plus ou moins, les expériences n'étaient pas non plus comparables). Subitement, Raven lui paraissait plus sympathique. Plus humain. Ce n'était pas pour autant qu'il lui faisait confiance et ça ne changeait rien à cette impression qu'il avait d'être face à un animal à sang froid dépourvu d'empathie, mais au moins, cela prouvait que l'adolescent était capable d'attachement. Asher l'avait peut-être légèrement mal jugé, finalement.

Son expression s'adoucit. Sur ses lèvres, on pouvait presque lire un sourire. Presque. Vrai. Il l'avait presque oublié, que ces deux là étaient toujours fourrés ensemble avant.

"... Il suffisait de commencer par là. Là, j'ai pas de raisons de te cacher ce que je sais."

... Mais que savait-il, exactement ? Oui, il connaissait et croisait régulièrement Azel. Cela dit, il faisait de son mieux pour l'éviter. Ce type le ~~terroris~~ crispait. Hautement. Il n'avait pas grand chose à dire à son sujet si ce n'est qu'il coupait toujours autant de têtes et qu'il devait donc se porter comme un charme.

En fait il n'en savait rien, pour les têtes. Leur simple existence détachée de leur tronc d'origine lui flanquait des frissons d'effroi et l'envie de se réveiller d'un cauchemar particulièrement malsain.

Profondément plongé dans ses souvenirs, Asher réfléchissait. Il fronçait les sourcils et se frottait le menton à la recherche du peu de détails qui lui revenaient.

"Il est parmi les rebelles, c'est pas un orbleu, c'est déjà pas mal en soi. Sans te mentir, j'en sais pas beaucoup plus. Je suis pas méga fan de ses... habitudes... collections... trucs. Têtes, je veux dire. Je sais même pas si t'es au courant de ça, en sept... pardon. En FAIT. Il était déjà comme ça avant ?"

Et Asher l'avait-il su ? Peut-être... Cependant, même si il avait une mémoire particulièrement aiguisée -et qu'il entretenait quotidiennement - même lui n'était pas à l'abri de l'Oubli.

Il aurait pu s'empêcher de faire une remarque. Il aurait pu éviter de donner son point de vue sur la question, même s'il n'y avait, en soi, aucun mal à le faire.
Pourtant, c'est à cause de cela que la gêne s'empara de Raven, bien vite réprimée puis masquée par le retour de son expression grave. Il baisse subitement les yeux, secoue la tête pour se ressaisir.

L'Inflexible ne peut s'empêcher de retenir un léger soupir d'exaspération, adressé à lui-même. Un Diplomate qui se respecte ne se laisse pas guider par ses émotions, mais uniquement par la raison.
Cela finira par lui faire du tort un jour ou l'autre. Même lorsqu'il s'agissait de parler de son meilleur ami, il devait faire preuve d'un minimum de contenance.
Malheureusement, un siècle d'amitié ne se balaye pas d'un revers de main.

- Il est parmi les rebelles, c'est pas un orbleu, c'est déjà pas mal en soi. Sans te mentir, j'en sais pas beaucoup plus.

- Hm.

En vérité, ce genre d'information suffisait amplement au noir Corbeau, dont les lèvres étaient malgré lui étirées en un petit sourire satisfait. Le simple fait de savoir que Seven allait bien l'apaisait, le rassurait.

S'ils n'avaient pas eu ce petit différend par le passé, il ne serait probablement pas parti. Du moins, c'est une chose dont l'adolescent voulait se persuader, portant sur ses épaules la culpabilité -probablement injustifiée- de la fuite de celui qui fut son ombre pendant plus de 100 ans.

Raven l'avait protégé et soutenu. Quand avait-il flanché ? Avait-il fini par accorder trop d'importance aux autres Diplomates, au détriment de Seven ?
Ils avaient pourtant tenu bon pendant si longtemps, ensemble. Il avait forcément fini par se relâcher, et on ne voulait pas le lui avouer par peur de le blesser.

Le jeune garçon devait avoir dérivé à partir de ce moment-là, tel un bateau dont l'amarre n'était plus assez résistante, plus assez forte pour le protéger du vent.
Des insultes, brimades, quolibets. Du malêtre, de la solitude.

Il n'y avait pas d'autre explication possible, parce qu'il n'y avait aucune inconnue dans l'équation.
Les deux Diplomates savaient tout l'un de l'autre, absolument tout. Ils se connaissaient aussi bien qu'eux-même.
Alors, pourquoi ?

- Je suis pas méga fan de ses... habitudes... collections... trucs. Têtes, je veux dire.

Qu'avait-il raté ?

- Je sais même pas si t'es au courant de ça, en sept... pardon. En FAIT.

Quelle était cette information manquante, la fameuse inconnue non désirée de l'équation ?

- Il était déjà comme ça avant ?

L'Inflexible en reste incrédule. Que Bitter lui racontait-il là ? Des divagations, probablement.
Pourtant, à en juger son aspect, il paraissait en bonne santé... la folie elle-même est reconnaissable lorsqu'elle habite un individu.

N'est-ce pas ?

- Die... Köpfe...?

Répète le noir Corbeau dans sa langue natale, afin de se rendre compte des l'importance des mots de son interlocuteur.
Jamais, jamais ils n'avaient eu une discussion de ce genre... il s'en souviendrait, sinon. Azel lui cachait-il des choses ?

- Non... Il n'y a jamais eu de cela avant...

Finit par répondre l'adolescent, le sérieux ayant retrouvé sa place sur ses traits. Il fixait toujours l'ex-Sentinelle en face de lui, de haut en bas, comme pour le sonder.
Mots, langage corporel, tout était à prendre en compte lorsqu'il s'agissait de déduire si l'on mentait ou non.
Mais rien. Le Pirate était on-ne-peut plus sincère. Même l'inconfort transpirait de ses mots, prouvant une fois de plus leur véracité.

Soudain, ce sont ceux d'une conversation récente qui lui reviennent en mémoire, comme un vieux démon que l'on aurait cherché à chasser :

"Parfois je me rends compte que je me retrouve ailleurs, ou que j'ai fait quelque chose de mal... Du kannst mir nicht vertrauen, ja... Tut mir Leid."

Cette histoire serait-elle donc en lien avec ce qu'Azel lui avait dit à ce moment-là ?
En y repensant, Raven avait décidément comme un mauvais pressentiment qui lui nouait les entrailles.

Il ne voulait pas croire que son meilleur ami soit devenu, d'une façon ou d'une autre, un criminel.
Il ne le voulait pas.

- Ce que vous avancez ne m'évoque rien de bon. C'est potentiellement grave, et cela nous concerne aussi très probablement. Alors, j'aimerai que vous me livriez tout ce que vous savez sur ces... faits.

Tout en parlant, le Diplomate alla s'asseoir sur une pierre à deux pas de lui, croisant les jambes. Ce n'était certes pas un siège des plus confortables, mais cela suffisait amplement.
Il ne s'était pas assis depuis le petit matin, car il n'en avait pas éprouvé le besoin. Mais, actuellement, il jugea que c'était préférable.
Les mauvaises nouvelles peuvent parfois vous faire perdre pied.

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Raven ne semblait pas avoir apprécié son commentaire. En terme de fierté mal placée et de besoin de tout contrôler, Asher n'était pas le dernier. Il comprenait donc partiellement la réaction de l'adolescent, lequel n'appréciait vraisemblablement pas que son image de froideur et d'indifférence se fissure moindrement.

Pourtant, en terme de stratégie pure, c'était un bon plan. Asher était nettement plus prompt à discuter - et donc à réellement échanger des informations - avec quelqu'un qui lui paraissait humain, vivant, pas taillé dans un bloc de marbre ni sorti tout droit d'un nid de serpents. Il ne fallait pas qu'il se mette une pareille pression. Il n'y avait rien de mal à vouloir prendre des nouvelles d'un ancien ami.

Asher ne ferait aucune remarque supplémentaire, cependant. La façon d'être de Raven, sa manie de tout analyser l'avaient toujours mis mal à l'aise. Cependant il n'avait à proprement parler rien contre lui. Il n'avait aucun intérêt à enfoncer le clou, et à mettre ce pauvre diplomate plus mal à l'aise que nécessaire.

Il se contenta donc de lui délivrer les informations qu'il avait en sa possession.

Quelque chose n'allait pas. Asher avait un mauvais pressentiment. Raven était trop silencieux, c'était presque comme s'il avait cessé de respirer. Puis un, ou deux mots lui échappèrent, dans une langue qui lui était inconnue. Le pirate ne comprenait pas ce que racontait son interlocuteur, mais à en croire son expression, Raven était surpris. Ça ne pouvait pas être pour trente-six mille raisons différentes. Chose qu'il lui confirma presque immédiatement.

... Donc, il ne savait pas. Misère. Il fallait que ça tombe sur lui. Pas tout à fait ravi de se retrouver dans cette position de porteur de mauvaises nouvelles, Asher esquissa une brève grimace.

"Ah. Ok. Bon."

Il observa le diplomate s'installer par terre - il faisait bien de s'asseoir, ouais - et tenter bien inutilement de le convaincre d'en dire plus. Raven n'avait en réalité pas besoin d'argumenter. Asher n'était pas homme à laisser quiconque dans l'ignorance d'un pareil péril quand il avait la possibilité de faire autrement. Qui plus est Azel n'était pas dangereux que pour Raven. Plus il y aurait de perdus qui se méfieraient de lui eh bien... moins on aurait de têtes orphelines. Ou du moins fallait-il l'espérer.

"T'inquiète... Je vais pas te laisser courir au casse-pipe sans préparation. Et les autres non plus. C'est juste que... Damnaigh é, par où je commence..."

Par un gros soupir, et par sa main qui passait à nouveau tout du long de son visage, trahissant son accablement.

"Je vais pas pouvoir t'en dire énormément, comme je t'expliquais je l'évite... Ce qu'il fait me rend malade. Je connais pas ses raisons, je sais juste qu'il le fait."

Asher se sentait mal pour Raven. Il était littéralement en train de lui apprendre que son meilleur ami était devenu une sorte de serial killer qui vivait au milieu de têtes momifiées.

"... Il tue des enfants. Il coupe leur tête, il les garde chez lui, il met des chapeaux dessus. Je crois qu'il leur parle, aussi, mais j'ai jamais constaté ça de moi-même. Il a un truc avec le nombre sept et je crois qu'il a intégré ça dans ses rituels aussi, c'est pour ça que je pensais que c'était... pas entièrement nouveau. Vu son ancien nom. Tout ça. Désolé."

Il détourna les yeux, mal à l'aise. Quelque part, dans sa tête, il s'était convaincu qu'Azel... que Seven avait toujours été de "ce genre" d'individus. Que Raven s'en moquait, qu'il le lui laissait passer, ce qui associé à son caractère distant le rendait encore plus antipathique. Il était habituellement bon juge de caractère et il était assez rare que ses premières impressions le trompent, mais pour le coup il commençait vraiment à se dire qu'il s'était planté sur toute la ligne... Eilish se serait bien foutu de sa gueule si elle avait été là et si elle avait pu lire ses pensées. "Je te l'avais bien dit", gnagnagna.

Qu'il commence, pardi ! Par n'importe quelle partie de l'histoire qu'il juge digne d'être connue, mais qu'il commence !
Raven sentait ses doigts se crisper, ses ongles s'enfoncer dans sa paume. Il devait absolument savoir ce qui s'était passé avec Seven entre son Bannissement et la fois où il l'avait revu.
Ce qu'il avait pu rater.

Il y a des moments pendant lesquels le noir Corbeau avait cruellement envie de secouer son interlocuteur. Ce qu'il déteste par dessus tout, c'est l'indécision, et ceux qui tournent autour du pot.
Dans le cas présent, il prenait sur lui pour se retenir, son image de Diplomate au calme olympien lui interdisant un tel écart de conduite.
Que Bitter en vienne au fait ! Il n'avait pas besoin de se justifier dans un moment pareil !

Au fond, pourtant, l'Inflexible n'était pas prêt de les entendre, ces faits. Il ne l'aurait probablement jamais été, de toute manière.
Mais ils sont là, pourtant, ils existent, ils sont réels.

Plus les explications du Pirate filent, plus le Diplomate se décompose.
C'est d'abord son teint, qui devient livide. Puis son air grave, qui se détend, jusqu'à faire peindre la désolation à sa place. Ses épaules s'affaissent, il baisse la tête.
Ses lèvres tremblent, légèrement entrouvertes, comme si elles voulaient laisser passer des mots qui ne viennent pas.

La fierté et l'assurance se sont envolées, laissant l'adolescent penché en avant, le visage enfoui dans ses mains.
Il ne pleure pas, non. Il ne tremble pas non plus.
Ce ne sont ni la peur, ni la colère qui le submergent en ce moment même.

C'est le remord.

Seven a toujours eu quelques soucis relationnels. Il était le genre d'enfant à ne pas réussir à s'intégrer aux autres, que ce soit par souci d'un temps trop clair qui l'empêchait de sortir, ou simplement du fait qu'il ne sache pas comment interagir avec les autres.
Vivre plus de 100 ans avec ces contraintes, noyé sous les insultes et les quolibets des jeunes les plus cruels, pèse sur les esprits. Même le dernier des idiots peut le comprendre, n'est-ce pas ?

Raven avait toujours fait de ses pieds et de ses mains pour être celui qui compenserait, à lui seul, ce manque. Il a d'ailleurs eu du mal à se rendre compte que le jeune albinos, parmi tous ses autres collègues, était son point faible.
Sans réellement s'en rendre compte, à force de le prendre sous son aile et de lui tenir compagnie, il avait fini par s'attacher à lui, un peu plus qu'aux autres.
C'est le propre d'un meilleur ami.

Et, que se passe-t-il lorsque votre seul soutien, la personne sur laquelle vous pouvez le plus compter, qui vous a toujours suivi, rassuré et apprécié, se retourne subitement contre vous dans un accès de colère déplacé, coupant court à une discussion cruciale précipitant votre départ ? On perd ses attaches.
Et sans attaches, que devient-on ? On se laisse sombrer. Ce devait forcément être la raison pour laquelle Seven avait finalement succombé à l'atmosphère de l'Île, si particulière et propices aux excès.

Ce n'est pas si différent du Pays des Merveilles, en somme.

Le seul souci, c'est que tout ce qui s'ensuit ne se cantonne pas aux pages d'un roman. Les victimes existent, on les déplore. L'éthique entre en compte, on s'insurge d'un tel comportement.
On le traitera de fou.

- Qu'ai-je fait ? Tout est de ma faute... Si je l'avais écouté... si je l'avais retenu... nous n'en serions pas là...

Souffle finalement le noir Corbeau, les paumes de ses mains glissant sur son visage afin de dégager sa bouche et lui permettre de parler clairement.
Là, seulement, il s'est mis à trembler. Ses mains, d'ailleurs, finissent leur chemin en tombant mollement sur ses cuisses.

Il relève la tête, cherche le regard d'Asher.

- Ne blâmez pas Seven.

Ajouta Raven d'un ton doux. C'est une requête.
Son sourire poli de rigueur, presque doucereux, contraste avec ses yeux gris, emplis de pitié, mais aussi de détermination.

Il se relève doucement, en un froissement de tissu, puis porte la main à son cœur, déclarant alors d'un ton solennel :

- Je suis... le véritable responsable de ce carnage. Je dois donc prendre les mesures nécessaires afin d'y mettre un terme.

C'est son devoir, en tant que protecteur des Diplomate, de meilleur ami, de Garçon Perdu.
Pour sa communauté, pour lui et pour Seven, il se doit de réparer ce qui a été cassé.

Les choses ne seraient sans doute pas ainsi si deux mondes ne les avaient pas séparé.

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Les lèvres d'Asher cessèrent de bouger, mais ses yeux n'avaient pas attendu que le silence soit fait pour se poser fixement sur son interlocuteur. Il n'aimait pas du tout ce qu'il voyait. Sombre et attentif, il attendait les prochaines réactions de l'adolescent. Raven était profondément affecté, ça ne faisait pas l'ombre d'un doute. Asher n'avait jamais vu autant d'émotions traverser le visage de l'impassible diplomate par le passé. Cette façon dont il se tassait, dont il perdait sa tête entre ses mains, était elle aussi symptomatique.

Asher ne savait pas encore exactement de quoi il en retournait car malgré tout, pudique, Raven masquait autant qu'il en était capable la nature de son débordement émotionnel. C'était quelque chose qu'il comprenait très bien même si il n'était généralement pas très bon à ce jeu. Mieux valait qu'il évite de déborder trop fort en premier lieu, quand c'était possible.

Au diable son malaise vis-à-vis de l'Inflexible (actuellement plié en deux, c'était dire). Pour le moment, Raven avait cessé d'annoter son carnet. Il avait aussi plus ou moins cessé de le prendre de haut - enfin, vite fait. Il imaginait qu'on n'effaçait pas ce genre de travers d'un simple revers de bras. C'était autant de détails qui mettaient Asher dans de meilleures dispositions qu'à l'habitude à l'égard du diplomate. Puis, le pirate avait sa part de responsabilité dans l'état du jeune homme. Raven lui avait peut-être demandé des explications- sans trop lui laisser le choix d'obtempérer ou non - mais c'était Asher qui avait décidé de répondre sans se faire prier. Il s'en voulait un peu de l'avoir mis dans un tel état. Il aurait bien pris une gorgée de rhum, et il lui en aurait bien proposé une en guise de consolation, mais malheureusement sa gourde n'était pleine que de flotte.

Bon sang... Si quelqu'un lui avait dit qu'un jour, il éprouverait une quelconque inquiétude à l'égard de Raven, il lui aurait ri au nez.

Quelques mots/grincements échappèrent enfin au garçon. Ils ne lui étaient pas destinés, mais Asher se sentit malgré tout appelé par eux. L'ancien Maître d'Armes baignait en permanence dans divers sentiments de culpabilité. C'était une émotion dont il était très proche. Son tracas enfla encore un peu, mais il ne dit rien.

Rien, non plus, lorsqu'un Raven qui semblait (essayer de) se recomposer lui demanda de ne pas blâmer Azel pour ses habitudes glauquissimes. Asher ne voulait pas contrarier son interlocuteur, mais ce qu'il lui demandait était proprement impossible. Le pirate ne contrôlait pas son malaise. Azel n'était par ailleurs pas le seul individu sur l'île à lui flanquer des frissons d'horreur, quand bien même c'était probablement l'un de ceux qui y parvenaient le mieux.

Il voulait bien prendre en considération des fragilités initiales, et le potentiel corrupteur de l'Île. Un passé potentiellement difficile, aussi, quand bien même c'était un truc assez courant parmi les pirates, sans doute aussi parmi les perdus même si on ne s'en souvenait jamais longtemps. Tout cela avait pu lui taper sur le cerveau si fort qu'Azel avait fini par griller les derniers fusibles de secours, mais ça n'excusait pas tout. Il n'y avait aucune excuse au meurtre gratuit. Encore moins lorsque sa frangine faisait partie des cibles potentielles.

- Je suis... le véritable responsable de ce carnage. Je dois donc prendre les mesures nécessaires afin d'y mettre un terme.

Asher pinça des lèvres insatisfaites - une expression qui pouvait probablement rappeler celles de sa sœur lorsqu'elle était contrariée. C'était mauvais, ça. Il avait beau être spécialiste pour faire exactement la même chose que Raven - c'est à dire se juger seul responsable de tous les malheurs du monde - ça ne l'empêchait pas de voir quand d'autres faisaient cette erreur. Et de voir combien cela pouvait être nocif, et erroné.

"Personne n'est jamais l'unique, ou le "véritable" responsable de rien, tu sais..."

Bon, il avait quand même tendance à penser que c'était celui dont la main était concrètement, et surtout volontairement tâchée de sang qu'il fallait en priorité accuser, mais on était bien en train de parler de responsabilités indirectes, là.

... Il entendait le monde se foutre de sa gueule. Comme si une myriade de petits rires hystériques lui remplissaient le cerveau. Il avait du mal à croire qu'il venait de dire ça. Quand il ne s'appuyait pas tout seul sur la tête, il avait pourtant l'habitude de blâmer Peter pour à peu près tout et rien. Et justement, finalement...

"Si tu vas par là tu peux aussi dire que c'est la faute de Peter. Ça ne serait pas arrivé si il ne l'avait pas amené ici. Et c'est aussi la faute de l'Île. Elle transforme pour le pire tout ce qu'elle touche. Personne n'est parfait, Raven... Et même si tu as eu un rôle dans ce qui est arrivé, ça sera jamais ta faute à toi tout seul. C'est le résultat d'un tout. Si tu fais un truc stupide, ou si tu grandis à force de te prendre la tête comme ça, ça sera aussi un peu de la mienne, parce que j'ai décidé de t'en parler."

Il releva les genoux, croisa les bras par dessus, et continua, l'air faussement blasé, faussement grognon et indifférent.

"... Alors chacun son rôle à tenir, ok ? Dis moi ce que tu veux que je fasse pour t'aider. Je peux essayer d'en apprendre plus, dans un premier temps, si tu veux."

Et ça n'était pas parce qu'il avait fini par un "si tu veux" que c'était négociable. Il n'allait pas le laisser jouer au gentleman Rambo tout seul.

Évidemment qu'un tel revirement de situation a pour origine une accumulation de malheureux événements forgeant petit à petit une personne.
Cependant, avant de finir par se laisser gagner par une telle folie, il avait bien fallu un élément déclencheur qui aurait permis de faire sauter la dernière once de raison encore présente.

La colère et le reniement d'un pair, en somme.

Que Bitter veuille, ou non, l'admettre, le Diplomate juge qu'il a sa part de responsabilité -plutôt grande- dans cette histoire.
Voilà une nouvelle raison, assez solide, pour se convaincre qu'il fallait toujours rester égal à soi-même.
Voyez donc ce que la colère d'un homme avait aidé à engendrer : un fou !

- Si tu vas par là tu peux aussi dire que c'est la faute de Peter. Ça ne serait pas arrivé si il ne l'avait pas amené ici. Et c'est aussi la faute de l'Île. Elle transforme pour le pire tout ce qu'elle touche. Personne n'est parfait, Raven... Et même si tu as eu un rôle dans ce qui est arrivé, ça sera jamais ta faute à toi tout seul. C'est le résultat d'un tout. Si tu fais un truc stupide, ou si tu grandis à force de te prendre la tête comme ça, ça sera aussi un peu de la mienne, parce que j'ai décidé de t'en parler.

Visiblement, les grands esprits se rencontrent. Ce constat décroche un petit sourire amusé à Raven, juste une fraction de seconde, avant que son visage ne se refrme.
Il le peut pas se permettre le luxe de déraper, lui. Il se jugeait, peut-être trop orgueilleusement, important à la communauté des Garçons Perdus.
Et qui sait, il avait probablement même plus d'importance que Scorch lui-même. À ses yeux, ce que la Tête actuelle des Diplomates faisait lui paraissait si futile.

De tout temps, le noir Corbeau avait cherché à protéger ses pairs, de loin, dans l'ombre. Cela faisait parti de lui, de sa routine, du rôle qu'il s'était lui-même donné.
Il ne s'était jamais demandé qui le protégeait, lui, se jugeant probablement -à tort- trop puissant pour penser qu'un jour, une situation l'atteindrait et le ferait autant douter de lui-même.

- ... Alors chacun son rôle à tenir, ok ? Dis moi ce que tu veux que je fasse pour t'aider. Je peux essayer d'en apprendre plus, dans un premier temps, si tu veux.

Le Diplomate lança un petit regard amusé au Pirate, qui venait de s'exprimer à nouveau. Celui-ci semblait avoir bien du mal à conserver sa carapace de dureté et de froideur apparente, même en présence d'un potentiel ennemi.
Il ne fallait pas être extrêmement futé pour se rendre compte qu'il s'agissait simplement d'un ours mal léché, mais pas belliqueux pour autant. La preuve était qu'il proposait même plutôt gentiment son aide, aide, d'ailleurs, que l'adolescent refusa poliment :

- Je vous suis reconnaissant des information que vous m'avez apportées ainsi que de votre support, mais ma décision est prise : j'irai lui parler sous peu. Je suis certain que Seven n'osera porter la main sur moi, même si la situation lui échappe.

Du moins, je l'espère.

Jamais Raven n'avait autant douté de son ancien collègue. Cependant, il voulait avoir sa version des faits. Avait-il toujours assez confiance en lui pour se livrer sans aucun tabou ni regret ?
Du fond du cœur, il l'espérait.

- C'est probablement imprudent de ma part d'y aller ainsi seul, mais j'ai bon espoir que notre relation passée m'apporte des précisions que nul autre que moi ne pourrait obtenir. Et si jamais je venais à littéralement perdre la tête lors de notre entretien... c'est que ma foi en l'humanité est probablement trop grande et injustifiée.

Ajouta l'allemand qui avait peu à peu retrouvé sa prestance et son orgueil, le dos droit, le menton haut et les bras le long du corps.
Après tout, à qui pouvait-on donner sa confiance, si ce n'est à un ami de longue date, avec qui l'on avait entretenu une relation vieille de plus d'un siècle ?

♪ ~ ♪ Playlist ♪ ~ ♪

Accusations (avec Witted, Asher et Raven; version "petits doigts"):

By @Pastal

Nonchalamment vautré, un coude sur le genou, la tête dans la main et, surtout, l'air hautement blasé, Asher fixait Raven sans broncher. Il ne cillait pas, ne détachait pas son regard sombre des prunelles adverses, ne prenait pas la peine de s'exprimer.

C'était fou, la quantité de messages dont pouvait être vecteur un seul et même regard désabusé lorsqu'il était longuement appuyé, jamais explicité, tandis qu'en face les mots fusaient incessamment. L'incrédulité d'Asher était tant et si bien palpable que Raven ne devait pas être loin de l'entendre répondre en pensée :

"Je suis certain que Seven n'osera porter la main sur moi, même si la situation lui échappe."
"Ouais. C'est ça. Permet moi d'en douter."

"C'est probablement imprudent de ma part d'y aller ainsi seul"
"En effet, ça l'est complètement."

"Et si jamais je venais à littéralement perdre la tête lors de notre entretien... c'est que ma foi en l'humanité est probablement trop grande et injustifiée"
"Rien que ça... Oh ! C'est pas grave alors."

Bref. De belles conneries. Raven entendait prendre des risques absurdes, inutiles, et cela uniquement parce qu'il était trop fier, trop arrogant pour accepter une main tendue. Il suffisait de voir son petit air de balai dans le cul, là... Cette morgue qui lui était subitement revenue... Rah ! Ce qu'il pouvait l'agacer. Il lui aurait bien foutu une paire de tartes, ou un coup de pied au derche pour lui faire recracher le fameux manche par l'autre bout.

Monsieur avait les moyens de se payer un filet de sécurité lorsqu'il viendrait visiter le Ranch, mais naaaan, inutile, il pouvait se débrouiller tout seul. Et s'il crevait à cause de ses conneries, alors ça ne concernait que sa petite gueule de snobinard. Certainement pas le pirate qui, bien mal avisé de s'être exprimé, l'avait involontairement conduit au casse-pipe. Nah, sa culpabilité à lui, on s'en foutait. Dans son égoïsme forcené, Raven n'y avait certainement pas pensé. Ni aux conséquences que sa disparition aurait sur les autres perdus, notamment dans le groupe des diplomates.

Le silence revenu, il fallut quelques longues secondes supplémentaires pour qu'Asher perde son apparence statuaire. Et encore. Rigide, il se pencha en avant et toucha le sol de l'index, prêt à marquer des points. Sa bienveillance maladroite avait momentanément disparu au profit d'une colère froide et désapprobatrice qui émanait de lui par vagues quasi sensibles.

"Ok mister Héros, tu veux te la jouer comme ça. Dans ce cas, on va avoir un petit problème toi et moi. Déjà parce que si j'ai bonne mémoire, Eilish t'aime un peu trop pour son propre bien. J'ai jamais trop compris ce qu'elle trouve à ta tête de fouine compulsive qui pète plus haut que son cul mais c'est pas le problème. Le problème, c'est que si il t'arrive quelque chose, c'est sur elle que ça retombe. Et ça c'est hors de question. Au-delà de ça elle n'est potentiellement pas la seule que ça foutrait dedans. Et que tu le veuilles ou non, en te donnant ces infos, j'ai aussi pris ma part de responsabilités."

Il marqua une très brève pause.

"Donc, voilà comment ça va se passer. Soit tu redescends de ton piédestal et tu acceptes l'idée que, dis donc, ça pourrait être drôlement pratique si un résident permanent était en mesure de t'arranger un coup au Ranch et que... Oh ! Si Azel essaie de te décoller la tête des épaules, ce fameux résident permanent serait en mesure de l'en empêcher, lui qui passe bien commodément son Givre à protéger le cul de ses connards de voisins.

Soit tu insistes pour faire cavalier seul et dans ce cas là, ça ne signifiera pas que tu ne m'auras pas sur le dos. Ça signifiera uniquement que tu n'auras aucune idée de ce que je suis en train de glander, de mon côté, pour éviter une potentielle catastrophe. Et que tu n'auras dessus aucun droit de veto."

Ses deux sourcils se levèrent sans pour autant que son visage ne devienne plus expressif.

"Alors ? Ça sera quoi ?"

» Je vous hais autant que je vous aime.
» Rien
» Rien n'est plus vivant qu'un souvenir.
» Le temps n'est rien pour nous
» Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement.

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