Jouant toujours de son nouveau couvre-chef, Ainhoa observait néanmoins les gestes de son époux d’un regard d’aigle. Elle n’avait pas uniquement fait ces suppositions parce qu’elle savait qu’elles plairaient au Baron : elle avait également envie de savoir ce qu’il se cachait derrière ce tiroir clos. La sensation d’avoir raison (à moitié, du moins) n’était pas non plus déplaisante, mais...

« C’était facile. Ces semblants d’idiots manquent terriblement d’originalité. »

Elle s’approcha néanmoins pour observer le bijou que lui tendait le Baron, vaguement intriguée par les composants. Une moue appréciatrice se dessina sur ses lèvres pulpeuses.

« ...Mais il semblerait que certains soient capables de surprendre un minimum. »

Visiblement, l’enfant de Loa pensait la même chose. La Bohémienne connaissait bien ce regard que son mari posait sur l’objet, la façon dont il le faisait balancer entre ses doigts, son regard d’orage qui se parait de curiosité avide...

...Lui non plus, à sa façon, n’était pas très original. Mais c’était comme ça qu’elle l’aimait.

Aussi ne fut-elle pas surprise en l’entendant l’interpeler. Relevant un coin du chapeau qu’elle avait garé sur la tête, la troisième épouse haussa un sourcil, avec un « Mhm ? » faussement ignorant. Le tout se transforma en un sourire de plus en plus franc, alors qu’elle sentait sa taille se faire emprisonner et qu’elle se rapprocha d’un pas dansant tant volontaire qu’inspiré par le geste de son époux. A sa proposition, elle hocha la tête, non sans un sourire en coin.

« Très bien, mon amour. Allons donc assouvir notre curiosité. »

Entre autres. Elle n’était pas contre un nouveau verre de rhum à siroter en observant le monde vu du ciel. Volant rapidement un baiser au Céleste, elle se détacha de son emprise sur sa taille d’un tour élégant sur elle-même, et se dirigea une nouvelle fois vers l’armoire.

« Mais avant... » Fouillant dans la penderie, elle en sortit rapidement un long morceau de tissu. « Ah ! Voilà. »

Revenant vers Lundi, elle passa l’écharpe par dessus sa tête, l’attirant ensuite vers elle en tirant sur les deux pans de l’accessoire.

« Parfait. » D’un nouveau geste, elle força -très gentiment- le Guédé à baisser la tête vers la sienne. « Tout à fait ta couleur. »

Posant une autre fois ses lèvres sur les siennes, elle finit de placer l’écharpe autour du cou de son mari, avant de s’écarter en prenant sa main dans la sienne.

« Allons-y, kè mwen. »