Bambi a compris immédiatement que Maxence n’était pas comme les autres mamans du Grand Arbre. Max ne s'épanche pas en affection, elle a les mots rudes et les coups de béquille faciles. Mais elle est fière et protectrice comme une lionne. Elle raconte les histoires comme personne. Et les chasseurs la vénèrent. Et Bambi a compris. Elle a compris que c’était la mère parfaite, pour ce groupe. Au départ Max ne savait pas quoi faire d’elle, elle était vexée qu'on lui foute une apprentie dans les pattes comme une promesse de remplacement, comme si Bambi pouvait seulement prétendre à remplacer Max ! Depuis son retour du monde ordinaire, ça va mieux. Max s’est excusée, même si Bambi trouve qu’il n’y avait pas vraiment de quoi. Le partage des tâches est un peu moins inégal, leur rapport plus facile. De temps en temps, Max vient vers elle pour qu’elle l’aide à raffraichir sa coupe. Et par mimétisme, les autres chasseurs la respectent plus, elle aussi. Que du bon quoi.

A son arrivée Bambi était admirative de Lacerate, gravitant autour d'elle sans jamais oser lui parler. Elle aurait voulu que la chasseuse la considère autrement que comme une greluche larmoyante et inutile, comme elle lui faisait parfois comprendre par ses remarques acides.
Un jour elle l'a fait, ce premier pas, et elle l'a regretté.
Elle a appris beaucoup sur la chasseuse. Beaucoup plus qu'elle aurait voulu. Et elle a compris que non, ça ne marcherait jamais. Que ses beaux espoirs d'amitié s'envolaient par la fenêtre. Elle pensait l'éviter pour le restant de ses jours. Et bien sûr, il fallait que Lacerate devienne cheffe.
Elles ont fini par y arriver. Du moins, Bambi en a l’impression. Il lui aura fallu se prouver à coups de hachoirs, mais elle y est arrivée. Elle espère juste que cette fois, c’est pour de bon.

Bambi a cru qu’Arrow serait différent. A voir sa grande carcasse, son attitude un peu plus discrète, un peu sauvage, mais pas méchant. Un peu naïvement, elle a essayé de s'en rapprocher. S'en faire un allié. Et toutes ses tentatives maladroites se sont soldées par des échecs retentissants. Arrow n'aime pas les filles, et Bambi est trop fille. Et elle s'en est mangé, des refus et des mots blessants, méprisants. Mais elle persévère, Bambi. Peut-être pour rien, d'ailleurs, mais elle persévère quand même. A demander à l'observer, sur le terrain, pour apprendre. Faire des remarques, pour montrer qu'elle écoute, qu'elle voit. Oser demander, même, à apprendre à tirer. Échec sur échec, Arrow semble la fuir.
Tant pis ?

Bambi pensait voir en Plum un reflet d'elle même. Pensait que cette petite fille empotée serait en marge tout autant qu'elle. Mais Plum est plus intégrée aux chasseurs qu'elle ne le sera jamais. On lui a trouvé une utilité. Elle a le respect des chasseurs, le respect des chefs. Ça la mine tellement. Bambi regarde Plum et ses grosses joues, son gros cul et ses grosses lunettes et Bambi en est mortellement jalouse.
Elle s'en veut affreusement.
Elle n'en montre rien, est tout aussi affectueuse avec elle qu'avec tous les autres, accepte cette consolation silencieuse quand elle pleure, parce qu'au moins Plum essaie. Elle sèche ses larmes et serre sa petite main potelée une fois. Puis elle redouble d'efforts. Pour montrer autant de courage que cette petite fille.

Quand il s’agit d’Apache, Bambi est bien contente de ne pas être à la place de Lacerate ou de Max. Elle a compris qu’être en position d’autorité par rapport à lui, c’est vraiment, vraiment pas une partie de plaisir. Heureusement, le punk passe tellement peu de temps avec le reste du groupe qu’elle passe relativement inapperçue. Ça se trouve il ne sait même pas qu’elle est mère apprentie. Hah !

Blood et Bambi ne se comprennent pas trop. Mais c'est pas grave.
Blood est fière, Blood est dure, sauvage, forte. Bambi pleure, Bambi est douce, effacée, faible. Mais c'est pas grave.
Parce qu'au fond elles ont pas besoin de se comprendre. Bambi aime Blood. Elle sait que la petite fille vient d'ailleurs, de loin, et qu'ici, elle est sa maman. Alors elle prend soin d'elle. Elle la rassure, fait ses tresses, est toujours là la nuit quand Blood fait un cauchemar. Et Blood lui offre des petits bijoux ; des trucs un peu bizarres avec des plumes et des crânes d'oiseau, et Bambi les porte même si ça lui ressemble pas. Parce que c'est un signe qu'elles ont réussi à s'apprivoiser, quelque part.

Au départ, Brother était un peu froid avec elle, un peu cassant, mais un cran en dessous par rapport à d’autres chasseurs qui la méprisaient carrément. Et puis Bambi a compris que c’était pas elle, le problème, c’était tout le monde. Leur rapport s’est adouci, un peu, même s’ils se parlent toujours pas beaucoup. Il y a des blessures chez Brother qu’elle devine (à force de fureter partout aussi), mais qu’elle n’abordera pas. Elle sent bien que ce serait une erreur. Parfois, Brother lui propose son aide, pour les tâches particulièrement pénibles, ou juste quand il a le temps. Ça lui fait quelque chose. Elle chérit ces petits moments, même s’ils se terminent très vite.

Bon ben encore une. Timber ne peut pas la blairer c’est à peu près sûr. Au début, elle lui montrait de façon bien plus violente, en l’engueulant quand elle pleurait. Maintenant, elle se contente de claquements de langue dédaigneux et de sorties théatrales. Ce qui fait froncer les sourcils de Bambi, c’est le changement d’attitude. Avec les garçons, Timber est toute douce, toute collante, avec sa fausse décontraction. Oh elle l’a bien compris. Et tu sais quoi, Timber ? Bambi ne t’aime pas non plus.

Il est merveilleux, Peter, non ? A la couvrir, ainsi, de compliments et d'attentions. A ne pas la laisser se lasser, se rappeler, sortant à chaque moment de répit une nouvelle merveille de sa réserve qui semble infinie. Au moins, c’était ça au début. Pendant la Canicule. Depuis, Bambi a eu plein de temps à elle, pour être intriguée, perplexe, et parfois atterée. Son côté rationnel a pris le dessus. Peter n’est plus juste un sauveur venu la délivrer de son petit monde de pleurs. Il l’est encore, mais pas seulement. Est-ce qu’elle aime Peter ? Oui, sûrement. Est-ce qu’elle a peur de lui ? Oui, encore plus sans doute.

Angie est un peu brute. Un peu trop rude et honnête et violente, quand elle dit à Bambi ce qu'elle pense d'elle et Bambi finit toujours en larmes. Mais Bambi ne déteste pas Angie : elle sait que tout ça, elle le fait pour son bien. Elle lui dit toujours de ne pas se laisser faire, elle se révolte contre le traitement des garçons à son égard. C'est contre eux qu'elle s’énerve, même si c'est elle qui prend. Bambi, elle sait tout ça, mais elle n'y peut rien. Alors elle pleure toujours et Angie la secoue encore plus.
Angelina elle a une technique que Bambi a adopté. Elle qui parle si doucement a appris à hurler. Hurler dans le vent au bord d'une falaise jusqu'à ne plus avoir de voix ni de colère. Et à la fin, en rire. C'est idiot, mais c'est dans ces séances que Bambi se sent le plus proche d'Angie. Et Angie ni ne voit pas comme Bambi l'aime. Elle la complimente, l'aide à se maquiller, l'aide à s'habiller. Elle ne veut pas la voir se sentir moins que les autres mères. De beaux discours fleurissent alors dans la bouche de Bambi, et elle qui se trouve si inutile et idiote, ne se rend pas compte de sa propre hypocrisie.

Grenouille est cet enfant craintif qu'elle a parfois croisé. Elle a reconnu l'étoile abimée qu'il avait un jour perdu, avant de lui rendre. Elle lui aurait bien proposé de la recoudre, mais il s'était déjà enfui. Il semble la fuir. C'est dommage. C'est plus fort qu'elle, elle est curieuse, peut-être de façon un peu malsaine, sans le savoir. Grenouille semble encore plus terrifié qu'elle ne l'est elle-même.

Zombie. Bambi a vite compris d'où il sortait, celui là. Et si elle n'a pas voulu y croire, au départ, elle a fini par s'y faire. Autant le gamin l'effraie par son mode de pensée, autant elle aimerait le comprendre. Comment a-t-il pu rester aussi longtemps bloqué sans jamais évoluer ? C'est avec une curiosité presque scientifique qu'elle l'approche, parfois. Pour le questionner doucement, innocemment. Il semble réticent, mais étonnamment, pas spécialement agressif, quand elle lui parle. A moins, bien sûr, qu'elle dépasse certaines limites.

Dude est adorable, mais Dude ne se rend pas compte. Dude court partout avec ses belles épées et déclare vouloir la venger et laver son honneur comme un vrai chevalier servant, avec de jolis mots. Dude la fait autant rire qu'il la fait pleurer, à défier ses agresseurs à l'arène et risquer sa peau pour quelques injures. Et elle, mortifiée, le supplie d'arrêter, lui assure que ça n'en vaut pas la peine, que ce n'est pas grave, qu'elle ne leur en veut pas. Morte de honte à chaque nouvelle provocation. Pour un peu, elle se force à ravaler ses larmes, à assécher ses yeux, tout ça pour préserver son charmant petit chevalier.

C'est drôle, mais sans ce fameux feu de camp fini en fiasco, Bambi n'aurait sans doute jamais adressé la parole à Green. Elle est de ces personnalités brutes et difficilement approchables que la mère n'admire que de loin. Mais en rentrant ensemble au Grand Arbre ce soir là, les deux jeunes filles se sont rapprochées. Sous la carapace de la soigneuse, Bambi a découvert une sensibilité étonnante. Elle lui a même montré son coin secret, un sommet peuplé de lucioles.
(Peut-être que Bambi a un peu ruiné le romantisme de l'endroit en parlant de la vie sexuelle des insectes en question. Mais bon, ça a faire rire Green, c'est le principal.)

Peekaboo est l'un de ces enfants qui fait le vide autour de lui. Parce qu'il bouge tout le temps, crie tout le temps, parce que quand on l'approche on a peur qu'il nous fasse du mal. Le grimpeur est incompréhensible. Et incontrôlable. Et c'est le genre de personnes que Bambi ne voudrait pas approcher.
Sauf que Peekaboo pourrait l'insulter ou la frapper ou lui tirer les cheveux comme il le fait aux autres filles, et elle pourrait pas faire grand chose pour se défendre. Mais Peekaboo ne fait rien de tout ça. Et c'est un mystère pour tout le monde, pour elle y compris. Dès qu'il est près d'elle, le grimpeur se calme. Elle ne fait rien de spécial, pourtant. Elle lui parle, elle l'écoute, elle lui pose des questions, et elle s'occupe de ses cheveux, cet espèce de petit jardin miraculeux qui la fascine. Toujours un peu prudente, au départ, mais elle finit par se détendre, et à se dire qu'il n'est pas si mauvais (jusqu'à ce qu'elle s'en aille et que ça recommence.) Bambi a peur de Peekaboo mais quand les autres viennent la supplier de les aider, d'aller l'occuper un petit temps, elle se sent incroyablement utile.

Ça lui fait parfois de la peine, la façon dont les autres enfants sont obligés de le traiter. La façon dont les mères sont obligées de le droguer. C'est triste qu'il y ait pas d'autre moyen de vivre avec.

Ironiquement, elle n’aurait sans doute jamais vraiment parlé à Justice s’il n’y avait pas Peekaboo. Quand on veut régler les choses en douceur, on appelle Bambi. Quand on veut régler les choses dans la violence, on appelle Justice. Des fois, on les appelle tous les deux. Ils ont toute une relation qui repose sur leur capacité à gérer le grimpeur que tout le monde fuit. Bambi trouve Justice drôlement cool et agréable, malgré tout.

Elle avait arrêté de danser pendant un moment. C'est pas qu'elle avait pas envie, c'est qu'elle pensait à autre chose. Et un jour elle a vu Light faire un petit show, pour amuser d'autres enfants, et ça lui a donné envie. Elle sait pas trop pourquoi. Alors elle a recommencé, et il l'a vue. Maintenant ils dansent ensemble. Ils s'apprennent des trucs, ils échangent leurs styles qui sont si différents. Bambi trouve Light très charmant. Ça lui fait du bien de passer du temps avec lui.

La nébuleuse maitre du jeu.

Le preneur de notes.

Quand Maxeen était Sense, elle et Bambi étaient amies. Elles se maquillaient un peu ensemble, Sense s'inquiétait de savoir si des gens emmerdaient Bambi, ce à quoi elle répondait toujours que non, en mentant bien sûr. Bambi se maquille plus trop, mais elles sont toujours amies. Depuis que Maxeen est mère, elles passent plus de temps ensemble dans leurs tâches communes. C'est cool.

oohhhh girl shock me like an electric eel

Bambi aime Cosmos. Elle l'aime, lui, et tout ce qui va avec : il a un don magique pour la calmer. Ils parlent souvent, au pied d'un arbre, ou en marchant. Elle se sent plus libre de parole, avec lui : elle parle de ce qui la fait réfléchir, de ce qu'elle aime, ce qu'elle sait, ce qu'elle ne sait pas. Elle explique, elle argumente, et au final, rit plus qu'elle ne pleure. Le garçon a toujours les mots justes. Parfois, ils ne parlent pas, et c'est très bien aussi. Parfois, ils dansent. Cosmos, c'est un le meilleur des médicaments.

Un de ses anciens gosses, maintenant parti. Bambi n’est pas trop au courant de ce qu’il est devenu. Au Grand Arbre, elle ne savait pas trop quoi en penser. Il était sérieux, efficace, et un peu solitaire. La mère avait parfois remarqué des choses, dans son discours, qu'elle essaie de rattacher à des morceaux d'histoire. Elle n’a jamais vérifié ses théories en demandant au chasseur de lui raconter son histoire.

Blabla

Bambi connaissait Laila dans le Monde Ordinaire. Avant qu’elles déménagent et se séparent. Elles avaient ce lien précieux, qui reposait sur ça, cette familiarité, parce que Laila n’avait pas changé du tout. Bambi l’adorait, et était très jalouse d’elle, alors même qu’elle ne voulait pas lui ressembler.

Ghost est un de ses premiers amours. Ghost donnait l'air de ne pas venir de la même planète que le reste de ses pairs, il était d'une beauté translucide et d'une douceur qui touchait Bambi en plein cœur. Tout comme elle, léger comme un moineau qui mange pas. Tout comme elle, la tête dans les étoiles. La disparition de Ghost est une des choses les plus tristes qu'il soit arrivé à la mère sur l'ile, mais elle est certaine qu'il est encore là, quelque part.

Et Reverse était l'autre morceau de leur trio d'oiseaux. Toute aussi menue et hors de ce monde, mais elle, tout en couleurs. Reverse était désarmante. Personne d'autre n'a autant rappelé à Bambi qu'elle n'était pas dans le monde réel, que Reverse, ses acrobaties et sa logique étrange. Bambi avait beaucoup d'affection pour Reverse. Elle aussi lui manque beaucoup.

Oh, Mahalia, Bambi a tant pleuré pour toi. Tant pleuré pour cette fille qu’elle ne connaissait même pas. Bambi trouvait que Mahalia avait les yeux encore plus tragiques qu’elle, qu’elle était encore plus douce. Peut-être que c’est pour elle même que Bambi a pleuré quand Mahalia s’est faite dévorer par ce monstre tapi dans l’ombre. Parce que ça aurait pu être elle à la place de Mahalia. La pirate est devenu un visage que Bambi ne peut pas effacer de sa mémoire. A qui elle pense à chaque fois qu’elle n’arrive pas à dormir.

Un ilot de douceur dans ce groupe où Bambi se sentait parfois si peu à sa place. En l'absence de Maxence, Bambi avait tendance à coller la Souris. Un peu trop sensible à ses chagrins, elle tentait de lui montrer une affection qu'Alive recevait un peu maladroitement. Elle discutaient souvent ensemble.

C’est compliqué d’avoir les souvenirs aussi collants parce que Bambi se rappelle parfaitement de l’ancien chef. Déjà, elle se rappelle de son accueil glacé. De l’ombre qui planait sur elle en menaçant mort et violences, les remarques qui la réduisaient en tas tremblant d’excuses. Et puis elle avait réussi à l’apprivoiser sans même le vouloir, en reprisant sa précieuse chemise, et c’est comme si sa place à elle, chez les chasseurs, tenait qu’à ça.
Unr place bien bancale. Quand il a disparu il a fallu tout recommencer.

Joy était une catastrophe toujours sur le fil. Bambi, terrifiée de la voir se mettre en danger, avait décidé de prendre les choses en main. Elle l'accompagnait partout, la surveillait au Bassin de peur que Joy se noie sans elle. Ça lui permettait de discuter un peu avec l'apprentie des soigneurs. Elles parlaient de trucs de fille, de beauté et de soins capillaires, se coiffent l'une l'autre avec plus ou moins de succès. Bambi avait beaucoup d'affection pour Joy ; même si elle ne sait pas si celle-ci s’en rendait compte, dans son état second.

Ça n'avait pas bien commencé. Il fallait que ça se passe mal, pour que Bambi, pourtant si douce, prenne mal cette remarque acerbe. Elle avait été vexée, blessée même, que quelqu'un dans la situation de Dusk critique son travail de mère. En avait pleuré, bien évidement. Et par la suite, ne lui avait plus adressé la parole. Et c'était très bien comme ça.
Puis il a fallu que Cosmos s'en mêle. Qu'il essaie de réunir les deux filles, sous le prétexte de la danse. Oh, elle avait été furieuse, d'abord. Mais pour Cosmos, elle avait décidé de faire un effort. Leurs conversations s'essoufflaient vite mais quand elles dansaient ensemble c’était un peu mieux  même si Bambi se sentait rouillée, un peu à la traîne, face à la froide élégance de la grimpeuse.

Bambi n'avait jamais vraiment aimé Pretty. Elle n'a jamais compris ses petits jeux, cette identité moitié-moitié. Et puis il lui rendait bien, il ne l’aimait pas trop non plus. Mais quand Laila a disparu, Bambi s’est sentie investie d’une mission : celle de continuer d’apprendre à sa place à ce petit con à danser. Comme il l’avait demandé à l’ancienne mère des livreurs. Elle éprouvait une certaine satisfaction à le tirer du lit pour l’engueuler pour une jambe pas assez tendue, un pied trop plié, un dos pas assez droit. Après tout il se privait pas de lui en faire à elle, des remarques.

Drôle de petite sirène.
Quand Bambi lui a donné de quoi s'habiller, cette nuit là dans le Monde Ordinaire, elle a préféré étreindre le tissu encore humide d'eau de mer. La mère a trouvé ça étrangement attendrissant. Jusqu'à ce que Seiche lui rappelle sa nature de tueuse d'homme, là bas dans le musée, au milieu de ses sœurs empaillées.
Elle préfère ne pas y penser.

La petite fée du Monde Ordinaire dont la détresse lui a paru plus grande encore que la sienne. Elle était la petite voix dans son oreille, à cause de qui elle a failli mener à bien son plan de fugue.
Parfois Bambi y repense et se demande pourquoi elle était si triste.

Vous aviez douze ans. C'était au Conservatoire. Elle était fine, et blanche, et blonde, et déjà maigre. Tu n'avais pas encore tes formes et tu dansais moins bien. Tu la regardais de loin, et tu la plaignais autant que tu l'enviais. Elle était si jolie, si pure. Un véritable cygne quand tu te pensais canard boiteux.

Bambi, c'était cette petite fille sans nom qu'un déménagement a chassé de ta vie. Bambi, c'était une presque amie, une bonne copine, des sourires presque cachés, une culpabilité que tu ne t'expliquais pas. Bambi c'était quelqu'un de bien.

Et ça l'est toujours. Mais quelle surprise de la retrouver ici, chez les chasseurs de surcroit, pleurnicheuse, fatiguée, cherchant bien faire, mais si fragile, si pâle. Si maigre aussi, toujours. La revoir a comme été un brusque retour en arrière, quand les choses n'étaient pas si catastrophiques et que tu croyais encore à tes rêves.

La revoir a été comme un cri de joie dans ta poitrine. Tu lui as même sauté dessus, toi qui n'es pas si expansive.

Bambi. Tu l'as maintenant, et tu la gardes.
Ta meilleure amie.