L’air réchauffé du tipi, en opposition à la température polaire de l’extérieur, ne motivait pas Ibis à se lever ; lui qui avait déjà pour habitude de dormir tard. Pour combler à son manque de volonté, Rossignol, qui avait passé la nuit avec lui et  était déjà parti, dans sa diligence habituelle, avait mis à chauffer du café dont il savait que l’odeur tirerait immanquablement le Hanté de ses couvertures.  

Bâillant et décoiffé mais attiré par le grain torréfié, le tatoueur avait alors fini par émerger. Il était sorti pisser et en avait profiter pour retourner le petit panneau qui mentionnait ‘’ne pas déranger’’ sur sa face ‘’ouvert’’ devant l’entrée de son tipi. Il avait du l’installer car depuis la création du camp on avait commencé à le réveiller à toute heure pour lui demander de quoi fumer et vraiment c’était devenu invivable.

Alors qu’il rangeait ses nouvelles aiguilles, une clope au coin des lèvres et son deuxième espresso versé, il vit du coin de l’œil les peaux qui lui servaient de porte s’écarter et une silhouette entrer.

Deux secondes, je finis vite ça. Le ton était aimable bien qu’un peu fatigué, quelques traces de sommeil s’accrochant encore à ses mots.

Son matériel rapidement rangé, Ibis releva la tête vers son visiteur. Une visiteuse.

T’as plus une tête à être là pour de l’herbe qu’un tattoo mais- la suite de sa phrase mourut sur ses lèvres quand ses yeux s’accrochèrent au visage familier de la jeune fille.

D’abord il crut s’être trompé, ça lui faisait parfois ça quand il y avait une trop grande ressemblance. Puis il se demanda si finalement il n’était pas encore en train de dormir, mourir ou triper comme jamais.

Incapable de résister il l’approcha et la toucha. Son regard vert écarquillé et son cœur emballé, le Hanté fit glisser ses doigts dans les cheveux rouges, caressa d’un index bagué l’arrête du nez ou la courbe de la mâchoire. Quelques secondes, le temps d’un souffle et il se recula, se retenant de plonger son visage dans la nuque de la fille pour humer son odeur, sentir si elle avait changée.

Là tout de suite, il fallait qu’il dise quelque chose. Peut-être même qu’elle ne le reconnaissait pas, ils ne s’étaient pas vus depuis très longtemps et il avait changé. Aussi elle devait à priori le croire mort. Néanmoins, en son for intérieur, Ibis ne pouvait concevoir qu’elle l’ait oublié. La perspective était trop douloureuse, pour lui leur lien ne pouvait être détruit et traversait le temps et les apparences. Mais il fallait qu’il dise quelque chose.

Euh…t’as l’air en forme…

Sur sa droite, dépassait de sous un coussin le goulot salvateur d’une bouteille de rhum que le jeune homme agrippa avec force avant de s’en descendre une longue et anesthésiante gorgée. Parce qu’il fallait pas déconner.

La brûlure de l'alcool dans son œsophage peine à le distraire de sa détresse; le Hanté a l'impression de chuter à l'intérieur de lui-même. Pourtant il est autant sobre qu'il lui est possible mais face à lui est peut-être la plus addictive de ses drogues. Elle vient sous sa peau sans qu'il faille l'injecter, infecte son sang de sa simple présence.

Et toi, t’as l’air bien aussi pour... pour quelqu’un que j’ai tué...

Ça lui fait mal, à Ibis, cette vérité qu'elle lui renvoie à la gueule. Il a un léger mouvement de recul comme pour se protéger de ce rejet qu'il peine à concevoir. Elle l'a tué c'est vrai, deux longs jours d'horreur qui s'étaient presque mués en éternité. Et pourtant il sent que pour lui, au fond, rien n'a vraiment changé. Son besoin d'elle demeure même s'il a plus ou moins appris à vivre sans le satisfaire.

Quand elle craque, se met à sangloter, il doit mobiliser toutes les forces de son corps abîmé pour ne pas revenir vers elle. Sa douleur est comme la sienne, il aimerait la tenir pour encore plus la partager, lécher ses larmes de sa langue percée et la laisser trancher ses chairs pour qu'ils souffrent pareil; avec ce sentiment fugace de ne faire plus qu'un.

Le Hanté, qui est plutôt connu par ses pairs pour traverser l'existence dans un flegme défoncé, a envie de hurler. Ses lèvres restent muettes mais à l'intérieur de son crâne ça tourbillonne et explose. Les souvenirs effacés par les années et l'herbe refluent, le manque le bouffe. Il se passe les mains sur le visage, laisse échapper un son entre le soupir et le râle.

Je sais, je sais... j'ai respecté ton choix. Je suis resté loin de toi, j'ai essayé d'oublier. Putain.

Sous le choc pointe la colère du désespoir. Contre lui, elle, l'univers.

Ibis est grand et pourtant son corps ne parvient pas contenir l'intensité de ses émotions en cet instant; ça le suffoque, brouille son esprit et ses sensations. Angoisse, manque, frustration, il a envie de crever. Il se mord les joues pour essayer de calmer la crise sauf que la douleur n'a jamais bien fonctionné comme exutoire pour lui; d'ordinaire il ramperait jusqu'au fond de son tipi et trouverait quelque chose à avaler ou fumer pour se calmer. Mais il n'ose pas s'éloigner de peur qu'elle disparaisse.

Je t’ai cherché.

Au son de sa voix secouée, les yeux du Hanté quittent le vide pour se recentrer sur elle. Elle est trouble derrière les larmes qu'il ne parvient pas à verser. Il n'est pas sûr d'avoir compris.

Je me suis réveillée... là-bas. Dans la Forêt Macabre. Je ne sais pas combien de fois j’y suis retournée. Mais c’est arrivé souvent. Même quand j’essayais d’empêcher ça-

Son rythme cardiaque s'accélère puis semble se stopper l'espace d'un instant. Moment de flottement avant que la réalisation de ce qu'elle vient de dire ne le frappe. Il manque de tomber dans les vapes, heureusement que les nombreux coussins et fourrures au sol sont là pour le réceptionner quand il s'assoit.

...merde.

Que dire ? Il est perdu. Des années, probablement des décennies passées à essayer d'accepter, à se bourrer la gueule et se défoncer pour bloquer les souvenirs, pour ne pas être tenté de revenir.

... tu dois me détester.

Contre toute attente, même de la sienne, il se marre. Un rire nerveux qui fait mal, qui lui tord le ventre, le renverse et l'essouffle. Une moquerie amère envers la blague de son existence et de cette souffrance qu'il a pris comme un sacerdoce. Couché sur le sol, incapable de supporter le poids de sa tête de con, son rire de taré se transforme bientôt en pleurs silencieux. Il chiale de sa propre bêtise et pour eux. Ça le soulage un peu.

Bien sûr que non... Dis pas de conneries.

Toujours étalé au travers de son tipi, ne se sentant pas la force de se relever, il tend le bras pour chercher son paquet de clopes et s'en grille une d'une main tremblante.

C’est elle qui l’approche à présent et Ibis frémit. Il peine à penser, laisse sa clope se consumer sans y toucher et finit par la jeter. Il la fixe un peu bêtement, appose son image présente à celle devenue un peu floue de ses souvenirs. Pour une fois il est content de ne pas être défoncé.

Je suis désolée.

Lui aussi il l’était. Pour eux, pour tous, pour la simple raison d’avoir existé.

Je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée.

Ça lui brise le cœur au Hanté et cette fois il n’en peut plus. Se redressant à moitié, il l’attire contre lui sans lui laisser de choix, l’entoure de ses bras et la serre fort, sûrement trop, mais il en a un impérieux besoin. A son contact étroit, une vague tiède remonte le long de sa colonne, emplit son cœur et sa gorge, détend ses muscles ; même après si longtemps son étreinte lui est restée familière. Il a l’impression d’avoir regagné une partie de lui-même, il pourrait crier son soulagement, aimerait pouvoir s’absorber dans son corps pour être encore plus proche, sentir ses os entrechoquer les siens.

Moi aussi. Tu m’as manquée.

Il aimerait rester ainsi pour toujours. Le nez au creux de son cou, ses bras l’enserrant et leurs odeurs qui se mélangent. Il s’imagine que c’est ça le paradis, une dérive éternelle avec comme seul souvenir et émotion ce confort, cette sécurité éprouvés dans l’étreinte. Elle est à la fois sa sœur, sa mère et sa compagne ; il avait pris à l’époque le pari de n’aimer qu’elle véritablement. Au risque d’être étouffant mais avec elle ce n’était jamais trop non ? Ils s’étaient accrochés, violemment, dès les débuts ; chacun retrouvant en l’autre un écho de soi-même.

Pourtant, Ibis sent déjà l’amorce du deuil creuser son ventre. Parce que ce ne sera jamais plus comme avant et que de toute façon ils sont trop fous, trop cramés pour s’aimer correctement. Immanquablement ils allaient s’engueuler ; la paix et le relatif bonheur extérieur ne leur réussiraient pas. Ils ne peuvent fonctionner ensemble que contre les autres.

Est-ce qu’elle lui en voudra lorsqu’elle remarquera qu’il n’a plus cette violence et ce dégoût de la vie en lui ? Il reste un vieux junkie, un taré mais il a mûri, grandi, prit un semblant de responsabilité qu’il n’a pas envie de perdre.

Lou Reed – Make Up

Ça fait quoi, d’être devenu vieux ?

Ibis se marre à la question. Un petit rire renâclé, respiré, qui lui découvre les dents. Elle le regarde comme ça avec ses yeux un peu défiants ça lui donne violemment envie de l’embrasser. Il n’a pas eu tout son soûl de son contact, déjà il a envie de la reprendre contre sa peau, sentir ses mains se balader sur lui.

Ça doit se voir, son désir dans ses pupilles, mais le Hanté joue le détachement, se penche et tend le bras derrière elle pour saisir la bouteille de rhum inaugurée quelques minutes plus tôt. En se redressant il profite pour déposer un baiser avec juste un brin de mordant dans son cou puis se descend une rasade de liqueur avant de lui tendre le goulot.

Pour répondre, être vieux ça va, ça a été un peu douloureux mais c’est toujours mieux que d’être mort. il lâche ça sans vrai reproche mais reste attentif à sa réaction. Il ajoute plus légèrement, taquin ce qu’il faut Il y a quelques avantages, je te montrerai si tu veux.

Faire semblant encore un peu, comme s’ils n’avaient jamais été séparés, comme si aucune vieille rancœur entre eux. Ça ne durera pas, il y aura toujours cette fissure, mais pour l’instant Ibis est tout concentré à son allégresse des retrouvailles. Il se sert de l’émotion pour cacher le reste, mettre un peu de baume au cœur en attendant le poison

Il l’observe un moment, ne répond pas immédiatement. Il hésite à lui dire qu’elle peut bien l’appeler comme elle veut mais change d’avis. Non, il aime sa nouvelle identité, son nom de Perdu ne lui correspond plus et l’autre a disparu de leurs esprits depuis longtemps.

Ibis. il retient le ‘’maladroit’’ pour l’instant, elle se foutra de lui plus tard.

C’est moi le tatoueur de la tribu maintenant, avant j’ai été longtemps apprenti. une pointe de satisfaction d’avoir réussi à s’intégrer, d’être autre chose qu’un poids et un pauvre type.

Son contentement est dénué de mesquinerie et il a soudain envie de lui montrer ce qu’il a accompli. Le Hanté espère qu’elle partagera sa fierté mais il n’est pas bien sûr.

Attends, je vais te montrer un truc.

Du fond de son tipi Ibis sort un épais paquet de feuilles plus ou moins reliées entre elles par des cordons de cuir et l’échange contre la bouteille de rhum entre les mains de la jeune fille. Il boit et se place derrière elle, regardant par-dessus son épaule.

J’ai gardé l’original de tous les motifs que j’ai tatoué. Mes clients viennent de partout sur l’Île.

Distraitement ses mains viennent masser légèrement les épaules à la recherche de quelque tension à apaiser. Sans y penser, il est juste naturel pour lui de la toucher, chercher son contact en tout temps.

Et toi ils ont changé ton nom ?

Au-delà de cette douceur et paix apparente il sent qu’ils marchent sur un fil étroit et se demande qui sera le premier à attaquer et pour quels mots, quelle action de l’autre.

Sûrement elle, il l’espère du moins. Pas pour se revendiquer un saint mais parce qu’il sait qu’il peut encaisser ; se fout la plupart du temps des insultes, accueille sa violence et y répond – un peu – mais la canalise surtout. De toute sa vie il n’a jamais été très émotionnel ou investi, alors il peut prendre ce trop plein, cette rage en elle. Il l’absorbe, les coups de rasoirs avec s’il faut. Jamais il n’a peur, plus elle est méchante plus il s'y colle.

Peu de choses parviennent à briser son flegme, son anesthésie sentimentale. Il n’y a quasi que son absence qui y parviennent avec les rêves qu’elle apporte.

La seule autre fois où il se souvient avoir été très affecté ça avait été à la mort de Milan.

Du bout du pouce, il caresse en cercles la main venue chercher la sienne. Un petit sourire aux lèvres le jeune homme répète Sick le Poison. comme pour imprimer encore une fois le nom sur sa langue C’est plutôt stylé. il ajoute doucement à son oreille.

Il est quand même désolé qu’on lui ait arraché son surnom pour y coller le sien. Ça n’a pas dû aider à l’oublier, toujours un écho d’eux jusque dans la façon dont elle se fait appeler. Mais Ibis mentirait s’il disait que ça ne lui plaît pas un peu.

Je n’ai pas changée. Contrairement à toi.

Contrairement à toi. Lancé comme une accusation en pleine gueule. Le Hanté accuse le coup mais moins bien qu’il l’avait pensé. Il défaille.  Ce fiel envers ce qu’il est devenu lui fait mal mais éveille également sa colère et un profond sentiment d’injustice. Il se déplace pour pouvoir la regarder en face. L’affection joueuse a pour l’instant disparue, au fond de ses yeux verts brûle à présent l’amertume jusque-là étouffée sous l’euphorie de la réunion. Son ton se fait plus acerbe.

Alors tu penses bien que je l’ai meilleur que toi ? Vraiment ? Putain c’est pourtant pas moi qui ai essayé de te buter ! contrairement à son habitude il peine à rester calme, les mots vont plus vite que sa pensée. Merde, je dois me défoncer à longueur de journée pour pas péter un câble à chaque fois que je pense à toi et tu sais pas à quoi ressemble mes nuits. Mais t’imagines quand même que je l’ai mieux que toi. Pourquoi ? Parce que j’ai pas abandonné ? Parce que même sans toi je suis là ?

Il rit d’un rire dénué de joie ou d’humour. Lui aussi peut être méchant, il a presque oublié. C’est le prix à payer pour l’aimer sûrement, qu’elle ait le pouvoir de bousiller son humeur généralement égale en quelque mots. Et puis il est à cran, depuis qu’elle est arrivée son monde s’éclaire et s’effondre en même temps.

Sauf que j’ai abandonné. Là où tu m’as laissé crever. Quand j’ai vraiment compris que tu reviendrais pas j’ai crié pour appeler les horreurs, pour mourir plus vite. Je sais toujours pas comment je suis en vie, comment les Delawere m’ont trouvé. Ils m’ont soigné et m’ont supporté surtout. Alors j’ai bien dû essayer de vivre même avec ton souvenir. Toujours là à l’intérieur de mon crâne de fou, mon esprit de taré qui peut pas t’oublier.

Plus d’égard pour elle pour l’instant. Ibis sait qu’elle ne va probablement s’écraser face à ses paroles, il la connaît pour être la première à répliquer et c’est peut-être ce qu’il veut aussi, ce dont ils ont besoin. Alors il la cherche, la défie, quitte à prendre quelques coups.

Et toi tu viens ici et tu m’en veux d’avoir survécu. Alors va te faire foutre.

Bien sûr qu’il a ses torts et ses conneries. C’est flou, les détails et les raisons lui échappent désormais ; le Hanté sait néanmoins qu’il a vraiment joué au con à leur arrivée de l’Ordinaire. Il se souvient de sa jalousie à l’époque, sa peur de les voir changer muée en méchanceté et qu’il avait fait ou dit quelque chose qu’elle avait pris comme une trahison. Malgré tout il n’arrive pas à imaginer un truc assez grave pour qu’elle le condamne de la sorte.

Et évidemment qu’il en était désolé, quoiqu’il ait fait, mais ça aurait pu être réglé autrement, sans qu’elle se débarrasse de lui comme d’un animal devenu gênant – attaché et livré à son misérable sort.

Tu veux dire qu’on est quitte ? qu’il se contente de commenter avec une ironie palpable.

Il peut lui pardonner ou du moins accepter et oublier mais il ne la laissera pas le culpabiliser sur qui il est devenu et refuse de la laisser se tourner en seul martyr.

Quand elle avance, il se lève également, déplie et délie ses longues jambes d’oiseau perché. Ibis, le plus souvent assis, est à chaque fois surpris par son ampleur. Pas si grand mais plus que la plupart des indigènes et définitivement plus qu’elle. Nettement moins hargneux par contre

Tu sais rien de ma vie au Grand Arbre, rien de ce qui s’est passé pendant ces putain d’années. Mais tu t’en doutes bien, non ? On m’appelle pas le Poison pour rien. Tu sais rien de ces nuits où je me réveillais sous ton putain d’arbre, de l’enfer que mon cerveau m’a fait vivre pour me punir de t’avoir laissé. Et les autres...les autres en ont eu marre de moi, les uns après les autres, je les ai poussés à partir comme je fais avec tous mes potes !!

C’est vrai qu’il n’en sait rien. Il n’en sait rien parce qu’il n’a pas cherché au-delà de la savoir en vie. Parce qu’il avait pensé que c’était ce qu’elle voulait et vraiment quelle grosse blague, il allait pas s’en remettre. Pour sûr ils avaient eu besoin d’un time-out mais pas comme ça, pas aussi longtemps. Dans tous les cas il serait parti du Grand Arbre, elle l’aurait suivi ou non ça ne les aurait pas empêché d’être ensembles. Il choisit de se taire pour l’instant.

La voir ainsi ne lui plaît pas mais c’est un mal nécessaire. Quitte à se cracher de l’acide à la gueule c’est toujours préférable aux non-dits. Faire semblant pour les autres c’est une chose ; il aurait du se douter qu’eux ne tiendraient pas plus de quelques minutes dans le mensonge. D’avant ou d’ici il ne lui a jamais menti.

J’aurais jamais dû me faire d’illusions, je savais que je parviendrai pas à te garder non plus. T'as qu'à rester dans ta belle petite vie bien rangée au milieu de tes potes les piafs, je vois bien que le temps où t’étais aussi mauvais que moi est passé.

Ah parce qu’il faut choisir ? ça sort tout seul tellement ça le prend de court. Il n’imagine pas ne pas la revoir maintenant qu’ils se sont retrouvés mais il n’est pas question qu’il quitte sa tribu et son métier. Et pour la suivre où ?

Si tu m’approches, je te saigne.

Il le voit le métal qui brille entre ses doigts, est très conscient qu’elle ne craint pas de s’en servir, et pourtant il avance. Parce que s’il ne le fait pas ça cassera quelque chose. A un pas de distance il s’arrête et baisse la tête, lui offre son visage défiant à lacérer et ses yeux à la chlorophylle qu’il plonge dans l’ombre des siens.

Tu veux me buter ?

Le Hanté ne pense pas qu’elle va réellement le trancher, le tuer ou le défigurer. Ou juste un peu, entaille superficielle qui fera perler ce sang qui l’apaise.

Alors vas-y mais finis bien le travail. Parce que cette fois si je survis je reste pas dans mon coin.