(Hey, avant toute chose, mettez vous dans le mood)

Twice à-t-il seulement changé ?

Ses yeux sont toujours d’un bleu qu’il considère lui-même comme « parfait », ses cheveux, quoiqu’un peu plus longs, sont toujours un peu plus clairs que les blés, ses sourcils sont toujours très souvent froncés... Oui, Le sang froid a grandi, il n’était qu’une version plus adulte de Lui-même finalement, Il avait plus de carrure, avait pris quelques centimètres de hauteur. Il devenait un Homme peu à peu.

Ce qu’il avait gagné au corps, il avait perdu à l’esprit, si bien que ce n’est plus lui, mais bien moi (narrateur à mes heures perdues) qui raconterai désormais ses mésaventures. C’était une fatalité, le grandissement n’avait jamais été bien loin de L’Ancien Perdu, cet adolescent n’avait plus rien d’enfant. La moindre petite porte ouverte vers le monde adulte aurait été extrêmement dure à éviter.

Ce qui est fait est fait. Twice a perdu son esprit calculateur et son sens de la réplique et du symbolisme s’est affaibli -bien qu’il ressurgisse parfois. Si vous me permettez le jeu de mots, je dirais qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même.

Dans son esprit ne sonnent plus chaque matins les bruits de bottes et les chants de guerre, non. Son crâne autrefois pollué par ses idées néfastes n’est empli aujourd’hui que d’une certaine nostalgie aux arrière-gouts de colère -et surtout de haine. Lui qui voulait s’échapper coûte que coûte, se rêvant parfois débarrasser l’île de ceux qui le gênaient, ou qu’il avait en horreur, avait fini par devenir son propre poison, sa mentalité toxique avait fini par l’étouffer.

Ainsi après avoir fait face à des personnes qu’il trouvait bon de détester, des phénomènes et des créatures inexplicables, des évènements dépassant même l’imagination des plus fantasques d’entre nous... Il avait finalement fait face à l’évidence, et ce fut douloureux à admettre : personne ne quittait jamais l’île, et le monde extérieur évoluera sans lui, en fait ça avait déjà changé dehors, bien trop même.

Aujourd’hui l’ancien chasseur n’est plus qu’un adulte dénué de toute innocence, les vérités qu’il s’était juré de ne jamais considérer comme telles l’ont rongé, il lui était impossible désormais de retrouver le chemin du grand arbre, la seule voie fut le serment et la soumission au capitaine. Finalement c’était la même chose, mais de l’autre côté des barbelés.

Alors oui, il est vrai rien n’a changé, mais tout est différent :

S’il est toujours froid c’est pour d’autres raisons,

S’il n’éprouve aucune pitié, c’est pour d’autres raisons,

S’il est toujours haineux, c’est pour d’autres raisons,

Et s’il pense encore souvent, c’est d’une autre raison.

Bref, cessons la philosophie de comptoir, et regardons-le plutôt en action :

Il est là, il marche mécaniquement, deux peaux de bête posées sur son épaule gauche et tenues en place de façon ferme par sa main gauche. Perdu au milieu du chaos du port, Il y a Heinrich, véritable machine de chair et de sang remontée comme une horloge, avançant pas à pas avec une rigidité presque effrayante, chaque levée de pied représente la même distance que la précédente, le bras droit se balance d’avant en arrière dans un rythme parfait.

Perdu au milieu des mercenaires et des bandits, il y avait un véritable soldat,
Pas une one man army, juste un homme d’armée, tout seul.

Les cent quatre-vingts centimètres de mépris transitionnent du Point Beta à Alpha sur le chemin du retour d’une session de chasse très peu fructueuse. Le Pirate de Terre, qui avait pourtant profité de longs mois à apprendre la chasse chez les perdus, ne pouvait pas réussir à tous les coups, ce n’était pas réellement grave, la vente de peau et de fourrures n’était qu’un passetemps, se révélant parfois lucratif certes, mais un passetemps tout de même.

C’était la routine, comme toutes les fins d’après-midi, il revenait au bercail.
Le Monde s’excitait autour de lui, il passe à coté des lieux de plaisirs faciles et de jeux d’argent, il passe devant les commerçants frauduleux, les escrocs et les bandits, mais tout ces endroits et ces gens peu fréquentables ne l’importent guère, il ne se mêlerait à eux que dans des moments de détresses ou d’envies irrépressibles, le reste du temps, cela ne l’intéressait pas.

Voilà qu’il bouscule un pirate ivre, le faisant trébucher puis tomber, lui a-t-il accordé ne serait-ce qu’un regard ? Non.

Ses yeux ne se détachent de son objectif qu’à de rares et succinctes occasions, quand il reconnait une personne qu’il déteste un peu moins que le reste des imbéciles du port, ou quand on lui fait un signe ou lui adresse la parole.

D’ailleurs l’ivrogne mentionné auparavant ne s’était pas gardé de beugler comme un animal après avoir été renversé et renversé sa bouteille, a-t-il reçu ne serait-ce que l’embryon d’une excuse ? Evidemment que non.

Tenant à peine debout après ce qui devait être de trop nombreux litres d’alcool, il n’aurait jamais pu rattraper l’austère, et même s’il aurait pu, Heinrich en aurait-il eu quoi que ce soit à faire ? Vous connaissez déjà la réponse.

Une porte grinçante est ouverte, une silhouette morne passe, puis elle est refermée. La carcasse de bois à avalé le Pirate en un rien de temps. Bientôt là lumière d’une bougie éclairera un peu la pièce, puis les piles parfaitement bien rangées de peaux et de fourrures seront alimentées des trouvailles du jour. Puis peut être qu’il se servira un verre, ou fumera un peu de tabac. La rigueur est plaisante et naturelle chez Heinrich, mais elle ne sert en rien à oublier que ce jour est comme les autres, et que la fin de celui-ci ne signifie que le début d’un autre, tout aussi las, tout aussi âpre.

- Jeune homme de 19 ans d’origine Allemande

- Peau Claire, Yeux Bleus, cheveux blonds.

- Reste le plus souvent assez passif et froid, sa fougue l’a quitté et ne lui rends que rarement visite.

- Mauvais et Cruel, de plus, s’il en a après quelqu’un ou quelque chose, il ne connait alors pas de limites éthique ou morale, Ici, aucun dieu ne viendra le juger.

- Est resté assez « routinier », il fait les choses dans l’ordre logique, méthodiquement. Cependant, son appréhension pour le fantastique n’est plus, l’île est un lieu dénué de toute logique, punkt schluss. Il est comme un rouage parfait, poli et lustré, au dimensions et fonctionnement parfait, perdu au milieu d’une machine infernale.

- Son rythme respiratoire varie souvent, en fait ce sont des exercices de calme et de self control qu’il utilise pour ne pas déraper trop vite. De ce fait une ouïe fine n’aurait aucune mal à jauger le niveau de colère/frustration/(insérer tout autre feel désagréable ici) du Pirate.

- Est assez obsédé par le chiffre deux, ce qui était auparavant une sorte de gimmick (du temps ou il chassait pour les Perdus, il ramenait toujours les proies par paire.) est devenu une drôle d’habitude.

- A choisi le nom Heinrich Von Hohenwelt pour afficher ses origines et sa supériorité supposée.

Heinrich n’aime pas l’île, en somme, il la hait de toute son âme. Cependant, elle est plus grande que lui et il le sait. Il en accepte maintenant les règles et vit une vie sans saveurs, son existence ici le dégoute au point qu’il songe souvent à en finir, mais mourir ainsi est lâche

Des regrets, ainsi qu’une profonde déception, tout à mal tourné là-bas, y retourner serait inutile, ce monde est comme l’île, il ne peut être sauvé.

Pan le laisse souvent indifférent, certes il est la source de ce monde vicié, mais l’extérieur n’est pas mieux, alors faut-il lui en vouloir ? Il tient cependant Hook en haute estime, les gens lui sont généralement fidèles et le respectent. Peut-être qu’avec un culte de la personnalité un peu plus poussé, il ferait un bien meilleur dirigeant.

Il est parti du monde réel en 1944 pour arriver quelques mois avant le givre, là il mène une vie de chasseur tout à fait normale, ne se lie d’amitié avec personne, et n’est aimé de personne non plus.

Twice à fait parti des quelques fous qui sont restés au grand-arbre durant le givre, c’était très rude mais il y a survécu, cela a endurci son corps mais érodé sa volonté, les pouvoirs de l’île et son tyran sont énormes, pour la première fois de sa vie, il se sentait dépassé. Être un surhomme n’est pas ce qui l’a sauvé, non, c’est de la chance, et même s’il déteste l’admettre, de l’entraide. Le froid à fait ce qu’il sait faire de mieux.

Grandit et devient Pirate très vite après le retour du soleil, les raisons seront comptées là, juste en dessous, allez, scrolle, ne sois pas timide.

 
Unmöglich !

Quelles étaient ces sornettes ? Cette histoire travestie.
Ce n’est là qu’un tissu de mensonge qui raconte une vision fantasque et dégoutante de la seconde guerre mondiale !

Pensais le Sang froid, chaque nouvelle page qu’il tournait lui révélait de nouveaux éléments d’un passé (qui pour lui était futur) qui le dégoutait, mais il continuait, ses doigts tremblants tournant les pages avec hésitation. Une curiosité morbide.

C’est des conneries !
Qu’il lance, tout en lançant également le livre qui venait s’écraser dans le sable, intitulé « Manuel D’histoire géographie », celui-ci ne s’abimait qu’un peu plus qu’il ne l’était déjà avant, ça ne change pas grand-chose.

L’allemand avait appris le français au cours de sa jeunesse pour pouvoir entrer dans les services de renseignements de L’Abwehr, pas pour lire ce genre de choses.
Il hésita un instant à y mettre le feu, ou à le jeter à l’eau, qui par ailleurs était tout autant agitée que les battements de cœur du sang froid -qui ainsi ne portait plus très bien son surnom.

Après tout, les autodafés de livres interdits, il connaissait.

Il se résolu à le laisser là, ce n’était qu’un tissu de mensonge, il n’avait pas à s’en faire. Le calme reprenant et la colère calmante, il retourne alors au camp, ou il dépose ses prises, et s’en va directement dans sa couche, il n’allait pas passer la nuit la plus agréable de sa vie, je vous le garantis.

Quel sommeil, Quelle souffrance,

Un véritable kaléidoscope de souvenirs, de réminiscences, de voix qu’il a entendues au cours de son séjour sur l’île, ces gens qui se traitaient de « nazis » comme si c’était une insulte, qui chambraient les allemands sur leur passé, ou encore pire, ces gens qui parlaient un allemand parfait, natif, et qui ne partageaient pas ses opinions. Avec leurs manières rustres, leurs accoutrements d’un autre temps qu’il n’a pas connu, et qu’il ne pouvait pas connaître, venaient-ils du Reich d’après ?

L’Allemand ne pouvais l’accepter, mais n’arrivais pourtant pas à s’effacer ces idées du crâne, pour la première fois de sa vie, il n’avait pas élaboré de plans durant la nuit, n’avais pas stocké ou traité d’informations, son esprit aiguisé était pris à d’autres pérégrinations,
Non, pour la première fois, il faisait l’expérience du doute. Pour la première fois, il avait vraiment peur. Les vérités qu’il se cachait l’effrayaient pour de bon.

Choc et Déni, puis Colère.

Les jours s’enchainèrent sans qu’il ne retourne plus jamais au rivage des objets échoués.

Il avait conclu que tout ce qui arrivait sur cette partie des plages provenait de l’autre monde, mais cela n’était pas possible, tout devait provenir de l’esprit vicié du Tyran. Comment le conflit avait-il pu finir ainsi, et encore pire, le monde d’après.
Pourquoi est-ce qu’une femme représentait maintenant l’Allemagne ? C’était inconcevable, ça ne pouvait pas être vrai.

Ses pensées le hantaient, et pas uniquement la nuit, ses réponses devenaient plus aiguisées et ses réactions plus apparentes (ah et, son menton le grattait aussi), quelle fut la surprise de ses collègues quand il ont entendu, pour la toute première fois de leur existence, Twice Hurler, jurant en allemand après qu’on lui ai fait une remarque pourtant bénigne sur son manque de cœur à l’ouvrage -celui-ci n’honorant plus son nom, car il ne ramenait plus qu’une prise à la journée, le minimum syndical, bien que s’il savait ce qu’un syndicat était, ça ne lui aurait pas plu.

Dès que le soleil faisait place à la lune, il s’enterrait sous un énorme tas de spéculations, se refaisant dans la tête l’histoire du monde, imaginant à chaque fois les finalités possibles du second grand conflit mondial, comment la toute puissante Allemagne avait-elle pu perdre ? Nous avions tout, la stratégie, le matériel, les alliances, la supériorité raciale, alors comment ?

Pourtant la guerre était en ces moments dans un champ de batailles bien différent, dans l’esprit du Sang Froid, l'heure était aux négociations.

Les jours passent.

Les plus simples pourraient assimiler la colère à la haine, je vous assure pourtant que ce sont deux notions très différentes, le chasseur avait Haï toute sa vie sans jamais s’en lasser, mais après quelques semaines de colère, il était fatigué, non pas physiquement -il ne pouvait pas se le permettre en tant que chasseur- mais c’était dur, même faire semblant de sourire, ou de rire, était devenu une véritable épreuve.

Puis dans un ultime élan de Chagrin. Il abandonne ses fonctions du jour, et retourne sur cette maudite portion de plage.

Le fameux livre était encore là, il l’avait retrouvé après quelques minutes de recherche, quand Twice s’était enfoncé dans le désespoir, le manuel lui s’était enfoncé dans le sable, il aurait suffi de quelques jours de plus, et il aurait totalement disparu sous le sable.

Cette fois ci plus sereinement, il consulte les pages, constate, voit que certaines batailles s’étant déjà déroulées étaient également renseignées, de façon précises, a quoi bon mentir sur un seul bout de l’histoire si le reste est réel, les fantasmes et les vérités ne cohabitent jamais ensembles, pas dans ce genre d’ouvrages.

L’écrit avait été édité en l’année 2017 apparemment, le monde réel était-il si loin devant ?
Ou Twice était-il en retard ? Toutes ces histoires, la mort du guide. La capitulation... Le partage de la glorieuse Allemagne.

Le Reich avait été humilié, Berlin Souillée, le monde avait perdu toute forme de valeurs.
Les communistes ont même unifiés tout un tas de sous-pays entre eux. Notre défaite signe la fin des chances de l'humanité.

Dès qu’une page se tournait et qu'un bout de l’histoire du monde se révélait à lui, l’allemand étais pris de rires nerveux, cependant, chaque passage représentait une nouvelle preuve à la décadence du monde, mais ces rires s’abandonnèrent bientôt au silence, la vérité était accablante.

Aurait-il pleuré ? Jamais, il était bien trop fier pour ça, bien trop pudique aussi et ce même si le sable et l’eau étaient son seul public.

Il était bien plus calme à présent, acceptait l’évidence. Il avait abandonné la lutte lui aussi, mais il n’accepterait pas la repentance, hors de question pour le chasseur de commettre les mêmes erreurs que ses confrères du 21ème Siècle.
Il repose le manuel sur le sable, avec délicatesse cette fois, puis dans un ultime geste symbolique, l’enterre.

Il passa les prochaines heures assis face à l’horizon, sans un mot, pour la première fois, Twice ne pensait plus. Une étrange sensation de plénitude dans un esprit pourtant vidé de toute envie, de toute motivation, de toute conviction.

Sur le rivage, là ou s’était échoués des vieux véhicules désossés, le jeune homme était une carcasse de plus, la rouille en moins.

Quand la nuit vint enfin, il s’endormait, même si la faim lui bouffait le ventre.

Il se réveille là, étalé dans le sable, puis toujours sans le moindre mot, ou la moindre expression placardée au visage, il part en direction de l’eau, s’enfonçant peu à peu jusqu’à ne plus rien voir de l’horizon.

Le temps est long, lui paraît une éternité, il avait vraiment essayé.
Mais ce résoudre à partir était si Lâche, indigne de lui… Pourtant, quand il ressort enfin de l’immensité bleue, reprenant frénétiquement sa respiration après une privation qui avait bien trop duré. L’Aryen était vivant certes, mais Twice Lui, avait disparu pour de bon.

Il repartait, maintenant convaincu du futur de sa patrie, ou plutôt de son présent, la page 222 du livre avait achevé ce que le doute avait entreprit, il était tout autant convaincu de sa supériorité que de l’inutilité de cette dernière, dans un monde qui s’était adouci envers tous les faibles, tous les indignes. Ce futur n’était pas le sien, n’était plus le sien.

Y retourner ne représentait plus aucun intérêt, il reniait alors ses projets passés, faisant un ultime pas en avant, ou en arrière. Il fallait maintenant trouver une raison d’être à nouveau.

Cependant, c’était le pas de trop,

Heinrich Von Hohenwelt ne retrouvera jamais l’Arbre.
Tant pis.