Tempête eut un reniflement méprisant face au spectacle de Wesker, croisant même les bras. L'attitude du pirate ne l'impressionnait guère. Elle ne voyait là que l'orgueil masculin, et surtout un énorme gâchis de nourriture (même si Tempête n'aurait pas couru le risque de croquer dans la chair putréfiée, elle avait le palais bien trop délicat).

Chacun des deux camps continuait de fanfaronner, mais il fallait avouer la vérité. Tous étaient épuisés. Si l'un des camps devait vaincre, ce serait à l'usure. L'orgueil de Tempête, et les paroles d'Aigue-Marine, lui criaient de continuer le combat. Mais la doyenne préférait jouer la carte de la prudence. Même si elles quittaient la scène, les sirènes ne seraient pas perdantes. Ce ne serait qu'un bref répit avant le prochain combat.

Tempête posa sa main sur l'épaule d'Aigue-Marine. Une certaine distance divisait, désormais, les deux camps. Au loin un oiseau chanta.

« La vengeance est un plat qui se savoure, froid. Nous aurons l'occasion de faire payer sa faute à ce pirate blond, ma chère Aigue-Marine. N'aie crainte. Quant aux paroles de son supérieur, elles ne sont que des vagues qui frôlent la roche sans l'éroder. Nous sommes au-dessus de tels propos. »

Par principe, la doyenne se permit de commenter les paroles de DogFish.

« Avoue plutôt que notre apparence te trouble, petit anchois. Penses à nous lors de tes nuits nocturnes. »

Laissant glisser sa main dans le dos de sa sœur, Tempête l'invita à la rejoindre jusqu'à la berge. La doyenne reculait, conservant son regard fixé sur les pirates. Ces êtres pouvaient se montrer assez fourbes pour attaquer par derrière. Tempête plongea, d'un bond, dans l'eau. La sirène remonta, le temps de poser un dernier regard sur les pirates.

« Cette bataille n'est pas finie, forbans. Nous réclamerons notre dû, un autre jour. »

Tempête replongea, ne laissant pas le loisir aux pirates de répliquer. La doyenne remonta jusqu'aux confins de l'Océan, accueillant le silence sous-marin avec gratitude. Il lui faudrait du temps pour guérir de son talon amputé. Mais il lui en faudra bien plus pour panser son orgueil meurtri.

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