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Le rouge aux joues de Freckles n'avait pas échappé aux yeux de Sinner, experts dès qu'il s'agissait de noter ce genre de détails. Voilà qui alimentait encore le sourire retors de la Fripouille, laquelle n'eut pourtant aucune réaction avant que le chef des livreurs ne décide de littéralement la FUIR en marchant plus vite qu'il ne le faisait déjà.

Ce n'est qu'après avoir couvé un rire discret, et après avoir fait un sort à sa clope, dont il ne restait plus que le mégot, que Sinner décida de commenter :

"A ta guise, l'ami... Mais tu sais, inutile de courir. Je vais pas te bouffer. Enfin, pas sans ton autorisation."

Sinner n'avait pas l'intention de suivre ce nouveau rythme imposé. D'ailleurs, il ralentit même un peu, comme il n'avait plus de raison de marcher à la vitesse qui lui avait précédemment permis de rester au même niveau que le rouquin. Il ne traînait pas la patte, malgré sa démarche qui en donnait l'impression, mais il n'avait pas non plus l'intention de s'épuiser pour arriver plus vite à destination.

Dans son état normal, le diplomate aurait probablement fait en sorte d'insister pour connaître les critères de Freckles, ou il aurait trouvé un autre sujet de conversation gênant dans lequel sauter à pieds joints pour mieux emmerder son interlocuteur. Mais ça faisait depuis sa nomination que Sinner n'était plus dans son état normal. Ce bout de conversation animée l'avait épuisé. Se montrer trop familier à l'égard du mec qui avait oublié leur passé commun lui déplaisait, même s'il avait failli l'oublier. Freckles était facile à aborder, c'était traître. Sinner ne devait pas zapper qu'il faisait partie de ceux qu'il devait prioritairement convaincre de la sincérité de son engagement.

Ouais bon. Ca allait. Sinner ne lui avait rien dit de très sensible. Quant à se montrer chiant, on n'attendait souvent pas mieux de lui. C'était peut-être même s'il semblait trop sur la défensive, ou trop au bout de sa vie tout le temps, qu'on allait finir par se poser des questions. Qu'aurait-il dû faire ? Soudain, Sinner ne savait plus. C'était plus simple quand il pouvait tout simplement éviter les situations dans lesquelles on se serait attendu à ce qu'ils causent.

"A ce rythme au prochain tournant tu me verras plus, je parie que tu vas oublier que j'étais là ! Essaie de pas zapper pourquoi on est venu, quand même."

... Eh merde. Sinner avait vraiment du mal à contenir son fiel. Et ne savait toujours pas s'il faisait mieux de l'ouvrir ou de la fermer.

« A ta guise, l'ami... Mais tu sais, inutile de courir. Je vais pas te bouffer. Enfin, pas sans ton autorisation. »

Freckles est content que Sinner n’aie pas décidé de lui emboiter le pas et qu’il ne puisse pas voir l’expression sur son visage. Il ne peut pas se voir non plus mais il sent qu’il n’a jamais fait une tête pareille de sa vie. Et il décide que le mieux, c’est peut-être de faire comme si Sinner n’avait rien dit du tout. Oui, de juste oublier cette phrase entièrement – ça veut mieux pour les deux. S’il était quelqu’un d’autre, se dit Freckles, il se serait retourné pour choper Sinner par le col et lui dire de ne plus jamais lui parler comme ça. Mais il n’est pas quelqu’un d’autre et il se contente de marcher, avec la désagréable sensation du regard du diplomate posé sur sa nuque.
Il s’écoule un moment de trajet en silence. Normalement, Freckles n’aime pas ça mais il suppose que c’est préférable à un autre genre de conversation.

« A ce rythme au prochain tournant tu me verras plus, je parie que tu vas oublier que j'étais là ! Essaie de pas zapper pourquoi on est venu, quand même. »

Quand Freckles s’arrête et se retourne, il constate que Sinner est en effet plus loin derrière qu’il l’aurait pensé. Quelque chose dans sa remarque le pique. Ça lui rappelle une engueulade qu’il a eu avec Rainbow, dont les détails sont assez vieux pour s’effacer, mais qui tenait au sujet de sa mémoire, justement. Il se demande si Sinner sait et qu’il le fait exprès. Mais il décèle aussi un genre d’amertume dans son ton, et se dit que peut-être que le diplomate est juste réellement vexé qu’il avance sans lui. Alors Freckles se contente de respirer un bon coup par le nez.

« Excuse moi. C’est l’habitude », il dit, sans réussir à avoir l’air très désolé. Dans l’absolu, c’est vrai : il a l’habitude de marcher vite, efficacement. Seulement, normalement, cette habitude s’accompagne de celle de faire attention à ce que tout le monde suive le rythme. « T’as besoin d’une pause ? »

Ils sont maintenant dans une partie des bois peu dense, où la lumière du soleil peut facilement les atteindre à travers les arbres. Ils sont pas loin de rejoindre un des tournants de la rivière, qu’il suffira de suivre.

"Excuse moi. C’est l’habitude"

Freckles sonnait à peu près aussi sincère que Sinner avait eu besoin de ses excuses - c'est à dire pas du tout. Néanmoins le diplomate profita du fait que son partenaire de mission se soit arrêté et retourné pour réduire la distance qui les séparaient, jusqu'à la faire disparaître entièrement.

"T’as besoin d’une pause ?"

La Fripouille prenait son temps pour répondre, attendant d'avoir rejoint le Lionceau puis de capter son regard, tout ça pour lui adresser un sourire plat.

"Pas spécialement."

Sinner allait la perdre désormais qu'il était plus souvent au Grand Arbre qu'en train de crapahuter dans la nature, mais il avait (encore) l'habitude de (beaucoup) marcher. Le boulot de négociateur demandait après tout à se déplacer régulièrement si ce n'est quotidiennement pour rejoindre des gens qui vivaient plus ou moins loin de leur camp.

Il aurait pu mentir et profiter que Freckles et lui soient assis à proximité l'un de l'autre pour tenter de le lancer sur un nouveau sujet qui se voulait embarrassant, mais Sinner n'était toujours pas certain que ce fut une bonne idée qu'il continue de le charrier. Pas certain non plus d'avoir d'autres sujets embarrassants en stock qu'il pouvait aborder sans risquer de se prendre un sérieux retour de flammes.

Sortant ses feuilles et son tabac, le diplomate profita malgré tout de ce temps de respiration pour commencer à rouler une nouvelle cigarette. Il n'en avait plus aucune d'avance.

"A quoi bon se dépêcher si c'est pour perdre l'avance gagnée en s'arrêtant ensuite ?" qu'il décida tout de même de commenter, le sourire devenu un peu acide.

« Pas spécialement. »

Il s’est retourné pour faire face à Sinner qui le rejoint sans hâte. Arrivé devant lui, il sort de ses poches son tabac et une feuille et commence tranquillement à se rouler une clope.

« A quoi bon se dépêcher si c'est pour perdre l'avance gagnée en s'arrêtant ensuite ? »

Freckles se dit qu’il ne comprend vraiment pas Sinner. Pas satisfait du rythme, ni d’une pause, ni de la mission qu’il a choisi lui-même de faire, ni de rien. Pour la deuxième fois depuis qu’ils sont partis, Freckles s’imagine s’énerver vraiment, et il trouve cette sensation vraiment bizarre. A la place, il fixe Sinner sans un mot pendant qu’il termine sa cigarette avec son petit sourire tranquille.

« Okay », il dit simplement.

Et il se retourne pour se remettre à marcher. Il ne prend pas la peine de se replacer dans la dynamique qu’ils avaient plutôt quand ils parlaient, mais prend soin de marcher à un rythme plus lent, et de jeter des regards en arrière pour vérifier que le diplomate suit, avec une régularité presque exaspérée. Comme il le pensait, ils arrivent vite à une clairière, et à un des tournants de la rivière.

« Maintenant on la remonte. »

Freckles se connaît des lacunes dans beaucoup de choses, mais le sens de l’orientation n’en est pas un, et il se figure très bien le chemin qu’il leur reste – malgré les fantaisies quotidiennes de l’Île qui allonge ou raccourcit les distances un peu quand elle veut. Au bout d’encore quelques minutes, il se retourne vers Sinner, mais cette fois, croise son regard pendant quelques secondes.

« Je peux te demander un truc ? » il demande, plus pour la forme qu’autre chose, avant de continuer sans attendre de réponse. « C’est toi qui as choisi de venir en mission avec moi ? »

La réponse qu’il attend est évidente. Quand c’est pas les chefs qui attribuent des tâches aux perdus de leurs groupes respectifs, les missions sont attribuées par Peter, ou parfois Bow. Or Freckles est à peu près sûr que ni l’un ni l’autre ne s’est impliqué dans cette petite escapade, puisqu’il est seulement allé en parler à Sinner la veille. Bien sûr, d’autres gens sont au courant, pour la source, mais pas pour le marchandage avec les fées. Alors à moins que les diplomates aient décidé de tirer au sort, ça doit être Sinner qui a choisi de venir.
Et Freckles commence à se demander si c’est pas juste exprès pour l’emmerder.

Sujet: Re: Spring Break Jeu 2 Mar 2023 - 4:48

Il n'avait pas fallu longtemps à Sinner pour allumer la clope fraîchement roulée et pour aspirer ses premiers nuages de fumée. Le diplomate s'attendait franchement, à ce stade et vu l'humeur de son compagnon de route, à se bouffer une réplique bien sentie en réponse au commentaire mordant pas très sympa qu'il avait dirigé à l'encontre de Freckles.

Pourtant, non. Juste un "okay" dans lequel on pouvait peut-être avec un peu d'imagination entendre poindre un chouilla de tension - et encore c'était même pas sûr. Aucune sortie de gonds à déplorer, et c'était bien dommage, parce que la Fripouille s'en serait nourrie comme d'un chocolat particulièrement goûteux.

Bah. Pas grave. Ils étaient pas encore arrivés alors il y aurait d'autres occasions. Et puis Sinner n'était toujours pas certain de faire le bon choix en emmerdant son ex-ami. La pente était glissante, il le savait. C'était aussi pour ça que c'était si difficile d'interagir avec Freckles sans le charrier. Vraiment, ça avait été plus facile quand il pouvait tout simplement l'ignorer.

"Maintenant on la remonte.
- Hm hm, j'te suis...

Imperturbable, Sinner avançait toujours à la même allure, c'est à dire à une vitesse décente sans trop en faire mais qui donnait l'impression d'être plus lente du fait de sa démarche nonchalante. Freckles ne marchait plus si vite, désormais, alors il ne l'avait pas semé. La distance entre eux restait égale. Bref. D'un point de vue strictement technique, leur mission était pour le moment plutôt bien engagée.

D'un point de vue interpersonnel, c'était pas exactement le même délire.

"Je peux te demander un truc ?
- Ouais ? répondit-il sans hésiter malgré la curiosité qui le démangeait. Qu'est-ce que le Lionceau pouvait bien vouloir savoir de lui ? Depuis quand s'intéressait-il à lui ?, s'interrogea t-il avec une certaine amertume.

"C’est toi qui as choisi de venir en mission avec moi ?"

Le sang du diplomate ne fit qu'un tour, ce qu'il eut tout le mal du monde à cacher. Soudain un noeud d'angoisse bloquait sa gorge. Ses joues étaient glacées. Son corps entier l'était.

Le premier réflexe de Sinner fut de se demander s'il avait moindrement manqué de discrétion ou de subtilité durant l'un de ces moments où - considérant ses objectifs cachés - il se donnait l'impression de frauder en demandant l'avis des uns et des autres et en laissant une telle marge de liberté aux membres de son groupe au moment de l'assignation des missions qu'ils auraient pu ne pas les faire du tout si ça les chantait, même si le cas de figure ne s'était pas encore présenté jusqu'à présent. Les diplomates lui semblaient pour la plupart réglés comme des robots. Leurs tâches étaient devenues tellement routinières qu'ils auraient limite continué à les accomplir même si personne ne le leur avait demandé.

Freckles insinuait-il que la décision aurait pu émaner d'une autre personne du groupe ? Sinner n'aurait pas spécialement aimé qu'on recommence à lui balancer des ordres à la figure non plus, mais le rouquin n'était pas obligé de le savoir et s'il s'imaginait quelque chose de ce genre, si de telles rumeurs commençaient à courir, ça pouvait être problématique. On aurait pu se mettre à surveiller Sinner pour vérifier qu'il faisait son boulot comme entendu par la description implicite dudit boulot selon les habitudes du Grand Arbre, et ça, ça aurait vraiment été un gros problème pour lui.

Ou bien était-ce ses combines avec Ink qui finissaient par poser question ? C'était effectivement pas très discret quand Sinner échangeait leurs tâches - comme aujourd'hui justement - pour éviter au Gribouillé de se taper une mission de négociation à un moment où il n'avait pas les ressources de la mener. Est-ce que ça allait être un souci ?

Ok.
Trève d'hypothèses sans fondement valable. C'était pas le moment de perdre son calme ni de se monter la tête alors qu'il n'y avait aucune preuve que Freckles ait des éléments concrets contre lui.

"Ouais. On est toujours en sous-effectifs, tout le monde avait à faire ailleurs, ce qui te vaut le plaisir de ma compagnie..."

Il fallait qu'il sache, même si ça lui faisait peur. Même s'il n'avait pas envie de demander.

"Pourquoi ?" demanda t-il donc en faisant son possible pour enfiler son traditionnel masque d'indifférence, et pour ne laisser aucune tension rendre le ton de sa voix plus pointu.

Par contre, il gardait les yeux délibérément détournés, ce qui n'était pas le meilleur moyen de paraître innocent - encore que ça pouvait passer pour du j'm'en foutisme. Tout de suite, il avait trop peur que sa carapace fissurée laisse entrevoir la panique qu'il couvait pour regarder son interlocuteur dans les yeux.

Sujet: Re: Spring Break Mar 7 Mar 2023 - 21:41

Il attend une réponse en oui ou en non. Si Sinner le décide, il pourrait s’en tenir à ça sans lui donner d’autre détail. Mais le diplomate met bien plus de temps qu’il faudrait pour la lui donner, cette réponse, et cette hésitation fait ralentir Freckles. Quand Sinner répond pourtant, c’est d’un ton plutôt égal.

« Ouais. On est toujours en sous-effectifs, tout le monde avait à faire ailleurs, ce qui te vaut le plaisir de ma compagnie... »

Freckles lâche un hm d’assentiment à demi convaincu. Les sous-effectifs sont un sujet sensible pour tout le monde, en fait c’est une jolie façon de parler des morts du Givre sans en parler vraiment. Freckles le sait parce qu’ils font tous pareil, sauf cette fois dans la Maison Souterraine, après la Boum, où quelqu’un en a parlé clairement et que ça s’est mal fini. Depuis, les choses vont mieux, c’est sûr, et les rangs des perdus se remplument, mais les diplomates ont toujours été un petit groupe – rarement un auquel Freckles s’est vraiment intéressé.
Tout ça pour dire que ça se tient. Il ne comprend plus tellement l’hésitation de Sinner et se demande s’il l’a pas juste inventée.

« Pourquoi ? »
« Parce que t’as pas l’air tellement content d’être là », il répond, sans tout à fait réussir à ne pas rendre son ton boudeur.

Il marche de nouveau au même niveau que Sinner, mais cette fois, celui-ci évite soigneusement de le regarder.

« C’est juste que si tu voulais pas venir, t’aurais pu ... »

Comme si la prudence de Sinner le contaminait, il se met à hésiter sur la fin de sa phrase. Il aurait pu lui envoyer quelqu’un d’autre, prétendre qu’aucun diplomate n’était disponible, ou juste lui dire non, il suppose, mais c’est pas des solutions correctes, juste sa fierté qui parle.

« … faire autrement », il finit donc par dire avec un haussement d’épaule.

Sujet: Re: Spring Break Jeu 9 Mar 2023 - 15:26

"Parce que t’as pas l’air tellement content d’être là"

Ca avait jamais été nécessaire pour accomplir un travail, "être content d'être là". Certes, Sinner avait tendance à sauter les missions qui lui plaisaient le moins pour s'occuper autrement, à l'époque où il le pouvait encore. Et certes il avait fini par trouver un intérêt ludique et/ou pratique à certaines de ses obligations diplomatiques, depuis qu'on l'avait forcé à s'y plier et qu'il devait composer avec la pression qu'on lui foutait.

Mais de là à être content d'être là à chaque fois qu'il faisait son boulot comme on le lui demandait ? On était loin du compte, ne serait-ce parce que ça continuait de le faire invariablement chier d'obéir aux décisions arbitraires d'autrui.

Désormais c'était plus des ordres, qu'il suivait. Plutôt les obligations implicites inhérentes à sa nouvelle fonction auxquelles il pouvait pas couper s'il voulait faire assez illusion pour durer plus de trois jours en poste, condition sine qua non à la mise en place des plans par lesquels il voulait retirer sa substance à la fonction en question - paradoxe difficilement soluble, la corde d'équilibriste était fine. Eh ben devinez quoi ? C'était encore pire que de devoir obéir à quelqu'un de précis. Sinner en voulait à tous ceux qui attendaient de lui un tel comportement, mais qu'importe les stratégies par lesquelles il essayait de réduire sa culpabilité, il se détestait tout autant pour l'avoir, parce que même s'il se sentait obligé personne ne lui avait mis le couteau sous la gorge. Il était pleinement responsable de ses foutues décisions bancales.

"C’est juste que si tu voulais pas venir, t’aurais pu... faire autrement"

Ouais... Ca devenait profond si on le reliait aux préoccupations actuelles de la Fripouille - celles qu'il ne pouvait partager avec personne.

Mais il y avait une autre vérité. Ca ne dérangeait pas vraiment Sinner d'être ici, malgré l'aspect délicat de ses interactions avec Freckles. Certes il avait des doutes quant à l'utilité de cette fontaine magique et il craignait que ça foute une charge supplémentaire aux livreurs pour pas grand chose - surtout si le spot était loin du Grand Arbre - mais quoi. Ca l'aurait foutue mal qu'il rechigne à aider, et ça se serait fait avec ou sans lui. En prenant la mission qu'il aurait dû confier à Ink il avait l'impression de faire quelque chose de bien pour quelqu'un à qui il tenait. Et Sinner était content de se dégourdir les jambes plutôt que de rester enfermé dans son bureau à organiser les missions du lendemain. Ca faisait du bien de s'aérer, pour une fois. Puis ça lui donnait l'impression de retrouver un peu sa vie d'avant qu'il accepte ce boulot de con. Une vie qui n'était pas parfaite, mais qui était déjà mieux que celle qu'il menait actuellement.

"Ah ouais ? Comment ?" commença t-il par demander, légèrement provocateur.

Il ne fallut pas longtemps pour qu'il décoche un sourire canaille indiquant qu'il déconnait - quoique. Un peu plus en confiance qu'au préalable, il osait à nouveau regarder son interlocuteur dans les yeux.

"Hey ça va, détend toi un peu. C'est pas parce que j'ai pas envie de faire un sprint que j'y vais à reculons. T'es trop sérieux gars... Laisse nous au moins arriver face à nos interlocutrices avant de te prendre le chou."

C'était pas entièrement honnête de balancer ça, comme Sinner avait précédemment fait exprès de donner à Freckles de mauvaises vibes pour l'agacer. Disons que la Fripouille continuait sur sa lancée - à cela près que ce commentaire là était sincère.

Sujet: Re: Spring Break Dim 12 Mar 2023 - 18:04

Sinner lui décoche finalement un regard.

« Ah ouais ? Comment ? »
« Tu sais très bien » réplique Freckles, irrité. « T'aurais pu échanger ta place avec quelqu’un d’autre. J’ai juste demandé l’aide d’un diplomate, pas forcément toi. »

La lueur dans les yeux de l'autre garçon lui indique qu’il le sait bien. Que c’est une fausse question. Alors il lâche l’affaire. Sinner souffle le chaud et le froid, et il ne sait pas comment suivre. Là, il est en haut de la montagne russe. Les yeux rieurs et le sourire de petit con.

« Hey ça va, détend toi un peu. C'est pas parce que j'ai pas envie de faire un sprint que j'y vais à reculons. T'es trop sérieux gars... Laisse nous au moins arriver face à nos interlocutrices avant de te prendre le chou. »

Freckles fronce les sourcils devant tant de mauvaise foi qu’il ne sait même pas comment réfuter.

« Je suis détendu », il ment.

Il l’était, en tout cas, il en est sûr. C’est Sinner qui le tend, qui le fait douter de l’issue de la mission ; parce que oui, c’est un peu lui l’élément perturbateur. Ça lui avait pas traversé l’esprit avant, mais maintenant Freckles se dit que par pure mauvaise volonté, Sinner pourrait choisir de tout faire rater. Juste comme ça. Peut-être que c’est que de la provoc, mais on sait jamais.

Freckles hausse les épaules.

« Si tu me dis que ça te dérange pas d’être là ... »

Et que tu vas pas tout faire foirer, est la fin implicite de sa phrase, qu’il laisse volontairement s’évaporer dans le néant.

Je suis détendu
"Ah ouais ?" répondit simplement Sinner, sans même regarder Freckles, et avec le ton de celui qui ne croit pas une seconde au baratin qu'on vient de lui servir.

Il aurait pu - il aurait dû - rebondir là-dessus immédiatement, rentrer dans la faille et titiller le rouquin jusqu'à parvenir à le faire sortir de ses gonds. Qu'il s'en abstienne n'était probablement pas une bonne nouvelle du tout. Catastrophe incoming ? Peut-être.

Si tu me dis que ça te dérange pas d’être là ...

L'incrédulité implicite de Freckles était un parfait miroir de celle que la Fripouille avait précédemment déployé. Voilà qui laissait Sinner de marbre. Ca lui faisait une belle jambe d'être pris (à raison) pour un glandeur doublé d'un fouteur de merde, du moment que ça ne grillait pas sa maigre couverture - à vrai dire il aurait presque pu y voir un compliment.

Tout commentaire glissant sur l'adolescent nonchalant comme l'eau sur les plumes d'un canard, la discussion n'était pas très dynamique. Sinner n'avait aucun intérêt à se justifier, à se fatiguer en faisant preuve d'une répartie rapide à laquelle il n'aurait pas pris plaisir.

Il préférait fumer tranquillement, marcher paisiblement, profiter de l'air pur, de la fraîcheur de la journée naissante, du bruit des petits oiseaux qui survolaient les arbres (était-ce seulement des oiseaux ? Au Pays de Jamais on ne pouvait jamais être certain). Tirer le meilleur parti, en bref, de cette balade matinale.

Il n'avait plus l'occasion de se promener assez depuis qu'il faisait partie de l'équipe des coincés du fion branleurs d'autorité. C'était dommage, car il se rendait compte que ça l'aidait à se vider la tête, à se calmer les nerfs... Considérant les dilemmes qui constituaient son actuel quotidien, le transformant en putain de cocotte minute prête à exploser à la moindre contrariété de trop, cette pause, ça n'était pas du luxe.

"Quoi. T'as pas confiance en moi chaton ? Je suis vexé..."
Pas du tout.

La Fripouille s'était, l'air de rien, dangereusement rapprochée de son collègue.
Ah. La fameuse (peut-être) catastrophe.

Sinner, pour s'amuser, flanqua son index tout droit sous les côtes du Lionceau pour le faire réagir. On allait voir, s'il était vraiment aussi détendu qu'il l'affirmait ! (La question ne se posait pas réellement).

"¡Bam!"

Il était comme ça Sinner, généreux, partisan de la gratuité...

» Break of Dawn
» Need to break someone [Butterfly]
» Not the winter break I dreamed of
» I'm gonna break you, I'm gonna make you, A fucking psycho.../!\/!\/!\ [TW Violence, torture] /!\/!\/!\

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