Ángel Romero Cruz naît en 1987 à Veracruz, Mexique. Il a une jumelle du nom de Concepción avec qui la ressemblance s'arrête au physique : alors qu'elle tente de répondre aux exigences liées à l'éducation stricte de leurs parents, Ángel fait tout l'inverse. Il refuse absolument toutes les injonctions, ne coopère à rien. Un déménagement dans le pays d'origine de leur père (à Valencia, Espagne) a lieu en 1994 alors que les jumeaux ont 7 ans. Ángel vit extrêmement mal ce changement forcé et la situation s'envenime. Il refuse même les punitions, provoque ses parents, est insensible à toutes les tentatives faites pour tenter de calmer le conflit. Il fait de plus en plus souvent l'école buissonnière. L'adolescence venue, il renie violemment la foi de ses parents et adopte un style vestimentaire alternatif très personnel, éclectique. Il pioche sans complexes dans tout ce qui lui plaît (et agrémente l'ensemble de symboles satanistes en réaction à son éducation chrétienne sur laquelle il crache allègrement). Il se met à fuguer plus régulièrement qu'il n'est à la maison. Il s'épanouit au sein de groupes d'amis qui vivent en marge de la société, vit parfois dehors à l'envie, se laisse porter par ce qui vient. De ses 15 à ses 16 ans, il fait des expériences dont le nombre, la diversité, l'obscénité et/ou la potentielle dangerosité peut paraître impressionnant considérant le peu de temps écoulé. Durant l'été 2003 il escalade le mur d'une énorme maison avec trois amis. La fête improvisée au bord de la piscine de luxe s'arrête brutalement quand les flics sont prévenus de l'effraction et du tapage nocturne.

TW accident de voiture évoqué:

TW Tentative de suicide évoquée:

Ángel retourne à l'hôpital. Sa sœur restera avec lui tout au long de ce séjour, quitte à se dresser contre l'avis de leurs parents. Peter Pan se présente à la fenêtre et propose aux jumeaux une nouvelle vie. Ángel aspire à partir dans un autre monde, moins pourri, dans lequel la bonne société normée merdique des adultes ne l'écrasera plus. De plus, il lui faut Oublier, s'il veut être en capacité d'être à nouveau lui-même. L'accident pèse trop lourd sur sa conscience. Il est heureux mais surpris de voir Concepción le suivre car il n'aurait pas imaginé qu'elle ressentait elle aussi le besoin de fuir cette existence.

Il devient Sinner, argumentant avec brio en la faveur de ce nom durant sa propre fête de bienvenue, ce qui conduit Peter à faire de lui un diplomate.

Il fallait s'y attendre : un gamin qui depuis tout jeune rejette les normes qu'il ne comprend pas et défie brutalement l'autorité parentale (ainsi que toutes les formes d'injonctions) ne peut pas se retrouver dans le fonctionnement très cadré et normé du Grand Arbre. La déception s'accompagne d'une première forme de déni : Sinner veut croire que ce monde lui écrasera moins la gueule que l'Ordinaire. Il refuse de charger Peter pour lequel il garde de la reconnaissance mêlée à des émotions complexes et changeantes. Il voit en lui le visage inéluctable de ce nouvel univers duquel la seule sortie ne peut se faire que les pieds devant. Toute la rage qu'il a en lui se déverse sur les figures d'autorité qui lui rappellent ses parents : les chefs. Son chef, tout particulièrement, qui lui sort par les yeux et aux ordres duquel il refuse systématiquement d'obéir.

Sinner est bien décidé à vivre "comme avant", c'est à dire comme pendant le rêve éveillé dans lequel il s'est largement et volontairement étalé durant ce qu'il considère être la meilleure année de sa vie. Il fait tout pour aller bien - à commencer par ignorer au maximum ce qui le dérange. Il n'en fait qu'à sa tête, n'obéit à rien. Sans avoir conscience de la gravité du geste - et sans peut-être n'en avoir rien à faire, car à ses yeux ce sont des conventions de plus dont il ne saisit pas la raison d'être - il va jusqu'à voler les herbes des Delaware pour sa consommation personnelle et pour les partager avec les amis qu'il se cherche. Il se rapproche plus naturellement des personnalités les plus subversives qu'il peut trouver, qui forment sa seule véritable bulle d'oxygène social. Les gens trop normaux et ceux qui le jugent pour sa façon d'être le hérissent, il les évite comme la peste ou bien s'amuse à les emmerder royalement.

Vers 2005 en temps de l'Ordinaire Bow décide de prendre des mesures drastiques contre le diplomate incontrôlable. Le problème que Sinner a avec le sang est notoire et le chef des diplomates s'en sert contre lui : il le menace de le faire passer dans le groupe des chasseurs s'il ne se range pas et n'hésite pas à lui faire comprendre que s'il continue à se montrer inefficace même dans ce contexte, il se débrouillera pour le faire bannir. Il l'oblige aussi à aller s'excuser platement auprès des Delaware pour ses vols d'herbe, auxquels Sinner doit désormais renoncer.

Sinner est terrorisé par Bow et ne s'est jamais senti aussi humilié. Une crise de rage intense survient pour décharger ces émotions ainsi que l'impuissance du diplomate pris au piège. Pour la première fois de sa vie, les enjeux sont trop grands : il n'a d'autre choix que d'obéir à son chef, même si ça le rend complètement malade. Sinner se met à faire les missions qu'on lui donne - celles, du moins, qu'il peut envisager de réaliser sans trop avoir envie de gerber. Celles aussi qui lui permettent d'y trouver son compte - même si ses rapports avec les Delaware sont devenus tendus. Il se révèle efficace quand il fait les choses sérieusement - ce que la prestation durant sa fête d'arrivée avait pu laisser pressentir. Pour ne pas exploser, Sinner se permet tout de même de nombreuses absences. Emmerder le monde au Grand Arbre est l'une des autres formes par lesquelles il décharge sa frustration : il devient plus virulent. Parfois plus cruel. Il se défoule tout particulièrement sur ceux qui assument ouvertement des idées et des préjugés qu'il juge pourris. De quoi lui donner envie des les pourrir à la même hauteur. Il est très rarement présent aux procès, durant lesquels il se sent mal. Son travail satisfait suffisamment Bow pour qu'aucune mesure drastique ne soit prise, même si Sinner finit encore régulièrement aux Cachots.

[Évolution en cours de modelage]

Après le Givre, les rangs des diplomates sont décimés. Le moral est au plus bas malgré le retour du printemps. Personne ne cherche à prendre la place de Scorch, laissée vacante. A son immense surprise, Peter propose à Sinner de devenir le prochain chef du groupe. Il est vrai que Sinner est un diplomate qui, malgré son passé houleux, est devenu particulièrement efficace, cela même s'il continue à n'en faire un peu qu'à sa tête et seulement quand il veut. Il correspond si peu au profil du parfait petit perdu qu'il n'a vraiment pas vu cette promotion venir. Il songe à refuser car représenter l'autorité sur laquelle il passait son temps à chier par le passé lui déplaît atrocement. Il se ravise presque aussitôt et avant d'avoir eu le temps de prononcer la consonne "N" de "non". S'il refuse, le rôle reviendra à quelqu'un d'autre, et cela sera donner du pouvoir à un individu qui risque d'en faire un mauvais usage (il tremble d'horreur à imaginer certains des survivants assez âgés du groupe hériter de ce poste. Il y a parmi eux au moins une belle ordure, qui prend le doux nom de Wily). Sinner accepte le rôle, décidé à limiter les dégâts. C'est une peur égoïste qui guide son choix initial : celle d'être à nouveau sous le joug d'un chef horrible. Il généralise vite son cas : c'est l'occasion de lâcher la bride aux diplomates, et de couvrir autant de monde que possible. La culpabilité qu'il éprouve à occuper ce poste qu'il abhorre résonne avec un sentiment similaire qu'il n'a jamais réussi à complètement faire disparaître, malgré l'Oubli. Lui qui n'éprouvait que peu d'intérêt pour la communauté trop normée du Grand Arbre - de laquelle il préférait s'extraire afin de vivre sa vie comme il l'entendait - se sent subitement poussé à utiliser son statut pour offrir aux perdus autant de confort et d'équité qu'il est capable d'en produire, quitte à sacrifier le temps libre, l'insouciance, voire les amitiés qui faisaient toute son existence.

Les tentatives de Sinner demandent encore à être confrontées à une réalité qui risque parfois de le décevoir et de le conduire à remettre en question ses choix, si ce n'est à les regretter amèrement. Les sacrifices qu'il a fait en valaient-ils vraiment la peine ? Saura t-il seulement tenir le coup ? Déjà pas dans toutes les situations : s'il en vient à devoir participer à l'un de ces procès qu'il abhorre dans l'abject rôle du procureur qui revient à chaque chef lorsqu'un membre de son groupe est accusé, il aura certainement envie de tout brûler - lui le premier. Au point, peut-être, d'être incapable d'arborer les bons comportements. La Fripouille est dans une situation délicate, de laquelle elle ne se sortira certainement pas indemne - quoiqu'il advienne par le futur.