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Sujet: Spring Break Dim 15 Jan 2023 - 20:40

D'abord personne n'a cru l'éclaireuse. Et puis on a envoyé des gens vérifier, et finalement, il s’est avéré que c’était vrai : il y a une source cachée dans les embranchements de la rivière, un truc que les perdus n’ont encore jamais vu, un point d’eau pas plus grand qu’une petite fontaine dont le contenu change à chaque lever de soleil. Parfois juste de l’eau, parfois autre chose. Du lait, de l’huile, du coca cola, de l’alcool, de l’encre …

« De l’or fondu ! », s’écrie Zipper, quand ils en discutent tous pour la première fois.
« Et de l’argent fondu »,, renchérit Frisky, qui ne peut pas s’en empêcher.
« Et certains jours c’est juste du sang, ou de l’eau croupie. Ou de la pisse », commente Mud, toujours charmante.
« Ça va, on a compris l’idée je crois », conclut Freckles.

L’ennui c’est que cette source, elle est un peu loin, alors c’est pas juste une question de passer vérifier en chemin si le liquide du jour vaut le coup. C’est un rôle entièrement nouveau à attribuer, à un livreur ou un éclaireur, une tâche quotidienne. Faut réfléchir à si ça vaut le coup. Et surtout, vu que c’est relié à la rivière –même si les liquides étranges redeviennent de l’eau dès qu’ils se mélangent avec le reste du cours d’eau - il faut négocier avec les fées, pour savoir à quelle fréquence ils peuvent venir, et la quantité qu’ils ont le droit de prélever.

Du coup Freckles se coltine une mission diplomatique.
(Super.)

Il a beau bien les connaitre, les fées des eaux, il reste pas bien doué en négociations. La diplomatie en général, c’est pas son truc, et ces temps-ci, il lui semble même que c’est de pire en pire. Alors il a demandé à Sinner de le dépanner d’un de ses gamins. Il se fout un peu de qui à vrai dire – c’est l’un des groupes avec lequel il a le moins d’affinités. Il lui a dit de lui donner rendez-vous au pied de l’Arbre ce matin et c’est là qu’il attend, assis sur une racine, tapant distraitement du talon en rythme avec une musique imaginaire.
Il espère qu’il va tomber sur quelqu’un qui déteste pas marcher.

Sujet: Re: Spring Break Lun 23 Jan 2023 - 18:26

Sinner n'était pas aussi vaillant qu'il l'aurait voulu, ces derniers temps - depuis qu'il avait été promu au rang de chef, pour tout dire. Ca avait foutu une merde sans nom dans ses relations et dans son cerveau. Il peinait à faire le minimum vital, comprendre : le minimum pour "faire bien", et pour qu'à peu près personne ne puisse se rendre compte que derrière l'apparente bonne volonté avec laquelle il s'adonnait à ses responsabilités, il était en train d'essayer, en floutant les barrières et en refusant tant que possible toute tâche consistant à faire de la discipline, d'objectivement détruire le fameux rôle, qu'il n'avait jamais cessé de détester. Sinner aurait voulu réussir à n'en faire plus qu'une étiquette qui aurait été vidée de son sens, de son contenu.

C'était ambitieux, comme projet. Probablement pas aussi possible qu'il l'aurait voulu. Chaque fois qu'il s'en rendait compte, ça le foutait un pied de plus sous terre. Chaque fois qu'il y arrivait un peu, il remontait timidement vers le haut. Très globalement la pente était descendante. Sinner s'était mis dans une merde noire et il ne savait pas comment il allait s'en sortir. Ni même s'il avait envie de s'en sortir. Le méritait t-il seulement ?

Bref. C'était un sacré numéro d'équilibriste, surtout que les diplomates étaient pas les perdus les moins fouineurs, très loin de là. Il fallait composer avec des plaies telles que cette fichue gamine, Avocado, laquelle l'avait clairement menacé dès leur première entrevue. S'il manquait de subtilité, il se ferait prendre, et on le ferait voler en direction de la sortie façon boulet de canon humain. Perspective qui aurait limite été soulageante si une vie avait été possible au dehors du Grand Arbre. Sauf qu'une telle vie, Sinner était incapable de l'imaginer.

... Il se baladait sur ses temps plus ou moins libres, prétendument pour prendre la température, vérifier les besoins de tels ou tels groupes, de tels ou tels perdus. Ca donnait l'impression qu'il faisait le max pour optimiser les missions diplomatiques en fonction des besoins. Dans la réalité vraie, Sinner ne faisait ça que pour répondre à deux besoins relativement primitifs. Le premier : trouver de bonnes excuses pour parler à des gens - si possible des gens qu'il pouvait supporter - et rompre la solitude qui le rongeait. Le second : faire taire sa culpabilité en apportant aux mêmes personnes un tant soi peu de (ré)confort, dans la mesure de son possible, tout en gardant bien en tête ses priorités. Détruire tout ce qui faisait de lui un chef qui cheffait venait avant tout le reste. Il se l'était promis dès le premier soir. Dès la raclée que Nasty lui avait - à raison - collée.

Pour en venir à ce qui le préoccupait aujourd'hui : Il l'avait sentie venir, cette mission diplomatique. Parce qu'il avait été voir les éclaireurs pour leur demander quoi de neuf, il avait rapidement été mis au jus. De là il avait su que si la rumeur de la "source magique" venait à se confirmer, ça allait être pour sa gueule et pour celle des autres gamins qui sur le papier se trouvaient sous sa houlette.

Parce que les diplomates avaient déjà beaucoup (trop) à faire, Sinner avait fait de son mieux pour ignorer cette histoire. C'était pas de la première nécessité, cette source. C'était du bonus. Donc pas très important, ou en tous les cas pas prioritaire. Ca avait duré un petit moment... Puis Freckles en personne était venu demander la coopération des diplomates. L'heure n'était plus à faire la sourde oreille.

La répartition des tâches avait été ardue. Y en avait beaucoup, pour pas assez de diplomates disponibles. Il avait fallu en prioriser certaines, en mettre d'autres en stand by... Peu importait à Sinner de savoir qui traînait la patte ou non, mais il fallait que les choses soient bien faites en amont pour donner l'impression qu'elles le seraient aussi en aval, même si c'était pas toujours le cas.

Il ne lui restait plus qu'Ink à déployer sur le terrain. Ink, qui n'était clairement pas au plus haut de sa forme ces derniers temps. L'envoyer négocier avec les fées, ces êtres susceptibles ? Et avec un partenaire - un chef - par dessus le marché ? C'était trop de pression pour son pote et Sinner voulait la lui épargner. Alors Sinner avait pris la mission qui aurait dû revenir à Ink. Quant au Gribouillé ? Sinner lui avait laissé la possibilité de s'occuper de la prospection quotidienne que la Fripouille faisait au Grand Arbre, ou tout simplement de se trouver un coin au calme et de s'octroyer une journée de repos. Son choix. Ses préférences. C'était à Ink de voir.

Elle était bien pâle, la Fripouille, et ses cernes étaient lourdes. Malgré le khôl et le fond de teint, on voyait que Sinner dormait mal. Il faisait pourtant l'effort de regarder droit devant lui, et de ne traîner le pied qu'avec la nonchalance vaurienne qu'on lui avait toujours prêté. Il ne fallait pas qu'on remarque le point auquel il allait mal. Peut-être que Sinner devenait un peu parano à force de jouer ce difficile double-jeu, mais il avait l'impression qu'un simple manque de motivation risquait de mettre la puce à l'oreille des autres perdus. Si quiconque de mal intentionné comprenait ce qu'il essayait de faire... Oh pétard, il était mal.

C'est donc un Sinner neutre-fatigué qui s'approcha de la racine sur laquelle était posé Freckles... Ce foutu rouquin qui l'avait oublié. Sinner n'avait rien fait pour entretenir leur amitié. Le voir endosser son rôle de chef avec de plus en plus de bonne volonté, le voir changer peu à peu, devenir quelqu'un qu'il ne reconnaissait plus vraiment... Ca avait mis un froid. Sinner s'était volontairement tenu à distance. La Fripouille était donc dans une certaine mesure responsable de ce qui était arrivé.

... Mais enfin quand même ? L'oublier entièrement ? Sinner était blessé. Il en voulait à son ancien pote. Pour cette raison il l'avait en grande partie ignoré depuis son arrivée dans la Maison Sous Terre. C'était ça ou laisser sa rancune se transformer en fiel et se montrer plus acide, plus persifleur qu'il ne l'était déjà en temps normal.

"Yo... On dirait que tu vas devoir te coltiner ma présence une bonne partie de la journée. Ca te dérange pas, j'espère ?"

Son sourire roublard - de mauvaise augure - disparut juste le temps qu'il avale un épais nuage de fumée, qu'il laissa s'envoler dans la direction naturelle de ce qu'il regardait. Soit dans celle de ce petit con de chef des livreurs. Y avait pas d'heure pour en griller une... En plus, Freckles devait être un fumeur passif chevronné, non ? Considérant ses fréquentations.

Ouais... Pas de doute, Sinner était d'humeur mauvaise. Restait à voir ce qui allait ressortir de cette balade gênante entre anciens amis, si ce n'est un pacte avec les fées et l'accès à une drôle de source magique, soit le truc qui réunissait Sinner et Freckles aujourd'hui. Truc dont la Fripouille n'avait pas grand chose à cirer. Quoique. Est-ce que la source produisait de la bière, parfois ? De la vodka ? Un truc alcoolisé mais qui les aurait changés du rhum ? Toutes les opportunités de se murger étaient bonnes à prendre.

"Quand tu veux. Si t'es prêt, on est parti. On va voir si on s'en sort avec ou sans tifs colorés avec l'apparent savoir faire d'un gosse de cinq ans... Avec les fées, on sait jamais."

Il fallait pas grand chose pour les vexer et pour se retrouver maudit d'une quelconque manière... Bah. Sinner ferait de son mieux pour satisfaire ces fichues loupiottes volantes. Il savait se montrer prudent lorsqu'il fallait. Mais ça, Freckles n'était pas obligé de le savoir... Hey. Ca pouvait être drôle de le faire flipper jusqu'à ce qu'ils soient arrivés en lui faisant croire qu'il allait avoir un comportement catastrophique.

Sujet: Re: Spring Break Mar 24 Jan 2023 - 23:44

Freckles n’a rien contre Sinner.
Juré.

S’il a tiré une drôle de gueule, le jour de sa nomination, c’est parce qu’il s’attendait à tout sauf ça. S’il a trouvé quelque chose à y redire, plus tard, avec d’autres chefs, c’est parce que la situation s’y prêtait. Parce qu’après les événements de la Boum, l’atmosphère était tendue, partout, tout le temps, ou du moins c’est l’impression qu’il avait.
Mais au fond non. Freckles n’a rien contre Sinner.

Alors passé le haussement de sourcil surpris en voyant s’approcher en personne le chef des diplomates – pas un de ses gamins – Freckles se dit que tout compte fait, c’est pas si mal. Avant que Sinner devienne chef, il le connaissait que de (mauvaise) réputation, et c’était pas grave. Mais depuis sa nomination, ils ne se sont pas tellement plus parlés. Et il faudrait.
Juste par principe.

« Yo... On dirait que tu vas devoir te coltiner ma présence une bonne partie de la journée. Ça te dérange pas, j'espère ? »
« J’ai le choix ? »

Il accompagne sa réplique d’un sourire en écho à celui de Sinner - histoire que l’autre voit bien qu’il n’est pas trop sérieux. Sinner non plus n’est jamais trop sérieux, pas vrai ? Il descend de sa racine, fronce un peu le nez sous l’épais nuage de fumée que le diplomate lui souffle à la gueule – mais ne relève pas. Il lui demandera plus tard ce qu’il fout là.

« Quand tu veux. Si t'es prêt, on est parti. On va voir si on s'en sort avec ou sans tifs colorés avec l'apparent savoir faire d'un gosse de cinq ans... Avec les fées, on sait jamais. »

Freckles lâche un rire mi-surpris, mi-sincère.

« Putain t’es optimiste toi aujourd’hui. » Il hausse les épaules. « Honnêtement les fées des eaux je les connais un peu, et ça va. Enfin, c'est gérable. »

Sinner est briefé sur les tenants de la mission. Après tout c’est à lui que Freckles est venu l’expliquer la veille, dans ce qu’il pensait être une phase intermédiaire de recrutement. Du coup il prend pas la peine de détailler plus. Il commence à se mettre en route, un coup d’œil en coin pour s’assurer que Sinner suit le mouvement, et rajoute :

« T’as déjà les cheveux colorés de toutes façons non ? »

Sujet: Re: Spring Break Mer 25 Jan 2023 - 18:53

« Yo... On dirait que tu vas devoir te coltiner ma présence une bonne partie de la journée. Ça te dérange pas, j'espère ? »
« J’ai le choix ? »

Une lueur amusée illumina brièvement le regard de Sinner, lequel ne résistait jamais à un bon trait d'humour, qu'importe (ou presque) l'identité de son interlocuteur. C'était ce qui l'avait rapproché de Pit à une époque où leur bonne entente, toute superficielle et aseptisée qu'elle put être, tenait lieu d'une sorte de miracle (qui n'avait d'ailleurs pas été au goût de tout le monde).

Pour Freckles, c'était à la fois plus et moins facile. Sinner avait sur le plan des principes moins à lui reprocher : c'était pas lui le chef qui avait décidé de peser de tout son poids sur les produits manufacturés par son groupe au point que rien ne pouvait sortir de leur maison principale sans son consentement. Sur le plan personnel, en revanche, Sinner lui en voulait à mort. Freckles l'avait oublié, merde ! Ca se faisait pas ! D'où est-ce qu'on oubliait ses potes, hein ? Fallait vraiment être une andouille étourdie pour laisser le Jamais ronger la mémoire de ses anciennes relations. Même si ça se contrôlait pas forcément, pas entièrement. Peu importe, Sinner avait décidé que c'était de la faute de Freckles quoiqu'il en soit.

"Ca dépend. Tu préfères rentrer bredouille ?"

Son sourire élargi, toujours aussi tordu, laissait entendre qu'il plaisantait aussi. Même si...

... Dans le fond, même si c'était dit sur le ton de la blague, ça sous-entendait quelque chose qui était assez vrai : personne ne les forçait à se rendre à ce fichu rendez-vous, n'est-ce pas ? Sûr qu'ils auraient pu envoyer péter cette obligation qu'ils s'étaient donnés tous seuls sans que ça fasse beaucoup de vagues. En tous les cas ils auraient facilement pu reporter le deal à plus tard. Y avait pas vraiment d'urgence.

C'était au rouquin de se démerder avec le niveau de lecture qu'il aurait de sa réponse. Sinner n'avait pas l'intention de fournir des preuves tangibles de la fragilité de son investissement. Freckles faisait partie des (autres) chefs. Et pour ne rien aider, il laissait une impression désagréable à la Fripouille parce qu'il n'était plus le même gars que celui que Sinner avait connu et apprécié à l'époque de leur arrivée sur l'Île. Le diplomate se méfiait. Il n'était pas assez en confiance pour en dévoiler plus qu'il ne l'avait déjà fait.

Satisfaction subtile face au froncement de nez du Lionceau, qui venait en réaction à la fumée qu'il venait de se prendre dans la gueule. Nouvelle lueur d'amusement qui investit le regard noisette de Sinner. Il n'avait pas été certain que ça soit une bonne idée pour lui de s'auto-assigner cette mission sachant qu'il serait accompagné par Freckles, mais pour le moment ça avait l'air de lui réussir. Il était moins mélancolique, plus ancré dans l'instant présent. Il avait eu envie de sourire à deux reprises. C'était un putain de record qui couvrait toute la période de sa nomination comme chef à maintenant.

"Putain t’es optimiste toi aujourd’hui.
- Toujours..."

Oui, il avait parfaitement conscience de répondre au premier degré à une remarque qui se voulait ironique. Ca laissait planer le doute sur ce qu'il avait voulu dire. Créer de la confusion l'éclatait, qu'y pouvait-il ? (Beaucoup de choses, mais il s'en foutait pas mal).

"Honnêtement les fées des eaux je les connais un peu, et ça va. Enfin, c'est gérable.
- Ouais ? J'ai assez rarement négocié avec les fées, on m'envoyait presque systématiquement voir les tribus natives, mais en vrai y a pas de raison que ça se passe mal..." glissa t-il entre deux taffes en se donnant l'air du gars qui n'en avait strictement rien à cirer de savoir si ça allait effectivement bien se passer ou pas. Taper sur les nerfs d'autrui, une passion qui se cuisinait à petit feu.

En plus, il exagérait. Même s'il était effectivement plus souvent déployé sur des missions qui concernaient les Delaware, les Huron ou les Picaninny, il n'en était tout de même pas son coup d'essai avec les fées.

"T’as déjà les cheveux colorés de toutes façons non ?
- Quoi, je me suis raté à ce point pour que tu oses comparer ?" se contenta t-il de commenter, toujours souriant, toujours nonchalant, même lorsqu'il tira sur l'unique mèche rouge qui ornait actuellement sa chevelure peroxydée.

Sa démarche pouvait donner l'impression qu'il traînassait, qu'il n'avançait qu'à contrecœur, mais il suivait - et à un rythme qui était en réalité suffisant pour ne pas se faire semer.

"Ca serait plus marrant que ça tombe sur toi. J'ai étrangement aucun mal à t'imaginer tout en vert. Sûr que ça te donnerait quelques points de charisme supplémentaires..."

Comment ça, tout était une question de goûts ?
... Pas de pépin, il savait. C'est juste qu'il continuait d'essayer d'être tout pile assez chiant pour qu'on se pose la question de savoir s'il essayait d'être chiant ou s'il était juste maladroit.

« Ouais ? J'ai assez rarement négocié avec les fées, on m'envoyait presque systématiquement voir les tribus natives, mais en vrai y a pas de raison que ça se passe mal... », commente Sinner, l’air d’un peu s’en foutre.

Freckles hausse les épaules. C’est pas lui qui a évoqué le premier l’idée que ça se passe mal. Au contraire, il part, cette fois, plutôt optimiste, malgré sa connaissance plutôt précise de la question fée. Les natifs, ça par contre, c’est pas vraiment son rayon. Mais ça a pas besoin de l’être.
Il commence quand même à se dire de plus en plus qu’il n’a pas tellement besoin de Sinner pour cette mission.

« Quoi, je me suis raté à ce point pour que tu oses comparer ? Ça serait plus marrant que ça tombe sur toi. J'ai étrangement aucun mal à t'imaginer tout en vert. Sûr que ça te donnerait quelques points de charisme supplémentaires... »
« Ha. Ha. Très marrant », rétorque Freckles.

Malgré l’air désabusé qu’il s’impose, il ne peut pas s’empêcher de passer nerveusement une main dans ses cheveux, comme à peu près chaque fois qu’on lui fait une remarque dessus. Ils sont coupés depuis peu, revenus à leur longueur habituelle. Il a tâché de ne pas le faire tout de suite après les moqueries de Nasty sur son mullet, histoire qu’elle pense pas que c’est à cause d’elle (mais ça a certainement joué).
De toutes façons il préfère cette longueur, voilà.

Quand à la couleur, il est plus à sa première vanne.

Faute de trouver quelque chose de malin à répliquer à Sinner en retour, il se contente de lui lancer :

« Je te préviens, c’est un peu loin. Alors si tu veux rentrer avant la nuit, va falloir euh. Garder le rythme. »

Il balaye le diplomate de bas en haut d’un coup d’œil éloquent, comme pour désigner sa démarche traînante.

"Ha. Ha. Très marrant."

"A ton service", semblait rétorquer la grimace souriante - ou le sourire grimaçant - que Sinner avait balancé dans la direction de Freckles face à sa réaction faussement indifférente. Le diplomate était content d'avoir fait mouche, étonnamment peu conscient d'avoir abordé un sujet sensible pour le chef des livreurs. Souvent, Sinner maîtrisait sa langue et les sous-entendus des situations qu'il faisait de son mieux pour envenimer, mais de temps en temps, il perdait le contrôle de ses mauvaises blagues. Parfois comme maintenant sans même se rendre compte de l'avoir fait.

"Je te préviens, c’est un peu loin. Alors si tu veux rentrer avant la nuit, va falloir euh. Garder le rythme."

Quoi. Sinner ne marchait pas assez vite au goût du Lionceau ? Alors ça, c'était vraiment trop con. Quoi de mieux que le lui faire remarquer pour l'inciter à ralentir pour de vrai, lentement mais sûrement ? La Fripouille n'avait rien à péter de savoir quand ils allaient rentrer. Pour ce qu'il faisait de son temps libre lorsqu'il en avait... Il pouvait tout aussi bien crapahuter toute la nuit. Perspective limite plus réjouissante que ce qui l'attendait au quotidien.

"Ouais, ouais... Encore faudrait-il qu'on sache quand le soleil va se coucher, mais j'ai compris l'idée." commenta t-il sans que les actes ne suivent les paroles, avant de souffler un nouveau nuage de gaz toxique.

"T'es pressé toi pour avoir envie de courir comme ça ? Qu'est-ce qui t'arrive. Vas-y raconte... Un ou une, des heureux élus ? C'est qui, je les connais ?" demanda t-il, soudain acidulé tandis qu'une lueur de malice roulait dans son regard d'or sombre.

Comme si c'était forcément de ça qu'il était question, et comme si Sinner pouvait avoir la moindre prétention à s'enquérir de la vie amoureuse d'un gars qui avait carrément oublié qu'ils avaient été potes un jour. Mais eh... Lorsqu'on voulait être se montrer invariablement relou, il fallait tout tenter. C'était dingue le nombre de gens que la simple mention d' éventuel.le.s petit.e.s ami.e.s pouvait mettre mal à l'aise, même lorsque comme maintenant c'était sorti au petit bonheur la chance, sans la moindre bribe d'information valable pour appuyer de telles suppositions.

« Ouais, ouais... Encore faudrait-il qu'on sache quand le soleil va se coucher, mais j'ai compris l'idée », répond Sinner, qui ne montre pas tellement qu’il a compris l’idée, par exemple en avançant plus vite. Freckles commence se dire qu’il ne faut pas qu’il perde son temps à jouer au chien de berger comme il doit parfois le faire avec ses gosses, et se résoud simplement à marcher au rythme qu’il veut, pour voir si ça force Sinner à avancer lui aussi – ne serait-ce que pour ne pas se retrouver tout seul au milieu des bois. Il a aussitôt pris cette décision que la voix trainante du diplomate lui fait se retourner vers lui de nouveau.

« T'es pressé toi pour avoir envie de courir comme ça ? Qu'est-ce qui t'arrive. Vas-y raconte... Un ou une, des heureux élus ? C'est qui, je les connais ? »

Freckles ne trouve pas tout de suite autre chose à répondre que :

« Hein ? »

Evidement il lui vient l’idée que Sinner cherche juste à le charier et que c’est un sujet facile. Seulement, Sinner l’a pas vraiment calculé depuis sa nomination, même s’ils vivent maintenant au même endroit, alors ça lui fout le doute. Freckles se rappelle d’un récent sujet de conversation entre lui Apache, et puis il se rappelle que ces deux-là se connaissent – plus ou moins intimement. Avec horreur, il se demande si le chasseur en a parlé à Sinner. Ça n’aurait aucun sens, mais avec Apache, on sait jamais – il aime autant recevoir les ragots que les balancer et c’est drôle pour Freckles que quand ça le concerne pas.

Tant que Sinner ne précise pas le fond de sa pensée, Freckles sait qu’il est juste en train de psychoter. Mais le savoir ne peut pas l’empêcher de se raidir un peu, même s’il réussit à se composer un sourire et lever les yeux au ciel.

« Oui, c’est ça, plusieurs personnes même. Des tonnes. Pas autant que si j’avais les cheveux verts j’imagine mais bon. »

Et puis peut-être un peu brutalement, il tente de lui retourner sa logique foireuse :

« Du coup ça veut dire quoi si t’es pas pressé ? Que tu t’es pris un rateau ? »

"Hein ?"
Deux.

Non, Sinner n'en était pas encore à ce niveau de répartie pourrie, mais on ne pouvait pas lui reprocher d'y avoir pensé. En plus parfois les blagues les plus connes étaient les meilleures, ou les plus efficaces pour agacer la personne qui les subissait.

Peut-être parce qu'il mettait trop de temps pour répondre, Freckles lui donna l'impression qu'il accusait le coup. Le rouquin se démerdait pour ne rien montrer, alors le doute restait permis.

Freckles ne s'était pas laissé désarçonner par ses questions indiscrètes. Il parvint même à les désamorcer, optant pour ce qui ressemblait à une façon de l'envoyer se faire foutre en lui servant un mensonge évident, dont l'absurdité ne s'évaluait néanmoins qu'à l'aune des habitudes supposées du chef des livreurs, lequel n'avait pas la réputation de se taper la moitié des perdus du Grand Arbre en âge de jouer au docteur - ou alors Sinner avait raté de sacrés rumeurs.

"Ok Don Juan." ironisa Sinner. C'était un peu l'hôpital qui se foutait de la charité, mais pourquoi pas après tout. Il jouait le jeu.

"Pas autant que si j’avais les cheveux verts j’imagine mais bon.
- Au moins un de moins, au minimum !" cherchait-il à lui donner l'impression qu'il lui faisait des avances ?

"Du coup ça veut dire quoi si t’es pas pressé ? Que tu t’es pris un rateau ?"

C'était pas passé loin de plusieurs sujets qui fâchaient mais tant que ce n'était pas plus spécifique, Sinner n'avait aucune raison de grincer des dents. Sauf peut-être à se rendre compte qu'il était pas sûr d'avoir encore grand monde avec qui s'amuser, si ce n'est Pit.

Les râteaux ne lui faisaient pas peur, contrairement aux ruptures amicales.

Il n'y en avait qu'une qui n'avait pas été qu'amicale et qui lui avait vraiment fait mal, parce que ça avait mis fin à quelque chose de trop spécial. La plupart du temps, il ne se formalisait pas de la façon dont évoluaient ses... arrangements.

Il en fallait plus pour faire ravaler sa morgue à Sinner, lequel lança dans la direction du Lionceau l'un de ces sourires canailles bien à lui qui ne disaient rien qui vaille à personne.

"Pourquoi tu veux savoir ? Il te reste une place dans ton harem ?"

Renverser les rôles de la sorte, ça avait le mérite de l'amuser. Freckles l'avait dit, la route était longue. Tant qu'à y être, autant faire en sorte de s'occuper. Sa clope au bout des lèvres, il prit une nouvelle taffe sans lâcher son interlocuteur du regard.

« Au moins un de moins, au minimum ! », lance Sinner sur le ton de la conversation. « Pourquoi tu veux savoir ? Il te reste une place dans ton harem ? »

Freckles hausse les sourcils et fait une moue exagérée, à mi-chemin entre la fausse perplexité et l’exaspération. Et puis il fait mine de réfléchir très intensément à cette question complètement imaginaire. L’essentiel étant de ne pas offrir au diplomate la satisfaction de l’avoir fait rire.

« J’sais pas, c’est chaud …ça commence à être serré. Et puis c’est pas n’importe qui qui a cette chance, y a des critères quand même. »

Il se rend compte que cette blague commence à un peu l’amuser. C’est pas dans ses habitudes de se gonfler autant la tête, même aussi éxagérément – de sorte à ce que personne ne puisse le prendre au sérieux - et c’est plus facile qu’il le pense.
Mais si c’est marrant deux minutes, Freckles ne veut pas se laisser distraire par un truc aussi con. Il a les yeux sur l’objectif, avec ou sans Sinner, alors il hausse les épaules, sérieux retrouvé.

« Sans déconner. Je suis pas pressé, j’ai juste envie de régler ce truc. C’est important. »

Il suppose qu’on pourrait en douter. Après tout, ils ont fait sans cette fontaine pendant très longtemps, et pourraient certainement s’en passer. Mais bon.

« Pour moi », il ajoute, avant que Sinner puisse la ramener, puisque de toute évidence, il prend ça très à la légère.

Si Freckles tentait de répondre de sorte à couper son envie de rire à Sinner, c'était en un sens un peu loupé. De la moquerie, la Fripouille passait quasiment au "rire avec", amusé qu'il était par les pirouettes plutôt réussies de son interlocuteur.

Son sourire prit durant un instant éphémère un aspect plus doux, presque aussitôt cadenassé par Sinner alors qu'il se rappelait que le Lionceau n'était plus son pote. Freckles ne se souvenait pas. Il était devenu quelqu'un d'autre. Une personne dont Sinner se méfiait.

"Sans déconner. Je suis pas pressé, j’ai juste envie de régler ce truc. C’est important."

Sinner ouvrit la bouche pour parler...

"Pour moi"

... Et s'en servit finalement pour fumer, le temps de trouver un nouvel angle d'attaque.

Cette fontaine, c'était du bonus, tout le monde le savait. C'était même trop aléatoire pour qu'on puisse compter dessus, sans quoi Sinner aurait eu plus de raisons d'être sérieux, comme ça aurait potentiellement pu décharger son groupe de quelconques ressources à négocier et que l'organisation des missions était le truc sur lequel il concentrait ses efforts. Il avait besoin de cette vitrine ambivalente, qui parfois creusait sa culpabilité, qui parfois l'en libérait un peu. Qui dans tous les cas donnait au reste du monde l'impression nécessaire qu'il était dans les clous, à sa façon.

"De tous les liquides que ce truc peut crachoter je me demande bien lequel manque à ta vie pour te donner envie de courir comme ça. Si ça se trouve on aura que de la pisse de chat à récupérer. Ca vaut le coup de marcher, tiens !"

Petite pensée pour les livreurs qui à l'avenir risquaient de devoir se payer le long trajet pour découvrir qu'ils l'avaient fait pour rien. Sinner espérait pour eux qu'ils prendraient bien leur temps, qu'ils profiteraient de la journée, quitte à trouver des excuses pour justifier un retour tardif.

Soudain, Sinner pressait le pas. Pas parce qu'il s'était racheté une conduite, évidemment. Il avait un objectif tout con mais qui demandait à ce qu'il marche au même niveau que Freckles pour être réalisé.

La proximité était presque gênante. Le regard du diplomate, particulièrement appuyé, ne l'était pas moins. Sinner ne lâchait plus Freckles des yeux. Il lui voulait clairement quelque chose, mais il ménageait son effet.

Finalement, il lui envoya son coude dans les cotes et souffla dans sa direction :

"... Allez accouche. C'est quoi les critères ?"

Sans prendre la peine de préciser qu'il était revenu au précédent sujet de conversation.

« De tous les liquides que ce truc peut crachoter je me demande bien lequel manque à ta vie pour te donner envie de courir comme ça. Si ça se trouve on aura que de la pisse de chat à récupérer. Ça vaut le coup de marcher, tiens ! »

Il a pas fallu si longtemps à Sinner pour révéler le fond de sa pensée. Bien sûr, il n’est pas le seul à exprimer ses doutes sur cette histoire de source magique, et ce qu’il dit, c’est des trucs que les livreurs ont déjà rabâché ; Mud a pas cessé de lui citer tous les liquides dégueulasses qu’elle avait en tête, elle-même détentrice d’un nom évocateur en la matière. Seulement c’est autre chose quand c’est Sinner qui le dit à haute voix : parce que c’est pas son pote, et qu’il doit se le farcir en mission.

« Si tu penses que c’est une mauvaise idée pourquoi tu m’as pas juste dit d’aller me faire foutre ? »

Et Freckles se dit que peut-être, Sinner trouve ça si con que c’est pour ça qu’il a préféré venir en personne : pour être sûr que ça foire. Sans vraie preuve de cette théorie, le livreur arrive quand même à en être énervé. Plus bas, il marmonne :

« Après aujourd’hui ce sera plus ton problème. »

Il a besoin d’un diplomate que pour ce premier contact, après tout. Quelques pas plus tard, Sinner l’a rejoint et marche enfin à son rythme. Pendant un instant, Freckles se dit que c'est parce qu'il est désolé.

« ... Allez accouche. C'est quoi les critères ? »

Sans cesser de marcher, il se tourne vers le diplomate, soudain beaucoup trop près. Sa remarque quelques instants plus tôt lui a fait passer l’envie de continuer de jouer le jeu, alors il fait un geste de la main agacé.

« C’était pour rire. Y a pas de critères. »

Et puis il réalise qu’il a l’air de dire que c’est open bar, et se reprend aussi vite que possible :

« Fin je veux dire, y a pas de …. J’essaie pas de – c’est bon, tu m’as compris. »

"Si tu penses que c’est une mauvaise idée pourquoi tu m’as pas juste dit d’aller me faire foutre ?"

L'air de rien, c'était une bonne question. C'était pas sa décision. C'était pas à lui de la prendre non plus. Ca n'aurait techniquement pas dû être celle de Freckles, mais l'heure n'était pas à se faire des nœuds au cerveau - Sinner avait assez à faire avec ceux qui lui nouaient aussi la gorge quand il était tout seul.

Quelque chose lui disait que ça se serait fait avec ou sans lui, de toute façon. S'il s'était aventuré à refuser d'aider Freckles, le diplomate avait l'impression qu'on aurait trop facilement pu l'accuser de faire preuve de mauvaise volonté. Et ça, il pouvait difficilement se le permettre considérant l'avis général qu'on se faisait de lui.

Au final peu importait. Il aurait eu des états d'âme à envoyer Ink au casse-pipe pour rien ou pas grand chose, mais puisque Sinner était le seul à trinquer, il n'y avait pas besoin de se prendre la tête cent cinq ans. Une balade hors du Grand Arbre, ça le coupait un peu de son quotidien ronflant. Ca faisait du bien de se dégourdir les pattes et l'esprit aux dépends de son compagnon de mission.

"... Je me demande bien. Pourquoi me faire chier alors que j'aurais juste pu te saluer sur le retour et complimenter ton changement capillaire..."

Il n'y aurait pas de réponse sérieuse. Sinner n'avait pas l'intention de livrer ses états d'âme au rouquin. Il ignora même ce que le chef des livreurs marmonnait entre ses dents, remarquant néanmoins que l'humeur du Lionceau s'était soudain bien assombrie.

Ca ne l'émouvait pas beaucoup. La peste en lui trouvait même une légère pointe de satisfaction dans l'idée d'énerver Freckles, qui méritait au moins ça pour avoir oublié leur amitié passée et pour s'être autant transformé. Sinner fit donc comme s'il n'avait rien vu.

" ... Allez accouche. C'est quoi les critères ?
- C’était pour rire. Y a pas de critères."

... Oh. OH. Alors là. Ohoh.
Sans surprise, Sinner avait immédiatement pensé à mal. C'est en jubilant déjà qu'il vint chercher le regard de Freckles. Qu'il le dévisagea de façon appuyée, entendue. On l'aurait presque entendu penser :

Eh bah eh bah, qu'entends-je ? J'aurais pas cru ça de toi !

"Fin je veux dire, y a pas de …. J’essaie pas de – c’est bon, tu m’as compris.
- Naaaaan mais te bile pas. C'est pas moi qui vais juger, hein !"

Qu'il répondit comme s'il n'avait justement rien compris du tout. Il n'avait pas l'intention de laisser Freckles s'en tirer si facilement après qu'il ait commis une telle bévue en sa présence.

L'amusement faisait pétiller les yeux de Sinner, qui souriait presque à s'en mordre la lèvre. Il était à deux doigts d'éclater de rire, mais c'était plus drôle s'il se retenait.

Sinner s’accroche – évidement – comme une sangsue au lapsus débile de Freckles. Il ouvre de grands yeux dans une espèce de fausse surprise choquée, et un large sourire de petit con s’étale sur sa figure.

« Naaaaan mais te bile pas. C'est pas moi qui vais juger, hein ! »

Freckles grimace. Il suppose qu’il pourrait s’en tirer à plus mauvais compte. Il pourrait continuer à nier, se justifier, se réexpliquer jusqu’à ce que mort s’ensuive, d’ailleurs il commence à ouvrir la bouche pour le faire, mais change d’avis à mi-chemin.

« Ouais. C’est sûr que c’est pas toi. »

Il n’a pas le réflexe de replonger dans l’attitude joueuse qu’il avait tout à l’heure, qui serait plus appropriée. Il jette à Sinner un regard un peu renfrogné.

« T’es pas tellement difficile, si ? »

Qu’est-ce qu’il essaie de dire par là ?
Rien.
Il ne connaît que deux noms précis de la hit-list de Sinner. De gros noms, d’accord, mais quand même. Le reste de ses conquêtes reste pour Freckles un peu floues. Il sait qu’elles existent mais sans assez d’informations pour être capable de rétorquer quelque chose de pertinent sur ses critères à lui, au diplomate, puisqu’il aime tellement faire le malin. Non, tout ce qu’il peut faire c’est viser à l’aveugle.

"Ouais. C’est sûr que c’est pas toi."

Rien ne semblait actuellement pouvoir faire perdre son sourire goguenard à Sinner, qui était sur un terrain qu'il maîtrisait et qui n'avait pas l'intention de nier sa réputation. Encore moins d'agir comme s'il aurait dû en avoir honte. Tout à l'inverse il en était plutôt fier et il avait l'intention que cela se remarque.

"T’es pas tellement difficile, si ?
- C'est un problème ?" répondit-il sans l'ombre d'une hésitation, et sans cesser de chercher le regard de son interlocuteur, un peu comme s'il avait essayé de percer deux trous brûlants dans le crâne de l'autre adolescent à force de le fixer.

Un peu mauvais, le sourire de la Fripouille s'élargit. C'était peut-être pas un bon plan de se payer la tête de Freckles tandis qu'il lui vouait une réelle rancune, Sinner risquait de déraper à un moment ou à un autre, mais pour le moment c'était léger - même si le rouquin avait l'air rochon comme pas possible, à croire que ça l'emmerdait plus qu'il n'avait voulu en donner l'impression au premier abord.

Ca donnait encore plus envie de lui casser les pieds. C'était pas méchant, la façon dont Sinner charriait actuellement son ancien pote. Et ça passait le temps qui tout inexistant qu'il fut pouvait paraître long sur des trajets comme celui-ci.

"Ou alors tu cherches à savoir si y a vraiment moyen ? Hey, qui sait... En tous les cas je ferme jamais les places."

Et de coincer entre ses dents un bout de langue malicieux qui disparut presque aussi vite. Grande subtilité de son rentre dedans peu vergogneux (non). Sinner n'était pas spécialement intéressé par Freckles, pas tant pour des questions de physique - bien qu'un peu trop sage à son goût il était pas si mal après tout, qu'il soit vert ou qu'il soit roux - mais parce qu'ils étaient mal barrés pour s'entendre à nouveau un jour. Ca n'empêchait pas le diplomate de tester, tester et encore tester. Et d'être prêt à mener le jeu (un peu trop) loin si l'occasion se présentait.

« C'est un problème ? » répond Sinner du tac au tac.

Freckles ne sait pas quoi dire. Il suppose que non. Il y en a plein, des perdus au Grand Arbre, qui font des trucs d’adolescents à divers degrés, et Sinner est juste tout au bout de l’échelle. Ça ne le concerne que de très loin. Sauf peut-être aujourd’hui, ça semble le concerner de près, puisque Sinner a décidé de ne pas le lâcher du regard, marchant à sa hauteur – et heureux effet secondaire, à sa vitesse.

« Ou alors tu cherches à savoir si y a vraiment moyen ? Hey, qui sait... En tous les cas je ferme jamais les places. »

Le diplomate lui sourit et Freckles entrevoit l’éclat métallique d’un piercing à la langue pendant une demi-seconde. Il est pas assez stupide pour ne pas se rendre compte que Sinner se fout de sa gueule, ce qui malheureusement, ne l’empêche pas de sentir ses joues chauffer.

« Tu sais quoi, c’est très gentil mais ça va aller », il arrive à rétorquer.

Et faute de savoir quoi dire de plus, il décide de juste accélérer le pas, sans savoir s’il préfère que Sinner lui lâche un peu la grappe, ou qu’il suive le mouvement – l’avantage étant qu’ils arriveraient plus vite.

» Break of Dawn
» Need to break someone [Butterfly]
» Not the winter break I dreamed of
» I'm gonna break you, I'm gonna make you, A fucking psycho.../!\/!\/!\ [TW Violence, torture] /!\/!\/!\

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