L'eau était une chose capricieuse. Calme à ses meilleures heures, Bambi la connaissait tempête, pluie, grêle et torrents. Elle pouvait tout soigner, refaire pousser les plantes et bleuir le ciel. Elle pouvait emporter les choses qu'on aime, et les laver d'un coup de larmes. L'eau lui inspirait la vie et le mouvement, quelque chose de dansant, comme elle, et elle pensait, justement, qu'on l'appelait cascade.
Le marais lui était d'une immobilité à couper le souffle.

Elle traversait des chapes de brume en suspension, presque solides comme des toiles d'araignées. Elle n'y voyait pas à deux mètres. En dehors de l'eau qui clapotait à ses pieds, pas un son ni un mouvement, sauf ce bruit de fond étranger, croassements de créatures qu'elle ne connaissait pas. Bambi était nerveuse, mais pas encore effrayée. Son objectif accaparait toutes ses pensées. Elle ne pensait pas aux monstres qu'elle pourrait rencontrer ou à l'air affreux qu'elle affichait. Elle pensait à sa mission solitaire.
Le ramener.

Elle était partie seule sans rien dire à personne. A qui aurait-elle pu parler ? Lacerate ? Même pas en rêve. Max ? Max avait d'autres choses à s'occuper. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu Max. Non il n'y avait personne qu'elle ne pouvait inquiéter avec ça. Personne pour même se rendre compte de la disparition d'un petit garçon. Sauf elle. Elle, elle le ramènerait. Elle serait utile et courageuse. Elle s'était levée, avait enfilé des vêtements, attrapé quelques outils. Rare miracle, elle n'était pas en robe. Elle avait emprunté un jean trop large, serré par une ficelle, des bottes de pluie lui arrivant aux genoux. Avait péniblement coiffé ses cheveux en une longue tresse frisottante. Ne s'était pas maquillée. Elle se sentait comme une version bien plus légitime d'elle même, mais avait été incapable de s'affronter dans un miroir.

« Careless ! »

Elle appelait dans la brume. Sa voix ne portait pas, mais elle eut l'impression de parler déjà beaucoup trop fort, dans ce silence. Dès qu'elle élevait la voix, les bruits alentours se taisaient et elle avait l'impression d'être observée.
Quelque chose bougea dans l'eau non loin.

« Careless ? » tenta-t-elle de nouveau.

Pourquoi fallait-il qu'il porte si bien son nom ?
Pourquoi fallait-il qu'elle se prouve aux autres ?
Elle porta une main à sa taille, là où elle avait glissé un hachoir volé – emprunté- à la cabane. Sur le qui-vive, déjà, le cœur battant d'une adrénaline presque excitante.

La brume s'ouvrit sur Lacerate comme un rideau.
C'était une entrée soignée, ça. Fondu enchaîné sur son visage déchiqueté. Digne d'un film d'horreur. Bambi grimaça. C'était définitivement mieux qu'un monstre ou un pirate, mais beaucoup moins bien que n'importe qui d'autre qu'elle connaissait. Ce qui donnait à cette rencontre une note très moyenne.

- Salut, Bambi.

Elle haussa un sourcil, comme attendant la suite. La chute, la blague, l'insulte. Le qu'est-ce que tu fous là? Ça lui paraissait absurde que Lacerate n'aie rien à lui reprocher. Presque aussi absurde que sa présence à elle. Elle ne pouvait pas l'avoir suivie, quand même ? Ou être partie à sa recherche ? Elle avait toujours pensé que sa disparition serait très arrangeante pour elle.
Elle finit par conclure que la chasseuse ne dirait rien d'autre.

« Salut ! »

Vraiment absurde, décidément.
Elle laissa retomber la main qui se tendait vers le hachoir, et croisa les bras dans son dos. Si on mettait de côté le cadre charmant, c'était une situation vue et revue, et le malaise était presque aussi épais que les nappes de brume. Elle prit soudain conscience qu'elle ne ressemblait à rien, qu'elle était mal fringuée et pas maquillée, que ses cheveux étaient dans un état catastrophique. C'était terrible. Elle en voulut à Lacerate pour l'avoir surpris comme ça à mille lieux de l'Arbre.

« Je cherche Careless », expliqua-t-elle. « C'est celui qui a un bonnet avec des oreilles et se perd souvent. »

Comme si ça ne lui venait pas à l'idée que Lacerate puisse savoir qui était Careless. Pour sa défense, elle n'était pas cheffe depuis bien longtemps, et elle ne la voyait pas comme quelqu'un de très attentif aux gens.
Elle sourit brièvement, et l'interrogea, la bouche en cœur :

« Il y a quelque chose à chasser, ici, à part des grenouilles ? »

Et pour cette fois, c'était une vraie question, dégoulinante de naïveté et sans une once de moquerie.

- Je vois qui c'est.

Si tu le dis, pensa Bambi, mais elle se contenta d'un sourire aimable.

- Pas vraiment. Enfin, j'imagine. J'aime pas trop venir là d'habitude, c'est glauque et pas évident pour poser des pièges.

Cette fois elle hocha la tête. On pouvait trouver meilleur endroit pour chasser. Plus de visibilité. Plus de cachettes. Moins de brume. Moins humide.
Quoiqu'elle avait effectivement connu une chasseuse qui venait ici. Amatrice de grenouilles. Qu'était-elle devenue ?

- J'ai vu que Careless manquait à l'appel ce matin, je suis venue le chercher aussi.
- Oh ! S'exclama Bambi avec peut-être un brin d'exagération.

Elle tenta trente secondes de savoir si l'excuse était valable ou non et décida que oui. Elle préférait cette explication à celle dans laquelle Lacerate l'aurait suivie pour l'éliminer loin de tous témoins. Après tout, peut-être que la cheffe savait vraiment qui était Careless et peut-être qu'elle avait vraiment noté son absence, même s'il ne s'agissait que d'un gamin à la traîne que la plupart des autres chasseurs considérait comme un poids.
Rien que d'y penser Bambi se sentait un peu pleine d'émotion.

- T'as une idée de par où il pourrait être allé ?

L'apprentie haussa les épaules.

« Si je le savais je l'aurais déjà trouvé. J'ai que quelques indices, je suis désolée. C'est Wire et Smoky qui m'ont dit qu'ils l'ont vu par là pour la dernière fois. Près de cet arbre. »

Elle désigna un tronc à la forme particulière, enroulé sur lui même si étroitement qu'il ressemblait à une pelote de laine. Elle avait mis un temps fou à le repérer, avec la brume, mais ce n'était là que le début du problème.

« Wire c'est celui avec les cheveux longs et qui dit beaucoup de gros mots et Smoky le brun avec la tache de naissance sous l’œil », ajouta-t-elle dans le doute.

Oh c'était riche de sa part, de prétendre connaître les chasseurs mieux que leur cheffe.
Peut-être avait-elle retenu tous les noms et les visages, peut-être avait-elle appris par cœur leurs préférences et habitudes, mais tous ses efforts étaient à sens unique. Smoky et Wire ne lui adressaient pas la parole s'ils n'y étaient pas obligés, pareil pour les autres.
Elle pouvait toujours faire semblant.
Elle prit une voix aigre pour ajouter :

« Et entre nous je me demande s'ils ont pas fait exprès de l'abandonner là, ce serait pas la première fois qu'ils font ce genre de coups. »

C'était la première fois que Bambi se plaignait ouvertement de ses garçons à Lacerate. Elle qui avait pour habitude de calmer le jeu, minimiser les tendances violences et parfois cruelles des chasseurs.
C'était difficile à ignorer parfois.

- Je sais.

Et à chacun de ses mots elle sentait que Lacerate perdait patience. Elle continuait de prendre un air candide, comme si l'exaspération de l'autre fille lui passait au dessus de la tête. Au fond d'elle-même elle se soupçonnait de faire exprès. Après tout, elle insupportait déjà sa cheffe. Elle avait bien le droit d'en profiter. Tester ses limites. Maigre vengeance, rien de bien dangereux.
Très vite, de toutes façons, l'autre se ressaisissait.

- Pourquoi tu dis ça ?

Question posée simplement, le ton neutre. Bambi leva un sourcil. Lace se dirigeait vers l'arbre ; dos tourné, impossible de voir son expression. Est-ce qu'elle posait la question sérieusement ? Est-ce qu'elle ignorait vraiment tout des agissements des deux chasseurs ? Difficile à croire. C'était plus probablement un genre de test. Dans les deux cas ….
C'était l'heure des explications.

« Oh, tu vas a-do-rer. »

Elle suivit Lacerate près de l'arbre et posa ses mains sur ses hanches pendant que la chasseuse tournait en quête d'indices (peine perdue, pensa Bambi).

« Petit un : ils ont des antécédents. Ils sont toujours liés d'une façon ou d'une autre, à tous ces cas de bagarres ou de vols ou ces espèces de bizutages stupides. Ils sont forts, d'accord. Ils arrivent toujours à accuser d'autres gens pour toutes leurs conneries. Mais je suis pas dupe. »

Jusque là, elle n'avait aucune preuve. De petits délits. Ils se faisaient prendre parfois, d'accord. Avaient fini au cachot plus d'une fois, mais c'était le lot de beaucoup d'enfants turbulents. On pourrait penser, alors, que Bambi lançait des accusations en l'air. Elle poursuivit.

« Petit deux. Ils étaient dans le groupe dont faisait partie Careless. J'ai demandé aux autres, et ils n'étaient pas du tout censés venir dans ce coin là. En plus, ils arrêtent pas de se plaindre du gosse. Dire qu'il sert à rien et traîne dans leurs pattes. »

Évidement, le fait que les autres membres du groupe n'aient pas mentionné le marais l'amenait à une autre possibilité : Wire et Smoky l'avaient lancée sur une mauvaise piste.
Elle se rembrunit.

« Troisièmement, ils ne t'aiment pas. »

Et c'était le point risqué.
Elle s'avançait beaucoup en disant ça. Elle en était persuadée, mais est-ce que ça suffisait ? Elle savait en tout cas la dévotion que Wire et Smoky vouaient à Fang. Impossible à leurs yeux de le remplacer par une fille comme Lace. C'est ce qui l'amenait à sa conclusion, qu'elle avait pu ruminer pendant tout le trajet, et le début de ses recherches.

« Si un membre des chasseurs disparaît, tu es la plus responsable, je suppose. »

Sa conclusion sonnait comme un point final. Elle se rendit compte du silence qui suivit et commença à se sentir embarrassée de son petit exposé. Se sentir un peu stupide. Et rougir jusqu'à la racine des cheveux.

« Enfin, c'est que des hypothèses ... »

Et pour éviter le regard de Lacerate elle plongea les bras dans la vase comme si elle allait pouvoir y trouver un indice.

hrp:

Bambi haussa les sourcils à la remarque de Lace, se retint de dire c'est pas pertinent, qui tu aimes ou pas, t'es cheffe maintenant, mais se tut. Ça reviendrait à refaire monter la pression. Énerver Lace. Finir comme la dernière fois, peut-être. L'heure n'était pas aux explications ni à se passer les nerfs alors qu'elles avaient une mission.

- Elles sont plausibles.

Elle eut un sourire doux et poli. Contente que Lacerate soit d'accord avec elle malgré tout. Parce que merde elle avait bossé sa théorie, mine de rien. Wire et Smoky avaient paumé le gosse, elle en était persuadée.

- Qu'ils aient fait exprès de le paumer ou non, je suis déterminée à le retrouver. Bambi hocha la tête, plus ou moins satisfaite. Par contre, je vois aucune trace de lui dans le coin. A mon avis, ils t'ont donné une fausse piste.

Une grimace.

« Ouais, j'en avais peur. »

La faille de la théorie. Ou en tout cas ce qui rendait inutile le temps qu'elle avait passé à chercher dans le coin. La cheffe l'avait relevée immédiatement comme si de rien était. L'idée d'être lancée sur une fausse piste était rageante, et un peu désespérante.
Pour ce qu'elles en savaient, Careless pouvait être mort à l'autre bout de l'île.

- J'imagine qu'ils sont allés plus loin. Tu... veux m'accompagner ?

Elle plongea son regard dans celui de la chasseuse, l'air de réfléchir alors qu'il n'y avait pas vraiment lieu de le faire.
La réponse immédiate, logique, était oui.
La réponse première, viscérale, que son cœur gueulait, était non.

« Je vais pas juste faire demi tour, hein. »

Parce que la réponse de son cœur au fond on s'en fichait. Elle était venue chercher Careless, elle ne repartirait pas sans Careless. Déterminée, elle était. Comme Lacerate, en fait. C'était drôle qu'elles soient motivées par un but commun. Ça leur éviterait peut-être de s’entre-tuer.
Peut-être. Elle ne pouvait pas dire qu'elle faisait encore confiance à l'autre jeune fille, bonne volonté ou pas.

« Si je peux t'être utile », poursuivit-elle plus doucement, un peu embarrassée, parce que pour le coup elle n'en était pas sûre. « J'imagine qu'être une chasseuse a ses avantages pour retrouver quelqu'un. »

Elle lui offrit un sourire presque encourageant, et commença déjà à avancer vers la brume.

Lacerate admit qu'elle était d'accord, et une nouvelle fois Bambi sourit. Peut-être plus franchement déjà. Tant qu'elles étaient à peu près sur la même longueur d'onde, pas de cris ni d'insultes. La cheffe eut un sourire amer en s'adressant à elle.

- Je pense que tu as pu le remarquer. Je ne suis pas très douée pour me mettre à la place des gens. Du coup... toi, tu pourrais peut-être m'aider.

Elle haussa les épaules. Gracieusement, elle ne confirma pas ce qu'elle venait d'entendre, même si elle le pensait. Pas la peine d'enfoncer Lace encore plus alors qu'elle faisait des efforts. Et qu'elle la complimentait, vaguement.

« J'essayerai. »

Elles avancèrent encore, dans un silence relatif. Les bruits du marais se faisaient plus irréels, encore, et elle était incapable de les identifier, comme s'ils étaient distordus par la brume. Elle avait de l'eau jusqu'aux genoux, son jean trempé était lourd et rendait ses mouvements difficiles. C'était à vrai dire la première fois qu'elle se retrouvait dans un endroit si dangereux depuis son arrivée sur l’île. Elle se félicitait d'avoir laissé tomber l'attirail girly, au final.
Elles ne trouvaient rien, par contre.

- Si tu étais Careless... à quel moment tu commencerais à avoir peur ?

Bambi se tourna vers Lace, battit des paupières, comme si elle n'avait pas compris la question.

« A la seconde où mon groupe m'aurait abandonné. »

C'était dit avec la plus grande sincérité. L'endroit était terrifiant. Autant qu'elle faisait la fière, elle était bien plus rassurée avec la présence de l'autre fille à ses côtés. Lace était certainement la plus à même de se défendre- les défendre- si jamais il arrivait quelque chose. Et elle semblait penser que quelque chose arriverait, à en juger par son expression, alerte à chaque bruit.

- Tu as une arme ?
- Oui.

Elle désigna le hachoir à sa ceinture.

« Je ne sais pas m'en servir », précisa-t-elle toutefois. « Pas pour me battre. »

Un ton d'excuse, même si elle n'aurait pas du s'excuser. Les mères ne se battaient pas, c'était du sens commun. Personne ne pouvait exiger ça d'elle, même pas Lace. Mais elle pouvait toujours donner des coups au hasard et espérer que ça marche : l'outil était sacrément tranchant.
Elle regarda autour d'elle, s'efforçant de remplir le rôle qui lui était attribué : se mettre à la place de Careless. Si jamais on l'avait abandonné tout seul, son premier réflexe aurait été de retrouver la sortie du marais : mais vu l'épaisseur de la brume, c'était quasiment impossible d'avoir des repères. Restait la solution de marcher tout droit dans une direction au hasard : mais ça ne marcherait pas pour le retrouver.

« Je ne sais pas si la brume monte très haut. Si je devais retrouver mon chemin, j'essayerais de prendre de la hauteur pour voir par dessus », finit-elle par conclure. Puis elle haussa les épaules avec un sourire penaud. « Pas sûre que Careless aie eu le même raisonnement que moi, mais si jamais on trouve un arbre assez haut, je pourrais essayer d'y grimper pour voir. »

Alors qu'elle terminait sa phrase, pleine d'un optimisme renouvelé, un grand bruit de clapotis retentit, beaucoup trop près d'elles.
Elle poussa un petit cri de surprise et s'agrippa involontairement au bras de Lacerate comme à une bouée de sauvetage.

Elle sentit le regard de Lacerate et se dit que c'était une fausse alerte. Elle s'attendait déjà à se sentir idiote, devoir s'excuser ou faire comme si de rien était. Puis il y eut une nouvelle éclaboussure.
Et Bambi se sentit propulsée loin de la cheffe alors que celle-ci était entraînée dans l'autre sens, comme sous l'effet d'une violente répulsion magnétique.
Elle trébucha dans l'eau, manquant de se vautrer et retrouvant son équilibre de justesse, pour se retourner et écarquiller les yeux devant la scène.

« Lacerate ! » couina-t-elle, au bord de la panique.

La chasseuse était aux prises avec un … un …. un truc fait de bois et de mousse, un truc gigantesque et dérangeant à l'apparence bien trop humaine. Qui serrait la gorge de Lacerate en étau, tentant visiblement de l’entraîner dans une zone plus profonde. Celle-ci se débattait, arme sortie. Et Bambi ne put que rester quelques secondes bouche-bée, parce que ça ne pouvait pas arriver, pas vrai ? C'était si soudain. Si absurde.
Ça ne pouvait pas arriver.
Si ?
C'était carrément la panique.
Bambi sentait sa respiration s’accélérer et ses yeux s'embuer, déjà. La cheffe ne s'en sortait pas. Et elle, elle restait là comme une idiote. A ne servir à rien. Impuissante.

Avant d'avoir le temps de réfléchir, elle avait sorti son arme de fortune, ce stupide hachoir qui n'avait jamais servi qu'à découper des lapins et lui servir de miroir après qu'elle l'aie nettoyé. Elle avait franchi la distance entre elle et les deux combattants qui luttaient, pour leur survie ou la mort de l'autre. Et des deux mains, elle leva le hachoir et l'asséna à la base de l'épaule de la chose avec l'énergie du désespoir. Une fois. Deux fois. Elle avait du mal à retirer la lame fichée dans le bois. Trois fois. Elle avait peur de mal viser et de blesser Lacerate. Quatre. Cinq.
Le bras tomba dans l'eau du marais dans un bruit presque comique. L'arbre poussa un cri inhumain depuis l'ouverture qui lui servait de bouche.

« Pardon, pardon, pardon », hoqueta Bambi.

Elle ne savait même pas si elle parlait à la créature ou à Lace. Elle recula en titubant, le visage inondé de larmes. Lace était libre ; mais la créature, loin d'être morte.