Salazar est un membre de l’équipage originel du capitaine Hook, qui débarqua avec lui sur l’île.

Autrefois, alors qu’il n’était qu’un jeunot intrépide et fougueux, il s’engagea dans toute sorte de navires, commençant par mousse, puis barde (titre non officiel qui s’apparentait un peu trop à mousse), matelot avant de finir sur le Jolly Roger en tant qu’apprenti navigateur puis a pris une des places disponibles.
Il est utile pour la suite de l’histoire de préciser que le temps et l’âge auront calmé ses ardeurs.

Aujourd’hui, le pirate aborde un air calme et serein la plupart du temps. Son sourire est paisible et il s’en sert pour amadouer ses proies. Ses dernières se méfient rarement de lui. C’est un navigateur, et de ce fait un cartographe. Aussi va-t-il régulièrement sur l’île pour tenter de rendre ses cartes plus précises, plus méticuleuses, voir même de les remplir tout court pour certaines régions.
Ainsi, on peut le croiser, un crayon à la main, en train de dessiner ou d’écrire. Cependant il y a plus de chance de le voir avec une flute. Mais à propos de cela, nous y reviendrons plus tard.

Salazar, c’est avant tout un homme qui vient du désert. Il est né et a grandi là où il n’y a que le sable à perte de vue ou alors des pierres ardentes. A l’âge de 16 ans, il a migré vers la côte nord, le long de la mer Méditerranée. Le choc de voir une telle étendue d’eau a joué un rôle capital dans sa vie : fasciné, il a décidé de s’engager comme marin.
Et puis il a grandi, vieilli et désormais il est nostalgique de ce lieu. Quand il a découvert que neverland avait un désert, quelque chose s’est réveillée en lui. Il a tout redécouvert et a tenté de recueillir, redessiner tout cela. C’est devenu sa seconde maison, une sorte d’espace temps personnel pour le monde d’avant. Néanmoins, plus que personne, il est conscient que le lieu est dangereux, imprévisible. Il ne peut y aller comme il le souhaiterait alors il patiente et se contente du reste.
Oh, il aime toujours autant la mer. Et le bateau est un lieu qu’il affectionne particulièrement. Ses coéquipiers, surtout les plus anciens, sont devenus sa seconde famille. Il a décidé de vouer sa vie et son honneur au capitaine. Mais il n’y a plus cette magie qu’il avait connue. Il essaye de la retrouver là où il peut. Et en l’occurrence, elle s’est transposée dans ce lieu.
Et puis, récemment, il y eut un troisième tournant dans sa vie : l’arrivée des légendes. L’endroit qu’il considérait comme son refuge fut réellement habité. Sa passion se transforma en obsession : il voulait à tout prix le voir de ses propres yeux. Néanmoins, les tourelles sont difficiles d’accès. Il ne veut en aucun cas se lancer à sa rechercher sans avoir plus de précisions. Alors, pour contenter cette envie, il utilise quelque chose qu’il employait déjà avant, mais moins régulièrement.

Pour recueillir ses informations, il avait pris l’habitude de se placer dans un lieu près de la rivière mais à l’abri des bêtes sauvages et d’y jouer de la flute. Il y avait toujours un petit, qu’il soit garçon perdu, indien, parfois même une créature, une fée qui finissait par suivre le son de l’instrument, trop rongé par la curiosité. Ils venaient et se méfiaient peu ou très peu de temps. Après tout, la personne qu’il voyait, elle n’était pas armée (en fait si mais ils ne pouvaient le voir), elle ne faisait rien de mal. Elle n’avait pas l’air méchante, elle était souriante. Elle ne faisait que jouer de la flute (et plutôt bien) et elle leur posait des questions, pas trop personnel, pas trop sur l’arbre/le village… Ils répondaient naïvement. Puis les questions devenaient de plus en plus précises, tout doucement. Il extrayait le plus possible jusqu’à ce qu’ils deviennent mal à l’aise, effrayés, et demandent à partir.
Ils ne rentreraient jamais ni au village, ni à l’arbre. Ils finissaient noyés, le crâne fracassé contre une pierre. De si petits corps… Un accident était si vite arrivé.
Personne n’est au courant surement. A part le capitaine qui le sait sans doute. Et peut être Smee, il ne sait.
Parfois, c’était un adulte ou un plus grand. Et dans ce cas, il ne disait rien de particulier, se contentant de jouer. Dans le pire des cas, il fuyait si l’opposant était hostile.
Cependant, le nombre commence à augmenter doucement. Il leur demande d’aller dans le désert pour lui. Peu en reviennent (et ceux qui le font subissent le même sort). Il récolte ainsi, petit à petit. Mais son impatience grandit. Il n’a plus le temps d’attendre.
Le temps…

Salazar se sent vieux. Du moins est ce comme cela qu’il le vit. Venant d’une époque où l’espérance de vie variait entre 45 et 50 ans, il n’arrive pas à se défaire de cette idée.
Déjà quand il est arrivé sur l’île, sa trentaine était bien entamée et il ne pensait pas vivre aussi longtemps.
D’ailleurs, longtemps comment ? Il n’a pas conscience du temps qui passe, c’est un effet de l’île. Mais cela l’obsède. Le fait qu’il n’arrive pas à la quantifier, le mesurer l’angoisse. Il a remarqué que même en construisant deux sabliers et en les retournant en même temps, ils ne s’écoulent pas à la même vitesse. Toutes ses tentatives de s’y repérer échouent systématiquement.
Il a l’impression de vieillir mais c’est une illusion. A chaque fois qu’il croise son reflet, dans l’eau, dans un miroir, il ne voit que cela : ses cheveux déjà blancs, ses rides par ci par là…
Il tente de le cacher par tous les moyens qu’il peut, persuadé que c’est une marque de faiblesse, que d’autres vont l’attaquer s’ils le voient.
Il a également l’impression que la moyenne d’âge de l’équipage a baissée à mesure que ses anciens compagnons mouraient et les renégats rejoignaient le navire.
Rationnellement, une grande partie des pirates a un âge proche du sien mais n’en semblent pas affecter. Il ne comprend pas la raison.
Il finit par se persuader intérieurement que sa fin est proche, que s’il ne peut mesurer le temps c’est qu’il ne l’a plus.

Mais en réalité, une personne extérieur, en voyant Salazar, ne penserait pas qu’il serait vieux. Personne ne le pense à part lui.  

❖ Il sait manier la dague et en porte toujours une sur lui, attaché à sa cuisse. Néanmoins, son pantalon cache efficacement sa présence.
Il sait se battre mais ne le fait qu’en cas d’ordre direct ou d’extrême nécessité. Après tout, s’il était blessé, il ne pourrait plus agir à sa guise et se mettrait en danger.
Evidemment, s’il sait qu’il va gagner, la précédente phrase n’a plus lieu d’être. Il s’assure néanmoins d’être rapide et peu regardé. S’il commençait à avoir le mot « meurtrier » tatoué sur le front, ses balades sur l’île seraient plus compliqué…
❖ Il n’est pas spécialement « précieux » pour autant. L’hygiène n’est pas une qualité répandue chez les pirates et il ne l’est pas plus que les autres. Il est simplement pragmatique.
❖ Il est habillé d’une chemise en lin et d’un pantalon assez ample. A ses avant-bras se trouvent deux bracelets dorés (mais plaqués). Et ce ne sont pas les seuls bijoux (en toc) qu’il a puisqu’il porte également deux boucles d’oreilles. La raison de pourquoi il les met est assez vague et même lui ne doit plus trop savoir. Cela devait surement avoir un rapport avec le fait d’en mettre plein la vue aux autres…
Ironiquement, cela plus son teint très mate font que certains (les enfants, les fées qui ne sont pas habitué-e-s ou encore les créatures) le confondent parfois avec un indien.
Mais pas les indiens. Eux sont très bien capables de faire la différence.
❖  Il a encore des traces et des cicatrices de son attitude fonceuse d’autre fois mais fort heureusement, elles se répartissent plus sur son torse/dos que sur son visage.
Il en a également une au genou droit qui l’obligea à rester tranquille à l’époque.  
❖ Il voue un très grand respect au capitaine.
❖ Même si son instrument de prédilection est la flute, il sait jouer également du violon, des percussions et de la cithare. Mais une flute, c’est plus simple à transporter.
Il joue pour ses compagnons certains soirs, quand l’ambiance est à la fête. Et généralement, il est assez apprécié pour cela.
A l’époque où le capitaine avait encore ses deux mains, il l’accompagnait parfois, à sa demande, quand il jouait du clavecin. Mais depuis l’incident avec le crocodile, ces moments se font rarissimes.
Depuis tout le début de la fiche, nous parlons de « flute » mais techniquement, ce n’est pas une européenne donc elle devrait porter un autre nom. Cependant, pour ne pas perdre ceux qui ne s’y connaitrait pas, Salazar et la narration emploie ce mot. De toute manière, c’est le même principe. Seul la composition varie un peu.
❖  Détail sans importance, mais Salazar est musulman. Et maure. Il sait parler, en plus de l’anglais, le hassanya et un peu l’arabe vu que la langue est proche. Sauf qu’il n’a plus vraiment l’occasion de le faire, donc sa maitrise se perd un peu dans les méandres de l’oubli.
❖  Salazar est une déformation de son nom originel. Le prénom est en effet portugais et sonnait un peu mieux. « Reis » était un titre, ou en tout cas un nom de famille courant chez les pirates turc. Il décida de l’adopter quand il s’engagea sur un navire ottoman.

Cet île est à la fois une bénédiction et une malédiction.
Le lieu en lui même est magnifique. Chaque endroit (mais surtout un en particulier) recèle de richesses. Pour un cartographe, c’est une mine interminable.
Sauf que c’est un séjour forcé et il commence à devenir long et pénible. Le flutiste arrive pratiquement à saturation. S’il n’y avait pas eu le capitaine, ni le désert et s’il avait pu s’enfuir, il l’aurait fait. En attendant, il est obligé de supporter cela, bon gré mal gré.

Sa vie d’avant ? Salazar y songe parfois. Il ne voudrait abandonner sa carrière de pirate pour rien au monde. Maintenant, revenir dans le monde ordinaire, sur ses terres natales, c’est une autre histoire…

Le flutiste déteste cet enfant volant car il est le seul obstacle a leur départ.
De plus, il est l’ennemi numéro 1 du navire, ce qui est une excellente raison en soi.
Et dernièrement, même s’il ne l’avouera jamais à voix haute, il est convaincu que c’est lui qui dérègle le temps. Mais il n’a aucune preuve et cela ne lui semble pas cohérent. Aussi se tait il.

Journal de bord,
Samedi, J+3, M-12

La plume écrivait frénétiquement. Il n'avait aucune idée de si on était réellement samedi. Sur l'île, raisonner en jour n'avait aucun sens et il avait, de toute manière, perdu le compte bien trop de fois. Il avait même renoncé à mettre des numéros ou des mois.
Cependant, la dernière entrée du journal était datée de mercredi. Et c'était il y a 3 jours.
On devait donc être samedi.

Revient d'exploration de la partie sud-ouest de l'île. Endroit nommé bois joli. Ait marché du repère rouge jusqu'à X.
Correspond aux cases H3 de carte 1 ; B2 carte 2 et 4.

Il s'épongea négligemment le front d'un geste de la main. Il avait trouvé un endroit tranquille pour écrire, malgré l'excitation qui régnait sur le pont. Le soleil tapait, comme à son habitude. Il songea que son écriture semblait penchée.
Il déglutit un instant, tourna le cahier, en conclut que c'était son imagination et poursuivit.

Arbrabouf a poussé depuis la dernière fois. Type habituel. Bloque le passage. Prendre en compte pour tracer prochain itinéraire.
Repère X-3 détruit. Probablement un ours.

La carte était donc inexacte à présent et il devrait la mettre à jour le plus rapidement possible.
L'île changeait régulièrement, ne serait ce que par la présence ou l'absence de Pan. La présence de la Sylvie obscure en était bien la preuve. Il était inutile de modifier à chaque exploration. Il avait déterminé d'un jour où il se chargerait de cela. Et s'il perdait le compte ou estimait qu'il était trop long, il modifiait de nouveau, arguant que c'était maintenant et s'y attelait. En attendant, il rapportait, fidèlement, essayant de ne rien oublier.
Après tout, le repère aurait surement repoussé entre deux.

On aurait pu remarquer qu'il était inutile d'être précis à ce point, surtout dans un bois où des arbres, il n'y avait que cela. Mais Salazar se voulait très professionnel et capable de retrouver son chemin en peu de temps. Il avait déjà eu, par le passé, des mésaventures dues au fait qu'il s'était perdu et... bah, c'était du passé.
De plus, il cherchait toujours ce qui se cachait derrière. Il avait vu de l'agitation, beaucoup de va et viens, que cela soit des indiens ou des fées. Mais il n'arrivait toujours qu'à la rivière.
Il soupira à cette pensée et commença à planifier la prochaine exploration.

Devrait retourner désert dans 5 jours. Temps semble idéal.

C'était bien son seul réconfort dans ce cahier. La localisation des tourelles était toujours inconnue mais il ne désespérait pas.
Une contraction trop prolongée de sa main fit ressortir ses métacarpes, le figeant sur place. Vu ainsi, ses mains semblaient sèches, osseuses et ridées. Ou alors une patte d'amphibien. Il relâcha doucement puis examina de nouveau. Il y avait plein de petits traits qui formaient comme un quadrillage. Ses têtes étaient rougies, visible même à travers la peau foncée. Certaines étaient même "gratinés" (il n'arrivait à trouver d'autre mot). Etait ce normal ? Il n'avait jamais fait plus attention que cela à ses détails.

Non, il divaguait. Il tenta de se ressaisir et son regard se reporta sur le carnet ouvert :

Devrait faire des recherches jusque là.

Un sourire serein étira son visage. D'un geste mécanique, il attrapa sa flute, la caressant du bout des doigts. Bientôt...
Bientôt il saurait...