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MessageSujet: [Flashback] This is who we are, a product of war   [Flashback] This is who we are, a product of war EmptySam 23 Juil 2022 - 0:53

TWs : instabilité mentale, mentions du régime nord-coréen et du traitement des réfugiés au sud, pyromanie, auto-mutilation et Hyung Soo crache un brin sur la religion


Min Hwan & Hyung Soo



I've been doing a great job at making 'em think I'm quite alright
         I hope I don't blink

KoalaVolant

Hyung Soo refuse d’y croire—on lui a répété pourtant, que sa tante et son frère allaient venir le chercher à la fin des trois mois, qu’il pourrait avoir une vie normale, s’intégrer. Oh, il n’est pas un élément rebelle, pour ne pas dire qu’on ne l’entend jamais pendant les cours qu’on lui inflige pour qu’il tente de rattraper son retard, et que rarement en dehors. C’est une scène de plus, un jeu grandeur nature où l’on prétend à atteindre une normalité qui ne veut rien dire—il y a des barbelés et des caméras dont Hyung Soo a mémorisé la localisation, par habitude. Parce qu’il vient de passer une éternité à courir d’un pays à l’autre, à être à ça d’un drame quelconque à n’importe quelle seconde.

Il contient sa rage, une insulte en russe sur la langue dès qu’on l’agace, qu’on lui parle de son futur et que devenir un professeur de piano c’est très bien quoique difficile pour quelqu’un comme lui—Hyung Soo a mentionné l’instrument, pas besoin de lui balancer des vérités qu’il connaît déjà. Il n’a pas l’intention de rejouer, tout comme les leçons scolaires, et les autres, celles de vie, le font rire intérieurement. Quelles conneries—c’est un lavage de cerveau, et il enchaîne les rendez-vous dans le cabinet des psychologues du centre, pour parler de ses sentiments au sujet d’un régime abject.

Hyung Soo sait bien qu’ils ne parlent pas du même. On l’a questionné sur ses mains, sur les cicatrices—de la survie dans des conditions difficiles, quoi d’autre ? Ces enfoirés l’ont privé de couteau au réfectoire pendant un mois entier, à cause de son habitude de les glisser dans ses manches. Il s’est demandé, plusieurs fois, ne parvenant pas à dormir, comptant les cachets qu’on lui avait donné pour ça, les écrasant jusqu’à ne laisser que poussière, si on allait le renvoyer. Trop instable.

S’il était dans le camp avec les hommes—il a envie de s’arracher les mains sur les barbelés jusqu’à voir ses os—on ne lui accorderait pas la même clémence qu’à un enfant.

Hyung Soo rêve de flammes, les rares moment où il parvient à s’endormir, de ne rien laisser—sa grand-mère ne va pas y survivre, à ce qui va suivre. Ah, c’est probablement déjà trop tard, il ne sait même plus combien de mois il a passé en Chine—il se souvient de combats, de fermiers prêts à le vendre et arrêtés uniquement par une lame contre leur gorge. Bien sûr, il n’en parle pas, conscient que c’est un comportement qui lui fera perdre trop de points. C’est le même système pourri, le régime porte simplement un nom différent, qu’importe ce qu’on lui raconte.

Le coiffeur et les vêtements qui sont si inconfortables car d’un tissu auquel il n’est pas habitué. On lui a fait remarquer que ses cheveux sont trop longs, alors il les attache, refusant de les couper. Après tout, qui va le forcer, c’est l’unique signe qu’il a un problème avec son pays de naissance—Hyung Soo a tellement de problèmes avec, c’est juste qu’on ne pose pas les bonnes questions.

Pour le grand jour on l’a encouragé à trouver son individualité pour mieux s’intégrer, vous voyez le hic dans une telle propagande ? Lui oui, il a emprunté l’eyeliner d’une fille avec qui il s’entend bien, entourant ses yeux d’un noir qui prouve bien qu’il est sa propre personne.

(Ils ont dit qu’une fois adulte il faudrait qu’il se fasse retirer son tatouage, celui qui est un hymne à un pays qui ne leur veut que du mal, qu’une partie de l’argent qu’il est sensé avoir devrait être placé de côté pour ça—qu’il allait avoir honte de ne jamais pouvoir se changer devant ses camarades en sport.

Hyung Soo a cassé un verre, celui que le psychologue avait placé sur la table avec un soda au goût trop sucré, il l’a envoyé contre un mur avec une expression parfaitement polie.

Après ça on l’a forcé à parler au psychologue deux fois par jour, pour évaluer son état.
Le soleil un peu trop au Nord, visiblement.)

Les trois mois se sont terminés, enfin. Il était prêt à escalader les murs et à sauter du point le plus haut pour qu’on arrête de le faire chier. Le thérapeute a parlé de cassure dans sa tête, et il a pointé la ligne laissée par un rocher, y glissant deux doigts jusqu’à ce que le silence soit malaisant. La cassure il la sent, pas la peine de la noter.

Son dossier doit être une catastrophe et, paranoïaque qu’il est, Hyung Soo se doute qu’il est noté de l’envoyer dans une autre prison à la première erreur. Oh, à peine arrivé son unique rêve est déjà de partir—il a fait tout ça pour quelqu’un, il se raccroche encore à ça. Il a complété tout ce qu’on lui a demandé scolairement, et avec tout le reste. Même si parler à des croyants, et voir d’autres succomber à cette tentation, ça l’a fait marrer.

Quitter un culte pour en rejoindre un autre ? Tout n’est que propagande, même le player MP4 qu’on lui a donné quand il a parlé de musique, de groupes qu’il trouvait cool. Cool, c’était pas un mot de son vocabulaire. Maintenant si, cool. Le Nord-Coréen (parce que c’est ce qu’il est, qu’il sait très bien qu’on ne donne pas la citoyenneté aux gens de son espèce) a un casque sur les oreilles pendant le trajet en bus, passant d’une chanson à l’autre sans réfléchir.

Finalement personne ne va venir le chercher, c'est à lui de faire un effort supplémentaire.

Hyung Soo se refuse à y croire—c’est presque comme un dernier trajet pour le reconduire à la frontière, un test auquel il aura échoué. Il griffe ses doigts, à défaut d’avoir un couteau, oh il en trouvera un, ce n’est jamais bien compliqué, et au pire il sait menacer sans. Ce n’est pas réel, d’être dans ce bus, de retrouver son frère et sa tante qui sont ‘très impatients’ de le voir et de l’accueillir. Et la partie sur le reste de leur famille, on l’oublie ?

‘Tes parents ont fait le plus grand des sacrifices, par amour.’

Et ? C’est sensé leur éviter d’y passer ? Agacé par tout, par le pantalon taille enfant et le t-shirt trop large qui flotte sur ses cotes—il n’a pas arrêté d’être malade, à vouloir manger alors que son estomac ne peut pas encore quitter le mode survie—Hyung Soo aimerait juste que le bus s’arrête enfin, qu’il puisse prendre conscience du mensonge évident qu’on lui a vendu.

Il baisse le casque lorsque le bus se gare enfin—se demandant s’il ne vaudrait pas mieux avoir de la musique encore quelques minutes, quitte à marcher vers un peloton d’exécution. Au dernier moment, dans la file interminable de gens éduqués à marcher au pas, il tire sur l’élastique dans ses cheveux, l’arrachant d’un geste sec. C’est mieux. Son pied loupe la dernière marche, et Hyung Soo redresse la tête, cherchant des visages familiers dans une foule d’inconnus.

Une petite fille s’est mise à pleurer quelques pas plus loin—incapable de reconnaître sa mère. Moi non plus, il voudrait dire, totalement perdu avec un masque opaque devant le cœur, je ne suis pas chez moi.






Blood loss? No I know exactly where it is.

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Dernière édition par Ninoxe Amer le Jeu 4 Aoû 2022 - 17:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Flashback] This is who we are, a product of war   [Flashback] This is who we are, a product of war EmptyMar 2 Aoû 2022 - 15:53






Tu viens au studio samedi ?
Non je peux pas, je viendrai la semaine d’après.
Comment ça tu peux pas ? Tu viens toujours d’habitude. Y a un truc qui va pas ?

Min Hwan éclate d’un grand rire, puis toussote faiblement.

Non non, c’est rien. C’est juste... J’ai de-de la famille qui vient.

Il va pas dire « mon frère », quand même, faut d’abord qu’il y croie, qu’il l’accepte, avant de pouvoir le lâcher comme ça au monde. Et puis même après, c’est trop particulier, trop intime et trop intense, pour qu’il le dise à quiconque. Il ne le dira pas, non, à personne.

Ah ouais ? Qui ça ?
Bon, je dois te laisser, je vais être en retard !
On peut se voir, quand même ? J’aimerais bien les renc...
See you !

Sa voix est restée égale, empreinte de cette jovialité élusive que Min Hwan, bien avant d’être Light, maîtrise déjà. Il raccroche tranquillement et jette son Samsung dernier cri sur le lit. Avant de partir, il regarde combien de vues il a eu sur sa dernière vidéo de danse postée sur les réseaux, un réflexe devenu quasi nécessaire à force. 2000. Bon.

Min Hwan ! C’est l’heure, là !

C’est la voix d’In Soo, déjà à l’entrée de l’appartement.
Min Hwan s’extrait de son siège de bureau, enfile une veste Adidas (à l'époque ce n'est pas encore un sponsor) et trottine jusqu’à l’entrée où il chausse ses baskets plates blanches, les mêmes que tous ses camarades d’école. Il se regarde vite fait dans le miroir, réordonne ses cheveux noirs impeccables, à la coupe simple et classique, vérifie qu’il n’a pas de bouton ou de saleté obstruant son petit visage lisse ― il est déjà lisse, aussi.


*


In Soon conduit. Min Hwan ne dit rien.
Il n’a même pas allumé la radio ou fixé son casque audio sur les oreilles, ce qui est de l’ordre du réflexe d’habitude. Ses doigts fins pianotent nerveusement sur son genou.

Tu es stressé ? demande In Soon, de cette façon un peu brusque qu’elle a de poser des questions.
Non, ment Min Hwan avec un petit sourire.

Pourquoi il serait stressé ? Pourquoi ce serait stressant de retrouver son frère après deux ans de séparation ? Pourquoi il devrait stresser de ne pas savoir dans quel état il est, dans son corps et dans sa tête, pourquoi il faudrait stresser de savoir s’il lui en veut pour la rivière gelée ?
Parce que c’est pour ça qu’il n’y a pas de musique pop dans la voiture ou dans ses oreilles, à cet instant, c’est parce que la rivière gelée prend toute la place, et le stress avec. Mais c’est trop bête de stresser, pas vrai, il devrait juste être content, et heureux, et soulagé, parce que Hyung Soo est en vie, qu’il pourra bientôt le voir et le toucher. Il doit être content, hein, juste content, c’est bien tout ça, juste bien. Allez.

Min Hwan a envie de vomir.
Ça fait deux ans qu’il est là. Il a pris 20 cm. Il s’est forcé à tout oublier du voyage, des épreuves, de la misère, de la peur, de la faim, de la culpabilité. Il s’est forcé à oublier Hanawon, et son passé, et son pays, et... et oui, faut le dire, il s’est forcé à oublier son frère.
Son frère est revenu du passé, comme un fantôme, comme un rêve trop vrai dont on ne peut se réveiller. Et Min Hwan s’en veut de ne pas juste s’en réjouir, de devoir feindre cette exaltation et cet empressement alors qu’il y va à reculons, parce qu’il a juste peur, Min Hwan, juste peur de ce qu’il va trouver.


*

C’est là.
D-Déjà ?

In Soo se gare. Min Hwan défait sa ceinture, tentant de déglutir quelque chose dans sa gorge aussi sèche que du papier de verre.

Ça va aller, Min Hwan, dit sa tante, comme si elle devinait la nervosité derrière son attitude prétendument désinvolte. Soi juste toi-même.  

Toi-même.
D’accord.
Min Hwan a déjà un peu oublié ce que c’est. Mais ça va aller. Ça doit aller.

Tandis qu’ils sortent de la voiture et s’avancent vers l’espèce de foule qui grouille aux côtés du bus ― c’est ce bus-là, pas vrai ? le bus que Hyung Soo a pris, il est dedans, il est là, il est réel, c'est réel ― le cœur de Min Hwan s’emballe. Il essaye de penser à tous les bons souvenirs qu’il a encore, parce que ça c’est pas feint, avec son frère. Quand il le serrait trop fort pour faire cesser ses larmes après une séance d’autocritique ou une réprimande publique suite à la dénonciation d’un camarade. Quand il l’aidait à cueillir plus de fleurs jaunes pour l’anniversaire des Grands Dirigeants, parce que Min Hwan n’allait pas assez vite. Quand il lui agrippait la main de toute sa force avant que Min Hwan récite son petit texte chanté sur l’enfance du Général devant les rares touristes étrangers.
Tout finit par s’enchainer, se bousculer, et Min Hwan ressent brusquement une sorte de vide intérieur vertigineux, exactement comme tomber d’une falaise, et il se demande pour la première fois comment il a fait pour survivre sans son jumeau.

Une petite fille passe devant lui et l’arrache à ses pensées. Il cherche des yeux quelque chose, quelqu’un, mais peut-être que son frère a changé ? Lui-même n’est pas si différent, il a le même petit visage ovale et la même coiffure bien rangée, il a juste grandi. Beaucoup grandi.
Est-ce que Hyung Soo a grandi ?
Dans un reportage obligatoire à Hanawon, Min Hwan a appris que les Coréens du Nord, à cause des carences alimentaires, sont plus petits que les Corées du Sud.
Est-ce que Min Hwan est un Coréen du Sud ?

Une autre petite fille lui rentre dedans, cette fois, et l’arrache encore à ses pensées, qui décidément sont incontrôlables aujourd’hui.

Concentre-toi Min Hwan ! Tu ne vas jamais le renconnaitre si tu fais même pas attention où tu vas !

In Soo ne comprend pas, que Min Hwan essaye juste, précisément, de savoir où aller, pour reconnaitre Hyung Soo.


*

C’est lui, je crois !! Oui, c’est bien lui ! Daebak, qu'est-ce que c'est que ce look !

Min Hwan veut dire « quoi ? » mais les mots restent coincés à l’intérieur. Ses yeux tentent de sonder la foule en suivant du regard la direction pointée par sa tante. Son cœur bat si fort qu’il bourdonne à ses oreilles et rend tous les sons plus mats, plus étouffés.

Un peu par magie alors, la foule semble se disperser un petit peu à un endroit précis, tout près de l’entrée (la sortie) du bus. Au cœur de cet endroit précis, il y a une personne, un garçon, un visage, avec des cheveux très longs, un casque audio, un corps raide. Min Hwan n’est pas sûr, mais il a l’impression que ses yeux sont bordés de noir. Tout ça lui parait un peu bizarre. Tout ça n’est pas le Hyung Soo qu’il connait.

Suivant les pas saccadés de sa tante à travers la foule, Min Hwan arrive quasiment à la hauteur du garçon aux cheveux longs et aux yeux bordés de noir. Il est plus petit que lui, c’est ce qui le choque plus que tout le reste. Il pense au reportage alors, et se convainc aussitôt que ce n’est que momentané, tout ça, ça passera, ça s’oubliera. Hein.
Il voudrait rester simple, spontané, juste lui dire « Bonjour, je suis heureux de te voir ! » et pour tout dire il s’est même entraîné, hier, toute la journée. Qu’est-ce qu’on dit à son frère après la rivière gelée ? Qu’est-ce qu’on peut dire.

Hyung. Tu... Tu as l’air en forme.

Mais à quoi tu t’attendais, Min Hwan. Hyung Soo n’est pas toi. Il n’a pas les mêmes baskets blanches et la même coiffure ronde. Il n’a pas le visage lisse et les sourires en flash. Hyung Soo n’a pas traversé, tu te souviens.
Pendant deux ans, tu as grandi et tu as oublié.
Pendant deux ans, tu vois qu’il a grandi mais tu ne sais pas s’il a oublié.









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MessageSujet: Re: [Flashback] This is who we are, a product of war   [Flashback] This is who we are, a product of war EmptyJeu 4 Aoû 2022 - 17:43


Min Hwan & Hyung Soo



Oh please don't ask me how I've been
Don't make me play pretend
Oh no, oh what's the use?
Oh please, I bet everybody here is fake happy too

KoalaVolant

Il n’y a pas de gagnant, ni dans un camp ni dans les autres—uniquement des fragments incompatibles que personne ne veut toucher par crainte d’être contaminé par une maladie invisible. C’est la haine et la peur, ce mélange insurmontable, peut-être qu’il y a plus, que c’est une histoire de politique et d’empires depuis longtemps déchus. Hyung Soo s’en fiche, des raisons, de qui avait le moins tort. Qu’est-ce que ça changerait, hein ?

Un sacrifice reste un sacrifice, qu’il soit forgé dans l’amour ou dans le désespoir, qu’il existe pour sauver autrui ou bien pour soi-même. C’est perdre une partie de soi de se retrouver dans un pays où la langue devrait être la même sans qu’elle le soit. La propagande Sud-Coréenne est plus moderne, travaillée par des experts, mais elle n’a pas grand-chose à envier à celle de son voisin, pas pour Hyung Soo qui a vécu les deux.

Sa tante fend la foule—d’un pas assuré, ses petits talons qui claquent contre le bitume. Il ne lui a pas pardonné—sans doute qu’elle doit s’en douter, ou bien que le psychologue l’a réalisé. Hyung Soo n’en a pas parlé directement. Il aimerait lui dire qu’elle a gâché sa vie, en prenant son frère, qu’elle a coûté tellement à leur famille. S’il était moins prompt à la paranoïa, moins habitué à masquer et à mentir, il lui dirait. A la place, il lui adresse un bref regard, sans expression sur son visage.

Le garçon à ses côtés parle par contre. Il ne l’avait même pas remarqué.

« Hyung. Tu... Tu as l’air en forme. »

Le pire c’est que, pendant vingt-deux secondes où il se tient là, le casque qui presse contre sa nuque, Hyung Soo n’a pas la moindre idée de pourquoi cet inconnu a décidé de lui faire la conversation. Peut-être que c’était naïf de sa part, de s’attendre à être face un enfant, une sorte de miroir imparfait comme avant, lorsque Min Hwan s’accrochait à son bras et qu’il avait cette moue effrayée.

Redressant le regard, quoique pas la tête, Hyung Soo détaille le jeune Sud-Coréen qui se tient si haut—cet inconnu qui porte le prénom de son frère mais qui n’a plus rien d’autre de reconnaissable. On lui avait dit que que ça se passait comme ça. Les médecins ont passé une éternité sur le processus de réunification, à quoi s’attendre quand ça faisait parfois plus de dix ans pour certains. In Soon tend une main vers lui, visant peut-être une épaule, il s’en sait rien. Il n’a pas besoin de le savoir, uniquement d’effectuer un pas en arrière, pour éviter le contact.

« Tu mens toujours aussi mal, Min Hwan », qu’il répond finalement, l’ombre d’un sourire sur ses lèvres. Il doit résister à l’envie de le toucher, de le tirer vers le bas pour lui demander s’il est vraiment le garçon qui est parvenu à traverser la rivière ou s’il a été remplacé en chemin. Il n’en fait rien—Hyung Soo n’a pas grand-chose à dire.

On ne demande pas à quelqu’un si on lui a manqué quand on ne désire pas la réponse.
C’est drôle, Hyung Soo a besoin de moins de temps pour comprendre que sa venue est inutile que pour reconnaître son propre jumeau.

Min Hwan a l’air d’un adolescent et lui d’un enfant—et peut-être qu’il est mort ce jour là, dans la rivière, et qu’il ne s’en était pas rendu compte jusqu’à ce moment.

« Vous vous en êtes bien tirés, » ce n’est même pas de l’animosité, uniquement une sorte de réalisation désabusée.






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MessageSujet: Re: [Flashback] This is who we are, a product of war   [Flashback] This is who we are, a product of war EmptyMar 30 Aoû 2022 - 17:13







Tu mens toujours aussi mal, Min Hwan.

Min Hwan déglutit.
Son frère a toujours été le plus endurci, mais quelque chose a vrillé. Si Hyung Soo avait été un couteau, Min Hwan dirait qu’il est encore plus affûté. Ses mots ne sont pas méchants, pas vraiment, juste secs et tranchants.
Min Hwan sent de nouveau ce sentiment de sourde culpabilité envahir son intérieur de la tête au pied. Et puis aussi, c’est vrai, Hyung Soo a l’air abîmé.
In Soon ne se formalise pas du subtil rejet. Min Hwan lui, le vit de plein fouet. Est-ce que ça veut dire que son frère ne voudra plus jamais être touché ? Que quelque chose est rompu, ça y est, pour de bon, la rivière gelée.
Min Hwan se force à ne pas la laisser engloutir sa stature et ses pensées. Il faut qu’il fasse bonne impression, pas vrai, ne pas laisser les muscles de sa mâchoire se crisper tandis qu’il ne peut ignorer que Hyung Soo a tellement changé.

Vous vous en êtes bien tirés.

Min Hwan essaye d’interpréter ce qu’il y a au fond de cette phrase qu’il n’arrive pas à analyser. De la rancœur, peut-être, de la rancune, au pire, ou peut-être juste qu’il ne sait pas quoi dire.

Lui-même ne répond rien, il n’a rien de plus à dire, il essaye juste de chasser les affreux sentiments mêlés de son cerveau tout retourné qui lui disent que finalement, Hyung Soo était peut-être mieux où il était. Mieux sans lui.

In Soon a du sentir l’ambiance lourde et épineuse, le temps qui s’étire douloureusement, le silence de Min Hwan qui regrette de ne pas s’être mieux préparé. Peut-être qu’il aurait du prévoir un texte à l’avance, étudier son attitude qui n’a pas aussi désinvolte qu’il le voudrait. Min Hwan a déjà pris cette habitude de tout maitriser, son sourire, ses mots et ses traits.
Ici, ça ne va pas marcher.
Hyung Soo, en quelques phrases, en un regard, est capable de tout écrouler.

In Soon alors, prend les choses en main, est-ce qu’elle comprend l’extrême fragilité du lien ? Tout cela ne tient qu’à un fil.

Bon les garçons, si je vous emmenais au Coffe Shop ? On sera mieux qu’ici, et puis Hyung Soo pourra voir du pays.

Min Hwan sait que Hyung Soo n’a pas du tout envie de voir du pays, mais lui-même ne désire rien d’autre que partir d’ici. La constriction de son jumeau semble émaner de lui comme un nuage magnétique, comme si ça crépitait autour de lui.

Bonne idée 큰고모*, il y en a un au bout de la rue.

Min Hwan ne sait pas si c'est vraiment une bonne idée, mais il n'en a pas de meilleure, et il lui semble que c'est trop tôt pour rentrer. Il le faudra bien, mais juste un peu de sursit, s'il vous plait.





Le shop est semblable à un millier d’autres qui fleurissent à Seoul comme des fleurs de printemps. On en trouve à chaque coin de rue, avec des couples aux outfits assortis, des working guys vissés à leur laptop, des groupes de filles qui dégainent des photos en rafales toutes les trois secondes.
Ça fait longtemps que c’est le monde de Min Hwan.
Ce jour-là malgré lui, il voit tout ça avec les yeux de son frère, et un drôle d’embarras étreint son coeur. Il se souvient des premiers chocs, les voitures et les smartphones, les foules, la nourriture, l’école. Ce serait faux de croire que tout l’a tout de suite émerveillé. Les premiers mois, il avait eu envie de rentrer. Il avait même pleuré.

Et puis on s’y fait, pas vrai ?
Il avait eu son téléphone, ses chaussures de marque, ses sorties entre amis, ses coffe shops favoris. Min Hwan s’était fondu, il s’était adapté. Il se demandait si deux ans plus tard, il aurait pu le faire avec autant de facilité.

C’est là.

In Soon leur tient la porte. Min Hwan pense d’abord à laisser passer son hyung en premier, mais il se dit au dernier moment qu’il vaut mieux que ne pas le projeter là-dedans, dans cet univers tout frais et aseptisé, summum de la modernité, de la capitale, de l’étranger.

Min Hwan attend que son frère soit entré et lui désigne les panneaux de présentations affichés au-dessus de l’accueil.

Tu vois, tu as toutes sortes de boissons. Moi je vais prendre un Ice Americano, c’est mon préféré.

Le mot lui semble tout à coup grossier, presque déplacé. C’était peut-être un peu tôt, pour prononcer « americano ».




* keun gomo (tante plus âgée du côté paternel)







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MessageSujet: Re: [Flashback] This is who we are, a product of war   [Flashback] This is who we are, a product of war EmptyMer 13 Mar 2024 - 18:53


Min Hwan & Hyung Soo



Pity you're a tad too broken for them
You've gone and fucked it all
They pitied you until your hands grew weapons
Pity you project your sad obsessions
You must have heard them all
They pitied you until your hands grew weapons

KoalaVolant


Ses mains ravagées demandent un échappatoire, tandis qu’il assiste à une scène qui lui paraît totalement étrangère. Il tapote sa main gauche contre son pantalon, jouant le rythme de Dies Irae sans réfléchir ; c’est toujours quand il s’autorise à trop penser que son esprit effectue des virages qui lui retournent l’estomac. Sa tante et son frère—ils ont changé, masquant ce qui faisait d’eux sa famille tout simplement parce qu’il faut bien se forcer, que c’est marche ou crève.

(Ah, les instructeurs au centre de rééducation—parce que dans le fond c’était ça, hein—n’aimaient guère cette comparaison, psychologues qui se précipitaient pour le corriger, pour lui dire que non c’est la bonne Corée, celle des rêves.

Comme le rêve Américain, ouais.)

Je vous suis,” il ne bafouille pas, même si ça serait sans doute mieux que la façon dont il s’exprime, avec une sorte de détachement qu’il ne s’explique pas. A vouloir mettre des mots sur ce qui ne va pas dans sa tête, on pourrait remplir un dictionnaire.




C’est là

Voir du pays, hein. Hyung Soo ne s’enjaille pas spécialement, alors qu’il est parfaitement capable de le faire sur commande. Il s’engouffre dans le coffee shop, suivant son frère d’un peu trop près. Ce n’est pas de la crainte—juste que Hyung Soo dénote, qu’il le sait, et que Min Hwan était son pilier avant.

Dans une autre vie, probablement. Il marmonne un merci à sa tante pour avoir tenu la porte pour eux, sans même lui adresser un regard.

Tu vois, tu as toutes sortes de boissons. Moi je vais prendre un Ice Americano, c’est mon préféré.

Le nom lui fait un truc, comme un coup dans la poitrine—il n’aime pas ce Coréen qui pique des mots inutiles à l’Anglais pour se donner un air plus cool. Son regard entouré de noir glisse vers les panneaux—ça lui brûle les yeux, ces écrans lumineux qui affichent une liste colorée de noms majoritairement inconnus.

Pas tous, bien sûr ; en Chine c’était différent et pourtant semblable—la campagne était bien différente de cette grande ville qui semble ne pas finir—et Hyung Soo ravale une parole déplacée.

Je vois que tu as pris tes aises,” ça ne devrait pas être une insulte, pourtant Hyung Soo sait pertinemment comment ça sonne, “double espresso, ça ira.

Y’avait des cours de ça au centre, pour apprendre à bien se comporter dans les lieux publics, comment commander à boire ou à manger. Hyung Soo a l’impression de tout avoir oublié, et il se maintient à moitié derrière Min Hwan plutôt qu’à ses côtés. “J’espère qu’il aura meilleur goût que—” hm, il ne peut pas mentionner d’où il vient comme ça, “dans le camp de vacances.

Une improvisation qui le fait soupirer. Il aurait pu faire tellement mieux.

On peut s’asseoir vers la fenêtre ?” D’un mouvement de tête, l’adolescent désigne les petites tables parfaitement arrangées devant une grande fenêtre qui donne sur la rue. Plus proche de la sortie, au cas où il faudrait fuir—pourquoi est-ce qu’il pense toujours à ces trucs la.






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