Aowh chers enfants !


Le Réveillon des Amis Secrets s'est bien éternisé, et c'est tout à fait naturel sur une île au temps aussi élastique. Cependant, il est temps de laisser Noël derrière nous, car d'autres fêtes s'invitent dans notre Pays.
Si vous avez loupé la Saint Valentin, n'oubliez pas de découvrir quelle rumeur d'amour court à votre propos dans le sujet Imprévus et Rumeurs spécial Saint Valentin !

Après cela, c'est un anniversaire qui nous attend, et pas des moindres puisqu'il s'agit de l'anniversaire des dix ans du forum le ! Plus d'informations à ce sujet dans cette Annonce de grande importance !


C'est pourquoi ce sujet sera clos à cette date, le 5 mars, afin de te laisser le temps de répondre si tu en l'envie, pour laisser place à une autre célébration. Si le temps ou l'énergie te manquent pour répondre à temps, pas d'inquiétude, nous avons pensé à tout :

→ Tu as jusqu'au 5 mars pour offrir ton présent à ton ami secret. Passée cette date, ce topic sera cloturé.
→ Si tu ne penses pas pouvoir répondre à ce sujet dans ce temps imparti, envoie un mp à l'Ombre avec le présent que tu comptais offrir à ton ami secret, en nous précisant le cadeau et le nom. Nous l'inclurons dignement, selon tes directives, dans le post de cloture de l'Ombre. Essaye de penser à le faire, c'est important pour ton ami secret.
→ N'oublie pas que quoiqu'il arrive l'immense majorité des enfants du Grand Arbre ont participé à l’échange de cadeaux, et pas seulement les personnages inscrits. Même sans avoir participé activement à ce topic, tu peux considérer que tu as offert et reçu un cadeau lors de cette fête, voire t'arranger avec un autre Perdu au besoin ! Fais comme il te plait.
→ Si tu as la moindre question, le staff reste disponible sur discord et par mp pour te répondre !

La fête bat son plein.
Après tout, c’est la première depuis la fin du Givre. Les cœurs résonnent au rythme effréné des tambours, les sourires qu’on croyait perdus s’étirent sur les visages rougis, les corps se déchaînent comme pour s’assurer qu’ils sont bien en vie.

La plupart des enfants sont là, même les plus timides. Des fées et des créatures sont venus se joindre à la mêlée. Les Mères ont tout donné pour préparer un festin qui parait sans fin. D’habitude, les fêtes s’improvisent au coin d’un feu ; il est rare qu’une si grande célébration ait lieu, encore moins dans le dirigeable. Cela rappelle des temps que certains n’ont pas encore oublié.

Et à propos d’oubli, personne ne semble vraiment remarquer qu’un élément manque à la fête. Quelque chose, ou quelqu’un, qui ne rate jamais une occasion d’engager les festivités, de danser, chanter, rire. De célébrer la moindre victoire ou la moindre occasion, et de toujours se tenir au centre du vacarme.

Peter Pan n’est pas là. Les enfants ont commencé à s’habituer à sa présence comme effacée. Ils ont du survivre tant de lunes glacées sans lui que sa réapparition étonnamment discrète dans leur vie ne les a pas tant bouleversé. Seuls les plus attentifs auront remarqué le petit manège.




Pourtant ce soir, Peter Pan ressent quelque chose qu’il ressent rarement. Une sorte de sens du devoir. Il est roi de ce pays mais n’en reste pas moins tapi dans sa chambre, sentant malgré lui les racines sacrées du Grand Arbre vibrer sous ses mains, ses pieds. Ses oreilles en pointe se tendent pour mieux entendre la musique qui vient d’en haut. Il sent pulser dans son cœur une mince sensation d’exaltation, comme avant. Mais c’est si faible encore.

— Majesté, vous devriez être là-bas.

Bow se tient devant lui, calfeutré dans son long habit sombre, le visage dur, le regard ferme. Il est seul avec Peter, comme c’est bien trop souvent le cas en ce moment.
Pan l’écoute, sans cesser de prêter attention au tapage qui l’attire et le repousse à la fois.

— Aucune... sauterie, digne de ce nom, ne saurait se tenir sans vous.

Peter ne le regarde pas. Il plaque sa main contre la paroi. Les racines magiques du Grand Arbre lui font parvenir tous les sons qui s’élèvent du Zeppelin.

— Majesté, ajoute Bow en s’avançant d’un pas décidé, ce qui n’est pas vraiment dans ses habitudes. Il semble contrarié, inquiet même. Si vos Garçons Perdus cessent de croire en vous, vous finirez par vous éteindre. Déjà certains d’entre eux commencent à penser que votre magie s’est tarie. Que vous n’êtes plus que... l’ombre de vous-même.

Bow jette un regard furtif à l’Ombre de Peter plaquée sur le mur opposée. Il n’ignore rien de son pouvoir ni de sa malice, aussi se fait-il prudent.

— Je vais être franc, sire. Vous devez vous montrer à cette fête. Vous devez leur prouver que vous êtes vivant, que vous êtes intact. Que rien n’a changé. Que votre pouvoir n’est en rien fatigué. Que le Givre est un mauvais souvenir bientôt oublié. Comme tant d’autres. Vous devez être là et leur montrer.

C'est bien plus pour lui-même que Bow s'inquiète, mais ses mots s'insinuent en l’Enfant Roi et viennent gonfler la boule d’angoisse, inédite, qui a grandi dans son cœur. Si ses Garçons cessent de croire en lui, Peter cessera d'une façon ou d'une autre d'exister. Il ne doit pas les laisser l'oublier. Il ne sait pas comment Bow l’a compris, mais lui l’a senti. Il dépend entièrement de leur foi.
Mais Peter l’a tout autant senti : les Perdus doutent de sa magie. Ils le croient sûrement devenu inapte, incapable, affaibli ! Ils le croient vidé de sa force et de sa puissance ! Ils pensent que Peter Pan est mort et qu’il n’est que son fantôme !

Le visage de Pan se contracte, une colère gronde en lui. Mais comme il ne sait pas vers qui la diriger, il se contente de pousser un cri et cogner contre le mur.

— Je suis PETER PAN ! Rien, RIEN NE PEUT ME TUER !

Il se met à arracher les dessins accrochés au mur et frapper du pied les jouets qui jonchent le sol.

— Tous les enfants du monde croient en moi !! Je suis leur ROI ! Je suis le plus merveilleux et le plus fort de l’univers !! Tout le monde le sait !

Des larmes coulent de ses yeux gorgés d’étoiles, mais c’est toujours la fureur qui déforme ses traits.

Bow s’avance doucement et pose très délicatement sa main sur son épaule.

— Il est temps de leur rappeler.




C’est Bow qui ouvre la porte du Zeppelin.
Peter Pan reste un instant dans l’encadrement de la porte. Derrière lui, des éclairs déchirent le ciel. Trop occupés à faire la fête, les enfants n’avaient pas remarqué que le temps avait changé.

La musique s’arrête, et bientôt l’assemblée comprend que quelque chose se passe. Un évènement, comme disent les Perdus.

Peter, vêtu de sa couronne et d’une petite cape royale de velours rouge, s’avance. Un chemin s’ouvre devant lui. A mesure qu’il marche d’un pas lent et presque cérémonieux, il contemple les visages de ses Perdus. Certains sont surpris, déconcertés, certains sont heureux, d’autres encore nerveux, anxieux. Peter se force à soutenir leur regard, ne voulant rien montrer de sa peur. Ce sont ses Perdus. Il ne peut craindre leur jugement.
La canne de Bow, qui avance derrière lui, frappe le sol à chacun de ses pas.

Arrivée au bout de la foule, Peter se retourne. Son cœur va éclater dans sa poitrine. Il cherche le regard de ses chefs, de ses garçons les plus fidèles, des mères. Bow lui adresse un dernier sourire imperceptible.

— Je vois que vous avez bien festoyé, clame Peter.

Certains commencent à se demander s’ils seront réprimandés ou punis, si la fête était autorisée. L’ambiance s’est alourdie.

— Je suis joyeux de vous savoir joyeux !

Des sourires éclosent, des soupirs de soulagements s’élèvent. La foule reste incertaine.

— Ce soir, nous célébrons notre ultime victoire !! Nous célébrons la mort de nos ennemis et le courage de nos guerriers ! Encore une fois, nous avons prouvé que nous étions les plus forts et les plus invincibles du monde !!

Peter lève alors son sabre, et cette fois de grandes acclamations fusent dans les airs.
Les tambours ont recommencé à battre, les verres à trinquer, et la plupart des enfants se mettent à crier. Comme après les aventures. Comme avant. La plupart rugissent bien plus fort que d’habitude, comme pour se forcer à y croire.

— Ce soir, nous célébrons l’enfance éternelle face aux adultes déchus ! Nous, enfants perdus, gagnerons toujours face à leurs visages dégoulinant de haine et de vieillesse ! NOUS SOMMES IMMORTELS !!!

Des HOURRAS et des OUAAAIS enflent dans tout le Zeppelin.

— Nous avons terrassé le Givre et nous avons terrassé Hook !!!

De nouveaux applaudissements survoltés s’élèvent.
Beaucoup d’enfants commencent déjà à oublier comment le Givre les a éprouvé, comment leurs camarades ont péri, et comment Peter a failli y passer.  Ce n’est qu’une aventure de plus à laquelle ils ont survécu.
Mais d’autres se souviennent. D’autres comprennent que Peter n’est pas dans son état normal et que ce qui arrive n’est pas de bon augure.

— Et pour nous récompenser, je vais vous offrir un incroyable cadeau !

Les plus jeunes trépignent. Bow esquisse un sourire en coin.

C’est alors que Peter joint ses mains, fermant les yeux, lâchant une petite respiration. Un silence tendu envahit la salle.
Enfin, une lueur jaune, puis bleue, violette, orange, s’échappe de ses doigts. Il ouvre ses paumes. Une sorte d’orbe lumineux aux contours mal dessinés, secoué de spasmes étranges et produisant des sons indescriptibles, se forme entre ses mains. Des sortes de courant d’énergie luminescents parcourent les bras et bientôt la tête de Peter, faisant valdinguer sa couronne. On ne voit, on n’entend plus que ça.

Tandis que l’orbe grossit et parait de plus en plus incontrôlable, Pan semble manquer de se faire propulser en arrière, mais tient bon. Ses pieds, écartés pour garder sa stabilité, glissent sur le parquet.
Les mères se jettent sur les plus petits pour les protéger, tandis que l’éclat se fait plus intense et jette des traits de lumières autour de lui. On dirait que tout va exploser.

Tout cela parait à la fois très long et très court.
Mais au bout d’un moment, alors que Peter semble à bout de force, les traits crispés par l’effort et le corps entier brûlé de magie : il hurle.

— FERMEZ LES YEUX !

Ce que, dans le doute, tout le monde fait.

Puis, le vacarme se tait, les éclairs aussi, et l’assemblée entière est plongée dans la pénombre. Les bougies se sont éteintes et une odeur de fumée envahit les narines. C’est une Mère qui prend l’initiative d’en allumer une. Enfin on y voit quelque chose.

Peter se trouve à moitié effrondré, un genou à terre, trempé de sueur, blanc comme un linge, le visage baissé. Mais les enfants ne font pas attention à Peter. Car au centre de la pièce se tient à présent quelque chose à laquelle personne ne s’attendait. Une Armoire.

Elle est d’ouvrage magnifique, dans un bois inconnu et d’une taille imposante, avec des arabesques et des inscriptions dorées mystérieuses qui parcourent sa structure. Trois marches la précèdent. Sur sa porte, au centre, se trouvent des lettres qui ne semblent rien vouloir dire.

— Cela... souffle Peter, que Scar est venu aider à se tenir debout. est l’Armoire de Tous les Univers.

Tout le monde semble circonspect, contemplant la magnifique devanture de la porte.

— C’est une porte magique qui mène à tous les mondes imaginaires. ajoute-t-il difficilement. Toi. Viens.

Une Garçonne, pointée par Peter, s’avance docilement vers l’Armoire.

— Place-toi sur la première marche. Dis le nom d’un monde. Il ne doit surtout pas exister dans l’ordinaire.

La petite fille hésite.

— Allez !!  
— Heu... la Reine des Neiges !

Sur la porte, les lettres se mélangent et finissent par former, dans une belle écriture ancienne, le nom « Reine des Neiges ».

— Vas sur la seconde marche et coupe toi l’intérieur de la main.

Un Sentinelle lui lance un poignard.

— Quoi ?
— Coupe-toi !

La fillette s’exécute et s’entaille, on entend son petit cri.

— Mets ta main sur la poignée.

Dès lors que la petite main touche la poignée, les arabesques autour de l’armoire s’illuminent d’une lueur dorée, et des sons indistincts leur parviennent.

— Monte sur la troisième marche et ouvre la porte.

La porte est à peine entrouverte qu’une rafale de neige leur parvient.
Un monde blanc et argent semble se trouver de l’autre côté.

Se tenant toujours au bras de son garde du corps, Peter sourit et s’exclame :

— L’imaginaire n’a pas de limite. L’île n’a pas de limite. Je n’ai pas de limite !

Les enfants l’écoutent. Les plus zélés avec émerveillement, les plus lucides avec inquiétude.

— Aujourd’hui, le paysage du Pays de Jamais va changer pour toujours !!

Un immense cri de triomphe monte dans la foule.
Peter vient de créer un portail infini vers tous les univers fictifs connus. Il n’en a pas encore expliqué les règles, une charge qu’il laissera à Bow. Il n'a pas dit non plus, peut-être parce qu'il ne le sait pas, que l'Armoire est aussi fragile et instable que l'est son propre pouvoir aujourd'hui.


Tandis que les enfants se rapprochent de l’énorme armoire — qui, si on l’ouvre sans avoir versé son sang, ressemble à simple penderie — Peter, aidé de Scar et escorté par Bow, s’éclipse doucement.

Il a usé de toute sa magie pour offrir un présent à ses Perdus, un présent qu’il espère bien enterrer le passé. Il faut que ses enfants oublient. Le Givre, le cocon, la mort, la perte, la douleur. Qu’ils fassent ce que lui a toujours fait. Se gaver d’imaginaire, pour mieux tout balayer.
Aussi pâle qu’un fantôme et faible qu’un nouveau-né, Peter se retourne une dernière fois sur sa création. Son cadeau de Noël à lui, pour ses amis secrets à lui. Espérons que cela suffira.

règles:

conclusion des évènements:

PS : les cadeaux: