Un jour de plus, un jour de moins au Pays Hors du Temps ou les aventures s'écoulaient sous les traits de jeux d'enfants dont un voile d'illusion laissait croire à trop de leur participants que les conséquences n'existaient pas.
La majorité s'amusait, au détriment de quelques infortunés qui, à la partie suivante, s'ils n'étaient pas trop malchanceux, se retrouveraient du bon coté de la barre, ou dans les gradins, à huer, rire et conspuer.

Qui serait le gagnant, et qui serait le perdant aujourd'hui ?


"SILEEeEeeeeence !! J'appelle Righteousness à la barre."

Dans la salle, le brouhaha s'était à peine amenuisé. Les gamins rigolaient, s'amusaient à se lancer des boulettes de papier mâché via des sarbacanes et un avion plié planait au dessus des têtes.
Le grand blond se leva, se dirigeant docilement en avant et s’arrêta après quelques pas face à un petit bureau en bois. Il n'en menait pas vraiment large, la mine un peu défaite. Se sentait épié, à raison. A découvert et quelque peu intimidé par la situation.
C'était son premier procès, il fallait dire.
Du moins, pour ce qu'il s'en souvenait.

"Righteousness. Sentinelle. Dit, Le Rigoureux" Reprit Avocado d'une voix dure et forte. "Vous confirmez votre identité ?"
L'interpellé cligna des yeux, un peu surpris, mais confirma effectivement d'un mouvement de tête bref.

"Vous avez été convoqué ici à participer en tant que membre actif pour ce procès, en connaissez vous la raison ?
- Euh..." Le blond ravala sa salive. Il avait la bouche sèche et les mains moites, cependant, l'Argumenteuse ne lui laissa pas vraiment le temps de répondre, coupant l'initiative qu'elle lui avait faussement donné.
"Vous avez été accusé, Righteousness..." Tout en parlant, elle avait relevé un papier, le lisant en fronçant les sourcils, se donnant un air très concentré et impliqué. "D'avoir, je cite, jeté un garçon perdu du haut de la tour des sentinelles durant l'exercice de vos fonctions."

Une vague de discussions entremêlées s'intensifia, mais la petite avocate, toute belle et assurée dans sa robe noire rappela le public à l'ordre d'un simple "Chhhhhhhhht... Nt nt nt !" autoritaire et étrangement efficace.
Les garçons perdus adoraient, pour la plupart, ce jeu des procès. Alors souvent ils ne voulaient pas en perdre une miette, ce qui expliquait qu'en général, les séances se déroulaient dans un calme plus ou moins relatif.

"Est ce que vous confirmer ces dires ?" Elle demanda au principal concerné.
"Euh...
- Ce sont des accusations graves.
-...
- TRÈS grave, même." Elle se détourna du sentinelle, marchant un peu au hasard dans la pièce, captant toute l'attention de l’auditoire comme elle savait si bien le faire.

"Accuser un digne représentant de l'autorité, et ce sans aucune preuve, est considéré comme une faute IMPORTANTE ! J'en appelle donc à toute votre attention, votre sérieux et votre intransigeance !"
Elle haussa le ton, sa voix puissante résonnant dans la salle.
Bien que quasi personne ici ne savait ce que voulait dire "intransigeance", ils étaient tout à fait d'accord pour en faire preuve.

"FAITES ENTRER L'ACCUSé !"

Putain mais non mais alors ça, c'était pas possible. Non, non, non. Juste NON. C'était insoutenable. Ca n'aurait pas dû lui tomber dessus.


D'où un procès lui tombait-il sur la gueule en la faveur de cette sale râclure de Right ??? Pas qu'il appréciait beaucoup l'idée d'un déroulé inversé où il aurait été considéré comme la victime et où ce connard aurait été l'accusé. Sinner, dès son réveil, avait refusé de répondre aux questions qu'on lui avait posées. Il n'avait aucune envie que quiconque se mêle de ses oignons. Encore moins dans un pseudo cadre officiel. Sûr que Righteousness allait lui payer ce qu'il lui avait fait. Juste pas comme ça. Question de principes. Pas en passant par ce procédé de merde, par cette justice factice qui n'en avait que le nom, qui écrasait les gens pour de mauvaises raisons. Qui écrasait parfois ceux qui n'étaient même pas responsables de ce qu'on leur reprochait, TRES VISIBLEMENT.

"PUTAIN MAIS VOUS ALLEZ ME LÂCHER BANDE DE SALOPARDS ? C'EST N'IMPORTE QUOI ! MÊME PAS EN RÊVE JE VOUS SUIS ! LÂCHEZ-MOI !"

On était venu le chercher et lorsqu'on lui avait dit pourquoi, ça avait été mort pour que Sinner obtempère paisiblement. Il aurait encore préféré s'enfermer seul dans une pièce avec un loup-garou. Par exemple.

La résistance n'était pas une option. Et on pouvait dire qu'il donnait du fil à retordre aux sentinelles qui le conduisaient sur le lieu de son procès. Cependant, il lui était difficile de lutter contre des horloges comtoises qui pesaient trois fois son poids. A croire qu'on y avait pensé lorsqu'on avait choisi son escorte.

"AH CE PETIT ENFOIRÉ IL... !"

Sinner avait mordu vigoureusement dans la main d'un de ses géoliers et, tel un pitbul enragé, il refusait de lâcher prise. Il serrait de plus en plus fort, espérant faire couler le sang et finir par en avoir bon gré mal gré dans son champ de vision. Tourner de l'oeil à cause d'un tel incident était une bonne option. On aurait difficilement pu le forcer à se plier à cette connerie s'il était inconscient.

Une douleur vive éclata dans l'articulation de sa mâchoire et le força à lâcher sa prise. La sentinelle qu'il avait mordue continuait de beugler. Les cris de Sinner vinrent rejoindre le chaos ambiant. Le groupe brièvement arrêté reprit la marche après une inutile ruade de la part du diplomate qui continuait de lutter dans le vide.

"C'EST CA, FRAPPEZ-MOI C'EST CE QUE VOUS SAVEZ FAIRE DE MIEUX." sans prendre en compte le fait que pour le coup c'était à moitié de la légitime défense. Légitime son cul, ouais. Ils se seraient pas fait bouffer les doigts s'ils étaient pas venus le chercher pour l'obliger à subir la pire injustice (ou presque) qu'il avait jamais subie depuis son arrivée sur l'Île de Jamais. Ils avaient qu'à ne pas accepter de jouer à ce jeu sordide. De permettre sa mise en place, même. "JE. VEUX. PAS. Y. ALLER. C'EST. MORT."

... Fruit de la diligence de ses bourreaux torturés, il serait bientôt arrivé là où on l'attendait.

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"FAITES ENTRER L'ACCUSé !
ALLEZ TOUS VOUS FAIRE FOUTRE !" gueula Sinner comme en réponse aux exigences de l'Argumenteuse. Il commençait à transpirer à grosses gouttes, à force de se débattre vainement. Il était essoufflé et sa voix, éraillée d'avoir trop gueulé. Probablement qu'on l'avait baillonné, et que c'était la seule raison du calme relatif dans lequel Avocado avait pu démarrer la séance.

Ce fut encore une lutte de tout instant pour le mettre sur sa chaise puis, une fois qu'il fut installé, les sentinelles durent bêtement se dire qu'il allait lâcher l'affaire, qu'il ne pouvait pas continuer à jouer au con. C'était mal le connaître.

Livide de colère, Sinner se redressa immédiatement et fit en sorte de prendre la direction de la SORTIE. Il ne passerait pas une seule seconde de plus ici s'il avait la possibilité physique de faire autrement.

Les sentinelles fondirent sur lui pour le remettre à sa place, et ce fut un nouveau concert de cris furieux et de jambes envoyées un peu n'importe où, avec un peu de chance dans un tibia, ou encore entre les jambes des matons qui se payaient la bien ingrate tâche de lui faire tenir le cul sur sa chaise. Ils y arrivèrent mais cette fois, ils ne le lâchèrent pas, désormais mieux conscients de l'impossibilité qu'il y avait de raisonner Sinner lorsqu'il était dans ce (rare) état.

Il ne faisait sans doute que donner des impressions qui joueraient au bout du compte en sa défaveur, mais il n'en avait absolument rien à cirer.

"ALLEZ TOUS VOUS FAIRE FOUTRE !"

L'entré du fameux présumé coupable se fit donc à grand cri et en grande pompe.
Agacée voir même outrée par le hurlement, le visage tout rond d'enfance d'Avocado s'était renfrogné, et comme pour chasser une mouche énervante, elle agita la main devant elle tandis que les sentinelles faisaient leur travail, ramenant Sinner sur le devant de la scène, assit manu militari sur la chaise des accusés.

"Du calme... Je vous en prie, DU CALME messieurs dames !" Elle tempêta autant à l'adresse du public qui s'agitait qu'a celle du garçon traîné de force jusqu'à la. Dans le même temps, le juge tapa trois fois de son marteau sur la palette de bois vernis prévue à cet effet. C'était tout comme un vrai procès ! Sauf que le juge en question avait l'air d'avoir dans les 8 ans trois quart. L'argumenteuse s'approcha du nouvel arrivant d'une démarche fière, le menton haut levé.

"Sinner. Diplomate. Dit, La Fripouille." Un petit sourire sauce rictus sur la mine assorti d'un bref souffle du nez façon rire avorté.
Avocado jubilait.
Cette affaire c'était du tout cuit.
L'accusé portait déjà les stigmates du coupable. Ce procès sera rapide, se disait-elle.
"Confirmez vous votre identité ?" Cette entrée en matière permettait à la fois de présenter les protagonistes au public tout en donnant un semblant de rigueur dans le procédé.

D'habitude, Avocado préférait s'occuper d'affaires complexes ! De coupables que tout désignait comme tel ! Mais aujourd'hui serait une exception.
Est ce que c'était par ce qu'elle appréciait particulièrement Righteousness ? Ou par ce qu'elle avait une autre affaire sur le feu d'une importance bien plus haute et à laquelle elle avait préféré dédié l'immense majorité de son énergie, puisque le temps lui, n'existait pas.
Nul ne le saurait jamais.
C'était juste tombé comme ça.

Un regard vers son client, lui offrant un sourire pétri d'assurance que Right reçu en ravalant sa salive, lui rendant un sourire mais moins vaillant.

Les sentinelles n'avaient réussi à obtenir le calme - somme toute relatif - de Sinner qu'en lui tordant le bras derrière sa chaise dans une position qui rendait tout mouvement douloureux. Lorsqu'il essayait de se débattre, on tirait encore un peu plus pour lui faire mal et le forcer à garder le cul posé à sa place. Il avait bien essayé de se lever deux ou trois fois, mais rien n'y faisait. On lui appuyait sur les épaules pour rendre l'exercice plus difficile, puis le bœuf qui lui tenait le poignet forçait sur son articulation si fort que Sinner avait fini par en glapir de douleur. Si on pressait encore un peu plus on allait finir par lui déboîter un truc.

Il avait les yeux remplis de larmes de rage qu'il se refusait à laisser couler. Il ne supportait pas qu'on le force à participer à cette parodie de procès dégueulasse. C'était intolérable, à tel point qu'il avait l'impression d'être le foyer d'un puissant incendie dont la source était une sorte de boule incandescente placée à mi-chemin entre son estomac et le reste de ses entrailles.

"Sinner. Diplomate. Dit, La Fripouille." annonça la cause de ses emmerdes en la personne de cette horrible petite fouine d'Avocado. Sinner jeta un regard haineux embrasé sur l'avocate autoproclamée. C'était elle qui avait orchestré tout ça. Elle qui avait creusé alors que personne lui avait rien demandé. Elle aussi qui l'avait désigné comme l'accusé en commettant un délit de faciès évident.

Puis même s'il avait été particulièrement occupé à se débattre lorsqu'elle avait annoncé ce dont on l'accusait exactement, Sinner avait entendu. Et ça lui avait retourné l'estomac. Comment les sentinelles étaient en mesure de s'en tirer blanchies malgré des actes graves sous prétexte de représenter une putain d'autorité illégitime de merde. Il n'y avait personne que ça semblait choquer alors que ça aurait dû provoquer une foutue émeute. Le pouvoir que ça leur donnait sur les autres, qui pouvaient même pas se défendre contre les abus qu'ils subissaient à moins d'avoir des témoins (ça dépendait lesquels) et un catalogue de preuves accablantes (même pas dit que ça suffise). Deux poids deux mesures, et assumé en plus.

Sinner n'avait pas quitté l'Ordinaire pour qu'on lui inflige l'imitation de ses pires travers par l'intermédiaire de ces jeux d'enfant cruels. Il ne se souvenait pas des circonstances exactes de son départ, mais de cela au moins il était certain. C'était tout ce qu'il avait voulu fuir.

Parce qu'elle s'était levée d'un coup, il avait repéré sa sœur dans l'assemblée mais il n'avait pas vraiment l'espace mental de réfléchir à ce qu'elle foutait là. Il se demanda brièvement ce qu'elle pensait de tout ça, elle. Est-ce que ça ne l'aurait pas encore plus énervé de le savoir ? Puis il fallut qu'il revienne à cette garce d'Argumenteuse, en train de lui poser une question sur un ton solennel qui lui flanqua des frissons de dégoût incontrôlables.

"Confirmez vous votre identité ?"

Si elle pensait qu'il allait répondre sérieusement à ça, ce qui signifiait accepter de participer à son petit jeu sordide, elle se fourrait le doigt dans l'œil jusqu'au cul.

"Nan tout raté je suis une plante en pot, ça se voit pas ? Pourtant j'ai trois foutus tuteurs qu'on aurait du mal à manquer, j'aurais du mal à pousser de travers HEIN ?"

Il aurait probablement pu trouver une rhétorique plus piquante, mais Sinner n'était pas dans des dispositions mentales adéquates pour ça. Répondre à côté, c'était déjà pas si mal en soi.

Sinner avait les larmes de rage aux yeux, la bouille grimée de haine, les dents serrées et le regard qui fusillait.
Est ce que ça faisait plaisir à Avocado de le voir comme ça ?
Elle eut une moue de travers, exprimant une forme de doute mêlée à de l’embêtement.
Bien sur que non ça ne lui faisait pas plaisir.
L'Argumenteuse préférait toujours quand ses procès se passaient au moins un peu calmement. Comme dans les séries, à la télé. Et que Justice, qui se tenait debout dans un coin, plus en arrière, soit respecté et fête.

"Nan tout raté je suis une plante en pot, ça se voit pas ?" Elle souffla du nez tandis que quelques rires éclatèrent dans la grande salle. "Pourtant j'ai trois foutus tuteurs qu'on aurait du mal à manquer, j'aurais du mal à pousser de travers HEIN ?"

Les yeux noisettes de la jeune fille quittèrent ceux du diplomate en état d'arrestation pour se relever vers les visages des sentinelles qui le maintenaient en place.
Il ne faisait aucun doute de leur utilité à garder le présumé coupable en place, mais "Allez y doucement messieurs s'il vous plait. Les bavures sentinelles sont strictement prohibées au sein de cette salle."

Et seulement dans la salle ?
Allez savoir.

En réaction, les trois détenteurs de l'autorité se jetèrent un regard circonspect alors qu'Avocado reportait son attention sur Sinner, son visage arborant maintenant une expression plus douce.

"Moins tu collaborera et plus ça durera, tu sais. Personne ne te veut de mal ici, nous voulons tout simplement la vérité." Et n'était ce pas la un très beau mensonge ? En partie, c'était certain. "Si tu arrive à retrouver ton calme, ils n'auront plus à te tenir de force en place." La balle était dans son camp.

"Allez y doucement messieurs s'il vous plait. Les bavures sentinelles sont strictement prohibées au sein de cette salle."

Un rictus dur, moqueur, lui ravageait progressivement les lèvres tandis que l'éclat de rire associé, non moins irrépressible, claquait, grinçait dans l'air comme pour le marquer au fer de son mépris. Corrosif. Pour qui cette situation était-elle - serait-elle - la plus dégradante, au final ?

La rage qui débordait de la Fripouille muait. La colère restait mais changeait de moyen d'expression. Dans un premier temps explosive, douloureuse, incontrôlée, elle se coulait progressivement dans un gant de sombre dérision. Elle devenait contondante au même titre que le sourire de petit con qui ne quittait plus les lèvres de l'adolescent, désormais secoué des frissons d'un délicieux chaos qui le nourrissait, qui lui remplissait les poumons à chaque nouvelle respiration, et dont la lueur noire faisait briller ses yeux d'un amusement ouvertement malveillant.

La boule de colère dans son ventre lui donnait désormais de l'énergie plutôt que de lui en prendre. Il sentait ses muscles se détendre. Il se vautra donc dans sa chaise. Redressa le menton. Toujours dédaigneux, sardonique, et défiant.

Il lui riait au nez, à la gamine.
Les "bavures sentinelles", hein ? Comme si c'était pas ce qui les avait menés ici en premier lieu. Interdites dans cette salle ? Seulement dans cette salle ? C'était pas ce que ces faux-culs prétendaient habituellement. C'était même probablement pas ce qu'Avocado avait voulu dire. Restait à savoir si elle avait la naïveté d'y croire vraiment. Elle était un danger public, mais ça restait une gosse pas bien âgée. Pas comme l'autre grand enfoiré blond avec ses yeux de poisson mort qui se tenait debout, là-bas, donnant l'air de pas trop savoir où mettre ses longues guiboles et ses grosses mains. Il avait pas l'air à l'aise, le Rightounnet... Sinner n'avait pas eu la présence d'esprit de le remarquer avant.

Cette situation n'était peut-être finalement pas si pourrie. Qu'en pensait-elle, la grande tige, de toute cette mise en scène ? Sûr que l'idée que le masque puisse tomber devait pas la mettre à l'aise ? Sinner n'avait pas l'intention de donner dans la délation plus qu'il ne l'avait déjà fait sans réfléchir, sous le coup de l'émotion. Rien dans cette justice factice qu'affectionnait Avocado ne tournait droit. Y avait pas à y voir un outil.

Par contre, ça pouvait être marrant d'enfoncer le couteau dans la plaie. De faire en sorte que Right se chie dessus, si possible ? Ça, ça aurait été parfait.

Sinner laissa sa tête rouler dans la direction de sa némésis tout de muscles constituée. Goguenard, il héla la sentinelle pour la prendre à partie :

"Hey ! T'en penses quoi toi, Betty, des "bavures sentinelles" ? Mythe ou réalité ? Toi qui a les infos à la source, je suis sûr que tu pourrais nous faire une synthèse à tomber de pertinence..."

Il fallait répondre au procureur de la peste publique, maintenant... Sinner s'était fait un plaisir d'ignorer les précédentes requêtes d'Avocado, mais à elle aussi il avait bien envie de courir sur les nerfs. C'était de bonne guerre.

"Quant à toi... ouaaaais. Je dois admettre que t'as raison. Ca serait beaucoup moins chiant si je me montrais coopératif, n'est-ce pas ? Ca, c'est sûr... j'suis sûûûûr que ça t'arrangerait !"

Qu'en avait-il à foutre, lui, que ça dure moins longtemps ? Il préférait souffrir et saboter toute cette sordide mise en scène, envoyer chier ses procédures gerbantes et emmerder les hypocrites poisseux qui y trouvaient leur compte. Quel était l'intérêt de ne plus subir de pression physique si c'était pour qu'à la place on le mate par l'esprit ? Si on devait lui forcer la main, il préférait largement que ça soit en lui cassant le poignet plutôt qu'en le rendant sage alors qu'il n'avait pas envie de l'être.

Right lui paierait ce qu'il lui avait fait mais - répétons le - pas de cette façon là. Y avait rien à sauver de ces petits tribunaux mielleux, gardiens d'un système dans les rouages duquel on se faisait écraser dans l'Ordinaire comme ici.

En revanche, essayer de faire mentir Avocado, c'était un bon moyen pour Sinner de corriger le tort qu'on était en train de lui faire.

Pas de bavure sentinelle dans cette salle ?
Ca restait encore à prouver.
Sinner souleva les hanches pour ne plus reposer son poids sur la chaise. Il flanqua un grand coup de pied dedans pour tenter de la faire voler et, ce faisant, de gagner en liberté de mouvement en premier lieu. De perturber ses géoliers en second. Peut-être feraient-ils une erreur et peut-être qu'ils le lâcheraient - on pouvait toujours espérer.

Avec un peu de chance, Sinner aurait le temps de mettre son pied dans les couilles de l'un d'entre eux. En tous les cas, il était en train d'essayer.