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Mephisto
Mephisto

† Vampire †


✘ AVENTURES : 32
✘ SURNOM : L'Éploré
✘ AGE DU PERSO : Sans âge (39 ans)

✘ DISPO POUR RP ? : Oui
✘ LIENS :
God help us -- for art is long, and life so short.

L'Île des Morts - Mephisto(pheles) Empty
MessageSujet: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptyLun 31 Aoû 2020 - 19:22

Mephisto(pheles)


Trucs

Surnom : L'Éploré
Catégorie : Horreur
Espèce : Vampire
Inclination : Loyal neutre/bon généralement, mais sa boussole morale est instable et influencée par sa mauvaise humeur
Lieu de vie : Le Manoir Funèbre


Révérences

C'était une figure d'ange imparfaite, comme figée dans une fin d'adolescence éternelle. Un homme-garçon destiné à ne jamais vraiment vieillir. Un éphèbe au visage allongé perdu sous la touffe souple de ses cheveux blonds vénitiens, charmant, mais pas complètement agréable à regarder. Une esquisse de joli minois taillée trop rapidement : trop aigu, trop marqué. Puis il est devenu quelque chose d'autre et tout forme d'innocence l'a entièrement quitté : ne reste plus que la figure décharnée du vampire, certes sans âge, mais aussi fraîche et engageante qu'une pomme gardée dans le formol. Mephisto a désormais les cheveux noirs, comme la plupart de ses pairs. Plutôt raides, ils tombent largement en dessous de ses épaules. De taille moyenne (à la limite haute), il a un physique arachnoïde. Il est maigre, long et émacié. Son teint cadavérique renforce son apparence malingre. D'énormes cernes noires sous ses yeux trahissent les difficultés quotidiennes qu'il éprouve à trouver le sommeil - il se persuade, du moins, de cette relation de cause à effet.

Drôle d'affliction que l'insomnie, pour un mort-vivant. Et pourtant, Mephisto n'arrive jamais à s'endormir quand il le souhaite : l'angoisse monte, les pensées tournent dans sa tête, et retardent son repos. Le couvercle du cercueil ne change rien aux visions qui le hantent : c'est comme s'il voyait au travers. Dans sa chambre, il vit au milieu des preuves de ses crimes passés. Sa culpabilité le ronge, et il pleure. Il pleure à tel point qu'au réveil, des sillons strient encore son visage pâle.

Il n'y a qu'un seul de ses yeux qui est devenu rouge sang : le droit. Le gauche quant à lui est resté dans sa teinte d'origine : anthracite. Une théorie partagée par beaucoup voudrait que Mephisto soit resté trop proche de son humanité perdue pour que la transformation s'affirme complètement. Le vampire supporte mal d'en être un et voit encore les vivants comme ses égaux.

Ayant vécu à la charnière entre XIXème et XXème siècle, pur produit des milieux bourgeois de son époque, il fait très attention à son apparence et ce n'est pas sa vie sur l'île qui risque de lui faire perdre les habitudes soignées qu'il avait dans l'Ordinaire : Pantalons de costume bien coupés, chemises de belle qualité et vestons aux motifs élégants sont quotidiennement de mise et constituent sa tenue la plus décontractée. Lorsqu'il fait un effort, il porte des costumes plus complets. Lorsqu'il sort dehors, il enfile sa traditionnelle redingote.

Mephisto est moralement très ambigu : il éprouve beaucoup d'empathie pour le vivant. L'idée de tuer ou de blesser quiconque lui est insupportable. Horrifié par ce que sa nature de vampire le pousse à faire, il se flagelle mentalement en permanence. Il est persuadé d'être une horrible créature du mal et de ne pas mériter l'existence - quand bien même il veut exister. Paradoxalement, il est bien le seul vampire qu'il déteste à ce point : il respecte tout le monde au Manoir et éprouve une loyauté intense pour le maître des lieux. Eux, ce n'est pas pareil. Ils ont le droit.

Le moindre acte de cruauté dont Mephisto est témoin le fait pleurer. Il est très émotif. Comme il vit au Manoir, il pleure beaucoup, du coup. Personne ne s'en offusque ou n'y fait vraiment attention. A force, c'est devenu partie de son personnage. Il pleure tellement qu'il le fait souvent sans s'en rendre compte, ou en tous les cas sans en tenir compte : il continue d'agir comme si de rien n'était, allant même - dans certains cas - jusqu'à sourire en même temps.

Quand Mephisto est de très mauvaise humeur, on le remarque rapidement. Son oeil gauche devient aussi rouge que le droit. Indifférent à tout, caustique, il ne verse plus aucune larme. Il devient capable du pire si le pire est pertinent. Pour l'énerver à ce point, il faut vraiment qu'il soit en manque de sang, que Dracula ait eu une exigence très déplaisante, ou que ses élèves aient dépassé les bornes en classe. Certains desdits elèves le surnomment "Docteur Jekyll" pour se moquer de lui (... Il n'aime pas ça du tout). Par contre, les élèves ne se moquent jamais de "Mr Hyde". Un peu trop flippant.

Sa loyauté va plus loin que son sens moral : si Dracula lui demande de faire quoique ce soit, il le fera, dusse t-il aller contre ses valeurs les plus profondes. Et même s'il ne le demande pas, en fait : Mephisto agira toujours dans le sens de ce qui selon lui satisfaira le plus le maître du Manoir. Il ne culpabilise jamais longtemps dans ce genre de situation, car il n'est alors qu'un exécutant, qui de surcroît donne vie aux ordres de son maître absolu : des ordres dont la pertinence est donc indiscutable (... L'inverse serait insupportable).

De son parcours dans l'Ordinaire, Mephisto rapporte sa passion pour la musique et les compétences qu'il y a développées : c'est un bon organiste, et surtout un violoncelliste virtuose. Il s'est adonné à la composition mais s'est rapidement tourné vers une carrière de chef d'orchestre. Il a été nommé précepteur en musique pour les vampires du Manoir et il occupe ce poste avec beaucoup de sérieux. Pédagogue et généralement bienveillant, il est cependant un maître très exigeant et tous ses élèves le savent : Mephisto possède deux visages. Il n'accepte pas de ses pupilles qu'elles se montrent peu travailleuses, ou bêtement médiocres par négligeance. Si le moindre doute pointe, le gentil professeur se transforme en impitoyable dragon. Ses griffes crissent sur le tableau, ses cris résonnent, les punitions tombent, souvent excessives par rapport à la faute commise (... et/ou au "temps" que Mephisto laisse pour les réaliser).

Pourtant, il adore ses élèves. Il les voit comme ses protégés (les enfants lui rappellent immanquablement son fils décédé). Il s'implique énormément dans leur progression et est prêt à tout pour leur permettre d'exprimer leur plein potentiel.

On l'aura compris, Mephisto est excessivement perfectionniste. Tout ce qu'il fait doit être méticuleusement préparé afin de ne le laisser aucune marge à l'erreur. Il déteste se tromper, c'est inélégant. Tout ce qui est au dessous de l'excellent lui paraît médiocre, ce pourquoi il brûle presque toutes ses compositions, lesquelles ne lui paraissent jamais mieux qu'insatisfaisantes. Cela se réflète aussi sur sa pratique instrumentale : il s'énerve régulièrement tout seul. Il ne lui viendrait pas à l'idée de briser ses instruments par contre... Pauvres, belles, merveilleuses choses de bois et de crin dont la voix enchanteresse n'est jamais à blâmer ! Il dispose du travail des meilleurs luthiers. Abîmer de telles pièces serait blasphématoire.

On ne sera pas étonné d'apprendre qu'il pleure aussi lorsqu'il entend (ou joue) de la musique. Ses préférences vont globalement à ce que le XIXème siècle, bouillonnant de nouvelles créativités, a produit : des quatuors allemands à la musique russe (Moussorgski et les autres), les écoles slaves et nordiques (Dvorak, Smetana, Grieg, pour ne citer qu'eux), en passant par les symphonies des grands maîtres (Beethoven, Brahms et tous ceux là). Il ne crache pas sur le répertoire pour piano même si il en est moins proche au niveau de ses pratiques personnelles : Schumann, Chopin, Liszt... Il apprécie énormément la musique à programme, et tout spécifiquement le genre du poème symphonique.

C'est tout le paradoxe Mephisto : il est à la fois étrangement humain et étrangement inhumain. Il est très difficile d'accès, très introverti. Il n'aime pas sortir des situations qu'il connaît. Il aime autrui, mais seulement de loin : il a des tendances misanthropes. Il est très poli, très distant, et fait preuve d'un élitisme décomplexé. Rencontrer l'amour de sa vie l'a rendu plus léger, plus ouvert, mais depuis qu'il l'a perdu, Mephisto s'est renfoncé dans ses habitudes asociales. Il ne tombe pas amoureux facilement et n'éprouvait déjà que très peu de désir pour des inconnus avant de rencontrer Emile. Désormais, il n'en éprouve plus du tout. Sa vie romantique est enterrée avec lui. Il ne vit plus que pour la musique, ses élèves et Dracula.



Unique au monde

Assumant mal sa nature monstrueuse, Mephisto ne veut pas boire de sang. Il ne veut faire de mal à personne. Le problème c'est qu'à force de se restreindre, sa soif devient peu à peu incontrôlable et il arrive toujours un moment où il ne peut plus se retenir. Alors, il chasse et vide immanquablement sa victime de son sang. Lorsqu'il revient à lui, il devient inconsolable : Mephisto pleure, pleure, et pleure encore pour le mort. Puis il va l'enterrer avec les autres, dans un coin qu'il s'est approprié et qu'il décore de fleurs et de jolis cailloux qui servent de pierre tombale. C'est son "cimetière personnel" et il adore y flâner seul, pour rêvasser, jouer du violoncelle, parler à ses victimes ou se lamenter sur son sort. Il déteste lorsque quiconque pénètre cet espace sans le lui demander, à tel point qu'il envisage de l'entourer d'une palissade élégante.

Mephisto récupère toujours un effet personnel sur ses victimes. Ensuite, il crée une sorte de poupée à leur effigie dans les vêtements de laquelle il ajoute le dit effet personnel. Il appelle ces poupées ses "reliques". Les reliques sont toutes entassées dans sa chambre, il vit au milieu d'elles, déterminé à ne jamais les oublier et à souffrir quotidiennement de la culpabilité qu'elles lui infligent.

Pour se punir d'incarner le Mal et de le répandre, il s'est infligé le nom de "Mephistopheles". Quoi de mieux que le nom d'un démon pour une créature telle que lui ? Il a bien évidemment été influencé par Goethe et par les Faust de Spohr et de Gounod, opéras basés sur la même légende. Avec le temps, tout le monde s'est pris à l'appeler "Mephisto". C'est moins long. Ca fait aussi moins pompeux. Mephistopheles, lui, préfère lorsqu'on le nomme entièrement. Mephisto, c'est trop mignon et gentillet. Cela représente mal l'aura dont il a souhaité se parer.

Mephisto est habituellement doux comme un agneau. Sauf s'il a très soif (et/ou s'il est vraiment très énervé, avec une bonne raison de se montrer violent), il ne fera jamais de mal à une mouche. Lorsque Dracula lance une chasse il est habituellement bon dernier, il traîne la patte et arrive volontairement trop tard pour se servir. Oh, mince.

Organiste plus que décent, il joue peu de piano mais sait se débrouiller avec un clavier, bien qu'il ne le fasse presque que dans le cadre des cours qu'il donne. Si on le lui demande, avec les partitions adéquates il reste capable de jouer de nombreuses pièces avec cet instrument mais il n'est jamais entièrement satisfait par les nuances de ses propres interprétations : il préfère de loin écouter celles des véritables pianistes du Manoir. Bien que moins à l'aise avec les autres instruments de la même famille il peut jouer de la contrebasse et dans une moindre mesure il touche à l'alto et au violon. Il s'entraîne à la maîtrise de ces instruments supplémentaires dans le temps libre que lui offre sa vie au Manoir, bien supérieur à celui qu'il avait dans l'Ordinaire.

Il rêve d'entraîner suffisamment d'excellents musiciens pour être en mesure de monter un orchestre de grande taille au Manoir et d'y faire jouer les grandes symphonies. Dans sa chambre ou dans la salle de cours, il en lit tristement les partitions, tout soupirant (... et pleurant) de frustration. Pour le moment, s'il veut les faire jouer, il doit en faire des arrangements pour de plus petits effectifs.

Il enseigne le solfège, l'harmonie, le contrepoint, forme l'oreille et forge la culture musicale de ses élèves, mais il est aussi capable de guider la plupart d'entre eux dans leurs pratiques : évidemment plus à même d'enseigner à haut niveau l'orgue et le violoncelle, il reste capable de donner les conseils initiaux pour débuter dans tous les instruments qu'il a lui-même touchés durant son existence. Bien qu'il ne le fasse que dans le cadre de ses enseignements il sait chanter et peut enseigner un certain nombre de techniques vocales. Il n'est malheureusement qu'un homme (vampire, mais tout de même limité par la nature imparfaite de ce qui a été vivant un jour). Sauf dans ses spécialités, il ne peut suivre ses élèves les plus prometteurs au-delà d'un certain niveau. Mephisto a à coeur de tenir un répertoire d'excellents musiciens, conciliants, amicaux, susceptibles d'aider ses protégés à développer leurs talents d'interprètes quand sa guidance ne suffit plus.

Il est atteint par une certaine forme de misophonie, principalement axée autour des sons répétitifs (le tic tac d'une horloge, une alarme, un doigt tapotant régulièrement sur un support...). Plus cela dure, plus cela lui tape sur les nerfs, allant parfois jusqu'à le faire sortir de ses gonds.

Lorsqu'il joue d'un instrument ou lorsqu'il travaille, il garde par principe ses cheveux attachés. Pour ce faire il utilise un ruban de satin noir qui lui est très précieux, qu'il a récupéré sur le corps d'un être cher.

La langue maternelle de Mephisto est l'allemand autrichien. Dans l'Ordinaire, il parlait aussi français. Il n'a appris l'anglais que récemment, en arrivant sur l'Île, et sa maîtrise de cette langue est encore imparfaite même si perfectionniste comme il l'est, il ne supporte pas ses lacunes, si bien qu'il étudie beaucoup et s'améliore très rapidement. En revanche, il garde un fort accent dans toutes ses langues étrangères, ce qui ne le dérange pas : il assume parfaitement ses origines.



L'île

Comment vis-tu ton séjour à Never Never Land ? Que représente ce lieu pour toi ?  
Ce pays en dehors du temps et de la réalité m'est apparu tel une seconde chance. Si mon bonheur s'est encore envolé, si mes avis sur l'existence que je mène dorénavant sont mitigés, je ne regretterai jamais ma décision de suivre Emile jusqu'au Jamais. J'y ai trouvé la meilleure famille que j'aie jamais possédé, si douce amère soit la vie en son sein.


Regrettes-tu ta vie d'avant ? Voudrais-tu pouvoir retourner dans le monde ordinaire ?  Si tu n'en as jamais connu d'autre, désirerais-tu une autre vie ? L'autre monde te fait-il envie ?
Non. J'ai perdu goût à cette vie avant même de la quitter. Il n'y a plus rien pour moi là-bas. Seule ma nature humaine me manque. Paradoxalement, je n'en voudrais plus si cela signifie que je dois quitter mon existence au Manoir.


Que représente Peter Pan pour toi ? Et le capitaine Hook ?
Leur existence n'est qu'un concept à mes yeux. Je me sens bien éloigné de l'un comme de l'autre. Lorsqu'une obligation me force à voyager - ce que je ne ferai jamais sans raison - je prends mieux conscience de leur influence et de leur réalité sur le reste de l'ïle et de ses habitants, et je me rends compte du point auquel nos vies sont différentes. Hook m'indiffère. Les pouvoirs de Peter Pan sont vaguement inquiétants. Vous auriez plutôt dû me demander ce que je pensais de Dracula. Là, j'aurais pu vous expliquer tout le respect, toute l'admiration qu'il m'inspire.


Développe ta chronologie en dates ou en intrigue :
Leopold Wolf naît en 1874 à Vienne. Il y démarre une carrière de violoncelliste puis de chef d'orchestre mais le comportement oppressif de ses parents le pousse à fuir.

De 1899 à 1905, il vit à Paris. Il y occupe brièvement un poste d'organiste et compose beaucoup. Il revient à la musique orchestrale d'abord comme interprète, puis il trouve une nouvelle place de chef. Il crée son seul opéra : L'Érudit, sur un livret d'Emile Conte.

En 1905 un scandale impliquant le librettiste en question l'oblige à retourner à Vienne. Il s'y marie en 1906. Son fils unique naît en 1907 mais meurt tragiquement trois ans plus tard.

En 1913, le résultat des recherches qu'il mène pour retrouver Emile Conte (mystérieusement disparu) soulèvent un doute dans son esprit. Emile, devenu vampire et projeté sur l'Île, profite de la perméabilité provisoire de ses croyances pour apparaître à face à lui et proposer de le transformer à son tour. Leopold accepte.

Il arrive sur l'île après la défaite du Croquemitaine, suite à l'Intrigue 3. Il est rapidement nommé précepteur en musique au Manoir.

Cloîtré au Manoir tout du long de la Canicule, il la subit à peine et se concentre plutôt sur son travail, qu'il prend très à coeur. Servir Dracula devient l'une de ses raisons de vivre. Il vit une idylle secrète avec Emile.

Emile meurt au cours de la Pluie Salée. Leopold se sent responsable. Comme le ciel inconsolable, il pleure pour la première fois de sa vie et ne s'arrêtera plus jamais. Au quotidien, il ne boit plus de sang et se met involontairement à faire des victimes lorsque la soif est trop forte. Il commence à regarder en face l'horreur de sa nature vampirique et décide de se renommer Mephistophélès pour se punir d'exister.

Le Givre limite ses rares voyages mais sous forme de chauve-souris, il parvient tout de même à atteindre les destinations qu'il souhaite, si bien qu'il s'en soucie relativement peu. Il n'a pas vraiment conscience de ce qui est en train de se tramer.




Les débuts viennois



Aussi loin que remontaient les souvenirs de Leopold, la mort avait toujours fait partie de son existence. Il était né second de sa fratrie et n'avait que quatre ans lorsque son ainé Aloysius avait succombé à la rougeole. Alors même qu'il n'avait gardé aucun souvenir de son frère, Leopold se souvenait distinctement de l'émotion qui l'avait gagné lors de la veillée funéraire : une étrange fascination l'avait poussé à demeurer plus que de raison auprès de la dépouille du garçonnet. Durant l'enterrement, Leopold n'avait pas pleuré. Dissipé en apparence, l'enfant observait avec un plaisir esthétique déplacé tout le décorum qui l'entourait, du cercueil élégant aux fleurs qui l'ornaient, en passant par l'orgue gigantesque qui emplissait tout l'atmosphère par ses accumulations de notes sifflantes.

Leopold était un enfant bizarre. Il aimait les funérailles. Il n'avait pas pleuré non plus lorsque son cousin germain était mort de dysenterie quelques années plus tard, ni lorsque le coeur de son oncle Balthasar avait lâché. Il avait insisté pour participer à la conception de la gerbe funéraire quand quelque temps après, incapable de supporter la perte de son mari, la femme de Balthasar avait mis fin à ses jours. Aux quatre enterrements de ses grand parents, il avait presque tout organisé. Lorsqu'était venu le tour de sa cadette, Hanneliese, suite à une mauvaise chute de cheval, il avait déjà dix-sept ans : sous sa direction stricte, l'adolescente eut droit à une cérémonie magistrale dont il prit soin de composer lui-même la musique.

Madame et Monsieur Wolf ne s'inquiétèrent que très peu de temps des excentricités de leur fils. Au-delà de ses lugubres inclinations, Leopold grandissait tel le jeune homme de bonne famille qu'ils avaient eu l'intention d'élever : il était charmant, il était poli, et surtout il montrait bien plus d'attachement, bien plus d'humanité que son apparente incapacité à verser la moindre larme l'avait laissé penser au premier abord. Leopold vivait son deuil avant, après, mais jamais durant la cérémonie. La mort était une vieille amie. Elle ne le dégoûtait pas, elle ne l'effrayait pas. L'absence de l'être aimé, en revanche, le faisait souffrir à l'instar du commun des mortels. Leopold était le premier à regretter son incapacité à laisser cette douleur sortir au dehors de lui, plutôt que de pourrir en son for intérieur.

Ses yeux restaient désespérément secs, peu importe ce qui arrivait.




Né en 1874 à Vienne dans une famille de musiciens, Leopold Wolf eut dès très jeune l'occasion de s'initier à divers instruments, à commencer par le piano familial. Après quelques tentatives à la flûte traversière qui ne le convainquirent pas, il s'intéressa à la pratique du violoncelle. Son évidente attirance pour les instruments à corde étant percée à jour, il en fit son instrument principal, à la pratique duquel il excella rapidement.

Dès l'adolescence, le jeune homme exprima l'envie de faire carrière dans la musique. Il entra au Conservatoire de Vienne où il entama sans attendre des études qui non seulement lui permirent de parfaire ses pratiques instrumentales, mais aussi de se lancer dans la composition, puis dans la direction d'orchestre. Il eut le privilège d'être l'élève d'Anton Bruckner dans ses dernières années de vie. Bruckner lui enseigna l'harmonie et le contrepoint, et c'est aussi grâce à lui qu'il réalisa un rêve d'enfant en s'initiant à la pratique de l'orgue, instrument dont il devint un interprète tout à fait respectable même si on reconnaissait encore et surtout sa virtuosité à l'archet.

Son talent lui permit rapidement d'intégrer l'orchestre de l'opéra d'État de Vienne puis l'orchestre philharmonique, qu'il dirigea à l'occasion de plusieurs concerts au Musikverein sous la houlette d'Hans Richter, alors chef principal. Ces heureuses opportunités permirent au jeune musicien de sortir doucement de l'anonymat, et de s'entourer d'une aura de prestige naissante sur la scène musicale viennoise. Il reçut de nombreuses propositions pour diriger des orchestres amateurs ou semi-professionnels qu'il refusa presque toutes, rebuté par la qualité de ces formations et par le talent qu'il jugeait insuffisant des musiciens qui les composaient. Il refusa toujours de quitter sa ville natale, pressé par ses parents qui ne voulaient pas le laisser partir et de toute façon peu convaincu de ce qu'il pourrait accomplir en province. Leopold n'était pas connu pour sa patience : il voulait réussir, et il voulait le faire prestement plutôt que de gravir peu à peu les échelons.

En 1898, il accepta finalement un poste de chef permanent au sein d'une scène secondaire, malgré tout très prisée dans la capitale. Dès lors, son implication dans l'orchestre philharmonique fut largement réduite, mais Leopold n'abandonna jamais vraiment l'idée de remplacer son maître à la tête du prestigieux ensemble lorsque son parcours et ses réussites personnelles, actuellement trop restreintes, feraient de lui un candidat crédible.

Son évolution connut un accroc inattendu alors que ses parents, voyant leur dernier enfant grandir et mûrir sans donner l'impression de s'intéresser à quoique ce fut d'autre que sa musique et que ses lubies qu'ils jugeaient lugubres et mortifères, décidaient de durcir leur attitude à son égard. Comment diable était-il possible qu'à son âge, Leopold n'eut jamais donné l'impression de se laisser charmer par l'un ou l'autre des ravissants minois qu'il croisait à l'occasion des nombreuses réceptions données au sein de la demeure familiale ?

Soucieux d'échapper à la pression insupportable que les Wolf mettaient sur ses épaules, Léopold décida finalement de s'exiler. Fonder une famille n'était pas dans ses plans, d'autant qu'il n'éprouvait que de l'indifférence - à tout le mieux - à l'égard de ses prétendantes et des charmes dont elles disposaient.

Seule une ville en Europe disposait d'une aura artistique plus remarquable encore que celle de sa Vienne natale : Paris. A Paris, loin des injonctions des Wolf et malgré une identité musicale française dont Leopold se sentait très éloigné, il pourrait faire carrière et atteindre le succès qu'il recherchait. C'était donc sa prochaine destination.



Épopée parisienne



Leopold ne s'était installé comme chef d'orchestre que depuis une courte année lorsqu'il décida de quitter l'Empire austro-hongrois pour la France. Cette décision fut extrêmement mal vécue par ses parents qui le pensaient fou de quitter la position confortable que ses années de dur labeur venaient à peine de lui permettre d'atteindre. Tout cela pour se lancer dans une aventure hasardeuse qui le conduirait bien loin d'eux.

Ils tentèrent tout ce qui était en leur possible pour le dissuader de partir, mais le jeune homme avait pris sa décision. Ils lui coupèrent les vivres, en vain : Leopold arriva malgré tout à Paris sur la fin de l'hiver 1899, fauché comme il ne l'avait jamais été, mais libre de sa vie et de ses mouvements.

Il lui fallait trouver un emploi en urgence, ce qui le conduisit à prendre une étrange décision compte-tenu de ses précédentes réussites : il s'éloigna provisoirement du monde de la musique orchestrale et se dégota un poste d'organiste dans une paroisse parisienne. Sans pour autant qu'il abandonne ses ambitions, cette parenthèse dans sa carrière lui permettait de renouer avec ses fantasmes enfantins et ce faisant, d'explorer le premier des métiers qu'il s'était imaginé faire, avant que l'âge adulte ne détourne ses passions. Les offices dominicaux, les baptêmes et les noces étaient parfaitement charmants, mais c'est évidemment les jours de funérailles que Leopold paraissait le plus radieux, au grand dam des paroissiens qui face à cet entrain inexplicable jugeaient le musicien malsain, sinistre et malaisant.

Ce fut une période durant laquelle il composa beaucoup, tant dans les domaines sacrés que profanes.

Leopold n'oubliait pas les projets qui l'avaient conduit à s'expatrier si loin de chez lui. Usant de la recommandation de ses connaissances les plus éminentes, il se fit une place dans les salons parisiens et y rencontra de nombreuses grandes figures du paysage artistique européen. Il s'y illustra par ses qualités d'interprète et quitta son poste à l'église en moins d'un an, invité à rejoindre l'orchestre de l'opéra national.

Comme compositeur, il peinait à percer sur la scène parisienne : s'il trouvait un public d'amateurs, beaucoup jugeaient son style trop inadapté au goût français, et parfois trop peu moderne. C'est à cette époque que Leopold, l’ego durement touché par le rejet et l'incompréhension qu'il essuya, commença à brûler ses œuvres : ce qu'il produisait devait être parfait ou ne devait pas exister.

De toutes les amitiés qu'il lia au cours de ses pérégrinations urbaines, l'une d'entre elles ressortait par l'importance qu'elle prit. Emile Conte était pourtant loin d'être la figure la plus célèbre ni la plus éminente qu'il croisa durant cette période. C'était un librettiste de modeste renommée, quoique bien accepté, bien installé. Ils se lièrent d'une amitié immédiate et dont l'intensité le prit de cours. C'était soudain, et c'était très perturbant : la musique n'était désormais plus la seule chose qui comptait.




Désertée à cette heure précoce de la soirée, la grande terrasse du dernier étage était le lieu de prédilection de Leopold, lequel venait s'y ressourcer régulièrement lorsque les conversations abondantes se déroulant dans l'un ou l'autre des salons de cette grande demeure bourgeoise commençaient à lui devenir pesantes. Il n'était pas un animal social et s'il se pliait aux jeu des mondanités pour le bien de sa carrière, afin de maintenir un visage avenant et une conversation agréable avec ses hôtes et leurs autres invités, il lui fallait régulièrement s'isoler. Qu'importe que ses lubies parussent bizarres aux yeux du plus grand nombre. Il était habitué à ce qu'on le prenne pour un original, même dans les milieux artistiques où ils étaient pourtant nombreux à correspondre à cette définition.

Caché dans un coin sombre, les coudes posés sur le garde-corps, il porta à ses lèvres les derniers résidus d'alcool restant au fond de la flûte qu'il avait emportée pour boire seul sans le moindre scrupule. Au travers de la porte-fenêtre entrouverte, il entendait les instruments s'évertuer à donner corps à une nouvelle oeuvre. Le silence musical était sublimé par l'obscurité triomphante qui régnait sur la capitale française et dans laquelle Leopold se laissait happer tel un bienheureux. Le vent frais supprimait ses dernières traces de migraine. Chaque instant passé à se taire et à contempler le vide, tout simplement, améliorait son humeur et ravivait son énergie.

"Ah, te voilà. J'étais certain que tu serais ici."

Cette voix brisait l'instant privilégié qu'il était en train d'avoir, mais Leopold n'était pas dérangé car il avait reconnu Emile. Il était toujours heureux de voir son jeune ami, cela même lorsqu'il avait besoin de calme. Être avec lui, c'était comme d'être seul. De la part de Leopold, ce constat tenait lieu de compliment. L'autrichien eut un sourire radieux et se tourna de telle sorte à inviter Emile à approcher.

"Me montrerais-je trop prévisible ? C'est bien fâcheux." plaisanta t-il pour nourrir la conversation.

"Fâcheux ? Je ne le vois pas ainsi. Au moins, je n'ai jamais aucun mal à te trouver. Et puis la maison est pleine à craquer, ce soir. Même moi, je préfère être ici.
- Devrait-on craindre l'arrivée de quelques inopportuns, dans ce cas ?
- Pas de façon imminente, sois tranquille. Ils sont tous absorbés par leur discussions, d'autant que Monsieur Fauré vient d'arriver.
- Oh, je devrais probablement aller le saluer...
- Inutile de te presser, il sera toujours là dans deux heures, et probablement moins occupé.
- Oui, tu as raison."

Emile était désormais installé à côté de lui. Ils observaient tous les deux l'horizon noir et il y eut un silence qui tint plusieurs dizaines de secondes. Ce silence n'avait rien d'embarassé. Il était au contraire débordant de contenu, à commencer par une allégresse muette qu'on lisait encore dans les yeux de chacun lorsqu'Emile se tourna pour aborder un autre sujet.

"Tu n'as pas oublié pour demain, pour la première de "Louise", n'est-ce pas ?
- Bien sûr que non. Je serai à l'heure, comme toujours.
- J'espère bien ! Une oeuvre qui pendant presque dix ans n'a pas réussi à se faire représenter dans son intégralité, voilà qui attise ma curiosité. Il paraît que le sujet est osé.
- Bien évidemment. Tu n'aimes rien de plus qu'un bon scandale, surtout lorsqu'il n'agace que les esprits les plus fermés."

Leopold faisait semblant d'être lassé, mais son expression réjouie trahissait ses véritables émotions : c'était un trait de caractère qu'il appréciait chez son ami, lequel se montrait parfois frondeur, taquin, irrévérencieux, mais parvenait toujours à doser ses écarts de sorte à ne jamais vraiment paraître incorrect ou indécent.

"Lorsque j'écrirai pour toi, je ne restreindrai pas ma plume. Je me moque de ce qu'ils penseront, je créerai une oeuvre qui nous décrit."

Leopold eut un rire contenu, persuadé qu'Emile était encore en train de raconter n'importe quoi pour l'amuser. La scène parisienne était cruelle et très fermée pour les jeunes compositeurs qui comme lui n'avaient pas encore réellement fait leurs preuves aux yeux du public ni des grands pontes à la tête de la programmation musicale des salles.

"Il ne manquerait plus que ça. Ils trouvent déjà que je ne m'adapte pas assez, tu ne ferais que les conforter dans leurs certitudes. Si je dois composer pour l'opéra un jour, ça ne sera pas ici."

Leopold n'avait remarqué ni la façon dont Emile s'était rapproché de lui, ni l'expression terriblement sérieuse qu'il abordait dorénavant. Il ouvrit des yeux ronds lorsqu'il sentit la main du jeune homme recouvrir la sienne et tourna son regard sur lui juste à temps pour constater que leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

"Ne dis pas d'idioties. Ne laisse pas leurs critiques t'atteindre si facilement. Ne les laisse pas t'arracher ton identité. J'aime ta musique. Je ne suis pas le seul. Pour reprendre tes mots : agaçons les esprits les plus fermés. Je veux écrire pour toi. Je le ferai, si tu acceptes.
- Personne ne voudra créer l'oeuvre nulle part...
- Je les convaincrai, tu verras. Essayons. Faisons le, je t'en conjure..."

La sujet de la discussion avait dévié. Il était clair qu'on ne parlait plus uniquement de musique. Ils se dévoraient du regard, et il y avait dans l'air quelque chose d'indescriptible. Son corps réagissait à la proximité d'Emile, cela le prenait de court, et lorsque le jeune homme fondit sur lui, le contact engagé lui apparut comme une suite évidente. Leopold se laissa emporter comme par une vague scélérate dans une mer de tempête, sans lutter contre le bonheur qui l'envahissait.

"... Oh !"

Exclamation prononcée par une voix féminine qui fit brutalement retomber Leopold dans la réalité. Il s'écarta immédiatement, en proie à la panique, et il remit de l'ordre dans ses vêtements.

"Agathe, ce n'est pas du tout ce que...
- Bien sûr que si ! Je le savais."

La jeune femme gloussait, les yeux brillants d'une complicité qui se voulait rassurante. Par chance, elle était leur amie à tous les deux, et elle se montrait presque aussi dissidente qu'Emile lui-même vis-à-vis de nombreuses règles sociales implicites. Elle s'éclipsa suite à un clin d'oeil appuyé.

"Je vous laisse seuls... Ne t'inquiète pas, Leopold, votre secret est bien gardé avec moi."

Mais c'était trop tard : l'autrichien avait l'estomac retourné. Il comprenait encore très mal ce qui venait d'arriver, mais il avait deux certitudes : d'une, c'était quelque chose d'important. De deux, il ne voulait pas que cela s'évente.

"Allons... Tout va bien. Tu connais Agathe, elle en a vu d'autres.
- Ce n'est pas le problème !" éclata t-il en arrêtant enfin de fuir le regard d'Emile. "Cela aurait pu être quelqu'un d'autre... N'importe qui.
- Leopold...
- ... Pas ici. Pourquoi ici ? Ca ne peut pas se savoir, tu sais ce qui arriverait.
- Leopold. Puis-je t'inviter chez moi, ce soir ? Nous... parlerons de notre oeuvre commune. Car j'insiste : elle existera."

Leurs regards se croisèrent une dernière fois, et Leopold offrit au librettiste son accord silencieux. Chez Emile, après la soirée. Quelque chose lui disait qu'ils ne parleraient que très peu d'opéra. Tourneboulé, Leopold décida de retourner à l'intérieur. Il aurait eu besoin d'espace pour penser, mais il devrait se contenter de musique et de discussions plus ou moins futiles, plus ou moins profondes, qui l'en empêcheraient justement.

--

Dès 1901, Leopold parvint à décrocher un poste de chef au sein d'un orchestre parisien de renommée équivalente à celui qu'il avait quitté à Vienne deux ans plus tôt. Au grand dam d'Emile, le jeune homme s'éloigna à nouveau de la composition bien qu'il continuât à produire quelques oeuvres restreintes de l'ordre de la musique de chambre, et quelques rares pièces symphoniques.

La relation qu'entretenaient Emile et Leopold était au beau fixe à l'exception des inquiétudes quasi-paranoïaques que ce dernier nourrissait à propos de leur réputation. Les rumeurs allaient bon train mais Emile respectant le besoin de discrétion de son amant, personne à l'exception de leur amie et confidente Agathe Lefebvre n'aurait jamais rien pu prouver. Les "On dit" amusaient Emile. Ils horripilaient Leopold, ce qui était probablement leur plus grande source de désaccord.

Les quelques réalisations auxquelles Leopold était parvenu à Paris permirent à sa famille de le retrouver. A son grand dam, ils lui infligèrent un majordome qui n'en avait que le titre. Le premier réflexe de Leopold fut d'envoyer l'employé sur les roses : il était désormais indépendant et n'avait pas besoin d'obéir à ses parents, ni de subir leurs crises d'autorité. Il lui apparut rapidement que rien ne servait de refuser les services de cet homme qui d'une manière ou d'une autre resterait à Paris, écumerait les milieux que Leopold fréquentait, et ferait des rapports réguliers aux Wolf. Mieux valait qu'il le garde près de lui, là où il pouvait dans une certaine mesure le contrôler. Franz l'épiait constamment. Il surveillait ses moindres faits et gestes, exacerbant les angoisses du musicien qui était désormais obligé de mentir, de ruser pour rencontrer Emile en secret, et qui ne pouvait plus l'inviter librement chez lui.

Opiniâtre comme il l'était, Emile écrivit sans le dire le livret d'opéra qu'il avait promis de dédier à Leopold. Il en exclut cependant tout sujet ouvertement scandaleux, conscient du refus immédiat qu'il aurait essuyé. C'était une énième reprise du mythe de Faust, que Leopold affectionnait tout particulièrement. Emile en avait retiré toute forme de surnaturel et sans lire au travers des métaphores soignées du librettiste, on aurait aisément pu passer à côté de la référence. Malgré son scepticisme initial, Leopold se laissa convaincre lorsqu'Emile, en usant de son réseau comme de son franc parler légendaire, parvint à décrocher l'assentiment conditionnel d'Albert Carré, alors directeur de l'opéra-comique. Il consentirait à intégrer l'oeuvre dans la programmation de la salle Favart à condition d'être convaincu par le produit fini.

L'offre ne se refusait pas et de 1903 à 1904, Leopold créa les pages de musique destinées à soutenir l'histoire de L'Érudit. Il s'infligeait tout seul une pression terrible qui le poussa à recommencer encore et encore, au point de rendre Emile fou de frustration, et malheureux de le voir régulièrement détruire des créations qu'il jugeait parfaitement correctes.

La première eut lieu le 25 novembre 1905 et rencontra un succès relatif. Leopold recevait encore et toujours les mêmes critiques : pas assez moderne, pas assez français. Cette première et unique oeuvre pour l'opéra permit au jeune homme d'acquérir une nouvelle notoriété. La scène parisienne eut un regain d'intérêt soudain pour ses compositions symphoniques précédentes. On lui proposa de créer la musique d'une féérie basée sur l'oeuvre de Shakespeare, projet qu'il accepta, mais auquel il n'eut jamais l'occasion de se consacrer. Son succès naissant était sur le point de lui porter malheur.




"Quelque chose te tracasse ?"

Leopold se tourna sur l'oreiller pour faire face à Emile. Ses cheveux blond roux décoiffés par la nuit formaient une broussaille qui accentuait le trouble sur le visage de l'autrichien. Emile glissa ses doigts entre les fibres claires pour les remettre en place.

"Cela ne peut plus continuer, il faut que nous fassions quelque chose contre ces rumeurs."

Emile soupira et se tourna sur le dos, une main derrière la nuque. Il fixait le plafond, las de ces crises d'inquiétude régulières.

"Tout va bien, Leopold. Ce genre de rumeurs est monnaie courante, et nous ne faisons aucune sortie à risque. Grand Dieu... ! Tu ne me laisses même pas t'envoyer mes lettres par courrier, j'ai l'air idiot à te les remettre en main propre.
- Franz se doute de quelque chose. Je le sens, je le vois. Je le prends couramment à fouiller les tiroirs et les étagères.
- Tu ranges toujours tout sous la dalle de la cave ?
- Dès que je suis certain qu'il n'est plus là, et sinon je les garde sur moi.
- Alors il ne trouvera rien. Rien du tout. Tout va bien, tout continuera d'aller bien, ne te fais pas tout ce mouron..."

Emile prit Leopold dans ses bras et déposa un baiser fugace sur son front. Il allait effectivement falloir agir, mais pour des raisons différentes. L'anxiété du musicien créait des tensions dans leur relation et surtout, Emile détestait voir son ami dans un tel état.

--

Montmartre. Le Moulin Rouge et ses vapeurs licencieuses. Leopold avançait, sceptique, avec l'impression de se faire traîner lentement mais sûrement dans les flammes de la Géhenne. Ils venaient voir une opérette dont l'intitulé scabreux ne lui disait rien qui vaille. De toute façon, Leopold détestait l'opérette.

"Je ne suis pas certain d'aimer ton idée.
- Eh bien si tu en trouves une meilleure, préviens moi. Il faut savoir ce que tu veux !"

Leopold soupira, et capitula. Il n'avait effectivement pas de meilleure idée, alors il faudrait qu'il subisse cette torture avec complaisance.

Près de la voiture, Franz attendait, droit comme un piquet. Ses petits yeux brillants ne cillaient pas, et ne quittèrent la silhouette des deux amis que lorsqu'ils s'engouffrèrent dans le théâtre.

--

"Vous avez compris ? Je souhaite que vous restiez avec eux aussi longtemps qu'il le faudra.
- Hm hm... Et je vous retrouve ici toutes les semaines, avec la somme promise.
- Évidemment. Trouvez des preuves écrites et lorsque vous les aurez réunies, nous aviserons.
- Vous avez intérêt à être à la hauteur, herr Franz."

Un ton un brin sucré, un brin moqueur, auquel l'homme répondit de façon cassante.

"Vous aussi, Mademoiselle, vous aussi..."

--

Ils sortirent du théâtre avec des expressions très différentes. Leopold paraissait plus maussade encore qu'à son arrivée. Emile était radieux, encore hilare des derniers gags qui s'étaient déroulés sur scène.

"... Grossier et ridicule. Cette partition est un véritable torchon.
- Cesse donc d'être toujours aussi sérieux... C'était plutôt amusant, non ?
- Ça ne m'a pas fait rire.
- Ah oui, j'ai remarqué."

Une femme était adossée contre le mur, à la sortie. Elle fumait une cigarette, ce que Leopold trouvait vulgaire. Il reconnaissait l'une des danseuses qu'il avait vues sur scène. Cela n'adoucissait pas son avis sur le personnage. Il voulut l'ignorer, mais elle les observait intensément et elle leur adressa finalement la parole.

"Je vous connais, vous... Vous faites de la musique, non ? J'ai vu vos têtes dans le journal. L'Érudit, c'est ça ?"

Les deux hommes se regardèrent. Une photo de leur visages avait effectivement été ajoutée à l'article qui précédait la première. La jeune fille gloussa, tapota sa cigarette pour en faire tomber la cendre puis ajouta, l'air complice :

"Vous n'êtes pas les premiers à vouloir donner le change en venant ici, vous savez... Aaaah si je les comptais, les prétendus meilleurs amis qui viennent lorgner ce qui ne les intéresse pas pour donner l'impression du contraire.
- ... Quelles insinuations ridicules."

Face à une attaque si frontale, si peu enrobée de manières, les deux hommes peinaient à garder l'air aussi innocent qu'ils l'auraient souhaité.

"Je pourrais vous aider, vous savez... On pourrait s'arranger, et du coup, personne n'y verrait que du feu."

Leopold se détourna prestement de la jeune femme, sans répondre. Il fut bientôt rejoint par Emile qui à l'inverse avait hésité un instant. Qu'avait-elle en tête, exactement ? Ils ne le sauraient probablement jamais, car ils étaient déjà en train de monter dans la voiture. Un regard froid passa entre la danseuse et Franz alors que ce dernier fermait la porte du véhicule derrière ses passagers.

--

Les murs de la demeure d'Emile vibraient des hurlements de Leopold, auxquels le jeune français tentait de répondre plus calmement.

"ON NE PEUT PAS FAIRE CONFIANCE A UNE INCONNUE. Tu ne sais pas ce qu'elle nous veut, tu ne sais pas si elle est digne de confiance... Diable ! Tu as vu le mauvais air qu'elle se donne ?
- Mais nous pourrions au moins l'écouter... Et elle m'a donné une bonne idée. Quoi de mieux que de faire semblant de se fiancer, si tu veux que les soupçons disparaissent ?
- Tu ne sais pas si c'est ce qu'elle voulait. Tu penses vraiment qu'elle voulait se fiancer à toi, juste comme ça ? Non mais tu rêves ! De ce que j'en comprends, elle était peut-être en train de nous proposer quelque chose de très indécent. Pourquoi elle ? Pourquoi pas n'importe qui d'autre ?
- Parce qu'elle est déjà au courant et qu'elle ne se fera jamais d'illusions. Je ne veux infliger cela à personne.
- Et Agathe ?
- Agathe est déjà fiancée.
- Nous avons d'autres amies.
- Et tu les mettrais dans la confidence, maintenant ?
- Mieux vaut elles qu'une inconnue. Une danseuse de cabaret !
- Et tu te montrerais si cruel que leur demanderais de sacrifier leur jeunesse pour nous ?
- Les fiançailles n'iraient pas jusqu'au bout, n'est-ce pas ? L'engagement ne serait que très ponctuel ? Rah ! Pourquoi suis-je en train de te répondre. Quelle idée monstrueuse. Je préfère penser que tu ne l'as jamais eue. Nous savons très bien qui cette femme fiancerait, et je ne supporte pas l'idée de la voir à ton bras. Nous ferons sans. Je ne veux plus en parler."

--

Emile avait insisté pour y retourner. C'était peut-être à force qu'on les lui inflige, mais Leopold trouvait ces opérettes légèrement moins indigestes que dans les premiers temps. Elles restaient, en revanche, ennuyeuses à souhait.

"Il faudra que vous m'invitiez ailleurs, un de ces jours, les amis... Je serais curieuse de voir Leopold tirer mieux qu'une tête d'enterrement devant un spectacle."

Le concerné pouffa. On avait beau dire, en quelques mois, son avis s'était largement adouci sur de nombreux points, à commencer par son actuelle interlocutrice, qu'il avait appris à apprécier. Violette était revenue vers eux, mais ne leur avait jamais reparlé des plans douteux de la première fois. Elle s'était montrée étonnamment amusante, agréable, et bien plus cultivée que Leopold ne l'aurait imaginé. Ils avaient fini par lier une sorte d'étrange amitié. Leopold n'aimait pas les spectacles du Moulin Rouge, mais il appréciait le temps passé avec la danseuse sur ses pauses.

"Ah, je te prends au mot ! Au prochain événement, compte sur moi pour t'inviter.
- Alors ça, c'est adorable.
- Je peux très certainement te trouver un ticket pour l'un des concerts de la semaine. Nous jouons la Symphonie n°9 de Dvorák, je suis sûr que cela te plairait beaucoup.
- Je n'en doute pas, mais si tu diriges tu seras de dos, et ce n'est pas comme ça que je verrai ta tête ! Ça me fait penser que je ne t'ai jamais entendu jouer. Oh, je veux t'entendre jouer du violoncelle.
- Voudrais-tu venir à la maison ?
- Emile ?
- Eh bien quoi, c'est une bonne idée, non ? Je pourrais même jouer du piano. Et toi, Violette, tu chantes très bien !
- Si tu invites une jeune femme célibataire seule chez toi, prend garde à ce que l'on croira !
- En ai-je quoique ce soit à faire ?
- Je me fais peu de souci pour ma vertu...
- Shttt... Vous êtes pire que des enfants."

L'idée était lancée. En réalité, elle plaisait à tout le monde.

--

Personne ne savait vraiment ce qui se tramait dans la demeure d'Emile Conte. Leopold continuait de le visiter en secret et parfois, une jeune femme grimpait les marches à son tour. Quelques voisins se posaient des questions mais dans l'absolu, cette compagnie féminine inattendue désenflait les rumeurs plus qu'elle ne les alimentait. Il était de moins en moins question de l'inversion sexuelle soupçonnée de monsieur Conte. Quelques plaisanteries graveleuses, de temps à autre, laissaient entendre qu'il défiait courageusement les lois en ramenant Pigalle à son domicile, mais le fait est que personne ne s'y intéressait vraiment.

Derrière ces murs, faisant fi des mœurs sociales trop strictes, trop étriquées pour eux, les trois compères s'amusaient beaucoup. On faisait de la musique, on discutait, on buvait, on fumait, on jouait aux cartes. On faisait tout ce qui se faisait en société, mais en comité restreint et sans avoir à se cacher. Cela convenait bien mieux à Leopold que les salons qu'il avait tendance à déserter, ces derniers temps.

Parfois, souvent, leurs activités s'éternisaient trop tard pour que Violette puisse rentrer prudemment. Cela n'avait guère d'importance : elle prenait la chambre d'amis. Elle savait qu'Emile et Leopold dormaient ensemble.

En pleine nuit, lorsqu'elle était certaine que tout le monde était assoupi, Violette quittait son masque. Elle se levait en silence et fouillait la maison de fond en comble à la recherche des courriers qu'on la payait pour dérober. Franz lui avait dit qu'il n'avait rien trouvé chez Leopold. Elle commençait à craindre que ces écrits n'existent tout simplement pas.

Elle avait cherché partout, sauf à l'endroit le plus évident et pourtant le moins accessible : la chambre des deux amants. Le cœur battant, elle décida ce soir là de franchir le pas.

Violette ouvrit discrètement la porte et entra, un œil tourné sur le lit. Les deux silhouettes étaient entremêlées. Elle entendait leur respiration lente. La profondeur évidente de leur sommeil lui permit de retrouver un peu de calme et elle avança jusqu'au bureau d'Emile dont elle commença aussi doucement que possible à étudier le contenu.

C'était rageant, frustrant. Elle ne trouvait que des factures, des courriers sans intérêts, des ébauches de textes et d'histoires stockées sans aucune forme de classement. Chaotiques et brouillons, à l'instar de leur propriétaire.

C'est alors qu'elle remarqua la présence d'une légère irrégularité dans le fond d'un tiroir. Un déclic. Une pile de courriers. Ses yeux s'illuminèrent. Sans en avoir encore étudié le contenu, elle en était déjà certaine : elle avait enfin trouvé.

--

"Voilà. Tout est là. Plus que vous n'en avez besoin, je pense. Qu'est-ce que vous allez en faire ?
- Ce qu'il faudra. J'aimerais que vous preniez quelques une de ces lettres et que vous alliez parler aux journalistes. Expliquez ce que vous avez vu. Inventez, s'il le faut, mais rien qui n'atteigne Maître Wolf dans sa dignité plus que nécessaire. Ses parents n'approuveraient pas.
- Sont-ils seulement au courant de ce que vous faites ? Je doute qu'ils approuvent vos méthodes, tout court. Qu'est-ce que vous essayez d'accomplir ? Vous allez détruire leur existence, vous vous en rendez compte ? La carrière de Leopold vient tout juste de s'envoler ! Le scandale va être immense.
- Mademoiselle, je crains que vous ne vous soyez trop attachée. Cela ne vous concerne pas. Maître Wolf et Monsieur Conte ne sont pas réellement vos amis, vous le savez autant que moi. Vous les avez piégés et ils ne vous le pardonneront jamais."

En proie à la colère, Violette plaqua les courriers contre le torse du majordome et le laissa en récupérer le contenu froissé.

"Je m'en moque bien. Débrouillez vous avec ça. J'ai fait ma part, ne comptez plus sur moi pour vous aider.
- J'ai encore les moyens de transformer votre vie en enfer, Mademoiselle. Ne m'obligez pas à mettre ces menaces à exécution."

Franz parcourait des yeux les lettres à toute vitesse. Il en sortit trois ou quatre du paquet et les tendit à Violette.

"Prenez ceci, et allez voir les journalistes. Dites que vous vous êtes chamaillés et que vous voulez vous venger."

Impuissante, Violette saisit les pièces à conviction qu'on lui tendait. Elle ne savait pas de quoi Franz était réellement capable et elle avait trop peur pour se risquer à le découvrir. Elle siffla entre ses dents puis se retourna sèchement pour prendre congé de son interlocuteur sans le saluer.

--

Ce matin là, lorsque Leopold arriva dans la salle de répétitions, quelque chose dans l'air avait changé. Il sentait de nombreux regards se tourner sur lui. Partout où il arrivait, le silence se faisait subitement et lui paraissait terriblement lourd. Il fronça les sourcils sans comprendre et lança quelques instructions basiques à ses musiciens : il fallait installer les chaises, faire venir les gros instruments.

"Leopold, pardonnez-moi... Est-ce que vous auriez..." Un geste en direction du couloir. "... Juste deux minutes ?"

Subitement très anxieux, Leopold suivit sans broncher.

"Est-ce que vous avez lu le journal ce matin ?
- Pas vraiment. Pourquoi ?
- Vous devriez regarder l'article qui présente nos prochaines représentations. Tenez, je vous l'ai apporté. Non, pas comme ça. Vous devriez vous asseoir sur le banc."

Ce qu'il fit encore une fois sans se plaindre. Leopold repéra l'article et commença à le lire. Il perdit peu à peu ses couleurs et avant que ses yeux n'aient l'occasion d'atteindre la fin du texte, il avait perdu son visage dans ses mains.

Tout avait filtré. Il ne comprenait pas comment, mais c'en était fini du secret. Il était percé à jour.

--

Cela faisait longtemps que la maison n'avait plus accueilli ce genre de hurlements.

"JE TE L'AVAIS DIT. JE T'AVAIS DIT QU'ON NE POUVAIT PAS LUI FAIRE CONFIANCE.
- Je sais Leopold. Je ne lui faisais pas vraiment confiance non plus au début. Elle nous a totalement dupés."

Coupé dans son élan, le compositeur se rendait à l'évidence : il ne pouvait rendre Emile responsable de cette situation. Violette s'était jouée de lui au même titre que de son ami librettiste. Ils n'étaient pas plus coupables l'un que l'autre. Terrorisé, il sentait quelque chose picoter l'intérieur de ses paupières et il ne comprenait pas de quoi il s'agissait. Il n'avait jamais pleuré, et c'était la première fois qu'il en était si proche.

"Oh Emile mon dieu qu'allons-nous faire...
- Je ne sais pas, mais ce ne devrait pas être si terrible... Je veux dire, nous ne sommes ni les premiers, ni les derniers. Cela sera t-il si différent des rumeurs ? Nous ne faisons rien d'illégal, rappelle t-en. On finira par l'oublier.
- Je n'y crois pas. Nous serons fichés. Cela suivra nos noms éternellement et cela entachera toutes nos relations. Et tu sais autant que moi que la loi n'est pas si claire. Que ceux qui l'appliquent la tordent selon leurs désirs, et qu'ils se feront un plaisir de nous faire payer le moindre écart de conduite.
- Je... Je ne sais pas. Je veux croire que ça va bien se passer. Je ne veux pas te perdre."

Et c'était la première fois qu'Emile lui donnait l'impression d'être aussi effrayé. Leopold l'était aussi. Il aurait voulu répondre "moi non plus", mais les mots restaient coincés dans sa gorge malgré la force avec laquelle il les ressentait. Même à demi-mots, il ne voulait pas promettre ce qu'il était incapable d'assurer. L'avenir ne lui avait jamais paru aussi incertain.

--

Franz faisait face au jeune homme et il y avait dans ses yeux une lueur triomphante.

"Vos parents sont très mécontents de ce scandale, comme vous pouvez l'imaginer. Ils vous somment de revenir immédiatement à Vienne, ou l'information ne s'est pas encore propagée. Vous réglerez ensemble la question de cette fâcheuse aventure et de ses conséquences pour votre renommée. Ils ont quelques options à vous présenter."

La vie avait quitté les yeux de Leopold. Cela faisait plus d'un mois qu'Emile avait disparu sans laisser de trace, sans donner d'explications. Il subissait le lourd jugement du plus grand nombre et la presse ne perdait pas une occasion d'étaler sa vie personnelle. Les récentes révélations transparaissaient même dans les critiques musicales qu'on écrivait au sujet de ses œuvres. Il n'avait plus l'énergie de se battre, ni de supporter plus longtemps cette situation.

"Qu'est-ce qui vous fait croire que je vais vous suivre ?
- Quelque chose vous retient encore, peut-être.. ? N'essayez pas de me faire croire que vous assumez ce qui arrive. Vous serez mieux à Vienne.
- Vous étiez de mèche avec Violette, avouez le... Pourquoi aurait-elle fait ça toute seule ? Qu'avez-vous fait d'Emile ?
- La disparition de votre ami est peut-être la meilleure chose qui vous soit arrivée depuis longtemps, mais croyez moi quand je vous dis qu'elle n'est pas de mon fait. Pour qui me prenez-vous ?
- Vous êtes une ordure, Franz, et de votre part, je m'attends à tout.
- Vous serez prêt, demain. Nous partirons à l'aube. Réglez ce qui doit l'être, mais n'emportez que le minimum. Nous rapatrierons vos affaires plus tard."

Leopold claqua la porte de sa chambre au nez du majordome, dernier acte de rébellion avant qu'il ne courbe l'échine face à ce qui se présentait comme une fatalité. Sa famille avait gagné.




Dernière édition par Mephisto le Lun 14 Sep 2020 - 9:22, édité 30 fois
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MessageSujet: Re: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptySam 12 Sep 2020 - 13:46


Retour à Vienne



Débuta alors une triste période dans la vie du musicien. Le retour à Vienne s'opéra rapidement. Là-bas, Leopold retrouva un certain anonymat, mais il ne profita guère de ce répit car ses parents l'accueillirent de la plus désagréable des façons. Les préférences désormais affichées de leur enfant étaient une crainte enracinée en eux depuis des années. Celle-là même qui les avaient conduits à faire pression sur lui pour qu'il trouve une fiancée, poussant accidentellement Leopold à fuir jusqu'en France.

En temps normal, leur silence, leur mépris, leur sensible déception n'auraient guère ému le jeune homme, mais Leopold était très atteint par tout ce qui venait de lui arriver, du scandale parisien à la disparition d'Emile, en passant par l'humiliation pour un homme adulte d'être forcé par ses parents à rentrer au domicile familial. Le caractère de Leopold se durcit. Son humeur prit une couleur sombre persistante. Taciturne et solitaire, misanthrope à bien des égards, il perdit le peu d'indulgence que le temps passé en compagnie de Violette et Emile lui avait octroyé. La trahison de la danseuse y était évidemment pour quelque chose. Il regrettait de s'être laissé aller.

Il se fit présenter un choix entre deux options qui n'étaient guère plus enviables l'une que l'autre : il devait faire une croix sur son ancien mode de vie et accepter de se marier immédiatement, ce qui peu à peu permettrait d'étouffer les rumeurs et de faire oublier les récits de ses frasques honteuses. S'il refusait, les Wolf n'hésiteraient pas à le faire interner pour maladie mentale. Ils étaient prêts à essayer sur lui les méthodes les plus expéditives. Soucieux de se préserver des électrochocs voire d'un éventuel recours à la lobotomie, Leopold opta pour la solution qui lui était encore la moins dommageable.

Il n'eut pas voix au chapitre quant à l'identité de sa promise, mais à ce stade, ce n'était qu'un détail pour lui : ce mariage serait invariablement malheureux pour lui comme pour sa future. Les noces eurent lieu dans le courant de l'année 1906. Les époux ne se connaissaient pour ainsi dire pas. On les avait forcé à se rencontrer à deux reprises, une semaine au préalable. Elizabeth était une femme intelligente, avec un fort caractère et beaucoup de répondant. Autant de traits de personnalité qui auraient pu plaire à Leopold s'ils s'étaient exprimés autrement. Car il en eut la certitude dès l'instant où elle lui adressa la parole pour la première fois : Ils vivaient dans deux mondes parallèles, et elle ne ferait aucun effort pour le rejoindre à mi-chemin. Elle l'observait froidement, mécaniquement. L'image qui se reflétait dans les yeux d'Elizabeth était à peine humaine. A peine digne de respect.

--

CW : Tentative avortée de relation sexuelle effectuée à contrecœur par les deux partis. Quelques gestes sous-entendus. Langage plus ou moins explicite (façon XIXème/XXème c'est pas non plus folichon)

La journée avait été épuisante. Il avait fallu faire semblant d'avoir le cœur aux festivités, de la cérémonie à l'église au repas opulent que les Wolf avaient organisé dans le jardin de leur villa. Soucieux de répandre l'information aussi vite et efficacement que possible, les parents de Leopold semblaient avoir invité toute la haute-société viennoise au mariage. Encore maintenant, il avait des frissons en se remémorant le moment où ses lèvres avaient touché celles d'Elizabeth, sur l'autel. Parodie nuptiale absurde, épouvantable imitation d'amour. Les lèvres froides et immobiles de son épouse lui avaient évoqué le contact d'un serpent, et il était bien certain de lui avoir fait un effet similaire.

Les invités partis, les nouveaux Monsieur et Madame Wolf s'étaient éclipsés à leur tour sous le regard lourd de menaces de leurs parents et de leurs beaux-parents. Il était attendu d'eux que des choses très précises se déroulent durant leur nuit de noces, mais Leopold n'était pas certain de pouvoir donner satisfaction.

La porte de la chambre se referma derrière lui dans un claquement léger. Une boule d'angoisse se forma dans sa gorge. Le silence était extrêmement lourd. Si lourd qu'il devenait presque bruyant. Leopold prit une grande inspiration puis tourna un regard distrait vers le lit, sur lequel Elizabeth était déjà installée. Elle lui jeta un regard à peu près aussi sceptique que celui qu'il lui réservait. Il retirait l'ornement qui tenait le col de sa chemise en place. Elle retirait ses parures avec la même lenteur réticente. Il enleva la veste de son costume et s'en alla la ranger proprement dans l'armoire.

"Leopold, j'ai besoin de vous pour défaire ma robe."

Le musicien hésita un instant. Il rechignait à approcher du couchage.

"Bien sûr."

Dans un silence mortifère, il prit place à côté d'elle et lui indiqua, d'un geste, de se retourner. Ses doigts agiles commencèrent à défaire les boutons un à un. Il aurait préféré les enrouler autour d'un archet, ou les plaquer contre les cordes familières, rassurantes, de son instrument de prédilection. Finalement, Elizabeth leva une main et d'un geste bien peu révérencieux elle le somma de s'éloigner.

"Il suffit. Je peux m'occuper du reste seule."

Bien que peu satisfait d'être traité comme un servant, Leopold ne broncha pas et obéit sans se faire prier. Soulagé, il s'installa de l'autre côté du lit, où il commença à retirer à contrecoeur ce qui devait l'être. Il termina le premier et se glissa dans les draps jusqu'au nez, les yeux fermement ancrés au mur. Il écoutait les bruissements des nombreuses couches de vêtement qu'Elizabeth retirait, conscient de sa condamnation qui approchait à grand pas, dès qu'elle en aurait fini.

"Leopold."

La voilà couchée à son tour et qui demandait son attention. De mauvaise volonté, il se tourna. Leurs yeux se croisèrent. Ils n'en avaient clairement pas plus envie l'un que l'autre. Ils étaient pourtant tous les deux déterminés à essayer. Comme la bienséance le voulait, le jeune homme passa au dessus du corps de sa promise qu'il fixait sans ciller, cherchant sans la trouver une étincelle, un détail, une idée.. Quoique ce fut qui aurait pu allumer la flamme d'un désir artificiel. Mais rien. Il avait une nausée handicapante. Ils tentèrent encore de s'embrasser, et ce fut l'échange le plus froid, le plus désincarné que Leopold avait jamais connu. En désespoir de cause, Elizabeth tenta d'encourager son mari par des gestes effectués de mauvaise grâce. Rien ne fonctionnant, elle craqua la première. Elle poussa Leopold, l'invitant à prendre ses distances. Agacée, elle s'exclama enfin :

"Cessons cette mascarade ridicule. Je ne suis pas idiote et j'ai entendu les histoires qu'on raconte à votre propos."

Face au silence interdit de Leopold, elle le toisa, et continua en relevant le nez avec fierté.

"Nous voilà mariés alors à défaut de nous apprécier mutuellement, soyons franc l'un envers l'autre. Je ne suis pas plus intéressée que vous par cette affaire, et je vous serai gré de tenir votre écœurante virilité aussi loin de moi que possible la plupart du temps."  Elle arrêta Leopold avant qu'il ne puisse poser la question qui lui brûlait les lèvres. "Oui, vous avez bien compris. Mes attirances se portent ailleurs. A tout le mieux, je supporte votre genre rustre et rebutant, alors faisons nous une faveur mutuelle et profitons de cette chance stupide qui nous est donnée de nous épanouir dans la séparation en faisant semblant d'être ensemble. Je ne regarderai pas ce que vous ferez, et vous agirez de même avec moi. Mais ne vous réjouissez pas trop vite : j'attends que vous soyez capable de m'offrir des enfants. Alors trouvez une solution. Peu m'importe que vous pensiez à votre ancien amant ou à ceux que vous inviterez maintenant, débrouillez-vous. Mais pas ce soir. J'en ai eu assez, et vous aussi."

Exaspérée par le manque de répondant de Leopold, que les déclarations osées de sa femme avaient au bas mot désarçonné, elle roula des yeux, soupira, et se coucha dos à lui, tout au bord de son côté du lit.

"Bonne nuit, Leopold. J'espère que la nuit vous rendra votre langue, car votre mutisme n'a rien d'élégant. N'oubliez pas l'entretien de demain, il vous faut ce travail.  
- Bonne nuit Elizabeth, mais j'espère qu'à l'avenir vous surveillerez mieux votre ton. Je ne suis pas à votre service."

Malgré cette faible opposition, Leopold ne se sentait pas l'énergie de tenir tête au dragon qu'il avait vraisemblablement épousé. Il ne l'aimait pas. Pire : il la détestait. Moins leurs interactions seraient nombreuses, mieux cela serait. S'il fallait qu'il s'efface pour arriver à ce résultat, le sacrifice n'était pas cher payé. A son tour, il se coucha à l'extrémité du lit.




Leopold fut réemployé à la direction de l'orchestre qu'il avait quitté quelques sept ans auparavant, lequel par un hasard heureux était à la recherche d'un nouveau chef permanent suite au décès de l'ancien. Il se plongea dans son travail comme jamais. Il ne lui restait rien d'autre.

Sa vie de famille n'avait effectivement rien d'épanouissant. Elle était au contraire dégradante, au bas mot. Elizabeth le traitait comme un élément de décor qu'elle supportait à peine. Elle ne lui demandait son avis pour rien. Elle se montrait méprisante et directive à son égard. Il subissait leur colocation forcée. Comme elle l'en avait prévenu dès leur nuit de noces, elle faisait couramment venir ses maîtresses à la maison. C'était bien là ce qui le gênait le moins.

Ils n'avaient décidément aucun point commun. Rien de ce qui intéressait Leopold n'était au goût de la jeune femme, et inversement. Le plus dur à supporter pour lui était sans doute la façon dont la musique la laissait indifférente. Elle ne comprenait pas la diligence avec laquelle Leopold pratiquait ses instruments et s'entraînait à composer. Elle considérait qu'il perdait son temps. Elle n'aimait pas qu'il exerce un métier en rapport avec les arts et aurait largement préféré qu'il se réalise dans un domaine plus rationnel. Il allait aux spectacles seul, car Elizabeth n'était pas intéressée.

Parfois, elle lui demandait s'il pouvait arrêter de jouer car elle ne supportait plus de l'entendre. Il refusait presque systématiquement, à moins qu'elle fut prise d'une véritable migraine. C'était la seule concession qu'il n'était pas prêt à faire, la seule chose qu'il refusait de lui céder. Il s'agissait de son travail et de sa raison de vivre. Les exigences de sa femme passaient au second plan. Il passait malgré tout autant de temps que possible à jouer au dehors de la maison : chez des amis, ou dans la salle de répétition de l'orchestre. Ainsi, les oreilles d'Elizabeth souffraient moins de l'entendre pratiquer.

Le temps passé ensemble les poussa malgré tout à apprécier quelques facettes restreintes de la personnalité de l'autre. Leur secret mutuel créait entre eux une forme de complicité ambiguë. D'un commun accord, en public, ils faisaient semblant de filer le parfait amour. Leopold était heureux qu'Elizabeth puisse vivre sa sexualité comme elle l'entendait et il maintenait le secret de ce qu'il se passait sous leur toit de bonne grâce. Quant à lui, il ne profita jamais de la liberté que lui offrait leur étrange ménage. Pour Leopold, il n'y avait qu'Emile.

Lorsque Leopold et Elizabeth échangeaient plutôt que de s'ignorer mutuellement, la dynamique de leur relation n'était pas complètement catastrophique : chacun savait que l'autre ne l'aimait pas vraiment, et cela parvenait à devenir une plaisanterie grinçante qu'ils aimaient à se répéter. Ils parvenaient à se faire rire l'un l'autre, c'était déjà ça.

Leopold était incapable d'oublier Emile, d'autant que sa disparition restait irrésolue. Était-il mort ? Avait-il fui ? Le doute était insupportable. Le musicien engagea un détective privé pour qu'il mène l'enquête à Paris. L'homme revint bredouille : personne ne savait ce qui était arrivé au librettiste. Ni ses amis, ni ses collègues, ni sa famille. Le mystère restait plein. Pour Leopold, il était hors de question de s'arrêter à ce constat. Il continua de payer son détective durant de nombreuses années. Il insistait pour que l'homme continue les recherches malgré une absence de pistes flagrante.

Pour de pures raisons de procréation, Leopold et Elizabeth parvinrent au bout de quelques mois de vie commune à partager leur lit autrement que pour dormir. Dès qu'elle fut tombée enceinte, ils arrêtèrent évidemment les frais. La nouvelle de l'enfant à venir provoqua un ras de marée de joie du côté des parents des mariés. Personne ne s'attendait à une telle nouvelle, surtout pas si tôt après leurs épousailles. On commençait à croire qu'ils étaient véritablement "guéris" de leurs perversions, rumeur qui arrangeait évidemment Leopold autant que sa complice.

Emanuel Wolf naquit dans le courant de l'année 1907. Très occupé par son travail et extrêmement maladroit dans sa façon d'aborder cette nouvelle paternité, Leopold ne s'impliqua jamais ouvertement dans cette relation naissante qui changea pourtant énormément son rapport à l'existence. Il était un père absent et silencieux, mais paradoxalement aimant. Leopold veillait sur l'enfant à distance. Il l'observait beaucoup sans en donner l'air. Il se voyait déjà lui enseigner la musique, d'ici quelques années.

Il n'en eut malheureusement jamais l'occasion. En 1910, Emanuel avait trois ans, quand survint un drame fâcheux que personne n'aurait pu prévoir. Il se fit piquer par une abeille et succomba des suites d'une monstrueuse réaction allergique, laissant ses parents dévastés.




CW : Cadavre. Enfant mort

La luminosité extérieure baissait tandis que le soleil fuyait à l'horizon. Leopold entreprit d'allumer la lampe à pétrole disposée sur une console dans le petit salon. Une lueur vacillante illumina immédiatement les murs de la pièce, offrant un brin de couleurs et de clarté à sa veillée funèbre. Il se tourna pour admirer le résultat.

C'était magnifique. Le choix des fleurs était parfait. Il espérait qu'elles tiennent sans se faner jusqu'au lendemain car il était important que chacun puisse admirer le talent avec lequel la composition avait été accomplie. Il avait choisi le cercueil lui-même et il était particulièrement fier des motifs qui ornaient le bois clair. Les angles étaient excellents. Les finitions, très propres. Le menuisier à l'origine de cette pièce était un expert.

Leopold avança jusqu'à surplomber le cercueil ouvert. La vision d'Emanuel éternellement assoupi lui inspirait une fascination familière. Il s'arrêta sur le visage poupon, trop pâle. Sur ses lèvres pulpeuses qu'on avait peint de rouge. L'immobilité mortuaire du bambin avait quelque chose de très doux, de très poétique. Leopold ne s'en souvenait plus distinctement, mais il était certain que c'était à cela qu'avait dû ressembler son oncle Aloysius, bien des années plus tôt.

Leopold glissa les mains dans le cercueil et commença à tirer sur les vêtements de l'enfant pour en parfaire la mise. Demain serait le second jour le plus important de son existence tout entière. Il se devait d'être impeccable pour cette occasion.

"Ne t'inquiète pas, Emanuel. Tu es magnifique."

Il en profita pour vérifier sa coiffure puis il se retourna, car il avait entendu des pas qui arrivaient dans sa direction. En chemise de nuit, pâle et cernée, Elizabeth émergea de l'encadrure et le fixa, l'air stupéfait.

"Leopold, qu'est-ce que tu fais."

Il se tourna vers leur fils décédé.

"Je procédais à quelques dernières vérifications pour demain. Tu ne m'as pas vraiment donné ton avis, d'ailleurs... J'espère que la teinte du cercueil te convient. J'ai beaucoup hésité avec le noyer, mais le satin du revêtement était de moindre qualité cela aurait été dom...
- LEOPOLD ?"

Le concerné s'arrêta brutalement et tourna un regard rond dans la direction de sa femme. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle lui hurle dessus. Au bord de ce qui ressemblait à une crise de nerfs, Elizabeth s'était plantée face à lui et l'observait comme s'il venait d'insulter toute sa famille, et le Christ par dessus le marché.

"Je ne comprends pas. C'est une plaisanterie, peut-être, pour toi ? Ton fils est mort et je ne t'ai jamais vu aussi radieux. Comment peux-tu prendre autant de plaisir à cette horreur ? Quel est ton problème, exactement ?
- Elizabeth, ce n'est pas...
- Tu ne l'as même pas pleuré ! C'était ton fils. Ton FILS, Grand Dieu ! Comment peux-tu être aussi froid ?
- Elizabeth."

Il avait beau répéter son nom pour essayer de la calmer, son énervement ne faisait que grimper en flèche, à tel point qu'elle lui tomba bientôt dessus pour frapper rageusement son torse et ses épaules à l'aide de ses poings, plus désespérée que désireuse de lui faire vraiment mal.

"Comment peux-tu... Comment peux-tu être comme ça ? Mon bébé... Mon Emanuel... Et toi tu me parles de fleurs, et de satin, et de boiseries, et tu passes ta journée à composer ta stupide musique... TU NE L'AS MÊME PAS PLEURÉ ! Sale monstre, tu n'es pas humain..."

Effondrée, elle ne pouvait plus être atteinte par les mots. Leopold fit la seule chose qu'il pouvait faire : il referma ses bras autour d'elle et la serra aussi fort qu'il en était capable. Elle fondit en sanglots. Il posa son menton contre le crâne de son épouse et caressa ses cheveux en même temps qu'il perdait son regard au travers de la fenêtre. Il y avait à nouveau cet étrange picotement sous ses paupières, qu'il n'avait jamais compris. Les cris de douleur d'Elizabeth le fascinaient. Il en était jaloux. Lui aussi aurait voulu être capable de faire sortir sa douleur de cette façon.

Elle s'était calmée lorsqu'elle releva la tête et qu'elle plongea ses grands yeux bleus dans ceux du musicien. Douce comme elle ne l'était jamais, Elizabeth posa une main sur sa joue. Ça y était. Elle l'avait vu. Au fond du regard éreinté de Leopold se terrait ce qu'il ressentait réellement. Les réactions étrangement inadaptées que lui procuraient la proximité de la mort et du macabre ne changeaient rien à cette réalité.

"... Tu l'aimais vraiment ?
- ..."

Les mots restaient dans sa gorge, mais il n'avait pas besoin d'eux pour répondre.

"Moi aussi. Moi aussi... Je l'aimais vraiment."

Et elle semblait presque étonnée. Il fallait dire qu'Elizabeth ne s'attachait jamais que très peu, c'était quelque chose qu'elle détestait. Du vivant d'Emanuel, elle n'était pas très maternelle. Elle laissait ce soin aux nourrices et aux servantes. Cela ne signifiait pas qu'elle ne l'aimait pas. Il avait fallu qu'il meure pour qu'elle se rende compte du point auquel elle tenait à son enfant.

Ils s'observèrent quelques secondes supplémentaires, puis quelque chose d'inattendu arriva. A son tour, elle referma ses bras sur lui. Leopold et Elizabeth posèrent leur front l'un contre l'autre. Ils fermèrent les yeux. Ils restèrent ainsi longtemps, se soutenant mutuellement dans leur douleur. Ce deuil était peut-être la première chose qu'il partageaient réellement. La seule chose qu'ils partageraient jamais.




La relation entre Leopold et Elizabeth ne s'améliora guère plus que durant quelques semaines après le drame. Peu à peu, les choses revinrent à la normale. Madame Wolf se noyait littéralement dans le plaisir pour oublier. Ses invitées étaient tout le temps là, et en nombre si conséquent que Leopold commença à s'inquiéter des éventuelles répercussions. N'allait-on pas finir par se rendre compte de quelque chose ?

Il lui était devenu très difficile de travailler à la maison. Cette constatation pouvait sembler graveleuse, mais il arrivait couramment que le bruit l'empêche de se concentrer. Poussé à bout, il demandait parfois le silence en criant dans la direction des antres de luxure saphique qui poussaient ça et là dans la demeure. On ne lui répondait souvent que par des gloussements. Où Elizabeth trouvait-elle donc ses amantes ?

L'apparition de la musique atonale, l'influence d'Arnold Schönberg et de ses disciples commençaient à prendre à Vienne une importance que Leopold peinait à comprendre. Il se sentait très éloigné de cette nouvelle tendance mais décida malgré tout de s'y intéresser et de rencontrer ses défenseurs pour tenter de mieux cerner l'intérêt de cette démarche à son goût cacophonique. Il étudia ce qui se faisait avec ce qu'il définissait lui-même comme une "curiosité sceptique". Quelques œuvres isolées telles que le Pierrot Lunaire de Schönberg en 1912 parvinrent tout de même à le toucher par leur poésie dérangeante.

Arriva l'année 1913 et avec elle, de très étranges nouvelles en provenance de Paris. Son détective ne lui envoyait régulièrement que des rapports dénués du moindre intérêt, jusqu'à ce que la sœur d'Emile - un contact régulier - fournisse une information qu'elle n'avait jamais trouvé utile de partager jusqu'à présent, croyant qu'elle n'avait aucune forme d'importance.

"Je vous transcris les termes approximatifs en lesquels elle l'a formulé :

Emile faisait beaucoup de cauchemars avant de disparaître, mais c'est certainement à cause de cette histoire avec son Leopold. C'est que ça l'angoissait beaucoup. Il disait qu'il voyait des créatures à dents longues dans ses rêves. Puis je n'aime pas trop ces histoires, ça me fait peur. Tellement qu'une fois, peu avant sa disparition, d'ailleurs, j'ai cru voir des crocs dans la bouche d'un client. Hier, j'ai trouvé des idioties qu'il a écrit à ce sujet, cachées entre mon matelas et le sommier du lit. Quelle idée d'avoir mis ça là... Vous croyez qu'il savait qu'il allait lui arriver quelque chose ? Vous voulez les lire ? Je crois que ça n'est qu'un tissu d'âneries. J'ai bien peur qu'Emile soit devenu complètement maboul avant de s'enfuir je ne sais trop où.

Je ne sais pas si vous voulez explorer cette piste. Elle paraît un peu absurde, mais c'est la seule que nous avons. Je vous transmets une copie des écrits d'Emile."


Leopold lut tout avec application, et il trouva cela complètement absurde. Cela le mit en colère. La dernière chose qu'il lui restait d'Emile était un tissu de non-sens. Son ami avait étudié les légendes autour des vampires. Il s'était persuadé qu'ils existaient, voire qu'il en croisait un couramment. Il en avait peur. Il voulait s'en protéger.

Le détective creusa la piste et les témoignages commencèrent à fuser. D'autres parisiens avaient vu des "vampires" à la même période. L'un d'entre eux correspondait à la description d'un Emile dont la chevelure châtain serait devenue noire corbeau, et dont les beaux yeux verts auraient pris la couleur du sang. Il demandait à tous ceux qu'il croisait s'ils savaient où demeurait Leopold Wolf, le chef d'orchestre et le compositeur, à présent.

Il suffisait d'un doute. Et le doute s'enflamma. Leopold commença à faire des cauchemars très vivaces dans lesquels se mouvaient des créatures pâles, exsangues, dont les dents longues le faisaient frissonner d'horreur.




Leopold faisait encore l'un de ces rêves étranges, rempli de créatures humanoïdes aux dents longues qui l'observaient avec un air avide et qui, s'approchant, finissaient par lui boucher entièrement la vue. Comme à son habitude, il se réveilla en sursaut alors qu'elle sautaient sur lui de concert afin de lui enfoncer leurs crocs dans la peau.

En sueur, il se redressa dans le lit. Il n'eut pas le temps de se calmer : quelque chose clochait. Une silhouette sombre attendait à son chevet. Il l'apercevait dans le coin de sa vision. Leopold se tourna brutalement en direction de l'intrus mais on lui plaqua une main sur la bouche avant qu'il ait le temps de crier, ou d'émettre le moindre son.

Un visage bien connu se détacha de l'obscurité. Le cœur de Leopold rata un battement. Ses yeux grands ouverts fixaient Emile sans croire à ce qu'ils voyaient. Malgré la pénombre, Leopold pouvait voir combien ses cheveux étaient sombres, et combien la couleur de ses yeux paraissait étrange. Plus que ces détails confirmant les divers témoignages parisiens, quelque chose le perturbait : comment pouvait-il être ici ? Comment était-il entré ?

Emile tourna les yeux dans la direction d'Elizabeth, invitant Leopold à faire de même. Il murmura discrètement :

"Ne la réveille pas..."

Et soudain, Leopold eut la certitude qu'il était lui-même bien éveillé. Le pourquoi, le comment, rien de tout cela n'avait plus d'importance. Un bonheur oublié enfla en lui si immédiatement qu'il en eut le tournis.

"Emile. C'est vraiment toi. Tu es vivant.
- C'est une façon de présenter les choses." Le français eut un sourire en coin. "Viens, suis moi, allons parler plus loin pour ne pas être dérangés."

Sans demander son reste, Leopold suivit son ancien amant dans le couloir. L'air légèrement moqueur, Emile appuya son épaule contre un mur.

"Alors comme ça tu ne veux même pas que je me fiance pour de faux, mais tu te maries dans mon dos..."

La réflexion fit plus mal qu'Emile ne l'avait probablement voulu. Leopold culpabilisait souvent d'être revenu à Vienne sans lutter. De ne pas avoir eu la force de rester à Paris, et de ne pas avoir cherché Emile plus longtemps.

"Je la déteste et elle me le rend bien. Tu n'étais nulle part, Emile... Tu as disparu sans laisser de trace. Je ne savais pas quoi faire.
- Je sais. Je suis là, maintenant. Mais je ne peux pas rester.
- Où pars-tu ? Je ne veux pas que tu partes encore. Retournes-tu à Paris ? Laisse moi prendre mes dispositions, je viendrai.
- Non, pas à Paris. Écoute, Leopold. Je vis ailleurs maintenant. Je veux que tu viennes avec moi. Mais je ne sais pas si toi, tu le veux vraiment. Tu seras plus mort que vivant.
- Ces histoires de vampires sont réelles, n'est-ce pas ?"

En guise de réponse, Emile s'avança. Leopold n'était plus qu'à quelques centimètres de son visage. Il était terriblement pâle. Plus mort que vivant, pour reprendre ses termes. Leopold posa une main sur sa joue glaciale et constata sa funèbre immobilité. Il ne le voyait pas respirer. Le commun des mortels aurait probablement été effrayé face à cette apparition fantômatique. Le toucher de cette peau morte en aurait dégoûté plus d'un, mais Leopold trouvait Emile plus beau et plus désirable encore qu'il ne l'était avant.

"Tu es magnifique...
- Hm. Tu as toujours été un peu bizarre avec ça, n'est-ce pas ?"

Ils rirent un instant, amusés par l'incongruité de cette situation. L'éclat d'un croc brilla à la lumière lunaire et, tout de même, Leopold se laissa traverser par une vague anxiété. Il parlait à un monstre tiré des plus sombres légendes qu'il connaissait. Vivait-il en enfer, parmi les démons ? Mais c'était d'Emile qu'on parlait. Leopold était incapable de le craindre, encore moins de le rejeter.

"Tu ne pourras plus vraiment revenir. Ça te convient ? Elle ne va pas te manquer ?
- Elle ? Pff. Non, tu parles. Je n'ai plus rien qui me retienne ici.
- Et ta carrière ?
- Les dernières évolutions musicales me déplaisent pour la plupart. Je pourrai toujours jouer ? Et diriger ?
- Je... Pense que c'est négociable.
- Alors je viens.
- J'apprécie ton enthousiasme, mais j'espère que tu n'as pas omis des questions comme celles du régime aliment...
- Je m'en fiche.
- Oui mais je ne sais pas si tu comprends vraiment, tout de m...
- Je m'en doute. Mais si c'est le prix à payer pour être avec toi, je l'accepte volontiers. S'il le faut, je vendrai mon âme au Diable."

Cette réflexion fit encore sourire Emile.

"Il s'appelle Dracula et il n'a ni cornes, ni flammes infernales derrière le dos. Mais à cela près, tu as à peu près compris l'idée.
- C'est une plaisanterie ?" Leopold connaissait la légende, autant que l'ouvrage de Bram Stocker qu'il avait consulté récemment.
"Je crains bien que non."

Un temps de latence, puis Leopold secoua la tête.

"Quoiqu'il en soit, je m'en fiche. Que dois-je faire ?"

Emile l'observait avec un air étrange. Il semblait étonné par la facilité avec laquelle se déroulait cette discussion.

"Alors tu ne comptes pas me poser plus de questions que cela ? Tu ne vas pas me demander quel est cet endroit d'où je viens, et dont il est si compliqué de repartir ? Tu ne t'interroges pas plus que cela sur ce qui va t'arriver si tu acceptes ? Tu es prêt à me suivre avéuglément ? En quelle année sommes-nous seulement, maintenant ?
- Tu ne le sais pas ? Nous sommes en 1913."

Interdit, il fallut un temps à Emile pour avaler cette information.

"... Huit ans. Je suis parti huit ans, j'entre chez toi par effraction, je t'apparais en pleine nuit, je ressemble à... "ça", et tu me suivrais sans réfléchir.
- Je ne veux pas réfléchir. Je ne veux pas que tu me fasses douter. Emile, mon fils est mort. L'épouse qu'on m'a imposé est une harpie. Je déteste cette décennie et tout ce qu'elle est en train de transformer. Le pays est sous-tension, j'ai peur de ce qu'il pourrait se passer. Et maintenant te voilà devant moi, toi que je pensais perdu. Toi que je n'ai jamais pu oublier. Et tu me proposes d'échapper à ce cauchemar. Je ne veux plus vivre dans ce monde. Je ne peux pas non plus te perdre une seconde fois. J'en mourrais. Tue moi, ou emmène moi avec toi, mais ne me laisse pas pourrir ici, je t'en supplie."

Habité par une détermination qui ressemblait à s'y méprendre à une pulsion de mort, Leopold fixait Emile sans ciller. Le vampire eut soudain l'air accablé.

"Mon pauvre Leopold, est-ce vraiment à ce point ?" Il n'y avait besoin d'aucune confirmation orale. "Alors dans ce cas, laisse moi mettre fin à ton calvaire, sans attendre."

Par égard pour son amour mortel, Emile avait fait de son mieux pour rester poli et pour lui laisser choix, mais le vampire était assoiffé, pressé d'accomplir ce qu'il était venu faire. Son lien avec Leopold le rendait encore plus appétissant à ses yeux.

Légèrement effrayé malgré ce qu'il voulait bien dire, le musicien observa Emile dénuder ses crocs. Il les lui enfonça profondément dans la gorge, entamant le processus de transformation. Cette nuit serait la dernière que Leopold passerait dans l'Ordinaire.


Au pays de Jamais



L'Île de Jamais ne ressemblait à rien de ce que Leopold avait jamais connu. Le Domaine d'Halloween était le plus bel endroit qu'il lui avait jamais été donné de voir. Son arrivée au Manoir Funèbre lui donna l'impression d'une seconde fuite, d'une seconde fugue libératrice. A côté de cet endroit comme tiré de ses fantasmes les plus fous, Paris faisait bien pâle figure.

Elizabeth n'était plus là pour le rabaisser constamment. Son mode de vie était pourtant loin d'être devenu moins strict, mais Leopold ne vivait pas cela comme une contrainte : il s'adaptait avec une facilité déconcertante. Les drôles de lubies qui toute sa vie durant l'avaient rendu sinistre et inquiétant aux yeux du reste du monde étaient devenues une force, un atout. De son existence, il n'avait jamais été plus heureux que le jour où on lui avait expliqué qu'il devait maintenant troquer son lit contre un cercueil.

Il adorait être mort.

Et il adorait évoluer parmi les morts. Leopold ressentit très vite un fort sentiment d'appartenance à cette nouvelle communauté. Avec cela vint l'embryon d'un sentiment de loyauté indéfectible à l'égard de celui qui rendait tout cela possible. Être au service de Dracula, figure qu'il jugeait admirable et pour qui il éprouvait un respect quasi-religieux, le comblait profondément. Rapidement nommé précepteur en musique pour les vampires du Manoir, Leopold eut enfin l'impression de s'accomplir pleinement dans tous les domaines qui lui tenaient à cœur. Seule une ombre entachait ce tableau : il n'avait pas assez de musiciens sous la main pour construire un orchestre digne de ce nom.

Pour la première fois depuis très longtemps, Leopold était heureux. Ça ne signifiait pas que tout était parfait. Il y avait tout de même plusieurs aspects de sa nouvelle existence qui le rebutaient, à commencer par la disparition de son reflet. Ne plus être en mesure de savoir à quoi il ressemblait le perturbait énormément, bien qu'il tentât de l'ignorer. Lorsqu'il croisait un miroir, il faisait de son mieux pour ne pas le regarder. Lorsqu'il s'y aventurait tout de même, le vide qui répondait à son regard alimentait en lui un sentiment de malaise qui parfois se changeait en panique sourde.

Puis il y avait le sang. C'était probablement ce qui le rebutait le plus. Il n'était pas au clair avec sa soif. Il buvait parce qu'il le fallait, mais l'acte le mettait profondément mal à l'aise. Il détournait les yeux des meurtres d'humains qui se déroulaient devant lui et se sentait bien incapable d'y participer. Il ne le faisait que si on le lui demandait expressément et pour le supporter, il se convainquait de la légitimité de l'acte : il ne faisait qu'obéir aux ordres. On ne discutait pas les ordres de Dracula. Ils étaient par nature justifiés.

Il savait que c'était ce pour quoi il avait signé et il tentait d'ignorer l'horreur que cela lui procurait. Il devait surtout ne se poser aucune question d'ordre moral. Parfois, ses préoccupations morales semblaient d'ailleurs s'éteindre, et c'était dans ces moments que son œil droit perdait sa couleur bâtarde. Le reste du temps, c'est avec grand talent qu'il faisait l'autruche. Emile l'aidait. Son ami savait combien Leopold vivait mal la violence et la cruauté qui allaient avec leur nature mort-vivante et il faisait de son mieux pour lui apporter un soutien discret.

Emile et Leopold avaient toujours vécu leur amour dans le secret et il ne leur vint pas à l'idée de changer quoique ce fut à cela. Pour cette raison, ils ne furent jamais trop ennuyés. Tout redevint comme avant, comme s'ils n'avaient jamais été séparés. Seule l'ombre de la mort d'Emanuel apportait à la nouvelle jeunesse de Leopold une aigreur qui n'existait pas au préalable. Leur idylle se déroulait derrière des portes closes, dans la plus grande discrétion. Quelques rumeurs existaient, tout au mieux. En public et sauf durant les bains de sang où Leopold était incapable de masquer l'empathie qu'il éprouvait encore pour les vivants, les deux vampires adoptaient un comportement irréprochable.

--

"Aie.
- Attend, je me décale. Pousse toi un peu par là.
- Il n'y a pas assez de place !
- Mais si, regarde, voilà, nous y sommes."

Tenir à deux dans un cercueil destiné à une personne n'était pas une mince affaire, surtout lorsque ledit cercueil était fermé. Les deux vampires étaient serrés comme des sardines. Leopold avait encore une main coincée dans une position fort désagréable. Il se débattit pour dégager son bras et le posa plutôt dans le dos d'Emile, autant que faire se pouvait. La boîte de bois vernis n'appréciait que très peu ces secousses malvenues et durant un instant, Leopold craignit qu'elle finisse par tomber, et eux avec. Il se figea jusqu'à être certain que l'accident n'allait pas arriver. Puis Emile pouffa, et l'autrichien sentit un sourire irrésistible étirer ses propres lèvres.

"Tu me fais faire des idioties. Nous allons être complètement débraillés après cela, il faudra retourner s'apprêter.
- J'ai toujours eu envie d'essayer... Je l'admets, l'idée n'était peut-être pas brillante."

Quelqu'un tenta d'ouvrir la porte, en vain : elle était fermée à clé. On tapa quelques coups au battant. Leopold ouvrit des yeux ronds. Emile lui barra la bouche de sa main pour lui indiquer de se taire.

"Tout va bien par ici ?
- Oui, aucun problème ! Je réaménage un peu, pardon pour le bruit.
- Ah, d'accord..."

Ils attendirent d'être certains que plus personne n'était à proximité, puis ils eurent un rire d'amusement nerveux. Les sourcils froncés, Leopold murmura, tout de même un peu inquiet :

"Emile, c'est incroyablement imprudent. Nous ne devrions pas faire des choses pareilles.
- Et toi, tu ne devrais plus m'appeler comme ça. C'est Nycteris maintenant, tu le sais.
- Pardon. Je n'arrive décidément pas à m'y faire.
- D'ailleurs, en ce qui te concerne, as-tu fini par te décider ?
- Pas vraiment... Pas encore. J'hésite."

Changer de nom était, aux yeux de Leopold, un acte terriblement compliqué. Il ne s'était jamais imaginé qu'il y serait contraint un jour. Aucune de ses idées ne lui paraissait convenir, aucune n'était exactement pertinente.

"Tu ferais bien de te presser, ou bien on finira par choisir pour toi...
- Et toi tu ferais bien d'ouvrir ce couvercle avant que nous ne fassions accidentellement éclater ce cercueil..."

"Nycteris" s'exécuta. Aux yeux de Leopold, il serait toujours Emile. Les deux vampires sortirent bon gré mal gré du cercueil. Leopold pouffa en voyant les cheveux d'Emile en broussaille. Il s'approcha pour y remettre de l'ordre. Sans pouvoir compter sur un miroir, ce n'était pas facile à faire seul.

"C'est malin. Tu as l'air d'un épouvantail.
- Je te retourne le compliment."

Il s'aidèrent mutuellement à retrouver une allure correcte selon les standings locaux, puis ils échangèrent un baiser fugace.

"Sors par la porte. Je prends la fenêtre."

Emile lui adressa un clin d’œil taquin, puis il s'éclipsa effectivement. Quelques instants plus tard, une chauve-souris bienheureuse s'envolait par dessus les toits du Manoir.




Sur les hauteurs de cette petite colline d'herbe grise et de roches, on avait une vue imprenable sur le domaine d'Halloween. De sombres maquis dressaient leur broussaille végétale en contrebas. De l'autre côté, une étendue vide et noire, puis  la silhouette décharnée de lointaines pierres tombales à moitié perdues dans la brume. On pouvait se noyer dans l'horizon nocturne. C'était la plus apaisante des visions. En dehors du Manoir lui-même, cette butte naturelle formait l'un des lieux que Leopold préférait visiter. Il y passait beaucoup de temps. Souvent, comme maintenant, Emile l'accompagnait.

Leopold avait amené son violoncelle. Assis sur un rocher, il en jouait inlassablement et Emile l'écoutait faire. C'était paisible. C'était parfait.

Les deux amis relevèrent brutalement la tête lorsqu'ils entendirent des petits pas précipités arriver dans leur direction. Leopold fronça les sourcils. Il avait clairement vu quelque chose, ou quelqu'un, se cacher derrière l'une des roches à proximité. Cela faisait la taille d'un enfant.

"Inutile de te cacher. Nous savons que tu es là."

Une toute petite silhouette émergea. L'enfant ne devait pas avoir plus de quatre ans. C'était probablement un garçon perdu. Très littéralement perdu, semblait-il.

"Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu sais que c'est dangereux ?"

L'enfant avait un grand sourire aux lèvres. Il n'avait pas l'air si effrayé que ça, finalement.

"C'est parce que ça fait peur ! Moi, je suis Spooky. J'aime bien quand ça fait peur. Tu sais ? Comme dans Beetlejuice ! J'aime bien Draculito, aussi. Tu connais ? Je sais plus trop ce que c'est mais j'aime bien."

Les deux vampires s'observèrent brièvement l'un l'autre, interdits. Entre le comportement totalement insouciant du perdu et cette déformation particulièrement blasphématoire du nom de Dracula, il y avait du souci à se faire.

"... Je n'ai absolument aucune idée de ce dont tu nous parles."

Spooky était déjà à côté d'eux. Il regardait le violoncelle avec des étoiles dans les yeux.

"C'était joli, pourquoi t'as arrêté ? Tu peux recommencer ? Je peux essayer, dit ?"

Un sourire inhabituellement aimable aux lèvres, Leopold tendit son archet au gamin. Leopold ne prêtait jamais son violoncelle, ni son archet. Nycteris fronça les sourcils et lui jeta un regard tendu. C'était une chose qu'il se comporte ainsi avec les jeunes enfants du Manoir. C'en était une autre qu'il prenne un perdu en affection.

"Leopold ?
- Très bien, mais juste un peu. Regarde, il faut que tu places ton pouce ici puis que tu laisses tes doigts tomber sur le bois de cette façon. Tu es trop tendu, relâche, ta main doit être souple. Voilà. Il reste une marge d'amélioration, mais c'est déjà mieux. Montre moi ton coude maintenant... Je vais te montrer le mouvement qu'il faut faire."

Sceptique, Emile observait son ami offrir ce cours improvisé à l'enfant et il espérait sincèrement que cette lubie resterait passagère.

"Il va falloir s'arrêter là, je pense. Cet archet est beaucoup trop grand pour toi.
- Quelqu'un d'autre approche."

Emile se redressa. Il n'était pas tranquille. Un autre perdu déboula et cette fois, ce n'était pas un petit. C'était un adolescent plutôt baraqué qu'on aurait aisément pu confondre avec un pirate.

"RETIREZ VOS SALES PATTES DE LUI ! Spooky, vient ici tout de suite. On rentre.
- Pourquoi tu t'énerves, Stern ? Ils sont gentils, ils me montrent comment faire de la musique !
- Ce sont des horreurs, on ne peut pas leur faire confiance. Tu as déjà oublié ce qu'il s'est passé ?
- Mais j'aime bien les horreurs moi... J'aime bien quand ça fait peur.
- Spooky. On rentre. Et vous, je vous préviens... Si vous approchez encore de lui, je vous fume. J'ai pas peur de vous. Je sais me défendre."

Leopold paraissait complètement désemparé. Ses expériences sociales ne l'avaient pas préparé à devoir gérer ce genre de conflit. Emile posa une main sur son épaule pour le rassurer et il se plaça légèrement devant lui. Il jeta un regard menaçant au grand perdu.

"N'oublie pas où tu te trouves. Vous n'êtes pas chez vous. Vous n'êtes pas les bienvenus ici. Cesse de fanfaronner. Rentrez et ne revenez plus jamais nous importuner, ou vous serez les seuls responsables de ce qui vous arrivera. Tu ne me fais pas peur non plus. Tes menaces sont ridicules. Si je voulais te tuer, tu ne le verrais même pas venir."

Stern n'était pas très content de cette conclusion, mais il était plus malin qu'il n'en avait l'air. Il n'avait pas l'intention de provoquer un vampire en duel. En se battant à la loyale, il n'aurait eu aucune chance, et il le savait. Les deux vivants s'éloignèrent. Spooky gardait les yeux tournés sur ses nouveaux amis, un peu déçu de devoir déjà partir.

"Cet enfant n'est pas Emanuel. ôte-toi cela du crâne tout de suite.
- ... Je le sais bien. Il lui ressemblait beaucoup, cela dit... Bien sûr, le langage et le comportement ne sont pas les mêmes.
- Ils lui ressemblent TOUS beaucoup, à t'entendre. Il y a assez d'enfants au Manoir, ne va pas faire d'idioties, je t'en supplie. Oublie le. Rentrons. Nous sommes restés assez longtemps."

A contrecœur, Leopold obéit. Ses yeux restaient tournés sur les silhouettes des deux garçons perdus, désormais éloignées.

--

Spooky revint au Domaine d'Halloween. Il retourna à la butte herbeuse et tomba de nouveau sur Leopold. Sans Nycteris pour lui servir de garde-fou, le vampire prit une décision malencontreuse. Leopold et Spooky décidèrent de continuer à se voir en secret. Ils choisirent un point de rencontre à mi-distance entre Halloween et le Grand Arbre, là où Leopold était encore capable de se rendre sans que la magie ne le rejette. L'enfant voulait apprendre la musique.

Le compositeur commençait lentement mais sûrement à assimiler le perdu à son fils mort d'une manière qui devenait malsaine. Accidentellement, il l'appelait parfois Emanuel. Un beau soir, il lui apporta une tenue noire qu'il jugeait bien plus élégante que les guenilles de mauvaises qualité qu'il portait. Spooky adora. Il commença à ne plus porter que ça.

Cela se remarqua, évidemment. Stern, sentinelle qui se souciait tout particulièrement de la sécurité du gamin, retourna voir Leopold et Nycteris à la butte herbeuse et les menaça une nouvelle fois. Il lança un ultimatum : il fallait que cela cesse, ou bien il ne répondrait plus de rien. Désormais au courant des frasques de Leopold, Nycteris était catastrophé.

De violentes disputes éclatèrent entre les deux vampires. Leopold ne voulait rien entendre. Il pensait que Stern ne faisait que lancer des menaces dans le vent. Il ne voyait pas ce qu'il faisait de mal : ce n'était que des cours de musique. Loin d'être aussi certain de l'inoffensivité du perdu que son ami, Nycteris prit peur. Il craignait pour la sécurité de Leopold. Cette peur le poussa finalement à prendre des mesures extrêmes.

Sans prévenir personne, Nycteris décida d'attendre que Spooky quitte le Grand Arbre pour l'assassiner. Se débarrasser de Stern n'était pas suffisant : il y en aurait toujours un autre pour le remplacer. Éliminer la source du problème était la seule façon efficace de protéger Leopold de lui-même.

Nycteris n'arriva jamais à ses fins. Il avait sous-estimé Stern, lequel surveillait Spooky en permanence depuis qu'il avait compris ce qui se tramait entre Leopold et l'enfant. Stern s'était renseigné. Il s'était préparé afin d'être capable de neutraliser un vampire à distance, puis de l'éliminer définitivement. Nycteris ne s'attendant pas à un tel adversaire, il ne vit rien venir et se laissa piéger. Le lendemain, il demeurait absent au Manoir. Personne ne savait où il était passé.




CW : Cadavre, parties de corps coupées, yeux crevés, sang, massacre, petits oiseaux.

Sur la butte herbeuse, Leopold était fidèle au poste. Il jouait de son instrument distraitement, incapable de se concentrer pleinement sur la musique. L'absence d'Emile était étrange. Elle faisait remonter en lui de vieux souvenirs mal digérés. Il ne comprenait pas pourquoi le vampire s'était éclipsé sans même le prévenir de son absence à venir. Était-ce à cause d'une de leurs récentes disputes ? Lui faisait-il la tête ?

Des pas venant dans sa direction, une vague de soulagement l'emporta. C'était sans doute Emile qui revenait et qui allait lui expliquer ce qu'il avait été faire tout ce temps.

L'émotion retomba bien vite alors que la silhouette de Stern apparaissait dans son champ de vision. Le perdu avait l'air très austère. Il portait une sorte de sac de toile arrondi sous son bras. Leopold grimaça. Il avait reconnu l'odeur du sang, mais ce n'était pas un sang consommable. Qu'est-ce que tout cela pouvait bien signifier ?

"Je viens te rendre ça." Stern jeta le sac à terre. Leopold comprit que les effluves désagréables venaient du bagage en question, lequel était d'ailleurs couvert de tâches sombres. Un mauvais pressentiment monta. Il lâcha son violoncelle avec un manque de délicatesse qui ne lui ressemblait pas et il s'agenouilla devant l'objet, terrifié à l'idée d'en découvrir le contenu.

"La prochaine fois, ça sera toi. Ne t'approche plus jamais de Spooky."

Il avait compris mais ne voulait pas avoir compris. Sourd à tout ce qu'on aurait pu lui dire à ce moment, Leopold s'empressa d'ouvrir le sac. Son cœur mort parvint à se déchirer lorsqu'il aperçut une touffe de cheveux noirs. Il retira la tête du sac. Elle était horriblement déformée. Les yeux avaient éclaté et dégoulinaient sur le visage. On lui avait fourré le crâne d'ail comme le voulait la superstition selon laquelle c'était le seul moyen de s'assurer qu'un vampire ne se relèverait jamais.

Il était méconnaissable, mais Leopold le reconnaissait tout de même. Emile.

Un grand cri métallique monta dans sa tête, puis il se rendit compte qu'il sortait de sa gorge. Il y eut encore cet étrange picotement sous ses paupières. Quelque chose voulait sortir. Quelque chose de violent. Les yeux arrondis du vampire remontèrent sur Stern, impitoyable et déjà en train de se retourner pour partir. Son monde était en train de s'effondrer à grand coups de points d'interrogation. Pourquoi faire une chose pareille ? Comment pouvait-on être si cruel ? Où était le reste du corps ? Stern ne répondait pas puisque tout restait au dedans de Leopold. Il avançait calmement, triomphant, propre et épargné par l'horreur dans laquelle il avait plongé le musicien sans la moindre trace de scrupule.

Soudain, une rage aveuglante, une haine infinie dirigée contre le perdu. C'était injuste. Il fallait réparer ce tort. Stern devait payer. Le vampire n'était plus vraiment dans son corps lorsqu'il usa de sa vitesse pour rejoindre la sentinelle et la plaquer au sol. Sans réfléchir, il lui enfonça ses griffes dans les orbites, puis ses pouces creusèrent aussi profondément que possible. Œil pour œil. Leopold n'arrêtait plus de hurler, accablé par la mort d'Emile autant que par l'horreur de ce qu'il était en train d'accomplir. Les cris de Stern se mêlaient aux siens. Il se débattait.

Il devait souffrir. Il devait se déchirer et ne plus ressembler à rien. Subitement, il n'était plus qu'un détestable sac de sang, qui geignait, qui ne méritait que de mourir et dont il allait se nourrir puisqu'il avait faim. En se servant de lui de cette manière, il lui faisait déjà une faveur. Ce méprisable insecte n'en méritait pas tant. Il enfonça ses crocs dans sa jugulaire, soucieux de le faire avant que l'humain meure. Pour qu'il souffre. Qu'il sente, oh oui qu'il sente le moment où sa gorge se déchirerait brutalement.

--

Le calme était revenu. Leopold était abattu. Il observait la silhouette brutalisée du perdu. Tout ce sang... C'était horrifiant. Une culpabilité sourde commençait à grimper en lui, non pas d'avoir tué Stern tout particulièrement - cette ordure l'avait mérité - mais de constater ce dont il avait été capable. Lui aussi, il était un monstre.

Leopold se décala et rampa jusqu'à la tête d'Emile. Il la prit dans ses bras et gémit lorsqu'il tâcha accidentellement son beau visage avec le sang qui le recouvrait de la tête aux pieds. Le ruban qui attachait les cheveux d'Emile était en train de tomber. Leopold le récupéra dans le creux de son poing. Il serra fort le visage du mort et commença à le bercer. La réalité peinait à l'atteindre. Lorsqu'elle le faisait, une question supplantait tout le reste : Qu'allait-il faire, maintenant ? Comment allait-il pouvoir exister sans lui ? Les picotements débordaient. Des envies de gémir incontrôlables entraient comme un esprit cherchant à prendre possession de son corps.

Quelque chose de très ancien lâcha. Une forme de blocage, peut-être. Un barrage qui se rompait. Un verrou qui s'ouvrait. Une froide humidité courut sur son visage. Il comprit enfin comment faire pour pleurer.

Et il pleura longtemps, sans interruption. Ce ne serait jamais suffisant.

--

Emile avait disparu de sa vie, encore, et cette fois pour de bon. Leopold n'eut d'autre choix que de se raccrocher aux maigres satisfactions que lui fournissaient encore son existence. Il n'y avait plus que trois choses qui comptaient désormais pour lui : sa musique, ses élèves, et Dracula. "Dracula" résumait en réalité ces trois mots, puisqu'il attendait justement de lui qu'il s'épanouisse dans sa passion et en fasse profiter les autres. Leopold ne vivait désormais plus que pour le servir.

Sa loyauté était déjà exceptionnelle. Elle devint absolument inconditionnelle.

Le meurtre de Stern l'avait profondément marqué. Il y avait eu trop de sang. Leopold ne voulait plus en boire, sauf s'il y était vraiment obligé. Ce refus de se nourrir le poussa paradoxalement à réitérer. Lorsqu'il avait trop soif, il perdait le contrôle. Gare aux vivants qui croisaient alors son chemin. Leopold se jugeait monstrueux et culpabilisait énormément de ces crimes inutiles dont il se rendait l'auteur, et pourtant, il restait incapable de modifier son comportement. Il commença à mesurer l'horreur de sa nature et renoua juste suffisamment avec ses croyances religieuses pour se considérer comme un démon. Tout à fait irrationnellement, il n'infligeait ce jugement qu'à lui-même. Les autres vampires n'étaient pas un problème. Pour se punir d'être un tel monstre, il décida enfin du nom qu'il prendrait au Manoir : Mephistopheles. C'était là tout ce qu'il méritait.

Fou de douleur, il avait enterré la tête d'Emile sur la butte herbeuse. Il lui avait dressé une magnifique sépulture qu'il allait régulièrement visiter. Il décida bientôt d'enterrer toutes ses victimes à cet endroit et les tombes commencèrent à fleurir. C'était son cimetière personnel. Il récupérait un effet sur chacune de ses victimes et commença à créer des "reliques", sorte de petites poupées. Seul Emile n'en possédait aucune à son effigie. Emile était avec lui en permanence. La relique d'Emile, c'était Mephistopheles tout entier.

Maintenant qu'il savait pleurer, Mephistopheles ne s'en privait pas. Il y avait trop de tristesse en lui, trop d'émotions écrasantes. Même lorsque ce n'était pas le cas, il fallait qu'il se rattrape pour toute une vie. Pleurer était agréable et libérateur.




Mephistopheles s'approcha de la tombe encore fraîche, dont la terre ne s'était pas encore tassée. Il déposa à sa tête une grande pierre plate qu'il était allé cherché, puis il commença à disposer quelques fleurs fraîches histoire de commencer à décorer ce nouveau sépulcre. Un regard rapide tout autour de lui permit au musicien de constater que de nombreux bouquets commençaient à se faner. Mécontent, il eut un claquement de langue.

"Oui. Je sais ce que tu dirais, Helen. Les fleurs fanées attirent les moucherons. Elles ont leur charme, mais je les mettrai ailleurs. Je sais que vous préférez quand elles sont fraîches, tous autant que vous êtes."

Il n'y avait généralement pas de nom sur les tombes, mais Mephistopheles se rappelait distinctement de l'emplacement de chaque corps. Cela même s'il ne connaissait pas l'identité de tout le monde. Il alla nettoyer quelques pierres recouvertes de terre, et il arracha quelques mauvaises herbes. Le pas léger, il évoluait avec fluidité entre chaque sépulture. Aucune hésitation dans ses gestes maintes et maintes fois répétés. C'était une routine bien rodée qui se répétait. On aurait presque dit qu'il dansait.

Puis il prit l'air très sérieux et il s'approcha de la plus grande des tombes, disposée seule à l'écart des autres. Mephistopheles posa son front sur la roche froide et tenta d'imaginer qu'il s'agissait du visage de son éternelle moitié.

"Bonsoir Emile. Comment te portes-tu, cette nuit ? J'espère que tu ne t'ennuies pas trop." des stries humides parcouraient désormais son visage. "Je viens te tenir compagnie. Je me suis dit que tu ne serais jamais contre un peu de musique. Je sais que tu aimes ce morceau. J'en ai récupéré une partition très récemment, j'étais aux anges. Je l'ai retravaillé tout spécialement pour toi, tu me diras ce que tu penses de l’interprétation."

Mephistopheles appuya sur l'étui du violoncelle qui s'ouvrit dans un déclic. Il souleva le couvercle et se saisit de l'archet. Il avait besoin qu'on lui repasse un peu de résine, ce que le musicien fit avec diligence - et sans cesser de pleurer - avant de régler la tension des crins. Il entreprit d'accorder l'instrument.

"Un peu de patience, mes chers... La perfection demande du temps. Quelques comas de trop ou de moins, et ce serait une catastrophe dont je n'oserais pas abreuver vos oreilles."

Il se concentra jusqu'à être certain que toutes les cordes étaient ajustées correctement, au poil de grenouille près. Puis dans une inspiration il changea de position. Il était prêt à commencer.

Que la musique coule, et les larmes avec elle.



Invisible pour les yeux

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C'est quoi ton Avatar  ? Wilson (Don't Starve), même si il s'est recoiffé.
Comment t'as découvert l'île ? Il était une fois un partenariat 😏
Tu la trouves comment ? Toujours aussi cool mais vivement que le chauffage soit réparé ! What a Face
Dis, tu crois bien aux fées ? Si je dis non je pleure.
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MessageSujet: Re: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptyLun 14 Sep 2020 - 21:03

Je vais commencer par les réactions "marrantes" que j'ai pu avoir, mais je retrouverai mon sérieux, je le promets.

Cette fiche se lit certes longuement, mais sans indigestion. C'est peut-être parce que j'aime la passion que tu mets dans tout ce que tu fais, mais je n'ai pas eu envie de m'arrêter malgré la longueur (après tout, c'est bien le modèle de fiche qui dit "pas de maximum" ? Il faut assumer. ;)).

Citation :
Il déteste se tromper, c'est inélégant.
Je l'ai déjà dit plusieurs fois, mais cette phrase me fait hurler. On imagine mal Mephisto être "inélégant", c'est bien vrai. ;)

Citation :
Il aime autrui, mais seulement de loin
Gros, énooooooorme mood. Vraiment.

Aussi, j'espère que la flûte de Leopold était emplie de punch, parce que cette scène m'a immédiatement rappelé DAI, et ce dès la première lecture. Mais peut-être qu'il n'y en avait plus ? XD

Citation :
créer la musique d'une féérie basée sur l'oeuvre de Shakespeare
Mab est intéressée. L'Île des Morts - Mephisto(pheles) 3729563828

Je suis particulièrement d'accord avec Leopold. Franz est une ordure. Je suis bien dégoûtée que ce PNJ là ne fasse pas partie de ceux que tu aies décidé de trucidé. Il l'aurait tellement mérité...

La façon dont Leopold parle à Emanuel (avec l'Angus Dei de Saint-Saëns en plus, toi-même tu sais comme ce passage est <3 pour moi) est vraiment magnifique. Je ne sais pas si c'est mon propre attrait du creepy-cute qui matche mais je le trouve terriblement humain dans ce passage. Bien plus que sa femme, qui a pourtant la réaction la plus attendue (Mais je ne l'aime pas, alors ça n'aide pas, je suppose. XD)

Passer de la Nuit de Sabbat à la Nocturne c'est hard XD Mais le retour d'Emile <3 Je resterais pour toujours dévastée que tu aies dû l'occire, celui-là. Mais je comprends la nécessité. Mais quand même.
Citation :
Emile était avec lui en permanence. La relique d'Emile, c'était Mephistopheles tout entier.
Ces deux phrases me mettent les larmes aux yeux et me font frissonner en même temps. Voilà.

L'Île des Morts - Mephisto(pheles) 1442685195

Certes, cette fiche est longue. Mais bon sang qu'elle est belle. Mephisto s'y dépeint dans toute sa splendeur, et on comprend qu'il ait fallu tant de mots pour le décrire. Le dernier morceau de ton Bout d'Aventure se suffit à lui-même, mais il serait impossible de comprendre l'entièreté du personnage, son écartèlement presque physique et évidemment moral à bien des points de vue sans avoir tout ce qui vient avant.

Mephisto est tragique, et il est beau dans toute sa tragédie. On pleure à sa place, puis on pleure avec lui, cette pauvre âme torturée qui pourtant prend tout le bonheur qu'il lui reste où il peut le trouver.

Dracula est bien chanceux d'avoir un tel artiste en son sein.

-

PS : Tu sais pourquoi j'ai posté avec Wobbly. Entre gamins de moins de 6 ans dingues d'un univers, il fallait. L'Île des Morts - Mephisto(pheles) 304983004






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MessageSujet: Re: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptyMar 15 Sep 2020 - 1:00

Tu le sais déjà, mais ça me fait énormément de bien de lire ton commentaire *insérer ici une licoeur*

J'ai eu énormément de doutes dans la rédaction de cette fiche et une grosse impression persistante d'être en roue libre en train de faire n'importe quoi (mais ça aussi tu le sais déjà XD), donc ça me fait plaisir de voir que ça fonctionne sur toi comme l'intention d'origine le voulait :3 ça a pas été une mince affaire de lui donner corps x_x

Merci encore <3
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- De bonnes manières.
- Manipulation des esprits plus faibles.
- Rapidité.
- Charme.
- Un honneur qui l'empêchera d'abuser de ses pouvoirs.
- Se change en chauve-souris.
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MessageSujet: Re: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptyVen 18 Sep 2020 - 13:40

ENFIN ! *reprend une bonne gorgée de sang dans sa coupe en argent(en or blanc)*

Ce fut long, certes, mais c'est lu dorénavant.
Bien, Dracula est ravi d'avoir un vampire de cette qualité musicale ! Ce qui devrait être évidemment normal pour leur race de perfection n'est-ce pas ? Huhu.

Alors, Mephisto, le "diable sans corne" te souhaite la bienvenue au Manoir L'Île des Morts - Mephisto(pheles) 4198890058

Ah et...

L'Île des Morts - Mephisto(pheles) Tenor
T'auras droit à ton nom entier s'il est content de toi L'Île des Morts - Mephisto(pheles) 304983004
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MessageSujet: Re: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptyVen 18 Sep 2020 - 14:23

Mephistopheles est content de (bien) servir !
*Fierté d'avoir eu droit à son nom en entier*
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MessageSujet: Re: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptyVen 18 Sep 2020 - 21:30

(j'ai oublié de commenter oups)

QUELLE FICHE (et en plus j'ai tout lu). C'est vrai que la lecture n'était absolument pas indigeste, elle était même très agréable et on s'y fait vite prendre. On comprend que tu aies besoin d'autant de lignes pour décrire toute la vie de Mephisto, même si c'est pour se prendre un violent pincement au cœur à la fin. Je te remercie pas pour ça :(
Rebienvenue !






     
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MessageSujet: Re: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptyVen 18 Sep 2020 - 21:43

Brouh <3 je suis content que tu aies accroché ! Merci beaucoup pour tes mots (Je crois qu'une fiche m'aura rarement autant fait baliser que celle là XD)

:'( Et pour la fin je... Oui. Désolééééé. Moi-même j'assume pas trop je crois. *douleur*
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MessageSujet: Re: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptyDim 20 Sep 2020 - 13:09

Félicitations mon enfant


Tu es condamné.





Mephistopheles, ne crains pas la longueur de cette fiche qui ne fait que nourrir la soif éternelle des vampires. On y voit la progression, l'avant et l'après de ce pauvre homme trouvant finalement le chemin du Manoir Funèbre. Une partition d'une délicieuse qualité, ce n'est pas le Temps qui manque au noble peuple des Vampires. Mephisto saura rendre l'éternité plus agréable à subir de part ses notes, ainsi que de part ses pleurs.

Pauvre Mephistopheles, en larmes pour notre plus grand plaisir de le voir aussi dévoué et peiné du Mal. Dracula s'impatiente déjà d'entendre le plus grand chef-d'oeuvre jamais écrit. Alors ? Démon de musique, quand serviras-tu ton plus bel opéra au Domaine d'Halloween ?
Je te souhaite la bienvenue, Mephistopheles, entre donc dans le Manoir. Eduque ces enfants éternels, enterre tes proies regrettées et viens donc nous jouer un air parfait.


_______________________________


Je te serre chaleureusement la main. Cours vite créer ton Dé à Coudre et demander un Compagnon de Jeu afin de vivre une aventure !  Par ailleurs, n'oublie pas de prendre connaissance de L'intrigue du moment. A moins que tu ne choisisses de te lancer dans Mission Périlleuse ?  Si tu préfères passer du bon temps en papotant, rejoins sans tarder la Nursery. Quoiqu'il en soit, que ton séjour à Never Never Land soit fabuleux et éternel.


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MessageSujet: Re: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptyMar 22 Sep 2020 - 19:57

HÉ SALUT.

Je sais que cette fiche t'en as fait baver, mais le résultat est tout à fait lisible. Je suis loin d'être une grande lectrice pourtant je m'y suis plongée sans problème. Tu y dépeins une histoire digne d'un roman, avec des rebondissements qui - s'ils m'ont brisé le cœur - participent à la genèse d'un personnage complexe. Tu as eu de l'ambition et ton ambition a payé, sois-en rassuré : Mephisto ne déteint pas du tout au Domaine, au contraire il le rend plus beau et plus (oserais-je ?) vivant encore. L'Île des Morts - Mephisto(pheles) 755109198 D'autant plus que ta plume le décrit avec une justesse et un sens du détail admirable.

Je pourrais dire bien des choses encore, mais je vais me contenter de ceci : félicitations pour avoir bravé tes doutes et imprégné cette fiche d'une patte qui est assurément la tienne. J'ai hâte de suivre les aventures de Mephisto sur l'Île et sa future évolution.

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MessageSujet: Re: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptyMer 23 Sep 2020 - 10:50

Koukou !

Ton message me fait trop plaisir *licoeurs partout justice nulle part* <= je suis fatigué ce matin je raconte n'importe quoi).

(Merci aussi pour les crises de rires avec le live tweet du chan #rp XD, vrémenjérifor. Elizabeth est heureuse d'être appréciée !)

Je suis vraiment content que l'histoire fonctionne ! (J'avais un truc avec fort et précis dans ma tête et j'étais en flippe de pas réussir à faire justice aux feels mais je crois que je commence à beaucoup moins baliser grâce à vous tous <3 Mephisto toujours en train de décéder de bonheur du triple nom complet dans son message de validation aussi)

Hâte de voir Belladone et Mephisto en rp, avec leur amitié aussi naturelle qu'inattendue et leurs duos de pleurs bruyants violoncelle/piano-violon-voix o/
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Freckles
Freckles

♣ Chef des Livreurs ♣


✘ AVENTURES : 1894
✘ SURNOM : Le Lionceau
✘ AGE DU PERSO : Quinze ans

✘ LIENS : you're running on unsolid ground

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MessageSujet: Re: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptyDim 4 Oct 2020 - 17:02

D'habitude je clique jamais sur les musiques de fiches mais sache que je me suis battue avec les pubs youtube juste pour les beaux yeux de Mephisto.
Effectivement comme Elore, après lecture je comprends mieux tous tes états d'âme pendant l'écriture ! J'imagine même pas toute la recherche qu'il y a derrière. C'est d'autant plus marrant d'imaginer ce personnage évoluer dans un univers un peu absurde avec des squelettes qui dansent après avoir lu tout le déroulement de sa vie dans un monde ordinaire bien trop réel et tragique.
Beaucoup à dire du coup, je rajouterais que j'ai aussi un faible pour le personnage d'Elizabeth et le tout début de l'histoire et la façon si "casual" de raconter ses premières expériences avec la mort. Et je trouve ça super chouette l'idée d'un professeur de musique au Manoir. J'allais dire que pour remplir un orchestre il ferait mieux de ne pas se restreindre aux vampires, mais on voit ce que ça a donné quand il a essayé d'élargir ses horizons.

Bref c'est un très cool perso que tu nous a pondu encore une fois ♥ Rebienvenue !
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Morrigan Mac Banshea
Morrigan Mac Banshea

☠ Diseuse de bonne aventure du Port ☠


✘ AVENTURES : 94
✘ SURNOM : La Horla
✘ AGE DU PERSO : 25 environ

✘ DISPO POUR RP ? : YASS!
✘ LIENS : -Which Witch
-Allies and f*ckers
-Ses peurs et soucis

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MessageSujet: Re: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptyDim 4 Oct 2020 - 18:51

Tu m'as fait découvrir la Sérénade pour Cordes et je te remercie L'Île des Morts - Mephisto(pheles) 3864948088

Mephisto, jolème il me touche beaucoup et son histoire est (plus ou moins) celle de beaucoup de personnes queers et c'est à la fois pesant et triste mais grâce à ta façon de l'écrire, ça nous apaise et la tragédie passe, passe pas au second plan mais elle est amoindrie.

J'ai beaucoup de peine pour lui mais aussi un pour Nycteris, je comprends maintenant ce que ça fait quand les gens lisent mes fiches où je tue les familles et les amours de mes personnages L'Île des Morts - Mephisto(pheles) 1211697310 (cf tous sauf Verglas).

En tout cas bienvenue cher Mephistopheles.
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Mephisto
Mephisto

† Vampire †


✘ AVENTURES : 32
✘ SURNOM : L'Éploré
✘ AGE DU PERSO : Sans âge (39 ans)

✘ DISPO POUR RP ? : Oui
✘ LIENS :
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MessageSujet: Re: L'Île des Morts - Mephisto(pheles)   L'Île des Morts - Mephisto(pheles) EmptyDim 4 Oct 2020 - 23:04

Merci à vous deux :3

@Freckles
Heureusement pour les recherches il y en avait une bonne partie qui sortaient de mes cours et d'autres qui étaient faites d'avance (je me suis vachement inspiré  de celles que j'avais faites pour un exposé en méthodo y a deux ans où on a passé notre vie à la BU pour faire des recherches sur l'opéra français au XIXème siècle XD c'est ce qui m'a donné envie de baigner la fiche dans cette ambiance), mais après il restait effectivement pas mal de trous historiques stressants à combler D8

Pour l'orchestre je crois que Mephisto va effectivement éviter de recruter des vivants là (ça plairait pas trop au Manoir en plus), mais on m'a dit dans l'oreillette que les autres Horreurs étaient acceptées ! XD (... Minus les loups-garous peut-être).

--

@Morrigan
Ouiiiii la Sérénade pour Corde <3 jelemtelmen (même si depuis cette fiche je chiale dès que je l'entends, oups). Pardon pour le crève-cœur emiliesque :'-( il fallait qu'il meure pour le bien de la cohérence psychologique du personnage mais ça picotait fort aux entournures, j'ai encore du mal à assumer cet assassinat sauvage.

Je suis content que le perso vous plaise
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