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Pétrole se sentait encore tout soupire de la belle valse qui lui avait été donné. Son petit cœur sombre battait la chamade, mélodie enjouée un chouilla cacophonique mais emplie de joie et de bonheur.
L'instant avait été si doux. Si poétique. Digne des plus beaux contes de fée.
Mais l'Or noir n'était pas au bout de ses surprises !
Alors qu'il s'était éloigné de la piste de danse, revenant à ce que certains auraient pu désigner comme étant sa place, c'est à dire; un coin en retrait, une charmante, que dis je, superbe jeune femme fée vint à sa rencontre.

"Je crains que nous n'ayons jamais eu l'occasion de nous rencontrer." Fit-elle d'une voix doucereuse, portant sa main gracile jusqu’à sa poitrine, alors que Pétrole retirait son chapeau en signe de respect.
"Mademoiselle...
- Laissez-moi me présenter, je suis Absinthe." Avec élégance, elle exécuta une délicate révérence.
Sa robe était superbe, toute de feuilles et de voiles ouvragés d'un magnifique vert profond qui tranchait admirablement avec ses cheveux de feu. Mais elle n'était pas aussi belle que sa porteuse dont les yeux surlignés de noir semblait capable de faire prendre feu à n'importe quel bois, alors que dire d'une substance aussi inflammable que le pétrole ?

"Pourrais-je entendre votre nom ?"
Touché par tant de beauté, et pas l’intérêt porté à sa personne, l'Or noir exécuta une profonde révérence, rendant la politesse juste avant de lui répondre.
"Mon nom est Pétrole, et je suis votre serviteur." Fit-il avec un sourire qui lui fendit la mine, laissant échapper le liquide noir perpétuellement.
Lui qui pensait passer une soirée longue et triste, condamné à devoir se contenter de regarder les autres fées de loin, s'amuser ensemble.
Lui qu'on laissait si souvent de coté.
Trop dégoûté.
Trop horrifié par cette apparence qui entachait tout, empuantissait tout.
Il semblait bien que cette fois ci serait bien différente de toute les autres fois.
Et Pétrole en était ravi.

"Permettez moi, chère Absinthe, de vous dire que vous mettez cette robe particulièrement en valeur. Vous embellissez cette fête rien que de par votre présence. Vous devez enflammer bien des cœurs."
Il avait le compliment facile, l'Or noir. Mais il fallait dire qu'il n'y avait aucune difficulté à trouver quoi complimenter chez la Fée Verte.
Pétrole adorait la compagnie des filles fées. Elles étaient toute si jolies, si charmantes, si bien élevées.

Personne ne les traitait jamais à leur juste valeur !

A l'émotion du jeune -ne le sont-ils pas tous, pour elle ?- Pétrole, Mab esquisse un sourire à la fois doux et ravi. Puis cette danse se termine, comme les précédentes et celles qui suivront. Il est temps de retourner au sol. La magie de la Reine cesse de se mêler à celle de la fée des marais dès lors que leurs mains se quittent, mais Mab sait, aux remerciements sincères de son sujet, que ce n'est pas pour autant que le moment se meurt. Taquine, elle esquisse une petite révérence en réponse à la sienne.

« Tout le plaisir est pour moi, cher Pétrole. »

Sa Majesté le laisse s'éloigner en souriant, bien plus qu'elle ne l'a fait depuis le début de cet Hiver glaçant. S'il est important que ses ouailles gardent l'esprit enjoué lors de ces situations difficiles, c'est également le cas pour elle. Cette soirée, où elle peut ravir les siens et leur rendre un peu de cette dévotion qu'ils lui vouent, n'est pas de trop pour elle non plus.

Papillonnant élégamment un demi-centimètre au-dessus du sol -témoin de son humeur ravie, sans doute- Mab parcourt la salle des yeux à la recherche de la fée qui sera sa prochaine cavalière. Elle a bien noté la présence de son Haut-Conseiller, avec quelques un de ses chevaliers, mais décide de lui laisser le temps d'arriver. Une marque de grande mansuétude due à sa gaieté, à n'en point douter.

Son regard noisette se pose sur les fées profitant du buffet, celles qui se contentent de regarder et celles qui profitent déjà de la danse... Ses yeux sont soudain happés par un couple qui redescend et lui arrache un léger éclat de rire. Ha ! La belle paire que voilà. Elle trouve presque dommage d'avoir été trop prise par sa propre valse pour observer celle-ci.

Mais elle peut toujours obtenir un rapport de la bouche des premiers concernés.

Avec une élégance pleine de malice, Mab s'approche d'Opium et Obéron et pose une main délicate sur l'épaule de ce dernier.

« Permets-tu que je te l'enlève ? » Et, avec un sourire espiègle, la Reine détache sa main pour la poser, paume ouverte, devant son ancien Intendant. « Si ce cher Narcisse accepte de me faire cet honneur, bien entendu. »

C'est que depuis le temps, elle imite à la quasi-perfection la déférence subtilement au-dessus de tout de l'aristocrate.

Ami·e·s, ce soir, il y a bal ! - Page 4 Meena_14

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Au bras d’Obéron, Opium s’applique à briller.

Quand ils dépassent le rang des spectateurs et prennent position dans la piste de danse, le Narcisse sent des regards suivre chacun de leurs mouvements. L’embarras cède le pas à l’intime contentement alors qu’un sourire étire ses lèvres. Cette attention ne l’effraie pas, bien au contraire. Dans ces conditions, que pourrait-il bien faire, sinon tâcher de ne pas les décevoir ?

Opium glisse une main dans celle du Sigisbée, puis l’autre, hésitante, sur sa taille. Tant qu’à se laisser abuser par les manigances d’Absinthe, il préfère conduire la valse.

Ils s’élancent. Les premières attaques de l’archer dictent la cadence et les hautbois emportent son imagination. Les mouvement grâcieux du Narcisse sont sûrs, ils trahissent sa maîtrise de l’étiquette et son goût de la théâtralité. Il rayonne, de fierté surtout, mais aussi de joie.
Sa résolution à bouder la piste de danse semble lointaine. D’ailleurs, il n’y pense plus. Seul compte l’instant et le plaisir qu’il lui procure.
Une stratégie plus sûre vers le bonheur, qu’il a tôt fait d’abandonner lorsque son regard tombe sur l’odieux sacrilège.

Pétrole ! Créature hasardeuse, poisseuse et repoussante ! Souillure navrante, indignité répugnante, obscénité désolante ! Pétrole ! Dansant ! Dansant, certes – ou s’agitant grotesquement au rythme de la musique, selon le point de vue. Pétrole dansant ! Aux yeux de tous ! Surtout des leurs, aristocrates bien nés, peu accoutumés à un spectacle d’un telle violence et indécence ! Pétrole dansant ! Avec qui ? Tenez-vous bien. Impensable ! Avec elle ! Qui donc ? C’est insoutenable ! Faut-il le dire ? C’en est douloureux.
Il vous le donne en dix. Il vous le donne en cent. Il vous le donne en mille.
Pétrole dansant avec la reine !

Oh là là… Il détourne prudemment le regard alors qu’un frisson glacé et nauséeux lui parcourt le dos. Opium n’a pas d’autre choix que de faire abstraction et se réfugier dans la danse pour oublier cette vision profondément dérangeante.
Il tient environ une minute. Dès lors, sa valse est ponctuée d’amabilités échangées avec Oberon et de regards furtifs jetés par-dessus l’épaule de ce dernier. Le Narcisse est bon comédien mais son agitation transparait dans ses coups d’œil nerveux.

« Tout va bien ? », demande Oberon.
—Tout n’est qu’enchantement ! » répond Opium.

Le masque se fissure lorsqu’il laisse échapper un hoquet de stupeur. Pétrole s’en prend cette fois à Absinthe ! La Fée verte, une âme trop douce, le salue poliment. C’est plus qu’il n’en mérite ! Mais l’importun pousse la faute jusqu’à lui sourire ! Lui répondre ! Mais… il la courtise ?!
Les joues du Narcisse s’empourpre tandis qu’un filet de vapeur s’élève de son crâne, signe évident de son mécontentement.

« Oberon, très cher, je crains de devoir mettre un terme à cette danse car un devoir plus urgent m’appelle. », souffle Opium, haletant de colère.

Il n’a pas d’autre choix. La reine n’approuvera pas mais qu’importe ! Quelqu’un doit mettre un terme aux agissements de ce danger public ! Il OSE fanfaronner devant Absinthe ?! Absinthe ! Son… amie la plus précieuse !
Opium se voit déjà planter le Sigisbée sur place, retirer son gant et le jeter au pied de l’Or noir, le descendre d’une insulte bien sentie et le défier en duel !

Son élan est toutefois coupé par l’apparition impromptue de… rien de moins que la personne la plus importante de cette soirée. Un main blanche élégante se pose sur l’épaule cuivrée d’Oberon. Opium lève les yeux.

« Votre Majesté…
— Permets-tu que je te l'enlève ? », demande-elle dans un sourire solaire. « Si ce cher Narcisse accepte de me faire cet honneur, bien entendu. »

Pour la première fois depuis longtemps, Opium se voit dérobé jusqu’au sens des mots. Son esprit est déchiré, balançant entre le sauvetage d’Absinthe et la faveur qui lui est faite.
Absinthe. Mab. Absinthe. Mab.

« L’honneur est mien. », dit-il en s’inclinant avant de glisser la main dans la sienne.

Pardon Absinthe.
A sa place, n’aurais-tu pas fait de même ?

« Vous ai-je dit que j’ai appris la valse auprès des meilleurs ? A Vienne ! », babille joyeusement le Narcisse en s’éloignant avec la Souveraine. « Il se pourrait d’ailleurs que j’eu soufflé l’idée à Johann Strauss ! »

Résumé:

Sujet: Re: Ami·e·s, ce soir, il y a bal ! Dim 5 Nov 2023 - 19:41

Si les fées célèbrent aussi souvent, c’est tant parce qu’elles sont aussi épicuriennes qu’il est possible de l’être lorsque l’on a le destin des saisons entre ses mains que parce que leur Reine fait tout pour mieux connaître son peuple. Et les séances de doléances à la Cour ont leur charme, certes, mais elles ne permettent pas de voir l’ensemble.

Mab organise bal, festivités et soirées parce qu’il s’agit d’occasions d’observer ses ouailles ans que celles-ci ne le réalisent... et donc, sans qu’elles soient toujours sur leur meilleur comportement. Comme ses fées elles-mêmes, sa Majesté ne se montre pas sous le même jour suivant les situations. Mais elle sait qu’un bal, masqué qui plus est, est toujours une opportunité d’être témoin de quelque chose de nouveau.

Crépuscule, par exemple, a beau rester aussi droite et sévère que de coutume, l’Étincelante peut sentir au travers de son masque que les innombrables sollicitations du Messager commencent à lui faire monter la moutarde au nez... autant que cela soit possible chez le Bourreau, néanmoins.

Les couples qui se forment sur la piste de danse sont également autant d’indices que de pièces qui se jouent -et dont elle-même fait partie. Tout en accordant son attention à la danse, Mab observe la salle, recueille des indices qu’elle pourra -ou non- exploiter plus tard... non sans s’occuper principalement de la personne qui partage ses pas.

Après Pétrole, c’est à Opium qu’elle s’intéresse. Dans l’objectif d’éviter un incident diplomatique ou par pure envie, nul ne le sait. En tous cas, le Narcisse est ravi et son Altesse lui accorde un sourire rayonnant ainsi qu’une oreille attentive bien qu’amusée.

« Vraiment ? C’est donc une ravissante idée que vous avez eue là, mon cher ! » Puis son sourire se fait plus taquin. « Mais dites-moi... vos jeux d’ailes et de jambes sont-ils à la hauteur de votre verve ? »

C’est qu’il leur faut danser, à présent !

-

Le bal se poursuit dans l’extravagante fantaisie propre aux fées. Entre pas de danses, collations et parties de cache-cache dans cette forêt éphémère créée pour l’événement, chaque fée est invitée à se faire plaisir et à célébrer le renouveau de l’espoir sur leur belle Île.

La Reine, tout particulièrement, en incarne la forme la plus concrète en proposant à tous ses sujets présent de partager une danse. Qui n’accepterait par d’avoir ce moment unique avec sa Majesté ? Aux yeux de toutes les fées qui ne sont pas coutumières du Palais, il s’agit d’une occasion qui risque de ne jamais se représenter.

Même si la soirée est éreintante, creusant une fatigue dont les conséquences commencent tout juste à se faire sentir et ne sont que la partie immergée d’un iceberg glaçant, offrir de l’espoir à son peuple en ces temps troublés est certainement ce qui fait briller l’Étincelante de son plus bel éclat.

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✘ AVENTURES : 2537

The End

D'une façon ou d'une autre ce chapitre s'achève,
Le suivant commencera dès que le jour se lève,
Offrant à nos étoiles, de quoi coudre nos rêves.

FIN DE L'AVENTURE

» "Ce soir, elle va mettre le feu !"

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