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Sujet: Re: Dormir, c'est mourir un peu. [Mab & Oberon] Mer 16 Sep 2020 - 22:00

Mab apprécie le silence d'Obéron quant au côté drastique de certaines de ses décisions. On dit d'elle qu'elle est la Bienveillance même, mais ces gens-là ne connaissent pas le Sigisbée. C'est lui, qui incarne cette incroyable douceur envers chaque être, qu'il soit Nature, Fée ou Humain. C'est lui qui leur trouve encore des excuses. Pas elle.

Son Altesse n'a pas peur d'être froide ou clinique lorsqu'elle songe aux humains. Si elle a de la tendresse pour certains individus, la globalité la laisse de marbre. Voire lui provoque un agacement qu'elle met uniquement de côté par amour des Siens. Sa Bienveillance à elle, elle ne la doit qu'à son peuple. Et elle n'a aucun souci avec cela.

Mais elle comprend que ce ne soit pas le cas de son Frère-de-Rire. Elle l'envie, parfois. Et d'autres fois, elle est soulagée d'avoir été celle qui a hérité de la couronne. Elle ne voudrait pas voir cette éternelle Bienveillance forcée à disparaître.

Elle est là pour prendre les décisions les plus dures, lorsqu'elles s'imposent.

En voilà d'ailleurs une nouvelle, alors qu'elle explique le déroulé du plan au Haut-Conseiller, qui voit clairement les failles dans ses annonces. Il les mentionne d'une simple phrase, qui la réchauffe mais l'ennuie en même temps. Ne comprend donc t-il pas que ce n'est pas ce qu'elle souhaite ? Qu'elle préférerait de loin une autre solution, mais que ce Givre persistant et la perte d'une génération entière des leurs dans le Cocon ne lui laisse pas le choix ?

Son regard bien plus torturé qu'il ne l'est d'ordinaire, elle qui ne laisse généralement rien passer, se fond dans le sien. Evidemment, qu'il comprend. Evidemment qu'il sait. Evidemment qu'il est conscient des conséquences sur l'ensemble de leur monde.

Mais il y a plus important à ses yeux.

Mab détourne le regard, assommée par la gêne. Elle est incapable de faire face à de tels sentiments. Elle ne les comprend pas, n'en saisit pas la substance. Parfois, elle en a même peur.

Et pourtant, Obéron parvient d'une phrase à dénouer les épaules de la Souveraine, tendues sans qu'elle le réalise. Sa réplique sur les conseils qu'elle donne tout en étant incapable de les appliquer lui arrache un éclat de rire léger et un sourire doux. Ses prunelles noisette de nouveau fixées dans le lointain, elle répond dans un souffle.

"Tu sais bien que je ne peux pas. Alors fais-le pour moi, je t'en prie."

De plus, il a beau dire, elle n'est pas celle qui est incapable de cacher sa fatigue en pleine réunion avec l'ensemble du Haut-Conseil. Bien que ce ne soit que parce que Mab s'arrange pour craquer à d'autres moments, au cœur de la nuit, quand personne n'est là pour en être témoin. Ses nuits sont de plus en plus courtes, ses migraines de plus en plus fréquentes. La mort de fées continue de l'assaillir périodiquement, sans jamais être contrebalancée par les éclats de joie des naissances. Mais elle s'est habituée à tout cela. Tristement.

Obéron reprend la parole et elle l'écoute religieusement. Les informations que son Bras Droit reçoit des oiseaux ne sont pas à prendre à la légère. Au contraire, il s'agit probablement de leurs plus fidèles informateurs. Elle fronce es sourcils. Cette menace pourrait n'être qu'une rumeur, mais elle n'est pas à minimiser pour autant, car il y a tout autant de possibilités qu'elle soit réelle. Elle soupire profondément à l'entente de la dernière phrase, entre abattement et agacement. Elle ne répond pourtant rien, attendant la suite.

Les inquiétudes du Sigisbée sont légitimes, mais elles font monter chez la Reine une colère qu'elle contient à grand peine. Elle sait qu'Obéron n'est pas responsable des sentiments qu'elle éprouve. Ses questionnements sont compréhensibles, il incarne ce peuple envers qui elle aura à répondre de ses décisions un jour ou l'autre. Alors pourquoi ne pas commencer dès maintenant ?

"Ils ne peuvent pas attendre de nous que nous soyons la solution divine à tous leurs problèmes, Obéron. Il n'y a pas de solution miracle pour le moment. Elle serait déjà appliquée dans le cas contraire. Ils doivent le comprendre, même si la peur et le danger rendent cela difficile." Mab respire profondément. "Je n'ai pas perdu espoir. Si le Cocon ne prend pas, nous réfléchirons à une autre solution. Nous la trouverons, pour sauver l'Île, il le faudra."

Elle s'arrête plus longtemps et son regard se fige dans la direction hypothétique de la contrée des Horreurs.

"Je ne veux pas te mentir : je suis incapable de t'assurer avec certitude que ce plan fonctionnera. Mais j'ai envie d'y croire. J'ai besoin d'y croire. Sans quoi, autant avouer dès maintenant notre défaite et assumer que nous avons avec nous les derniers descendants de notre Peuple."

Mab pince les lèvres. Elle ne peut pas se permettre une telle pensée. La peine la submerge comme jamais elle ne s'est laissée envahir avant. Elle ploie soudainement sous la douleur et porte une main à sa poitrine.

...Et, tout aussi soudainement, plus rien. La respiration hachée, l'Étincelante tente de se redresser tout en laissant échapper avec un humour cynique qu'elle est loin d'avoir en temps normal.

"Si c'est un tel monde que tu imagines, je ne serai certainement pas là pour le voir."

Dormir, c'est mourir un peu. [Mab & Oberon] - Page 2 Meena_14

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Sujet: Re: Dormir, c'est mourir un peu. [Mab & Oberon] Ven 16 Oct 2020 - 19:35

Les masques de la souveraine se désagrègent, un à un : Retenue, Recul et bientôt Patience dépouillant la reine pour ne laisser que la fée.

- Ils ne peuvent pas attendre de nous que nous soyons la solution divine à tous leurs problèmes, Obéron.

Le Sigisbée ne peut s'empêcher de se trouver heurté de plein fouet par cette démonstration d'irritation. Il n'a guère le temps de maitriser son expression choquée.

- Il n'y a pas de solution miracle pour le moment. Elle serait déjà appliquée dans le cas contraire.
- Il est vrai mais...
- Ils doivent le comprendre, même si la peur et le danger rendent cela difficile.

Obéron n'ose plus prononcer un mot, de crainte de lui manquement purement et simplement de respect. Il s'en veut profondément d'ajouter au poids qu'elle porte déjà sur ses frêles épaules. Il ne lui est d'aucun soutien. Il contribue juste à lui piétiner un peu plus les ailes. Quelle honte !

- Je n'ai pas perdu espoir. Si le Cocon ne prend pas, nous réfléchirons à une autre solution. Nous la trouverons, pour sauver l'Île, il le faudra.

Sa détermination le frappe presque aussi violemment. Il ne doit pas se départir de sa foi. Il n'en a pas le droit. Mab endure le doute, les compromissions, l'angoisse qui va avec l'incertitude des choix draconiens. Il a l'obligation viscérale d'être ses ailes quand les siennes seront trop étiolées pour s'ébattre. Il se les couperait dès à présent si cela pouvait soulager sa peine.
Il la sent, fourbe, tenace. Elle tenaille l'Etincelante, assourdit sa lumière de voiles mortifères. Ombre grandissante, elle dévore l'or et les fanes iridescentes de sa magnifique chevelure, de tout son être radieux. Une peur létale, foudroyante, éventre Obéron et touille ses entrailles, les transformant en boue infâme. Son coeur cesse de battre, du moins en a-t-il l'impression, alors que Mab se tient, elle-même, la poitrine, blême.

Je vais te perdre.

La brutalité de l'épiphanie empoisse ses couleurs. Son aura gagne une teinte aubergine crépusculaire.

- Si c'est un tel monde que tu imagines, je ne serai certainement pas là pour le voir.

Obéron s'anime alors d'un sentiment qu'il n'avait jamais éprouvé jusqu'alors. Ô grand jamais. Il est agité d'une sourde colère qui goudronne ses cicatrices et ses larmes.

- NE REDIS JAMAIS CELA ! Je ne peux pas imaginer un MONDE sans toi ! JAMAIS ! Sa lèvre tremble. Je ne pourrais pas CONCEVOIR un monde qui ne te contient pas.

Aussi foudroyante qu'est survenue l'explosion, elle reflue, dispersant ses cendres, laissant le Sigisbée exsangue et terne. Ebranlé par son propre comportement, Obéron se détourne. Il ne peut plus la regarder en face après un tel éclat.

- Je n'ai pas perdu espoir. fait-il d'une voix douce, le timbre brisé, en lui empruntant ses propres mots. Le Givre n'aura pas raison de notre peuple, ni de toi. Si tu viens à partir, je te ramènerais, dussè-je sacrifier mes ailes, ma lumière et tous les rires qui m'ont animés jusqu'ici. Dussè-je me corrompre tout entier pour cela. Le monde que j'imagine t'a toujours eu pour épicentre et il en sera toujours ainsi que je puisse le voir ou pas....

Sujet: Re: Dormir, c'est mourir un peu. [Mab & Oberon] Sam 17 Oct 2020 - 12:23

La réaction d'Obéron la prend de court. Sa douleur elle-même reflue au profit d'une surprise sincère ponctuée d'angoisse, alors qu'elle voit les sillons se teinter de noir, rappelant des heures sombres de leur existence. Le Sigisbée s'exclame, et les yeux noisette de la reine s'agrandissent. Elle le regarde tempêter sans un mot, incapable de réagir face à cette colère qu'elle ne lui a jamais vue. Depuis leur premier rire, jamais Obéron n'a haussé la voix dans sa direction. Elle n'est même pas certaine de l'avoir entendu crier auparavant.

La main qu'elle a portée à sa poitrine redescend lentement et un long silence suit les propos du Haut-Conseiller. Mab le regarde alors qu'il se détourne, incapable pour le moment de faire le moindre geste dans sa direction. La surprise s'estompe peu à peu et elle la sent, cette douleur qui lui serre la poitrine et qui n'a rien à voir avec ce qu'elle éprouvait quelques secondes plus tôt. Ce n'est pas la sensation malheureusement habituelle de la perte de siens. C'est quelque chose de plus amer, de plus doux également, qui ne revient que lorsqu'elle pose les yeux sur ce visage troublé qui n'ose plus lui faire face.

La reine écoute, à nouveau, sans un mot. Ceux du Sigisbée la transpercent, l'atteignant bien plus qu'elle ne le montre. Bien plus qu'elle ne l'aimerait. Lorsqu'elle le voit réagir ainsi, elle se sent mal à l'aise. Elle s'en veut d'être la raison de tels éclats, d'être celle qui fait remonter la noirceur qui le terrifie tant, de l'entendre vivre uniquement à travers ses décisions. Elle ne lui a jamais demandé tout cela. Jamais elle ne le lui demandera. Elle aimerait tant qu'il vive avec la même insouciance que le reste des siens... Il le mérite tant.

Mais elle ne peut pas lui dire tout cela. Ni maintenant, ni jamais. Il ne le prendrait que comme une preuve supplémentaire d'une incompétence qui n'existe que dans son esprit, lui qui se convainc de ne jamais être assez, alors qu'il est déjà tellement. Pourquoi n'arrive-t-il pas à s'en rendre compte ? Pourquoi se fait-il si mal ?

Doucement, l'Étincelante s'approche de son âme sœur. Sa lumière est douce, plaisante sans être trop imposante, comme un soleil d'hiver. Elle s'arrête dans son dos et pose son front sur son épaule avant de murmurer.

"...Pardonne-moi. Je n'aurais pas dû dire cela."

Elle oublie, parfois, à quel point la sensibilité du Sigisbée peut être rapidement malmenée lorsqu'elle est en cause. Ce n'est jamais malicieux, c'est que cette facette de leur relation l'effraie un peu, sans qu'elle parvienne exactement à savoir pourquoi -ou qu'elle se persuade de ne pas savoir. Dans les tourments de la discussion, elle a parlé sans réfléchir. Sans comprendre qu'une simple phrase comme celle-ci le heurterait bien plus qu'elle ne l'avait envisagé.

Elle glisse l'une de ses mains dans la sienne. L'autre se pose délicatement sur le bras du Sigisbée. Qu'il se tourne vers elle ou non, elle veut qu'il comprenne.

"...Fais-moi confiance, Obéron. C'est la seule chose dont j'ai besoin. Je m'en voudrais éternellement si mes actions t'entraînaient vers des ténèbres dont nous avons eu tant de mal à nous échapper par le passé. Je n'ai pas besoin que tu me suives physiquement. Ta confiance, ta foi inébranlable, ton soutien... C'est tout ce qu'il me faut."

La simple idée qu'il se mette en danger pour elle la terrorise, mais elle ne peut pas le dire. Pas aussi directement.

"Alors, prends soin de toi, s'il te plaît. Ne te laisse pas crouler sous le travail. Profite de moments doux avec Absinthe et Verglas, qui n'attendent que cela. Vis, mon ami. Vis, et aie confiance en moi. Je serai toujours là, tu le sais bien."

Malgré les crises, les douleurs, les pertes d'énergie qu'il peut si aisément voir, lui qui lit en elle comme dans un livre ouvert. Ce n'est pas elle, qu'il doit avoir peur de perdre, mais tous les autres. C'est avec eux qu'il doit prendre du temps, au lieu de se noyer à l'excès dans le travail. Elle n'a pas besoin de le voir épuisé et fragile à cause du rythme qu'il s'impose. Sa Majesté peut prendre les décisions, et d'autres peuvent les exécuter. Obéron, lui, bien trop conscient de la frivolité de l'existence des siens, devrait profiter avant qu'il ne soit trop tard.

Non pas que Mab cesse soudainement d'espérer. Elle sait qu'ils trouveront une solution. Mais elle sait également que ce ne sera pas sans douleurs ni pertes.

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Le Sigisbée ne lui offre que son dos, seul rempart à sa dignité brisée en mille morceaux. De sa vie, il n'a jamais éprouvé de colère, envers qui que ce soit. Ses ailes pendent piteusement de ses omoplates comme une étole un peu trop lourde, une traine qui s'écrase et s'entasse au sol.
Une brise douce.
Une lumière délicate.
Il perçoit le poids d'une tête légère sur son épaule comme le bec d'un colibri venant butiner une fleur. Il tressaille à peine, n'ose plus bouger de peur de briser l'instant de grâce. Mab est là. Elle le touche.
Son cœur de fae cogne fort dans sa minuscule poitrine.

- ...Pardonne-moi. Je n'aurais pas dû dire cela.

Obéron déglutit, troublé soudain, tant par la proximité que par la fragilité tangible de sa reine. Quand elle lui prend la main, il tisse ses doigts bruns à ses phalanges immaculées.

-...Fais-moi confiance, Obéron. C'est la seule chose dont j'ai besoin. Je m'en voudrais éternellement si mes actions t'entraînaient vers des ténèbres dont nous avons eu tant de mal à nous échapper par le passé. Je n'ai pas besoin que tu me suives physiquement. Ta confiance, ta foi inébranlable, ton soutien... C'est tout ce qu'il me faut.
- Tu les as. Tu les auras éternellement.

Je t'aime, ma tendre et lumineuse moitié.
Je t'aime tellement.

- Alors, prends soin de toi, s'il te plaît. Ne te laisse pas crouler sous le travail. Profite de moments doux avec Absinthe et Verglas, qui n'attendent que cela. Vis, mon ami. Vis, et aie confiance en moi. Je serai toujours là, tu le sais bien.

Il se retourne et, avec une audace qui ne l'avait jusqu'alors jamais habité, effleure sa pommette du bout des doigts. Une peau de pêche, velouté et gorgée de soleil, surmonté d'un regard noisette pailleté d'or. Sa paume épouse sa joue comme si là avait toujours été sa place. Deux morceaux de puzzle parfaitement emboités. Ses ailes se gonflent d'une lumière duveteuse, lunaire : une pluie d'étoiles dans un ciel nocturne d'été.

- ... Et.. Et qui prendra soin de toi ? s'enquiert-il en la couvant d'un regard qui contient tous les printemps de l'univers. Laisse-moi prendre soin de toi, s'il te plait...

Sujet: Re: Dormir, c'est mourir un peu. [Mab & Oberon] Ven 1 Jan 2021 - 20:41

Si Mab n'est pas tactile, il lui arrive d'avoir des gestes pour ses semblables. Une main sur une épaule, une poignée de mains ferme mais amicale, une caresse dans une jeune chevelure... Il lui est pourtant beaucoup plus difficile de partager des gestes qui ont un sens plus profond que ce qu'on attend de son rôle de Reine. Tout comme elle a beaucoup de mal à recevoir ces mêmes gestes, quelle que soit la personne qui l'initie.

Aussi, la façon dont elle surpasse ses barrières pour rejoindre son Bras Droit n'a rien d'anodin. Certes, il s'agit d'Obéron. Son frère-de-rire n'est pas n'importe quelle fée qui passerait dans le coin. Ils se connaissent depuis toujours. Ce n'est pas pour autant que cela devient plus facile. Au contraire.

Mais Mab fait cet effort parce qu'elle sait avoir dépassé les bornes. Ses mots, qu'elle garde mesurés en toutes circonstances, sont allés plus vite que sa pensée. Elle qui cherche à tout prix à protéger chaque membre de son peuple réalise qu'elle a blessé l'un d'entre eux de la manière la plus indélicate qui soit. C'est la peur, qui parle. Et c'est cette même peur qui l'incite à approcher, à faire un geste qu'elle n'aurait jamais en temps normal.

Pour autant, cela ne la rend pas plus perméable au retour. Au contraire, fragilisée dans cette approche, Mab craint le contact plus encore que de coutume. Les doigts qui s'entrelacent aux siens sont encore supportables. La main sur sa joue, néanmoins, la laisse interdite.

C'est une bonne chose que le Sigisbée ne se soit pas tourné avant qu'elle ait terminé ce qu'elle avait à lui dire. Elle se serait sûrement interrompue en pleine phrase, dans le cas contraire. Pour le moment, son regard noisette cille rapidement et ses ailes frémissent alors qu'elle se contente de le fixer et d'attendre.

Qu'il prenne la parole ou qu'il cesse son geste ? Elle ne saurait vraiment le dire.

En tous cas, lorsqu'il finit par reprendre la parole, la souveraine laisse échapper une expiration plus profonde que les autres. Elle sent ses épaules se détendre presque instantanément, sans comprendre exactement pourquoi. Ce n'est pas grave, elle n'a pas besoin de le savoir pour le moment.

Elle n'a pas envie d'analyser son soulagement à l'entente de paroles qu'elle sait pouvoir maîtriser.

Avec un léger sourire, la Reine monte une main pour prendre celle qui est sur sa joue, sans lâcher l'autre. Ses yeux noisettes pétillent à nouveau de cette malice qui la caractérise, bien que la fatigue toujours présente commence à atteindre son masque royal. Elle descend leurs mains jointes entre eux et recule d'un pas, légère comme une brise de printemps.

"N'est-ce pas ce que je fais déjà ?"

La question est rhétorique, le ton quelque peu joueur, bien loin de l'angoisse précédente. Le sérieux s'envole pour laisser place à un amusement certes fragile, mais bien présent.

"Je te sais derrière chacun de mes battements d'ailes, mon tendre ami. Jamais nous n'en serions arrivés là autrement."

Ce n'est pas parce qu'elle ne le dit que très peu qu'elle n'est pas consciente de ce que le Sigisbée fait pour elle. Pour l'ensemble de son peuple. Il n'est pas son bras droit pour rien.

Une ultime pression, avant de relâcher les mains de son miroir.

"Et c'est pourquoi il faut te préserver également."

Le ton reste extrêmement doux, mais pas pour autant matière à discussion. Mab ne laissera pas tomber l'affaire tant qu'elle n'aura pas la garantie que son frère-de-rire tâchera de prendre le repos qui lui est dû.

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- N'est-ce pas ce que je fais déjà ?

A la minauderie désinvolte, Obéron ne peut s'empêcher de sourire. Il n'est plus douce vision que Mab parée de ses plus splendides atours : sourire et savoureuses réparties.

- Je te sais derrière chacun de mes battements d'ailes, mon tendre ami. Jamais nous n'en serions arrivés là autrement.
- Je n'ai fait que mon devoir, n'ai agit que par vocation. Le Sigisbée ne se sent pas digne d'un si grand honneur. Il ne mérite pas de compliments pour des tâches qui lui semblent normales. Ta grande faute d'être une souveraine attisant inspiration et bonne volonté, fait-il avec un demi-sourire, écho de son humour avec moins de mordant.
- Et c'est pourquoi il faut te préserver également.
- D'être trop inspiré ou de bonne volonté ?

Il éclate d'un rire franc assez rare qui résonne sous la voute haute et les lustres floraux, un rire qui rappelle celui qu'il fut autrefois, avant le drame de la Sylve Obscure : confiant et insouciant. Cela palie sans nul doute, au froid qu'il éprouve à présent qu'elle ne lui tient plus les mains. Il aurait voulu que l'instant s'étire encore un peu.
Reprenant sa distance usuelle et sa retenue, Obéron incline gracieusement le buste.

- Je vais de ce pas obéir à vos ordres, votre Majestée. Merci pour cette conversation précieuse. Je vais à présent prendre congé et exécuter votre sommation au repos. Puis il ajoute avec une oeillade appuyée. Vos conseils sont si avisés que je m'étonne que vous ne vous les appliquiez pas à vous même plus souvent.

Voir le sourire s'étirer sur les lèvres brunes du Sigisbée est un soulagement. La colère est passée, l'instant de gêne également. Mab s'en sent un peu plus légère même si elle sait qu'il ne s'agit que de la partie émergée de l'iceberg. A présent, il est important que son Bras Droit consente à s'adonner au repos qu'il se refuse de manière bien trop déraisonnable.

Et non, elle n'est pas bien placée pour faire ce genre de remarque. Mais elle reste la Reine.

A la répartie pleine d'humour du Sigisbée, l'Étincelante se contente de sourire, ses prunelles noisette pétillant d'un amusement contenu. Cet éclat de rire franc, devenu si rare, fait vibrer sa lumière d'une douceur attendrie. Si seulement cela pouvait redevenir plus fréquent...

Mais l'instant, comme tant d'autres, passe. D'un pas en arrière et d'une courbette, distance et protocole reprennent leurs places. Les mains de Son Altesse retrouvent leur place habituelle, jointes et posées sur le devant de sa robe. Elle adresse un sourire au Haut-Conseiller, ainsi qu'un hochement de tête.

"Tout le plaisir est pour moi, mon cher."

Son regard pétille à nouveau à l'ajout d'Obéron, et un sourire mutin se glisse sur ses lèvres rosées.

"J'y songerai dès que mes plus fidèles sujets en auront testé eux-mêmes les bénéfices."

La légère malice dans sa voix ne contredit cependant pas le sérieux de son affirmation : elle tâchera de prendre un peu de repos, elle aussi. Ne serait-ce que pour que la tranquillité d'esprit de celui qu'elle suit du regard alors qu'il passe la porte, la laissant seule avec ses pensées.

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✘ AVENTURES : 2537

The End

Nul ne sait comment cette aventure s'achève,
On l'aura oublié, dès que le jour se lève.

FIN DE L'AVENTURE

» Glace à l'eau des grands ruisseaux [Glucose & Obéron]
» [Flashback] Les âmes, libellules de l'ombre...{Mab, Boréal & Obéron}
» Le pollen doit s'égarer pour ensemencer. {Vijendra&Obéron}
» "Si tu ne peux être une étoile au firmament, sois une lampe dans ta maison." {Ciel & Obéron}
» “La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité.” {Mab & Obéron}

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