Ce qui se cache au fond de mes yeux ? C’est pas une question simple à répondre... Ancolie prends un moment pour réfléchir. Je crois que la plupart du temps, je n’ai rien à cacher. Tel que vous me voyez, je vous raconte tout. Contrairement à mes adelphes, je n’ai jamais été très douée pour exprimer, voire ressentir mes émotions. Alors il me semble que je n’ai rien à cacher. Une pause. En fait, ce n’est pas forcément vrai. Je sais exprimer ce que je ressens, mais seulement au travers de la musique. Quand je tire une corde de ma lyre, c’est là que je ressens mes émotions. Que je comprends que je suis heureuse, triste, envieuse, en colère, jalouse, et-cetera, quand je relâche cette même corde, c’est là que je communique ces émotions. Elle ricane. C’est ridicule comme formulation... Elle réfléchit, puis reprends : En fait, la musique, la lyre, la guitare, le chant, forment une sorte de thérapie pour moi. Elle marque une longue pause, à nouveau.

Je ne me suis jamais sentie comme les autres fées, j’ai toujours eu l’impression qu’il me manquait quelque chose. Je sais que la plupart apprécient se poser près de ma cabane lorsque je joue de la musique, je suis régulièrement invitée à chanter quelque chose lors des fêtes de l’archeforêt, je n’ai jamais été mise à l’écart, ce n’est pas ça le problème. Je ne saurais pas vraiment l’expliquer, mais j’ai l’impression d’être différente des autres fées, pas meilleure, pas pire, juste, différente. Elle fouille dans ses pensées. J’imagine que mon absence d’émotion en est la raison. Je ressens tout de même le besoin de protéger mes adelphes. À l’Archeforêt, j’ai l’impression d’être la gardienne. Si le lieu est menacé, c’est moi qui prend la responsabilité de régler le problème. Soit en dialoguant avec l’intrus, soit en le neutralisant, s’il le faut. Elle ricane à nouveau, je crois bien que je suis une bonne chasseresse. Elle remarque un temps de pause et rougit. À vrai dire, ça me plait bien d’être bien vue des autres fées. Alors je m’entraîne pour toujours les protéger. Ce sont mes soeurs et mes frères, ce sont ma famille.

En fait, si je ressens une certaine distance entre moi et les fées, avec les garçons perdus, je me sens au contraire plutôt proche, Naturellement, puisque je suis une fée. J’ai juste la sensation qu’ils font office de deuxième peuple, pour moi, voire de premier peuple. La plupart des nuits, après leur couvre-feu, je me change en elfe, prends une lyre ou une guitare, et chante des berceuses aux cabanes. Un rictus. Souvent les enfants regardent à leur fenêtre ou porte au lieu d’aller au lit, je peux rarement faire très long de nuit. Il m’arrive cependant de revenir à l’aube. Au bout du compte, je suis même devenue amie avec certains garçons perdus. Je suis toujours bien accueillie auprès d’eux.

En bref, je crois que je suis quelqu’un d’assez ordinaire, pas forcément pour une fée, mais ordinaire quand même. Comme je vous l’ai dit, mes yeux n’ont rien à cacher.

- Ancolie est plutôt douée à l’arc et très douée à la lyre.

- Son compagnon est un chat roux qu’elle a nommé Parfield

- Elle aime vraiment bien être mise sur un piédestal, elle ne l’admettra pas, mais c’est aussi pour ça qu’elle prends autant à coeur de protéger l’Archeforêt.

- Elle prends beaucoup de plaisir à concevoir des objets à partir de végétaux. Que ça soit des armes, des objets de décoration, éventuellement des vêtements.

- L’artiste utilise souvent sa forme d’elfe. Elle dit que c’est plus pratique pour jouer de la musique.

- Elle a,  en revanche, souvent de la peine à chanter après cette transformation, elle doit rechauffer ses cordes vocale.

- Ancolie ressens les émotions de manière très atténuée, contrairement aux autres fées.

- Cependant, quand elle joue de la musique, ses émotions sont beaucoup plus fortes.

- Il lui est arrivé de ne pas réussir à terminer une performance car elle s’est mise à ressentir un très grand chagrin avant la fin. (ça non plus, elle ne voudra pas l’admettre)

- Elle s’entend bien avec les perdus.

- Parfois, des pulsions mesquines la poussent à s’approcher des perdus endormis pendant la nuit, et chuchoter des mots pour tenter d’attiser les cauchemars.

- Si les perdus se réveillent lors de cette procédure, elle fuit par la fenêtre mais reste dans le cadre pour observer la réaction de sa victime.

- Aime célébrer ses victoires avec une bonne bière, ou deux.

Le soleil se levait sur le grand-arbre, comme tous les matins, et les garçons s’agitaient autour de la fée, qui s’était endormie au pied de l’arbre, sa lyre collée contre elle. La veille, comme bien souvent, elle s’était changée en Elfe et était venue chanter pour apaiser le coeur des perdus, pour les aider à décompresser. La transition entre le jour et la nuit peut parfois paraître brusque, alors souvent, elle vient aider à ramener le calme au grand-arbre. Ce n’est pas sa mission, mais elle se sent parfois plus proche des perdus que des fées. Elle apprécie constater le regarde des plus jeunes se poser avec curiosité sur son instrument, elle sent qu’elle a de la valeur.

Il faut dire que, pour elle aussi, la musique lui permet de trancher net avec son quotidien.

Elle se réveille gentiment, elle garde les yeux rivés vers le ciel, admirant les couleurs qui s’offraient à elle, les feuilles de l’arbre qui se meuvent au gré du vent,  l’ombre provoquée par les branches. C’est le genre de choses qui l’inspirent, peut-être va-t-elle rester quelques heures de plus ici avant de rentrer à l’Archeforêt.

C’est décidé. Elle se redressa, s’appuya contre l’arbre, saisit sa lyre, son carnet et commença à jouer quelques accords. Elle cherche un enchaînement harmonieux, elle veut retranscrire le moment, l’écrire sous papier, s’en souvenir pour toujours. Une fois son enchaînement trouvé, elle le répéta quelques fois avant de l’inscrire sur la feuille. Elle se réjouissait de pouvoir le faire écouter aux autres fées de la forêt, depuis sa cabane.

Autour d’elle, deux garçons avaient cessé leur tâche pour écouter cette mélodie, toujours quelque peu branlante, mais qui s’alliait avec justesse à l’ambiance du grand-arbre. Ces garçons avaient déjà écouté l’Elfe la veille au soir, mais ils n’avaient pas pu poser les yeux sur l’origine de la musique. Ancolie les regarda en retour, leur adressa un grand sourire et continua à jouer, car c’est ce qu’elle fait.