Au départ, Scar ne prêta pas vraiment attention à l'échange entre le corbeau et son maître. Les chamailleries des deux amis de longue date ne l'intéressaient pas particulièrement. Dans la foulée, il se rendit compte qu'il avait enfin accepté l'oiseau comme être à part entière plutôt qu'un vulgaire animal de compagnie et peu trop bavard. Cela ne signifiait qu'il l'appréciait davantage qu'avant mais reconnaissait au moins sa valeur.

Le Rouge avait à peine entamé le rangement de leur succinct repas que la conversation prit un détour plus personnel.

« Comme si t'avais besoin de moi pour reluquer tes potes...»

Foudroyant le piaf de son regard le plus noir et révisant son précédent jugement, il parvint néanmoins à retenir la remarque cinglante qui tambourinait à la porte de ses lèvres. Tool fut moins discret.

« Ferme-la ! »

L'exclamation surprit Scar. Compte-tenu de leur première journée de voyage, il aurait plutôt pensé le russe du genre à ignorer la remarque et à laisser celle-ci s'évanouir aussi soudainement qu'elle était arrivée.

Comme il ne trouvait rien à dire qui n'aurait pas juste pour effet d'empirer la situation, le Rouge se remit à la tâche comme s'il n'avait rien entendu du sens de la dispute, ignorant ses compagnons de la même façon qu'un parent ne prête pas attention aux jeux des petits enfants.

Finissant de rassembler leurs possessions afin qu'ils puissent être prêts à partir le lendemain sans traîner, il jeta un coup d'oeil à l'intérieur de la tente. Celle-ci n'était pas très spacieuse mais suffisante pour qu'une paire de jeunes adolescents puissent y dormir confortablement. Deux grands adultes allaient y être à l'étroit. Ce n'était pas une pensée traîtresse envers son Roi mais une simple constatation physique et objective.

Tournant la tête, Scar observa brièvement l'Artisan près du feu. Il aurait été trop insultant de lui dire qu'il préférait finalement dormir dehors, même un aussi peu fin diplomate que lui savait ça. Bien sûr, le Rouge aurait pu s'en foutre mais Tool n'était pas un si mauvais camarade de voyage et il ne voulait pas passer les jours suivants à se suivre en s'évitant. D'un autre côté, il savait qu'il ne fermerait probablement pas l'oeil de la nuit, n'ayant jamais partagé une couche si proche avec quelqu'un d'autre.

Reportant son regard devant lui, le Sentinelle lissa ses cheveux en arrière, exposant pleinement sa cicatrice, et soupira. Sa tête lui disait qu'il était irrationnel, que cette promiscuité n'était qu'un des désavantages du grand air, mais ses tripes se serraient tout de même à l'idée. La pique du corbeau n'avait pas arrangé son cas...

Finalement, Scar se retourna vers l'Artisan et lui fit signe.

« Rajoute du bois sur le feu avant de dormir, je prendrai le deuxième tour de garde après le piaf. »

Sur ces mots, il entra sous la toile de la tente, réarrangeant le mince bâton qu'il avait placé entre leurs couvertures. C'était con mais ça lui donnait une maigre impression d'intimité, de séparation, si Tool posait des questions il trouverait bien un truc pour justifier.

Les croassements incessants de l'oiseau irritaient le Rouge et celui-ci se dit que, finalement, il aurait peut-être eu mieux fait de balancer sa branche en direction du gros corbeau au lieu de dessiner une ligne aussi imaginaire que celle de son sourcil gauche entre lui et un type qui n'avait pourtant rien de menaçant.

Mais qui avait évidemment du mettre les pieds dans le plat, et jusqu'aux genoux, dès son entrée dans la tente.

« La grosse brindille, c'est pour quoi ? »

L'espace de plusieurs dizaines de secondes, Scar ne dit rien, ne semblant même pas s'apercevoir qu'une question lui avait été posée. Il continua à délacer ses bottes avec la même attention blasée envers un geste répété des milliers de fois.

Pourquoi Tool n'avait pas simplement ignoré la chose ? S'il le cernait aussi bien qu'il le prétendait, il aurait du deviner qu'il valait mieux n'y prêter aucune attention. Maintenant le Sentinelle allait devoir se justifier sans passer pour un fou. C'aurait été un de trop dans leur expédition.

Se réprimandant pour la pensée malvenue, il aligna ses chaussures près de l'entrée et se redressa. Il se sentait fourbu de la journée et le frottement répété des habits trempés avaient irrité la jeune cicatrice à son flanc, sa soeur aînée sur son épaule où une chauve-souris géante l'avait mordu et les petites dernières dans son dos déchiré par les griffes d'un monstre. Les autres avaient trop vécues pour se soucier du mauvais temps.

« Des fois je me dis que même si on ne grandit pas, ça ne nous empêche pas de vieillir. »

Le Rouge avait ostensiblement évité la question et se donna plutôt en spectacle en étirant ses lombaires et en les faisant craquer comme pour appuyer son point avant de s'allonger sur les couvertures. La nuit tombait vite, le jaune vif du soleil ayant déjà sombré à l'orange sanguin du désert au crépuscule, et Scar voulait être endormi lorsque le froid viendrait à leur rencontre.

« Ne dépasse pas le bâton. » dit-il d'un ton qui ressemblait davantage à une demande qu'un ordre. Il ajouta « S'il-te-plaît » d'une voix neutre puis se tut.

Il ne se sentait pas la force d'offrir une explication plus détaillée et de toute manière ça ne regardait pas Tool. Qu'est-ce que l'Artisan pouvait bien en avoir à foutre d'une ridicule petite brindille ? Le Rouge ne lui demandait pas de comptes quand il l'entendait murmurer à lui-même.

Se couvrant d'abord, Scar tourna ensuite sur son côté, faisant désormais face à la fine paroi qui le séparait de l'extérieur. Il se fit la réflexion qu'il aurait au moins pu avoir le bon sens de changer de t-shirt. Celui-ci était rêche d'avoir séché sur lui et sentait le sel et la crasse du désert.

À chaque fois que le russe s'était réveillé, Scar en avait fait de même. Il n'avait rien dit, prenant garde à ce que sa respiration demeure lente et égale pour ne pas se trahir. Tool ne faisait pas de bruit mais son agitation était presque palpable pour le Sentinelle qui ne dormait que d'une oreille.

Il s'était demandé ce qui pouvait bien perturber ainsi le repos de l'Artisan et en avait déduit que celui-ci n'avait simplement pas l'habitude de dormir dehors, loin de la sécurité du Grand Arbre. S'il y avait une autre raison, le Rouge préférait ne pas savoir. Parfois les choses ne demandaient pas qu'on en parle et aimaient mieux rester voilées de leur silence.

Enfin, lorsque Tool sombra une dernière fois dans le sommeil, Scar l'y suivit. Cette fois-ci, il plongea plus profondément vers la poignée d'heures réparatrice que son corps lui implorait. Il ne rêva pas - ou ne s'en rendit pas compte, se contentant de flotter dans un vide noir et sans imagination...

Une présence étrangère l'éveilla soudain et le Rouge sut qu'il avait fait une erreur en laissant le Corbeau seul à faire le guet.

Le feu avait péri, rendant la nuit totale, et un ennemi en avait profité pour se glisser sous la tente. Le Sentinelle sentait ses doigts sur son torse, remontant pour venir l'étrangler ou lui couper la gorge. Dans son demi-sommeil, léthargique et engourdi, il agit par instinct plus que par sagesse, saississant le bras de l'inconnu et retournant celui-ci pour l'immobiliser au sol. La tente vacilla mais tint bon. De sa main libre, Scar aggripa la première chose à sa disposition - le bâton - et vint l'appuyer contre la nuque de son prisonnier.

Le bâton.
Tool.

Une honte glacée doucha le Sentinelle. Elle pénétra sous sa peau et gela ses entrailles, fit craquer sa colonne sous son givre. Un mince filet d'aube s'était glissé par la toile entrouverte et faisait scintiller de façon accusatrice les larmes de l'Artisan. Il avait envie de mourir.

Scar recula, incapable de réconfort ou d'explication, fuyant sa propre folie avec dégoût.

« C'est toi qui m'a touché ! » lança-t-il au russe d'un ton cinglant.

Mais même à ses oreilles, l'accusation était puérile et injuste à vomir. Il se haïssait pour cette réaction de colère, cette mauvaise foi qui justifiait chaque médisance à son sujet. Pourtant, il savait que jamais il ne serait parvenu à accepter sa propre faiblesse à l'instant, à admettre des séquelles qu'il se convainquait d'avoir dépassées. Le Rouge préférait encore être méprisé que d'avoir à avouer.

« Je t'avais demandé...»

Il recula encore et avec tant de précipitation que la tente se cambra et céda finalement sous son poids, les enfermant tous deux brièvement dans un sarcophage de tissu.

Rageusement et avec plus de violence que nécessaire, Scar saisit la toile par poignée et se mit à tirer ce qui lui paru des kilomètres d'étoffe. Ses yeux le brûlaient mais il plaça la faute sur le sable et la poussière qui lui fouettaient le visage.

Il avait eu envie de le tuer. Comme ça, sur le moment, d'un esprit flouté repeint d'une rage écarlate.

Enfin parvenu à s'extraire de l'enchevêtrement de toile, Scar resta un moment à genoux dans la poussière, respirant lentement et tentant d'atténuer le nœud de son estomac et cette honte qui incendiait d'horreur sa nuque et son visage.

Encore et encore il se demandait pourquoi il avait décidé d'emmener l'Artisan avec lui. Ça avait été une idée débile, irréfléchie, le Sentinelle savait bien, pourtant, qu'il n'était bénéfique - et encore - qu'à distance. Comme Chef robotisé qui donnait ses ordres, en tant qu'être humain il ne valait rien et Tool devait franchement regretter d'avoir voulu l'accompagner.

« Je suis désolé de t'avoir fait peur. Franchement, c'était pas le but. »

Interrompu dans son apitoiement visqueux, le Rouge tapa du poing sur le sol, ne parvenant qu'à envoyer valser une douzaine de graviers et s'enfonça le reste sur la tranche de la main.

« Mais ferme-la, putain ! » aboya-t-il sur le russe avant de se lever, lui tournant toujours le dos « T'excuse pas, pourquoi tu t'excuses alors que c'est moi qui ai failli te buter ??? T'es vraiment trop con. Insulte-moi, frappe-moi mais t'excuses pas bordel...»

Il avait perdu le fil sur la fin, son être tout entier lui implorant de se casser avant de détériorer encore plus le cours des choses. Comme un gamin, il ne voulait pas expliquer et avait l'espoir naïf que le silence et la fuite mèneraient à l'oubli.

Prenant une longue inspiration un peu chargée, Scar épousseta rapidement ses vêtements puis annonça d'un ton factuel:

« Je vais pisser. Mange un truc si tu veux, on part direct après. »

Scar fit durer son éloignement plus longtemps que ce qui était nécessaire pour répondre à n'importe quelle exigence naturelle mais se disait que le russe ne dirait probablement pas non à ce temps-mort. De son côté, le Sentinelle ne savait toujours pas ce qu'il allait bien pouvoir lui dire. Calmé, il était prêt à s'excuser mais trouvait la démarche ridicule voir insultante après ses paroles de tout-à-l'heure. Ne rien dire ne valait pas mieux et laisserait juste flotter le malaise entre eux le reste du trajet. Lui en parler était impensable.

Alors le Rouge se retrouvait là, assis le dos contre une colonne vertébrale géante, à attendre comme un con que la providence daigne venir à sa rencontre. Il fouillait tout l'ivoire de l'Ossuaire des yeux, espérant y trouver un ennemi légitime sur lequel se défouler, pensée qui le réjouissait par son action et le répugnait à la fois parce qu'il ne connaissait pas d'autre exutoire que la violence ou l'effort physique. Ça lui donnait l'impression d'être un de ces thugs qui bossaient pour les gros poissons de la rue et ne savaient rien faire d'autre que frapper et obéir à leur patron. Pas une comparaison très flatteuse même s'il savait qu'il n'avait rien d'un intellectuel.

Apaisé du moins en surface et devant l'absence de monstre à l'horizon, Scar se résolut à retourner au campement la mort dans l'âme, toujours incapable de choisir comment il allait aborder le reste du voyage. Il ne fit qu'un bref arrêt pour ramasser un peu de ces plantes sèches qui feraient un bon allume-feu pour plus tard s'il arrivait à les garder à l'abri,

À son arrivée, il déposa son fardeau en silence puis approcha finalement Tool après plusieurs hésitations et presque-renoncements pour lui tendre un objet qu'il avait trouvé près des plantes.

« Tiens. Je me suis dit que ça t'intéresserait peut-être. »

Il ponctua sa phrase d'un haussement d'épaules, trouvant déjà que cet ersatz de calumet de la paix était finalement une idée stupide. Il s'agissait d'un petit crâne d'oiseau au long bec fin comme celui d'un colibri sauf que l'os était différent de la normale, avec une teinte presque métallique dans son blanc jaunâtre qui prenait des reflets de différentes couleurs selon la lumière. Pas un truc qui l'aurait lui-même intéressé mais qu'il avait pensé adapté pour un Artisan un peu bizarre.

Apercevant le corbeau sur l'épaule du russe, il ajouta à son attention:

« Sans offense. Bien sûr. »

Si le russe s'était montré trop réjoui, Scar n'aurait pas su comment réagir. S'il avait refusé le présent, cela l'aurait peut-être blessé davantage qu'il n'aurait osé l'avouer. Ce pudique remerciement sans conséquence et qui n'attendait pas de réponse lui convenait donc parfaitement.

« On y va ? »

À l'expression de Tool, le Rouge reporta lui aussi son regard sur la jungle qu'ils avaient quittée la veille. Il n'avait pas plus envie d'y retourner que son compagnon. La pluie interminable et monocorde, la boue qui vous aspirait comme de la tourbe, les ennemis qui pouvaient surgir de n'importe où.

« On est pas obligés de retourner dans la jungle. » il pointa le cimetière d'ossements qui s'étendait devant eux « Si on traverse l'Ossuaire, on aura juste un cours d'eau à traverser pour arriver chez les Fées. Et depuis là le chemin pour descendre au Bayou devrait être facile et agréable. »

Ils n'avaient plus de carte détaillée, mais le Sentinelle vivait sur cette Île - même changeante - depuis suffisamment longtemps pour s'en figurer la géographie. Surtout maintenant qu'ils n'étaient plus dans la jungle et qu'il avait un paysage dégagé pour s'orienter.

« Bien sûr, si on fait ça, on va devoir longer la Lande. »

Scar avait suffisamment confiance en eux pour la contourner sans encombre mais le danger restait important. Trop, peut-être, pour justifier leur passage dans le mince couloir qui les sépareraient de la perdition.

« Et de toute façon...il y a quelque chose que j'aimerais vérifier là-bas. »

Il s'était promis de chercher Shark en même temps, refusant l'idée que la jeune arabe soit irrémédiablement disparue. Elle devait s'être perdue, quelque chose avait du la retenir, ou alors, si elle avait décidé d'elle-même de ne plus revenir, il allait lui faire changer d'avis. Le Sentinelle avait déjà perdu le plus fidèle des siens, il refusait d'en laisser partir d'autres.

Le russe semblait confiant et Scar peinait à comprendre pourquoi, ou comment d'ailleurs. De tous les lieux de l'Île, la Lande était celui qui le terrifiait le plus intensément. L'idée qu'on vienne déchirer les quelques souvenirs lui restant, lui arracher sa personnalité pour ne plus le laisser qu'avec de vieux fantômes était insupportable. Il se rassurait, bien sûr, en se répétant qu'ils n'y entreraient pas, qu'il n'y avait pas de vrai danger et que ne pas vérifier là-bas pour quelque trace de sa Sentinelle perdue le rongerait de façon pire encore.

Pourtant le Rouge traînait les pieds, s'était retrouvé une fois puis deux derrière l'Artisan qui avait donc mené une partie de la marche de ce jour-là. Silencieusement, il avait analysé sa démarche, son attitude qui passait parfois rapidement d'un calme distingué à un égarement pensif ou troublé, l'amitié fraternelle et particulière qu'il semblait entretenir avec l'oiseau...ensuite Scar avait regardé défiler le paysage aride, mal à l'aise avec le fait de trop jouer à l'espion.

« Tu as entendu ? »

Le Sentinelle porta une nouvelle fois son attention sur Tool.

« Tu me refais le coup ? »

Et puis il l'entendit aussi, comme un piaillement, en un peu moins aigu. Un miaulement ? Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas croisé de chat, il n'était pas très sûr. Penchant légèrement la tête, fermant les yeux et retenant sa respiration, le Rouge se concentra exclusivement sur son ouïe. C'était un sens qu'il avait affûté au fil des ans et de ses rondes nocturnes, quand les yeux ne suffisaient pas à percer l'obscurité. Le cri retentit encore une fois et Scar revint à la vie.

« Par là. » dit-il en pointant une zone cachée derrière une pente de terre rouge et d'herbe maigre (ils étaient sortis de l'Ossuaire mais le paysage restait très sec).

Reprenant les devants, il gravit le petits sentier et se rapprocha de l'origine du miaulement, ralentissant à mesure qu'il s'approchait. Le chat n'était pas seul mais accompagné d'un grand loup blanc.

Le Sentinelle se retourna vers le russe et lui fit le geste d'être silencieux avant de reprendre sa lente marche. Malgré ça, il ne pouvait pas empêcher les graviers de crisser sous ses pas.

Alors le loup releva la tête, attentif, et Scar se rendit compte qu'il ne s'agissait pas d'un loup mais d'un grand chien au poil légèrement frisé et à l'air noble. Déjà de là où il se trouvait son pelage prenait d'irréels reflets. Le chien était d'un blanc jaune lumineux, d'une couleur qui lui rappelait le soleil bien que la peau sous les poils fût noire et l'observait avec gentillesse d'un regard bleu. Il était aussi blessé, une longue entaille pas encore tout-à-fait refermée lui cinglait le poitrail.

Une fois que le Rouge fut accroupi à moins d'un mètre du duo, il releva encore une fois son erreur. L'animal était une femelle. Les mamelles de la chienne était enflées de lait et pourtant il ne voyait aucun petit aux alentours. Et puis il fit le lien avec l'entaille qui zébrait la fourrure ondulée et comprit que sa portée avait du être emportés par plus gros prédateur. Malgré lui et à son grand désarroi, le Chef sentit des larmes buter contre ses paupières et saigna un instant pour la perte de cette mère qui venait d'avancer le cou et lui léchait mollement la main.

« Tool. Viens voir. »

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