Tout ce renouveau progressif faisait chaud au cœur. Plume ne savait pas qui, entre les Créatures ou les humanoïdes de l'Île, étaient les plus heureux de voir l'Île et sa végétation refleurir à nouveau.
Lui, en tout cas, était aux anges ! Jamais il ne s'était senti aussi utile depuis son arrivée sur l'Île. En tant qu'humain, bien entendu. Après tout, ne s'était-il pas toujours considéré comme une piètre Sentinelle ?
En tant que Fée, au moins, ça ne semblait plus être le cas.

- C'est bien, mon grand ! Tu m'as bien aidée, merci ! Je suis très fière de toi. À ce rythme, tout le monde oubliera que tu étais humain, hohoho !

- Oh ! Dis pas ça, c'était vraiment pas grand chose... mais merci pour le compliment !

Le Fé des Vents se prend à rougir un peu fort. Pour se calmer, il se passe distraitement la main derrière le crâne, les lèvres crispées en un sourire gêné. Les compliments lui étaient moins familiers que les insultes.

Il avait passé un bout de temps en compagnie de Fagot, une Fée des Forêts spécialisée dans le maintien de la santé des arbres. L'Empoté en avait vite déduit qu'elle était "Docteur des Arbres".
Elle était l'une des premières Fées à l'avoir abordé, et intégré à leur grande communauté tout aussi rapidement. Il faut dire que les Fées des Vents et les Fées des Forêts entretiennent une plutôt bonne entente, en tant que deux groupes voisins.
L'Archevent et l'Archeforêt sont bien plus proches que ce que l'on croit !

- Tiens, si tu pouvais juste m'aider à dégager cette pierre qui recouvre une jeune pousse...

Plume hocha vivement la tête et s'exécuta, sans se faire attendre. Une pierre qu'il aurait simplement poussé du pied en tant qu'humain lui paraissait maintenant être un rocher à déplacer. À deux, cependant, ils y arrivèrent tant bien que mal, pour découvrir une minuscule tige ornée de deux petites feuilles vertes.
Puis, Fagot s'écroula juste à côté, gémissant à propos de son "pauvre dos". Les Fées ne se faisaient décidément pas de vieux os, et bien que faisant partie des "vieilles", celle-ci tenait à continuer ses activités... bien qu'elle avait plus d'aisance, maintenant, en ce qui concernait le commérage.

- Bon, ça ira pour aujourd'hui. Je vais aller me reposer, maintenant. Tu peux disposer, mon grand, et merci encore !

- Ah, attends, avant de partir... euh. Tu saurais pas si je peux pas... faire autre chose ?

- Quelle motivation ! Eh bien... si tu veux aider quelqu'un d'autre, va donc voir Écorce, par ici.

"Par ici", c'était à sa gauche, ses pouces pointés dans cette direction pour appuyer ses dires. Sans demander son reste, Plume salua la Fée des Forêts et prit son envol, suivant la direction indiquée.
Il autait probablement pu demander qui était cette "Écorce" qu'il devait chercher, mais l'impatience était visiblement trop forte. Cependant, il arriva bien vite à ce qui devait être son but.

En contrebas, il y avait une Fée -Écorce, par dé duction, comme il ne paraissait pas y avoir qui que ce soit d'autre aux alentours- qui semblait ramasser de petits morceaux de bois. Elle avait de longs cheveux décorés de branches, qui lui donnaient un air de... bah de Fée. C'était très joli.
À ses côtés, de petits oiseaux semblaient s'activer, surveillant plus ou moins l'avancée de ses travaux. Ça intéresse instinctivement le Fé des Vents, qui se pose doucement derrière elle. Quelques moineaux s'envolent à sa vue.

- Erm... salut ! J'espère que je te dérange pas. Tu... je peux peut-être t'aider ?

Ose-t-il, un peu timidement, repliant alors ses ailes tout en faisant quelques pas dans la direction de cette nouvelle rencontre.

Avec le Dégel et le réveil de Peter Pan, les Fées ne chômaient pas. Cela faisait un bon moment qu’Écorce n’avait pas eu l’occasion de s’adonner à ses lectures et ses recherches. Mais ce n’était pas bien grave ! Elle était bien trop heureuse de ce retour à la normale, malgré tout le travail qui en découlait. Les Fées des Forêts et les Fées des Vents s’activaient ensemble dans le Bois Joli, très meurtri par la disparition des Sylvains.

En contrebas, Écorce était en pleine reconstruction de ses abris à oiseaux et récoltait du bois, qu’elle renforçait grâce à ses pouvoirs puis attachait à tour de rôle sur le dos des moineaux qui l’entouraient. Ceux-ci partaient déposer les fagots dans les branches d’arbres les plus hautes, puis redescendaient pour sautiller en rond autour de l’Archéologue.

- Vous voulez me donner le tournis, c’est ça ?

La seule réponse qu’elle reçut fut des gazouillis joyeux. Écorce esquisse une ombre de sourire, se recoiffe, puis s’accroupit pour saisir délicatement entre ses mains une jeune pousse timide et fatiguée. En un instant, la pousse se redresse et grandit de quelques centimètres. Et tandis que la Fée nettoie soigneusement la terre qui entoure la tige, quelqu’un vient lui adresser la parole. Ça la fait sursauter, et elle redresse la tête vers son nouvel interlocuteur : une Fée des Vents toute jeune, dont elle ne connait pas le nom, mais qu’elle voit travailler régulièrement avec Fagot.

- B-bonjour.

Elle bégaye. Ça commence mal.  Sans même s’en rendre compte, elle tortille une mèche de cheveux puis se redresse maladroitement, manquant de perdre son équilibre. Finalement, Écorce ravale sa timidité et ose regarder le Fé qui lui fait face. Il faut dire que tout est bien plus facile dans le cadre du travail, où la discussion est toute trouvée : dans d’autres circonstances... eh bien, elle aurait couru. Mais le sourire avenant de Plume, et la majesté de ses ailes, plait de prime abord à Écorce qui finit par lâcher, après une courte hésitation :

- ... Oui ! Oui, avec plaisir. Je suis en train de réparer mes abris pour les oiseaux.

Joignant le geste à la parole, elle saisit un nouveau fagot de bois, qu’elle attache sur le dos d’un Plumbo drôlement énergique qui s’envole sans demander son reste.

- Nous sommes en train de récolter du bois puis de le porter là-haut avant d’entamer la reconstruction. Tu peux m’aider, si tu en as envie. Je crois que j’en ai pour un moment.

Écorce tend un fagot de bois à Plume avant de lui adresser un petit sourire poli, mais très timide.

- Tes ailes sont magnifiques. Tu es nouveau ? Je ne t’ai jamais vu.

Plume faisait très jeune, et Écorce se demandait s’il était issu du rire d’un nouveau-né... ou de ses nouvelles Fées anciennement humaines. L’Archéologue n’avait pas eu l’occasion de tous les croiser lors de la cérémonie de nommage organisée par Mab. Et de toute façon, il y avait bien trop de monde dans ce genre d’événements ! Ecorce préférait raser les murs.

C’était donc une nouvelle fée issue de l’un des trois groupes d’expédition du Monde Ordinaire. Ecorce n’avait pas souvenir de l’avoir vu dans le sien. En revanche, elle remarque bien l’hésitation de Plume en se présentant, et cela l’attriste de quelque peu. Mab avait été claire sur le sujet : il n’y avait aucune différence à faire entre les « vraies » Fées... et les « autres ». Écorce était bien de cet avis, mais elle savait que ce n’était pas le cas de certaines : elle avait entendu quelques aristocrates s’en plaindre, lors de la cérémonie de nommage.
Écorce n’aime pas les humains. Mais il y a de ceux, comme Vijendra - dont elle ignore encore la condition actuelle, qui portent un cœur de Fée sans s’en rendre compte.

- Tu devais avoir un cœur de Fée lorsque tu étais humain.

L’Archéologue saisit un fagot qu’elle place sur ses épaules, puis adresse un nouveau sourire à Plume. Un peu plus éclatant, cette fois. Moins timide.

- Bienvenue, alors. Je suis sûre que tu te plairas dans ta nouvelle peau. Le peuple des Fées est bien mieux que celui des humains !

Le ton était taquin, mais Écorce était on ne peut plus sincère, et la plupart des Fées connaissaient sa position sur le genre humain.
D’autre part, les Esprits et la Reine avait accepté Plume. Il n’y avait donc aucune opposition à avoir.

Un rire sincère s’échappe d’entre les lèvres d’Écorce lorsqu’elle entend le compliment de Plume. Ça lui fait vraiment plaisir ! Ce n’est pas non plus le genre de choses qu’elle entend tous les jours. Rassérénée, Écorce suit à son tour Plume, qui vient visiblement de se faire réprimander par l’un des moineaux-porteurs. Un éclat amusé traverse une nouvelle fois les prunelles de l’Archéologue, et elle finit par suivre le mouvement en silence.

- Je vois qu’ils t’apprécient, lance-t-elle à Plume, tout en se posant à ses côtés.

La Fée l’observe un temps en train de défaire les fagots attachés sur le dos des moineaux, puis se détourne pour voleter jusqu’à son ancien abri à oiseaux... rongé par le sel de la pluie, dégorgé et craquelé depuis le Givre. Elle attend que Plume ait terminé de tout déposer, afin d’attirer son regard vers l’abri en ruines.

- Celui-ci était assez grand, mais j’en ai dispersé d’autres plus petits à des hauteurs diverses dans les environs. Un autre était censé se trouver là où les premiers fagots ont été déposés... Il va falloir le reconstruire entièrement. Je vais te montrer.

La Fée se rapproche de l’abri en ruines, puis replace un par un chaque morceau de bois, dont elle renforce l’écorce à l’aide de ses pouvoirs. La manœuvre prend un certain temps, et les longs cheveux d’Écorce finissent par se clairsemer de brun et d’un profond vert sapin. Pour finir, l’Archéologue fait naître de minuscules branches qui se nouent délicatement autour de la maisonnette. Des bourgeons d’un vert tendre naissent le long des branches, puis éclosent, jusqu’à donner de superbes feuilles qui finissent par recouvrir entièrement le toit de l’abri. Écorce se tourne vers Plume : elle est très fière d’elle, il faut le dire. Elle fait quelques pas jusqu’à l’Empoté, tandis que dans son dos, les moineaux les plus aventureux commencent à prendre leurs aises sous l’abri. D’autres, plus travailleurs, emmènent quelques morceaux de bois sur les cimes avoisinantes, là où étaient censés se trouver d’autres petits abris.

- C’est censé donner ça. Écorce marque une pause, avant de reprendre : tu maîtrises déjà tes pouvoirs de Fée des Vents ? En m’aidant, tu pourrais t’y exercer. Je suppose qu’on t’a déjà assigné un mentor qui t’aide à développer tes pouvoirs ? ... Ou pas du tout ? Continue-t-elle, sur un ton hésitant.

Libéré de son fagot, le moinseau râleur ne perdit pas de temps avant de s'ébourriffer, se transformant en un petit pompon plumeux à l'air grave.
Vu son comportement, Plume en déduit que ce moineau-ci ne décollera pas tout de suite. Il fait sa pause !
C'est fou comme les animaux pouvaient lui paraitre plus expressifs, depuis quelques temps. Serait-ce parce qu'il était en quelques sortes devenu plus proche d'eux en tant que Fée ?

- Je vois qu’ils t’apprécient.

Déclare soudain sa distante collègue en se posant à ses côtés. Oh, si elle savait qu'il avait l'habitude de cotoyer de bien plus gros spécimens en temps normal...
Tiens, ce serait une idée, ça, de lui présenter Seversky et le reste de la clique... s'ils ne sont évidemment pas partis en vadrouille et qu'ils ne sont pas encore en train de se battre.

Entre-temps, on semblait l'attendre un peu plus haut. Débarrassant les derniers oiseaux à proximité de leur chargement, le Fé des Vents prit un peu de hauteur afin de rejoindre sa nouvelle connaissance, qui lui désigna les restes d'un des fameux abris dont elle avait fait mention auparavant.

- Celui-ci était assez grand, mais j’en ai dispersé d’autres plus petits à des hauteurs diverses dans les environs. Un autre était censé se trouver là où les premiers fagots ont été déposés... Il va falloir le reconstruire entièrement. Je vais te montrer.

Expliqua-t-elle, avant de joindre le geste a la parole. La suite laissa l'Empoté sans voix : il regardait avec attention et émerveillement l'écorce des morceaux de bois reprendre de la vigueur, et de minuscules branches faisant leur chemin tout autour de la petite cabane à oiseaux, se parant de minuscules feuilles afin d'en recouvrir la surface, comme le ferait le lierre sur le mur des maisons.

- Woah, c'est génial ! Bravo !

S'exclama le Fé des Vents, applaudissant Écorce avec un grand sourire. Celle-ci, d'ailleurs, ne paraissait pas peu fière d'elle. Et il y avait de quoi ! Elle venait de recréer un abri, à la fois utile, joli, et agréable. Elle portait décidément bien son nom, à faire des miracles avec le bois, comme ça.
Abri autour duquel les oiseaux les plus curieux et les plus courageux commençaient déjà à se rassembler, tandis que les autres continuaient leur ballet aérien en apportant des morceaux de bois là où se trouvaient les abris à reconstruire.

Puis, vint la question qui fâche :

- Tu maîtrises déjà tes pouvoirs de Fée des Vents ?

À cette question, Plume blêmit. Ses pouvoirs, c'est un sujet plutôt épineux. C'est en partie à cause d'eux qu'il s'est retrouvé affublé d'un surnom ridicule...

- Je suppose qu’on t’a déjà assigné un mentor qui t’aide à développer tes pouvoirs ? ... Ou pas du tout ?

- Baaaah... c'est à dire que...

Commença le Fé des Vents, fuyant le regard de son interlocutrice tout en se grattant nerveusement l'arrière du crâne. Eh bah bravo, pour la diplomatie, on repassera !
Avec un claquement de langue sonore, l'Empoté releva les yeux, affichant un sourire forcé.

- Le truc, c'est qu'on m'a pas surnommé "l'Empoté" pour rien... Pépé Albe a beau être très cool avec moi tout en me faisant apprendre à mon rythme, je m'en sors quand même pas très bien avec mes pouvoirs pour l'instant... et là, j'ai clairement pas envie de casser ton travail à cause de ma maladresse, tu vois ?

Fit-il d'une petite voix, son teint coloré du rouge de la gêne.
Lui qui venait de voir une si belle démonstration des capacités d'une Fée expérimentée, il ne voulait donc abolument pas tout gâcher ! D'autant plus qu'il pourrait aussi blesser les oiseaux dans la manœuvre, sait-on jamais !
Oui, Plume n'était vraiment pas confiant lorsqu'il s'agissait de manipuler le vent.

- Oh, je vois.

Écorce ne rajoute rien de plus, et contourne Plume pour retourner là où ont été déposés les fagots. Elle commence à les nouer solidement un par un, et à remonter en moins de temps qu’il ne faut pour le dire de solides fondations. Elle s’est assise, et elle réfléchit : c’est dommage. Elle n’est pas Fée des Vents, elle n’a aucune expérience en la matière pour aider Plume. Elle ne lui dira pas, mais son surnom ne lui plait pas trop : elle ne le trouve pas très gentil.

L’Archéologue finit par tourner la tête vers Plume, tout en arrêtant son travail.

- Ne dis pas ça. Tu viens à peine de devenir Fée, aucune ne maitrise son pouvoir en aussi peu de temps. Il faut s’exercer.

Un moineau vient sautiller dans son champ de vision : c’est Plumbo, qui a visiblement fini de faire le porteur, et qui semble sonder avec une détermination amusante Plume.

- Je suis Fée des forêts, je ne peux rien t’apprendre. Par contre, tu peux très bien t’exercer à maitriser tes pouvoirs après m’avoir aidé à monter cet abri. Elle marque une pause. Si tu le casses, ce n’est pas grave. Tu ne seras pas la première Fée à détruire malencontreusement quelque chose.

A vrai dire, ça aurait dérangé Écorce en temps normal. Mais la situation était différente dans ce cas-là.
On l’oublie souvent, mais les Fées amènent volontairement ou involontairement des petites catastrophes : soudaines tornades, éboulements, débordements de rivières... La maitrise des éléments est quelque chose de compliqué et de sauvage par essence. L’ordre de l’île n’est pas stable, sa magie également. Écorce l’accepte très bien... bien que ça la débecte sur l'instant.

- D’autant que tu n’as pas encore trouvé ta spécialité. Chaque Fée à la sienne. Je renforce les écorces, je change les couleurs des feuillages selon les saisons, et je m’occupe des oiseaux du Bois Joli la plupart du temps. Elle passe par réflexe une main chaleureuse sur la tête de Plumbo. Tu sais déjà si une tâche en particulier te plairait ?

Le "je vois" d'Écorce ne lui plait pas trop. Qui sait ce qu'elle pouvait imaginer ! Il n'est pas dans sa tête, après tout.
Ah, probblement qu'elle ne va plus lui faire confiance -lui faisait-elle seulement confiance dès le départ- après avoir entendu une chose pareille ?
Plume reste dans son coin, tête baissée. Il joue avec ses doigts, histoire de penser à autre chose. Avec tout ça, il arrive même à les faire craquer. Ce n'est pas si agréable qu'on le dit, tiens.

- Ne dis pas ça. Tu viens à peine de devenir Fée, aucune ne maitrise son pouvoir en aussi peu de temps. Il faut s’exercer.

Le regard de l'Empoté s'illumine. Il relève la tête, croisant celui d'Écorce qui s'est arrêtée dans sa tâche.
Rassuré par ses mots, il sent une vague de joie certaine le submerger et lui sert un grand sourire sincère.
C'est un peu compliqué de gerer ses émotions, quand on est Fée.

-  Je suis Fée des forêts, je ne peux rien t’apprendre.

- Je sais...

- Par contre, tu peux très bien t’exercer à maitriser tes pouvoirs après m’avoir aidé à monter cet abri. Si tu le casses, ce n’est pas grave. Tu ne seras pas la première Fée à détruire malencontreusement quelque chose.

Oh, comme elle était gentille ! Bon, l'idée de casser quelque chose dérangeait honnêtement le Fé des Vents, mais de ce qu'il avait pu comprendre, on n'arrive pas à tout faire tout de suite.
Okay, c'était un truc que Pépé Albe lui avait dit, aussi. Mais c'est que Plume détestait se sentir nul... mine de rien, c'est que ça le bloquait un peu.

Heureusement, la Fée des Forêts ne lui laissa pas le temps de méditer plus longtemps sur ses mots, ou encore ceux du mentor du jeune Fé, car déjà, elle parlait de ses missions en tant que... eh bien, que Fée des Forêts.
Le regard de Plume s'illumina au fur-et-à-mesure que l'architecte de cabanes à oiseaux parlait. C'était tellement intéressant ! Le jeune Fé des Vents fut même ravi de savoir que s'occuper des oiseaux faisait parti de son travail habituel, et que ce n'était pas une tâche qu'elle accomplissait juste après le Gel.

- Oh, toi aussi t'es dans les oiseaux ? Moi aussi ! Pour l'instant, j'essaye de me concentrer sur le bien-être des rapaces, en leur trouvant des coins assez cools pour chasser, et en les aidant pour leur nid !

Il jette un regard au gros moineau qui semblait l'observer il y a peu. Apparemment, il devait être l'ami d'Écorce, vu leur proximité. À côté d'un aigle, il faisait bien pâle figure, tiens. Mais, ça ne l'empêchait pas d'être super mignon !
Hey d'ailleurs, il n'y a pas des Fées qui ont un animal qui leur sert de taxi ? Il aimerait bien en avoir un aussi... mais bon, le risque que Curtiss décide d'en prendre un morceau ou de jouer avec était bien trop grand...

- À part ça, je fais pas grand chose d'autre. Alors je m'occupe comme je peux, en aidant Fagot en général, mais... bah, c'est vrai que j'aimerai bien... faire plus de choses de moi-même, quoi...

Fit le Fé des Vents, en haussant un peu les épaules. Il se doutait bien qu'il arrivait à un point où, sans savoir utiliser ses pouvoirs, il ne servait pas à grand chose.
L'idée de devenir une "Sentinulle" version Fée ne l'enchantait guère. Il faudrait changer ça !

- Je vais déjà t'aider à porter le plus de morceaux de bois possible en me servant de mes ailes. Après... peut-être que je pourrais en mettre quelques uns de côté pour voir si je peux les soulever avec la magie. T'en dis quoi ?

Proposa l'Empoté en se remettant de bon cœur au travail en montant un nouveau petit paquet de bois dans les hauteurs. Écorce avait l'air si gentille, et en plus elle ne le jugeait pas !
Il devait faire de son mieux pour lui montrer qu'il pourra arriver à quelque chose, avec le temps ! Alors plus vite ils auront fini, plus vite il pourra s'exercer...
... le plus loin possible des abris, pour commencer. Encore une fois, son but était d'ébiter de faire de la casse. Et puis, pas sûr que les oiseaux apprécient beaucoup de revoir leurs maisons voler en éclats.

- Oh, toi aussi t'es dans les oiseaux ? Moi aussi ! Pour l'instant, j'essaye de me concentrer sur le bien-être des rapaces, en leur trouvant des coins assez cools pour chasser, et en les aidant pour leur nid !

Les yeux d’Écorce s’illuminent. Réellement ? Son émotion se trahit clairement, et comme à son habitude, l’Archéologue se met à battre des ailes dans le vide. Elle côtoie déjà peu de monde en temps normal, encore moins des fées qui s’intéressent aux rapaces.

- Ce serait une si bonne idée ! S’exclame-t-elle, d’une joie éclatante qu’elle ne manifeste que rarement. Tu connais déjà des rapaces ? J’ai toujours adoré les oiseaux, mais je n’ai jamais osé approcher les rapaces tellement ils m’intimident...

Sa phrase s’échoue sur une pointe de timidité et de honte. Par réflexe, Écorce tortille l’une de ses longues mèches de cheveux. Les grands oiseaux, qu’ils soient perroquets ou rapaces, l’avaient toujours intimidé. Elle peinait à les approcher, et ce n’est pourtant pas l’envie qui lui manque. Elle finit par reprendre :

- Je m’occupe des oiseaux parce que j’ai toujours senti un bon contact avec eux. La plupart du temps, certaines bêtes sont sensibles à notre nature féérique et se lient plus facilement avec nous. Une nouvelle fois, la Fée passe une main chaleureuse sur la tête de Plumbo, qui s’ébroue et gonfle son plumage. Je suis surtout liée aux moineaux qui nichent dans le coin, mais il y a également des petits perroquets que je surveille régulièrement depuis peu. Je suis sûre qu’à force, tu pourras te lier très facilement avec certains animaux qui occupent le Bois Joli.

Plume reprend, et Écorce continue de penser qu’il se dénigre bien trop à son goût. Elle s’en faisait toujours la réflexion lorsqu’elle se pose à ses côtés, après avoir volé jusqu’à la cime d’un autre arbre. Derrière elle suit Plumbo, qui tient également un paquetage dans ses serres.

- J’ai l’impression que tu te mets beaucoup trop la pression, reprend-t-elle en défaisant les fagots et en les dressant sur une branche afin d’en faire un petit abri. Tu sais, les nouvelles fées restent parfois un moment avec leur mentor, avant de se débrouiller seules.

Ecorce se tait, et renforce les écorces des anciens fagots, tout en commençant à faire pousser de minces branchages sur le sommet de l’abri. Au final, ses cheveux abandonnent leur teinte brune et virent définitivement au vert sapin. En se redressant, elle jette un regard vers la fée des vents, comme si elle attendait son avis.

- Qu’est-ce que tu en penses ? Elle marque une pause. Je me demande comment seraient les abris des rapaces... Plus grands, j’imagine ? Sans toit ? En se rendant compte qu’elle réfléchit à voix haute, Écorcé adresse un sourire timide à Plume et pointe les cimes en face d’eux. Il reste deux abris à faire par là-bas. On pourra s’entrainer avec ton pouvoir après. Tu veux essayer de construire un abri ?