Reaper sentit qu'elle avait accompli quelque chose en voyant le dernier flocon de neige.

Le Givre n'avait pas (encore) atteint cette partie de l'île, il valait mieux donc se hâter de l'explorer avant que ça ne soit malheureusement le cas. Malgré sa fierté à vouloir crier à tout va qu'il faut « rester à l'intérieur et se réchauffer », la jeune fille se contredisait toute seule en s'éloignant chaque jour de l'Arbre pour aller par-ci par-là.

Mais bon, personne ne lui a (encore) fait le reproche, alors hein, motus.

La crise était sévère, à l'originel territoire de Pan et avec si peu d'Enfants restés là-bas. Peu nombreux et pas toujours résistants malgré le nom qui leur a été donné, la Fêlée s'est mise à croire que la solution n'était pas que de se battre et de tout faire pour que ça aille mieux. Au contraire, les plus pessimistes auraient même tendance à croire que c'était foncer tout droit dans le mur. Mais l'île était magique, très spéciale, très comme ci, très comme ça, à quel moment il n'existe aucun remède pour surmonter un mal pareil ? Neverland en a vu d'autres, non ?

Reaper n'avait pas grand-chose à faire hormis ressasser mille pensées, et parmi celles-ci, elle se rappela de bon nombres de légendes qui elles-mêmes n'étaient peut-être pas vraies, même sur une île pareille. Le Dragon, les Esprits, et même les trésors cachés dans le Temple Maudit...

Ce lieu, contrairement aux autres, avait toutefois la particularité d'exister pour de vrai et d'être atteignable. Ce n'était pas si loin du Grand Arbre, en plus. Bon, d'accord, il fallait marcher, voire même utiliser les téléporteurs magiques, mais contrairement à certaines contrées, c'était un peu plus la porte d'à côté que... le Port, par exemple ! Même si elle a jamais envie d'y mettre les pieds. Au Port, hein.

Attirée par les rumeurs sur les soi-disant objets magiques, Reaper n'espérait qu'une chose : trouver un de ces artefacts qui saurait les aider. Pas tout un attirail, non, juste un machin qui fait du feu, descend le gèle, permet à tous de mieux vivre, ça, ce serait cool. Et en plus, Reaper passerait pour quelqu'un de moins toqué qu'on ne le prétend, génial ! Dans la théorie, le plan était du tonnerre.

Dans les faits, c'était prendre encore des risques, évidemment. Elle n'y était jamais allé, et de façon générale, personne ne le faisait... enfin, personne n'était rentré vivant pour le dire, surtout. Ou alors si, très peu. Et ils sont peut-être devenus tous maboule.
Pour une première expérience, Reaper était seule.
Seule, à l'entrée du Temple, qui avait des allures de labyrinthe ensorcelé.

Avec un peu de chance, elle allait vite trouver quelque chose. L'endroit était assez grand pour ça !

Le Temple maudit avait la chance de ne pas encore être touché par le Givre, ce qui expliquait que Sharpy soit plutôt content de s'y réfugier. En revanche il était, comme son nom l'indiquait, maudit, ce qui expliquait également que Sharpy affichait un air peu convaincu en entrant dans son périmètre. Il avait entendu des tas d'histoires sur cet endroit, en avait colporté même, autour d'un feu de camp où dans la salle à manger du Grand Arbre, ça faisait toujours son petit effet. Mais maintenant les Enfants avaient abandonné leur grande maison et seuls les téméraires ou les fous y vivaient encore, et Sharpy n'avait plus envie de raconter des histoires effrayantes autour du feu.

Il n'avait toujours pas retiré la capuche de son manteau, bien que le froid se fasse moins mordant ici. L'enceinte du temple était parcourue d'immenses murs à moitié dévorés par les lianes. Des courants d'air sifflaient entre ses parois, trahissant l'ancienneté des pierres dans lesquelles elles avaient été taillés, mais c'était bien évidemment moindre en comparaison du puissant vent froid qui soufflait dans le reste de la jungle. Sans parler de la neige. Sharpy était heureux de ne plus s'enfoncer dans la neige. Il avançait tout aussi précautionneusement que s'il marchait dans trente centimètres de poudreuse, cependant, et gardait sa main droite au-dessus de son épaule, près du manche de son épée à deux mains. Juste au cas où.

"Rassure-moi, tu comptes pas entrer là-dedans."

Alors, pour comprendre pourquoi Sharpy était là, en fait, et aussi pour rassurer les médecins les plus sceptiques quant à sa santé mentale, il ne parlait pas tout seul. Il s'était certes aventuré en solo jusque dans cette partie de la jungle, un peu pour se dégourdir les jambes et beaucoup pour observer de ses propres yeux la progression du gel. Stealth et ses Eclaireurs suivaient de près l'avancée du froid mortel, mais c'était une chose d'écouter leurs récits, c'en était une autre de constater de première main la gravité de la situation. Et donc, Sharpy, en prenant conscience de l'ampleur des dégâts, avait également aperçu une silhouette solitaire devant l'entrée du temple. Il ne comptait pas entrer, mais ladite silhouette lui était familière. L'Armurier ne savait pas s'il était encore en droit de lui donner des ordres mais il ne comptait pas laisser Reaper se mettre en danger comme ça. Du moins, pas sans savoir ce qui motivait sa dangereuse aventure dans le Temple maudit.

« Rassure-moi, tu comptes pas entrer là-dedans. »

Reaper avait sursauté. Mais à cause de ses tremblements permanents et dû au froid, ça ne se voyait pas. Elle tourna de moitié sur elle-même pour remarquer la présence de son Chef... Enfin, ce qui « fut » son Chef, il y a peu. Si peu était « il y a quelques jours » comme « quelques mois » (mais jamais on ne cessera de parler de temps dans un monde où il n'y en a pas). Reaper n'avait qu'une envie, c'était lui rabattre les oreilles. Lui sortir tout ce à quoi elle pensait et qu'il pouvait aller se faire... lobotomisé par une vache. Car la violence, comme les mots, c'est absurde.

Mais au contraire, la Mexicaine le sonna d'un sourire franc et malin, bourré d'une assurance vicieuse afin de confirmer les craintes de l'Armurier supérieur. Elle lui fit dos de nouveau et se contenta de répondre avec un regard par-dessus l'épaule :

- No, j'viens prendre des photos du paysage. Évidemment que je vais entrer !

Elle ne venait pas perdre son temps pour rien.
Et maintenant que Sharpy était là, témoin de ses actions, elle avait encore moins envie de faire demi-tour. Non, lui montrer ce qu'elle était capable de faire pour soutenir sa décision à être restée au Grand Arbre la motivait davantage.

La Fêlée le lâcha du regard et s'avança vers ce qui représentait l'entrée-même du temple. Une espèce d'arcade immense fissurée (comme elle), gâchée par la moisissure mais aussi menaçante avec tout ces ronces, ces lierres, ces plantes qui semblent avoir pourri depuis le jour-même où on a déclaré ce Temple « Maudit ».
Avec désinvolture, Reaper lança à Sharpy en agitant la main dans l'air :

- Tu peux t'asseoir là et m'attendre, je serai pas longue !

« Couche-couche panier, tu restes là ». Quand il n'était pas là, Reaper aussi pouvait prendre la place du courageux.

Sharpy avait oublié un truc, avant de héler Reaper : elle était fêlée. C'était même son surnom. Il n'était dès lors pas étonnant qu'elle se lance avec confiance dans une aventure dangereuse et certainement suicidaire. Sa tête avait sûrement pris un coup dans une autre vie et son instinct de survie aussi. Sharpy haussa un sourcil en signe de scepticisme, que l'Armurière ne vit pas car elle avait le dos tourné. De toute manière la majorité de son visage était planqué sous les couches de fourrures de son manteau alors personne n'aurait pu dire quelle expression le chef affichait. Même lui n'était pas sûr de son coup. Sérieusement, qu'est-ce qu'il attendait ? Soit il rattrapait Reaper pour la ramener de force en lieu sûr, soit il passait son chemin comme si de rien n'était. La première solution, aussi plaisante soit-elle, ne se réaliserait sûrement pas aisément, quant à la seconde, eh bien il se trouve que Sharpy avait une conscience. C'était con, un peu.

Il avança vers Reaper au moment où elle lui faisait un petit signe de la main moqueur.

"Et rater l'occasion de te dire "je te l'avais bien dit" ? Tu me connais mal, Reaper..."

Il avait balancé ça avec un sourire un peu crispé, récalcitrant à assumer sa connerie et surtout celle de l'Armurière qui était sous ses ordres quelques jours… semaines… bref, un temps auparavant. C'était toujours difficile de ranger les événements passés dans un ordre chronologique, surtout quand ils subissaient des conditions aussi extrêmes que ce froid ou la canicule qui l'avait précédé encore plus tôt. C'était insupportable et déprimant au possible, à tel point qu'on finissait par croire qu'on le vivait depuis toujours. Et pourtant Sharpy n'était pas enclin à la déprime.

Il rejoignit la Fêlée à l'entrée du temple-même et dégaina son épée. Sharpy ne comptait pas débarquer les mains dans les poches comme un gros touriste. Il espérait que sa collègue avait eu le bon sens de se préparer avant sa petite randonnée et qu'elle avait un plan à peu près réfléchi.

Même si on parlait de Reaper, là, et pas de Brains. Il jeta un coup d'œil aux profondeurs obscures du temple et essaya de ne pas imaginer le nombre de pièges qui les attendait. Il était encore temps de rebrousser chemin, hein… Il dissimula son malaise sous une bonne couche de cynisme :

"Tu cherches quoi, exactement ? À part une mort certaine dans d'atroces souffrances, je veux dire."

On ne distinguait toujours pas son expression, mais c'était inutile, car Sharpy ne souriait plus.

HJ:

HRP:

« Et rater l'occasion de te dire "je te l'avais bien dit" ? Tu me connais mal, Reaper... »

- Wah, tu t'comportes à nouveau comme un « grand Chef », lança-t-elle à tue-tête en levant brièvement les yeux au ciel.

Lorsque son oreille lui annonça le bruit d'une épée qu'on dégaine, Reaper s'arrêta sous l'arcade et se tourna vers Sharpy, croyant que ce dernier avait soudainement décidé d'user de la force sur elle. Pour la ramener ? L'affronter ? Mais non, le garçon ne semblait pas enclin à quelconque agressivité à son égard. Au contraire, il venait à ses côtés comme un compagnon dans la quête du Saint-Graal.

Lorsque le garçon s'avança un chouia plus loin qu'elle, la Mexicaine saisit son poignard dissimulé sous sa veste. Au même moment, elle remarqua que Sharpy portait de la fourrure, sur le dos. Elle fit un pas en arrière, gardant cependant une petite distance afin de ne pas trop s'éloigner de lui – car, bien qu'elle ne lui ai rien demandé, sa présence dans le Temple restait un avantage, y'avait pas photo – avant de toutefois lui lancer sur un ton presque offensé :

- Tu vas m'accompagner ?!

D'accord, elle n'avait pas réclamé son aide, et il l'avait trouvé purement par hasard, mais s'aventurer à deux là-dedans, c'était un changement de ses plans plutôt sympathique dans le contexte. Mais un changement quand même. En soi, ça ne modifiait pas son objectif, mais qu'adviendra-t-il du reste lorsqu'elle aura trouvé ce qu'elle cherche ? Si elle le trouve. Mais selon elle, elle va le trouver.

« Tu cherches quoi, exactement ? À part une mort certaine dans d'atroces souffrances, je veux dire. »

- La tienne, de muerte, ça te va ?

Le voyage allait lui sembler plus long et encore moins agréable s'ils étaient partis pour se critiquer l'un après l'autre jusqu'au bout. Mais histoire de profiter de ces recherches qui pourraient s'avouer moins fructueuses avec Sharpy, elle avoua avec un peu de mauvaise foi :

- Un truc pour nous. Nous, au Grand Arbre. Tu sais, ceux qui crèvent de faim et de froid plus vite que vous tous ?

Sur ce ton-là, c'était comme si les Réfugiés avaient abandonné les Résistants, alors que c'était plutôt l'inverse. Mais selon le point de vue, le contexte pouvait changer. Et il n'y avait pas de mot précis sur ce qu'elle cherchait : tant que c'était un objet magique ou même la formule d'un vieux sorcier encore né de vieilles rumeurs par les Enfants, ça comptait. Du moment que le ramener auprès des autres Résistants aiderait justement ces derniers à mieux vivre cet enfer hivernal, c'était parfait.

Le duo d'Armuriers s'enfonça alors dans le Temple, soudainement semblable à une grande gueule de loup...

L'attitude de Reaper le prenait à moitié de court. Certes ils n'avaient jamais eu une relation très amicale mais à la Forge ça fonctionnait bien. Sharpy n'avait jamais rien eu à redire du travail de l'Armurière et il supposait que le contraire était valable. En dehors de ça, il était certain que la Fêlée avait un caractère un peu difficile. Mais c'était pas comme si Sharpy avait besoin de la rappeler à l'ordre. En fait comme beaucoup de gamins, il évitait simplement de l'emmerder, ce qui expliquait qu'il y ait un léger froid en fait. En dehors du boulot, ils se connaissaient pas.
Conscient de ça, Sharpy évita de rebondir sur sa provocation, enfin il supposait que c'était une provocation. Il n'était pas sûr de comprendre pourquoi Reaper lui reprochait de se comporter comme un chef, il était chef. Non ? Elle avait l'air un peu surprise qu'il l'accompagne, un peu méfiante même, mais Sharpy se contenta de hausser les épaules avec un air qui se voulait détaché. (Sous les couches de fourrure c'était dur d'avoir l'air de quoi que ce soit, en fait, mais il essayait.)

"Je parle pas espagnol", précisa-t-il obligeamment, sans animosité mais sans rigoler non plus.

Il savait que Reaper avait tendance à caler des expressions de sa langue natale dans son discours mais si elle comptait se moquer de lui elle pouvait le faire ouvertement. Ou alors elle pouvait éviter de plaisanter. Ça se passerait mieux s'ils faisaient tous les deux des efforts. Mais bon, comme c'était Sharpy le chef dans l'histoire, il voulait bien ravaler sa fierté le temps de s'adapter à Reaper. Il avait pas l'habitude de traîner avec elle, elle était sûrement un peu comme ça avec tout le monde.

La Fêlée finit par avouer le but de son expédition et Sharpy fronça les sourcils sous sa capuche. Il se retourna légèrement vers elle pour voir son expression, parce que juste comme ça il était incapable de dire si elle était ironique ou volontairement accusatrice.

"Dis comme ça on dirait qu'on vous a forcé à rester. Je comprends pas pourquoi vous allez pas ailleurs si c'est trop difficile de survivre au Grand Arbre."

Il avait pas précisé "avec nous", parce qu'il se doutait que l'attachement à leur maison n'était pas la seule raison qui poussait ces quelques courageux, ou inconscients, à rester. Sûrement que certains étaient contents d'échapper à l'autorité de leurs chefs. D'autres avaient peut-être perdu foi en Peter depuis la mort de Mirka ou pensaient qu'il était la cause direct du Givre, et préféraient s'éloigner le plus possible de leur roi. Sharpy ne partageait pas ces idées-là mais il pouvait comprendre. Il reporta son attention sur le chemin devant eux, et surtout sur les pierres au sol. Il avait entendu dire que certains pièges se déclenchaient quand on marchait au mauvais endroit et il espérait que ça se verrait avant de faire un mauvais pas.

"T'as amené de quoi t'éclairer ?" Sharpy avait toujours son briquet à amadou sur lui mais il y avait des façons moins encombrantes de faire de la lumière si jamais ils s'enfonçaient trop profondément dans le temple. Il ajouta, comme le sujet lui rappelait autre chose : "Le feu de la Forge devrait durer un moment si vous faites attention."

Le grand feu avec lequel se réchauffaient les réfugiés du Canyon était plus puissant, mais la bénédiction de l'Esprit feu favorisait les Delaware. Ces derniers avaient bien voulu en partager un peu avec les Garçons Perdus lorsqu'ils avaient construit la Forge, et Sharpy devait régulièrement renégocier avec eux quand ils n'étaient pas en temps de paix ; il était normal qu'au départ du roi et de la majorité de ses sujets, l'Esprit feu se soit concentré sur les survivants qui allaient rejoindre les Peaux-Rouges. Mais la Forge avait aussi bénéficié de l'aide des fées des feux et Sharpy était persuadé qu'il devait en rester quelques unes dans le coin, qui resteraient volontiers cachées dans les braises si on le leur demandait gentiment.

« Je parle pas espagnol »

- Así sea, mi pobrecito !* ne put-elle s'empêcher d'ajouter pour la provoc', mais les animosités sur l'espagnol en restaient là.

Le visage de Sharpy lui apparût soudainement.

« Dis comme ça on dirait qu'on vous a forcé à rester. Je comprends pas pourquoi vous allez pas ailleurs si c'est trop difficile de survivre au Grand Arbre. »

Elle haussa un sourcil. Elle n'aimait déjà pas qu'on remette ses décisions en question, mais sur ce ton-là, la partie de sa personnalité qui avait la tendance à démarrer au quart de tour grondait. S'ils n'étaient pas depuis quelques secondes dans une situation où l'entraide allait les aider tout les deux, elle réagirait sûrement plus mal qu'elle ne se le permettra maintenant. Après tout, Reaper était réactive, pas stupidement brute.

- Si c'est déjà dur au Grand Arbre, forcément, on va pas aller ailleurs !

Sans parler du Camp et de tout ses avantages, évidemment... L'exploration en territoire gelé et inconnu, pour le peu qu'ils sont, non merci. Personne n'a envie de mourir, et elle encore moins. Ça l'énervait toujours, de reconsidérer plusieurs fois dans la journée et durant la nuit qu'elle serait sans aucun doute mieux installée là-bas, avec tout le monde, et même les Peaux-Rouges qu'elle admire. Il aurait suffit qu'une seule personne, ce bon vieux mégalo-jovial-impossible de Peter Pan, n'y soit pas. Et en même temps, comment argumenter sur le pourquoi du comment qu'il ne devrait pas être là où tout « ses » enfants sont ?

Elle aurait tort chez eux, bien qu'elle avait aussi raison dans sa tête.
C'est pourquoi la solution la plus simple était encore de se rebeller et d'être à la maison, là où tout les Perdus devraient être. Et eux, alors, ne sont-ils pas égoïstes ? Si une petite poignée d'adolescents peut vivre là-bas, pourquoi tout le monde ne revient pas pour mieux survivre ensemble ? Tu parles d'un esprit d'entente !

Reaper fouilla ses poches lorsqu'elle entendit Sharpy demander :

« T'as amené de quoi t'éclairer ? Le feu de la Forge devrait durer un moment si vous faites attention. »

- Ouais, attends... Ouais, on reste quasiment que là-bas. Et on s'organise. Enfin... ça s'organise comme on peut. Puis avec tout les groupes qui s'mélangent, c'est pas évident quand tu connais pas tout l'mon- MIERDA !

À côté de sa réponse, Reaper marchait et trifouillait la boîte d'allumettes qu'elle transportait souvent sur elle. Rares étaient les allumettes survivantes depuis que le Givre était devenu aussi puissant, et c'était avec une grande frustration qu'à chaque fois le petit bout de feu qu'elle parvenait à faire surgir disparaissait au bout de cinq secondes ou six.
Mais là, le problème était encore plus agaçant : le froid avait ramolli les trois allumettes restantes, et même que l'embout s'était durci au point d'être plus froid que le reste du petit bâton. Ce moment était arrivé : elles étaient fichues.

- Aweonao de flaite de marica ! s'écria-t-elle dans son dialecte plus qu'abusé d'injures.

La boîte désormais vide ainsi que les petites allumettes molles et à moitié écrasées tombèrent au sol, et Reaper poussa un grognement de frustration alors qu'elle comptait un peu trop sur ces allumettes de toutes évidences destinées à mourir ainsi.

HRP: