Tu es plus rapide, et déjà tu la dépasses dans les corridors pour arriver le premier à leur camp de fortune. Oural n'a pas ton énergie, alors elle se contente de simplement sourire et marcher. Quand elle arrive, tu es déjà installé à manger, et ça lui réchauffe l'âme de voir que tu te nourris. A courir partout, il faut reprendre des forces.

Ton regard la cherche, et la trouve sans peine alors qu'elle arrive au niveau de votre campement. A nouveau, un geste de tes mains qu'elle n'est pas certaine de saisir. Mais la malice dans ton regard trahit que tu ne l'aideras pas avec ça. Tout comme il te faudra trouver ton chemin avec les pierres et les enseignements de la guérisseuse, il lui faudra trouver le sien avec les signes que tu lui fais.

La Delaware regarde le repas, hésite à se servir. Elle pourrait. Devrait. Mais son corps tout entier lui pèse et semble de plomb. La Consciente se sent comme attirée par la terre, comme si la gravité s'était faite plus forte. C'est peut-être la fatigue, c'est peut-être ces pensées parasites qui pèsent et l'alourdissent. A ressentir tant d'émotions, les siennes comme celles des autres, le coeur finit par se faire pesant. Comment bouger, quand on est déjà trop lesté ?

Alors Oural te fait signe de ne pas l'attendre pour finir le repas, et se dirige vers l'étang. Accroupie sur la rive, ses mains plongent pour y ressentir la fraîcheur bienvenue. Les remous l'accueillent, et alors qu'elle s'asperge bras et visages son fardeau s'allège. Elle n'a pas l'énergie d'une vraie baignade pour le moment, mais qui sait : plus tard, demain peut être, elle se laissera tenter. Tout ce dont elle a envie actuellement, c'est de se reposer.

Le temps qu'elle revienne tu as sans doute fini. Paresseusement, la Conscience installe sa couchette non loin de toi et des flammes bienveillantes. Le sommeil l'appelle, l'invoque, et ne lui laisse pas le choix. C'est au son des flammes qui crépitent et de la vie de tes mouvements qu'elle s'endort finalement.

A son réveil, tout est silencieux. Les braises fatiguées ne rougeoient plus qu'à peine. Il est tôt, très tôt. Oural le sent. Son regard te cherche immédiatement, et elle sourit en te voyant. A ton arrivée, la jeune femme ne pensait pas que tu resterais autant, ni qu'elle s'attacherait de la sorte. Quoi que tu décides de faire par la suite, elle sait déjà que tu t'es taillé une place unique dans sa vie. Quelque part, elle aimerait t'offrir quelque chose pour symboliser ça. Mais quoi ?

Ah, qu'importe. Elle peut attendre encore, et cela lui viendra quand elle sera prête.

Tachant de se faire discrète et aussi silencieuse que possible, Oural se sert un peu de quoi manger. Mentalement, la voyageuse retrace une carte mentale jusqu'aux pierres, se rappelle le chemin, les étapes. Mais quelque chose lui souffle que tout cela, tu le feras à ta maniere. Reste à savoir quelle forme cela prendra. Alors elle se contente de rester là, tranquille et de méditer en attendant que le monde autour se réveille et reprenne vie.