Ô Capitaine, mon Capitaine

Sujet: Ô Capitaine, mon Capitaine Lun 3 Oct 2022 - 17:34

Rp faisant suite à Souviens toi l'été dernier

Résumé des épisodes précédents :
Depuis la fin du Givre, le capitaine Hook reste cloîtré dans sa cabine, n'en sort et ne se montre jamais. La vie a malgré tout repris son court tant bien que mal sur le Jolly Roger, les matelots vaquant à leurs occupations.
DogFish qui était jusqu'à la porté disparu dans le Givre est réapparu, mais dans un sale état. Tout de suite traîné jusqu'à l'infirmerie ou l'apprenti médecin lui prodiguera les soins nécessaires.

...
...
...

Maintenant...

_______

Les piaillements des oiseaux de mer accompagnaient la douceur du chant des vagues qui caressaient le Jolly. Le berçant sous le soleil.

Ô Capitaine, mon Capitaine Anime-anime-gif

DogFish n'avait pas demandé son reste, se carapatant dès qu'il lui sembla que la fin des soins avait sonné. Il avait été pris comme d'une urgence, fuyant en avant.
Une litanie lui tournait dans la caboche, cognant contre son esprit fatigué, encore à demi sonné par les calmants que Jim lui avait fait prendre.

Le capitaine.
Le capitaine.
Il voulait voir le capitaine.
Parler au capitaine.

"Hey DogFish !" Un matelot l'avait interpellé, sourire au visage. "T'étais passé ou vieux clébard ?"
Le dit chien du Jolly était encore recouvert de bandages et finissait à peine d'enfiler un vieux chandail au couleurs délavées. Il ne prit pas la peine de répondre à son collègue, trop focalisé sur son idée fixe.
Il avança sur le pont d'une démarche qu'il aurait voulu assuré alors qu'en réalité, comme le trois mats, il tanguait.
Un peu comme s'il était bourré. Sauf qu'il ne l'était pas.
Ses yeux bleus pâles tachés de vert translucide et de fines éclaboussures rouges s'étaient accrochés à la porte de la cabine de Hook.

Aux alentours, certains pirates avaient cessé de travailler, stoppant leurs mouvements pour mieux aviser ce qui allait venir.

Les pas de travers avaient fini par mener DogFish à son but, et désormais, le Pied Beau se tenait juste en face de la fameuse porte. Celle que tant avaient fini à renoncer de la voir s'ouvrir.
Le blondinet leva le bras, serra le poing, et des souffles se retinrent.
Il hésita.
Se mordit la lèvre inférieure.
Léger tremblement.

Et puis...

KonKonKong.

Trois coups distinctes. Clairs. Mais pas si fort.

Un ange passa.

Sur le bateau, un silence étrange régnait. Seules le bruit des vagues et les oiseaux le tranchaient.

Rien.

Rien ne se passa.

Les matelots amorcèrent un mouvement pour reprendre leurs activités...

KONKONKONG.

... Et se ravisèrent.

Tout les regards convergeaient vers la cabine du capitaine toujours tristement close.

DogFish insistait.

KONG KONG KONG !

Encore. Plus fort !
Les larmes lui montaient aux yeux.

"Capitaine... ..."
Il voulait le voir.
Lui parler.

Pour lui dire quoi ?

C'était important.

Sourire de l'Enfer

Sujet: Re: Ô Capitaine, mon Capitaine Jeu 6 Oct 2022 - 15:35

Depuis que DogFish avait posé le pied sur le pont, la rumeur avait eu le temps de faire le tour du navire, enflant comme la mer elle-même. DogFish était de retour. Il était gravement blessé. S'il passait tant de temps entre les mains des médecins, c'était qu'on n'était pas prêt de le revoir. Il était revenu seul dans cet état, bien sûr qu'on allait le revoir rapidement, Jim ne ferait pas le poids pour l'obliger à se reposer. DogFish était bien trop couvert de sang, ça serait un miracle qu'il s'en sorte. Ça ferait du bien de l'avoir de nouveau. Ça serait pénible de l'avoir dans les pieds.

Smee écoutait, sans commenter. Si DogFish avait su rentrer seul, les médecins seraient assez pour le maintenir en vie le cas échéant, cela lui paraissait clair. Il en fallait beaucoup pour arrêter le Pied-Beau. Son retour était un atout pour l'équipage, quoi qu'en pensassent certains membres.

Puis les matelots se lassèrent et passèrent à autre chose. Jusqu'à ce que DogFish revînt. Smee entendit un marin l'interpeler, mais aucune réponse. Il se tourna vers la personne ayant parlé et chercha DogFish des yeux.

Couvert de bandages, la démarche maladroite, DogFish semblait cependant ne pas avancer au hasard. Il avait clairement un objectif en tête, et–

Quelque chose se tordit en Smee lorsqu'il comprit où DogFish se dirigeait. (Cette porte qui hantait les cauchemars qu'il n'avait pas.)

Il était trop tard pour l'intercepter. Smee s'avança cependant vers lui, car il allait devoir lui expliquer. (Expliquer l'inexplicable.)

Trois coups.

Un étrange silence semblait tombé sur le navire, et Smee se surprit à se demander pendant un instant si le Miracle allait avoir lieu. Mais non, bien sûr que non. La volonté du Capitaine était plus forte que l'univers, et ce n'étaient pas quelques coups frappés à une porte qui allaient l'ébranler.

DogFish insista, et Smee accéléra le pas. Quand il le rejoignit, DogFish tambourinait sur la porte avec une force qui aurait sans doute fait grimacer les médecins.

Quelques matelots préférèrent s'éloigner, comme souvent lorsque Smee s'approchait d'une situation jugée potentiellement tendue. Mais cette fois-ci, bien plus nombreux étaient ceux qui, même s'ils restaient à distance prudente, observaient.

– Wilhelm...

Pas de réaction, ce qui n'était pas surprenant au vu de la capacité de DogFish à se focaliser sur son objectif en occultant le reste du monde.

Smee attrapa le bras de DogFish, interrompant son geste.

– Wilhelm, répéta-t-il un peu plus fermement. C'est une bonne chose que vous soyez de retour parmi nous, mais le Capitaine–

(Ne souhaite pas sortir de sa cabine ? Ne répond à personne ? Ne s'est pas montré depuis bien trop longtemps ?)

– quittera ses quartiers lorsqu'il le désirera, enchaîna Smee, la pause presque imperceptible. Ne l'importunez pas, je vous prie.

Quelque part à l'arrière de l'attroupement, un Bermudon commenta à voix basse :

– Hey, c'est moi ou Smee est vachement coulant avec ce type ?

Smee n'entendit pas la réponse, mais il avait l'habitude. (C'étaient toujours les Bermudons qui sous-estimaient son ouïe et lui laissait entendre des choses qu'ils auraient souhaité garder privées, avant que quelqu'un leur apprît.) Il ne réagit pas, son attention centrée sur DogFish.

Sujet: Re: Ô Capitaine, mon Capitaine Sam 15 Oct 2022 - 14:41

DogFish frappa une énième fois, poing serré, le bois résonnant étrangement dans les environs du pont. Bon nombre de regards avaient convergé vers la scène, tandis que Smee rejoignait le Pied Beau.
Les pirates retinrent leurs souffles alors que les vagues s'écrasaient contre la coque du Jolly, murmurant façon soupires.

"Wilhelm..."

Difficile de savoir si l'interpellé n'avait pas entendu l'appel ou bien s'il l'avait ignoré, mais le résultat fut qu'il continua de frapper à la porte, y mettant plus de force, plus de rage aussi. Les planches tremblèrent sous ses coups.
Et puis soudain, une main ferme lui saisit le bras, le stoppant dans une énième salve qui allait venir.

"Wilhelm" Le ton s'était durci. "C'est une bonne chose que vous soyez de retour parmi nous, mais le Capitaine, quittera ses quartiers lorsqu'il le désirera.
- Le Capitaine... Je...
- Hey, c'est moi ou Smee est vachement coulant avec ce type ?
- ... Je dois le voir.
- C'est un vieux d'la vieille
- Mr Smee..." DogFish s'était retourné vers son supérieur, ses yeux pales étranges encore hantés par le fantôme du Givre. Une lueur. Un éclat de trop qui répondit à celui qui dansait encore dans le regard du second du Jolly Roger.

"C'EST VRAI, ON VEUT VOIR LE CAPITAINE !"

Un éclat de voix qui venait d'un autre matelot difficilement identifiable dans le groupe qui s'était amassé.
Pourtant, DogFish ne cilla pas, tout juste un frisson de froid, une secousse très brève et peu naturelle de la tête, comme un spasme, sans lâcher la Mouche du regard.

"... Je dois lui parler."
Je dois le voir.
Pour lui dire quoi ?

Personne ne savait.
Pas même lui.

Mais...

"C'est important."

Sourire de l'Enfer

Sujet: Re: Ô Capitaine, mon Capitaine Ven 28 Oct 2022 - 22:50

DogFish était de retour.

La nouvelle avait instantanément fait le tour du pont du Jolly Roger. Elle avait pris à peine quelques instants supplémentaires pour se faufiler dans les quartiers de l’équipage, puis pour se répandre dans les docks. Elle ne fut pas bien longue à atteindre la Zorra, qui mouillait non loin de son illustre navire amiral.

DogFish était de retour.

Et aussitôt que Zeb Skelton l’avait su, il avait accouru.

Quasi littéralement, ce qui était assez rare pour être noté : la Rouille avait remonté les quais au pas de course, sans hésiter à bousculer les matelots qui n’étaient pas assez prompts à s’écarter de sa route. Son expression ne laissait rien transparaitre de plus que la détermination urgente d’un homme qui a un seul et unique objectif et qui ne s’arrêtera pour rien ni personne avant de l’avoir accompli.

En quelques enjambées, le maître charpentier franchit la passerelle qui menait au pont du trois mâts. Son regard habitué aux lieux repéra instantanément le début d’attroupement qui s’était formé à proximité du gaillard arrière. Et là, devant la porte du Capitaine, se tenaient deux silhouettes que Zeb reconnaissait encore sans le moindre effort, même après leur absence qui avait duré une bonne fraction d’éternité.

Zeb avait déjà revu Smee, bien entendu : le second était indissociable de Hook et du Roger, et leur retour au Port avait signé la fin officielle de l’Hiver. Mais depuis, la Rouille n’avait pas vraiment discuté avec la Mouche. Les deux hommes n’avaient échangé que quelques civilités distantes, qui avaient surtout eu pour but de réaffirmer Zeb dans son rôle d’officier de bord - évidemment qu’il était encore le maître charpentier du Capitaine Hook, voyons... Et même là, la Rouille n’avait pas manqué de noter la profonde (méfiance) froideur avec laquelle Smee avait accueilli le renouvellement de son serment. Un souci potentiel, que Zeb avait remisé dans un coin de sa tête.

Mais DogFish... DogFish, c’était autre chose. Déjà avant, c’était autre chose. Et pendant le Givre... Pendant le Givre, Zeb l’avait croisé en tant qu’Orbleu, il lui avait parlé. Il n’avait pas réussi à ramener le Pied-Beau de leur côté, et ils s’étaient presque battus. Mais seulement presque.

Seulement presque.

Et puis DogFish, lui, n’était pas rentré avec les autres. Il s’était perdu. Et Zeb ne l’avait pas trouvé.

Il ne l’avait pas trouvé, lui non plus.
Alors qu’il lui avait promis.
Il lui avait promis de revenir le chercher.

Jusqu’à ce jour, donc.

“... Je dois lui parler.”

Cette voix.

“Vous ne voulez pas parler au Capitaine, mais moi je voudrais leur parler. A nos frères hésitants.”

“C'est important.”

“Ils me manquent... Vous me manquez.”

Lentement, avec la sensation de rêver à moitié, Zeb s’avança jusqu’à rejoindre l’attroupement, inconscient que cette fois les matelots s’écartaient sur son passage avec un respect juste un peu trop empressé qui n’était pas tout à fait celui qu’ils lui adressaient avant l’Hiver. C’est que la Rouille avait changé, lui aussi, tout au long de cette horrible période. Mais pas parce qu’il avait pris un coup de vieux, non. De fait, malgré ses tempes plus grises, ses traits plus marqués et la cicatrice de brûlure sur sa mâchoire, Zeb paraissait plus... présent. Plus assuré. Plus dur.

Il n’avait pas encore vraiment réalisé à quel point cela se voyait, ni que c’était peut-être en partie pour cela que Smee ne le regardait plus de la même manière.

Pourtant, lorsque la Rouille s’arrêta à proximité du second et de DogFish, il n’avait rien de redoutable. Il était juste ému. Une émotion profonde, viscérale, qui se voyait.

Il regardait le Pied-Beau en silence, fixement, comme s’il ne parvenait pas à croire que ce dernier était vraiment là, juste devant lui. Amaigri, livide, amoché, couvert de plus de bandages que de vêtements. Mais vivant - vivant.

“... Wilhelm...”

Zeb hésita, eut envie de poursuivre, sans savoir que dire de plus. Sa main valide esquissa un geste vers le traqueur, avant de se raviser avec une étrange pudeur. Au lieu de toucher l’épaule de Wilhelm, la Rouille se cramponna au manche de la machette passée à sa ceinture, cette machette qui n’était pas la sienne et qu’il avait si patiemment nettoyée, aiguisée, poncée, vernie qu’elle ne ressemblait plus que de très loin à sa soeur jumelle, restée à l’infirmerie avec le ceinturon de DogFish.

♩ I will burn your kingdom down if you try to conquer me and mine ♫

"Zeb Skelton, peux-tu s'il-te-plaît cesser ce petit manège du gars attentif et naturel
qui donne envie qu'on lui fasse confiance, merci ?"

Citations by Carmine ♥

Sujet: Re: Ô Capitaine, mon Capitaine Sam 29 Oct 2022 - 10:50

La rumeur a enflé si fort qu'elle en a crevé la surface de l'onde. Moi, nageant paisiblement sous les vagues, grattant la coque du Jolly Roger comme un pétoncle, j'ai entendu. J'ai su. Au fond de cette carcasse pâle, de chair et d'os, "ça" a remué. Un reste de je ne sais quoi de tendre et filandreux.

Le retour d'un vieux camarade, ça se fête !

Silencieux, je grimpe jusqu'au bastingage, harpon dans la bouche. Plic. Ploc. Il y a foule sur le pont. Tous les regards sont rivés vers la porte sacrée qui sépare les quartiers d'el Capitán du reste du navire. Plic. Ploc. L'eau ruissèle sur mon torse nu, laisse l'emprunte de mes pieds sur le bois. J'ai gardé mon pantalon. Est-ce que Smee sera fier de moi ? Il faut dire, Carmine m'a cousu comme une seconde peau, ce fuseau en ciré noir. Plic. Ploc.

- Hey, c'est moi ou Smee est vachement coulant avec ce type ?

Ce pauvre résidu dégluti de mon vortex ne m'entend pas arriver. Plic. Ploc. J'enroule mon bras humide autour de son cou. Le gus tressaille, il tremble comme un poisson hors de sa flotte. Aussitôt le vide se fait autour de nous. Je leur fais tellement peur à tous ces cons.

- C'est un vieux d'la vieille... Je baisse la voix pour lui souffler doucereusement au creux de l'oreille. Mes sirènes tatouées montrent leur dents acérées au malandrin irrespectueux.... Un veterano. Un gars qui en vaut des milliers comme toi.... Toi..... t'es juste un crachas de tourbillon.

Pour autant mon arrivée n'empêche pas la cohue de s'échauffer. La plèbe réclame son Capitaine, cet homme qui se terre tel un lapin terrorisé dans son terrier. J'observe, amusé, mon bermudon toujours en otage dans l'oblique de mon coude.
La Rouille nous fait une entrée remarquée, théâtrale, son clebs de bermudine sur les talons (Elle aussi a oublié qu'elle m'appartient. Je le lui rappellerais un jour.) et je ne peux m'empêcher d'applaudir.

- ¡Alegría! ¡Alegría! Fais-je en avançant, mon harpon en main. Les demoiselles turquoises sur ma peau frétillent d'une joie enfantine et nagent tout azimut sur mon derme. Il est r'venu , l'fiston prodigue ! Not' frère noir-chicots, not' amoureux du panard !

Sinueux comme une anguille, je passe devant Zeb et Mad Dog et ouvre grand les bras pour cueillir Dogfish. L'étreinte est mouillée, hume bon le sel, les algues faisandées et le sang séché. Je soulève mon camarade par les aisselles et le fait tournoyer avec un rire dentu. Le mouvement éclabousse le petit cercle autour de nous comme deux chiens qui s'ébrouent après un grain.

- Tu pèses plume, Parole! Qu'est-ce t'as fait d'toute ton eau ?

Je le repose à terre avec mon rictus de requin content de lui. Car je le suis, Hey ! ¡Verdad!

- Qu'est-ce tu lui veux au Crochet ? Il est pas frais, l'poisson, t'sais ! Il cuve son dégèle dans sa cabine depuis l'retour des beaux jours.

Iä, Iä, Cthulhu naflfhtagn...

NNL Award :

Sujet: Re: Ô Capitaine, mon Capitaine Dim 30 Oct 2022 - 17:06

DogFish fixait Smee comme si, plutôt que de le stopper, celui-ci lui laissait miroiter la solution à tous ses questionnements par sa simple présence.

(Ce n'était pas aussi simple.)

– Le Capitaine... Je... ... Je dois le voir.

Si un autre pirate lui avait dit cela, Smee eut immédiatement demandé ses raisons. Mais DogFish avait quelque chose de direct, et Smee pensait comprendre.

(Pensait comprendre un peu trop bien.)

– C'EST VRAI, ON VEUT VOIR LE CAPITAINE !

Smee refusa de réagir, concentré sur DogFish.

– ... Je dois lui parler. C'est important.

Une autre voix profitant de l'anonymat de la foule insista.

– Il a quelque chose à dire bordel, que le capitaine l'écoute !

Et Smee... hésita. Il savait ce qu'il devait faire (réprimander ceux qui souhaitaient imposer leur volonté au Capitaine, se faire plus ferme, menacer si nécessaire).

(Mais il y avait ce vide béant qui absorbait sa voix.)

L'arrivée de Skelton, qui dans d'autres circonstances eut été déplaisante, fut une distraction bienvenue, concentrant l'attention de l'équipage pour au moins quelques instants. Smee nota distraitement la présence de Mad Dog dans son ombre. La bermudine était arrivée trop récemment pour qu'il put la jauger, mais aussi pour avoir acquis la moindre importance.

Skelton s'arrêta devant DogFish, son hésitation visible. Et dans l'espace laissé ouvert par cette immobilité, Carne intervint. Smee ne réagit pas lorsqu'il se fit arroser, mais Carne lui donna aussitôt une bien meilleure raison d'intervenir.

– Qu'est-ce tu lui veux au Crochet ? Il est pas frais, l'poisson, t'sais ! Il cuve son dégèle dans sa cabine depuis l'retour des beaux jours.
– Carne ! siffla Smee, reproche cinglant l'air. Cessez immédiatement ce manque de respect !

La main de Smee se posa sur le manche de Jean Tire-bouchon, son regard glacial rivé sur Carne.

(Face à cela, au moins, Smee n'avait pas à hésiter.)

Sujet: Re: Ô Capitaine, mon Capitaine Dim 30 Oct 2022 - 23:58

L'attroupement grossissait, une douce agitation s’installant tandis que les murmures s'intensifiaient, ponctués de quelques éclats de voix plus gaillards et braillards.
Les tensions se faisaient sentir, et la nervosité s'était mise à galoper dans les veines encore un peu raides de DogFish.

Les effets du calmant que lui avait prodigué Jim s’émoussant, les soubresauts étranges du Pied Beau recommencèrent, lui agitant la tête comme une secousse brève et incontrôlée, répétée, témoignant du stress qu'engendrait la situation chez lui.

Angoisse et excitation.

Le second du Jolly, ce cher Mr Smee, restait pourtant un lourd point d'encrage pour le traqueur.
L'avoir auprès de lui était d'un immense secours.
Apaisant.
Rassurant.
L'autorité enveloppante et réconfortante qu'il appréciait tant.

Il était rentré à la maison.
Auprès des siens.
Et il avait besoin de le voir.

Maintenant.
C'était important.
Vraiment important.

Et puis, quelques pirates s'écartèrent, laissant place à un autre.
Pas n'importe lequel.
Le cabot du Jolly eu la sensation nauséeuse que quelque chose lui submergeait le cœur, le faisant battre plus fort, à lui en broyer le ventre. Les yeux déjà brillants, les larmes lui dévalaient maintenant les joues, les lui brûlant tellement sa peau était froide.

"... Wilhelm..."
Un tressaillement.
Il était venu.
Il n'était pas mort.
"Monsieur Skelton..."
Il était revenu !
Il avait changé.
Vieilli ?

Non.

Durci.

Brûlé. Par le froid.

Un sourire tordu releva la commissure des lèvres abîmées de DogFish. Expression hésitante alors que son regard mort dévorait le charpentier.
Il hésitait entre rire et pleurer ! Noyé par ses émotions, elles se mélangeaient, ressortant sur son visage en une grimace bizarre qui donnait l'impression qu'il allait dégobiller.

Pourtant, il était content.
Terrifié.
Assommé.
Paumé.
Pétrifié.
Excité.
Triste à chialer.
Rassuré.
Réchauffé.
Impatient.
Frissonnant.
Agité.

Tout ça en même temps.
Et son cœur cognait fort. Bouillonnant. Ratait quelques battements comme s'il toussait de l’intérieur.
Douloureux.

Zeb Skelton.
Il était revenu.
Revenu parmi les siens.

Un applaudissement éclata la bulle dans laquelle les deux pirates s'étaient un instant retrouvés.
"¡Alegría! ¡Alegría!" L'attention de Wilhelm vint automatiquement au grand blanc qui s'avançait vers lui.

"Il est r'venu , l'fiston prodigue ! Not' frère noir-chicots, not' amoureux du panard !"

Carne.

Carne ?

Les yeux de DogFish s'ouvrirent plus grand tellement il eut du mal à les croire.
L'instant d'après, le Prêcheur ancien Pêcheur était sur lui, l'écrasant contre son torse pale tout dessiné vivant, vibrant et dégoulinant d'eau salée.
Il sentait bon la mer et la mort.
Le traqueur frissonna si fort contre lui qu'on aurait dit qu'il se faisait enlacer par une anguille électrique !
Et puis, soulevé comme de rien, agité comme un jouet, le clebs se laissa faire, tendu comme un morceau de bois, crispé à l’extrême.

Carne, lui, riait !

"Tu pèses plume, Parole! Qu'est-ce t'as fait d'toute ton eau ?"

De son sourire de requin, il se marrait !
Et son rire se fit bizarrement communicatif, Wihelm le suivant, l'imitant... Littéralement une fois de nouveau les pieds bien arrimés au sol.
Comme si l'albinos avait fait une blague.
Rire sans vie.
Sans chaleur.
Qui revenait de loin.

D'un autre monde.

Carne avait changé.
Tellement changé.

Les cheveux coupés.
Le regard... Cassé en deux.
Et un quelque chose qui avait profondément tourné comme du lait.
Attitude.
Odeur.
Quelque chose de différent qui émanait.

"Qu'est-ce tu lui veux au Crochet ? Il est pas frais, l'poisson, t'sais !" DogFish cessa de rire, clignant des yeux. "Il cuve son dégèle dans sa cabine depuis l'retour des beaux jours."

"Le capitaine... Il est revenu ?
- Il est rentré y’a quelques jours. Mais il s’est enfermé dans sa Cabine et on l’a plus revu depuis."

"Je veux..." Le voir. Lui parler.
"Carne !" Wilhelm sursauta. "Cessez immédiatement ce manque de respect !"

La tension s'envola brutalement, perçant et brutalisant l'atmosphère qui se tordit sous la pression.
Le brouhaha qui avait monté en décibels autour d'eux se calma brutalement, mais les corps se firent plus tendus. Plus agités.
Les visages grimaçaient. Dents et poings serrés.

Certains voulaient dire.
D'autres hurler.

Mais le silence persistait, distordant les mines et les esprits.

Le moindre éclat mettrait le feu aux poudres.

Les yeux pales du traqueur balayèrent la machette rattachée au ceinturon de Zeb Skelton.

Méconnaissable et pourtant...

Sa machette.

Les yeux remontèrent jusqu'au regard du capitaine de la Zorra.

Sourire de l'Enfer

Sujet: Re: Ô Capitaine, mon Capitaine Lun 31 Oct 2022 - 19:37

Quelque chose luit, là, au fond, dans les méandres méphitiques des paysages qui hantent ses rêves. Un petit éclat qui le distrait, l'irrite, l'agace. Il a beau en détourner son esprit, il revient toujours dans son champ de vision, encore et encore, jusqu'à ce que ses esquives se fassent de plus en plus frénétiques. Le feu follet se rapproche, le nargue... Il écarquille les yeux en se redressant dans son fauteuil, réveillé par un reflet du soleil dansant venu chatouiller sa paupière. Ah ! Se levant d'un geste lent, il tire le rideau mal ajusté, étouffant le rayon.

Quelle heure est-il ? Il s'en moque bien, il n'y a pas d'heure ici, et certainement pas de montre pour le lui rappeler. Le soleil brille toujours ces temps-ci. Depuis que le printemps est revenu. Depuis qu'il chante à nouveau. Depuis que la vie a repris son cours détraqué et démoniaque sur cette île de l'absurde. Voilà qu'un nuage passe, plongeant la cabine dans la pénombre. Il respire un moment, écoutant les rumeurs du navire... Quelque chose le tracasse, quelque chose s'agite. On murmure, on regarde, on attend. Il sent la tension transpirer des murs de bois poisseux du sinistre vaisseau.

Les âmes qui vivent ici ont été détournées trop longtemps des mers saines. Elles ont oublié les rumeurs qu'on se raconte, apeuré, le soir autour d'un feu trop faible pour dissiper ses craintes. Pis encore, elles sont devenues ces mêmes légendes que les matelots du monde d'avant se chuchotent sur le bout des lèvres. Personne ne se souvient des contes qui parlent du mal qui dort, eh, c'est bien l'ennui ici, tout le monde oublie si vite. Lui-même n'y songe pas, tandis qu'il se redresse. Le mal, n'était-ce pas l'Hiver ? Le bien, n'est-ce pas ce petit oiseau de malheur, cet éclat dansant, ce rayon de soleil ? Et lui alors dans tout cela ? Il ne sait plus bien, alors il se tait, il se mure, il se terre. Il a tort. Il le sait.

On frappe une nouvelle fois à sa cabine, tandis que les voix lui parviennent. En entendant les coups sur la porte, il réalise que c'est peut-être ça qui l'a tiré de sa torpeur, mais il n'a vu que ce maudit rayon de soleil.

Comme d'habitude.

Il s'étire un moment, écoutant le pont. Son esprit vagabonde un moment, mettant des noms qu'il peine presque à retrouver sur les voix qui montent. Il distingue Smee, bien sûr, le pêcheur à la peau de sel, le Pied-Beau ? Il ne s'en étonne pas, il ne s'étonne plus jamais. Il se lève, vaque à ses préparations. Dehors, tout se tait, aussi vite que c'est venu. Alors, sans crier gare, il laisse tomber d'un bruit sourd le crochet émoussé qu'il porte lors de ses brefs moments de sommeil, celui avec lequel il ne se blesse pas, attrapant de son autre main le vrai, ce morceau de métal brillant qu'on a posé sur son bureau. C'est sûrement Smee qui l'aura mis là, lui ne s'en rappelle plus. Le fracas qu'il a provoqué prolonge un moment le silence, et quelque chose dans ce moment d'attente le ravit.

Que le printemps aille au diable, il sait enfin ce qu'il doit faire. Le Jolly Roger a besoin d'un capitaine. Il a passé trop de temps à éviter les siens, son propre équipage, ses hommes fidèles, et voilà que le pont grondait, le rappelant à sa tâche.

Jas Hook tourne un regard décidé vers la porte de sa cabine.

Et soudain, au-dessus du Jolly Roger, un vacarme sans précédent se fait entendre. Les cris des mouettes, des goélands, et de tous les oiseaux de mer recouvrent tout le reste, et tandis que les bestioles hurlantes s'éparpillent autour de l'île, il plane un bourdonnement. Pour la première fois depuis ce long hiver, le capitaine se sent enfin lui-même.

Sujet: Re: Ô Capitaine, mon Capitaine Mar 1 Nov 2022 - 10:10

Nos rires grincent comme des gonds mal huilés. Cacophonie prodigieuse ! Ôde au chaos ! Il est plaisant de constater que ce bon vieux cabot n'est plus tout à fait humain. Cela nous fait un point commun...

- Je veux...
- Carne ! Cessez immédiatement ce manque de respect !

Voilà que la Mouche se prend pour un chat et me feule au nez. J'arbore un sourire invariable, aiguisé de dents pointues commes des lames

- Mi pequeña mosca... Calme-toi, allons ! Ne prend donc pas la.... Mouche ! J'éclate de rire et j'ajoute, timbre doucereux comme du miel. Remballe donc ton dard, amigo, et écoute....

Soudain, on entend remuer derrière la porte de la cabine du capitaine.

-¡SILENCIO! fais-je avec une flamme de folie révérencieuse au fond des yeux.

J'attrape l'homme qui m'a retrouvé dans un tonneau, l'être qui m'a adoubé pirate avant le Crochet, par les épaules.

- Tu as entendu, Smee ? Vous avez entendu, n'est-ce pas ?! Je prends l'assemblée à témoin. Nous l'avons invoqué et il est là ! Il gronde comme un dragon sur ses trésors ! Va-t-il sortir de sa grotte sous nos yeux ébahis ?! Scandons son nom pour l'aider à sortir de sa torpeur ! Capitaine ! CAPITAINE !

Et les marins de reprendre timidement au début , puis avec de plus en plus de coeur : "CAPITAINE ! CAPITAINE ! CAPITAINE !CAPITAINE !".
Moi, Prêcheur du Chaos et de l'Indicible m'exalte et me nourrit de toute cette ferveur. Car, ne suis-je pas le créateur du Tourbillon ? Ne suis-je pas, cette part d'obscurité tapie au fond de chaque cœur qui ne demande qu'à libérer sa sauvagerie ?

Ô Capitaine, mon Capitaine, reviens donc !
Les Ténèbres ont besoin de tous leurs agents.

Iä, Iä, Cthulhu naflfhtagn...

NNL Award :

Sujet: Re: Ô Capitaine, mon Capitaine Mar 8 Nov 2022 - 22:47

Les nouvelles vont vite, sur le Roger. Certaines, en tout cas. Depuis son hamac, Tijl entend que ça s’anime sur le pont. Il vient à peine de rentrer d’une longue excursion dans les terres, et l’idée de rester pour se taper une sieste le tente un moment. Mais la curiosité l’emporte, et finalement le Frère se lève avec un soupire. Quelle idée d’avoir voulu faire du repérage dans l’île, pour voir si celle-ci avait des séquelles de cet hiver infernal. C’est qu’il a des restes d’incrédulité face au retour du printemps : une part en lui craint que cette “paix” revenue ne soit qu’un sursis.

L’hiver a laissé sa marque sur tout le monde, de façons diverses. Mais il faudra une bonne dose de ce temps qui n’existe pas pour que les plaies du corps et de l’âme ne guérissent réellement.

Quand il voit l’attroupement devant la cabine du Capitaine, le Frère se demande si celui-ci est enfin sorti de son terrier. Mais les éclats de voix qui lui parviennent démentent immédiatement cette première pensée. Se frayant un chemin, il arrive finalement un assez près pour voir.. Wilhelm.

Wilhelm.

Une bouffée de soulagement de le voir vivant, la douleur de le voir en si mauvais état.. Tijl ne sait pas vraiment quelle émotion prime mais il est ému. La conversation avec Jim sur leur plage lui revient en tête, et une bouffée de culpabilité vient s’ajouter à son cocktail émotionnel. Il a l’impression lui aussi d’avoir abandonné le traqueur, quelque part. Et c’est cette culpabilité qui le retient de franchir les quelques pas qui le séparent du blond. Non loin, il voit le dos de Zeb et sa main crispée sur la machette du Pied-Beau. Nul doute que pour lui aussi, c’est intense. Davantage que pour le flamand, sans doute. Alors celui-ci se promet d’aller prendre des nouvelles plus tard de son frère d’armes, avec une bouteille de rhum. Et de faire de même pour Wilh aussi, mais avec deux bouteilles : si celui-ci a toujours la même descente, il faudra au moins ça !

Merci, p’pa. De nous l’avoir ramené. Wilhelm est là. Enfin. L’équipage n’est pas ni ne peut être complet sans lui.

Carne gueule comme un putois et parle beaucoup trop pour son propre bien. C’est assez miraculeux que Smee ne l’ai pas encore embroché - et quelque part Tijl trouve ça encore plus inquiétant.

- Carne, tu vas nous rendre sourd.

Carne qui a changé, Carne dont il sait encore moins que d’habitude quoi en penser. Sans s’y attarder, le Frère se tourne vers la Mouche. Il utilise sa voix de prêtre, calme mais au coffre assez puissant pour être audible sans assourdir.

- Smee.. Le Jolly a besoin de voir le Capitaine. Sans même parler des besoins individuels, mais en tant qu’équipage.

Recap:

Tijl vous aime en #90A0AF.

Sujet: Re: Ô Capitaine, mon Capitaine Mer 9 Nov 2022 - 0:07

Dogfish s’était fait la malle, emportant avec lui ses questions et l’atmosphère de malaise qu’il portait autour de lui comme un manteau. Jim nettoyait ses instruments, pas mécontent d’en être débarrassé. L’indispensabilité de l’entretien, c’était une des raisons pour lesquels il pensait être fait pour le métier. Depuis le temps qu’il le dit : laver-vous les mains, bordel.

Quand il fallut s’occuper de la baignoire, son estomac se retourna. L’énorme bassine était remplie d’un liquide noirâtre, épais. Il y avait même des genres de grumeaux et de copaux de bois qui flottaient. Comme un genre de soupe dégueulasse. Et dire le Pied-Beau était sorti encore sale, même après ça.
A défaut de la soulever, il poussa la baignoire jusqu’à la porte où il se rendit compte que c’était trop étroit pour passer. Alors, il se résigna à la vider avec seau. Chaque fois qu’il replongeait le récipient pour le remplir, il craignait que ses doigts trempent dans la soupe et ça aussi, ça lui foutait la nausée. Chaque aller-retour entre la baignoire et l’extérieur, il s’imaginait éclaboussé et ça lui foutait la gerbe.
La baignoire était quasiment vide quand il vit un petit truc dans le fond. Il se convainquit que ça ne pouvait pas être une bête crevée, et du bout d’un ciseau, il le repêcha. C’était un genre de bracelet, avec quelques petites perles en bois qui se battaient en duel.

Dogfish l’avait probablement fait tomber en se lavant. Il n’y avait pas d’autre explication. Jim serra les dents, penser au Pied-Beau l’angoissait un peu. Pas juste parce qu’il était dangereux, aussi parce qu’il était stupide et parfaitement capable de se faire tuer pour une raison encore plus stupide.
Quand il a disparu de l’infirmerie, ça l’avait soulagé, c’est vrai. Mais en fait, Jim s’inquiétait un peu pour lui. Peut-être qu’il pourrait lui rapporter sa breloque, ne serait-ce que pour s’assurer que tout va bien et reprendre le cours de sa journée.
En y réfléchissant bien, Dogfish avait aussi oublié sa ceinture où pendait une de ses machettes, mais ça c’était probablement pas une bonne idée de le lui rendre. Du moins, tant qu’il était dans cet état.

Le bracelet rincé, séché, glissé dans sa poche, Jim se mit en route. Dogfish voulait voir le Capitaine alors il devait être sur le Jolly Roger, à patienter devant la porte de sa cabine comme un triste cabot.

Il les entendit avant de les voir. L’ancien mousse vit ce groupe d’Hommes qui lui tournaient le dos, rangs serrés, à scander, à taper du pied comme des fanatiques. La peur le disputait à la consternation.

C’est quoi ce bordel ?

Ils s’était amassés à l’arrière du pont (la poupe, lui avait appris Monsieur Skelton). Ça ne pouvait pas être une coïncidence. Jim tenta de se frayer un chemin dans la foule mais il fut bien vite incapable d’avancer plus loin. Quand il manqua de se prendre un coup de coude en plein visage, il se mit à quatre pattes et entreprit de passer par en-dessous. Aussi peu brillante fut la méthode, elle fonctionnait toujours : la plupart des matelots avait les jambes toujours écartées comme pour garder l’équilibre en pleine tempête. Déformation professionnelle, peut-être.

Arrivé devant, il leva la tête et découvrit une scène pas bien banale. Il y avait Dogfish, bien sûr. Mais y’avait aussi Carne qui haranguait la foule, Monsieur Skelton et une femme qu’il ne se connaissait que de vue. Il y avait le Second, probablement occupé à ramener le calme. Et puis, il y avait Tijl.

S’il n’y avait pas eu autant de témoins, il aurait envisagé de faire demi-tour. Depuis la fin du Givre, il essayait d’éviter le Second. Quelques matelots lui avait dit que la Mouche avait… pris la mouche quand la moitié de l’équipage avait choisi de garder leur humanité plutôt que de suivre le Capitaine.
Jim craignait une punition à défaut d’une condamnation à mort. Ils pouvaient buter la moitié de leurs effectifs, ça serait catastrophique pour eux. Et même s’il regrettait d’avoir perdu l’estime d’un homme qu’il admirait, il arrivait pas à regretter son choix.

Il les respectait, oui. Et il était loyal, même, en faisant un effort. Mais la dévotion, l’obéissance aveugle, c’est pour les abrutis et les cinglés.

L’ancien mousse se redressa maladroitement, ignorant les quelques regards bizarres qui lui était adressé. Il savait pas trop quoi faire. Les cris lui cassaient les oreilles et Dogfish avait l’air un peu occupé. Sauf que maintenant, des gens le regardaient et attendaient qu’il justifie sa présence.

Et la vérité ? Bah rien.
Il avait vu de la lumière, c’est tout.

Résumé du rp:

Résumé du post:

Sujet: Re: Ô Capitaine, mon Capitaine Sam 19 Nov 2022 - 16:49

Dans d'autres circonstances, si tant de matelots et tant de conséquences n'avaient pas été suspendues à l'instant, Smee se fût sérieusement demandé si Carne cherchait juste à mourir. Il y avait bien plus simple comme suicide que de provoquer quelqu'un jusqu'au point de rupture, mais Carne avait depuis longtemps perdu le contact avec l'évidence. Et il poussait, poussait, bien au-delà des limites qu'il avait pourtant apprises dans leurs moindres détails.

Carne avait toujours été provocateur. Il avait aussi toujours su quand s'arrêter. (Avant.)

Mais Smee ne pouvait pas se permettre de se concentrer uniquement sur Carne, hélas. L'enjeu était trop grand.

(Le Capitaine, à la fois présent –présent !– et invisible, tel un mirage insaisissable. L'équipage pendu à ce fil trop fin, au bord de se rompre.)

Smee se dégagea de la poigne de Carne, ses yeux courant sur l'attroupement revigoré par la harangue de Carne. C'était trop. Il devait désamorcer la situation, car si le Capitaine–

s'il–

si le statu quo ne changeait pas, l'équipage risquait de voir s'agrandir encore les failles déjà trop nombreuses qui le parcouraient. Smee devait–

– Smee.. Le Jolly a besoin de voir le Capitaine. Sans même parler des besoins individuels, mais en tant qu’équipage.

Smee darda un regard meurtrier sur Tijl avant de forcer une expression plus neutre sur son visage. Merci, Tijl. Merci, vraiment, d'œuvrer activement à détruire l'équipage encore plus rapidement. S'imaginait-il réellement que Smee n'était pas conscient de la situation ? Bien évidemment que l'équipage avait besoin de voir le Capitaine ! Cela faisait déjà bien trop longtemps que Smee tentait tant bien que mal d'empêcher l'érosion inéluctable qui dévorait le Jolly Roger. Il savait.

Mais il savait également que rien ne pouvait être plus puissant que la volonté du Capitaine. C'était une règle fondamentale de l'univers. Et par conséquent il était plus productif de lutter contre la décomposition des matelots que de les encourager dans leurs espoirs inatteignables. Le Capitaine agirait selon son bon vouloir, pas sous la contrainte de la volonté d'autrui. Et à présent Tijl avait sciemment positionné Smee en ennemi de l'équipage qu'il s'efforçait de sauver.

(Traître.)

– Le Capitaine, commença Smee, regard fixé sur Tijl mais s'adressant à la foule, a toujours été présent. Il est toujours présent. Jamais il n'a abandonné le Jolly Roger, jamais il n'a abandonné l'équipage. Ce que je vois aujourd'hui–

Un bref coup d'œil sur la foule, suivi d'un plus lent mouvement de bras englobant tous les matelots.

– c'est que le Capitaine reste la figure centrale qui nous unit.

(Et ce malgré toutes les trahisons.)

– Et le Capitaine ne prend aucune décision à la légère. Vous le savez, tous. Vous n'auriez pas une telle foi en lui autrement. Ses actes, ses choix lui appartiennent. Mais toujours il garde l'équipage en tête.

Une dernière phrase. La plus dure. (Celle qui ne demandait qu'à être absorbée par ce vide.) (Une vérité fondamentale qu'une part de lui-même que Smee voulait tuer hurlait être un mensonge.)

– Vous n'avez aucune raison de vous inquiéter.

Résumé :

Zeb n’était pas allé vers Wilhelm. Il n’avait pas osé le prendre dans ses bras, comme il en avait pourtant envie. Pas devant tout le reste de l’équipage ; la Rouille n’était pas gêné, mais il avait sa pudeur, et le retour de DogFish le touchait trop fort, trop profondément, pour qu’il acceptât de le montrer devant autant de peu délicats témoins. Qu’auraient-ils pu comprendre à sa joie, à ses regrets, à son soulagement, à sa honte ? Après tout, la plupart d’entre eux avaient sans doute déjà oublié Kit.

Carne s’était alors faufilé dans son hésitation, pour offrir à Wilhelm cette étreinte de bienvenue que Zeb n’avait pas eue. Et la Rouille avait éprouvé le désir aussi passager que brutal de leur sauter dessus pour écarter le harponneur, de préférence d’un coup de poing qui visait les dents.

Zeb ne lui avait pas pardonné, pour Keith. Il ne lui pardonnerait jamais. Le simple fait de le voir sourire à DogFish était une insupportable insulte.

Mais encore une fois, le maître charpentier resta immobile et silencieux, laissant le soin à Smee de rabrouer l’albinos qui dépassait les bornes (mais pas comme le vrai Carne l’aurait fait, avant, il y avait déjà si longtemps). La mâchoire de la Rouille s’était contractée, ses jointures avaient blanchi autour de la machette accrochée à son ceinturon, mais il n’avait rien dit.

Zeb avait beau être sacrément secoué de revoir Wilhelm, il gardait une conscience aiguë des circonstances, tout comme il gardait toujours la tête froide en plein coup de vent. Il sentait la gravité de l’instant, le sérieux du grondement qui parcourait les marins, le malaise électrique qui s’installait dans le regard trop clair de Smee. Tant et si bien que quand Tijl intervint pour énoncer ce qui était pourtant une sage évidence, Zeb se surprit à le fusiller du regard presque autant que le faisait la Mouche : le prêtre était un homme intelligent et courageux, capable de désamorcer bien des bagarres entre forbans assoiffés de sang, mais il ne réalisait sans doute pas à quel point il jouait avec le feu en se mêlant de ce conflit-là.

C’est qu’il peut être délicat de faire la différence entre un conseil et de l’insubordination. Et la Rouille avait appris, en tant que capitaine, que plus on se trouve dans une position hiérarchique élevée, plus cette nuance se fait ténue. Il savait très bien comment Smee allait prendre la remarque de Tijl. Il le savait d’autant plus depuis qu’il avait renouvelé ses voeux de fidélité au second et qu’il avait vu le doute dans les yeux de ce dernier.

Tijl ne se rendait pas compte de l’extrême dangerosité de la situation. Aucun des marins présents ne s’en rendait compte. Sauf peut-être Carne ; la Chose qui avait envahi sa tête et son sourire semblait se nourrir de ce genre d’imminents désastres.

“Vous n'avez aucune raison de vous inquiéter.”

Zeb croisa le regard de Smee, et il vit la peur. C’était difficile, le second la dissimulait avec expertise. Mais la Rouille savait, il savait déjà avant le Givre : pour Smee, l’absence de Hook était une terreur ingérable. Or l’équipage était précisément en train d’appuyer sur cette absence, de la rendre réelle, tangible. Il y avait de quoi perdre pieds. Il y avait de quoi aller trop loin.

En un sens, la Rouille était désolé pour la Mouche : le Capitaine l’avait laissé tomber, lui aussi, en dépit de sa dévotion qui allait par-delà la folie et la mort. Ce n’était pas acceptable. Ce n’était pas digne.

Zeb hésita. Il savait que s’il intervenait, la plupart de ces hommes le respectaient assez pour, au minimum, l’écouter ; il pouvait venir en aide à Smee, tenter de contrer l’agitation de Carne, essayer de prolonger le dialogue. Eviter que l’équipage se déchire.

Mais déchiré, l’équipage l’était déjà, n’est-ce pas ? Par la faute de celui qui aurait dû les unir et qui n’avait fait que les dresser les uns contre les autres, celui qui n’avait même plus l’excuse d’un Virus pour justifier son attitude égoïste.

Alors non, Zeb ne dit rien. Il se contenta simplement de fixer Smee, prêt à intervenir si ce dernier devait s’en prendre à Tijl, DogFish, ou n’importe quel marin qui ne fût pas Carne.

Au final, lui aussi voulait voir Hook. Il voulait voir le Capitaine.

♩ I will burn your kingdom down if you try to conquer me and mine ♫

"Zeb Skelton, peux-tu s'il-te-plaît cesser ce petit manège du gars attentif et naturel
qui donne envie qu'on lui fasse confiance, merci ?"

Citations by Carmine ♥

Un bruit sourd en provenance de la cabine avait fait profondément et brutalement tressauter le cœur de DogFish qui se tendit tout entier, à lui en donner la nausée, ses yeux déjà étranges s'agrandissant exagérément, les traits de son visage se contractant.
Figés dans un masque tordu.

¡SILENCIO!

Et bien que Carne n'ait entre ses mains aucune légitimité, il s'était accaparé l'attention de tous et de toute avec une adresse et un naturel fou. Dans la foulé, il avait saisi les épaules de Smee.

"Tu as entendu, Smee ? Vous avez entendu, n'est-ce pas ?!"
Dans l'assemblée, ça s'était tu, la plupart des hommes tendant l'oreille, pour certain d'une manière un peu stupide, curiosité enfantine dessinée sur leurs traits durs et leurs mines balafrées.
Wilhelm quand à lui gardait son intense attention sur le duo qui s'était formé.
Carne et Smee.
Un sombre et bas grondement roula dans sa gorge alors que le second se dégageait de la prise du Prêcheur.

"Nous l'avons invoqué et il est là ! Il gronde comme un dragon sur ses trésors ! Va-t-il sortir de sa grotte sous nos yeux ébahis ?!"
Le traqueur cessa de grogner, comme prit de court par le discours.
"Scandons son nom pour l'aider à sortir de sa torpeur ! Capitaine ! CAPITAINE !"

Et tout autour d'eux, au début timidement, et puis plus franchement, les pirates enjoignaient la cadence, scandant à leur tour.

"Capitaine ! CAPITAINE !" Et de plus en plus nombreux. Et de plus en plus fort !
Une chaleur étrange naissait au creux du ventre de DogFish qui se sentit soudainement petit, écrasé. Mais surtout soutenu. Il se sentait se fondre dans la masse, son individualité étranglée. Et ça faisait du bien ! Du bien de disparaître dans cet amas d'hommes qui allaient dans une même direction.

C'était l'équipage.

L'équipage du Jolly Roger qui appelait d'une seule voix, d'une seule pensée, d'un seul besoin !

"CAPITAINE ! CAPITAINE !"

Le grand prêtre avait parlé à Smee, mais le Pied Beau ne l'avait pas entendu, ou peut être ne l'avait-il pas écouté, se sentant galvanisé par la foule qui s'excitait.
Entre les jambes arqués des forbans se pointa la bobine toute blonde de Jim; le mousse qui ne l'était plus.

"CAPITAINE ! CAPITAINE !"

A son tour, Wilhelm serra le poing, le relevant, prêt à rejoindre le mouvement, mais la voix du second qui répondait à Tijl, elle, se fit entendre, ferme, le coupant net et le refroidissant comme on lui versait un seau d'eau glacée sur la tête.

"Le Capitaine" Les pirates se calmèrent tous instantanément, laissant les mots de Smee s'emparer de toute l'attention. "A toujours été présent." Dog avait baissé le poing, comme les autres. Attentif. Comme les autres. "Il est toujours présent. Jamais il n'a abandonné le Jolly Roger, jamais il n'a abandonné l'équipage. Ce que je vois aujourd'hui c'est que le Capitaine reste la figure centrale qui nous unit.
- C'est vrai !" Avait lancé un matelot plus en arrière.

"Et le Capitaine ne prend aucune décision à la légère. Vous le savez, tous. Vous n'auriez pas une telle foi en lui autrement. Ses actes, ses choix lui appartiennent. Mais toujours il garde l'équipage en tête."

Les mots étaient justes.
Sonnaient savant.
Glissaient dans les esprits comme du savon.
Les incertitudes se délitaient.
Le second savait parler.

"Vous n'avez aucune raison de vous inquiéter."

Alors pourquoi est ce que le regard bizarre de DogFish ne cessait d'aller et venir des yeux de Zeb à sa machette qu'il tenait attachée à sa hanche.

Il avait besoin de parler au Capitaine.
Un besoin pressant comme on ne pouvait s'empêcher de pisser.
Une envie qui tordait l'estomac et la réalité, qui assommait et faisait tourner la tête à l'en perdre.
Pourtant Smee parvenait à garder le cap, maintenait la barre malgré la tempête qui se déchaînait sous le doux soleil et le hurlement des goélands.
On n'entendait quasiment plus que les oiseaux et la mer, clapotis tranquille qui s'écrasaient contre la coque du navire.
Douce berceuse.

La Mouche avait-elle fait mouche ?

Les matelots restaient la, toujours attroupés.
Ils avaient entendu les mots de Smee, mais pire encore, le bruit qui avait émané de la cabine résonnait encore dans leurs caboches, en ricoché.

"Crochet, on veut Crochet."
A peine murmuré.

"Crochet, ou est Crochet."

Difficile de savoir d’où provenaient les premiers souffles, mais ils se répandaient dans le groupe à la manière d'une traînée de poudre qui s'enflammait.

Sourire de l'Enfer

Perché haut dans son nid-de-pie, Sewel observait en silence le chaos qui grondait en contre bas. DogFisch était revenu, dans un mauvais état, certes, mais vivant. L'apprentie médecin lui a prodigué les soins nécessaires. À présent sur pied, le pirate demandait à voir le Capitaine qui se tairait dans sa cabine. Une émeute s'est vite formée, la Mouche essaie de contenir la frustration, mais ce n'était pas évident. L'équipage voulait leur capitaine et Sewel comprenait. Il voulait aussi le voir, l'entendre, mais il se contentait de ne rien dire. Il n'était pas suicidaire.

Certains, cependant, semblaient l'être. Smee sait parler, c'est le genre de mec qui mène les autres avec de belles paroles. Aujourd'hui, ça ne prend pas, pourtant. La masse insiste et quelqu'un eut la bonne idée de remettre de l'huile sur le feu.

"Crochet, où est Crochet"

Personne ne voulait lâcher l'affaire. Tout le monde semblait s'être mis d'accord pour tenir tête à Smee. Après tout, que pouvait-il faire ? Tous les tuer et laisser le bateaux sans main d'œuvre ? Sewel n'en perd pas une miette. Patient, il attend voir la suite des événements, haut perché dans son nid-de-pie, à l'abri de la Mouche. Il s'allume une cigarette et la consomme lentement.

"Il revient toujours ce même goût de rance
Du temps des rêves
Qui jouaient avec la mort"

Jardin, pomme
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