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Mad Dog
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MessageSujet: Dieu est-il roux ? { Zeb Skelton & Mad Dog }   Dieu est-il roux ? { Zeb Skelton & Mad Dog } EmptyLun 15 Aoû 2022 - 22:46

Dieu est-il roux ? { Zeb Skelton & Mad Dog } 452727e1a7bded5ea06c628e3e1048b3

Nothing ever stays undivided
No, nothing ever stays undivided
See what remains of love in the acid
See what is left of us, how we ended

L'eau.
L'eau à perte de vue.
Du sang plein la bouche.
Du sel plein le nez.

Réfléchir lui est pénible.
Mobiliser sa cervelle est une gymnastique douloureuse.
Tout son corps n'est que contusions.

***

Elle se souvient des plaisanteries de Dominic sur le triangle des Bermudes, ses joues gonflées d'un rire éclatant. Il l'avait séduite en grande partie avec son humour décalé et ses blagues référencées d'intello-geek. Assis dans l'habitacle du petit avion de plaisance, elle s'était inquiétée de l'amas de cumulus sombres à l'horizon. Il aurait été ironique de mourir alors même qu'ils venaient de quitter la cérémonie de leur mariage sur cette plage idyllique des Bahamas.
Dans sa robe corsetée de crème faisant ressortir le caramel chaud de sa peau, elle avait jeté le bouquet avant de monter dans le cockpit. Vanessa l'avait attrapé en poussant des glapissements de joie indicible. Elle voulait tant être la prochaine ! La journée avait été merveilleuse, pleine d'embrassades, de danses, de chansons. Dominic et elle n'avaient plus guère de famille mais s’étaient constitués au fil du temps, un cercle de cœur, tissant des amitiés fidèles et solides. Ils s'envolaient pour convoler en tant que mari et femme sous les acclamations et les démonstrations d'affection de leurs proches. A présent, elle était Madame Madison Dogherty.

Elle se souvient de son bonheur, de son cœur bondissant et léger, des yeux pétillants de Dominic derrière ses lunettes carrées, de ses mots d'amour...

...Avant le chaos.

Les éclairs, la pluie torrentielle, la foudre zébrant le ciel pour s'abattre sur l'appareil.
Le monde s'écroulant en toute verticalité.
Le vertige et la panique.
Le fracas phénoménale de l'avion rencontrant de plein fouet la surface de l'onde.

Et puis le bleu infini, silencieux, implacable enveloppant.

Ses poumons se comprimèrent, elle ne put bientôt plus retenir sa respiration et ferma les yeux. Lorsqu'elle les ouvrit, elle dérivait sous l'écume furieuse. Elle ignorait comment elle avait pu être expulsée hors du cockpit. Sa ceinture était pourtant attachée. Au dessus d'elle, les lumières électriques de l'orage se diffractaient sous la surface. Spectacle fascinant qui fit momentanément diversion de sa propre noyade. Dans sa chute lente et inexorable, elle laissait dans son sillage une traînée de rouge qui ressemblait au tapis de velours qu'ils avaient déroulés sur le sable, face à l'arche fleurie. Sa robe blanche ondulait autour de sa silhouette happée par les abysses. Une méduse à l'agonie
Où est Dominic ?
Où est son mari ?

Le courant s'inversa brusquement. Des débris remontèrent, soulevés par l'explosion du crash. Les grands fonds se parèrent soudain de feu et de chaleur. Un souffle brûlant ramena Madison  à l'air libre. Elle creva les vagues avec un hurlement de terreur et de souffrance. L'oxygène incendia sa trachée. Elle fut ballottée de toutes parts. Autour d'elle le déluge, sous ses pieds, la mort. Elle se débattit et nagea avec l'énergie qui lui restait au fond des tripes. Elle agrippa un morceau d'aile qui ferait office de radeau. Elle s'y allongea et s'y accrocha, martelant des prières pour que son supplice trouve une fin heureuse.
Le Dieu qui l'entendit n'était pas celui qu'elle espérait.
Le tumulte des rouleaux la guida vers la formation d'un siphon naturel, un formidable tourbillon aux dimensions inimaginables pour l'esprit humain. Cette bouche infernale auraient pu engloutir des paquebots entiers. Elle, simple miette sans festin, fut ainsi avalée. L'Océan ne prit même pas la peine de la mâcher mais dans sa mansuétude, lui permit de s'évanouir et d'échapper ainsi à son inéluctable destinée.

***

L'eau.
L'eau à perte de vue.
Du sang plein la bouche.
Du sel plein le nez.
Depuis quand somnole-t-elle ?
Son corps n'est que contusions.

La mer l'a finalement recrachée. Indigeste mariée. Elle dérive depuis, sur son embarcation improvisée qui a réussi miraculeusement à rester intacte. Il n'en reste pas moins que le soleil aura bientôt raison d'elle. Sa gorge aride s’atrophie, sa peau cuit, ses forces sont sur le point de l'abandonner . Peu à peu, elle perd raison et conscience. Après tout, peut-être est-elle déjà morte ? Ces eaux sont peut-être celles du dernier voyage ?

Elle accostera bientôt sur les rivages du Monde d'Après.
Pourquoi lutter ?

Elle entend des voix.
Elle sent des mains.
Elle perçoit la pesanteur changer.
On l'allonge.
On la touche.
Cela la réveille un peu.

Madison bat des cils. Sa vision floue discerne un visage entourée d'une crinière rouge. Un lion ? Peut-être. Le fauve a  des yeux bleus et perçant. Elle sourit, faiblement et murmure.

- Dieu est donc roux...


Apparence à cette époque:

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Zeb Skelton
Zeb Skelton

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✘ SURNOM : La Rouille
✘ AGE DU PERSO : Cinquantaine

✘ DISPO POUR RP ? : Tout se discute, moussaillon
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⚓️Le Charpentier et ses Outils
⚓️ Histoires en cours: I - II - III - IV - V - VI - VII

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MessageSujet: Re: Dieu est-il roux ? { Zeb Skelton & Mad Dog }   Dieu est-il roux ? { Zeb Skelton & Mad Dog } EmptyVen 28 Oct 2022 - 21:58

C’était une sortie de routine. Un tour de chauffe sans prétention, en eaux familières. Pas de prise de risque, pas d’exploration. Juste une petite promenade en tête à tête entre un navire et un équipage qui apprenaient encore à se connaître. Et pour l’instant, la balade amoureuse se passait à merveille.

Le temps était clair, le vent frais gonflait les voiles et la récemment baptisée Zorra filait sur les vagues à une allure impressionnante. Il avait fallu du temps pour la remettre à flots, après que Zeb l’eût découverte échouée dans une anse des Atolls. Le chantier avait été éprouvant pour la Rouille, dont la jambe gauche doublement fracturée se remettait à peine. Mais le pirate ne regrettait pas la moindre goutte de sueur laissée sur ce cotre à hunier : le navire, qui avait certainement un siècle de moins que le Roger, s’était avéré un trésor d’ingéniosité et d’élégance, dont le vieux maître charpentier ne pouvait que soupçonner les performances. Le voir en action était un délice sans nom.

La trentaine d’hommes qui s’activaient sur le pont semblaient ressentir l’excitation du moment, eux aussi. Pourtant, au début, Zeb n’y croyait qu’à moitié : comment allait-il faire un équipage de ce tas de ruffians bigarré ? Mousses et vieux loups de mer, pirates originels et Bermudons, marins de carrière et anciens Perdus qui n’avaient jamais vu la mer dans l’Ordinaire... Rien n’allait ensemble, dans ce recrutement.

Mais après un entraînement appliqué et quelques sorties en mer, cette petite troupe hétéroclite semblait trouver son rythme. Zeb avait vu leurs gestes se faire plus précis, les officiers plus aguerris, les manoeuvres plus harmonieuses. La Rouille lui-même s’était surpris à se faire à ce “capitaine” dont on le saluait sur le pont. Lentement, la Zorra et ses hommes commençaient à former un tout, une entité fonctionnelle et légitime. Zeb n’avait rien ressenti d’aussi exaltant depuis... depuis...

Kit.

Oh. Peu importait.

Presque malgré lui, le charpentier reporta son regard vers la silhouette de l’Île, distante mais toujours aussi immuable.

Puis, soudain, un cri dégringola du mât : l’un des gabiers tendait le bras, désignant un amas de débris balloté par les flots. Zeb donna aussitôt l’ordre de virer et d’amener les voiles. Il n’eut pas à s’expliquer pour que l’équipage s’exécutât avec diligence : si près du Triangle, les épaves n’étaient pas une rareté, et plusieurs membres de l’équipage se rappelaient encore avoir été repêchés in extremis dans de semblables ruines. Il semblait essentiel à tout le monde d’inspecter les lieux.

Ils n’eurent pas à chercher bien loin. Par ce beau soleil et cette mer calme, difficile de rater autant de tissu blanc au creux des vagues.

L’équipage resta un instant muet, saisi par l’image de cette jeune femme inanimée sur son étrange lit de métal, de sa peau sombre drapée de dentelles déchirées et de satin clair, de son dos auréolé de rouge par ses longues tresses autant que par l’hémoglobine.

“Elle est morte, tu crois ?”

“C’est une Sirène ?”

“Avec une robe et des jambes en plein jour ?...”

“Oui enfin ce que j’en dis, moi...”

La Rouille ne participait pas aux murmures, trop occupé qu’il était à se pencher par-dessus le bastingage pour évaluer la manoeuvre d’approche. Willy One Eye, ami de longue date promu bosco et alors encore pourvu de ses deux mains, s’approcha pour l’imiter :

“Vous en pensez quoi, cap’taine ?”

“Pas le temps d’armer la chaloupe, on va la dépasser. Fais descendre deux gabiers par l’échelle de tribord, avec des gaffes et des bouts. On va tenter de la récupérer directement.”

Le sauvetage était hasardeux, mais l’Océan avait décidé d’être clément : aucun remous traitre ne vint contrarier la manoeuvre des pirates, qui parvinrent sans trop de peine à attirer le pitoyable radeau et sa pauvre passagère jusqu’à la coque du navire. Quelques instants et de nombreux efforts plus tard, ils déposaient le corps inerte de la jeune femme sur le pont, avec une étrange délicatesse presque un peu craintive.

C’est qu’elle était amochée, la donzelle. Voir qu’elle respirait encore, sous cette sinistre croûte de sel et de sang qui poissait sa peau et sa robe, cela rappelait à plus d’un les zombies du Bayou, ou de sombres histoires de malédiction contées au coeur de la nuit. S’il avait été à bord ce jour-là, nul doute que Keith aurait hurlé à la damnation immédiate et éternelle.

Zeb, cependant, avait autre chose en tête : sa proximité avec le médecin du bord lui avait conféré un certain pragmatisme en matière de premiers soins, qui prédominait sur ses propres superstitions de marin. Son premier réflexe fut donc de poser un genou à terre à côté de la jeune femme pour l’examiner de plus près.

Les yeux clairs du pirate glissèrent sur les lèvres gercées par l’eau de mer, la peau desséchée par le soleil. Le sang, délavé mais reconnaissable, qui auréolait la dentelle d’une manche de la robe blanche. Inquiet, Zeb toucha l’épaule de l’étrange rescapée dans l’idée de la tourner sur le côté pour examiner son dos. Mais avant qu’il pût achever son geste, les paupières de l’inconnue se mirent à frémir. Sa tête roula sur le côté, elle entrouvrit les yeux. Croisa son regard.

Et sourit.

“Dieu est donc roux...”

Le filet de voix était ténu, mais dans le silence qui s’était abattu sur l’équipage, il était parfaitement compréhensible. Le temps d’une seconde ébahie, personne ne sut quoi dire. Puis, d’un coup, un sourire incrédule s’afficha sur les lèvres de Zeb. Et comme si c’était un signal, un grand rire soulagé parcourt l’attroupement.

“Vous v’la promu, cap’taine!”

La Rouille se laissa contaminer par les rires, même si le sien restait un peu nerveux :

“Dieu, je ne sais pas. Satan, en revanche, c’est très possible.”

Il releva la tête :

“Vic, au lieu de baver tes conneries, apporte-moi de l’eau. Et ne restez pas tous plantés là comme une foutue bande de mouettes sur leur rocher, vérifiez qu’il n’y a pas d’autre rescapé !”

Puis, alors que les pirates se dispersaient brusquement, il revint à la jeune femme et chercha à nouveau son regard. Un instant, il ne sut pas quoi dire : lui-même n’en revenait pas vraiment qu’elle soit bien vivante et capable de parler, si bien qu’il finit par se rabattre sur une rassurante banalité :

“C’est bon. Tout va bien, maintenant. Tout va bien.”

Frenchy Vic, dont les jambes étaient heureusement aussi vives que sa langue, revint avec un godet d'eau douce. Zeb s'en empara de sa main valide, avant de glisser l'autre avec précaution sous la tête de la jeune femme pour l'aider à se redresser assez pour boire.







"Zeb Skelton, peux-tu s'il-te-plaît cesser ce petit manège du gars attentif et naturel
qui donne envie qu'on lui fasse confiance, merci ?"

Citations by Carmine ♥
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MessageSujet: Re: Dieu est-il roux ? { Zeb Skelton & Mad Dog }   Dieu est-il roux ? { Zeb Skelton & Mad Dog } EmptyDim 18 Déc 2022 - 18:54

Des gorges rient tout autour d'elle. Une cacophonie d'humanité quand on n'a côtoyé que l'écume et les vagues durant des jours. Le grand lion au pelage moucheté et à la crinière rousse -Dieu, vraiment ?- sourit brusquement à son tour. Une expression réconfortante, comme un bon feu de cheminée, qui fait danser ses tâches de rousseur. À moins que ce ne soit sa vue qui lui joue des tours. Elle est si fatiguée...

- Dieu, je ne sais pas. Satan, en revanche, c’est très possible.

Elle aimerait lui répondre qu'il a l'air plutôt sympathique pour un diable, mais les mots ne sortent pas. Trop de sécheresse dans sa bouche.

- Vic, au lieu de baver tes conneries, apporte-moi de l’eau. Et ne restez pas tous plantés là comme une foutue bande de mouettes sur leur rocher, vérifiez qu’il n’y a pas d’autres rescapés !

Une maigre espoir allume une étincelle dan sa poitrine.
Peut-être que son époux a survécu ?
Pourquoi son prénom glisse sur sa langue aride et se dérobe à sa mémoire ?

Le facies tacheté de Dieu revient la surplomber. Il a les yeux d'un bleu si pur, c'est fascinant, deux perles translucides qui la fixent. Un regard d'oiseau de proie.

"Je suis en train de délirer..."

- C’est bon. Tout va bien, maintenant. Tout va bien.

Faiblement, la jeune femme cherche le contact de cet être qui obstrue le soleil de sa crinière, de ce sauveur. Elle trouve un pan de chemise sur le quel ses doigts se referment tels des serres. Des pas résonnent sur le sol de bois creux. On soulève sa nuque, on porte à ses lèvres un récipient de fer blanc. Le liquide qui s'immisce entre ses lèvres gercées ne porte aucune trace de sel.
De l'eau.
C'est de l'eau !
Elle boit avidement, manquant presque de s'étouffer tant son gosier aride quémande le précieux breuvage qui ruissèle sur son menton et à la commissure de ses lèvres. Se faisant, elle agrippe le bras de l'homme roux avec toute la force dont elle dispose. Cette eau qu'elle boit comme une éponge lui prouve qu'elle est en vie. Une fois le godet vide, elle murmure de son timbre encore éraillé :

- En... Encore... S'il vous plait.... Elle en pleurerait presque.


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