Calopsitte coiffée d'or.
Les joues rehaussées de rouge qui traîne derrière elle son long manteau de plumes.

Elle affectionne les oiseaux chanteurs. Canaris, rossignols et rouges-gorges se perchent sur ses longs de doigts aux ongles interminables. C'est qu'elle est une perruche aux serres acérées.

Sa fumerolle, vaporeux serpent à plume scintille d'une fumée dorée et vient se lover dans son cou lorsqu'elle l'invoque. Comme ses frères de chair, les Quetzalcóatls, il symbolise son lien privilégié à l'Esprit Lune. Le dragon opalescent qui navigue les nuages. Enfant elle rêvait qu'il effleure et nimbe sa peau du même éclat que les fées.

Bien sûr, fidèle à sa tribu, elle n'oublie pas de révérer chaque jour l'Esprit Feu, le plus grand, qui les fait vivre, les nourrit et fond l'or dont elle s'apprête. Tiares, couronnes et autres bijoux auxquelles elle mêle pierres précieuses et résines colorées. Car Calopsitte, oiseau chapardeur, aime ce qui brille.

La Dorée se fait parfois oiseau marin, nageant quelques brassées le long du rivage quand les ondes sont calmes. Mais, oiselle oisive, elle se baigne aussi quotidiennement dans des eaux moins salées et sans vagues. Ses amies fées chauffent de temps à autres son bain mais c'est la rivière où elle passe de longs moments à démêler sa chevelure de jais, se lissant les plumes avec soin avant d'apprêter ses parures de parade.

Calopsitte, de toute sa vie, n'a jamais quitté la tribu plus de quelques nuits.
Elle y est née, y a grandi, y a aimé et pleuré.
Tous la connaissent, elle est oiseau sociable.

Comme beaucoup, elle côtoie aussi Corneille depuis sa naissance.
Ayant toujours été proche de sa nature magique, la Dorée a été un temps son élève. C'est lui qui l'a accompagnée sur son chemin spirituel, jusqu'à la première invocation de son totem. Et plus tard, lui préparant des herbes, chantant des rituels et appelant les esprits en choeur avec elle dans l'espoir qu'elle puisse concevoir. Sans succès jusqu'alors.

L'extravagant Sorcier demeure encore aujourd'hui son confident et ami privilégié. Alors, malgré l'épuisement et la maladie, elle n'a pas hésité à lui apporter son aide lorsqu'il a fallu accomplir la tâche titanesque de déplacer leur Feu Sacré lors du Givre. C'est là, peut-être, que l'idée à germée. Peut-être bien. Lui le corvidé farceur et elle la perruche charmeuse, ils forment un bon tandem.

Elle sait que le chaman est le pilier de la tribu, leur maître véritable. Ce n'est donc qu'après avoir reçu sa bénédiction qu'elle s'est présentée comme successeur au statut de Cheffe des Delawere; l'Hiver ayant tué l'ancien, le transformant pour l'éternité en esprit.

L'homme était bon mais il n'a jamais été un dirigeant d'exception. C'est donc fatiguée d'une suite de Chefs en demi-teinte, la plupart ses cousins ou oncles, morts ou destitués, que Calopsitte a décidé de proposer à son peuple d'en prendre le rôle.

Corneille et elle travaillent désormais de symbiose - elle n'a pas encore de véritable bras droit - à reconstruire l'esprit de la tribu après les traumatismes. Plus que jamais les fêtes de la nouvelle Lune et cérémonie des morts sont célébrées. On fait des offrandes au Feu Sacré et on danse et on chante, on invoque les fumerolles dans un carnaval magique et bariolé. On s'aime et on lie les esprits.

De son côté Calopsitte est également en mission diplomatique. Son peuple possède nombre d'herbes, épices, teintures et encens à commercer. Si le Givre les a rapproché du Grand Arbre elle ne veut pas négliger leurs liens avec les pirates. Oiseau pacifiste, elle œuvre pour la paix.

Plus personnellement, elle est une squaw respectée de ses confrères bien qu'elle n'aie pas engendré. Elle a vécu plusieurs amours mais n'a jamais pris d'époux. Il a toujours été entendu pour elle qu'elle mariera l'homme de qui elle aura un enfant. A lui elle sera fidèle comme une aigle.

Mais ce rêve lui échappe peu à peu alors que son ventre demeure vide. Par deux fois la vie y a fleuri mais jamais à terme. l'Île et les Esprits sont généreux de nombreuses choses mais pas des naissances. Alors elle prend des amants, dans sa tribu, chez ses confrères natifs et même parfois un pirate de passage si elle le trouve digne, dans l'espoir d'un jour pouvoir incarner un esprit en elle.

Seul Corneille est réellement au courant d'à quel point cela l'impacte et la désespère. Son corps vieillit lentement, plus lentement que ses soeurs mais un jour viendra où l'espoir disparaîtra entièrement.

Et alors elle ne sera plus que vieille perruche perchée seule.

▻ Calopsitte est une grande femme aux traits altiers. Un nez aquilin, nez d'oiseau. Et autour de son visage une tignasse noire, longue et souvent tressée, parfois décorée de pierres ou petits os. Son front, son cou et ses bras sont presque constamment sertis de bijoux d'or jaune; pas en signe de richesse et pas vraiment pour le statut mais essentiellement parce qu'elle est fascinée par la beauté éclatante du noble métal. Elle en portait déjà avant d'être Cheffe. Une collection construite avec application et depuis bien longtemps.

▻  N'appréciant pas la sensation du cuir traditionnel sur sa peau délicate, la Dorée drape son corps de tuniques de soie bleues, grises ou jaune pâle qu'elle brode parfois de perles marines ou pierres brillantes. Elle élève elle-même ses vers à soie dans un bosquet à l'orée du Bois-Joli puis file et tisse sur un métier installé à côté de son tipi. Parfois elle reçoit l'aide de quelques fées curieuses et leur fait offrande en échange de robes douces et minuscules.

▻ Bien que Calopsitte ait toujours un moment pour ceux souhaitant ses conseils et partager leurs problèmes, c’est Corneille qui gère davantage le côté social de la tribu. Elle s’occupe principalement de superviser le bon fonctionnement au quotidien ; répartition des tâches, récoltes de herbes et épices et gestion de la nourriture. Elle a pour tâche également de s’occuper du commerce avec les autres peuples de l’Île et des relations diplomatiques.

▻ Elle pense que la tribu a à gagner d'établir accords commerciaux et amitiés avec les nouveaux venus. Les pirates installés au Port et les sorciers du Bayou. Il est prévu qu'elle y fasse une visite personnelle prochainement.

▻  Elle a appris la langue des Perdus et Pirates – l’anglais – pendant le Givre au contact des réfugiés. Élève appliquée, elle a également étudié auprès d’un enfant quelques notions de celle qu’ils nomment français et qui est parfois utilisée également selon eux.

▻  Collectionne et joue de tous les types de flûtes. Surtout des flûtes de pan mais sa favorite est une flûte traversière en cuivre doré, cadeau de longue date, dont elle prend grand soin.

▻ Les Fées sont ses amies, elle a toujours un mot doux et quelques flatteries pour celles qui viennent la visiter. Leurs peuples s'entendent bien.

▻ Calou pour les intimes.

Mon ascension en tant que Cheffe après le Givre a été rapide mais je n'ai pas pris le pouvoir, c'est une idée ridicule. Et puis quel pouvoir ? Mon statut est un accord mutuel. Nous en avons d’abord longuement discuté avec Corneille et nous avons également eu le soutien de la tribu. Avec les pirates qui restent à terre et l’arrivée du Bayou les dynamiques ont changées.

Les Delawere sont connus pour leur ouverture aux autres et pour honorer cela nous avons besoin d'un bon négociant, de quelqu'un qui porte les valeurs de la tribu et qui saura montrer son éclat; je pense pouvoir remplir ce rôle.

Il n'y a pas d'autre monde comme le nôtre, il doit être protégé et cela ne peut pas passer par les guerres. Nous, fils et filles des Esprits nous œuvrons à la paix diplomatique pendant que le Clan du Cerf protège la forêt et ses habitants endémiques.

Nos confrères de l'Ours se montrent parfois plus obtus mais ça ne nous empêche pas de leur vouer un amour et respect sincère ; même s'il est parfois difficile de faire entendre raison à Puma.  

Un monde au-delà de notre océan. J’ai entendu dire qu’ils n’ont pas de magie mais compensent en science et en inventions ce qu’il leur manque de spirituel. C’est vrai qu’ils possèdent un très bel artisanat, leurs enfants que le Petit Roi nous amène en font parfois preuve et certains de leurs objets s’échouent sur nos rivages.

Mais c’est un pays qui paraît compliqué et malade. Trop de tribus et pas d’Esprits pour les guider. Et puis quand je vois les Perdus, leur nombre et les vieux cauchemars qui traînent dans leurs yeux, je me dis qu’ils ne prennent pas grand soin de leurs papooses.

C’est pourquoi nous accueillons ceux qui le désirent à condition qu’ils respectent nos coutumes et s’intègrent à la vie active de la tribu par leur art ou compétences. Nous leur apprenons si besoin.  

Cependant je comprends aussi la position plus réservée de mes confrères mais chez les Delawere les enfants son sacrés et nous avons bien un peu d’affection à partager aux égarés ou bannis du Grand-Arbre.  

Les Esprits ont décidé que ce pays serait à jamais lié à un seul dieu et qu’il se présenterait sous les traits d’un enfant ; Roi des orphelins.
Ainsi nous resterons humbles, contrairement au monde au-delà de l’océan, soumis à ses rêves et caprices.

Je l'ai rencontré quand je n'étais qu'une petite papoose. Nous avons joué et ri mais à présent il me plairait de le voir à nouveau. Seul à seul, peut-être, pas de loin comme les autres fois où j'ai pu le croiser de ma vie adulte. J'aimerais qu'il me parle de l'Esprit Lune avec qui il s'amuse parfois et dont je n'entends que l'écho lointain. Je suis aussi un peu curieuse de ce qu'à pu devenir l'Enfant Roi à la suite de toutes ces épreuves, ou si au contraire il reste éternellement pareil à ce qu'il a toujours été.

Je suis heureuse, nous le sommes unanimement, qu'il soit sorti de son sommeil de glace même si je pense également que cet hiver, aussi difficile qu’il a pu être, nous a apporté beaucoup de connaissance et qu’il nous a été bénéfique de vivre un temps côte-à-côte avec les Garçons Perdus.


Quant à Hook, l’homme est fou, ce n’est pas nouveau. Même antérieurement aux derniers événements. Les Esprits ne sont pas très bavards à son sujet mais peut-être qu’ils préfèrent ne pas trop l’approcher non plus. Donc je ne sais pas grand chose de plus.

Ce n’est pas forcément le cas de tous les pirates et c’est une bonne chose que certains aient pu s’éloigner de son joug pour s’établir au Port. J’ai d’ailleurs dans l’idée d’y faire une visite bientôt avec un échantillon des épices, herbes à fumer et encens que nous avons à troquer. Au Bayou également. Je pense que plus nous commerçons avec eux moins ils représenteront une menace pour la tribu. On ne coupe pas la main qui nourrit.

▻  Est née bien avant toutes les Intrigues
▻  A été un temps apprentie de Corneille
▻ A toujours été très active dans la vie de la tribu et a déjà traité par le passé avec certains Diplomates du Grand Arbre
▻  Givre : A assisté Corneille lorsqu'il a fallu déplacer le Feu Sacré / A beaucoup côtoyé les Perdus
▻ Post-Givre : Est devenue Cheffe récemment après que l'ancien soit mort pendant le Givre

Allongée sur la méridienne au motif floral et décorée de plumes qui trône au centre de son tipi. Calumet de bois sombre à l'embout d'or entre ses serres qui cliquettent sur sa surface laquée alors qu'elle inspire une bouffée musquée. Calopsitte laisse ses pensées s'apaiser.

Aujourd'hui la tribu a célébré un mariage. Évènement d'autant plus heureux que la squaw, entre ses voiles nuptiaux agrémentés de multiples plumes, leur a présenté un ventre heureux et arrondi. Les naissances sont rares et le Givre leur a pris de nombreux frères et soeurs.

La Cheffe a secondé Corneille, le maître de cérémonie, dans la célébration. De sa flûte et de son esprit elle a accompagné les rituels et de ses mains elle a recouvert avec amour le visage des époux des cendres de leur Feu Sacré. Les embrassant chacun comme s'ils étaient son propre sang.

Et pourtant elle n'a pu ignorer entièrement la pointe de jalousie dans son coeur durant les festivités. Que les Esprits qu'elle révère chaque jour de son existence offrent à d'autres ce qu'elle souhaite tellement et depuis si longtemps...

A l'entrée du tipi, sur son perchoir favori, son compagnon nocturne hulule. Le petit-duc et elle sont des amis de longue date, il veille sur elle dans son sommeil et la conforte lors de ses insomnies. Le corps aux plumes douces ne bouge pas mais sa tête pivote vers les peaux qui s'écartent lentement, avec une brève hésitation.

Entre, Rossignol. dit-elle avec bienveillance au visiteur.

Comme toujours l'assistant chaman est accompagné de sa fumerolle. Celle-ci n'a pas de forme distincte ; elle s'irise brièvement d'un arc-en-ciel de couleurs pour saluer la Cheffe.

Corneille m'a dit de t'apporter cette infusion. Et aussi que tu aurais peut-être envie d'un peu de compagnie après cette journée.

La Dorée ignore ce qu'a partagé le chaman de sa situation avec son apprenti, mais elle fait confiance au sorcier pour prendre les bonnes décisions.

Merci. C'est gentil de ta part.

Elle se redresse sur sa banquette, son seul véritable meuble ou presque, luxe qu'elle a troqué à un menuisier du Port. Le garçon vient s'asseoir à côté d'elle et elle échange le bol fumant contre son calumet qu'elle lui partage volontiers.

Il est si jeune, tout juste adulte, mais il y a de la sagesse dans ses yeux sombres remplis d'étoiles. De ses ongles vernis de motifs complexes elle repoussent les mèches noires du visage bronzé, lui sourit. Elle a connu son père, le regretté Milan, ils avaient été papooses ensemble mais il avait grandi plus vite. Et il avait eu ce fils, qui aurait pu être le sien. Parfois ça lui brise le coeur.

Ses serres glissent le long de la mâchoire carrée, elle voit la pomme d'adam déglutir mais le visage du jeune chaman reste impassible, presque. Presque troublé, presque amusé, on ne sait jamais trop avec lui. Elle ramène son bras vers elle, c'est encore un oisillon elle ne veut pas trop le brusquer.

Tu vois toujours le tatoueur ? elle prend une gorgée du breuvage tiède et herbeux Ibis.

Cette fois elle a réussi à lui tirer une réaction. Haussement de sourcil, petit écarquillement de yeux surpris.

Bien sûr. C'est mon meilleur ami. Pourquoi ?

Jambes croisées, elle hausse doucement les épaules.

Comme ça. C'est bien. Il est amusant.

Calopsitte n'avait pas voté pour l'accueillir à l'époque, cet adolescent turbulent et perturbé. Rien à apporter à la tribu. Ce n'est pas qu'elle soit contre l'accueil des Perdus mais au moins que ceux-ci puissent apporter quelque chose en retour par leur art ou compétences.

Au final son avis - et celui des autres - n'avait pas vraiment compté. Milan avait fait le serment qu'il prendrait la charge entière du rescapé et, grâce à ses talents, en avait fait un membre permanent et respecté du clan ; doué dans son art. La seule crainte qu'il avait partagé avec elle avant de rejoindre les esprits lors de la Canicule concernait l'attachement que portait son fils au garçon. Il avait peur que cette loyauté absolue n'entrave la destinée de Rossignol.

Mais le Chanteur se porte bien, elle est son maître y veillent, il sera sans conteste un digne héritier de Corneille le jour où le temps sera venu. Dans très, très longtemps...