« C'est vrai, elle a grave assuré elle aussi. » fait Apache. « C'était une super
soirée. »

C’était surtout une succession de mauvaises décisions, plus ou moins catastrophiques. Mais Just ne peut pas nier qu’il y a eu quelques moments sympas.

« J'pense monter un autre groupe pour jouer de nouveau ! », reprend le punk.

Et cette fois, Just n’en sera pas. C’est sans doute mieux comme ça.

« Si ça t’a pas suffi… »

Y’a une tension à couper au couteau. Just, pourtant habitué à ce genre d’atmosphère ne se sent pas hyper à l’aise.

« J’peux avoir le saucisson ? », il finit par demander alors que le silence s’appesantit autour d’eux.

Apache fixe Freckles et Freckles fixe Apache. Dans les yeux du chasseur, il croit voir un peu de peine, ou de la déception, ou quelque chose qui y ressemble. Il sent sa colère fondre malgré toutes les raisons qu’il a de la ressentir. Et il se sent con que ça marche, qu’il réagisse aussi fort.

« J’peux avoir le saucisson ? » Just demande.

Et il se sent d’autant plus con que Just est là lui aussi et qu’il a rien demandé. Il était là au concert aussi. Et quand lui et Freckles en ont parlé, c’était sur un ton léger. C’était juste avant tout le reste. C’est pas clair si Just essaie de changer le sujet, ou s’il veut juste vraiment le saucisson, dans les deux cas, ça fonctionne.

« Hey, elle est démentielle ton omelette, c'est la régalade ! »
« Ouais c’est super bon », Freckles s’empresse d’ajouter.

La preuve c’est qu’il a déjà fini la sienne, alors il s’occupe ses mains en triturant sa bouteille de bière sans essayer de l’ouvrir pour autant. Il y a un petit silence, pendant un moment, et Freckles sait que c’est sa faute, alors il se racle la gorge.

« Non mais ça va c’était bien et tout, c’est juste pas trop mon style de musique. »

Et puis puisqu’il est pas capable de ne pas trop en dire jusqu’à regretter d’avoir ouvert la bouche, il marmonne :

« Je sais pas si j’appellerais ça une super soirée, c’est tout. »

Apache s’exécute aussitôt. Il se penche une seconde fois sur son sac pour en tirer un gros salami. Le sentinelle tend la main pour qu’on lui fasse passer. Seulement, le punk lève le bras et il n’a pas le temps de réagir. Le saucisson décrit un arc au-dessus de sa tête avant de rouler dans les herbes hautes.

« Hey, elle est démentielle ton omelette, c'est la régalade !
— Ouais c’est super bon. »

Les discussions ont repris comme si de rien n’étaient. Apache et Freckles n’ont pas réagi, sans doute trop pris dans leurs échanges pour remarquer quoi que ce soit.
Le sentinelle se retourne. Dans l’angle de sa vision, il remarque Nuwala jaillir des fourrées et rejoindre la charcuterie d’un pas tranquille mais assuré.

« Les gars. », souffle le sentinelle, sans doute trop bas pour être entendu.

La lionne a rejoint le saucisson qu’elle saisit entre ses dents. Brian aimerait l’interpeller mais il craint qu’elle ne détalle avec sa prise.

« Non mais ça va c’était bien et tout, c’est juste pas trop mon style de musique, poursuit Freckles sans lever le nez.
— Les gars ! », répète le sentinelle, plus fort cette fois.

Nuwala aussi l’a entendu. D’un coup, elle se redresse, le saucisson entre les crocs, et se rue dans la direction opposée.

« Oh... » fait Apache. Et puis : « J'comprends. »

Il hoche la tête, et Freckles sent l’atmosphère se détendre perceptiblement. Même si aucune guerre n’était déclarée ni rien. Il se félicite juste d’avoir rajouté quelque chose, même si à ça se rajoute la culpabilité de l’impression d’encourager Apache dans ce bordel.
Mais bon.
Les autres chefs sont loin, leurs regards désapprobateurs aussi. Il a le temps de décider lui-même comment gérer les choses avec le chasseur, ici et maintenant.

« Les gars. »
« C'est à cause de Scar que tu... »
« Les gars ! »

Les deux se tournent vers l’endroit que Just regarde, surprennent une Nuwala aux oreilles dressées et à la fourrure couverte de terre, le saucisson entre les crocs.

« Non non non non non non ! »
« Oh putain !!! Elle l'a chourré ! Meeerde ! »

Freckles est le seul à esquisser un mouvement en direction de la lionne qui détale en sens inverse. Il lui faut peu de temps pour la rattraper à vrai dire, la chopant sous les pattes pour la soulever dans les airs. Ses pattes de derrière battent l’air, pendant que celles de devant s’agrippent au saucisson pour le maintenir pendant qu’elle tente de le bouffer le plus vite possible.

« Non mais t’es sérieuse là ? » Freckles se bat un instant avec elle jusqu’à lui arracher ce qui reste de saucisson d’entre les dents. « J’ai juré, Nuwala tu casses vraiment les couilles. »

Si elle pouvait lui tirer la langue, elle le ferait. A la place, elle se lèche le pourtour des lèvres et lui adresse un regard courroucé.

« RIP le saucisson », commente Apache dans son dos.

Freckles revient vers le feu de camp, Nuwala sous un bras.

« On peut vraiment pas la sortir », il dit, presque maussade.

Il en oublie que son cours de chasse était un des prétextes de leur sortie. Une fois assis de nouveau, il prend son couteau pour soigneusement découper autour des morceaux mâchouillés du saucisson, passant les restes potables à Just et fourrant les morceaux « contaminés » dans sa propre bouche. Nuwala, sur ses genoux, semble se contenter de mordiller les ficelles de son sweat.

Il n’aura pas besoin de les interpeller une troisième fois – de toute façon, c’est trop tard – Freckles et Apache lèvent le nez, tournent la tête dans sa direction et découvrent le massacre de Nuwala. L’un s’agace comme un parent, l’autre se gondole devant la scène.

Seul le rouquin bondit sur ses jambes pour partir à sa poursuite. Just le regarde se débattre avec l’animal et ça lui arrache un sourire. C’est quand même un peu drôle. En revanche, il a suffisamment observé Freckles pour deviner qu’il prend son rôle de maitre au sérieux.

« RIP le saucisson. », fait Apache à côté de lui. « Tu veux du fromage sinon ? »

Just hésite. D’un côté, il y a un rognon de saucisson que Freckles a tenté de sauver à la taille du canif. De l’autre, il y a un fromage intact mais à l’odeur révoltante.

« Je vais rester sur le saucisson. Pour l’instant. », fait Just en s’en taillant une tranche.

Finalement, il n’en veut pas à Nuwala. D’abord parce que c’est un animal et que ça n’aurait pas de sens. De l’autre parce qu’elle vient de lui servir de diversion.
La conversation n’a pas encore reprise, ce qui lui laisse une fenêtre de tir. Il n’a qu’à trouver un sujet de conversation suffisamment engageant et qui a peu de chance de lui retomber sur le coin de la gueule.

« Vous trouvez pas que les grimpeurs et les récolteurs font pratiquement la même chose ? »

La météo, ça aurait marché aussi.

Le temps qu’Apache et Just discutent saucisson et fromage, Nuwala s’est endormie sur ses genoux, dans une pose ridicule de chat content, une ficelle encore dans sa bouche. Freckles sait pertinement que dans quelques minutes, elle bavera sur son jean, mais c’est le prix à payer pour un peu de tranquilité.
Dur d’être parent, sérieux.

« Vous trouvez pas que les grimpeurs et les récolteurs font pratiquement la même chose ? »

Il lève les yeux vers Just avec un regard mystifié.

« Grave. C'est trop con », renchérit Apache. « Ya ceux qui se baisse et ceux qui grimpe pour ramasser. »

Peut-être par esprit de solidarité, parce que son groupe lui-même prend souvent cher quand il s’agit de discuter d’utilité ou de classe ou de n’importe quoi d’autre, Freckles se sent vaguement offensé, et surtout obligé de défendre l’honneur de ses collègues.

« Non mais n’importe quoi, ils font pas du tout la même chose », il rétorque donc.

La suite lui vient pas tout de suite. Apache le fixe avec un drôle d’air, et Freckles se demande pendant une seconde fièvreuse s’il a oublié qu’il est livreur, et le pense qu’il fait partie d’un de ces deux groupes dont il est question. Mais le chasseur dit juste :

« File moi ta bière, j'te l'ouvre ! »

Freckles lui passe la bouteille sans répondre, trop heureux de ce temps gagné à réfléchir, et de pas devoir quémander de l’aide.

« Déjà les grimpeurs ils font pas que ramasser des trucs », il dit finalement. « Ils font des repérages et tout. » Même lui se rend bien compte de l’imprécision de sa réponse. « J’avoue je sais pas trop trop en fait. »

Ça aide pas que les grimpeurs soient, à ce jour, le seul groupe sans chef. Wild était une présence fantomatique bien avant le Givre, si bien que c’est difficile de savoir exactement depuis quand elle n’a pas mis les pieds au Grand Arbre. Même quand elle était là, Freckles était pas exactement son meilleur pote non plus.

Il se rend bien compte que sa question est stupide quand elle lui échappe mais c’est déjà trop tard. Comme sujet de conversation pour embrayer, on a vu plus palpitant. Pourtant, Apache n’a aucune peine à rebondir.

« Grave. C'est trop con. Ya ceux qui se baisse et ceux qui grimpe pour ramasser. »

Just opine. Les deux groupes n’opèrent pas de la même façon mais remplissent exactement les mêmes fonctions. Après coup, cette réflexion l’étonne vu qu’il n’y a jamais réfléchi jusqu’ici. Il ne savait pas qu’il avait une opinion sur les grimpeurs et les récolteurs. Parce qu’au fond, on s’en fout un peu, non ?
Mais entre ça ou le concert…

« Non mais n’importe quoi, ils font pas du tout la même chose. », s’indigne soudain Freckles.

Le sentinelle hausse les sourcils. Il croyait s’engager sur un sujet safe, sans risque de s’échauffer. Mais il se sent soudain trop investi pour l’éviter, cette fois.

« Déjà les grimpeurs, ils font pas que ramasser des trucs. Ils font des repérages et tout. »

Just fronce les sourcils cette fois. Hein ? Mais les récolteurs font un peu ça déjà non ? Et c’est pas la spécialité des éclaireurs ?

« Tu t’enfonces, Freck. », il commente en lui adressant un sourire malicieux.

Mais il n’a pas besoin d’argumenter davantage pour que le chef des livreurs se rendent à l’évidence :

« J’avoue je sais pas trop trop en fait. »

On lui donne raison et Just ne voit pas la nécessiter d’en remettre une couche même s’il s’est vite constitué une liste étonnamment longue d’arguments.
Ça inclurait le fait que les grimpeurs soient en roue libre depuis un moment même si invoquer la nécessité d’un chef mettrait Apache en rogne et que ça enchainerait inévitablement sur de la politique.

« Je lève ma bière à ça. », conclue Just.

Il descend une lampée. Puis les yeux filés sur son goulot, il admet d’un ton raisonnable :

« Bon après j’ai rien contre les grimpeurs. Ou les récolteurs en fait. Il en connait même quelques-uns avec qui le courant passe plutôt bien. « J’ai plus de mal avec les Racco. »

« Les éclaireurs..? »
« Tu t’enfonces, Freck. »

Apache fronce les sourcils d’un air perplexe. Just lui, lui adresse un espèce de sourire presque affectueux – inattendu, mais tristement pas désagréable. Ils savent tous les trois que la logique de Freckles est un peu éclatée, il a pas besoin qu’on lui dise. Pas qu’il pense que Just et Apache aient raison, non, dans sa tête c’est super clair ce que font les grimpeurs, il a du mal à l’expliquer, c’est tout.

« J’avoue je sais pas trop trop en fait. »
« Je lève ma bière à ça. »

Freckles lève la sienne aussi, après l’avoir rattrapée avec plus ou moins de grâce. Distraitement, il aspire la mousse qui lui a coulé sur les doigts – la faute au lancer d’Apache qui a secoué la bouteille en l’air, mais il lui est reconnaissant de ne pas l’avoir laissé galérer. Deux trois gouttes de bière tombent sur le flanc de Nuwala, et il les essuie avec sa manche avant qu’elle se réveille et en fasse un scandale.

« Bon après j’ai rien contre les grimpeurs. Ou les récolteurs en fait. J’ai plus de mal avec les Racco. »

Il adresse à Just un regard un peu perplexe. L’histoire des récolteurs et grimpeurs, bon d’accord, il imagine que ça se discute, mais les raccommodeurs, ils ont un rôle plutôt clair, partagé par aucun autre groupe, et surtout, difficile de dire que c’est inutile, mais la réponse d’Apache, « Piiit... », lui offre la réponse à sa question muette.

« Vu ou il en est il ferait mieux de devenir chasseur, j'suis sur qu'il a plus d’expérience d'écorcheur que la plupart de l'équipe, Lace comprise. T'façon ce système est complet flingué. »

Freckles lève les yeux au ciel. Discussion qu’ils ont déjà eu cinquante fois.

« C’est booon, tu le kiffes, tu voudrais qu’il soit dans ton groupe, on a compris. »

Il sait très bien à quoi Apache fait référence – cette histoire de peaux humaines, à laquelle le chasseur croit dur comme fer. C’est une rumeur durable. Et même si Freckles doit admettre que lui non plus, ne voit plus le raccommodeur de la même façon, qu’il y a un malaise – bref.
Il sait juste pas comment il pourrait y croire.

« C’est pas parce que Pit est- » Il cherche ses mots une seconde. « Un peu cinglé. » Un peu oui. « Que y a un problème avec les raccommodeurs. Enfin certains raccommodeurs peut-être. Mais pas tous. »

Il s’est tourné vers Just – qui parlait des raccommodeurs en général plus tôt. Il porte bien des fringues, non ? Alors ?

« Et puis », Freckles rajoute avec une soudaine humeur. « Vu les nouveaux chefs qu’on se tape ... »

La phrase est sagement laissée en suspens alors qu’il boit une nouvelle gorgée de bière.

A sa remarque, Apache a tôt fait de ramener la conversation sur les chefs en invoquant le nom de Pit comme une malédiction. Just contemple sa bière encore levée à hauteur de ses yeux, perd son regard las dans le liquide sombre. Il se demande pourquoi il continue d’essayer. A quoi bon ?

« Vu où il en est, il ferait mieux de devenir chasseur, j'suis sûr qu'il a plus d’expérience d'écorcheur que la plupart de l'équipe, Lace comprise. »

Sans commentaire. Mais il n’a pas totalement tort. Just risque un regard discret vers Freckles, curieux de sa création. Le chef des livreurs n’a pas l’air de se sentir personnellement attaqué, ou de vouloir nier les faits. Il a surtout l’air saoulé. Sans doute qu’Apache lui a déjà pas mal rabattu les oreilles avec ça.

« C’est booon, tu le kiffes, tu voudrais qu’il soit dans ton groupe, on a compris. », fait le rouquin en levant les yeux aux ciels.

La répartie arrache un gloussement à Just qui secoue la tête.

« C’est pas parce que Pit est… un peu cinglé que y’a un problème avec les raccommodeurs. Enfin certains raccommodeurs peut-être. Mais pas tous. Et puis. Vu les nouveaux chefs qu’on se tape... »

Certes. Au regard qu’il lui lance, Just se contente d’un haussement d’épaule l’air de lui indiquer qu’il ne lui apprend rien de nouveau.

« J’ai jamais parlé de Pit. Ou de généralités. », se défend soudain le sentinelle. « Juste que tous les raccos que j’ai croisé étaient bizarres. »

Quand ils le regardent, il est presque sûr qu’ils ne le voient pas. Il prennent ses dimensions.
Et puis y’a aussi Yarn, qui se pose là. Pas bien dangereuse vue sa taille, mais pas mal chargée à sa façon.

« Et sinon, tes nouveaux colocs ? », il encourage Freckles d’un sourire taquin. « C’est pas le coup de foudre ? On veut des détails. »

Si Volt était là, il en étoufferait. Just n’est pas du genre à s’intéresser aux drames des autres mais quand ça concerne les chefs, ça le concerne un peu aussi.

« J’ai jamais parlé de Pit. Ou de généralités. », remarque le sentinelle, à juste titre. « Juste que tous les raccos que j’ai croisé étaient bizarres. »
« Après on dit que c'est les chasseurs les plus chtarbés... »
« L’un n’empêche pas l’autre », marmonne Freckles à voix rendue inaudible par le contact de ses lèvres avec la bouteille de bière.

Certains des habitants de l’Arbre les plus cyniques argumenteront qu’un garçon perdu, ça manque forcément d’un boulon ou deux. Freckles n’est pas de ces personnes, mais il doit bien admettre qu’il y a des tarés dans un peu tous les groupes. A différentes concentrations, certes.

« Et sinon, tes nouveaux colocs ? C’est pas le coup de foudre ? On veut des détails. »

Freckles ignore la sensation de picotis derrière les oreilles que déclenche le sourire de Just, se faisant la remarque que sa question est tout aussi inattendue. D’habitude il aurait imaginé Apache la poser pour faire la conversation, mais le chasseur a l’air plus énervé que taquin. Ca, même Freckles peut le voir. Peut-être que Just l’a remarqué aussi. C’est pour ça qu’il compense.

« Une chose est sur c'est que c't'enflure de Sinner s'entend trèèès bien avec l'autre bouffon re-priseur de gosses, pas vrai ? »

Freckles ne peut pas s’empêcher une grimace.

« Très bien. Trop bien. Je veux même pas en parler. »

Mais après une nouvelle gorgée de bière, il en parle quand même.

« C’est chaud quand même, ils font même pas semblant d’attendre qu’on soit pas là pour se ... » Un geste de la main évocateur, un froncement de nez.. « Dans le dortoir, avec tout le monde Genre ça le dérange pas que sa sœur soit là ? C’est dégueulasse non ? »

Freckles ne laisse pas la place pour l’ambiguïté dans son dédain ouvert pour le nouveau chef des diplomates: déjà un rôle pas gracieux à ses yeux. Mais il y a encore quelque chose chez Sinner qui l'énerve différemment de ce qui l'énervait chez les autres.

« Et après il fait semblant d’être mieux que nous. Il nous calcule même pas la plupart du temps. Comme si on l’avait forcé à être là. »

Il pose sa bouteille à moitié vide dans la terre sableuse à ses pieds, et picore le contenu de son assiette avec irritation. Il conclut :

« Sinon Glitter et Salvo sont cool. Et Yell est chiante. »

Si Freckles était de meilleure foi, il se rendrait compte que ce qu’il reproche à Sinner, il pourrait aussi facilement le reprocher à Salvo. Et que le seul crime de Yell, à ses yeux, a été d’être au mauvais endroit, au mauvais moment.