Dans la vie, il y avait des moments pour tout.
Il y avait les nombreux pour travailler, se rendre utile, être efficace ! Et puis il y avait les quelques-uns, non négligeables tout de même, qu'on allouait à la détente, à l'amusement, aux marrades quoi !

En cette belle journée ensoleillée d'un autre temps. D'un temps d'avant le grand froid, d'un temps de bien avant les ennuies, Righteousness faisait une pause en agréable compagnie.

Ils étaient la, les deux, installés tranquillement à discuter. Ca sentait la fraternité et peut être même un peu la solidarité, l'air de rien.
Deux têtes blondes aux yeux clairs, bleus pour les uns, verts pour les autres, leur donnant presque des airs de frères. Pourtant il n'en était rien ! Ils se ressemblaient sans être semblables.
Juste un chasseur et un sentinelle qui s'étaient retrouvés pour un petit moment de repos, entre deux missions rondement menées.
Des bons copains qui s'entendaient bien, postés au pied du Grand Arbre et qui regardaient les gens passer.

Right se tenait assit sur le rebord d'un muret en bois, ses pieds effleuraient à peine le sol, et il tenait toujours sa longue lance dont la pointe piquait la terre.

"Hey, regarde ça la bas !" Il avait désigné quelqu'un de loin, juste d'un mouvement de menton. "La blonde tressée !" Il avait précisé. C'était qu'il y avait du monde qui passait dans le coin. C'était une des routes les plus fréquentée de l'endroit. "Une cassos de première ! Tout l'temps défoncée à ce qu'il parait ! Elle bosse chez Soul, le pauvre. Enfin..." Il se reprit, reniflant avec un air moqueur. "Quand j'dis bosser... T'as compris quoi."

NB : Il s'agit d'un Flashback, du temps ou Heinrich était un chasseur, chez les GPS
TW : Twice est un jeune homme issu de l'Allemagne de la seconde guerre mondiale, ses opinions peuvent choquer, voir pire, elles ne représentent bien évidemment PAS ce que je pense et sont à considérer dans le contexte du personnage, enfin, les passages en italique sont les pensées de Twice à ce moment du récit.

Le chasseur était rentré plus tôt que prévu, bien plus tôt que prévu même,
d'habitude, quand il finissait ses missions rapidement -et c'était souvent le cas- il se posait dans un lieu de nature, et méditait, ou fomentait.

Mais cette fois il avait choisi, pour une fois, de ne pas abuser des délais, et de revenir directement après accomplissement de la tâche. Il ne cherchait pas forcément à esquiver des nouvelles requêtes, il avait juste besoin d'être seul, et de partager ses opinions à lui même, car ici personne d'autre ne les comprendrait.
Je vous l'annonce, le chasseur est un être aussi spirituel que fou.

Il n'aimait que peu la présence, les gens l'énervaient,

sans valeurs aucunes, sans intérêt aucun.

La seule façon d'approcher Twice était d'être utile à ses plans, auquel cas une relation intéressée se forgeait,
Sinon, c'était compliqué...
Oh il respectait certaines personnes, certes.
Mais quelqu'un qui n'est pas manipulable n'est pas utile.

Pour Right, ca avait commencé comme ça, il s'était d'abord approché de lui car il voyait en la sentinelle une personne animée d'idéaux assez respectables, et que l'esprit à première vue simple pourrait être disons... "poussé dans la bonne direction" le moment venu.
Le Rigoureux était grand, musclé, et savait se battre pour de vrai, son rôle à l'arbre lui avait permis de lier la théorie à la pratique,
Même si Twice était un chasseur émérite, fort de son expérience et de sa méthodologie, combattre d'autres personnes, c'était bien différent.

Donc oui, c'était ça au début.
Mais à force de le fréquenter, même par intérêt, Il comprit qu'il y avait en Right un plus grand potentiel.
Avec ses valeurs, ses volontés inflexibles.
Plus qu'un pion, Righteousness serait un allié.

Ainsi, alors qu'il pensait au début faire sauter le cadenas du crâne de la sentinelle, afin d'y lire comme dans un livre, il s'était surpris et perdu à déverrouiller le sien.

N'oublions pas que Twice est un adolescent comme les autres,
Même l'esprit vicié par une éducation interdite.

Alors que dire de leur relation, il étaient, amis ?
A peu près, je dirais.

En tout cas ils étaient posés là, trop loin l'un de l'autre pour être complices, mais trop près pour être dépareillés.
Au soleil de cette fin d'après midi, leurs chevelures uniformément blondes rendaient un blé foncé, entre l'ocre et le sable.

Right, une sorte de grand cliché du mec de lycée cool et un peu borné, regardait les gens passer, sans se priver de quelques commentaires de son cru,
quelques commentaires un peu conservateurs,
un peu de droite,
ca plaisait au sang-froid, qui lui était assis en tailleur, un peu en équilibre sur une barrière,
scrutant également les environs, les paumes sur les genoux, et dans un immobilisme effrayant.

Une soigneuse passa.

-Hey, regarde ça la bas ! La Blonde tressée ! Une cassos de première ! Tout l'temps défoncée à ce qu'il parait ! Elle bosse chez Soul, le pauvre. Enfin... Quand j'dis bosser... T'as compris quoi.

Dieu que tu manques d'esprit Right Parfois

Se dit l'Allemand, mais au fond, ca l'amuse un peu,
c'est juste qu'il ne sait pas vraiment rire,
a-t-il déjà ri, seulement ?

Il ne comprenait pas certains mots -notamment "cassos"- mais le ton suffisait à lui faire comprendre qu'il s'agissait là de véritables insultes.

Il se contente d'un léger sourire, et d'un relâchement au niveau de ses sourcils, jusqu'alors froncés par sa moue sérieuse et impitoyable habituelle.
Il rajoute, assez froid, avec un petit accent allemand.

-A s'habiller comme ça, elle ne devra pas s'étonner si son corps lui est pris par un homme qu'elle ne veut pas.

Faut dire qu'avec un short un peu petit pour elle, et un unique T-Shirt en guise de haut, la Criarde n'était pas très couverte, pour le froid ou les yeux.

-Enfin, à part quelques dépravés, désespérés par la perspective d'échouer auprès des femmes, je ne vois pas qui en voudrait.

Vous la sentez venir, la remarque machiste ?

-Elle ne serait pas une bonne ménagère, ni une bonne mère.

Tiens, en parlant de ça, en voilà une autre qui arrive, de fille.
Encore moins bien habillée,
Encore moins présentable,
Nasty.

A la remarque de Right, Twice s'était un chouilla déridé.
Venant de ce type la, c'était à prendre comme un rire à gorge déployé !

"A s'habiller comme ça, elle ne devra pas s'étonner si son corps lui est pris par un homme qu'elle ne veut pas."
Le sentinelle pouffa.
Les mots de l'allemand, en plus d'être saupoudré de cet accent tranchant, sonnaient toujours d'une rigueur froide à couper au couteau.
Mais c'était comme ça.
C'était sa façon de parler.
Sa façon d'être.
Son style.
Un peu beaucoup démodé.

"Après ça va chialer après un soi disant patriarcat. Qu'elles apprennent à se respecter elles même avant de réclamer le respect des autres."

Deux connards qui tristement pensaient ce qu'ils disaient. Personne aux alentours pour les contredire.

"Enfin, à part quelques dépravés, désespérés par la perspective d'échouer auprès des femmes, je ne vois pas qui en voudrait."
Cette fois Right s'esclaffa.
"J'avoue, même avec un bâton j'y touche pas !
- Elle ne serait pas une bonne ménagère, ni une bonne mère.
- Bonne à rien, ouais." Même pas bonne tout court, il aurait même pu ajouter.
Et d'ailleurs, en parlant de ça, il y en avait une autre qui passait, au loin, de cassos irrattrapable. Peut être même bien que celle la était pire que la première. Quoi que... Ca pouvait se discuter.
Plutôt hippie ou plutôt punk ?
Les deux styles dégoutaient ostensiblement le sentinelle qui grimaça rien qu'à les regarder.

"Regarde moi ça, j'ai l'impression que c'est de pire en pire, les filles au Grand Arbre. Ya une vague de gauchisme dans le coin ou quoi ? Notre petit roi sait pas bien les choisir, on dirait. Franchement ça, à sa place, j'l'aurais pas ramassé." Le Rigoureux avait dit ça tout en hochant doucement la tête à la négative. Plus paternaliste, tu crevais. "Sérieux, il l'a trouvé au fond d'un caniveau ou quoi ?" Il soupira. Heureusement, elles n'étaient pas toute comme ça. Mais rares étaient les filles qui trouvaient grâce au regard de Right.
"Tu m'dira elle traine avec l'autre punk de mes deux la. Ils se sont bien trouvés. Aussi pathétiques et gogoles l'un que l'autre. Pffff..." Nasty et Apache. Vraiment pas des modèles à suivre ! Indécrottables ! Putain d'anarchistes antifas ! "Ah gneugneu ouin ouin la société elle est méchannnnte..." Le sentinelle s'était lancé dans une imitation remarquable de ses cibles. "S'ils se bougeaient l'cul un peu plus, ça se passera mieux." Il rageait, un peu. Mais c'était vrai quoi ! Fallait bien le dire de temps en temps.
T'façon la majorité était d'accord avec ça. C'était juste qu'ils le disaient pas, ou moins directement. Moins durement.
Right, au moins lui, se planquait pas derrière son petit doigt.

La sentinelle, après les quelques remarques -pourtant très concises- s'était emportée, ne parlant sans jamais cesser, critiquant à tout va, faisant profiter les oreilles de l'allemand de plus en plus d'élucubrations conservatrice.

Ils étaient vraiment deux côtés d'une même pièce, les blonds.
L'un était expressif, avenant et tendait toujours à attirer l'attention pour partager ses idées sans retenue aucune, l'autre était froid, et ne se contentait le plus souvent que de penser les choses.
Penser ca d'ailleurs, Right ne devait pas le faire souvent, les paroles sortaient à un rythme chaotique, sans structure aucune.

Ca pouvait lui donner des airs un peu "simple", mais Twice l'aimait bien quand même.
Être à quelques pas du Rigoureux, c'était un peu avoir un pied dans l'ancien monde, et en vue des valeurs communes à nos deux protagonistes, dans un ancien temps.

Alors il parlait, encore et encore, et le chasseur écoutait avec un petit sourire narquois.
La forme, à ses oreilles peu habituées au parler plus modernes, semblait très dérangeante.
Mais le fond lui plaisait, oh bien sur il était moins radical, mais comparativement a tout les autres sous-hommes en présence à l'arbre, il était déjà bien mieux.

En fait, c'était le seul qui pour l'instant avait réellement pointé du doigts des problèmes, ou surtout des gens problématiques, comme Yell qu'il avait vanné, ou Apache dont il n'aimait rien.
Il avait des idées strictes, l'esprit raide, et le corps et la manière de les faire valoir,
Bref, c'était un atout considérable et une présence Rassurante.

Le Sang Froid s'était même surpris parfois à parler ouvertement à Right, de lui partager ses avis et opinions, les vraies opinions.
Le grand blond (en opposition à Twice, que je considère comme un "Moyen Blond") devait se douter des origines de son compère (A la fois géographiques et temporelles) mais ne le jugeait ou ne le trahissait pas.

Peut-être était il lui aussi confronté à cette drôle de solitude de celui qui est différent,
vous savez, la solitude que l'on ressent en étant entouré.
Il n'y a rien de pire que de se sentir bloqué là ou nous n'avons pas notre place

Ainsi, ceci en tête et après avoir laissé son camarade user de ses dernières paroles très inspirées, il reprend.

-Ici au grand arbre, il n'y a pas vraiment de notion de mérite, si la vie est libre ici, alors certains ne la méritent pas.

Il rit, aussi cynique que sinistre, et ajoute.

-Mais je pense qu'au fond, c'est nous qui ne devrions pas être là, au milieu des faibles et des inutiles.

Il se tourne vers Right, et lui adresse ce dicton plein de sens.

-Heureusement pour nous, au pays des aveugles, les borgnes sont rois.

Il y en avait des incapables au grand arbre,
D'ailleurs, l'un d'entre eux passait, sur une passerelle opposée.

Il parlait trop. S'épanchait trop. Ca se voyait ! Comparé à Twice, le débit de sa voix à lui était plus rapide, plus énervé. Bien plus teinté d'émotions. Il devait se calmer. Reprendre le contrôle.
Doucement, assez discrètement, Right avait prit une longue inspiration pour mieux expirer, tout aussi lentement.
S'agacer aussi facilement. Se mettre en colère à cause d'autres personnes, des personnes avec aussi peu de valeur, c'était méprisable.

Il se rappelait qu'avant, il y avait longtemps, ou peut être pas tant que ça, on lui disait souvent ; "Laisser les gens te mettre hors de toi, t'énerver, cela revient à les laisser pénétrer ton esprit. Et il n'y a que les putes qui se laissent pénétrer par les premiers venus. Alors maitrise toi. Ne laisse pas n'importe qui entrer dans ta tête."
Le sentinelle avait ravalé sa salive.
Il ne se souvenait plus qui lui disait ça. Mais ça lui paraissait parfaitement pertinent.
La voix calme de l'allemand le tira cependant de ses pensées, le ramenant au présent.

"Ici au grand arbre, il n'y a pas vraiment de notion de mérite, si la vie est libre ici, alors certains ne la méritent pas." Et Twice s'était mis à rire d'une manière bien lugubre.
C'était radical, comme réflexion. Mais le Rigoureux agita doucement la tête à la positive, acquiesçant le propos.
"Ils se laissent porter par les autres, et ils pèsent lourds. De vrais boulets.
- Mais je pense qu'au fond, c'est nous qui ne devrions pas être là, au milieu des faibles et des inutiles."
Les mots attirèrent un peu plus l'attention de Right qui tourna la tête vers son compère, ses yeux verts croisant les bleus glacials du Sang Froid. Le Rigoureux avait sur la mine une touche d'incompréhension, les sourcils légèrement froncés.
Qu'est ce qu'il voulait dire par la ?
Simplement qu'ils valaient mieux que ça ?

"Heureusement pour nous, au pays des aveugles, les borgnes sont rois."
Un sourire se dessina sur les lèvres du sentinelle, mais sur sa bouille, il était clair que ce n'était pas si clair.
Est ce qu'il était sensé comprendre que c'était eux les borgnes ?
Allez savoir !
La façon se s'exprimer de Twice était aussi désuète et mystérieuse que celle de Right était moderne et directe, du moins, aux oreilles de ce dernier.
Parfois, la différence générationnelle se faisait terriblement sentir. Ou peut être était ce plutôt l'écart d'intelligence qui se faisait remarquer entre les deux.
Les torsions de la pensée, les dictons et la philosophie, ce n'était pas le terrain favori du sentinelle. Lui, ça lui faisait mal au crane ces trucs la.
Alors, il laissa couler, ne réagissant pas plus que d'un sourire, son attention revenant aux passants qui passaient.

Et voila  t'y pas que c'était une collègue à lui qui rentrait tranquillement au bercail.

"Regarde, Elle ! La bas !" Un mouvement de menton pour désigner Her. "Elle est sentinelle ! Plutôt une jolie fille ! Elle a du potentiel !" Il commença. Mais il était certain qu'il allait trouver à redire. Après tout, c'était le thème de leur pause, semblait-il. "Mais de très mauvaises fréquentations si tu veux mon avis." Il l'avait vu plusieurs fois trainer avec ce crétin d'Apache. Encore lui. Une plaie purulente, ce foutu punk. "Elle est sur la mauvaise pente." Déjà qu'elle fumait. C'était pas joli ça, de fumer, pour une fille. Il secoua doucement la tête à la négative. "Les mauvais éléments contaminent les bons. Les tirent vers le bas. Une vraie maladie." Une tragédie. Mais au moins, c'était dit calmement, tranquillement. Pas d'emportement cette fois. "Bon, j'ai l'impression qu'elle avait déjà une ptite tendance féminazie, mais ça aurait pu se corriger." Il aurait juste fallu la remettre à sa place de temps en temps. "Mais maintenant... C'est sur, elle va se croire l'égale des hommes. Le genre à s'entrainer pour s'imposer physiquement. Pfff... Vraiment du gâchis." Les filles musclées, il y avait rien de plus laid ! "Elle va finir comme Lace." Il fit une moue, mi dubitative, mi attristée. "Elle veut devenir un mec. Mais elle l'est pas."
Pathétique.

Right paraissait parfois un peu perdu face aux méandres idéologiques que représentaient les paroles de son camarade,
Était-ce à cause de la forme,
ou plutôt du fond,
Ou alors des deux ?

Même s'il ne comprenait pas tout,
La sentinelle avait une qualité très appréciable,
Il ne contredisait pas, pour peu qu'on allait un peu dans son sens.

Un malin aurait pu le manipuler, l'Allemand aurait donc pu, mais a quoi bon ?
Il pensait déjà un peu comme lui, et il dégageait une certaine aura,
Il empestait la confiance en lui, Twice ne saurait dire si c'était une image de façade, mais ca lui plaisait beaucoup.
C'était vraiment son jumeau, mais opposé.

De toutes les contradictions, c'était sa préférée, sur l'île, s'il n'avait pas été Le sang froid, l'Allemand aurait préféré être le Rigoureux plutôt que n'importe quelle autre personne.
Il était respectable, sur de lui et de ses idées borderline, fort et expressif.
De ce fait, il le respectait en silence..

Les critiques à la volées continuaient, encore, il pointait une sentinelle, sans se priver de remettre en question ses fréquentations.

Alors, Twice se contente de la regarder, avec ses "yeux de chasseurs". Même s'il parlait moins, il maudissait les faibles bien plus que Right au fond de lui, la sentinelle se contentais de parler de ce qui se trouvait à la surface, mais L'allemand lui, éprouvait de la haine pour la moindre personne se laissant aller à tout comportement contraire à sa "philosophie".

Avait-il peur d'en parler, de donner son avis ? Non, il se devait juste de garder pour soi certaines choses, il ne parlerai jamais des Juden ou des Untermenschen, il serait détesté et chassé aussi tôt.
De plus, tout ce dégout l'alimentait en quelque sortes, il se nourrissait de cette colère qui grondait en lui.
Enfin, s'il ne parlait que peu, c'est car il est coutumier du silence, un prédateur ne parle pas, il traque, il tue.

Si un jour il avait de réels soucis avec un perdu,
Il s'en débarrasserait.
A ces réflexions il regarde la sentinelle en biais, alors qu'il continue à émettre des opinions très machistes (Notamment en Mentionnant Lacerate, la cheffe des chasseurs)

Une question lui vient à l'esprit, mais il ne la portera pas à ses lèvres.
Tuerais-tu pour moi, Right ?

Sentant que ce long regard devenait pesant, il se mit alors de nouveau à répondre aux quelques injonctions du Grand Blond, se contentant d'aller dans son sens, une fois de plus.

-Ne me parle pas d'Elle, être dirigé par une femme, c'est un affront.

Ouai, ca le dégoutait.
Il sort son fidèle coutelas, le regard toujours aussi froid, les veines de sa main droite devenant apparentes, il serrait la garde avec acharnement, ca le calmait.

-Mais regardes là, elle à déjà été punie pour son arrogance.

Righteousness fustigeait Her pour ses fréquentations. Mais les siennes étaient-elles meilleures ?
Sentant les yeux perçants de son ami peser sur lui, le sentinelle avait tout naturellement tourné la tête dans sa direction, soutenant son regard sans ciller. Sans problème. Sans saisir surtout que tout les deux étaient loin de jouer dans la même cour.
La rigueur du Sang Froid n'était pas celle du Rigoureux.

Right avait beau être dur, intraitable, terriblement de droite, il n'était pas un assassin. Pas même un tueur. Il n'était même pas dit qu'il serait capable de tuer un animal pour autre chose que se nourrir.
Il restait cet adolescent né en 2000 tout fraichement débarqué des dernières années.
Souriant.
Et il souriait à Twice avec une candeur que l'autre ne méritait pas.
Non. Définitivement, non. Righteousness ne réalisait pas que ce qu'il appréciait, pire, ce qu'il admirait chez cet autre blond, c'était aussi ce qui lui retirait une bonne partie de son humanité.
Contrôle de soi.
Sang Froid.
Annihilation total des sentiments.

Le contact visuel se prolongea, pendant un instant de rien
Right avait toujours un peu regretté de ne pas avoir cette couleur la dans les yeux. Ce bleu qui faisait frissonner, plutôt que ce vert trop tendre, peut être trop atypique qui gâchait un peu, selon lui, l'ensemble de la panoplie.

"Ne me parle pas d'elle" Avait finalement réagit Twice, reprenant la conversation juste à temps pour que le malaise ne pointe pas le bout de son nez. "Etre dirigé par une femme, c'est un affront.
- Je suis désolé pour ça, mec." Ca sonnait et c'était sincère. En parlant de Lace, sur le coup, il avait oublié qu'elle était la chef de ce collègue qu'il appréciait tant. "Vraiment. Tu mérite bien mieux que ça." Et en signe de solidarité, il avait posé une main sur l'épaule de Twice.
Oh, qu'il se rassure ! Pas un geste doux. Pas féminin pour un sous ! C'était plus brute. Il avait empoigné l'épaule de l'allemand et l'avait doucement secoué pour tout de suite le relâcher.
L'autre, comme pour illustrer quelque chose qui lui trottait dans la tète avait sortit un sacré couteau. Du genre qu'on utilisait pour dépiauter du lapin quand on avait pas trop le sens de la mesure.
"Mais regardes là, elle à déjà été punie pour son arrogance."
Ca fit doucement ricaner le sentinelle.
"Même sans ça c'est sur elle aurait quand même eu une sale gueule."
Les balafres de Lacerate, elles étaient sacrément impressionnantes ! C'était vraiment affreux de voir ça sur le visage d'une fille.
"Je comprends vraiment pas pourquoi Peter Pan l'a désigné en chef." Il haussa les épaules. "J'sais bien qu'on dirait pas, à première vu, mais merde ! C'est une gonzesse !" Nouveau hochement de tête en désapprobation. "Les autres chasseurs ils acceptent ça ?"

Au moins, de leur coté, les sentinelles avaient droit à un chef qui en imposait un minimum. Ok, c'était un bridé, mais plutôt du genre à gérer les choses correctement. Comme quoi, il y en avait !

En fait, je ne saurais vous dire pourquoi Right restait en compagnie du chasseur,
peut-être n'avait il pas trouvé mieux ailleurs, peut-être trouvait il en les traits du Sang froid quelques qualités insoupçonnées,

C'est dur à dire, très peu de gens pouvaient se vanter de réellement s'entendre avec Twice, encore moins pouvaient ils affirmer qu'ils savaient ce qu'il pensait, les idéaux qu'il défendait.
Pourquoi ? Car l'Allemand les cache au monde, se faisant discret et évitant de laisser sa nature intérieure déborder de son petit corps.

Pourtant la sentinelle, elle, savait.
Était-il courageux, ne ressentant pas de crainte face a l'aura néfaste qui entourait son ami de commune chevelure ?
Était-il inconscient ?

Ensembles, ils ressentaient comme une drôle sensation de sécurité,
comme être à deux, dans une bulle (de droite) qui fulminait d'idéaux ravagés et incohérents, sans jamais pourtant se percer.
Le chasseur voyait les moment avec Right comme son unique moyen de détente.
Chasser ne le calmait pas, ca l'excitait, tuer ne le calmait pas, ca l'enjouait, et même s'il méditait bien souvent, c'était en compagnie du rigoureux qu'il était le plus reposé.

Parfois même, à son air glacial se substituait une moue souriante, sereine.
Right Faisait du bien à Twice,
Rien qu'en existant,
Son éducation, ses valeurs, son honneur, voilà tant de raisons qui faisaient croire à L'Allemand que sa cause n'était pas perdue, et que certains de ses combats persisteraient aux travers de gens comme lui.

Ils étaient Chien Et Loup.

Même si ses constats n'étaient qu'une version édulcorée des pensées du Sang-froid, ils le rassuraient.

Je comprends vraiment pas pourquoi Peter Pan l'a désigné en chef. J'sais bien qu'on dirait pas, à première vu, mais merde ! C'est une gonzesse! les autres chasseurs ils acceptent ça ?

Ah, right et sa misogynie exacerbée.
Son camarade lui réponds, toujours aussi incisif.

-Ils n'ont pas réellement le choix, et puis, ils se laissent impressionner par ce qu'il Y a en façade.

A ce moment, il s'arrête, pour contempler sa lame, encore toute propre et aiguisée du matin même.
C'était effrayant.

-Pourtant, sous les cicatrices, elle reste une femme. Sous la peau, il y a un être faible.

Il regarde la sentinelle, ses yeux hurlent "Cela reste entre nous".
Sa bouche elle se referme.

"Ils n'ont pas réellement le choix." Right prit une mine compatissante, agitant doucement la tête à la positive. "Et puis, ils se laissent impressionner par ce qu'il y a en façade."

Lace était grande, pour une fille. Et sacrément baraquée avec ça. Physiquement, c'était sur qu'elle pouvait rivaliser avec certains mecs. Pas tous ! Seulement les plus mous de l'équipe. Mais quand même.
Et puis ses cicatrices avaient de quoi faire flipper les plus peureux. Ça faisait s'imaginer des trucs, alors que la donzelle s'était sans doute attrapée ça en se disputant avec une autre pour un sac à main, pendant les périodes de solde !
En y pensant, Righteousness souffla par le nez, comme un début de rire avorté, alors que son pote fixait la lame de son couteau. Elle était tellement nickel et aiguisée qu'il aurait pu y voir les yeux bleus froids de Twice s'y refléter sans que ça ne le surprenne vraiment.

"Pourtant, sous les cicatrices, elle reste une femme. Sous la peau, il y a un être faible."
Et le Sang Froid avait relevé la tête, son regard s'accrochant de nouveau à celui du Rigoureux. Un sourire s'agrandissait sur les lèvres de ce dernier, et ses yeux verts se firent plus pétillants.

"Ça t'as jamais traversé l'esprit de la provoquer au combat, à l'arène ?"
Le sourire s'étira un peu plus. "Tu ferais un bien meilleur chef !"
Ca, c'était tout vu ! "Nan mais sérieux, pour assumer un rôle comme ça, faut une bonne paire de couilles !" Il avait reprit, comme s'il voulait convaincre l'autre. "J'suis pas chez les chasseurs mais j'vois bien comment elle laisse trop faire les tires au flanc ! Elle a pas d'autorité ! Ça s'voit trop ! Ils font ce qu'ils veulent quand ils veulent. Faudra pas s’étonner après si on a des problèmes d’approvisionnement, ou que des bons éléments comme toi s'épuisent à la tache par ce que d'autres foutent rien."

Nan mais c'était vrai quoi  !
C'était toujours les mêmes qui en profitaient !
La discipline, il y avait que ça de vrai.
Lacerate, en tant que femme, était naturellement incapable de gérer un groupe comme les chasseurs correctement.

Spoiler:

-Ça t'as jamais traversé l'esprit de la provoquer au combat, à l'arène ?

C'était ce genre de phrases, lancées sans réellement réfléchir, qui marquaient la profonde différence, voire le profond fossé, qui séparait les deux blonds l'un de l'autre.
Right était honnête, droit, disais ce qu'il pensait et ne prenait aucune pincette, quitte un jour à le regretter.

-A quoi bon ? Je n'ai que faire de mener des incapables, ceux qui méritent de travailler avec nous n'ont qu'a se réunir autour de moi.

Twice lui était malin, mauvais et mesquin.
Et au compte des "méritants" qui pouvaient le côtoyer, il n'y avait que le Rigoureux, pour l'instant.

En fait, il trainait autour du sang froid comme un drôle d'aura,
Cela devait en fasciner certains, mais seul la sentinelle avait osé franchir le premier pas le menant vers l'allemand et ses extrêmes, il se rapprochait de plus en plus de lui à mesure que les jours passaient. Son éducation et ses valeurs patriarcales avaient été un pont.

-Nan mais sérieux, pour assumer un rôle comme ça, faut une bonne paire de couilles !

Le chasseur laissa s'échapper un rire sincère,
ah vraiment, le Rigoureux parfois, il était un peu simple.

-J'suis pas chez les chasseurs mais j'vois bien comment elle laisse trop faire les tires au flanc ! Elle a pas d'autorité ! Ça s'voit trop ! Ils font ce qu'ils veulent quand ils veulent. Faudra pas s’étonner après si on a des problèmes d’approvisionnement, ou que des bons éléments comme toi s'épuisent à la tache par ce que d'autres foutent rien.

Peut-être qu'au fond de lui, sans même s'en rendre compte, Right admirait un peu Twice, ou l'idéalisait,
dans certaines de ses phrases se cachaient des compliments, et il utilisait souvent le Sang froid comme outil de comparaison, comme une valeur étalon d'efficacité et de sérieux.

En soi, il n'avait pas tord, l'Allemand Chassait bien, vraiment bien, mais de là à lui vouer une fascination pareille ?
Quelle erreur.

- Un jour viendra ou l'insuffisance des faibles quant à leurs tâches provoquera l'insuffisance de l'arbre quant à nourrir ses habitants.

Cela pourrait arriver, je ne sais pas, par exemple : a cause de catastrophes naturelles sur l'île ?
Ayant conscience qu'il avait une fois de plus refroidi la conversation, il continue, complimentant à son tour son Camarade, de façon assez frontale, pour qu'il comprenne bien et ne se sente pas exclu des élus de sa vision… particulière.

-En cet instant, des choix devront êtres faits, et l'on préférera à mille fois préserver un Right que 10 incapables.

Je vous avais dit que ca jetait un froid ?
La c'était carrément glacial.

-Oh bien sur, il viendront mendier sous l'égide de l'entraide et de l'esprit de groupe. Mais quand nous y réfléchissons vraiment, rien n'est entraide ici, tout est travail.

A ces mots, il pense a Apache, et a ses petits copains alignés du mauvais côté de l'échiquier politique et idéologique

-Mais certains ne l'ont pas encore compris, le cerveau socialiste n'est pas coutumier des nuances.

Twice était odieux, méprisant, hautain,
Mais tout aussi convaincu de ses idées.
Un jour un drame s'abattrait sur cette colonie de dépravés.

"A quoi bon ? Je n'ai que faire de mener des incapables, ceux qui méritent de travailler avec nous n'ont qu'a se réunir autour de moi."
C'était clair et sans concession. Ça sonnait presque comme un appel au Putsch, mais le Rigoureux ne le releva pas.
Twice ne mâchait pas ses mots, et se faisait plus loquace qu'à ses habitudes, et pour Right, il n'avait pas tord. Pas mal d'éléments chez les chasseurs étaient des causes perdues. Pire. De véritables épines dans le système pourtant bien rodé.
Et ce mal, malheureusement, sévissait dans tout les groupes.
Même chez les sentinelles, il y avait un lot de cas sociaux irrécupérables à trainer tel des boulets qui, en d'autres circonstances pouvaient peser bien trop lourd.

"Un jour viendra ou l'insuffisance des faibles quant à leurs tâches provoquera l'insuffisance de l'arbre quant à nourrir ses habitants.
- Et ouais..." Le sentinelle avait acquiescé doucement. Est ce qu'il avait réellement peur qu'un tel évènement arrive pour de bon ? Peut être bien que oui, peut être bien que non. Ça dépendait de s'il y pensait ou pas, et penser, ce n'était pas une activité quotidienne chez celui la.
Pourtant, ses valeurs qui lui étaient si chères et si intransigeantes semblaient justement tourner autour de cette peur sous-jacente de la catastrophe hypothétique à venir.
L'angoisse du chaos.
D'une anarchie incontrôlable et meurtrière.
Sans limite.

"En cet instant, des choix devront êtres faits" Le Rigoureux releva les yeux vers son collègue qui parlait. "Et l'on préférera à mille fois préserver un Right que 10 incapables." Le concerné souffla par le nez, un sourire lui échappant. Mais pas de fausse modestie, c'était juste vrai. Les plus faibles mais surtout les plus tire au flancs seront ceux qui y passeront en premier, c'était une évidence. Righteounsness préfèrerait user de ses forces pour protéger ceux qui n'en avait pas la capacité et excellait ailleurs plutôt que ceux qui crachaient sur le système et ne faisaient aucun effort pour le groupe.

"Oh bien sur, il viendront mendier sous l'égide de l'entraide et de l'esprit de groupe. Mais quand nous y réfléchissons vraiment, rien n'est entraide ici, tout est travail."
Ça, Il y en avait trop qui n'arrivait pas à se le rentrer dans le crane.
"Mais certains ne l'ont pas encore compris." Les mots de l'allemand faisaient parfois délicieusement écho avec les pensées du Rigoureux. "Le cerveau socialiste n'est pas coutumier des nuances.
- Ces crétins de bobo gauchos sont tous persuadés d'être dans le camp du bien alors que c'est qu'un ramassis de bisounours incapables."
Il y avait un tel fossé entre le vocabulaire de Twice et celui de Right, que parfois cela donnait le vertige. Pourtant, les deux ne semblaient avoir aucune difficulté à se comprendre.
"Ils ont tous le mot solidarité à la bouche, mais c'est surtout pour rien avoir à foutre et laisser tout le taff aux autres ! Heureusement, pas tout le monde n'est dupe. C'est trop facile la bienpensance quand on se frotte pas aux réalités du terrain."
Mais il n'y avait pas vraiment à s'en faire. Ces individus restaient une minorité. Des marginaux paumés qui pour la plupart s'auto détruisaient.

"Mais bon. Ouais, t'as raison. Les lois de la nature l'emportent toujours." Il haussa les épaules, une moue inscrite sur la bouille. "Elle rétablie toujours l'équilibre. Les inutiles termineront aux chiottes, on aura plus qu'a tirer la chasse. Suffit juste d'être un peu patient."

Sans surprise, le rigoureux semblait acquiescer les réflexions de son ami chasseur, et sans effort aucun.
Il devait également être assez extrême sur les bords,
Après tout, Les deux blonds étaient déjà là depuis un petit moment, sur l'île, et cette dernière avait don de grignoter les souvenirs, et de transformer les gens.

Right perdait en lucidité, ses mémoires lui paraissaient floues, celle de Twice aussi, mais ses idéaux persistaient et ce qu'il avait gardé de souvenirs, il perdait en humanité.
Si tant est qu'il fut humain un jour.

Le cerveau lavé, le corps et le cœur dressés par les leçons de vie cruelles et autoritaires des écoles militaires allemandes,
Si ses pensées et son esprit rationnel efficace étaient autant de rouages, peut être était il une machine.

A mesure que le discours de la sentinelle continuait, il semblait accorder plus d'importance à l'ordre de ses mots, et aux tournures de ses phrases, certes certaines expressions ne faisaient pas parti du vocabulaire de l'Allemand, notamment les "Bisounours", cela un peu enfantin aux oreilles du Sang froid, cela sonnait comme une insulte, c'était un mot pour les faibles, il pouvait le sentir.
Il débitait aussi avec moins d'hésitation, il y était enfin.
Right était passionné, de nouveau.

Il termina cependant avec une métaphore des plus… inspirées, disons.

-Elle rétablie toujours l'équilibre. Les inutiles termineront aux chiottes, on aura plus qu'a tirer la chasse. Suffit juste d'être un peu patient

Tu t'améliores, mais tu as encore bien des choses à apprendre, Right
Tant pis, il ferait avec,
Lui au moins le comprenait, ou essayait.

-Je ne sais pas si l'île possède elle aussi des lois naturelles aussi salvatrices..

Il soupire, c'est vrai que la sélection naturelle, ça sonnait bien,
mais sur l'île, c'était vraiment le cas ?
Il y avait déjà une sélection pour y arriver, pourquoi en faire d'autres ?

Ah, mais bien sur.

Les yeux de l'allemand, d'un bleu toujours aussi profond, se voient dénudés de leur paupières, et se posent de nouveau sur la lame qu'il tient dans sa main droite.
Il avait le regard profond, et fou.
Les paroles suivraient.

-Ici, peut-être que la Nature prends d'autre formes.

Finalement, sans logique pour reformer ce monde, c'était peut être aux habitants de l'île, de faire leurs choix.
C'était lancé comme ça, d'une façon semblant trop naturelle pour les coutumiers du Sang froid.

Son camarade comprendrait-il ? Il n'en avait qu'a moitié à faire, c'est à son reflet qu'il parlait.
Pas celui à coté de lui, celui en face.

"Je ne sais pas si l'île possède elle aussi des lois naturelles aussi salvatrices."

Right fit une moue mi reflexionneuse mi embêtée.
C'était vrai qu'au pays imaginaire, ce n'était pas vraiment l'ordre et la logique qui régnait.
Le sentinelle était bien arrimé sur ses jambes, mais ça ne faisait pas de lui un grand aventurier, encore moins un explorateur. Quand Twice et ses collègues chasseurs partaient très loin dans les forets pour chasser leur pitance, le Rigoureux, lui, restait à l'Arbre ou dans ses environs pour monter la garde. Son univers à lui était marqué de frontières bien proches et délimitées.
Ce n'était pas vraiment par peur, plutôt par nécessité.
A quoi bon s'éloigner quand le rôle qu'on vous avez assigné se trouvait d'être la protection du QG ?
L'efficacité primait sur la curiosité que de toute manière il n'éprouvait même pas tant que ça.
Curiosité pour quoi ?
Les beaux paysages ? Il y avait mieux à faire, et le Grand Arbre était magnifique en lui même. Et quand on se perchait tout en haut, c'était une vue imprenable qui s'offrait alors.
Les indiens ? Des sauvages qui n'avaient rien ni a donner ni à leur apprendre.
Les pirates ? Pour la plupart des crétins assoiffés de sang, des ennemis tout désignés.
Les sirènes ? Des créatures qui concentraient en elles tout les défauts naturellement féminin. Il avait déjà assez à faire avec les donzelles qu'il croisait au quotidien.

Non.
Right n'avait rien à faire plus loin. Et c'était mieux comme ça. Il n'aimait pas se frotter de trop à cet univers qui partait dans tout les sens. Défiait la logique biologique, en tout cas celle en laquelle il croyait. Une nature détraquée qui bousculait les esprits trop rigides.

"Ici, peut-être que la Nature prends d'autre formes."

Les mots de l'allemand ré attirèrent l'attention du Rigoureux qui fronça doucement les sourcils, comme à la réflexion. Le chasseur, lui, arborait une expression un chouilla flippante, ses yeux trop clairs rivés sur sa lame qu'il serrait d'une manière... Visiblement déterminée.
Righteousness ouvrit la bouche, prenant une inspiration pour réagir, sans doute demander des précisions par ce que le terrain semblait devenir subitement étrangement glissant, du genre boueux, quand quelque chose ou plutôt quelqu'un attrapa son attention au vol en passant pas si loin d'eux, rentrant tranquillement au bercail.

C'était un mec.
Avec les cheveux aussi blond que ces deux garçons la. Et des yeux verts perçants, mais pas dans le même ton que ceux de Right qui le fixait passer.

"Hey, vise un peu par la bas !" Qu'il fit, oubliant dans la foulée la conversation un peu trop sérieuse et surtout trop tortueuse qui durait de trop. "J'sais pas c'que ça vaut, mais j'me suis toujours dit qu'il avait des manières de pd celui la." Le changement de sujet avait été brutal, et pourtant même pas calculé. S'attarder trop longtemps sur des choses qui demandaient de la réflexion ou pire, de l'analyse, n'était pas dans les habitudes de ce sentinelle. Pas que ça l’ennuyait, mais il n'avait simplement pas la capacité de concentration nécessaire à une argumentation étayée.
"Il traine avec trop de meufs pour que ce soit tout à fait honnête."
Logique, non ? "Puis se passionner pour des chiffons... C'est pas net pour un mec." Il avait prit une mine dédaigneuse. "Tout les créateurs de mode sont des tafioles. C'est connu."
Bah oui, qui ne savait pas ça ?
Pit était du coup forcément aussi gay que Lagerfeld.

Ils avaient fini par se perdre,
Enfin Twice avait fini par aller trop loin, bien trop loin pour le bon sens de Right. Il est vrai qu'il était assez radical, mais de là à partager vraiment les opinions du chasseur ?
Cela devait sans doute être un peu trop.

Il faisait mine de réfléchir, l'Allemand lui n'en avait que faire, contemplant le reflets des deux océans sur sa lame. Il aurait pu être déçu, vexé, même fâché après le Rigoureux, mais il n'avait en cet instant pas la moindre once de réflexion, ou de recul.

Ses pensées étaient chaotiques, son cerveau reptilien lui ordonnait de régler lui même les problèmes raciaux de l'île.
Le jeune blond était d'un naturel très calme, il méditait souvent, parlait et ne s'excitait que très peu.
Mais la vie sur l'île et la présence d'éléments perturbateurs contre-nature sous diverses formes (Créatures magiques par exemple) avaient peu à peu poussé son esprit cartésien à s'éroder, un jour il serait à nu, et tout se briserait.

Et là, il se fissurait, Le sang froid tapait une crise.
Il fallait se reprendre, mais il était déjà complètement perdu.
Un délicieux tourbillon de haine, à force, il finirait par grandir.

Tout autour de lui lui paraissait maintenant anecdotique, lointain, les sons étaient virtuellement étouffés, les lumières se tarissaient, son champ de vision se réduisait, Twice était dans sa zone.
Totalement déconnecté du monde qui l'entourait, les paroles du Rigoureux ne faisaient que rebondir sur la carcasse de L'allemand.

Puis, alors qu'il scrute nerveusement les environs, il aperçoit Pit, et comprends que son ami avait alors repris sa distribution journalières d'insultes et d'insinuations.

Ah, Le Joker,
Ca lui rappelait de très mauvais souvenirs.

Reprends Toi, Schnell.  

Sa respiration se calme, sa bouche se ferme.
Il pose sa main gauche sur son front, remet sa fidèle dague dans son fourreau.
Il se réinitialise.

Ruhe, Ruhe.

Il s'était laisser emporter,
Heureusement que la sentinelle n'avait pas l'esprit assez fin pour trop supposer, et qu'il se contentait souvent de trouver la vérité là ou on voulait bien lui la laisser.

Il fallait reprendre le contrôle, rentrer à nouveau dans la conversation.

-C'est un dépravé, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec lui par le passé, il a...

Long silence, ca lui faisait mal, car en la folie évidente de Pit -qu'il avait pu constater par lui même- il retrouvait certains des aspects les plus dégoutants de ses propres déviances.

-Il a de sérieux soucis, j'ai pu le ressentir, son attrait pour les arts féminins et ridicules de l'accoutrement n'est que le Cadet de ses soucis.

A ces mots, il regarde la cicatrice à son bras, qu'il avait entaillé profondément dans ce qui semblait être un "duel de fous" ,
Là aussi, il s'était laissé emporter,
Il fallait définitivement faire quelque chose,
cela devenait oppressant.

Est ce que Righteousness avait remarqué la soudaine rigidité de son ami chasseur ?
Non.
Pas vraiment.
Il n'était pas le genre de garçon fin à s'attarder sur les subtils états d’âme des autres, même ceux qu'il appréciait particulièrement.
Ce n'était pas volontaire de sa part. Même pas une pose viriliste de plus à ajouter à une longue liste de paraitres droitards mascus de base.
Juste... Ça ne lui venait pas si on ne montrait rien de trop. Ce n'était pas son genre. On ne lui avait jamais appris ça, étant jeune, alors il ne le faisait simplement pas, se contentant plutôt de théoriser de l'orientation sexuelle de certain sur base de rien.
Right ne faisait pas dans la dentelle ni la finesse.
Pour le coup, cela permit à Twice de se reprendre sans que son attitude n'interpelle le sentinelle, et même de répondre après avoir rangé son couteau à sa place initiale.

"C'est un dépravé.
- C'était sur.
- J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec lui par le passé, il a..."

Le Rigoureux tourna la tête vers le Sang Froid, attendant la suite, attentif mais surpris par l'hésitation de l'allemand.

"Il a de sérieux soucis" Fit finalement l'autre blondinet. "J'ai pu le ressentir, son attrait pour les arts féminins et ridicules de l'accoutrement n'est que le Cadet de ses soucis."
Tout en terminant, Twice avait posé ses yeux sur son avant bras et le regard du sentinelle suivit le sien, ses sourcils se fronçant.
Une cicatrice marquait la peau pale du chasseur, partant du poignet et longeant son avant bras de moitié.
Sans doute un souvenir de chasse, se disait Righteousness.
Ses yeux verts revinrent vers les bleus, ne s'attardant pas.

"Il t'a dit quoi pour te faire penser ça ?"
Ou il s'était passé quoi ?
Curieux le Right ?
Oohh... Un chouilla oui.
C'était qu'imaginer Twice converser avec cette tafiole de chef l'intriguait. Qu'est ce que ces deux la avaient bien pu se raconter ?

"C'est quoi son problème ?"

Qu'est ce qu'il pouvait y avoir de pire qu'être pd, hein ? Le Rigoureux se le demandait bien.