Problems? What problems?

Finalement, couper par les ronces n'était probablement pas une très bonne idée. Spitfire comptait sur les vêtements tout chauds et bien protecteurs de son petit cavalier pour lui éviter une quelconque griffure... mais il n'était malheureusement pas emmitoufflé des pieds à la tête.

- Hey ! Ca fait mal !

Ronchonna-t-il en parlant aux plantes, comme s'il espérait qu'elles allaient se pousser pour faire place cette. Oh, s'il ne s'agissait pas de ronces, elles auraient peut-être eu la gentillesse de le faire, mais les plantes à épines ont plutôt mauvais caractère.
Mais le pire, c'étaient les roses. Il n'y avait rien de plus vaniteux et mauvais qu'une rose. Quand Spitfire tentait parfois de leur faire la conversation, il finissait toujours par se faire remballer à grand renfort de coups de tiges épineuses.
Salles gosses.

- On soignera tes pattes, agent Fire !

- Ah, ça ce serait sympa !

La proposition était la bienvenue, et clairement, le Galopin ne l'aurait refusée pour rien au monde. Faire en sorte que ni lui, ni le gamin sur son dos ne finisse croqué par un ou plusieurs Orbloups, c'est quand même du sport, et actuellement, il regrettait d'avoir pris la décision d'emprunter ce dangereux raccourci.
Quoique.

Jetant un vif coup d'œil derrière lui, le Dragonnard vit bien qu'il se passait quelque chose, mais n'était pas certain de ce dont il s'agissait.
En réalité, il se trouvait que les ronces, qu'il venait de vivement critiquer dans sa tête, s'étaient mises d'accord pour former un barrage et ainsi stopper net la progression de leur assaillant en immobilisant ses pattes, puis sa gueule. L'autre se débattait comme un beau diable, probablement immunisé des griffures par la glace épaisse qui recouvrait son corps, mais ça ne l'empêchait pas de se retrouver coincé.

- Tiens, je crois qu'on a l'air sortis d'affaire...

Lâcha soudain la Comète qui peinait à maintenir la cadence avec toutes ces épines aux pattes.
Oh, bientôt, ils atteindraient leur destination. Déjà les contours du camp se dessinaient au loin, bien que le duo de rase-mottes ne puisse probablement pas les voir...

En tout cas, ils auraient droit à un bon chocolat chaud en rentrant, si seulement quelqu'un avait ramené du chocolat en poudre.
Enfin, dans un sens, le chocolat chaud, ce serait bon pour Wobbly seulement. Bien que Spitfire n'était pourtant pas trop difficile, ça ne le tentait pas trop. Du lait tout seul en guise de remontant, ça passerait mieux. Il restait un animal, après tout.
Vous avez déjà vu un gros lézard manger du chocolat, vous ?

La course poursuite avec les Orloups tirait à sa fin. C’était bien, parce que Wobbly commençait à en avoir un peu marre : d’abord il avait fallu courir, et puis ils avaient volé et ça c’était trop bien, mais maintenant ils passaient par les ronces et elles n’était pas très gentilles et même que son nouveau copain allait avoir les pattes toutes abîmées et ça c’était vraiment nul. Nul, nul, nul ! Wobbly n’aimait pas avoir mal pour de vrai. Et il n’aimait pas non plus quand les autres avaient mal. Il ne savait pas trop pourquoi, mais ça lui faisait un truc désagréable à l’arrière de la tête, comme s’il avait des poux, sauf qu’il avait demandé à Kaitlyn de regarder une fois et qu’il en avait jamais. Elle lui avait même dit qu’il avait des cheveux tous doux et il avait été super content, parce que Kaitlyn c’était vraiment la meilleure Maman ! Elle lui manquait beaucoup.

« Ah, ça ce serait sympa ! »

La réponse du dragonnard sortit l’enfant de ses pensées (ce qui n’était pas plus mal). Il tapota gentiment la croupe (ou son équivalent) de la créature en souriant.

« Ouiiiii ! Tu verras, je sais trop bien faire ! C’est un peu comme du raccommodage, et c’est mon groupe alors je suis trop fort, mon Chef il m’a appris pleiiiiiin de choses ! Et puis en plus, mon copain Spooky il m’a montré comment faire des supers bandages, comme les momies ! T’auras plus mal après c’est sûr ! »

Voilà que le Passe-Partout avait oublié sa contrariété au profit de son habituelle joie de vivre et de ses explications à rallonge pas toujours faciles à suivre. Cette fois, cependant, il semblait rester compréhensible.

Selon le Galopin, ils en avaient bientôt fini avec les ronces. Wobbly préférait le croire sur parole : la dernière fois qu’il avait essayé de se retourner, ça ne s’était pas très bien passé. Et puis, finalement, il n’avait même pas besoin de regarder derrière.

« Oh oui, je vois le Camp ! T’es trop fort agent Fire, on a réussi !!! Ouaiiiiis ! »

Le garçonnet leva les deux bras en l’air en signe de victoire alors qu’ils sortaient enfin de leur mésaventure dans la brousse. Mais, bien entendu, lever les bras en l’air signifiait ne plus se tenir au dragonnard…

« Ooooooooooh… ! »

Dans un « BOOM » plus impressionnant que véritablement fracassant, Wobbly glissa du dos du Galopin et s’étala au sol. Heureusement, ils n’étaient plus dans la zone de Givre depuis un petit moment maintenant, et Spitfire n’était pas très haut sur pattes, il n’y avait donc plus de peur que de mal. Et d’ailleurs, le petit châtain était tellement content d’être sorti d’affaire qu’il n’avait même pas mal !

Avec un grand éclat de rire, il s’allongea sur le dos et leva à nouveau les bras au ciel.

« C’était TROP bien ! On a été trop forts ! Et même que les Orloups ils peuvent pas nous battre ! Surtout toi, agent Fire ! T’es trop le meilleur des plus forts! »

Comment ça, ils avaient eu beaucoup de chance ?

Problems? What problems? - Page 2 Meena_18

Les contours du Camp étant de plus en plus visibles, le temps était aux célébrations ! Et ce n'est pas Wobbly qui allait s'en priver.

- Oh oui, je vois le Camp ! T’es trop fort agent Fire, on a réussi !!! Ouaiiiiis !

Le problème, c'est qu'il y mit tellement de cœur qu'il lâcha sa prise sur sa monture et en dégringola dans un "boum" sonore et un peu comique.

- Wow ! Ça va, rien de cassé ?

Vu comme le gamin avait roulé pour s'étaler sur le dos et lever les bras, ça devait probablement aller. Il faut dire que Spitfire n'était pas le Dragonnard le plus grand de l'Île (Noiraud faisait bien quarante-douze têtes de plus que lui) et qu'il partageait donc une connexion très étroite avec le sol.

- C’était TROP bien ! On a été trop forts ! Et même que les Orloups ils peuvent pas nous battre ! Surtout toi, agent Fire ! T’es trop le meilleur des plus forts!

Flatté, le Dragonnard bomba le torse. Pourtant, il savait bien qu'au fond, sur un terrain moins favorable, ils ne s'en seraient peut-être pas si bien sortis... mais il décida de jouer le jeu tout de même :

- Évidemment, je suis super trop fort, t'as cru quoi. Un exploit de plus à ajouter aux grandes aventures de Spitfire !

Le Galopin s'était pris au jeu et fanfaronnait, pour célébrer leur victoire et détendre un peu l'atmosphère. C'est qu'il était un peu tendu... à moins que ce ne soit qu'une vague impression que ses pattes lui donnaient. Ce n'est pas tous les jours qu'il courait avec un petit sur le dos.

- Mais dans tous les cas, j'ai pas très envie de retenter l'expérience de sitôt !

Ajouta la Comète en s'asseyant. Le fait de ne plus se tenir debout lui fit un bien fou (si Spitfire connaissait le mot "marathon", il aurait probablement dit qu'il venait d'en courir un) mais sa mission ne s'arrêtait pas là; le pire restait même à venir.
Bien que, se faire courser dans les ronces par un Orbloup devait tout de même être pire que devoir ôter toutes les épines que lesdites ronces avaient pu laisser sous ses pattes.
Méticuleusement - et avec des bruits alternant entre claquement de crocs et succion - le Galopin s'affaira donc à tous ces vilains morceaux pointus coincés entre ses écailles.
Et autant dire que la précision était loin d'être son fort.

C’était bien, d’être allongé par terre. Wobbly n’avait pas beaucoup couru ou été très brave comparé à son ami à quatre pattes, mais il était quand même fatigué ! Toute l’énergie de la course-poursuite était partie et ne restait plus que le constat qu’ils s’en étaient sortis de justesse. Si Wobbly était capable de quantifier le danger, du moins.

Les yeux fixés sur le ciel, le Passe-Partout reprenait tranquillement ses esprits et une respiration normale. Ce fut en entendant les bruits bizarres émis par Spitfire qu’il tourna la tête dans sa direction et vit ce qu’il était en train de faire. Aussitôt, le petit bonhomme se redressa.

« Attends, je vais t’aider ! »

En deux temps trois mouvements, le voilà de l’autre côté du Galopin, à s’affairer sur les épines à sa portée.

« Oh là là, c’est comme des aiguilles ! Ça doit faire mal, quand même ! Moi, je suis Raccommodeur, alors j’ai souvent des aiguilles dans les doigts aussi mais j’aime pas ça du tout, c’est nul ! Aussi, parfois on en oublie dans les vêtements et ça pique quand on s’habille, surtout quand c’est Yarn qui répare, je sais pas pourquoi... »

Si personne ne l’arrêtait, il était capable de continuer très longtemps. Au moins jusqu’à ce qu’il réalise autre chose.

« Oh mais tu as soif peut-être ! Tu as couru tout plein, ce serait normal ! Tu veux que j’aille te chercher de l’eau ? Je peux demander à une Maman si tu veux ! J’ai pas vu Maman Kait depuis longtemps et je veux pas voir Maman Aphrodite, mais y’a plein de Mamans partout et les grands ils ont dit qu’on pouvait demander à toutes les mamans maintenant ! »

Il avait déjà oublié sa première mission auto-proclamée. Mais il avait enlevé quelques épines, promis ! Il n’était juste pas très concentré, comme souvent.

Sujet: Re: Problems? What problems? Lun 18 Mar 2024 - 17:56

- Attends, je vais t’aider !

Tout coup de main qui pouvait lui permettre d'ôter la gêne sur ses quatre pattes, gêne qu'il sentait d'ailleurs clairement maintenant que l'adrénaline de cette folle course était en train de redescendre petit à petit, était le bienvenu.
C'est que tout ça faisait en fait un mal de chien, et heureusement pour lui, Wobbly paraissait bien déterminé à ne pas le laisser en plan. Même s'il ne l'aidait pas, le Dragonnard ne lui en aurait même pas voulu. Le fait d'être redevable à quelqu'un n'était pas une notion qu'il comprenait tout à fait.

- Oh là là, c’est comme des aiguilles ! Ça doit faire mal, quand même !

Trop affairé avec l'une de ces "aiguilles" un peu trop tenaces, Spitfire se contenta de hocher brièvement la tête, faisant bouger tout son corps par la même occasion.

- Moi, je suis Raccommodeur, alors j’ai souvent des aiguilles dans les doigts aussi mais j’aime pas ça du tout, c’est nul ! Aussi, parfois on en oublie dans les vêtements et ça pique quand on s’habille, surtout quand c’est Yarn qui répare, je sais pas pourquoi...

Lui non plus, d'ailleurs.
Et il ne savait pas ce qu'était un Raccommodeur.
Comment voulez-vous faire comprendre à un reptile, qui ne soit pas un Fabuleux, que les vêtements pouvaient s'enlever, s'abîmer, et n'étaient pas attachés à la peau ?

Alors que le Galopin allait dire quelque chose à propos de Yarn, qu'il n'avait justement pas croisée depuis un petit bout de temps, il fut coupé par un Wobbly surexcité qui ne le laissa pas en placer une. À chaque fois qu'il pensait avoir du temps pour parler, il se retrouvait gueule ouverte à hocher lentement la tête. Puis il la refermait. Puis la rouvrait. Et ainsi de suite. Comme une carpe.
Complètement perdu par le flot de paroles, la Comète ne sut comment répondre. Alors, dans une ultime tentative, il laissa échapper un petit : "Oui ?"
Restait à savoir à quoi ce "oui" voulait faire référence. C'était au bon vouloir de son nouveau petit pote, qu'il s'attendait à voir partir comme une flèche dans la seconde qui suivait. Pourvu simplement qu'il ne lui pose pas de question sur ces "Mamans". Vu le terme, il devait s'agir de gros serpents. Des Mamans.
Il n'en avait jamais vu.

Comme souvent, Wobbly avait plein de choses à raconter et oubliait assez facilement qu’il n’était pas seul dans la discussion. Enfin, il savait qu’il parlait à quelqu’un, mais pas que ce quelqu’un pouvait lui aussi avoir des choses à dire. Pour sa défense, on l’écoutait souvent d’une oreille et sans l’interrompre, surtout les grands quand ils raccommodaient le matin et qu’il essayait de leur expliquer sa mission d’espionnage de la veille.

Est-ce que c’était parce qu’il racontait beaucoup de choses différentes avec plein de détails qu’on ne l’écoutait pas, ou est-ce que c’était parce qu’on ne l’écoutait pas qu’il racontait beaucoup de choses différentes avec plein de détails ? La question ne serait probablement jamais réglée de manière définitive.

En tous cas, pour le moment, il aidait Spitfire à ôter les ronces de ses pattes, et il se mettait au travail avec application. Mais c’était qu’il y en avait des tonnes ! C’était comme les aiguilles qu’il fallait bien mettre dans les petits coussins sinon Pit et Carmine et les autres grands se fâchaient et Wobbly n’aimait pas que les grands se fâchent, surtout s’ils finissaient par prévenir Aphrodite, parce qu’Aphrodite elle faisait très peur !

Quand finalement il passa à autre chose, se rendant compte qu’il avait un peu soif, et que son nouvel ami aussi, vu qu’ils venaient de beaucoup courir (surtout lui), le Passe-Partout posa plusieurs questions, délaissant sa tâche pour regarder le Galopin. Ce dernier ne faisait qu’ouvrir et fermer la bouche -est-ce qu’il avait mal à la mâchenoire aussi ? Des fois on lui demandait s’il n’avait pas mal à la mâchenoire à force de parler mais il ne comprenait pas- sans répondre, jusqu’au moment où un « Oui » lui échappa.

Ni une ni deux, Wobbly lui sourit de toutes ses dents.

« Reste là, je vais chercher une Maman ! T’inquiète pas, elle va s’occuper de toi et ça va être trop bien ! Et je vais chercher de l’eau et quelque chose pour ta mâchenoire aussi ! »

Ce fut ainsi que le Passe-Partout se mis à courir dans tout le camp à la recherche de quelqu’un pour l’aider à soigner le jeune dragonneau. Est-ce qu’il allait réellement revenir avec quelqu’un, ou est-ce qu’il serait tant pris dans une nouvelle histoire qu’il oublierait à nouveau sa tâche première ? L'Histoire ne le dit pas.

Mais en ces temps difficiles, il y a bien plus d'une personne pour remarquer et prendre soin des blessés. Dans tous les cas, Spitfire finirait recueilli et soigné avec une place dans le camp des créatures abîmées, le temps de se remettre en forme et de repartir pour de nouvelles aventures.

✘ AVENTURES : 2537

The End

D'une façon ou d'une autre ce chapitre s'achève,
Le suivant commencera dès que le jour se lève,
Offrant à nos étoiles, de quoi coudre nos rêves.

FIN DE L'AVENTURE

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