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Il faisait beau, mais pas trop chaud. Par ce que ce n'était pas le présent.
Le soleil brillait, aucun nuage gris dans le ciel. Par ce que c'était il y avait longtemps.
Aux alentours du camp, a la lisière de la foret, Apache, adossé contre l’écorce rugueuse d'un arbre s'amusait a lancer une pomme en l'air avant de la rattraper. Encore et encore.
Une fruit bien rouge, comme la révolte qui elle grondait déjà, a l’époque!
Depuis toujours, a vrai dire, dans son cœur au moins.
Cependant, pour cet instant, elle n'était qu'a son balbutiement.

Pas de Nasty, pas de Pretty, pas même de Her ni de Tool!
Il n'y avait que Justice, Trouble, Apache et...

Le punk rattrapa une énième fois la pomme dans sa main.
Il attendait.
Comme si souvent, lui qui était pourtant régulièrement taxé d'impatience, il attendait.
Qui quoi?
Ses camarades évidemment.
Une réunion de plus dans l'agenda planqué mais bien chargé des révoltés.
C'est qu'il fallait s'organiser! Et ca, c'était pas vraiment leur fort a vrai dire! Mais rien ne pressait hein... A ce moment la non, rien ne pressait vraiment trop! A par la colère, la frustration et l'insoumission.

Mais qu'est ce qu'ils foutaient?
Ils étaient en retard?
Ou lui était en avance.

Difficile a dire! Le temps n'existait pas après tout, même il y avait longtemps!

"Si tu ne trouves pas une raison pour vivre, trouve une raison pour mourir."
"I aspire to inspire before I expire"
"Live fast die fast"

Justice veille.:

Révoltée n’avait pas trois ans mais c’était déjà une enfant pleine d’ambition.
Quatre membres. Tout juste ce qu’il lui fallait pour se tenir debout, et tituber ardemment. Mais elle visait bien plus haut. Bien plus loin.
Son corps malingre s’agitait et trépignait.
L’attente était si emmerdante.

Just regrette parfois ce temps-là qu’il nomme the good old days. Tout paraissait si simple, à l’époque.

Son association avec Apache avait été un véritable bond en avant. La machine s’était mise en route et rien ne semblait pouvoir l’arrêter.
Très vite, Trouble les avait rejoint. Sa présence sonnait si juste, comme une évidence.
Puis, le petit dernier avait suivi et s’était adapté à leur organisation avec une aisance remarquable. Comme s’il avait ça dans le sang.

Les choses venaient naturellement et sans prise de tête.

Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin.

Just s’était éloigné du camp comme il l’aurait fait aujourd’hui.
Ils devaient se voir.

Le sentinelle s’enfonçait dans la nature environnante, une chaleur agréable emplissait l’air. Le pas tranquille, il sifflotait. Son regard s’égarait dans le couvert des arbres. Les feuillages filtraient les rayons diurnes, répandaient quelques taches lumineuses sur le sol.
C’était agréable.

Au bout de quelques mètres, il aperçut trois crêtes rouges.
Apache aurait agité un panneau lumineux JE SUIS ICI, il n’aurait pas été plus voyant.
Ce dernier semblait perdu dans ses pensées.

Just l’interpella :

- Hey ! Je suis à l’heure cette fois, non ?

Il en était presque certain. Presque.
L’étiquette du retardataire lui collait déjà à la peau. Le fait que le temps ne soit plus qu’un concept abstrait n’arrangeait pas ses affaires.
Alors au temps en rire.

Mais tandis qu’il se reprochait, il remarqua : les deux autres manquaient encore à l’appel.
Au moins il n’était pas le dernier. Pour une fois.

Invité

Idée absurde que celle de se réunir un après-midi de beau temps. Toujours vai “Dora vai !, se dépêcher, être à l'heure, ne pas perdre une minute.

Couché sur l'herbe moelleuse d'une pente douce, le jeune sicilien leva les bras au-dessus de sa tête et s'étira longuement. Il n'y avait aucun intérêt à être actif au moment le plus chaud de la journée, rien ne valait la siesta qui rendait frais pour la soirée.

Ce fut donc reposé et sifflotant que le Diplomate entreprit de rejoindre Apache et les autres. Cette Famiglia pour ce qu'elle était, des frères mais pas de futur, du rire mais pas ce qu'il cherchait. Et ça lui faisait un peu de peine, au fils de mafieux, de penser à laisser ces Hommes d'Honneurs entre eux, à s'en aller en cavalier seul. L'isolement n'était pas dans son sang, il avait été entouré depuis sa naissance, mais il fallait bien ce qu'il fallait. Et puis il avait fait son temps, les affaires devaient reprendre; amasser, calculer, voler, tout prendre et rendre justice à l'éducation de son papà.

Il avait belle allure, l'italiano, du haut de ses quatorze ans avec son costume rayé - même si un peu usé - et son chapeau qui lui valait son nom et quelques centimètres supplémentaires alors qu'en vérité il ne dépassait juste pas le mètre soixante. Pas encore.

« Ciao fratelli ! »

Imitant ce qu'il avait pu tant observer chez ses aînés et pris pour habitude, Fedora approcha, passa un bras autour des épaules de l'Hérissé et salua son frère d'honneur d'une vive accolade, faisant de même pour Justice.

« Où est Trouble, ma cipollina ? Occupée à se faire belle pour moi ? »

- Hey ! Je suis à l’heure cette fois, non ?

Apache leva les yeux vers Just' qui venait d'apparaitre et de l'interpeler, et il lui répondit avec un sourire, rattrapant la pomme qu'il venait de lancer en l'air.
"On va dire ca!"

Pas très loin derrière La Main, ce fut le petit mafieux qui fit son apparition, toujours aussi bien fringué a la sauce Tony Montana, son chapeau vissé sur la tête!
Décidément, les couvre-chefs, c'était un truc a la mode chez les révoltés! Entre Justice et son chapeau de CowBoy et Fedora et son... Bein fedora, il y avait de quoi réchauffer les têtes et les esprits en fusion.

« Ciao fratelli ! »
- Salut a toi, camarade! Tout en saluant ses frères de guerre, le punk s'était décollé de son arbre, se rapprochant d'eux, tout souriant qu'il était.
Il était toujours heureux de retrouver ses compères, l'Hérissé, son activité favorite a vrai dire!

Habitué par les rituels de l'italien, il accueillit son accolade, la lui rendant sans aucune hésitation!

« Où est Trouble, ma cipollina ? Occupée à se faire belle pour moi ? »
Apache éclata d'un rire franc, quoi qu'un peu moqueur, mais sans une once de méchanceté cependant!
"Elle doit être en train de lustrer son plus beau poing américain pour toi, lover! Tu sais comment elle est, elle a le sens du détail!" En réalité bien évidemment, c'était tout le contraire! Plus bourrine que Trouble, il n'y avait pas! Les détails? Elle les explosaient a coup de pompes, elle défouraillait avec ses poings, coups de tête et balayette en prime!
L’Épouvantail devait être en train de hurler sa rage, d'effrayer un gamin ou de cogner des bouilles quelque part, oubliant la "réunion" de prévu.
C'était loin d'être la première fois que cela arrivait après tout.

"Ou alors elle a fait bouffer son emploi du temps a un de ses collègues" Théorie plus probable, oui.
"Enfin, c'est pas grave! On lui racontera quand elle arrivera! Faut qu'on parle de nos plans! Qu'on s'organise un peu, tous, pour faire avancer le truc! Vous avez repéré des gens qui pourrait être intéressé par une petite révolution, de votre coté?"

En attendant les réponses, Apache croqua dans sa pomme rouge, son intérêt tout focalisé sur ses camarades.

"Si tu ne trouves pas une raison pour vivre, trouve une raison pour mourir."
"I aspire to inspire before I expire"
"Live fast die fast"

Justice veille.:

- On va dire ca! lui répondit Apache dans un sourire.

- On va dire carrément. répliqua Just en s’étirant, laissant échapper un bâillement. Je suis carrément à l’heure.

Il était certain de ne pas être si loin de la vérité.

Fedora ne se fit pas trop attendre, il arrivait comme à son habituelle : de manière un peu théâtrale.

- Ciao fratelli !

Wah les fringues…

Just considéra la tenue du petit mafieux avec un certain amusement.
Ils n’avaient pas les mêmes goûts, certes. Mais quand même...
Il se demandait comme ce gars faisait pour ne pas se faire racketter.
Ou plutôt comme il gérait les évidentes tentatives de racket.

- Salut a toi, camarade !

- Hey !

Fedora exécuta un salut fraternel auquel Just répondit sans hésitation. Il la trouvait marrante cette manière de se dire bonjour, bien qu’un peu contraignante. Il en profita pour discrètement s’essuyer la main dans le dos du diplomate.
Une petit vacherie de temps en temps, rien de méchant, ça fait pas de mal.

- Où est Trouble, ma cipollina ? Occupée à se faire belle pour moi ?

Apache éclata de rire. Just secoua la tête en pouffant.

- Elle doit être en train de lustrer son plus beau poing américain pour toi, lover! Tu sais comment elle est, elle a le sens du détail!

Hochement de tête.
Trouble était quelqu’un d’extrêmement méticuleux . C’était bien connu.

- Ou alors elle a fait bouffer son emploi du temps a un de ses collègues.

L’inverse me ferait flipper.

- Enfin, c'est pas grave! On lui racontera quand elle arrivera! Faut qu'on parle de nos plans! Qu'on s'organise un peu, tous, pour faire avancer le truc! Vous avez repéré des gens qui pourrait être intéressé par une petite révolution, de votre coté?

Ah ça... Just allait en repérer quelques uns à l’avenir. Mais à cette époque, même s’il se montrait moins méfiant dans ses repérages, il éprouvait beaucoup plus de difficulté.
C’était une période prospère, au Grand Arbre. Les morts étaient moins nombreux, le jeu plus abondant. Les vagues de mécontentements étaient noyées dans marre plate et docile.

- Quelques impressions par-ci par-là... concède le sentinelle. Mais rien de vraiment très convaincant.

Il haussa les épaules et s'affala au sol sans prendre la peine de s’enquérir si ses camarades comptaient discuter debout.
Lui, préférait être confortablement installé.

- Mais on trouvera.

C’était une certitude.

Invité

Le petit italien était de bonne humeur, riait d'une belle autodérision avec ses deux compagnons. Le sole faisait ça, la chaleur qui dorait la peau et le faisait se sentir à la maison. Un peu de musique, la granita multicolore au bout d'une paille et le tableau aurait été complet.

Dommage, vraiment, qu'il dût annoncer son départ ce même jour.
Mais un nouvel horizon l'appelait et on lui avait toujours appris à saisir l'opportunité quand elle se présentait. En se liant d'amitié avec le boss il parviendrait peut-être à rentrer et retrouver sa famiglia, sa mamma et les autres avec pleins de richesses à offrir.

Ce n'était pas qu'il détestait l'Île mais il se sentait plein de solitude maintenant qu'il n'était plus entouré et protégé par sa famille, ses cousins, les petits-cousins et cousins par alliance. Et puis il ne frappait jamais les ragazze mais les Mères mettaient ses nerfs à mal en voulant remplacer la sienne. Un sicilien n'avait qu'une seule et unique mamma, avec Santa Maria.

« Enfin, c'est pas grave ! On lui racontera quand elle arrivera ! Faut qu'on parle de nos plans! Qu'on s'organise un peu, tous, pour faire avancer le truc! Vous avez repéré des gens qui pourrait être intéressé par une petite révolution, de votre coté ? »

« Quelques impressions par-ci par-là... concéda le sentinelle. Mais rien de vraiment très convaincant. »

Fedora haussa les épaules, réajusta la chaîne de sa médaille ainsi que le col de sa chemise qui s'était froissé. Sa nonna lui avait toujours dit qu'il y avait deux choses importantes auxquelles un Homme d'Honneur devait faire attention; avoir le col et les boutons de manchettes bien mis et un sourire qui dévoilait le bout des dents. Ça faisait honnête qu'elle disait, et lui pinçait les joues s'il oubliait l'un ou l'autre.

« C'est parce qu'on donne pas assez envie. Le pouvoir c'est quand les gens rampent d'envie de nous rejoindre, pas quand on doit les chercher et les supplier de venir. »

Ou alors on pouvait aussi ne pas leur laisser le choix. Voler leur objet préféré et menacer de le brûler ou encore leur rendre un grand service et leur faire payer une dette avec intérêts. Et ensuite, s'ils se prouvaient fidèles, ils pouvaient entrer dans la grande famille.

Bonne ambiance entre copains révoltés, on papotait tranquillement les un avec les autres, détendu.
La météo était douce..
Just' avait répondu a Apache, relax, confiant en l'avenir, s'installant a même le sol et son camarade était bien a deux doigts de le rejoindre. Les humeurs étaient au beau fixe et rien n'aurait pu présager l'averse a venir!
Pourtant, au loin, les nuages gris s'étaient amoncelé depuis déjà un certain temps. Le punk, lui, n'avait pas su lever les yeux et lorgner dans la bonne direction pour prévoir cette mauvaise météo.

"C'est parce qu'on donne pas assez envie."

L'Hérissé croqua de nouveau dans sa pomme, mâchant le fruit tout en fixant Dino, attendant la suite pour plus d'explication avec un sourire, la mine détendue.

"Le pouvoir c'est quand les gens rampent d'envie de nous rejoindre, pas quand on doit les chercher et les supplier de venir."

Le sourire d'Apache se fracassa soudain, sa mâchoire se figeant.

Coup de tonnerre.
Premier éclair.

Le métisse baissa son bras qui tenait toujours le fruit, ses yeux noirs fixant Fedora intensément alors qu'il reprenait lentement sa mastication.

"Le pouvoir?"

Mais qu'est ce que c'était que ces conneries?
Les yeux du français se plissèrent, ses sourcils se fronçant. Le temps s'était comme arrêté autour d'eux.
Et puis QUI suppliait qui de venir, hein?
Le fier Apache n’apprécia pas la pique, cependant... Il lacha un rire, quoi qu'un peu forcé.

"Tu déconne Fedora!.. Haha.." Une hésitation alors que son sourire disparaissait de nouveau, laissant place a un air presque mauvais. "Dis moi qu'tu déconne."

"Si tu ne trouves pas une raison pour vivre, trouve une raison pour mourir."
"I aspire to inspire before I expire"
"Live fast die fast"

Justice veille.:

- C'est parce qu'on donne pas assez envie.

Just grimaça mais acquiesça en silence. Fedora marquait un point.

La loyauté envers Peter, si l’on faisait preuve de doigté, pouvait rapporter de nombreux privilèges. L’insubordination, au contraire, était sévèrement punie.
Les choses marchaient ainsi depuis si longtemps que ça passait pour un ordre naturel et immuable. Toute forme d’opposition passait pour du délire.
Forcément, on les prendrait pour des fous.

- Le pouvoir c'est quand les gens rampent d'envie de nous rejoindre, pas quand on doit les chercher et les supplier de venir.

Ce fut la première fausse note.
Justice dévisagea le diplomate d’un air curieux mais n’émit aucun commentaire.

- Le pouvoir? Tu déconne Fedora!.. Haha.. Dis moi qu'tu déconne.

- Bien sûr qu’il déconne.

Le sentinelle haussa les épaules, prenant un air aussi détendu que possible. Mais malgré sa légèreté affichée, son regard se faisait plus attentif.
Quelque chose n’allait pas.

- S’ils ne sont pas foutus de marcher correctement, je ne vois pas en quoi ils peuvent nous aider. plaisanta le cowboy.

Mais il l’admettait volontiers : ils pouvaient difficilement se permettre de jouer les difficiles.

Invité

Rien n'avait changé depuis l'époque, pour Trouble. Elle était toujours restée elle-même, brutasse, mauvaise, colérique, et son objectif n'avait pas changé: casser des murs, des crânes, des portes, et des guibolles au passage. D'ailleurs, ce jour-là, tandis que ses camarades s'étaient retrouvés pour les habituelles conspirations, elle était en train de casser la tronche d'un peau-rouge complètement con, un connard qui s'appelait Ara Fringant et dont la gueule puait le rat-mort. Un abruti prétentieux qui pétait tellement plus haut que son cul qu'il en avait oublié de le protéger. Après un passage à tabac dans les règles de l'art, service compris, Trouble avait essuyé ses poings sanguinolents sur ses fringues (qui à l'époque étaient déjà aussi miteuses, peut être un peu moins sales) et avait constaté que le soleil n'était plus vraiment au zénith, qu'il avait commencé à descendre.
Et qu'elle était en retard.

Ce n'était ni la première, ni la dernière fois, bien sûr, mais ça ne l'empêchait pas de râler copieusement. Plus contre les autres et leurs réunions à la con que contre elle même, d'ailleurs. Elle se gratta le nez sans retenue puis se mit en marche vers le point de rendez-vous, plutôt vite pour quelqu'un en apparence si plein de mauvaise volonté! La forêt était grande et les arbres se ressemblaient tous, mais elle avait reconnu tout de suite les trois types qui traînaient et tenaient une discussion qui avait l'air -de loin- plutôt tendue auprès de l'un des feuillus. D'ici, elle avait senti qu'il se passait quelque chose. Il lui avait fallu quelques rapides et lourdes enjambées pour rejoindre ses camarades.

― Yo! Vous m'avez pas trop attendue à c'que j'vois, bande de cons!

L'insulte, comme bien souvent à l'époque et encore de nos jours, n'était pas sincère. C'était déjà sa manière à elle de signifier aux gens qu'elles tenaient à eux. Au passage elle avait donné un petit coup de poing un peu affectueux un peu pas vraiment à chacun des trois garçons, plus ou moins fort (où Apache recevait le plus puissant, et Just le plus faible, même si aucun des trois n'était une caresse). Elle eut un petit rictus. Elle s'était plantée entre les trois mecs, les avait jaugés du regard. Son regard avait une espèce d'étincelle un peu malicieuse, même si son expression était tout aussi dure qu'à présent. Les poings dans les hanches.

― Qui déconne, Fedora? Toujours!

Dino, qui ne s'appelait pas encore ainsi à l'époque, avait le don d'énerver l'armurière de plus belle façon qui soit. Malgré cela, elle avait lancé ça de façon espiègle, sans se douter une seconde que tout était si sérieux. Elle l'aimait bien, au fond, le petit mafieux! Et parfois, même, ils rigolaient bien, tous ensemble!

― J'ai raté quoi?

Invité

Même avec l'effronterie des jeunes années, le sicilien n'était pas entièrement dénué de sens et savait qu'il s'y était mal pris. Il avait voulu plonger les mains dans le feu pour récupérer sa branche plutôt que de la prendre par le bout pour l'en retirer petit à petit. Cretino. On lui avait appris mieux que ça, à discuter jusqu'à persuader l'autre que la pensée avait d'abord été la sienne. Autant de précipitation et de manque de délicatesse lui aurait jadis valu une gifle. Ce n'était pas digne de la Cosa Nostra.

Le garçon passa la langue sur ses lèvres, réfléchissant encore à quoi répondre quand Justice vola à son secours.

« Bien sûr qu’il déconne. »

« Bien sûr...? » il laissa échapper un rire un peu forcé mais suffisamment convainquant « Évidemment, je plaisantais fratello ! »

Il faisait confiance au cow-boy, il savait toujours quoi dire.

« S’ils ne sont pas foutus de marcher correctement, je ne vois pas en quoi ils peuvent nous aider. »

Ah, ils les aimaient bien, eux tous. Ils étaient les premiers amis qu'il s'était fait en dehors de la Famiglia. Ils étaient ses amis et aucun n'était un cousin ou même italien. Dommage que ça ne fonctionnait pas, ça le rendait réellement triste. Mais ce n'était pas honorable de rester sans la foi de la cause.

« Yo! Vous m'avez pas trop attendue à c'que j'vois, bande de cons! »

Une brève lueur de soulagement passa dans le regard de Fedora à la voix de l'Épouvantail. Une diversion, et une conséquente.

« Qui déconne, Fedora? Toujours! »

Trouble avait une présence suffisante pour éclipser le malaise, et pour l'éclipser lui aussi si elle décidait de passer aux poings. Il n'était ni très grand, ni très fort, ni très entraîné. On lui avait vite appris que les balles valaient mieux que les coups et plus vite. Et il n'était pas destiné à faire partie des gros bras qui s'occupaient des avertissements.

« J'ai raté quoi?

« Trouble ! Cipollina j'ai eu peur que tu ne viendrais pas ! » le sicilien lui adressa son sourire le plus charmant, celui qui lui valait des bonbons tout-petit et de l'argent en plus à ses anniversaires, tout en restant prêt à esquiver une démonstration d'affection un peu trop brutale.

« Mais te voilà, et de si jolis mots dans ta bouche ! » Continuer à parler, enlever des esprits son mauvais départ.

Le punk jeta un œil a Justice, la mine toujours quelque peu sombre, une expression de doute passant sur ses traits.
Alors vraiment? Il déconnait?
Si Just' le disait...
Dino acquiesça d'ailleurs, lâchant un petit rire qui sonnait bizarre aux oreilles.
Bizarre ouais...

« S’ils ne sont pas foutus de marcher correctement, je ne vois pas en quoi ils peuvent nous aider. »
La remarque eut l'avantage d'arracher un sourire au français qui souffla même un léger rire un peu moqueur.
Déconnade.
Ouais c'était juste de la déconnade!
Heureusement que la Main était la! Lui, il savait!
Ouais, souvent, il savait!
Il pouvait lui faire confiance.

Ce fut le moment que choisit Trouble pour débarquer armé de sa délicatesse et de sa finesse légendaire! Apache accueillit son coup de poing avec un sourire grimaçant, lui grognant dessus avec un certain attendrissement.
C'était sa petite sœur après tout!

"Qui déconne, Fedora? Toujours!"
Oui, après tout, c'était assez son style!
Vraiment?
Pas si sur!
Mais bon, dans le doute. Déjà l'Hérissé s'était détendu, croquant de nouveau dans sa pomme comme si de rien était.

"J'ai raté quoi?"
Fedora se jeta presque sur elle, pas physiquement parlant mais de par les mots, la gratifiant de ses surnoms favoris et de flatteries relativement grossière lorsque l'on connaissait le tempérament et le foutu caractère de l’Épouvantail.
Du Fedora tout craché.

"Rien de spécial, l’Épouvantable Épouvantail! Juste Fedora qui nous parle de pouvoir et de pourquoi il faudrait faire ramper les gens vers nous!" Il se mit a se marrer, comme s'il avait sortit la meilleur blague de l'année. "A croire qu'il admire les techniques du p'tit empereur Tomato Ketchup!" Une blague bien sur, juste une blague. "Enfin, on s'en fout! Trêve de déconnade!" L'ambiance s'était de nouveau détendu, l'incident s’éloignant a la manière d'un orage lointain. "A part ca t'as rien raté du tout! On commençait a peine a parler d'un peu s'organiser! Je sais pas ce que vous en pensez, mais pour l'instant, a mon avis on est pas assez nombreux pour lever une révolte. Il faudrait qu'on se lance dans un genre de... " Il hésita, cherchant ses mots. "De recrutement!" Ouais, c'était ca!

"Faudrait observer un peu l'attitude des gens autour de nous, et se refiler les infos qu'on récolte, identifier les ennemis indétournables et les possibles camarades! Avec ca, on pourrait tenter une approche!"

"Si tu ne trouves pas une raison pour vivre, trouve une raison pour mourir."
"I aspire to inspire before I expire"
"Live fast die fast"

Justice veille.:

Fedora savait rebondir pour mieux retomber sur ses pattes. Le conflit fut donc évité.
Apache semblait s’apaiser. Pourtant, le sentinelle croyait sentir en lui comme une légère tension sous le fard de sa bonne humeur.

Just ne comptait pas reprocher à l’italien un manque de foi en leur cause. Il aurait été bien mal placé pour cela, lui, un révolté pas si enflammé. Mais ce dérapage si soudain avait brièvement troublé l’harmonie du groupe.
Un mauvais présage, en somme.

Le cowboy dévisageait Fedora, tranquille mais songeur. Et surtout : attentif.
Mais l’arrivée de Trouble le tira de ses pensées.

- Yo! Vous m'avez pas trop attendue à c'que j'vois, bande de cons!

Petit coup de poing, geste amical que Just accueillit par un sourire.
Son petit tour fait, comme une inspection de routine, l’armurière les jaugea un instant. Elle semblait de bonne humeur. Du moins : de bonne humeur comparée à d’habitude.
Il s’agissait d’une notion plutôt subjective.

- Qui déconne, Fedora? Toujours!

Justice haussa les épaules en riant.
C’était plutôt vrai, il avait un peu déconné.

- J'ai raté quoi?

Le mafieux s’arma de son sourire éclatant :

- Trouble ! Cipollina j'ai eu peur que tu ne viendrais pas ! Mais te voilà, et de si jolis mots dans ta bouche !

C’était marrant de les voir ensemble ces deux-là. Ils étaient trop différents.

- Rien de spécial, l’Épouvantable Épouvantail! Juste Fedora qui nous parle de pouvoir et de pourquoi il faudrait faire ramper les gens vers nous! A croire qu'il admire les techniques du p'tit empereur Tomato Ketchup!

Craquement du cou, Just se força à sourire.
Se pourrait-il que… ?
Non, pas de conclusion hâtive.
C’est la folie des grandeurs. Ça lui prend souvent, au pizzaiolo.

- Enfin, on s'en fout! Trêve de déconnade! A part ca t'as rien raté du tout! On commençait a peine a parler d'un peu s'organiser! Je sais pas ce que vous en pensez, mais pour l'instant, a mon avis on est pas assez nombreux pour lever une révolte. Il faudrait qu'on se lance dans un genre de... De recrutement ! Faudrait observer un peu l'attitude des gens autour de nous, et se refiler les infos qu'on récolte, identifier les ennemis indétournables et les possibles camarades! Avec ca, on pourrait tenter une approche!

L'espace d'un instant, Justice resta perplexe : il pensait être en repérage depuis déjà un moment. Puis, il comprit : ils s'étaient limités jusqu'à présent, ils devaient voir plus grand et surtout plus large.

- Chef dit-t-il, l'air taquin. Je te propose une approche plus subtile que d'hab. C'est à dire : pas "Coucou tu veux voir ma révolte ? Allez viens on a des pizzas".

Ah si seulement...

Invité

Trouble ! Cipollina j'ai eu peur que tu ne viendrais pas ! Mais te voilà, et de si jolis mots dans ta bouche !

Elle avait roulé les yeux. Venait-elle de penser qu'elle l'aimait bien au fond ? Bordel de merde. Elle lui donna alors sa deuxième ration de coups de poings, enfonçant cette fois ses phalanges tâchées de sang dans son ventre. Pas fort. Vraiment pas.

Mais ferme ta gueuuuule, putain, lui avait-elle alors craché, plus sèche et froide. Moins détendue. Fallait pas trop jouer avec elle, non plus.

Et Apache avait repris, recrachant comme si de rien était le propos entier du petit mafioso, dans les mêmes termes. Cru, entier. Du Apache tout craché qui aurait pu la faire sourire, mais ce n'était pas drôle. D'ailleurs Justice faisait craquer sa nuque. Au son si caractéristique, elle avait aussitôt braqué les yeux sur lui, comme pour capter un signal où on ne sait quoi.
La joyeuse petite réunion n'était pas si détendue qu'elle l'avait crue.
Dans l'eau dans le gaz, des étincelles dans l'air.

Trouble avait pourtant raillé :

Pourtant c'est ça le truc, ils rampent une fois qu'on leur a pété l'nez et latté les couilles, j't'assure.

Elle s'y connaissait, elle ! Pas de doute à avoir. D'ailleurs elle avait repensé à ce Delaware, et avait senti cette pulsation dans son estomac qui lui disait ~~J'AI FAIM !~~ qu'il voulait en découdre. Du sang, des os brisés, des insultes. Pas des chants angéliques avec un Apache en tutu... quoique c'était probable ça. Nulle doute que ça lui irait bien, en plus. Le Révolté était en grande forme, ce jour-là.

Marrant pour un Anar' de vouloir s'organiser ! le piqua-t-elle sans aucun remords.

C'était précisément ce qu'elle pensait, et sa proposition il pouvait se la foutre dans le dèrche. Trouble avait attrapé son poing américain préféré qui traînait dans une de ses poches et le triturait sans toutefois le sortir de là. Évidemment, il lui aurait fallu cinq secondes pour l'enfiler et décocher un direct dans la foulée, si ça tournait au vinaigre. Pour l'instant, elle ne disait plus rien, lèvres pincées. Ce n'était pas son domaine.

Elle était plus douée pour faire des piques et faire chier son monde que pour proposer des trucs concrets, et faire avancer le schmilblick, c'était sûr et certain. Chef, disait Justice ? Ça méritait bien le gloussement qu'elle émit, avant d'à nouveau y aller de sa remarque sarcastique :

Ce que veut dire Just' par là c'est qu'il est plutôt à fond dans la manipulation, lui. Comme si on en doutait encore ! Trouble daigna alors enfin enrichir le débat (et encore hein ! ) : Il faut les tester nan ? balancer des trucs l'air de rien autour d'une bouffe (parce que la bouffe c'est fédérateur, mec). Vous pouvez aussi, genre, sonder un peu les types qui partent en mission avec moi sous l'ordre d'sa majesté. Ricanement. Voir s'ils sont taillés pour ça.

Il était évident que l'utilisation du "vous" rimait avec une fuite de ce genre de responsabilités. Elle était pas taillée pour ça, on l'a pas déjà dit ?

Invité

Pour lui faire plaisir, le jeune mafioso avait d'abord rentré le ventre et cambré le dos sous les poings comme un boxeur après un mauvais coup, jouant le jeu, avant de s'esquiver sur un petit pas de danse. Il aurait voulu la provoquer un peu plus en expliquant que ce n'était pas très digne d'une fille de le frapper ainsi, mais les phalanges ensanglantées qui avait laissé des traces rouillées sur ses vêtement l'en dissuadèrent. Et après certains osaient dire qu'il ne réfléchissait pas.

« Pourtant c'est ça le truc, ils rampent une fois qu'on leur a pété l'nez et latté les couilles, j't'assure. »

Aux paroles de Trouble, le sicilien partit d'un rire expressif et insouciant qu'il serait voué à garder tout au long de sa vie. Ça et la compagnie de la cigarette qu'il sortit de sa poche et glissa entre ses lèvres, retrouvant un goût de l'autre monde dans les relents âcres du tabac.

Silencieux pour une fois, il laissa parler l'Épouvantail, observant Apache du coin de l'oeil. Le punk avait l'air d'être plus ou moins revenu à la normal après le départ catastrophique de la réunion, c'était une bonne chose. Fedora ne souhaitait pas fâcher ceux qu'il considérait comme ses amis mais ne savait pas non plus comment aborder le sujet important sans créer d'éclat. À vrai dire, il avait un peu peur de leurs réactions.

Pourtant il n'y avait rien de grave, niente di sbagliato, rien de mal avec sa décision. Il n'était pas un traître, ce n'était même pas une vraie organisation, ils n'étaient que quatre, quatre enfants, qui jouaient aux grands patrons.

«...Voir s'ils sont taillés pour ça. »

Repliant une jambe, le petit mafieux, écrasa son mégot sous la semelle de sa chaussure cirée avec soin mais dont on voyait quand bien même l'usure sur les bords.

« Taillés pour quoi, Cipollina ? Qu'est-ce qu'on leur vend au final, qu'est-ce qu'ils y gagnent concrètement ? »

Il s'était adressé à Trouble mais la question était pour tous. S'il devait dire addio aujourd'hui, au moins ne ferait-il plus semblant de comprendre.

"Marrant pour un Anar' de vouloir s'organiser !"
Un regard un peu acéré du coté de Trouble. "Si on veut faire un peu plus que foutre le feu aux lits des chefs, mieux vaut s'y mettre pourtant." Un sourire en coin. Apache savait bien que dire ça à l'armurière, c'était un petit peu comme vouloir frapper le vent.
Inutile.
Toute notion d'organisation et de long terme lui échappaient complètement, plus encore qu'à lui visiblement, alors qu'il était loin d'être le mec le plus prévoyant et le plus réfléchi de la décennie.
C'était que le chasseur n'était pas mauvais en théorie, c'était dans la pratique que ça pêchait.

"Chef" Cette fois, les yeux noirs se tournèrent vers Justice qui venait de l'interpeller d'une manière bien particulière. Le sobriquet fut accueillis avec un sourire ironique de travers. "Je te propose une approche plus subtile que d'hab. C'est à dire : pas "Coucou tu veux voir ma révolte ? Allez viens on a des pizzas"." Le rictus du punk se changea en une moue de réflexion alors qu'il croisait les bras, réfléchissant vraiment à la question.
C'était vrai qu'il marquait un point, le cowboy. Aussi tête brulée étaient-ils, ils n'allaient pas pouvoir simplement parler de révolte directement, c'était bien trop dangereux.
Ils risquaient leurs peaux dans cette histoire, après tout.
Ce n'était pas vraiment si important, mais s'ils crevaient dès le début, c'était quand même moins drôle.

"Ce que veut dire Just' par là c'est qu'il est plutôt à fond dans la manipulation, lui. Il faut les tester nan ? balancer des trucs l'air de rien autour d'une bouffe (parce que la bouffe c'est fédérateur, mec). Vous pouvez aussi, genre, sonder un peu les types qui partent en mission avec moi sous l'ordre d'sa majesté.Voir s'ils sont taillés pour ça."

L'Hérissé agita doucement la tête à la positive, approuvant ce qui avait été dit. "Ouais, c'est pas con, tout ça." Mais il n'eut pas vraiment le temps d'étayer un peu plus l'idée, car déjà Dino posait une question bien étrange.

"Taillés pour quoi, Cipollina ? Qu'est-ce qu'on leur vend au final, qu'est-ce qu'ils y gagnent concrètement ?"
"On leur vend rien, on est pas des putains de marchands." Oui bon, ça, c'était juste pour la forme. Juste un vocabulaire qu'Apache n’appréciait pas.
Détail.
"Et sinon, je sais pas moi..." Il haussa les épaules, la mine parfaitement ironique, un chouilla irritée. "La liberté ?"
Mais il avait quoi le mafieux aujourd'hui ?
Tout en se posant la question, Apache avait froncé les sourcils, le fixant d'un regard noir qui trahissait parfaitement ses pensées intérieures.
C'était lui qui était parano ou l'italien était chiant la, tout de suite ? C'était quoi cette question ? C'était quoi cette entrée en matière ?
Il avait un problème ?
Alors que les questions s'empilaient, les nerfs lui montaient lentement mais surement, durcissant son regard.

"Et sinon, les tester, je sais pas." Ok, on reprenait comme si de rien. Dino était un camarade, hein. Il les avait peut être juste à l'envers aujourd'hui. Ca arrivait à tout le monde. "Le but c'est pas de rassembler des gens "utiles" mais plutôt des gens qui y croient et qui savent qu'on est pas obligé de se plier à ce système débile."
Des enfants qui ont encore de l'espoir et un libre arbitre. "Tout le monde peut apporter. J'pense que l'important c'est d'au moins leur rappeler qu'ils ont le choix. Qu'ils peuvent en faire un."

Après ça, tout portait à croire qu'ils feraient le bon, hein ?

"Si tu ne trouves pas une raison pour vivre, trouve une raison pour mourir."
"I aspire to inspire before I expire"
"Live fast die fast"

Justice veille.:

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