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MessageSujet: Pluie des loups   Pluie des loups EmptySam 17 Mar 2018 - 1:26

C'est le mot qui régit tout Dusty au complet. Dès que le mot est craché, "Chasse !", magie : son corps entier s'arcboute, les sens s'affûtent puis l'esprit se concentre exclusivement sur la proie. Rapidement le mot Allié perd de son sens. Dusty il est pas seul au monde, mais sur le terrain, c'est un peu ça quand même. Il s'imagine qu'il n'y a que lui, son couteau, et puis le reflet de l'animal dedans. Et que tout ne tient qu'à un souffle. Celui en trop coupe le fil de sa source.

- Tu piges pas là. T'es pas que toi, Chiendent.
- Me touche pas.

Électrique cette relation entre Chasseurs ! Des fois c'est utile, ça fait ramener plus de peaux sur les épaules et des os supplémentaires à sculpter. Sauf que cette fois, l'éclair a un gout d'amer. C'est mauvais sur le palais, les plus petits du groupe ils savent. Ils sentent tout mieux que les plus grands parce qu'ils ont pas besoin des mots pour se faire entendre. Et ils sentent qu'aujourd'hui la poussière n'est pas tranquille. Qu'elle a décidé d'être mauvaise herbe définitivement pour ce matin, et que la Chasse ne sera pas que partie de plaisir. Pas pour les autres. Dusty le fidèle se transforme en Dusty à-tire-d'aile.

On verra simplement Dusty disparaitre entre les fourrées, et puis peut-être qu'au prochain Aowh on l'entendra revenir en bondissant de branche en branche, le butin en viande coincé entre deux couteaux.

Ce n'est pas sûr du tout, en fait. La brume se lève, lèche la jungle avec une impression poisseuse que le pays des fantômes a abattu son courroux sur la densité verdoyante. Même Le Renard il poindrait pas le bout de son museau dans ce tapis d'opaque. Et Dusty aussi on le reverrait pas revenir avec toute cette poussière blanche trop bien pour le camoufler comme si c'était sa matière. Aujourd'hui l'île l'accompagne dans ses frasques. Très vite il fausse compagnie à la horde des Chasseurs. S'il avait eu l'oreillette de communication, il l'aurait retirée de son ouïe en un bruit de bouchon de champagne, avant de foncer droit dans la caverne de brouillard sans rien dire à personne. Les lames sur les hanches, il est prêt à dégainer au moindre son, à la moindre brise et au moindre timbre de voix inconnu. Dusty Chasseur se met en condition, écarte les frondaisons sous lui puis observe la silhouette qui se découpe à la lisière de la forêt. Son instinct crie Proie. Autre chose déclare Attention.

Une fine bruine se met à couler sur les nez. La silhouette s'évapore dans l'air alors que le ciel pleure un peu de larmes salées, poussant une faune peureuse à courir se terrer dans les tanières. Il est clair que l'épisode de la Pluie avait été terrible pour Dusty le sale. On se résigne à l'abri. De façon un peu impromptue et improbable, il trouve un relief de montagne sous lequel planquer sa crinière de paille. La pluie. Froncement de sourcils au-dessus des yeux rouges. La pluie. Ici le temps n'a pas d'existence, on peut pas compter sur lui pour faire cesser les rouages des caprices célestes, alors on se met à prier Les Mythes pour mettre un terme au crachin. Sinon faudra se mouiller pour aller arracher un peu de carne animale à Mère Nature.


Dernière édition par Dusty le Lun 3 Sep 2018 - 12:55, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Pluie des loups   Pluie des loups EmptyDim 18 Mar 2018 - 11:40

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We know a place where no cars go
Us, kids, know
Between the click of the light and the start of the dream
I don't want any pushing, and I don't want any shoving
We're gonna do this in an orderly manner
Let's go!
 





La Pluie.
Elle demeure. Même froide, même flocon. Ce n'est qu'un déguisement habile pour nous faire croire que son sel ne dissout plus les gens au petit bonheur. Mensonge ! L'hiver semble s'installer avec sa sournoise Pluie Solide. Peter, dis-moi que ton cœur n'a pas gelé !

Je souffle sur mes doigts pour en chasser les engelures. Je grelotte malgré toute cette graisse isolante sous ma couenne. Chasser, ces dernier temps, a pour seul objectif de ramener des fourrures. Et la Chasse se fait bien plus collective. Nous agissons en meute pour en chasser d'autres : Hermines, écureuils, lapins, visons et chinchillas. Ours et loups, parfois. Cela n’est pas du goût de tout le monde.

- Tu piges pas là. T'es pas que toi, Chiendent.
- Me touche pas.


Petit tremblement.
Les dissensions entre le Tout-sale et le reste du troupeau ne sont pas nouvelles. L'équipée en prend un coup. Dusty s'échappe encore, n'en faisant qu'à sa guise.

- Putain, quel emmerdeur ! Ça devient dangereux de chasser seul avec ce verglas.

Tout le monde s'observe en chien de faïence. Personne n'a envie de lui courir après. Les regards convergent vers moi.

- Hey, Pud...

- J'y vais, que je coupe, déjà en train de cavaler.

Si c'est ingrat, c'pour moi.
Dusty est intimidant avec toutes ses grogneries et son attitude de brute. Pour autant, si j'ai su survivre aux griffures et aux feulements d'un Chat, je pourrais encaisser la bougonnerie d'une mauvaise herbe. Les plantes n'ont pas de dents, je crois.
Mon souffle soulève de la buée sous l'ondée. C'est une bruine pernicieuse, dessalée mais pas moins vicieuse. Tout le paysage est dilué, les odeurs et les traces s'émoussent. Les carreaux de mes yeux sont vite flous. Mon instinct me guide. C'qu'il court vite quand même Tête-de-Pétard ! Que j'me dis, quand je rattrape sa silhouette, tâche d'aquarelle, aux abords des Profondeurs Périlleuses.

Un abri.
Si l'Île veut.

- Du.. Dusty ! Que je débarque les poumons haletants, incapable de proférer plus.

Je m'aventure timidement sous le parapet de pierres. Je m'essore le T-shirt, laissant mon bidou déborder de son écrin. Et je m'ébroue la chevelure comme un petit chien. Pas de minauderies.

- Faut pas partir tout seul, z'on dit. C'est dangereux.


Je retire les lunettes pour les essuyer avec le morceaux de tissus humide vert forêt.

- J'reste avec toi.

Ma voix est menue, presque filet, mais ça n'est pas une proposition.
C'est une obligation, foi de Peter !

- Promis, j'te touche pas,
que j'ajoute tout doucement en lorgnant mes bottes en caoutchouc.


Dernière édition par Plum le Dim 25 Mar 2018 - 22:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Pluie des loups   Pluie des loups EmptyLun 19 Mar 2018 - 0:08

Ça s'amoncèle. Là, au-dessus des têtes. Un tourbillon de nuages gris, las et ennuyeux. La toison qui grise continue son deuil, comme si Pan avait toujours pas levé les yeux depuis sa Pluie Salée. On raconte que l'écran céleste c'est son miroir de l'âme. Que s'il fait aussi laid que ça et depuis un moment déjà, c'est parce que son souverain il a toujours pas retrouvé son éclat.

C'est moche, qu'il se dit Dusty. C'est moche, toute cette pluie.
Arrête de pleurer Ô grand Roi.
Never Never Land devient hideuse.

Sa poigne se referme sur un relief caillouteux, de là où il est parti s'abriter le Chasseur. Signe d'un peu de colère qui s'affronte sur son palais, Le Chiendent il est contrarié parce qu'il aurait été si facile de partir à la poursuite de la silhouette qui s'était détachée de l'horizon. Mais non c'était parti maintenant, et ça reviendrait plus avant l'aurore nouvelle. Serrage de dents. Dusty la poussière. Il a jamais été plus pire dans son élément que maintenant, où le torrent s'affole et fait larmoyer la végétation elle aussi. En plissant des yeux il croit percevoir pas loin une famille de cervidés qui appuie le museau sur les bébés pour les presser de rejoindre la maison. Et Dusty soudain il se rappelle de ses frères qu'il a lâchés. Qu'il a abandonnés comme ça, comme si c'était rien. Comme si la Mort pouvait venir les faucher, que lui ça lui ferait pas grand mal.

En fait c'est faux. Dusty il s'en fiche jamais des autres Garçons, même s'il donne l'impression. Et quand il pense un peu comme là tout de suite, sa vue se trouble pour laisser apparaitre le voile de ses pensées. La psyché de Dusty c'est un peu chaotique. Par moment ça grouille d'éclairs rouges envieux d'en découdre ; par d'autres on lit seulement que la quiétude de l'esprit Fantassin prêt à lever les armes pour trancher. Mais il y a aussi la peur terrible du rideau bleu qui s'échoue sur la vallée, coule jusque dans la forêt, rampe près des pierres qui font barrière pour Dusty. Et Dusty il voit pas tout de suite qu'une boule de chair s'est affairée à le rejoindre. Pour le comprendre il a fallu qu'il remue des naseaux pour savoir qu'une odeur inconnue s'était mêlée au pétrichor.

- T'es venue faire quoi ?!

Un peu impitoyable le Dusty, avec sa voix d'ouragan et son front qui se marque de plis tout à coup. Ce serait plutôt vers la proie qu'il devrait lancer ses rages de yeux rouges, pas vers la rondelette aux carreaux réfléchissants sur son nez. La rondelette c'est... Hmphf. Cherche pas Dusty, tu sais pas.

- ... Ils t'envoient.

Soufflement du nez, l'air désintéressé. Le Ils renvoie à l'évidence. Bien sûr qu'ils l'envoient. Mais pourquoi elle ? Une boulette pareille, qu'est-ce qu'il va en faire ? C'est pas avec ça qu'il rapportera plus de peaux. Ou bien les Chasseurs ont fait d'une pierre deux coups en se débarrassant des éléments perturbateurs ? "Tiens foutu Chiendent. Pour bien te faire chier on va t'envoyer le Pudding." Il peut les entendre ricaner.

- J'ai pas besoin de toi.

Pour faire genre il a peur de rien, Dusty sort un pied sous la pluie, le visage rempli d'assurance, la respiration prête à s'accélérer à la moindre course et les poumons gros pour pouvoir larguer tout l'oxygène possible. Puis une goutte s'écroule sur son genou, et là c'est le drame. "AH !" Il pleut comme une Bambi qui chiale. Et c'est horrible pareil, c'est salé, c'est froid et mouillé... Toute cette trombe dégoutante qui fuite du ciel.

Dusty a rentré le pied sous le renfoncement rocheux, pour laisser son regard rouge tomber sur le Pudding. Le Pudding... Comment elle a pu devenir Chasseur. Avec ses bottines de caoutchouc, ses yeux timides tout rentrés vers le bas de la peur, ses joues rebondies puis sa bouée de couenne. Un boulet. Et elle dit qu'elle restera avec lui, sans le toucher. Bon. Si les larmes sèchent là-haut, il faudra agir. Dusty il aime pas rester là à rien faire. Donc il resserre son emprise rassurante sur la poigne de son couteau qui dort sur sa hanche. Un parmi tant d'autres. Un peu plus et on dirait qu'il va sauter à la gorge du Pudding.

Inspire. C'est pas une question.

- J'ai vu l'ombre des Proies.

Et elles sont faciles à traquer. Puisqu'elles ont des ombres.

- Viens. Te fais pas prendre.

Le rideau bleu a l'air d'entendre vociférer la poussière puisqu'il semble laisser écarter des rais de lumière à travers ses nuages bouffants.

- Parce que je te sauve pas.

En un battement de cœur le Chasseur il s'évade de la cave de pierres, fonce à travers la bouche béante de la jungle pour traquer le daim, le tigre ou la panthère que sais-je. La poussière ignore la pluie, même si les flaques crachent sous son passage, et vérifie pas non plus ce qu'elle laisse derrière, ni même si le Pudding a suivi la cadence. Elle se dépêche juste, prête à mordre et à planter, lorsqu'elle voit apparaitre les oreilles dressées des animaux sauvages.
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MessageSujet: Re: Pluie des loups   Pluie des loups EmptyDim 25 Mar 2018 - 22:44

N'importe qui se serait vexé. Chuis pas prétentieuse au point de penser que chuis "pas n'importe qui". J'ai juste la peau plus épaisse et moins perforée.

- J'ai pas besoin de toi.
- Je sais, dis-je simplement. Moi non plus. Pourtant chuis là. S'tout.

Les choses sont ce qu'elles sont et Grognon, tout virulent qu'il est, ne peut pas défaire ce qui est. Point c'est tout. Il doit le comprendre. Tout hargneux et brute en surface, je le pense très intelligent sous sa carapace. Sa peau est épaisse, à lui aussi.
Pas de la même manière, juste.

- J'ai vu l'ombre des Proies.
Je me tais. Je sais quand écouter. C'est ce que je fais de mieux. Viens. Te fais pas prendre.

J'opine, en silence, prête à décamper à sa suite, à me couler dans ses foulées vives, à me tremper jusqu’à la moelle sans le moindre mot. Moins que Dusty, moins que les fauves, c’est la Pluie mon ennemie.
La Neige, ici.

- Parce que je te sauve pas.

Il détale, brusque, véloce comme un guépard.  C'est ce qu'il est. Noir et miel. Ombre grisante et tachetée sous les rideaux mouillés. Il est beau (un peu) dans sa crasse aérodynamique. Mais, je lui file le train sans sourciller. Chuis moche, moi. Une punaise, un vrai parasite. Dans le moelleux de mon fort, je n'ai qu'une pensée : "C'est moi qui sauve, t'sais." A mariole, mariole et demie, je me garde ma répartie dans la bouche.
Pas encore le cran de la voix haute.
Il est pas simple à suivre, mais je suis coriace. Je suis "Madmax" ! Grande Maman, elle a trois fois moins de bouts, et pourtant, elle est plus forte que toute sa marmaille réunie. J'tiens la distance.
Chuis infatigable.
Chuis comme je suis.
Chuis forte.

Et les ombres sont là.

Je distingue mal, mais c'est imposant. En nombre, surtout. Plusieurs masses opaques agglomérées. Je comprends alors, à qui nous avons à faire : une meute de loups, une véritable procession.
Dusty n'a pas l'air de ralentir la cadence. Je l'attrape par un bout de tissus qui lui baille dans le dos. Arrêt net. Je m'attends à ses foudres, alors je le pousse à s’aplatir dans les fourrés avec moi. Et pour ça, j'y mets tout mon poids.

Plaquage !
Pif dans la gadoue. Il va être furieux, j'avais promis de pas le toucher.
M'en fiche.

- A.. Attends, que je lui souffle dans le cou, entre deux reprises d'air saccadées. Tu peux pas t'attaquer à une meute co...comme ça, au juger. On est que deux et j'en ai compté au moins huit, dont au bas-mot cinq adultes, pt'êt six. Avec cette visibilité, y'en peut-être plus encore ! S'ils nous encerclent on est mort.

Je renifle.

- Faut qu'on choisisse la cible... L'oméga, les vieux ou les louveteaux, dans tous les cas les plus faibles du lot. Tu.. Tu comprends, hein ?

Je m'écarte de lui prudemment et je déglutis. Je m'attends à m'en prendre une de volée. Tous mes muscles se contractent dans l'attente de la rouste.

Quand bien même,
chais que j'ai raison.
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MessageSujet: Re: Pluie des loups   Pluie des loups EmptyMar 27 Mar 2018 - 9:53

Des loups ? Des loups. On raconte que ceux-là, ils sont un peu particuliers. Des loups qui vont en pente, se déplacent par groupe de huit et parfois plus. Ils ont les oreilles très pointues de façon à ce qu'elles ne tombent jamais et que toujours ils puissent écouter. Ni couleur ni odeur, ils sont comme des ectoplasmes, des esprits malins qui chavirent comme sur l'eau. Et justement l'eau.

Tu vois Dusty, ces loups là ils sont vraiment dangereux pour toi.
Parce qu'ils répandent le Rideau Bleu.

A... Attends.

Sous les buissons, vite. Là, le menton qui touche le sol, comme ça. Attention, ils traversent les loups. Attention, baisse les yeux. C'est eux qui déversent le flot au-dessus des têtes ? Oui c'est eux. La poussière elle veut se faire plaisir en supprimant les responsables du torrent. Sauf que Le Pudding il est pas d'accord, pas maintenant. Elle fait comptage, redresse ses verres de lunette et s'écrase de tout son poids sur la poussière qui étouffe un peu. La poussière qui ne s'est pas énervée parce qu'elle a compris.

- Ils sont aveugles et instinct.

Quand l'instinct se sent menacé, il réagit avec violence, même si ses yeux ne voient pas. Les loups de la pluie sont des pacifiques tu sais ? Mais si on les approche trop près, surtout les plus petits, ils découvrent des crocs d'acier terribles. Un acier qui ne rouille jamais malgré tous ces pelages d'écume. Ce sont des Créatures venues des abysses à qui la voûte céleste s'est mariée pour leur donner naissance. Ils meurent naturellement quand vient le soleil, quand le Roi de l'île sourit. Les loups de l'eau naissent des larmes, errent sur terre mais jamais ne la touchent. Ils sont fantômes de pluie. Si on les tue, leur peau de déluge solide devient liquide et permet de soigner beaucoup de maux quand on le boit. Des maux de cœur que l'on ne voit pas. Il faut les mettre dans des bouteilles, des récipients, des fioles, des contenants. Mais un loup de la pluie qui meurt de façon habituelle, devient la pluie elle-même.

Des murmures sous les frondaisons alors que la bruine s'intensifie au fur et à mesure que les monstres bleus traversent les bois. Dusty secrètement, compte un peu sur ses doigts et dès qu'il voit un corps animal se rajouter, ses lèvres remuent en un Deux, trois, quatre. Le Pudding a bien compté. Huit. Un papa, une maman, l'équivalent d'un Doyen chez les Peaux-Rouges et... cinq enfants. Cinq enfants et je multiplie par autant de parent pour chacun afin d'évaluer les risques de me faire dévorer si je m'en prends à l'un d'entre eux. Ça fait beaucoup.

Il se demande s'il ne serait pas plus judicieux de nuire aux plus âgés directement, dans ces conditions. Les petits ne sont capables de rien, leurs crocs s'émoussent en rivière dès qu'ils mordent la chair. Dusty fouille ses poches qui s'ouvrent à ça et là de son pantalon rapiécé et cousu pour pouvoir cacher plein de trucs. Combien il en a des récipients capables de récupérer les loups ? Mm mm. Assez pour un, pour deux. Le Chiendent affiche l'expression observatrice, il devient patience, et suit des yeux le mouvement de la meute aveugle. Avant de se tourner vers le Pudding qui l'écrase toujours un peu. Mouvement du coude pour la faire glisser de lui.

- Quand ils sont colère ils deviennent chair. Celle qui peut nourrir tout le monde. Allez, inspire doucement. Grattage de crâne, parce que des bestioles vivent là-haut. Nourriture ou soins ? La viande ou l'eau. Les parents ou les enfants ? Il demande. Ce sont deux façons de tuer, et de se faire tuer.

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MessageSujet: Re: Pluie des loups   Pluie des loups EmptyMar 10 Avr 2018 - 11:20



Un simple coup de coude. Juste une taloche de rien. Je me frotte la poitrine plus pour chasser la sensation de contact que parce que j'ai bobo. Dusty est calme. Mon sentiment se confirme : l'est moins tête-brûlée qu'on l'dit.

- Ils sont aveugles et instinct.

Je hoche la tête tout en chassant le mouillé de mes lunettes. Quelque chose passe dans le regard de Dusty, quelque chose qui ressemble à une étincelle vive. J'ouvre la bouche. Ça me picote en dedans. J'ai déjà connu ça, j'ai déjà vécu ça... C’est familier et distant à la fois. Je ne comprends que quand je jette à nouveau un regard sur la meute que nous piston en catimini.

Ils sont transparents, aqueux, humides.
Ils ne sont plus simplement des loups, mais des créature de pluie pure. Des créatures d'agonie, de déluge, du gros sel sur nos plaies. Un frisson glacé me gèle le dos. Cœur qui cogne au tambour. Peau d'poule. Je pose un regard intense sur le Chiendent qui explique.

Ô Crétin terrible.
Tais-toi ! Tais-toi, pitié !
Sans réfléchir je lui pose les deux paumes sur le museau, pour couvrir cette langue qui dégorge d'informations. Mais je ne peux pas museler sa tête, sa tête qui imagine !

-Chut! Chut !! Chut !!! Arrête de penser !
Trop tard.
Ils sont là, tangibles, familiers à jamais, aussi légitimes à respirer que lui et moi. Je les connais. C'est pas que d'sa faute, j'me dis. Pas que.J'ai peut-être, moi aussi, poussé l'Île à nous constituer des ennemis de choix. Des Méchants de Pluie.
C'te Pluie qui prend tout et recrache trop rien, même pas des bouts qu'on pourrait communier.

-... La viande ou l'eau.

- J'en ai ras d'la flotte ! que je grogne soudain. J'veux que ça s'arrête.

Et ce sera avec eux.

Tu comprends Dusty, hein ? Chais que tu comprends.
Je le toise, de tout mon poids. Et j'pèse gras.
Silence court et grave.

- J'rabats, tu tues.

Il sait ce que ça veut dire: pour lui, "papa et maman". Je détale et je commence mon oeuvre de pression. Les Plouvieux lèvent le nez sous la bruine, conscients brutalement du danger. Leur démarche s’accélère. J'imprime un rythme de plus en plus précis à ma course. Je les acculent. Ma fronde fait office de crocs pour leur mordre les pattes et pour donner l'illusion que je suis plusieurs. Sournoisement, à mesure que nous avalons la distance, j'isole les plus faibles et les plus petits du reste du troupeaux. Le doyen des Plouvieux perd son souffle, culbute et s'étale sur une racine en millier de gouttes définitives.
Un de moins.

Je ne me préoccupe pas de Dusty. Je sais que c’est lui le meilleur, le plus efficace et le plus létal. Moi, je suis le lévrier courant et, exceptionnellement pour cette chasse, le chien d'arrêt.

Dans un hurlement qui tient plus de l'effort que de l'effet voulu, je saute à pieds joints sur un des petits plouvieux - SPLATCH- qui éclate en gerbes salées et se reconstitue, en coulures lamentables sous mes bottes. Blessé. Son frère, téméraire, se jette sur mon visage. Je bois la tasse et j'en tombe à la renverse. Mon poing tâtonne dans la gadoue avant de trouver les angles d'une grosse pierre. Je frappe, et frappe, et frappe encore, les contours liquides de mon agresseur, jusqu’à ce qu'il lâche finalement prise et dégouline au sol, assommé.

Le temps s’est arrêté.
La meute m'encercle, au nombre de cinq (trois petits, deux gros).
Sur mon visage trempé s'articule un sourire de défi. Ils sont grondements, feulements et courroux.
Et poils. Poils partout !

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MessageSujet: Re: Pluie des loups   Pluie des loups EmptyMer 18 Avr 2018 - 15:30

Fille de poids a choisi la nourriture.

Les fioles entre elles, claquent et dansent.
On ne va pas les utiliser.

Dusty a cessé de parler, de jeter des œillades parfois à Plum. Brièvement il a patienté que son souffle parvienne jusqu'à trois, comme pour donner le signal, l'alerte. C'est vrai ça ? Que ces monstres d'eau prennent vie quand on a peur d'eux, et seulement peur. Parce que plus on a peur, plus ils deviennent massifs. Ça se nourrit de ça et, paradoxalement, ça dégage une allure paisible, brouillée par la fine bruine. Fine et pourtant, on dirait plein de petits bistouris qui tombent, qui tombent.

On fonce.

Il ne discute pas, il s'arrache à l'emprise Chasseresse qui le retenait ventre à terre, file comme le vent pour affronter le torrent. Comme il la déteste cette pluie, comme c'est affreux la sensation d'être comme les loups d'eau qui traversent la lande.

Plum a bifurqué dans l'autre sens. Elle s'est donnée pour mission d'éliminer l'un des plus jeunes. Celui qu'elle écrabouille sous ses bottes finit en flaque qui rampe à ses pieds pour grignoter le sec avec sa cascade désespérée (C'est ainsi qu'ils se reforment).

De son côté, Dusty a vu. Il a vu mais n'a pas détourné des yeux : il a glissé la poigne sur le couteau et a cinglé l'amont d'eau par un, deux, trois, quatre et cinq fois ! C'est un bébé, regarde-le couler. Il s'éparpille après avoir éclaté sous les lacérations. De l'eau ne meurt pas mais ralentit si on se met à l'étaler partout. Dusty est rapide, chaque goutte de pluie en plus qui tombe est un prétexte pour les canidés de regagner leur grandeur.

On va les tuer.

Ils sont presque impossibles à défaire. Et puis ce n'est pas grave. Oui Dusty se dit que... Ce n'est pas grave. Nous tout ce qu'on veut, c'est votre Rouge. Donnez-le nous. Ses doigts sont mariés à sa lame qui a faim. Un couteau a toujours très faim... mais il a peur de l'eau lui aussi. Plus il a peur et moins il est costaud. Allons ! Tâchons de faire vite.

Plum où es-tu ?
Dusty en a tué un.
Et les parents...
Regarde Regarde !
Leur peau de bleu a déjà viré à l'Incarnat.

Je m'approche. La fille toute seule, peut rien faire. Il faut vaincre les derniers Enfants. Tous. Et comme ça, les parents : Rouges. Regardez-moi. Lentement, tout autour, Regardez-moi.

Il targue droit dans les yeux qui ont l'air aveugle. La voûte céleste au-dessus amoncèle une dentelle de brouillard qui s'étale comme une couronne autour d'eux, témoigne un peu de la Peur qui se trame dans le ventre du Chasseur. Un peu. Pas beaucoup. Ses jambes ont effectué un début de ronde comme les prédateurs après la proie. C'est lent, exactement comme il a dit. Père et Mère Louve ne comprennent, n'entendent ni ne parlent. Mais ils savent que deux de leurs Enfants ont disparu avec l'Orage dans le lointain. Ils sont tristes, ils pleurent on dirait. Mais il y a trop de pluie pour bien voir.

Maintenant.

Mère Louve a un geste terrible qui ressemble à un grondement de tempête. Ses petits s'unissent à elle, et somme toute elle déferle en raz-de-marée miniature sur la fille les parures vertes. Elle déferle, comme le ressac prêt à mordre les peaux pour les engloutir.

Et puis soudain Père Loup s'élance à son tour ! Il menace de s'anéantir comme une lame de fond sur Dusty Chiendent. Mais Père Loup qui s'élance laisse voir un cœur battre au sein de ses côtes liquides, son plus terrible point faible... C'est une aura rouge qui émane de sa cage thoracique, signe qu'il a vraiment fallu beaucoup de colère pour arriver à cette température. Et ça pulse, Boum, et ça chauffe, Boum.


« WOUUUUUUUUU ! »


Il est grand Père Loup. Mais Dusty ne reste pas bras ballants, il ordonne aux muscles de se tendre pour bondir à son tour sur le côté. Il faut éviter les léchouilles de l'eau au maximum, il supporterait pas d'être trempé plus. En se disant ça et en entendant le couteau produire son bruit cristallin comme on vient de le tirer du fourreau, Dusty Chasseur a sauté sur l'encolure du grand chien en colère pour s'agripper fermement. S'agripper, et ça marche. Ce qu'il sent sous ses doigts ce sont les vagues ardentes de la chair qui bat.

Aussitôt il laisse les coups de couteau s'enchaîner dans la poitrine animale.
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MessageSujet: Re: Pluie des loups   Pluie des loups EmptyDim 22 Avr 2018 - 11:06

Dusty surgit -diable sur ressort- et lacère l'un des louveteaux qui gémit et bulle et disparaît, dévoré par le sol. Les derniers rejetons, mal en point, regagne le giron de la Mère. Les parents Plouvieux sont rouges et colère. Leur poil apparaît par intermittence comme une frange de pique de hérisson. Leurs eaux hésitent entre constance et tangible. Et je vois distinctement les trois cœurs battre à l'unisson dans la forme de la Mère. Un gros, deux petits.

Pas de mots, juste de l'instinct.


Dusty prend en chasse le Père.
La Mère sera mon défi.

Elle se fait vague, modulable, écumante de rage rouge. Elle me fonce dessus. Je la laisse venir, mes pieds bien enfoncés dans le sol. Elle se fait tourbillon, tout autour de moi, rendant la terre vaseuse et traître. Sables mouvants.
Je m'enfonce.

Garde ton calme. Respire !
Perd pas de vue. Focalise !


Le piège aqueux se referme petit à petit. Il me pleut dessus à mesure que la pluie rouge ne se centrifuge sur moi, tente de me noyer. Mon corps est englouti par la gadoue comme une délicieuse sucrerie. Caca-prout et Gros mots-moches! J'envoie valser mes lunettes détrempées hors de la cloche d'eau. Elles m'handicapent présentement. Le geste semble perturber le tourbillon de loups un bref instant.

Garde ton calme. Bloque ta respiration !
Perd pas de vue. Attrape !


Mes doigts se referment sur le trio de palpitant. Le siphon cesse le mouvement, comme brutalement harponné. Je me bats contre une vague sanglante que j'ai hameçonnée à mains nues.
Je presse de toutes mes forces.
Je presse à m'en faire blanchir les doigts.
Je presse à hurler de rage et à avaler de la flotte à gros goulots.

Chuis forte.
CHUIS FORTE PLUIE DE MERDE !

Jusqu'à les voir éclater

Le tsunami explose en gouttelettes carmines et nous arrose comme des plantes. Mes paumes, mon visage, tout mon gras dégouline de rouge. L'eau se recentre pathétiquement, ultime effort magique pour nous restituer ses cadavres. De simples cadavre de loups.

Je tombe à genoux et je vomis toute l'eau que j'ai avalé.
Je suis vidée.
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Ancien Perdu
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MessageSujet: Re: Pluie des loups   Pluie des loups EmptyLun 23 Avr 2018 - 22:21

Du sang sur les mains

Après le dernier affront.

Une pluie plus énorme encore retombe tout autour d'eux, on dirait un lac. Dusty ressent une vague pareille en son dedans : il a peur. Il ne voit plus ses pieds.

Père Loup est tombé et il se sent tomber lui aussi. Un silence s'abat avec fracas. La chute des cascades lupines entraine le Chasseur qui chancèle dans les flaques mordant ses malléoles. Les tissus qui le recouvrent sont trempés. Des torchons qu'il faudra essorer absolument.

La Chasse est terminée.

C'est étrange de se dire qu'il est plus paralysé par la fin que par le milieu. Au début il a suffi de fermer les yeux. De ne pas réfléchir. Ses doigts se referment lentement autour de ses biceps pendant que la tête cherche à s'enfoncer un peu plus dans le cou. Il veut se verser réconfort, retrouver sa température perdue dans l'écume. L'eau s'évade, Plic Ploc, lentement le long des parures, des yeux, des nez.

Là non plus, on ne sait pas si ce sont des larmes qui roulent sur les joues.

Est-ce que Plum a réussi ?
Oui, elle a réussi.
Il entend son souffle chahuter un peu plus loin.
Oui, elle a réussi.

La cime semble elle aussi se redresser, briller sous la lumière qui revient percer entre les nuages regroupés. Ça pourrait être joli mais Dusty ne bouge pas, il n'essaye pas de s'extraire de son piège aqueux. Sur le sol il y a le Battant Rouge de Père Loup qui pulse encore mais la chair est bien morte. Elle est morte et prête à porter au-dessus des épaules pour la trainer jusqu'à la Maison. Ce sera facile pour Dusty.

Mais ses lèvres tremblent, on dirait qu'elles veulent formuler quelque chose. La moindre impulsion meurt aussitôt dans un soupir. Un terrifiant souvenir écrase toutes ses pensées. Un souvenir flouté qu'il ne comprend pas, qu'il a oublié. Il déglutit.

C'est un automatisme qui lui rend la vie et le fait sortir de l’Étang des Loups. Son mouvement fabrique des ondes qui naviguent à sa suite et font les Sploch Sploch habituels. Les Monstres ne reprennent pas vie, ils se sont tus à jamais quelque part dans le néant. Et Dusty aussi. Il a perdu quelque chose dans cet océan rouge.

Il empoigne la patte arrière de Père Loup. Il le fait comme avec une bête normale qu'une flèche aurait suffi à réduire au silence. Et puis il fait trainer le corps derrière lui. C'est lourd, ce cadavre. Est-ce que Plum saura emporter celui de la Mariée ? Dusty, au moment de gagner la hauteur de la Chasseresse, il lui adresse un regard. Un simple regard.

- On rentre.
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