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Le foutu Chiard a écrit:: Lors de la Canicule, de nombreuses fées sont mortes, y compris dans les montagnes. La Reine Mab aimerait leur offrir un dernier hommage avant de les enterrer au pied de l'Arbre aux Fées. Peter Pan, ironiquement très touché par leur destin, vient en aide à la reine. Il envoie deux perdus récolter les corps inertes des petites créatures éparpillées sur le versan du Sommet Enneigé, qui a retrouvé depuis peu son manteau blanc. Couvrez-vous bien.

Elle n'avait rien demandé. Nan, vraiment rien. Pourtant c'était elle qu'on était venu voir pour lui expliquer qu'elle devait partir en mission. Elle avait fini par se rendre à l'évidence que d'insulter de tous les noms le messager qui n'y pouvait rien -tous des cons ces perdus, de toute façon- et s'était rendue auprès du """roi""" où elle avait eu le plaisir de trouver Just'. Bon, au moins son partenaire était pas des pires, bien au contraire. Ça allégerait la corvée. Trouble lui fit même un semblant de sourire crispé, le mieux qu'elle pouvait lui servir alors que la colère lui vrombissait aux oreilles.

Non mais quelle idée! Franchement! Elle pesta longtemps entre ses dents tout en se préparant pour aller se geler les fesses dans la foutue montagne. La montagne, elle leur en foutrait de la montagne, elle! Mettre un col roulé, et même des chaussettes, l'horreur totale. Parce que Trouble DÉTESTAIT être couverte. Mais bon, elle poussa même la chose à enfiler une sorte d'écharpe (ça aurait pu être un torchon, honnêtement elle aurait pas fait la différence). Puis elle prit quelques affaires qu'elle fourra dans ses poches, et un grand sac en toile.

Pourquoi faire? Elle aboya à moitié sur son compagnon quand ils se retrouvèrent, afin qu'il ne pose pas de questions:

― Oui ben on va pas non plus les prendre dans nos mains ou les foutre dans nos fut' ces putains de cadavres, hein !

Clairement. Sur cette note fleurie ils se mirent en route vers le sommet enneigé, qui se voyait de très loin car il culminait assez haut. Bon, partir en mission c'était de la merde, on était bien d'accord. C'était totalement être le chien de l'empereur, ça. Mais c'était pire d'aller dans la neige pour jouer les croquemorts, et elle le lui faisait bien comprendre, à la Main, tellement qu'elle râlait à en perdre la voix.

― Il pourrait pas les ramasser lui même au lieu de chialer? Il VOLE, merde!

Et eux, à pied comme des blaireaux.
Ah ben tiens, ils y étaient. Le chemin commençait à monter en pente plus forte, et s'escarpait. Et comme par magie des flocons leur tombaient allègrement sur la gueule.
Trouble éternua et traita le ciel d'enculé avant de demander à son partenaire:

― Bon... go? Plus vite ça sera fait...

Quand il entend qu’on a un boulot à lui confier, il se réjouit. C’est bien, ça, qu’on l’oblige à bouger. L’humidité émousse sa réactivité, ramollit ses muscles et alanguit son esprit. Ses journées se font longues et vides.
Quand il apprend sa destination, il grimace. La perspective de la neige refroidit ses élans.
Trouble qui l’a rejoint ne semble pas plus enchantée. Elle lui glisse un sourire crispé pour la forme. Il lui répond d’un signe de main.

Plus tard, il referme maladroitement sa chemise, l’air songeur. Il se prépare mentalement à la température. Y penser ne fait qu'accroître son abattement.
Justice enfile une veste en cuir rembourrée qu’il espère assez chaude et glisse les doigts de right et left dans une paire de gants en laine grossière. Exceptionnellement, il glisse un canif dans sa poche. Il ne connaît pas les habitants des montagnes.
Le sentinelle accepte les bottes de pluie que lui prête un collègue sentinelle mais dédaigne le bonnet de laine qu’il lui tend. Son chapeau fétiche trône fièrement sur son crâne. Moins pratique mais important.

Ça rajoute du challenge.

La Main rejoint sa camarade à l’endroit convenu. Quand il l’aperçoit, emmitouflée, presque dodue dans ses fripes, il affiche un air grave forcé pour se retenir de rire aux éclats. L’émotion passé, il se détend.

L'Épouvantail lui balance brusquement en désignant les sacs qu’elle transporte :

- Oui ben on va pas non plus les prendre dans nos mains ou les foutre dans nos fut' ces putains de cadavres, hein !

Dit comme ça, ça semble assez évident.

Just, lui, pensait les prendre à la main, par poignées, par dizaines, puis les entasser dans ses poches quitte à ce qu’elles se serrent. Il n’estime pas leur nombre à plus d’une trentaine. Il n’estime pas nécessaire de prendre des pincettes.
Trouble aurait… plus de délicatesse que lui pour ce genre de choses ? Ça semblait délirant.

- Ok ! lâche-t-il finalement.

Ils se mettent en route. Lui, sifflote doucement son air préféré, s’interrompt parfois pour prêter l’oreille aux plaintes de l’armurière. La Main pourrait tenter de la raisonner ou de l’apaiser mais préfère laisser couler : il faut bien qu’elle se défoule.
Peu à peu acclimaté, il lui semble que le froid se fait plus doux.

- Il pourrait pas les ramasser lui même au lieu de chialer? Il VOLE, merde!

J’avoue.

Justice se demande un instant si Peter n’a pas le courage de voir ses ruines et se dégâts. Il se demande même si Peter est capable de regrets. Il se demande finalement pourquoi chercher plus loin que ce qu’il pouvait clairement comprendre : c’est à eux de s’y coller. Point. Et ce n’est peut-être pas un mal.

- J’imagine qu’il est suffisamment déprimé comme ça. On va essayer d’éviter l’inondation.

Bientôt, ils arrivent au pied des montagnes. Le sentinelle jauge leur objectif. Ça va grimper, là-haut. Il n’a pas hâte de s’y mettre.

- Bon... go? Plus vite ça sera fait…

- … Plus vite on sera peinard. il complète en soupirant. Allez, on bouge.

C’est qu’ils blanchissent à vue d’oeil, à rester là. La neige se déverse sur la figure de Trouble qui s’irrite, s’accumule sur le chapeau de Justice et lui donne des airs de Kilimandjaro.
Ils entament leur progression et foulent tout d’abord une roche sombre couverte de verglas. Bientôt, c’est dans un épaisse couverture de neige qu’ils se fraient un chemin. La Main sent ses pieds s’enfoncer à chaque pas dans un léger crissement, la montagne semble l’avoir dévorer jusqu’aux genoux. La barbe.

- Hey, Trouble. il l'interpelle. T’as vu ça ?

Il cesse de fixer ses pieds et contemple la vue qui s’offre à eux et la distance qu’ils ont parcouru. Ils sont déjà bien haut et peuvent apercevoir trois tours qui émergent du paysage : le Grand Arbre, l’Arbre des fées, plus loin le volcan assoupi.

- Le plus beau c’est qu’on va devoir redescendre tout ça. il lance dans un sourire résigné presque narquois.

Ça fera une bonne trotte.

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― Inondation et on se cassera d'ici en bateau le bon plan j'te jure j'en ai plein à craquer de ce bout de gadoue posé dans la flotte. marmonna-t-elle, pas spécialement pour qu'il l'entende et commande, c'était la vérité. Des navires elle en avait déjà piloté et c'était pas un problème pour elle au contraire. Ça manquait.

Ça montait, montait et montait. Le vent polaire leur soufflait à la gueule comme si de rien était, à faire envoler les plans de leurs frusques comme on joue au cerf volant; connard va. La neige leur saupoudrait les épaules et la tête comme de la putain de farine. Plus que jamais, elle crevait de chaud et d'être ainsi confinée dans cette camisole de force. Empêtrée, encombrée. Elle n'était pas bien, là. L'altitude c'était pas ce qu'elle préférait du tout.

Plus ils grimpaient, plus elle resserrait l'emprise de ses mains sur ses coudes, les bras croisés qui lui aplatissaient son ventre. Plus elle commençait à se sentir trempée et gelée au niveau de ses chevilles pour ainsi dire immergées dans un océan neigeux. Ah ouais, le pied, réellement. Et pas une foutue clochette à l'horizon. Ah ouais, merveilleux. Lorsque Just' l'interpella elle tourna mollement la tête, sans prendre le temps de changer son buste de direction. Elle n'en avait rien à péter, en fait.

― Ah. Bah, on est pas encore en haut, te plains pas.

L'hôpital qui se foutait de la charité.
N'importe quoi, l'autre eh. Ils ne descendraient certainement pas à pied. Trouble ricana sombrement et reprit son ascension. Si la Main était déjà exténuée, tant pis pour elle, elle ne l'attendrait pas. "Pote" ou pas pote. Son sac en toile pendait mollement au creux d'une paume. Vous savez quoi? L'Épouvantail HAÏSSAIT la neige. Sans comprendre pourquoi, elle se pencha soudain, rassembla un paquet de poudreuse en une boule grossière qu'elle jeta dans le nez de son acolyte. Elle le manqua. Le pif, j'entends.

Trouble plissa d'un coup les yeux, pas sûre de ce qu'elle voyait. Naaaaan?
Oh, dégueulasse.
La gamine fit une grimace dégoûtée, puis l'air de rien fit semblant de se marrer alors que c'était pas drôle et continua à marcher. Surtout ne pas lui dire, peut être que ça se décollerait de soi même et qu'il s'en rendrait pas compte... Allez.

― J'pense qu'on devrait commencer ici, la neige est euh... un coup d'oeil au couvre-chef, une nouvelle moue. ...fraîche. Du coup bah techniquement c'était fondu avant donc c'est ici qu'elles se sont crevées. Fin pas que mais.. Oh ta gueule.

Gratuit.

- Ah. Bah, on est pas encore en haut, te plains pas.

Just sourit. Les rôles s’inversent. Quelle blague.
Mais la balade continue. Si on se relâche, aux temps lâcher l’affaire.

Il reprend donc sa progression. Un pas après l’autre, ses pieds s’enfoncent dans la neige toujours un peu plus profondément. Mais pas question de ralentir. Galère.
La Main sifflote un air pour se donner du courage et s’imposer une cadence. C’est une habitude chez lui, il a quelque part l’impression d’expulser les pensées parasites sous la forme d’une mélodie.
Et cette idée lui plaît.

Ce qu’il aime moins, par contre, c’est recevoir de de la neige dans le dos. Une attaque en traître. Il sent la boule s’écraser mollement contre lui, froide et humide. D’une main distraite, il époussette son épaule sans y accorder un regard.
Ce n’est pourtant pas l’envie de répondre sur le même ton qui lui manque. Il a même très envie jouer. Mais là, ils ont du taff.

- J'pense qu'on devrait commencer ici, la neige est euh.. .fraîche. Du coup bah techniquement c'était fondu avant donc c'est ici qu'elles se sont crevées. Fin pas que mais.. Oh ta gueule.

Il ne relève pas.
Trouble est une boule de nerf, et quand il peut, il préfère laisser couler. Mieux vaut la contraindre quand il y en a réellement l’utilité.

Il s’agenouille et entreprend de balayer la surface de la neige à l’aide de son chapeau. Peut-être à cause de la brusquerie de son geste quand il se découvre, il ne voit pas la neige qui en tombe. Encore moins le corps d’une fée qui se trouvait dans la boule de neige un peu plus tôt.

- Pas faux. On a plus qu’à commencer.

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Hop!
Balayée, la fée. Trouble souffla, soulagée. Il n'avait rien vu!
... Quoi? Avait-elle un instant eu... peur des réactions de Just' ? Juuuustiiice? N'importe quoi ! Certainement pas! Mais alors là... paaaaaaaaas du tout . La preuve elle était grave déçue qu'il ne riposte pas. Une bataille de boules de neige aurait été quand même plus cool et marrante que de jouer les pompes funèbres du tyran meurtrier, nan ? Pff. La main avait vraiment une sale tendance à jouer les rabats-joie trop sérieux.

On dirait... un chef. qu'elle lui cracha à moitié à la figure, pire insulte du siècle.

En même temps Just avait la prétention d'être chef de la mission, non? Il était peut être plus... habilité qu'elle? Selon les logiques, certes. Il savait quoi faire, il savait le ton à utiliser, il avait un fuckin chapeau de cowboy, et puis il était plus vieux. Ouais, ouais c'était vrai. Trouble ne savait que contester les ordres.... et elle excellait là dedans. Mais elle pouvait tourner ça comme elle voulait, elle n'avait aucun sens du second degré et elle ne trouvait pas d'ordre dans sa dernière phrase.
Merde alors.
Trouble se mit à fouiller la neige, contrarié de n'avoir pas matière à râler.
Si matière il y avait elle ne la trouvait pas, et n'avait même pas le coeur.

De temps en temps elle trouvait un cadavre et le foutait dans le sac, une grimace dégoutée gravée sur la tronche. Elle n'avait même pas l'envie de l'asperger exprès de la neige qu'elle grattait.
Il l'avait un peu blasée, alors qu'au fond il n'avait rien fait du tout!
Un peu étrange! Mais c'était toujours comme ça, ou en tous cas souvent.
Trouble poussa un tas de soupirs tandis qu'elle marchait en crabe pour mieux chercher partout.
Après un certain temps, elle lâcha sans se retourner:

Il a dit combien y'en avait ? Nan bien sûr que nan autant faire dans l'fist anal jusqu'au bout. Quel trou d'balle!.. T'es à combien?

Et d'une voix morne et crevée, ultra lasse:

Viens on fait à celui qui en trouve le plus!

Une idée stupide comme il y en a tant. Motivation, coup de boost? Ouais, aussi. Trouble suait comme un cochon, ficelée dans ses frusques bien trop chaudes, serrée comme pas possible. Ses mains étaient violacées et même un peu oranges, et ses doigts engourdis à force de creuser. Bordel à queues! Elle passa une main humide et gelée sur son visage crispé.
Ca n'allait pas du tout, ce jour-là.
Elle avait envie de creuser un trou sous l'étendue de flocons et s'y enfouir jusqu'au pif et à jamais et crever là. L'armurière renifla.
Et de quatre.

A genoux, il entreprend de déblayer. Du couvre-chef, il frotte, fouille, farfouille.
Mais le froid gagne peu à peu du terrain, mais la bise l’irrite inexorablement.
Le chapeau reprend alors sa place, perché sur sa tête nue, et ce sont ses mains qu’il plonge dans la neige, qui labourent le sol à la recherche des dépouilles.

Il réprime ses plaintes, mais il la sent bien, la morsure du froid qui ronge ses doigts, remonte sur ses paumes rougies avant de s’écrouler avec délice en vagues sur ses épaules. Le sentinelle frissonne.

Il n’est pourtant pas frileux, mais il l’admet :

Ça caille.

En tournant la tête, il peut voir Trouble qui s’est mise au travail, elle aussi.
Fidèle à elle-même, l'Epouvantail tire une tronche à faire trembler les pierres. Mais sa mine renfrognée lui semble pourtant moins énergique que d’habitude : Trouble s’ennuie.
Presque désolé, Just affiche une moue amusée. Le moral des troupes est le cadet de ses soucis.

Son attention se reporte sur son travail : il en a trouvé une.
Du bout des doigts, il époussette la créature, devenue aussi rigide et fragile qu’une simple allumette. Il la pince par le poignet, la soulève devant ses yeux. Comme c’est étrange, la manière dont la mort et le froid l’a figé dans une position, dans un instant. Le dernier. Ses ailes ne sont plus que deux bouts de satin chiffonnés, son corps une brindille bleuie et cassante. C’est assez pathétique.
Il lance la fée dans un coin avec négligence, décidant de faire un tas.
Bientôt, une seconde la rejoint. Mais Just ne lui lance pas un regard.

- Il a dit combien y'en avait ? Nan bien sûr que nan autant faire dans l'fist anal jusqu'au bout. Quel trou d'balle!.. T'es à combien? demande Trouble.

- Mmmm... deux. répondit Just sans se retourner. Il doit y en avoir des pelletées, là-dessous. Je pense que si on remplit ton sac, ça devrait suffire.

Laisser des disparus ne l’inquiète pas, il y en a tant. Mais il faut assez pour contenter la reine et satisfaire Peter.

- Viens on fait à celui qui en trouve le plus!

Il lui décoche un regard. Trouble a l’air de réellement souffrir de cet ennui. Il prend un temps et réfléchit.
Après tout, si ça pouvait les motiver… Lui-même, ne s’amusait pas trop.

- Pourquoi pas. Mais le perdant devra...

Un gage. Sinon, où est l’intérêt ?

- … faire tout ce que l’autre veut. Jusqu’au couvre-feu.

Car au fond, il n’avait aucune idée en tête.

- Et puis ça tombe bien : je te laisse un peu d’avance. il ajoute d’un air taquin.

C’est qu’elle allait en avoir besoin, la petite. Qu’il aime à sous-entendre.

Invité

Just acceptait. C'était presque étonnant, en tous cas bien incongru, si bien qu'elle leva les yeux de la neige. Oh. Trouble se gratta le crâne. Pourquoi était-il toujours aussi nonchalant et mou? Il fallait vraiment se battre avec lui pour espérer obtenir autre chose que des mots sans émotion et des gestes calmes et tranquilles. Ce n'est pas qu'elle le trouvait ennuyeux... elle le trouvait juste énervant. Evidemment. Sa narine frémit et elle se mordit la lèvre. Pas s'énerver. Le terrain était pas propice de toute manière.

Il proposait des gages? HA ! elle gagnerait! La Sentinelle disait vrai, il avait deux fées derrière lui alors qu'elle même en avait déjà quatre. Refusant de lui offrir l'excuse facile de "oui mais t'avais de l'avance", elle se saisit d'un cadavre gelé de son propre tas et l'envoya sur celui de son camarade.
Trois partout.
Ce sourire ne lui plaisait pas du tout, quoique tranchant avec le stoïcisme exaspérant du garçon chapeauté, ça puait la condescendance. Ça suintait, même.

― Je vais gagner, et ça s'ra à la loyale.

Trouble opta pour une nouvelle stratégie. Elle écartait les doigts de ses deux mains et ratissait la poudreuse pour trouver le maximum de fées possibles sans trop se fatiguer. De temps en temps, elle trainait ses genoux un peu plus loin et recommençait.
C'était comme un peigne à poux où les poux étaient des créatures féeriques et même pas vivantes.
Ouais c'était nettement plus glauque. Elle avait déjà trouvé une petite quinzaine de fées au bout de peu de temps (supposé), cela lui en faisait dix-sept en tout et elle n'était pas peu fière. Elle tentait désespérément de trouver un côté ludique à la chose mais devait bien se rendre à l'évidence que c'était chose tout à fait impossible.

Le clou du spectacle fut quand ses doigts s'enfoncèrent dans une substance visqueuse et malodorante, qu'elle identifia comme la merde d'un animal quelconque.
C'était tiède, en plus.
L'armurière lâcha un "berk" sonore et nettoya frénétiquement ses doigts dans la neige fraiche. Elle regarda anxieusement les alentours. Ils se trouvaient dans une légère crevasse si bien qu'elle ne pouvait pas avoir un aperçu total du pan de la montagne. Ce qui la fit arriver très vite à une hypothèse un peu alarmante.

― Just', on est pas tout seul. Un truc a chié dans la neige, c'est chaud. J'crois que y'a une bête pas loin.

Elle ramassa frénétiquement la dix-huitième fée et revint vers son collègue.
Elle n'avait pas envie d'aller voir d'elle-même, ce qui était étonnant la connaissant.
Comme pour lui donner raison, un grognement sourd retentit et la fit sursauter à son grand détriment. L'endroit l'oppressait de plus en plus.

Piquée dans son orgueil ou dans un souci d’équité, Trouble lui lance une dépouille miniature. Ils sont désormais à égalité.
Justice, très confiant en sa victoire, n’émet qu’un haussement d’épaules.

Si elle perd, faudra pas pleurer.

Maintenant qu’il y pense, il réalise : il n’a l’a jamais vue sangloter depuis le temps qu’ils se connaissent. En est-elle seulement capable ? Question posée, il ne peut s’empêcher de lui lancer quelques regards curieux tandis qu’il se remet au travail.
Puis, réalisant qu’elle creuse de plus belle, il se reprend. Pas question de se faire distancer.

Just redouble alors d’effort et parvient peu à peu à élever une petite pile de dépouilles congelées.

- Just', on est pas tout seul. Un truc a chié dans la neige, c'est chaud. J'crois que y'a une bête pas loin.

Tiré de ses pensées, la Main lève la tête.

- Sérieux ? Arf…

Le sentinelle soupire et relâche une poignée de neige dans la zone qu’il ratissait jusqu’alors.

Ça, on s’en serait bien passé...

Il sait que les éclaireurs et les chasseurs peuvent identifier certaines bêtes leurs excréments. Il ne peut pas en dire autant et n’a pas vraiment envie d’apprendre. Quant à Trouble, il doute qu’elle lui cache un quelconque talent en la matière.

Ça l’ennuierait de partir pour des broutilles mais la prudence est de mise : ils ne sont pas à leur avantage, ici.
Un regard sur sa pile puis sur celle de Trouble : il sait qu’au moins, ils ne rentrent pas bredouille.

La Main serre les dents mais se relève. Il époussette ses genoux où la poudreuse tend à rester accrochée. Trouble l’a rejoint, mais son regard balaye plutôt la neige autour d’eux.
Bien sûr, avec le vent, la bête n’a laissé aucune trace de son passage. Difficile de dire comment la contourner sans trop de problèmes.

- Si on en a suffisamment, on peut y aller. Pas besoin de s’attarder ici. il lâche enfin en haussant les épaules.

Il se moque bien que certaines fées demeurent portées disparues.

Invité

Trouble était tendue. Tuer un pirate, c'était quand même nettement différent que tuer une bête ou un monstre. Les pirates étaient stupides, et bien humains (quoiqu'on pouvait en douter, souvent) à la chair tendre et au corps fragile. Les créatures recelaient pour leur part beaucoup de mystères, et la plupart avait des aptitudes hors du commun, et une résistance bien plus accrue. Aux coups, aux cris, aux armes en tout genre. Fébrilement, elle tâta les poches de son pantalon et y dénicha avec un soupir de soulagement un poing américain en fonte.
Pas de poignard évidemment, quelle conne!
Cela dit, aurait-elle pu planter une bête féroce? Difficilement.

Mais ça la rassurait d'avoir des armes sur elle.
Elle s'approcha de Just d'une démarche claudicante, mal assurée, lui tendit le sac avec un regard descendant vers son contenu qui signifiait clairement d'y ajouter sa récolte à celle de l'épouvantail.

― Ok on s'arrache, j'en ai rien à foutre.

L'empressement était bien présent dans sa voix, et de toute façon elle se mordait frénétiquement la lèvre, signe qu'elle n'était pas très à l'aise. Elle commençait à remonter les bords de l'espèce de léger cratère, lorsqu'elle fit un bond soudain en arrière, roula sur elle même un nombre incalculable de fois, et finit par s'écraser contre Just, l'entraînant dans la poudreuse avec la délicatesse d'un 26 tonnes qui fait des tonneaux.
Tétanisée (brièvement), elle ne pensa même pas à hurler.

Le monstre était blanc, pelucheux, énorme. C'était un fuckin yéti, qui tenait dans ses énormes paluches lui aussi des dizaines de fées mortes. Ses yeux brillaient. Elle n'y voyait aucune lueur méchante, malgré tout, plutôt de la méfiance et de la curiosité. Egalement, le hurlement que poussa l'animal à ce moment là, bestial et déchirant, n'était pas féroce. Elle s'y connaissait en cris, après tout. Elle ne pouvait pourtant pas s'empêcher de trembler, une main agrippée si fort au bras de son camarade Sentinelle que les jointures avait totalement blanchi, et que ça ne devait pas être très agréable. Mais elle ne pouvait pas se décrocher d'elle même. Son coeur était parti en solo de batterie.

Le yéti hurlait beaucoup, et s'approchait d'une démarche lourde et lente. Il venait vers eux, c'était sûr.
Et elle, elle ne bougeait pas.

✘ AVENTURES : 286

Que vois-je ?

Le yéti se plante devant vous. Il hésite. Le vent foudroie le silence angoissant.
Puis.
Il vous ouvre grand, grand les bras.

Sujet: Re: MISSION │Macchabées Sam 22 Oct 2016 - 4:03

Just se penche sur sa pile. Il saisit les fées par poignées et les glisse dans ce sac qu’elle lui tend. Une à une, les dépouilles sont happées.
Quand tout lui semble bon, il dresse un pouce en signe d’assentiment.

- Ok on s'arrache, j'en ai rien à foutre.

Elle a l’air nerveuse. Lui aussi, il se sent un peu tendu, perdu dans ce milieu étranger. Mais il s’efforce de garder un air assuré : il faut garder la tête sur les épaules, ils sont peut-être traqués.
Leurs sinistres récoltes mélangées, le sentinelle réalise que le concours tombe à l’eau. Tant pis, car au fond il est certain d’avoir gagné.

Mais soudain, l’Epouvantail bondit, le heurte de plein fouet, l’entraînant dans sa chute. C’est comme poing de taille humaine qui vient de s’abattre sur sa poitrine, surpris, il en a le souffle coupé.
Just n’a rien vu venir.

Roulant dans la poudreuse, leur descente est finalement stoppée par un tronc abattu. Son dos s’y heure, il émet un bref hochet de douleur. Désorienté, Just cligne des yeux, lentement puis respire, doucement.
Le sentinelle s’apprête à demander à Trouble ce qui lui a pris, mais se ravise lorsqu’il découvre le responsable.

Plus loin, la silhouette massive et velue d’un yéti se dresse. Justice n’en avait jamais vu de ses propres yeux mais en avait entendu brièvement parler de la boucher des éclaireurs.
La bête était sur son terrain et n’aurait aucun mal à les abattre si l’envie lui en prenait.
Justice fait la moue : c’était bien leur veine. La bête pousse un cri déchirant qu’il ne comprend pas. Pour lui, le message est clair : danger.

La douleur dans son bras le ramène à Trouble qui se tient près de lui. Elle s’agrippe à son bras et à mesure que le yéti approche, il lui semble que la poigne de l’armurière se resserre un peu plus. Et de la poigne, Trouble en a.

Sans être certain qu’elle l’entende, Justice laisse échapper :

- Trouble… tu me fais mal, là…

Il ne quitte pas le yéti des yeux. Ça se rapproche vite et il ne sait pas comment réagir. En d’autres lieux, il se battrait. Mais ici, il n’est pas à son avantage. Surtout à mains nues.

Le yéti s’arrête finalement devant eux mais reste immobile. De plus près, c’est fou, il paraît plus doux. Mais le sentinelle ne se fie pas à cette impression, si souvent trompeuse.
La créature ouvre les bras et attend.
Toujours à terre, toujours assis, Justice reste immobile. Il comprend ce geste mais il ne comprend pas pourquoi. Il voit mais ne saisit pas ce qu’il y a dans la tête de cet animal.
C’est juste une bête.

Ne sachant trop quoi faire, il se penche à l’oreille de l’armurière et lui demande avec un soupçon d’espièglerie :

- Tu veux lui faire un câlin ?

Pour lui, la réponse est clair. Se glisser dans ces bras capables de le broyer en un instant, ça ne l’emballe pas.

Invité

La détresse du yéti s'infiltrait dans ses veines mal foutues, Trouble en avait les sourcils froncés. Sauf que ce n'était pas de la colère mais bien une crispation diffuse, une répercution du malheur de la créature dans tout son être.

― Trouble... tu me fais mal, là...

Comme dans un film au ralenti, l'Armurière tourna lentement la tête vers son camarade et le fixa quelques instants sans comprendre, les lèvres entrouvertes. Stupeur. Après un certain temps, elle desserra son emprise progressivement et se laissa choir sur son séant. Là, elle était vraiment trempée. Il ne devait pas exister une partie de son anatomie qui ne soit pas trempée malgré les précautions qu'elle avait prises à contre coeur.. ça en valait la peine, tiens !

Le Yéti était immobile, les fixait, hurlait, tendait les bras. Elle ne comprenait que trop son langage corporel. Elle n'avait aucun mal. Elle avait vu le jour dans un milieu extrêmement tolérant envers la nature et tous les êtres y co-habitant. On pouvait aisément remarquer que l'Épouvantail n'avait pas hérité de toutes ces belles valeurs. Néanmoins, elle n'était pas capable de voir l'homme des neiges (qui n'avait rien d'abominable, donc) comme nocif. Tel un chien curieux, elle pencha doucement la tête sur le côté et se remit sur pied.

Envolée, colère.
Trouble avait-elle déjà été en colère dans sa vie ? Bien sûr, tout le temps ! Mais là, vu son calme, on aurait carrément pu en douter.
C'était olympien. Apocalyptique. Elle fit quelques pas, ne pensa même pas à répliquer quelque chose d'acerbe ou acide à Justice qui se tenait clairement en retrait. Le sac de fées chuta dans la poudreuse, et s'y enfonçant comme un biscuit dans une tasse de chocolat chaud. Tendrement.

Elle aussi elle était tendre.
Pourtant, elle n'avait jamais été très câlins. Même, elle avait la plupart du temps horreur de ça.
Pourtant, il aurait été plus facile de prendre la fuite.

Le slow-motion tournait encore. Trouble se laissa tomber contre la poitrine chaude, pelucheuse et immaculée du Yéti. Ses bras vinrent entourer le torse bien trop grand de l'animal. Ce dernier lâcha lui aussi ses fées et fit de même. C'était un câlin. Irréel.

― Il y en aura d'autres, tu sais... Tu as pas idée du nombre de mômes qui naissent chaque seconde, là-bas. Ça revivra. C'est triste, mais il y en aura d'autres... ça va aller, murmura-t-elle.

Un murmure, oui.
L'Épouvantail jouait les Her, elle réconfortait et cajolait une créature même pas humaine.
Le temps s'était arrêté, en tous cas pour elle.
Sans doute que le cowboy se faisait incroyablement chier dans son coin, mais il n'avait qu'à pas se planquer. L'étreinte était chaleureuse, confortable. C'était bien. Trouble ferma les yeux et abandonna toute vigilance.

Avait-elle tort ?

Sujet: Re: MISSION │Macchabées Jeu 12 Jan 2017 - 21:51

Sous son regard perplexe, Trouble se retourne pour le fixer sans vie, à la manière d’un petit automate. Lui, s’attendait pourtant à une réplique cinglante. Mais elle se relève et s’éloigne sans lui adresser un mot, s’avançant irrépressiblement vers le yéti.
Comme elle ne trahit aucune agressivité, aucune méfiance, Justice se doute qu’elle n’attaquera pas. Mais il s’interroge, il est curieux : Qu’est-ce tu mijote, Epouvantail ?

Derrière elle, le sac tombe et s’affaisse pour vomir son funèbre contenu.
Mais Justice n’y prête pas attention, il la regarde, elle.
Il s’est figé, il n’en croit pas ses yeux.
Et surtout, il n’y comprend rien.

Sous son regard incrédule, Trouble plonge dans les bras de la bête et l’enlace avec douceur.
Dans cet univers blanc et glacé, ces deux-là détonnent. Toute la chaleur, toute les couleurs semblent soudain graviter autour d’eux. Une anomalie dans ce paysage désolé qu’ils inondent soudain de bons sentiments.

Just se tient plus loin et se demande ce qu’ils foutent. Il n’entend pas leurs murmures, il n’entend que le vent.
Et il ne lui en faut pas plus de cinq minutes pour sentir le froid le rattraper, et la lassitude s’installer. Le sentinelle étire alors ce dos encore douloureux, ramasse ce chapeau décidément baladeur. Un pas, deux pas, il s’agenouille pour ramasser ce sac et les fées qui s’en sont échappées avant de le refermer avec précaution. Quand il se relève, son fardeau chargé sur son épaule, il glisse un regard sur les deux, dans leur coin.
Ils n’ont pas bougé.

Alors d’un ton détaché, il lance :

- Trouble, on se casse.

Comme elle ne réagit pas assez vite à son goût, il s’avance dans leur direction et pose sa main son l’épaule de Trouble pour la tirer s’il le faut.

- Hey…

C’est un moment d’inattention de trop. Le yéti ouvre soudain un bras et le saisis pour mieux l’englober dans l’étreinte. Le sentinelle se retrouve alors pressé contre le torse de la bête, la figure enfouie dans sa fourrure épaisse. Il parvient à lever le nez quitte à s’en torde le cou, et recrache quelques poils.
La Main grimace. Il n’aime pas ça, être forcé. Et il n’en a rien à faire, de son chagrin. Cette bestiole commence à le faire chier. Et comme si ça ne suffisait pas : quelques gouttes ruissellent sur son cou. Des larmes, de la bave ? Il n’en sait rien, mais il s’en passerait bien.

Invité

L'instant était éternel. L'atmosphère ouatée et insoluble.
Une chose était certaine, tout ceci était extrêmement bizarre.
Just' était venu pour l'en détacher, mais avant même qu'il ait réussi à la tirer de là, il était à son tour compacté dans ce câlin doux mais effroyablement musclé. Ils auraient pu se faire broyer en un instant; bah, c'était accessoire. Elle n'avait pas entendu les mots de la Sentinelle, ou peut être que si, c'était déjà oublié en tous cas. Plus rien n'existait.
Mais même cette bulle de tendresse improbable finit par éclater. Trouble les faisait toutes éclater, de toute manière, les bulles. C'était comme ça.

Plic. Ploc. Des gouttes leur coulèrent dessus. A tous les deux. Ça ne venait pas de l'Armurière évidemment, elle était sèche. Trouble, c'était une feuille morte, un désert aride. Si elle avait ouvert les yeux, on aurait pu voir tout de suite que son regard était toujours aussi dur et le plus vide possible. Plic. Ploc. Le Yéti pleurait. Trouble avait mis un quart de seconde à s'en rendre compte, à s'éveiller de sa torpeur, à écarquiller les yeux et les tourner désemparés vers son camarade.
Merde, qu'avait-elle fait ?

Just'... amorça-t-elle sans but précis, puis releva la tête vers leur compagnon un peu envahissant.

Là, tout de suite, elle se rendit bien compte qu'il faudrait bien l'étriper pour s'extirper de cette étreinte. Mais elle ne voulait pas l'étriper, ce qui était un peu choquant quand on la connaissait un peu. Elle aurait pu l'assommer; non, elle n'aurait pas pu. Elle voulait juste, genre, glisser par terre, courir. Mais il les rattraperait. C'était une situation inextricable, en quelque sorte. Et, comme toujours, c'était de sa faute. La grimace de l'Épouvantail était plus que sincère.

Euh, j'sais pas comment faire, là, finit-elle par admettre après environ dix secondes à se tourner les méninges. La réflexion c'était pas réellement son truc.

Elle n'était pas sûre que la grosse bête les comprenne, en terme de langage.
En fait, elle penchait plutôt pour une perception sensitive : le monstre comprendrait les voix, les gestes, les émotions trop fortes. Elle tenta de rester inerte mais prendre conscience de ce carcan lui avait été difficile. A deux, on étouffait.

Pense... euh.. aie l'air méga calme. On peut pousser ses bras, chacun d'un côté, en même temps.

Mwof.

Justice contre le yéti, le yéti contre Just. Et quelque part dans le tas, un deuil, une irritation tout juste réfrénée, des larmes épaisses et un souffle coupé.
C’est la voix de Trouble qui brise ce moment privilégié.

Just'…

Elle semble s’être réveillée. Enfin. Just parvient à peine à tourner la tête, et c’est du coin de l’œil qu’il la fixe. Le sentinelle semble plutôt calme mais son regard appuyé trahit un sérieux qui ne ment pas : une tension, une chose proche de l’agacement.

- Euh, j'sais pas comment faire, là. dit-elle.

Lui, il reste silencieux car il place déjà tous ses efforts à réfléchir, mais son irritation l’empêche d’y voir bien clair.

- Pense... euh.. aie l'air méga calme. On peut pousser ses bras, chacun d'un côté, en même temps.

C’est une bonne idée.
Just suit rarement les plans de Trouble. Bien que généralement efficaces, il les trouve souvent trop extrêmes, inutilement brutaux et périlleux. Mais ici, elle fait preuve d’une mesure inattendue. De la prudence ou de la retenue, quelle différence ?

L’idée est bonne. Il opine.

- On va faire ça a trois. il émet d’une voix un peu étouffée.

Puis il laisse son corps fondre contre le torse du yéti. Ses muscles s’amollissent, son corps coule tristement. Au début, il sent les bras de la bête se resserrer sur lui comme si cette dernière y voyait un signe de chagrin qu’il faut soutenir.
Just ne vérifie pas les faits et gestes de Trouble. Il croise les doigts, il espère qu’elle suivra le plan. De toute façon, c’est elle qui l’a proposé.

Yeux clos, le sentinelle parvient à sentir le moment où le yéti desserre enfin son étreinte, un moment de relâche et d’inattention qu’il espérait : une occasion à saisir.

Il sentinelle émit d’une voix douce :

- 1…

Il ne veut pas presser le décompte.

- 2…

Sinon, la bête se serait doutée que quelque chose se tramait.

- 3.

A cet instant précis, il repousse brutalement le yéti, s’arrache à lui comme un vieux pansement. L’effet de surprise jouera en leur faveur : le yéti semble complètement abasourdi et pris au dépourvu.

- Trouble, on se casse cette fois. Et je t’attendrai pas si tu traînes.

Il avait aboyé. Et c’était rare. Dans la hâte, il avait relâché son agacement sous la forme d’une autorité inhabituelle.
Et qui, d’une certaine façon, lui allait bien.

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