Apparemment, l’idée de réunions avec les anciens Raccommodeurs plaisait beaucoup à la Candide. Cette dernière avait même offert une étreinte que le Joker rendit évidemment. Il retint une légère grimace due à ses blessures, celles qui serviraient à jouer avec la Chasseuse qui ne faisait que montrer qu’elle était un monstre. Le Joker aimait cette appellation, juste parce qu’il était sûr que ça ne plairait pas à la concernée. De son côté, lui, il n’avait pas d’avis particulier.

Une nouvelle question, logique.

Pit répondit d’abord d’un sourire, comme toujours. Se voulant prévenant.

- Oui, je suis en train de les prévenir.

Il en avait déjà touché quelques mots à Weaver, puis Yarn suivrait, et ainsi de suite… Tous seraient au courant. Tous devront ne pas effacer le Joker de leurs mémoires. Personne ne devra avoir un air interrogatif en voyant Pit, tous devraient se souvenir.

Le Chef des Raccommodeurs prenait les choses en mains, expliquant à ses Raccommodeurs, dessinant, gravant sur les murs ses marques. Infligeant sa signature sur tout ce qu’il faisait. Pit ne laisserait rien au hasard, tout serait calculé. Et la loyauté devrait être gardée. Que personne ne puisse jamais le remplacer, que sa place soit maudite pour celui qui s’y posera alors que le Joker serait encore vivant. Personne ne pourra le remplacer. À moins de prendre un présent empoisonné.

Il ricana, fier de ses plans, de ce qu’il prévoyait.

La tête appuyée contre le mur, un soupir et un léger sourire.

- Tu peux m’aider aussi, propager parmi les autres Raccommodeurs un petit savoir : celui de se souvenir de moi. Savoir reconnaitre les créations que j’ai faites, savoir reconnaitre ma signature. Que ce soit les fleurs ou les signes des quatre familles de cartes… ils faut simplement savoir lire ce langage qui vous rappellera qui je suis, et que je suis toujours là.

Grand sourire, alors que le Bouffon du Tyran fermait un peu les yeux. Pour se reposer. Il était fatigué à force de devoir ignorer la douleur. Même si cette dernière le faisait mourir de rire.

Kaitlyn était rassurée : Pit lui avait dit qu'il était en ce moment même en train de prévenir les autres, et donc, elle en faisait partie. Il devait y avoir eu plusieurs Raccommodeurs avant elle, qui sait ! Maintenant, plusieurs, c'est bien, mais tous, c'est mieux ! La solution était d'ailleurs toute trouvée, visiblement. Avec cette proposition d'aider à prévenir les autres, à faire qu'ils n'oublient rien de ce Chef qui partira en laissant des traces derrière lui, dont tout le monde se souviendra.

Kait acquiessa vivement, sans dire un mot. Elle commençait déja à se motiver, en se disant qu'elle devait absolument réussir afin de ne pas décevoir celui qu'elle considérait comme son grand frère. Si elle décevait qui que ce soit, de toute façon... elle n'atteindra jamais la perfaction qu'elle voulait. Cette simple pensée lui fit lâcher une petite expression quelques peu anxieuse.

- Tu as sommeil ? Tu travailles trop... avec tes responsabilités de Chef et le fait que Peter t'exploite...

Avait alors déclaré la fillette, lorsqu'elle vit que le Joker avait la tête appuyée contre le mur, et qu'il fermait maintenant les yeux. Automatiquement, elle prit cela pour le coup de la fatigue, vu qu'on lui avait dit que Pit avait tendance à rester à la Mercerie même le soir. Il devait sûrement beaucoup travailler...

- Enfin, non, pas t'exploiter, c'est pas gentil de dire ça... Je voulais dire qu'il t'aime bien donc il te demande beaucoup de choses, voilà !

Ayant jugé que ce qu'elle avait dit à propos de Peter était trop méchant, la Mère apprentie des Raccommodeurs s'était reprise vite fait bien fait, complètement rouge de honte. Elle se dandina un peu, du pied droit au pied gauche, émettant un petit rire gêné presque inaudible. Voilà, ça c'était un mauvais point... elle en avait maintenant un air attristé.

- Enfin... Aussi, je voulais dire, que oui, je t'aiderai ! Je ferai de mon mieux pour prévenir tout le monde ! Sinon, c'est que je suis une vilaine fille...

L'art de changer la conversation, par Kaitlyn. Elle se rabaissa par la même occasion, regardant ses pieds la tête baissée, le tout sans trop s'en rendre compte. Elle se devait de prévenir les autres, de leur dire de ne pas oublier Pit, sinon il allait être déçu...
Et être déçu, c'est aussi un mauvais point pour elle...

Un fin sourire, pour ne pas laisser transparaitre le rictus de satisfaction exagérément grand. Parfait, absolument parfait. Préparer la scène, le plateau de jeu. Pour la suite. Il fallait absolument que tout soit en place. Il le fallait. Histoire de contrôle, histoire de précision.

Kaitlyn avait cette douce bonne volonté si facile à tromper, et en même temps, on n’avait pas envie de trop manipuler la petite poupée. Juste l’attacher à soit, pour qu’elle ne soit fidèle qu’à une personne. Pour que personne ne dépasse jamais le rôle qu’il avait eu. Et qu’il pouvait encore étoffer. Observant tous les autres, guetter les esprits qui étaient au bord du précipice du Grandissement, pour les pousser, et hurler de rire à en mourir. Mieux valait crever comme ça qu’autrement.

Mais pas d’inquiétude, il n’avait pas encore jugé qu’il était temps de partir, de passer à la suite du Jeu. Parce que précisément : on ne pouvait pas le bannir, le Joker. On ne faisait que lui ouvrir la porte à la suite. Une suite peut-être moins douce pour les autres. Plus excellente pour le Chef en revanche.

Pit répondit finalement à la Mère Apprentie, toujours et encore tout sourire.

- Tu ne seras pas une vilaine fille, ça j’en suis sûr.

Il se frotta les yeux avant de se redresser un peu, pour ne pas s’endormir.

- Je suis un peu fatigué, c’est vrai. Mais ce n’est rien de grave, je fais beaucoup de tours de magie pour Peter Pan. Il l’aime beaucoup ma magie.

Il sortit un paquet de cartes de sa poche une fois ces mots lancés. Pour faire relever la tête de la jeune fille peut-être, pas qu’elle garde cette air « dans ses petits souliers ».

- Tu veux voir un tour de magie ? Je suis un grand magicien tu sais.

Grand sourire, faire briller les yeux, éblouir. Parce qu’il était le Bouffon du Tyran, il était à la gauche du Roi, en opposé du Chambellan. Une place de choix, il ne fallait jamais négliger l’importance du Bouffon. Il s’agissait d’un des rares à savoir que l’enfant volant dormait, et à l’avoir vu. C’était à ça que la magie servait, du moins les tours de passe-passe. Pour endormir le grand chef de l’île.

Pit avait sans doute un peu de mégalomanie dans la tête, selon le Jeu : c’était lui qui avait les commandes. Il pouvait se permettre d’hurler de rire.

Rassurée, Kaitlyn était rassurée. Ayant relevé quelques peu la tête, timidement, lorsque son grand frère de coeur lui avait assuré qu'elle ne serait pas une vilaine fille, la petite Mère apprentie regardait en coin ce dernier, les yeux brillants de joie. Pit lui avait dit qu'elle ne serait pas une bilaine fille ! S'il le disait, c'est que c'est vrai !
Continuant toujours à le fixer alors qu'il se redressait un peu, Kait releva encore un chouïa la tête, en écoutant le pourquoi du comment il était fatigué. C'était à cause de ces tours de magie tard dans la nuit pour satisfaire Peter, qu'il manquait de sommeil !

Ce ne fut que lorsque le Chef des Raccommodeurs sortit ses cartes que la Candide daigna relever la tête pour de bon, curieuse de voir ce qui allait se passer. Un tour de magie, un tour de magie ! Il lui avait même demandé si elle voulait en voir un !
Tapant alors gaiment des mains, Kait, maintenant rayonante, faisait de petits sauts, accompagnés d'un rire enfantin.

- Oh oui, oh oui, montres-m'en un ! Moi aussi j'aime bien la magie, et tes cartes ça ressemble au monde d'Alice au Pays des Merveilles !

C'était la meilleure occasion pour placer une référence Disney. Ce film l'avait d'ailleurs toujours fait rêver, c'était son deuxième préféré, après Peter Pan (que ce soit le 1 ou le 2 !) évidemment. Elle se rappelait même avoir peur lorsque la Reine de Coeur criait. En plus, qu'elle était moche ! Une grosse madame qui n'arrêtait pas de hurler, quelle horreur !
N'empêche, Kaitlyn aimerait bien le revoir, ce film. Mais ici, elle ne pouvait pas; il n'y a pas la télé. Alors, elle se contentait d'admirer avec émerveillement tout ce qui se déroulait autour d'elle, une vie aussi ordonnée que dans Mille-et-unes pattes, avec tout le système qui va avec.

- Moi je crois que tout le monde aime la magie ! Mais je suis sûre qu'on t'aime plus, toi en ce que tu es, que par rapport à ce que tu fais. Non ? Moi je pense comme ça en tout cas.

Avait alors soudainement déclaré la Mère apprentie des Raccommodeurs, après avoir fini son cirque. Son ton était tout à fait honnête, elle aimait témoigner de la gentillesse pour autrui. Contente de ses paroles, elle fit un demi-tour, tournant le dos au Joker en un froissement de jupons.
Puis vite, vite, à la vitesse de l'éclair, voilà la petite fille déja assise sur un banc, juste en face du blond. Et elle attendait, un peu comme un chien qui réclame sa friandise, que Pit commence son tour, tenant Minnie tout près d'elle.

La proposition sembla ravir la petite Mère Apprentie. Le Joker sourit, puis sortit ses cartes. Il les fit claquer, les mélangea tandis que Kaitlyn racontait des trucs.

Qu’allait-il bien pouvoir faire ? Il avait l’embarras du choix, mais il opta pour un petit mélange japonais, ça faisait toujours un petit effet. Accompagné d’un défilement de cartes, ça aussi ce ne serait pas de trop.

Puis les mots de la jeune fille attirèrent l’attention du Chef, celui-ci la fixait. Les yeux semblèrent réfléchir longuement dans la contemplation d’une chose sans contour. Pourquoi est-ce que ça lui parlait un peu ? Il se remit à mélanger, jouant de l’agilité de ses doigts devenus experts à force. Comment avait-il appris ces tours ? L’esprit avait longtemps perdu les clés de cette réponse. Cette dernière avait été dévorée par l’Île. Mais le passé donnerait la solution suivante : il passait le temps comme ça. Pit passait les minutes ainsi lorsqu’il attendait dans une pièce qui n’avait rien d’un endroit sécurisant. Une chambre de motel, il y avait un temps entre les clients. Plus ou moins long, impossible de savoir. L’adolescent avait uniquement connaissance des horaires entre lesquels il devait être sur place.

Ça, le Chef n’en savait plus rien. Aucun souvenir. À part parfois une étrange impression, lorsqu’il faisait ses tours de magie : comme s’il était en train d’attendre. Par contre, jamais il ne saurait ce qu’il attendait. Un peu d’angoisse dans l’estomac à l’approche d’une porte, mais une fois ouverte, un soulagement.

Le Pion ne s’en rendait pas toujours compte. Mais le gamin dans la fosse et le Joueur ressentaient ça.

- Je pense que je suis ce que je fais, mais t’es toute gentille quand même, Kait’.

Un grand sourire, faisant défiler les cartes dans une guirlande sans être reliées entre elles. Passant de la paume droite à celle de gauche. Ta-daaaaa. Puis quelques mélanges, il montra une carte à la petite Mère Apprentie. Un quatre de cœur. Pit ne la voyait pas, cette carte. Juste la Candide en avait la connaissance.

- Retiens cette carte dans ta tête, ensuite je vais te la retrouver en mélangeant tout. Prête ?

Et hop, la carte fut ramenée sur le dessus du paquet, face cachée. L’ensemble fut coupé en deux. Puis les deux paquets furent réunis, glissés l’un dans l’autre. Dans un beau pharaon qui entama le mélange japonais. Les cartes semblaient mélangées dans tous les sens, des faces révélées, des faces cachées dans le même ensemble. L’anarchie. Pit coupa à nouveau, et ouvrit le tout en éventail. Toutes étaient face cachées à Kaitlyn, sauf une qui montrait son numéro à la fillette. Le quatre de cœur.

- C’est bien celle que tu avais vue ?

Grand sourire, sûr de lui.
Un tour simple, mais qui était jolie dans les mouvements effectués.

Les cartes qui claquaient auparavant dans les mains de Pit s'étaient arrêtées, alors que lui s'était mis à regarder fixement la Candide qui parlait. Il semblait accorder beaucoup d'importance à ses mots, mais la fillette était tellement occupée par son petit speech qu'elle n'y fit même pas attention. Sinon, elle lui aurait sûrement demandé pourquoi il la regardait comme ça.

- Je pense que je suis ce que je fais, mais t’es toute gentille quand même, Kait’.

Dur dur de se concentrer à la fois sur ce que disait le Chef des Raccommodeurs et les cartes qui semblaient voler toutes seules, bien à la queue-leu-leu, en léger arc de cercle, d'une main à l'autre. Kaitlyn retint un peu ses mots, le fait qu'il la trouve gentille la fit légèrement rougir, mais elle restait bien plus intéressée par les cartes.
Suivant ensuite les instructions que le Joker lui donnait, la petite Mère apprentie des Raccommodeurs fronça un peu les sourcils, restant attentive aux mouvements des petits bouts de carton rectangulaires et au "quatre de cœur" qu'elle devait retenir pour la suite. Elle acquiessa simplement, toujours avec un air excessivement sérieux, une fois qu'elle fut prête.

Puis, les cartes reprirent leur bal, tantôt eu un tas, tantôt en deux, mélangées d'une façon, puis d'une autre, pour enfin se retrouver en éventail. Seul la carte qu'elle avait retenu, le quatre de cœeur, n'était pas face cachée pour elle. Des étoiles dans les yeux, Kait s'exclama, en réponse au blond qui lui demandait si c'était bien la carte qu'elle avait vue :

- Voui, voui ! C'est celle-là !

Elle allait rajouter "C'est magique !" mais elle se ravisa. Évidemment que c'était magique. Sinon ce ne serait pas appelé un tour de magie.
De plus, la petite fille ne comprenait pas tous ces tours de passe-passe qui en fait étaient calculés. Si quelqu'un ne croyait pas à la magie, ou tout simplement voulait savoir comment cela marchait, il pourrait lui aussi apprendre. Mais non, pour Kaitlyn, c'était juste magique. Point. Elle ne cherchait pas plus loin. Cela faisait simplement parti d'une des choses qu'elle trouvait belle sur l'Île, ou qu'elle aimait beaucoup. La magie, telle qu'elle soit.
Et Pit, aussi. Parce que lui aussi, elle l'aimait beaucoup. Comme elle aurait aimé un grand frère, en somme.

Un temps passa, où elle sembla réfléchir, pensive. Elle devait demander autre chose, par rapport à ce qu'il avait dit en premier, ce qu'elle fit. D'un air sérieux, elle osa alors :

- Mais dis, ça veut dire quoi, penser que tu fais ce que tu es ? Euh... Non, c'était pas ça. Tu sais c'est un peu trop phisophique pour moi, je comprends pas tout...

Elle avait voulu dire "philosophique", mais ce mot était encore visiblement trop compliqué pour elle. Même ce qu'elle ne savait pas prononcer, elle le disait. Au moins, elle en connaissait déja la définition. C'était tout de même un bon début, car ce n'était pas le cas pour tout.

Le tour avait semblé plaire à la petite Mère Apprentie, le Joker en était satisfait. Il l’était facilement la plupart du temps, pour le moindre truc réussi, ou non. Mais ce qui garda l’attention de l’esprit distrait du Chef, ce fut cet air pensif que Kaitlyn affichait. Elle voulait encore demander une chose ?

La réponse était positive, la nouvelle interrogation tomba.

Une question vite balayée par une incompréhension à la philosophie. Pit rangeait ses cartes, tout en observant la Candide. Sans vraiment savoir quoi répondre dans un premier temps, finalement il eut une solution. Enfin, il était parvenu à trouver les mots qu’il cherchait.

- La philosophie c’est aussi trop compliqué pour moi, tu sais ? Alors mieux vaut suivre une pensée propre. Mais disons que… c’est une manière de voir les choses.

Une pensée propre, le Joker ne voyait décidément que la sienne. Une manière d’interpréter qui se modelait selon le besoin, du moins, pour que l’esprit ne soit pas froissé. Pour que les choses semblent être sous contrôle.

Le Raccommodeur en chef fit disparaître les cartes dans sa poche, avant de s’étirer un peu. Geste qu’il regretta à cause d’une douleur qu’il avait réveillée. Il dû poser une main sur ses côtes, mais fit en sorte de ne pas montrer une expression désagréable sur son visage.

- Je suis ce que je fais, c’est juste pour dire que ce ne sera jamais les autres qui pourront me définir. Que tout n’est que le résultat de faits que j’ai fait.

Il se dirigea ensuite vers la porte de la Mercerie, en invitant Kaitlyn à le suivre avec un large sourire. Comme si rien ne s’était passé, comme si était normal. Puisqu’il avait le Jeu sous contrôle. Puisque personne ne pouvait le diriger s’il ne le voulait pas. Bien sûr, il y avait toujours des pions qui voulaient monter en grade. Sans même savoir que le Jeu les avait déjà classés dans des cases. Mais le Joker avait cette assurance en lui-même, qui le rassurait sans cesse. Il les laisserait jouer, il ne ferait qu’une pichenette pour calmer ceux qui dérangerait le Joueur dans sa sieste ou sa contemplation.

- Kait’, je pense qu’on devrait gentiment aller voir Aphrodite, peut-être qu’elle a du boulot pour toi.

Occuper l’esprit de la petite, Pit pensait que la Candide réfléchissait trop à ce moment précis. Il faut préserver un peu la petite.

Kaitlyn restait ainsi, à regarder Pit avec des yeux ronds, attendant sa réponse. Il disait que la philosophie, c'était compliqué pour lui aussi, et il parlait de pensée propre, une manière de voir les choses... Et hop, Kait était déja perdue, si bien qu'elle ne vit même pas qu'en face d'elle, le Joker semblait mal en point.

- Je suis ce que je fais, c’est juste pour dire que ce ne sera jamais les autres qui pourront me définir. Que tout n’est que le résultat de faits que j’ai fait.

Les faits des faits qui sont faits pour être faits... La Candide n'en voyait plus le bout. Elle avait complètement perdu le fil et se contentait de hocher lentement la tête, ne savant pas exactement quoi penser à présent.
Elle suivit alors du regard le Chef des Raccommodeurs qui se dirigeait vers la porte de la Mercerie, l'invitant alors à la suivre.

- Kait’, je pense qu’on devrait gentiment aller voir Aphrodite, peut-être qu’elle a du boulot pour toi.

Ah oui, c'est vrai ! Pourquoi était-elle venue ici, déja ? Elle ne s'en souvenait même plus. Alors, elle choisit de docilement suivre Pit, passant alors la porte. Puis, elle se retourna vers lui, et, marquant une légère pose, dit alirs :

- Bon, eh bah, j'y vais alors ! Je sais pas si tu viens ou pas, si t'as du travail au final... En tout cas, je pars devant !

Demi-tour, encore. Puis, elle partit, regardant machinalement autour d'elle afin de voir si elle ne repérait pas Aphrodite -ce qui était négatif- avant de se diriger vers sa Cabane. Peut être qu'elle s'y trouvait.

Le Joker n’accompagna Kaitlyn que sur quelques pas, il finit par s’appuyer sur le cadre de la porte.

Oui, il avait encore du travail, et il devait se remettre de ses bleus. Il avait un monstre à créer. Doucement, mais sûrement. Un jour, ce sera presque mortel.

Un sourire étrange déchira le visage du Chef alors que la Candide disparaissait au loin.

Le Jeu se portait bien, le Jeu avançait. Des monstres naissaient. Du moins, il aimait juste se prouver une chose en particulier. Et puis, à force de se faire passer à tabac, on finit par s’y habituer. Mieux supporter. Peut-être légèrement moins amoché.

Le Joker souriait toujours, il riait toujours, même sous les coups. Après tout, si certains le détestaient, d’autres l’adoraient aveuglément. Et c’était là une de ses forces. Selon lui. Pour le moment, il y faisait attention. Avec bien entendu, plus d’importance à Peter Pan.

Pit retrouva ensuite place dans la Mercerie. Il se penchera sur quelques croquis.

Il avait une carte à griffonner grossièrement pour un pirate amateur de pieds.

Il avait un plan à planifier avec attention.

Il avait des marques à laisser à jamais. Parce que jamais on ne pourra le remplacer, non ? Jamais personne ne l’égalera sur la création, sur ses plans, sur sa maîtrise.

Selon lui. Puisqu’il était le seul joueur.