Fonctions :Masseur, suivi d'opérations en rééducation, connaissance en pharmacopée, s'occupe du suivi des patients les plus récalcitrants, aide à maintenir un semblant d'ordre et de calme avec Yell, alterne les veillées nocturne en l'absence de Soul.

Carnet de Santé: Insomnie, fatigue chroniques. Fumeur.

Owl est un drôle d'oiseau un peu moqueur mais toujours veillant, toujours veilleur. Un attentif en alerte sous fond de gouiaille nonchalante. Attitude bouclier qui le prévient peut-être aussi d'être trop approché. Chacun sa méthode de survie... à l'Infirmerie.
Leur ressemblance est indéniable; les mêmes cernes qui se creusent sans jamais disparaitre, le dos aussi voûté et l'air toujours, toujours fatigué. Owl et Soul aurait pu être frères, dans le monde Ordinaire. A tous les deux connaître la guerre, chacun dans sa jungle, chacun privilégiant la "vie" plutôt que la haine, à observer ce qui les entoure, une vigilance extrême aux attentions ponctuées, ponctuelles. Générosité jamais vraiment mesurée qu'ils dissimulent tous les deux sous des armes différentes. L'acidité des remarques pour l'un, esquisses de sourires pour l'autre. Oui. Ils se ressemblent. C'est aussi ce qui leur permet de se comprendre sans avoir à écouter. Ils se devinent et s'apprivoisent mutuellement, naturellement. Sans vraiment de retenue. Soul au côté de Owl a compris qu'il n'aie besoin de masque, que Le Masseur au regard pair voyait très bien au travers.
L'un de ses yeux lui renvoyait son reflet. Le même air fatigué de celui qui en a déjà bien trop vu. Et qui continue.


Il y avait bien eu cette fois où le Soigneur y avait été un peu fort dans ce qu'il avait administré, à la dure sans vraiment réaliser le danger, les conséquences que Soul connaissait par trop intimement. On ne donnait pas de l'alcool aux patients, pas quand ils se remettaient à peine de leurs plaies, même pour calmer la douleur. Il y avait d'autres méthodes, d'autres remèdes. Mais à l'Infirmerie, les erreurs n'étaient jamais rares, quand les enfants ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. On ne réservait l'alcool que s'il n'y avait pas d'autres choix, rien à portée pour compenser. Mais désormais, Owl, le savait. Chaque soigneur à l'infirmerie apprenait, continuait d'apprendre. Leur Chef  ne comptait plus ses propres bévues, celles de ses débuts. Était-on jamais vraiment formé à l'école du Grand Arbre? Tous faisaient ce qu'ils pouvaient. Et Soul tachait de partager ce qu'il avait assimilé, deviné ou expérimenté, s'échinant à éloigner le spectre de l'Oubli complet.

Ils se retrouvent dans le sommeil fuyant. Parfois (souvent) dans leurs veillées. Cigarette aux lèvres de Soul qu'Owl fumait aussi parfois, des rations de thé qui fusent et infusent sous leurs doigts. Il n'y a pas vraiment besoin de discuter. Soul sait qu'il peut compter sur ce drôle d'oiseau dégingandé, lui que les piques n'ont jamais atteintes, quelque soient leurs portées.
Et il voit aussi les sourcils froncés, Owl par trop concerné. Qui n'insiste pas, pourtant.
Le Chef des Soigneurs continue à sentir la pesanteur silencieuse de son regard. Owl n'a pas besoin de deviner, il sent, ils sont fait d'un même bois, seul l'essence et les ramages les différenciaient.
Mais Soul ne veut pas s'imposer, ne veut pas contaminer, même si Owl l'avait déjà été bien avant l'Île. Il ne veut pas peser sur ce fragile équilibre. Celui qui tangue tellement... pour lui; ces derniers temps.

Alors ils se reposent. L'un sur l'autre, sans s'imposer vraiment. Chacun veillant discrètement à ce que l'autre ne s'écroule pas totalement. Que ce soit sur une chaise, ou au coin d'un bureau, quand réclame sa ration de repos, ou quand l'âme s'est trop décharnée sur les maux.