Serait-il arrivé tant de choses si Diego avait été là ? Tandis qu'il avance Aeshna se questionne, s'interroge et pense à tous les arguments qu'il pourrait utiliser en cas de prochaine fois pour convaincre d'emmener avec eux le fidèle compagnon aux quatre grosses pattes. Car déjà pour sûr il aurait sans doute empêché le chien esprit de lui sauter dessus et le Huron n'aurait pas eu à paniquer de se sentir plaqué au sol par cette vengeance malicieuse. Et puis il n'y aurait pas eu non plus l'énergie gâchée sur tous ces pas en avant car la bête assurément l'aurait arrêté avant le plat de la main qui frappe l'arbre, et à ce son d'ailleurs il s'arrête, se retourne. Regarde de sa position le feu qu'il n'avait pas remarqué en passant – était-il là ? – et revient finalement dépenser son souffle sur ce chemin déjà emprunté. Ses pas sont douloureux et ses muscles tirent et grondent, Aeshna avance pourtant même si le froid veut le faire ployer, et il s'assied en face d'Ibijau, contemple les bras enfoncés dans le feu qui ne brûlent pas. Peut-il s'y risquer également ? Si le Delaware y parvient pourquoi pas lui ? Ce n'est pas sûr, grogne sa raison, et pour le moment il préfère rester immobile et observer la salamandre au creux des flammes qui semble presque se moquer de lui. Voilà qu'il l'entend même rire en crachant un "poule mouillée", car n'est-ce pas ce qu'il est ?

Remonté par cette insulte qu'il a plus que certainement imaginé, le voilà qui imite son compagnon. La chaleur sur sa peau le fait sursauter et il va retirer ses membres du brasier quand il se rend compte que ça ne lui fait pas mal. Alors il ne bouge plus. Sa tête est légèrement penchée sur le côté et ses yeux ne quittent pas la chaleur qui l'enveloppe, il a peur peut-être un peu, après tout il a les mains dans les flammes, pourtant l'absence de douleur parvient à le rassurer assez pour qu'il reste là immobile. Pour qu'il accepte un petit temps de repos.

Retrouverons t-il vite la sortie de ce monde ? Il aimerait pouvoir dire que oui mais il n'en est pas si certain, même avec cette aide étrange dont ils bénéficient à l'instant. Un cadeau des esprits ? Il n'en a pas vu un seul depuis qu'ils ont atteint le froid, la neige et le Blanc mais il est possible non qu'ils soient là à les regarder ? Encore une question qu'il ne prononce pas à voix haute, un mystère à résoudre par lui même. Aeshna cependant ne se torture pas la tête et commence d'abord par le plus important, laisser le feu réchauffer son corps et ses vêtements. Peu à peu il cesse d'ailleurs de trembler et s'il s'écoutait il repartirait aussitôt pour se tirer de cette galère (c'est sûrement comme ça qu'aurait dû se nommer leur expédition) le plus vite possible. Ça commence à bien faire faut dire des changements de paysage et de climat d'un pas à l'autre, le Rêveur n'aime pas ça et en plus il n'a pas la patience légendaire alors il fait de son mieux pour ne pas s'agacer et attendre qu'Ibijau soit prêt à se remettre en route.

Non en fait il n'attend pas vraiment. Il compte jusqu'à cent dans sa tête, s'agite et puis recommence et finalement se met debout, au moins ses jambes sont de nouveau toniques et plus deux morceaux encombrants qu'il traîne pas après pas et son pantalon est chaud et confortable, cette pause aura quand même eu ses avantages.

"On devrait y retourner."

Ce n'est pas un ordre, avec ou sans toi je m'en vais, c'est ça qu'il veut dire parce que lui il refuse de rester ici encore plus longtemps. Et si Ibijau ne veut pas venir maintenant ? Il l'attendra à la sortie voilà tout – si tant est qu'il la retrouve. Ah, ça ne devrait pas être si compliqué, il a qu'à marcher tout droit et ne pas s'arrêter jusqu'à retrouver le ciel d'or liquide et les arbres à l'inconstance étonnante. Pourtant il a juste fait un pas qu'il jette déjà un regard vers l'arrière et ça lui vient de Mellow ça, Mellow qui disait tout le temps qu'on ne laisse jamais tomber un copain. Est-ce qu'Ibijau est un copain ? Oui. Non. Peut-être. Diego l'aime bien. Et il râlerait sans doute d'abandonner le Delaware, Aeshna le connaît, alors c'est pour ça qu'il l'attend, pour repartir ensuite, calé sur son rythme. Il lui a laissé la salamandre. Elle a l'air bien là où elle est et lui a si peur de la casser par un faux mouvement... Il suffirait qu'il tombe après tout, qu'il tombe et s'écrase sur elle et lui fasse trop mal pour qu'elle survive, et alors Aeshna s'en voudrai toute sa vie.

Mais ça peut mourir un esprit ?

Question inutile puisqu'il l'a confiée à son compagnon de route qui maîtrise un peu mieux ses pieds que lui, quoiqu'il est important sans doute de la noter dans un coin de sa tête au cas où il serait amené à revenir. Ce qu'il n'espère pas, bien entendu. Oh, d'ailleurs il a bien fait de penser à tout ça parce que pendant qu'il le fait ça fait passer les pas en avant et le paysage se remet à changer. Revoilà par exemple l'herbe sous ses pieds et la chaleur qui remplace le froid et Aeshna se sent déjà beaucoup mieux.

"On y est presque." T'as vu Ibijau on y est presque ?

Presque sortis de cette galère, presque revenus au monde réel. Enfin, il a murmuré surtout pour lui même parce qu'il meurt d'envie de rentrer et de se reposer pendant des années entières. Et de prendre Diego dans ses bras pour le serrer de toutes ses forces.

"Toi aussi tu en as une de salamandre ?" Il est curieux finalement le Huron, mais quand il voit comme la petite bête a l'air calme contre lui il se dit surtout qu'il doit en avoir une non ? Comme lui avec les chiens, c'est depuis qu'il a Diego ou depuis avant mais en tout cas c'est dans son instinct maintenant. "Moi j'ai Diego et je veux rien d'autre." C'est un Terre Neuve Diego tu sais ? Il a quarante-deux dents tu sais ? Il a deux couches de poil tu sais ça aussi ? Il y a plein de choses que Aeshna sait sur Diego mais quand il commence à parler de lui il ne s'arrête plus. C'est son chien après tout, le chien qui a été amené pour lui et pour l'aider et qu'il a appris à aimer plus que tout. Le chien qu'il va retrouver vite, il lui suffit de... passer dans la brèche une seconde fois. Elle est si proche maintenant, il n'a qu'à tendre la main et il pourra la toucher. Il devrait peut-être sauter dedans comme ils l'ont fait une fois déjà non ? Ou pousser Ibijau dedans, après tout il y est déjà passé le premier...

Demeurer auprès des flammes ne le dérange pas. La chaleur qui réchauffe ses membres est agréable, assez pour que ses muscles se détendent. Une fois les bandages secs, Ibijau prend le temps de les retirer pour les refaire, avec application. Il y a un ordre, des règles très claires sur ce qui doit être fait. Les énumérer dans sa tête a quelque chose d'apaisant, assez pour qu'il ne fasse plus attention à ce qui l'entoure. La créature lovée dans le feu se prélasse avec paresse, tandis qu'Aeshna s'approche. Contrairement à son compagnon incertain au sein de ce monde, Ibijau est prompt à lui pardonner les épreuves qu'ils viennent de traverser. Après tout, les esprits ne peuvent pas être foncièrement mauvais. Et chaque défi doit être relevé la tête haute. Son œuvre achevée, l'adolescent teste son poignet, avec un mouvement lent, pour vérifier que tout est bien attaché. Ses doigts sont une autre histoire, bien qu'il juge que ça ira.

Déjà la voix s'élève, en un encouragement à quitter les lieux au plus vite. Décider pour les autres, en voilà une façon d'agir impolie. Pas que le Rescapé puisse se vanter de mieux faire. Malgré tout, au lieu de s'élancer après l'aîné, il se contente d'enfiler son haut avec des gestes calculés. Autant ne pas aggraver l'état de son corps. Pourquoi quitter ce monde où le ciel brille bien plus que dans leur monde, avec une myriade d'étoiles et de soleils à la fois ? S'allongeant un moment sur le sol, Ibijau se demande si tout ce qu'ils ont affronté jusque là n'était qu'un jeu, une façon de leur faire comprendre l'importance de bien accomplir leur mission. Ce n'est pas si crucial, du moment que la salamandre rendre avec eux.

Pars devant, il pourrait dire, si Aeshna s'était donné la peine de l'attendre en premier lieu. Les règles du temps et des distances sont si abstraites dans ce monde, qu'en se relevant, le cadet réalise qu'il est seul. Enfin, pas totalement. Ah non, pas si loin. Ibijau aimerait bien le laisser s'enfuir, si ça lui importe tant. Lui, il n'a pas peur de la mort, de s'égarer jusqu'à la limite de l'infini. La salamandre grimpe sur son épaule, paraissant aussi embêtée qu'il ne l'est à l'idée de quitter leur cocon de chaleur. Le voyage est bientôt terminé, n'est-ce pas ? Ibijau passe ses mains entre son regard et le ciel, appréciant les reflets que ça provoque. Un moyen comme un autre d'apaiser ses pensées.

Un pas, puis un autre.
Le monde change, juste un peu. Ce n'est plus la foret enchantée qui les protégeait du reste. Ibijau ne regarde pas en arrière, sachant pertinemment que rien de ce qu'ils abandonnent derrière lui ne pourrait lui apporter satisfaction. On y est presque, que l'autre balance, comme si c'était une délivrance, l'aboutissement d'une vie. Le plus jeune ne comprend pas, n'essayant même pas pour être honnête. Est-ce que le Huron est incapable de discerner la beauté d'un lieu sans hommes ? Courir dans l'herbe et profiter du moment juste un peu plus, ça serait bien. Enfantin aussi, il suppose. Ses doigts frottent la peau rougie sur son front. Ibijau parvient à mettre en bataille sa frange encore humide pour le cacher. Autant ne pas avoir l'air de s'être mangé un arbre.

Bien que ça soit également ce qui vient de se produire.

« Toi aussi tu en as une de salamandre ? »

Pourquoi poser une telle question ? S'il possédait un esprit, Ibijau n'aurait pas hésité à lui en parler, juste un peu, pour prouver qu'il est une meilleure pièce rapportée que l'aîné. C'est ridicule, de toujours souhaiter le battre à tout ce qu'ils entreprennent. Fatiguant aussi, pour le plus jeune.

« Je suis un Delaware, » la phrase sous-entend qu'il aura un soutien le jour où il en sera digne. Qu'il ne se contentera plus de n'être que le fantôme de Slumber. Il n'a rien à ajouter, pas même lorsque la salamandre presse sa tête contre son cou l'espace d'un instant. Hmpf, il n'a pas besoin d'être rassuré. Peut-être que le message est mal interprété aussi, c'est secondaire.

S'avancer le premier ne serait pas complexe, une seconde fois. Son corps pivote, se plaçant entre Aeshna et la fissure. Et, ignorant la douleur déjà présente dans son crâne, il attrape ses habits d'une main, le tirant brutalement vers lui. Leurs fronts se touchent, trop fort, en un coup. Le Bélier communique ainsi son mécontentement. Il n'y a pas que ça dans le fond. Trop de sentiments d'un coup. Le Huron a prouvé sa valeur, tout en étant une épine douloureuse pour l'adolescent. Il ignore comment lui dire sans avoir l'air fâché. Il ne l'est pas, en vérité. Peut-être un peu, voilà tout.

« N'aie pas peur. Ce monde est pur. »

Rien ici n'est leur ennemi, pas au sens où on l'entend dans l'autre monde. D'un mouvement brusque, l'adolescent se recule, absorbé par la fissure pour revenir dans ce qui est leur demeure. Son esprit essaye d'absorber ce qui s'est produit, le paysage qui a disparu en l'espace d'un instant. Cette fois, Ibijau s'écarte immédiatement, n'ayant pas envie qu'Aeshna le heurte une fois encore. La salamandre est toujours là, baillant avec paresse contre son haut. Bientôt, elle retrouvera l'ami dont elle s'est éloignée, et tout rentrera dans l'ordre.

« Aeshna. Un idiot, hm ? » Il s'autorise à le dire à la petite créature, profitant que l'aîné ne soit pas encore à leurs côtés.

Un idiot utile. Parfois. Et pas si terrible.

La réponse n'est pas des plus convenable et Aeshna déteste le fait de devoir deviner ce que ça veut dire vraiment. C'est qu'il n'a jamais été doué pour ça, les devinettes, et forcément à l'instant même où elle est prononcée il a le cerveau qui s'active pour comprendre ce qui a bien pu être sous-entendu. Oui ? Non ? Peut-être ou pas encore ? Quand il y pense il ne l'a jamais vu avec une salamandre, mais est-ce que tous les esprits ont une forme physique ? Enfin constamment ? C'est un sujet qu'il ne maîtrise pas, habitué au concret des mondes dans lesquels il a vécu (et il s'entend que celui d'où ils viennent l'est bien plus que celui dans lequel ils avancent depuis tout ce temps). C'est toutefois intéressant et intriguant, et le Huron posera sans aucun doute les questions qui le taraudent une fois rentré au camp, quelqu'un saura bien lui expliquer non ? Les plus anciens doivent connaître beaucoup de choses qu'il ignore, c'est logique après tout. Manquerait plus qu'il n'ait plus rien à apprendre il s'ennuirait énormément. Quoique parvenir à comprendre les actions ou réactions des autres est déjà en soi un apprentissage infini, pas la peine de trop s'inquiéter de ce fait.

Se faire attirer de la sorte contre le corps de plus jeune n'a rien d'agréable. Aeshna sent contre son front une chaleur à peine supportable et s'il n'était pas si crispé de ne pas comprendre ce contact impromptu il le repousserait sans doute avec toutes ses forces. A croire qu'Ibijau profite de l'effet de surprise, quoique ce n'est pas vraiment étonnant au contraire des mots qu'il lui offre. Pourquoi lui dire ça ? Le Rêveur n'ose même pas respirer alors demander... Il le laisse avant tout s'écarter et récupère son corps, il n'avait pas remarqué qu'il serrait ses poings si fort. Et puis l'adolescent disparaît et par bravade sans doute il envisage de le faire rien qu'un peu poireauter. Toutefois ça ne serait pas correct et il s'avance vers la fissure, mais alors qu'il va y passer un mouvement à ses côtés attire son regard.

C'est l'esprit, le chien, et Aeshna se demande où Ibijau à laissé l'autre, celui qui montait sur sa tête. Seulement la question s'efface vite car la bête semble être venue pour lui, pour lui dire au revoir, et il s'autorise à s'accroupir. C'est automatique et l'animal vient se presser contre lui, renifle son cou comme le fait si souvent Diego et trouve même le petit coin de peau qui, quand on l'effleure, est susceptible d'arracher un très léger rire à son propriétaire. Et effectivement c'est ce qui arrive avant qu'il ne se relève, et après avoir pressé ses doigts au creux des poils épais, il se recule dans la brèche. Son corps est happé vers l'arrière et il sursaute presque d'être de nouveau dans l'autre monde. Aussitôt il pose son regard sur Ibijau et soupire un peu, la salamandre est toujours là et rien que ça c'est comme une réussite. Mais maintenant ? Maintenant qu'est-ce qu'ils font ?

"On rentre ?" Chacun de leur côté ? Ensemble ? Il ne sait pas. "Est-ce que je dois venir avec toi pour la ramener ?" Il n'aime pas vraiment cette idée, il n'a pas envie de se retrouver au milieu de tout un tas de personnes qu'il ne connaît pas et surtout il souhaite retrouver Diego au plus vite. Oh pauvre Diego comme il doit être triste tout seul près de son lit vide... C'est qu'il ne traîne pas trop dehors quand il est tout seul, pas habitué à être séparé de son maître... Enfin toujours est-il que le Huron apprécierait grandement ne pas avoir à suivre le Delaware jusque chez lui ! Enfin pour le moment ils peuvent bien faire un bout de chemin ensemble n'est-ce pas ? Le problème c'est qu'il a toujours autant de mal pour se repérer Aeshna, et il tourne la tête à droite et à gauche avec l'air soucieux au fond des yeux.

"C'était bien d'être à deux." Il prononce comme un merci ou un truc comme ça.

Ah, l'arbre là bas à côté du gros caillou, il ne l'a pas vu en arrivant ? Il s'avance vers lui, si c'est le bon chemin il reconnaîtra certainement.

L'attente n'est pas spécialement une punition. Au contraire, ça lui donne de temps de remettre les morceaux de son esprit ensemble. Le ciel est d'une couleur, les arbres d'une autre. La magie de l'autre monde s'en est allée le laissant pensif un moment. Retourner tenir compagnie aux esprits ne le dérangeait pas, qu'importe que ça soit aussi éprouvant. Ibijau est parvenu à accomplir plus pour les Delaware qu'au sein des soigneurs, c'est l'impression que tout ça lui donne. Les missions, il n'en acceptait que rarement, souvent pour faire plaisir à d'autres, et jamais il n'a été en première ligne, pas avec un tel contrôle. L'adolescent ignore si ça le dérange ou non, s'il souhaite se lancer dans l'aventure une seconde fois.

Slumber avait peu de courage, et lui a trop d'inconscience, sans l'ombre d'un doute. Un besoin qu'on le remarque, de ne pas s'effacer face à ses rivaux. Aeshna est certes un adulte, tout en restant un semblable encombrant qui lui donnera toujours l'impression qu'ils étaient ensemble autrefois, uniquement pour se perdre de vue. L'autre prend son temps, et la pensée lui vient qu'il s'est peut-être égaré. Ces moqueries dénuées de sens lui viennent de plus en plus, et Ibijau songe qu'elles étaient présentes dès le début sans qu'il ne les écoute.

Le voilà, le héros sensible qui a enfin daigné le rejoindre. Un moment, le cadet n'est pas certain de qu'ils vont faire à présent. Les possibilités sont loin d'être infimes, pourtant se concentrer sur leur existence est épuisant.

« Est-ce que je dois venir avec toi pour la ramener ? »

Sa tête effectue un lent mouvement de droite à gauche. Un refus poli, quoique silencieux. Aeshna n'a guère besoin de l'accompagner, il se contentera de dire qu'il a été utile aux siens. Après tout, ils ne sont pas du même clan, et encore moins des amis. L'adolescent autorise la salamandre à escalader un peu plus le tissu de ses vêtements jusqu'à trouver un lieu confortable pour le retour. Le chemin ne sera pas une corvée, du moment qu'il est seul.

« C'était bien d'être à deux. »

Pas vraiment, pas toujours. Ibijau ne partage pas l'avis de son aîné, sans parvenir à le rejeter totalement non plus. Il répond à sa manière, en l'observant juste un moment, avant de baisser la tête. Le sol aussi est différent, et la sensation du sable ou de l'herbe de l'autre monde était si différente. Le Rescapé présume que ça va lui manquer.

Il ne prend pas spécialement le temps d'attendre de voir où va se diriger son compagnon pour s'éloigner. Après tout, Aeshna a prouvé qu'il peut être digne de confiance, de temps en temps. Et puis, s'il se perd, Diego viendra le récupérer. Le chien est intelligent et brave, lui. Ibijau est déçu de ne pas l'avoir croisé, bien que ses pattes n'auraient pas appréciées le sol brûlant puis glacé. La salamandre ne l'embêtera pas pendant le voyage du retour, au moins.

Ibijau ne se retourne pas, ayant déjà décidé que l'aventure était derrière lui.