Le Grand Arbre semble grincer un peu. Ses multiples branches et son âge vénérable font qu'il est capable de se concentrer sur une multitude de choses à la fois. Il parvient ainsi à repousser un pivert, à rectifier la trajectoire d'un enfant sur le point de tomber, et à prêter attention à la question d'Étincelle.

— Qu'en sais-je ? Je ne crois pas me souvenir d'un temps où j'étais petit.

Un silence uniquement ballotté par le vent les enveloppe.

— Mais à ta place, si j'étais si petit et si original, j'en profiterai pour aller où bon me semble. A quoi bon vivre quelque part lorsqu'on peut aller partout ? Moi, je ne peux pas, je suis la maison de centaines d'enfants. De toutes façons, je connais tout de ce monde. Alors que toi, je suis certain que tu n'en as vu qu'une toute petite partie. Les arbres se sentent bien là où bat la vie. C'est pour ça que je suis bien ici.

D'ailleurs, en tant que plante, Étincelle doit entendre un lointain battement, très sourd, très profond dans la terre. Le coeur du Grand Arbre.