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Mère
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MessageSujet: Nocturnes   Nocturnes EmptyJeu 9 Juil 2015 - 15:21


Il y a des soirs, comme ça. Des soirs où ça colle à la peau. Où ça veut rentrer, sortir des pores. Trouver un échappatoire, un exutoire, je ne sais pas trop. Mélancolie, peut-être. Ou autre chose. Mais vous le savez, non. Cette gemme-là. L’état d’âme. Je n’examine pas ce qui lui arrive, mais je sens qu’il s’agite. Qu’il a besoin de quelque chose que je ne peux pas lui donner : je ne donne jamais rien.

Quelle idée de mettre ainsi une âme dans une boîte en forme de moi.

Le jour, la chaleur est accablante. Elle me berce, m’endort. Si bien que quand la nuit vient, mon corps ne se dispose plus au sommeil. Il cherche la fraîcheur, le contraste. C’est pour cela que je sors, au Bassin. Que je m’y avance, que je laisse la nuit m’enlacer. Il y a, glissée sous ma robe, une bouteille d’alcool que m’a tendu un Garçon Perdu aventureux, espérant sans doute qu’on en boive ensemble. Je me souviens l’avoir remercié et congédié. Les grandes espérances seront la perte des hommes.

Parfois, j’y croise des autres Mères mais l’endroit, en ce soir particulier, semble étrangement désert. Il y a un arbre, près d’un étang un peu à l’écart. Je m’y adosse, observe la surface aqueuse que personne n’a l’air d’avoir songé à recouvrir. Peut-être les Enfants craignent-ils plus la nuit, depuis qu’elle s’est faite infinie.  

Brièvement, je repense au tyran, au moment où il me demanda si j’avais eu peur, comme eux. Mais la peur, toute la peur est un sentiment trop fort pour moi. C’est pour cela que je sors, qu’il n’y a rien à cicatriser en moi.

Ou tout, peut-être. Je ne sais pas.

Dans mon état comateux, sous mon regard bordé de noir, j’aperçois un mouvement. Quelqu’un d’autre, insomniaque ou que sais-je mais quelqu’un. Que j’observe en battant des cils, que je guette comme un animal territorial. Jusqu’à ce que la silhouette se précise, qu’elle m’apparaisse encadrée des lueurs du Grand Arbre. Que je la reconnaisse.

Poupée de porcelaine curieuse.

- Bonsoir.

D’un geste lent, j’invite la Mélodie à me rejoindre. Peut-être est-elle à nouveau venue m’observer.

Dans la pénombre, cela ne sera pas facile.
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Ancienne Perdue
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MessageSujet: Re: Nocturnes   Nocturnes EmptySam 11 Juil 2015 - 0:07


Nocturnes 846671Sanstitre

Les souvenirs brumeux dansaient devant ses prunelles de jade.

Non, vraiment. Harmony n’était pas parvenue à fermer les yeux, ce soir-là. Pensait-elle inconsciemment que la Nuit Éternelle était toujours présente ? C’était une bonne excuse pour justifier son insomnie. La jeune fille poussa un léger soupir, les yeux clos, avant de se redresser silencieusement. Elle avait besoin d’air. Qui plus est, la chaleur étouffante qui encerclait l’île depuis la fin de la Nuit du Croquemitaine lui donnait une raison valable pour s’aventurer hors des Cabanes.

Elle fut comparable à une âme errante, tournoyant autour du Grand Arbre. L’artisane avait besoin de marcher, de fouler le sol, de voir la vie autour d’elle. Tout était silence, mais son regard s’accrochait sur le moindre buisson, la moindre fleur et feuille, la moindre herbe sauvage qui se trouvait dans son sillage. Il y avait de la vie. Inexorablement, la mort suivait à son tour. La birmane ne savait pas réellement pourquoi elle souffrait tant que cela, depuis qu’elle avait affronté de près les horreurs du Croquemitaine. Elle détestait cet état de souffrance psychique. Elle savait pertinemment que la souffrance était une partie intégrante de la vie humaine, et c’était pour cette raison qu’elle préférait encaisser et passer outre, plutôt que de s’attarder sur ce qui aurait pu être. Alors elle marche, elle erre pour se changer les idées. Jusqu’à finir par rechercher un endroit plus frais, ou elle pourrait enfin se détendre. La chaleur l’empêchait d’avoir les idées plus claires. Plus apaisées.

L’Esprit Nuit ne daignait pas décliner, et cette constatation fit soupirer la Mélodie. Tout était lent, cette nuit. Même son fredonnement, qui n’était audible que pour ses oreilles. Depuis longtemps, elle ne se surprenait plus à se demander l’origine de ses chants. Elle les avait entendu de paysans qui travaillaient aux champs, dans le temps. Dans un temps qu’elle ne saisissait de loin plus.
Guidée par les lueurs du Grand Arbre, la Chef finit par s’égarer à l’est de la base des Perdus, jusqu’à arriver au Bassin, lentement mais sûrement. A vue d’œil, il était désert. Étrange, pour un soir aussi lourd. Pourtant, une silhouette se dessina bientôt. Adossée à un arbre, un peu plus à l’écart, à l’ombre des éclairages du Grand Arbre. Harmony mit du temps à deviner de qui il s’agissait, sous l’œil de l’astre lunaire. Le timbre de voix qu’elle entendit, émané de l’objet de son attention, lui permit derechef d’identifier à qui elle avait affaire.

Mère nonchalante, qui fit un geste las à l’attention de l’artisane en Chef. Un simple bonsoir, et un simple geste qui invitait la jeune fille à s’approcher. C’était bien. Elle n’aimait pas s’imposer. Elle aurait été mal à l’aise, si elle avait dérangé la jeune Mère. Pouvait-on seulement la déranger ?

La Mélodie s’approcha, avant d’incliner légèrement la tête à l’attention de la Poupée.

- miN ga la ba shiN, Love.

Intérieurement, elle tiqua. Elle n’avait pas pu dire bonsoir en anglais, non. Elle s’était bien trop perdue dans ses pensées pour y songer avant de délier sa langue.

Harmony finit par s’asseoir au côté de la Mère - dans une proximité qu’elle voulait correcte. Ni trop prêt, ni trop éloignée. Elle ne voulait pas s’imposer, voilà tout.
Silence.

- Tu n’as pas sommeil, toi aussi ?

Sourire, malgré cette stupide question qui en serait presque rhétorique.
L’artisane en profita pour reposer son regard vers la Lascive. Difficile de savoir si elle guettait une réaction, ou si elle souhaitait faire comme à son habitude. Observer, en silence.
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MessageSujet: Re: Nocturnes   Nocturnes EmptyDim 12 Juil 2015 - 13:08

Harmony m’adresse un signe de tête et je la regarde, vide d’expression et de coeur. Elle est particulière, la Mélodie. Avec son exotisme exacerbé, ses gestes précieux.

- miN ga la ba shiN, Love.

Son langage incompréhensible.

Je tourne lentement la tête vers elle, si peu étonnée, si peu intriguée. Je ne l’ai pas comprise... et alors. C’est ça, le problème avec moi : tout me glisse dessus, tout me traverse et c’est si dur de m’atteindre.

Répondant à mon geste, la Cheffe vient s’asseoir à mes côtés. Ce n’est pas la première fois, non, qu’elle le fait : mais c’est plus rare que je l’invite, que je lui dise explicitement d’approcher. Ce pourrait être pratique : à défaut de l’eau du Bassin, ses yeux conviendront pour me miroiter.

- Tu n’as pas sommeil, toi aussi ?

Qu’elle est vide, cette question. Qu’elle est inutile, qu’elle me ressemble. Sans prendre la peine d’y répondre immédiatement, je tire d’une poche le paquet d’allumette, le tabac et les feuilles que je roule pour assembler une énième cigarette. Qu’elle est monotone, mon existence. Qu’elle est bête.

Une succession de gestes et le bâtonnet a pris feu. Je le porte à mes lèvres, inspire avec volupté, garde la fumée en moi quelques instants. Lorsque j’expire, une fumée bleuâtre vient danser au-dessus de l’eau de l’étang.

- En quelque sorte.

Le silence s’étend, ponctué par le son que produit l’air dans mon corps creux, ma respiration. Je ne regarde pas ma comparse, me concentre sur le soir ébène, les quelques lucioles qui dansent, servent de lanternes. Puis quand je me lasse - fatalité - je laisse échapper un bâillement silencieux, pose à peine sur mes lèvres rouges ma main manucurée.

- À croire que, quoique l’on fasse, cela se terminera toujours ainsi.

Un temps. Ça me fatigue, d’énoncer. Tous ces mots en suivant.

- Moi qui ne fait rien et toi qui me regardes.

Est-ce vraiment si étonnant ? Mon magnétisme, je l’ai travaillé. Je l’ai mérité aussi, j’ai vécu ma vie. Mais c’est sans importance au fond, c’est intriguant que la poupée de porcelaine s’y croche sans pour autant me donner l’impression de s’approcher.

Un léger haussement d’épaules.

- Cela n’a aucun sens.

Cela n’a pas d’importance.

D’un geste lent, je récupère la bouteille d’alcool que j’ai coincée entre ma peau et la bretelle de mon soutien-gorge. C’est une petite flasque, à vrai dire. Mais peu m’importe. Je débouche le récipient, hume l’odeur du rhum pêcheur et violent qui y est contenu.

Je buvais parfois, sur Terre. Avant les cours, parfois pendant. Et jamais seule, non. C’est pour cela que je porte le goulot à mes lèvres, avale une gorgée de poison brûlant. Le goût m’est égal, ce qui me plaît c’est la destruction.

Puis je me détache de la flasque, jette un regard à celle qui m’accompagne.

- Tu en veux ?
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MessageSujet: Re: Nocturnes   Nocturnes EmptyMer 29 Juil 2015 - 21:24

Lente est la réponse et les gestes. Pourtant, l’Artisane ne décrocha pas un mot tandis ce que Love accomplissait ses gestes, comme un petit rituel maintes fois réalisé. Son regard glissa sur la surface aqueuse qui reflétait le sourire de la lune, puis sur les arbres qui peuplaient les environs. Elle s’occupait, tout simplement. Elle attendait la réponse. Harmony finit par reposer un regard en coin sur Love, lorsque cette dernière eut inspiré une bouffée de cigarette et finit par répondre à sa question. Puis, elle enchaîna, jusqu’à ce que son ton soit affecté par sa soudaine lassitude. La birmane continua son observation, comme si elle cherchait à percer un mystère qui n’existait pas vraiment. Love était si difficile à cerner. Alors, pourquoi s’acharner ?

- C’est vrai.

Peut-être parce que sa curiosité envers le genre humain l’y poussait. Ou qu’elle était persuadée qu’il devait bien y avoir quelque chose dans cette boîte. Ce n’était pas possible de bouger, de parler, sans une âme. Enfin, ce n’était qu’un avis silencieux propre à la Mélodie, qui finit par pencher la tête en avant, mince sourire aux lèvres.

- Beaucoup de choses n’ont pas de sens. Je ne saurais même pas te dire pourquoi je continue à t’observer. Par curiosité, peut-être...

Ou pour tout autre chose.
Elle-même considérait que ce qu’elle faisait - à détailler Love du regard, n’avait pas de sens. C’était abstrait. Elle cherchait quelque chose, sans plus. L’asiatique supposait beaucoup de choses sans aller plus loin, et elle en était parfaitement consciente. C’était une règle invisible qui l’en empêchait ; celle de ne pas déranger les autres pour des suppositions. Alors, elle préférait vérifier d’elle-même. Attendre qu’elle devine quelque chose. De toute façon, elle avait tout son temps.

Elle coupa court à ses pensées effilochées, lorsque Love lui invita à boire le liquide contenu dans sa petite flasque. Sans répondre, Harmony détailla la petite bouteille d’un regard sceptique après avoir reconnu l’odeur de l’alcool. Ce n’est qu’après un temps qu’une main gracile, abîmée par le travail manuel, attrapa la petite flasque de rhum. La rapprochant de ses lèvres, l’artisane secoua doucement la petite bouteille, sans raison apparente. Elle hésitait, c’était évident. Mais elle soupira, et fit le pas. Le bouddhisme punissait la consommation d’alcool. Mais même si la jeune fille avait été élevée dans ces principes, elle ne pouvait pas se souvenir de tout. C’était impossible. Et cette faille lui offrit une excellente raison d’avaler ces gorgées de poison.

Gorgées brûlantes, fortes, au goût prononcé, qui lui arrachèrent une étrange mimique lorsqu’elle se détacha du goulot. Le goût du rhum glissait lentement sur sa langue, sans s’y détacher. Ce n’était pas un goût spécialement agréable, mais il était étrange pour Harmony. Familier ? Non, pas tant que ça. Tandis ce que le rhum réchauffait artificiellement son organisme, Harmony secoua la tête et tendit la flasque en direction de Love, dans un sourire qui frôlait l’amusement et le scepticisme.

- C’est mauvais.

Constatation. Pour autant, cela ne l’empêcherait pas d’avaler, éventuellement, une gorgée de plus. Si cela lui permettait de comprendre un peu plus Love... à sa guise. Elle avait de l’espoir.
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MessageSujet: Re: Nocturnes   Nocturnes EmptyMer 12 Aoû 2015 - 23:27


Elle sourit, la Mélodie, et son sourire est aussi gracile que ses gestes. Au Cirque, elle aurait pu être funambule si ce n’est pour ses mains abîmées, preuves de son travail. Je la sais Chef. Des Artisans, il me semble. Mais c’est peu important, au final.

- Beaucoup de choses n’ont pas de sens.

Comme moi, par exemple.

- Je ne saurais même pas te dire pourquoi je continue à t’observer. Par curiosité, peut-être...

Un sourire vient étirer mes lèvres écarlates. L’idée que mon charisme fonctionne au point d’attirer même inconsciemment me plaît. L’idée d’être observée, convoitée, cesser d’être ignorée. L’idée que les regards convergent sans que je n’aie rien à faire.

Oh, j’ai tant lutté pour être vue.

Elle saisit la flasque, hésite avant d’avaler à son tour. Son minois se déforme d’une grimace alors qu’elle me rend l’objet.

- C’est mauvais.

Je récupère la flasque, la rebouche avant de la poser dans l’herbe, entre nous deux.

- Le goût n’est pas important.

Je pense au Pirate auquel on a dérobé l’alcool. Le garçon me disait l’avoir tué, il s’en vantait, même. Peu lui importait que je sois indifférente, il devait se sentir si fier. L’une de mes mains s’attarde sur les contours de la flasque alors que l’autre s’occupe de ma cigarette. Mon corps est vide, à peine empli de fumée et d’alcool. Cela suffit, pourtant. Il n’y a de la place pour rien d’autre.

Je soupire.

Expire.

Reprend :

- L’important, c’est l’effet. La chaleur.

Un temps.

- Le brouillard.

Je ne dis rien de plus, savourant le silence quelques secondes. Puis je me tourne, cherchant Harmony du regard.

- Oh, je pense savoir pourquoi tu m’observes.

Ma main la plus belle quitte la flasque pour remettre mes cheveux en place. Ils sont lourds, mes cheveux. S’ils ne faisaient pas partie de cette apparence que j’entretiens, je les trancherai sans plus attendre.

- Ils le font tous. Et toutes.

Je repense au regard fixe d’Arrow, les premiers jours. À son coup. Au regard de Moony qui change. Celui de Soul qui fuit, celui de Pit qui me soutient. Je les collectionne, les regards. Comme des yeux dans un bocal.

- C’est normal.

Mon sourire se fait assuré, serein. Presque automatique bien qu’il s’efface quelque peu.

- Ceux qui me regardent veulent quelque chose de moi. Que je disparaisse, pour la plupart des filles. Que je leur apprenne, pour certaines autres. Que je les embrasse, pour certains garçons. Que je les touche, pour beaucoup.

Même si eux ne me touchent jamais.

Je me suis approchée de la Mélodie, sans la quitter des yeux. Et mes cils sont lourds, aussi. Presque aussi lourds que mes cheveux.

- Et toi, Harmony. Que veux-tu de moi ?

Je suis proche, très proche et je m’en rends à peine compte parce que j’attends. Je ne joue que peu avec des filles, mais son regard m’intéresse vaguement. Et à cet instant, je regrette de ne pas avoir encore le parfum promis, pour compléter l’impression.
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MessageSujet: Re: Nocturnes   Nocturnes EmptySam 3 Oct 2015 - 22:39

Le brouillard.

Avances-tu à ce point dans le brouillard, Love ?
Pensive, Harmony finit par croiser le regard de la Lascive. Elle essaie de l’interpréter, comme ses paroles. Comme s’il y avait un double-sens, à quelque part. Elle l’invente peut-être, mais la Mélodie y réfléchit. En vain. Peut-être que cela fait partie du jeu ? Alors, Harmony reste silencieuse tout le long. Elle regarde la silhouette qui se tient à ses côtés, puis ses prunelles se reperdent dans son environnement. Harmony jette un coup d’œil à la flasque qui la sépare de Love, songeuse. L’effet. La chaleur. Ça se tient. Mais le goût restait infect malgré tous les subterfuges qu’on montait pour passer outre.

Harmony releva les yeux, croisant à nouveau le regard de la jeune Mère. Et de nouveau, cela ne marche pas. Elle n’arrive pas à interpréter. Attentive, Harmony note dans un coin de sa tête les souffles de Love entre chaque parole. Cela lui semble si fatiguant, de respirer. C’est pourtant une chose naturelle, pour tous les êtres humains. On le fait sans y penser. Sans en avoir conscience. L’Artisane réfléchissait sans doute un peu trop. A tel point qu’elle ne remarqua pas avant l’heure la proximité soudaine de Love par rapport à la sienne. Ses prunelles se rivèrent alors dans les siennes.

- Je ne veux rien de particulier, répondit-elle dans un souffle.

Harmony tritura une mèche de cheveux qui s’était échouée sur son front, pensive, sans relâcher le regard de Love. Elle aurait bien aimé le comprendre, ce regard. En fait, elle aurait bien aimé comprendre la jeune Mère dans son entièreté. Mais c’était une manoeuvre sans doute bien trop compliquée.

Pour l’instant, elles avançaient dans le brouillard.

- Je ne souhaite rien de toi.

Rien de physique ou matériel, en tout cas.

- Je ne souhaite pas que tu disparaisses, et je ne compte pas te demander de me toucher, ni de... m’apprendre. Ce genre de choses ne m’intéressent pas, et elles ne durent pas éternellement. Si j’apprends, je risque d’oublier. Si tu me touches, ce ne sera pas éternel.

Harmony préférait de loin le concret. Alors que Love semblait se complaire dans son brouillard. Dans son flou. Le silence se prolongea un peu plus, durant lequel Harmony finit par redresser légèrement la tête avant de poursuivre sur sa lancée.

- Peut-être que je t’observe pour voir autre chose que le reflet que tu renvoies ?

Celui qu’elle renvoyait aux autres, ou aux aveugles qui ne désiraient voir plus loin que le bout de leur nez.

- J'aimerais te comprendre.

Elle ne pouvait dire les choses plus simplement que cela. Le sujet était bien trop complexe à ses yeux. Il possédait mille-et-une réponses, comme il pouvait amener mille-et-une questions supplémentaires. Pensive, Harmony attrapa la flasque, la déboucha et avala quelques gouttes du brûlant breuvage. La grimace ne disparut pas de son visage.

Et le goût était toujours aussi mauvais.
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MessageSujet: Re: Nocturnes   Nocturnes EmptySam 10 Oct 2015 - 16:59

Elle réfléchit, la Mélodie. Elle songe, j’attends sa réponse et lorsqu’elle revient nos regards se frôlent.

- Je ne veux rien de particulier.

Si proche que mon souffle pourrait se mêler au sien, si je ne soupirais pas à contretemps.

- Je ne souhaite rien de toi.

- Tu as tort. Je lui souffle doucement. Simple constatation, douce constatation. Et l’Artisane poursuit.

- Je ne souhaite pas que tu disparaisses, et je ne compte pas te demander de me toucher, ni de... m’apprendre. Ce genre de choses ne m’intéressent pas, et elles ne durent pas éternellement. Si j’apprends, je risque d’oublier. Si tu me touches, ce ne sera pas éternel.

Je ne vais pas me battre. Pas objecter, pas maintenant. Sans détacher mon regard de celui de ma comparse, je laisse tomber ma cigarette, l’écrase de la paume pour éviter qu’elle n’enflamme... les environs. Et ni elle ni moi ne parlons, le silence s’étend et je le laisse, lasse. Jusqu’à ce qu’Harmony ne reprenne :

- Peut-être que je t’observe pour voir autre chose que le reflet que tu renvoies ?

Il y a un sourire dans ma voix, un ricanement au coin de mes lèvres. Mais toute ma réaction tient en un rire, un tout petit rire dans la gorge. Amusé, rire d’oiseau moqueur.
Essaie donc, belle idiote. Viens voir le vide derrière le masque.

- J'aimerais te comprendre.

Gorgée d’alcool. De dégoût. Le sourire ne me quitte plus, comme celui d’un chat. Je ne me recule pas, garde la proximité. Qu’elle sente ma cendre, frôle mon néant. Et mes paupières, elles sont si lourdes et la chaleur si écrasante...

- Quel intérêt.

C’est d’un geste rapide - étonnement - que je lui prends des mains la flasque. Une gorgée de retard, une gorgée de plus. Je me recule pour la boire, me rassieds - plus proche qu’auparavant. Il y a de la chaleur, au bout de mes doigts, un goût de mort et de sucre dans ma bouche. Je passe la langue sur mes lèvres, mes ongles dans mes cheveux. Fixe à nouveau la Mélodie, douce harmonie qui ne comprend pas.

- Tu es Artisane, je crois.

Long battement de cil. Mon regard se perd au fond, tout au fond de l’eau noire du Bassin.

- Tu fabriques des choses. Comme Moony. Des objets. Du concret.

Un temps.

- Et pourtant tu t’intéresses... au vide.

Je soupire. Déjà ma cigarette me manque.

- En observant, tu n’obtiendras rien de moi. Mais tu le sais sûrement.

Elles ne bougent pas, les eaux. Elles sont stagnantes et sombres dans l’air étouffant de la nuit. Lorsque je me lasse de les contempler en me taisant, je me tourne à nouveau vers Harmony.

- La connaissance n’est pas éternelle. Ce que tu crois apprendre de moi, tu l’oublieras. Les autres l’ont compris, c’est pour cela que ce qu’ils veulent... de moi... est éphémère. Mais profitable.

Une autre gorgée. Je m’engourdis. Sourire flou.

- C’est là, mon coeur, la seule manière d’obtenir quelque chose de moi.
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MessageSujet: Re: Nocturnes   Nocturnes EmptySam 7 Nov 2015 - 14:35

Un temps, Harmony médita ses paroles en soutenant le regard de Love. Elle se surprit à étudier chacun de ses gestes les plus simples - qui consistaient également à l’observer boire le contenu de la flasque. C’était un peu comme être fascinée par quelque chose qui apparaissait comme vide. Mais si cela était vraiment le cas, pourquoi s’y intéressait-on, alors ? Têtue, Harmony devait sans doute s’accrocher à cette idée. Pour ne pas faire comme les autres, et se contenter de dus éphémères et profitables. En pleine réflexion, la birmane replaça une mèche de cheveux derrière son oreille, et saisit la flasque coincée entre les mains de la Lascive.

- Tu dois avoir raison.

Bien évidemment.
Fronçant les sourcils, l’asiatique fit tourner la flasque entre ses mains.

- Je fabrique des choses vides, mais Tu parais lisse, banale. Objet. Comme si tout le monde savait déjà comment tu fonctionnais. Je n’aime pas cette idée.

Banale, comme cette petite bouteille de rhum.

- Je suis têtue, mais je considère qu’il doit bien y avoir quelque chose en toi, continua t-elle en secouant doucemnent la bouteille de rhum. Je ne dis pas que tu es pleine, je ne dis pas non plus que tu n’es que néant. Je dis qu’il doit bien y avoir un fond, quelque part. Sinon, tu ne serais plus là.

A moins que tu ne sois là pour contenter les autres.

- Je n’obtiendrais peut-être rien, mais je serais au moins ravie de ne pas m’être arrêtée au point de vue des autres. Ce que je souhaite de toi est aussi éphémère, non ? Puisque je risque malheureusement d’oublier. Mais pour moi, ç’aura été profitable.

Par des gestes un peu hésitants, la Chef porta le goulot à ses lèvres. Elle s’était habituée à l’odeur, mais toujours pas au fort goût de l’alcool.

- Tu dois me trouver stupide.

Sur ces mots, elle se contenta d’une infime gorgée brûlante, reportant son attention sur les eaux troubles et chaudes du Bassin.

- Mais, il doit bien y avoir quelque chose qui te dérange. Pourquoi serais-tu sortie te promener en pleine nuit, sinon ?
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MessageSujet: Re: Nocturnes   Nocturnes EmptyJeu 19 Nov 2015 - 22:02


Mon alcool disparaît, volé par la poupée asiatique. À mon tour de la fixer, de contempler ses gestes. Gracieux, les gestes. Empruntés, un peu. Heureusement qu’elle ne bouge pas trop.
Elle me fatiguerait, sinon.

- Tu dois avoir raison.

Je ne réagis ni ne bronche. Il est logique, que je sois la mieux placée pour parler de mon vide.

- Je fabrique des choses vides, mais Tu parais lisse, banale. Objet. Comme si tout le monde savait déjà comment tu fonctionnais. Je n’aime pas cette idée.

Et moi je sais pourquoi tu ne l’aimes pas mais... je me tais.

- Je suis têtue, mais je considère qu’il doit bien y avoir quelque chose en toi. Je ne dis pas que tu es pleine, je ne dis pas non plus que tu n’es que néant. Je dis qu’il doit bien y avoir un fond, quelque part. Sinon, tu ne serais plus là.

Raisonnement erroné, sur lequel je ne rebondis pas. À quoi bon. Qu’elle parle, qu’elle continue et c’est ce qu’elle fait.

- Je n’obtiendrais peut-être rien, mais je serais au moins ravie de ne pas m’être arrêtée au point de vue des autres. Ce que je souhaite de toi est aussi éphémère, non ? Puisque je risque malheureusement d’oublier. Mais pour moi, ç’aura été profitable.

À son tour de boire, à moi de regarder. De battre des cils, sans broncher. Comme morte.

- Tu dois me trouver stupide.

Je ne trouve rien, je regarde. Tout cela, au fond, n’a que peu d’intérêt. Comme moi, comme la scène, comme la nuit noire et les eaux moites du Bassin. Ma lassitude plane au-dessus de la scène, s’étend partout, m’étouffe. Je veux de l’air, je crois, mais il n’y en a plus. Ma respiration doucement s’accélère, je passe ma main dans mes cheveux, en apnée. Inexpressive. L’alcool n’a pas aidé, il me noie mais me donne plus chaud encore.

- Mais, il doit bien y avoir quelque chose qui te dérange. Pourquoi serais-tu sortie te promener en pleine nuit, sinon ?

Un temps, un silence. Je contemple ma respiration irrégulière, une de mes mains s’est crispées au sol, arrache avec sauvagerie les brins d’herbes qui le parsème. Irritation, sans doute. Je n’aime pas, je crois, qu’elle ne lâche pas le morceau. Mais d’un autre côté, elle me voit et son attention... elle est fraîche, comme la buée contre la vitre d’une voiture. Délicieuse. Bulle d’oxygène.

Entre deux contradictions, vide et pleine.

Ma tête qui tourne, l’eau qui se brouille. Quelques inspirations pour que le calme revienne légèrement. Regard ardent dans la nuit suffocante quand je rouvre les yeux, pose mon regard sur la Mélodie.

- Ce serait tellement plus confortable... que je sois comme les autres. N’est-ce pas ?

Je me redresse, bâille avec lassitude. Mais mon regard est fixe, brûlant. Bon et mauvais, vide et plein. Dur et délicat, dangereux et en sommeil.
Prends garde à ce que tu souhaites.

- Ils sont tous comme ça. À se débattre, à rire, et pleurer. Tous ainsi, mon coeur. À faire du bruit. À se tuer à petit feu.

Me tourner totalement vers Harmony, ne plus la lâcher des yeux. Et me rapprocher un peu, doucement. Peu importe le geste, tant que le discours y est.

- Fragiles. Désespérés. Faillibles. Tous, même lui. Même toi. Parce que vous êtes humains... c’est normal.

Longue inspiration, fatale. Il fait trop chaud, ce soir. On manque d’air.

- Mais je ne suis pas comme ça, c’est ce qui vous dérange. L’idée que l’une d’entre vous puisse... ne posséder ni qualité, ni défaut... elle bouscule vos convictions. Détruit vos remparts... vos fondations.

Comme un serpent, je me suis glissée. Devant elle, très près, trop près. Qu’elle sente mon souffle, mon absence d’âme, de tout. Je n’ai que la chaleur, que le brouillard. Qu’elle le sente, aussi. Qu’elle sente ma main passer dans ses cheveux en un geste froid, inhumain et gracieux.
Mais pas faillible, non. Jamais faillible.

Et comme un serpent je continue de siffler.

- Je suis un objet, Harmony. Une chose. Je n’ai pas de relief, pas d’état d’âme. Et si je suis sortie ce soir... c’est peut-être que j’ai senti que quelqu’un ici avait besoin de moi.

J’aurais pu m’arrêter, comme avant. La laisser seule avec sa proximité qui frôle la mienne, nos simples souffles se mélanger. Mais comme un serpent je fonds, comme un serpent je pose mes lèvres sur les siennes, transmets dans ce geste tout cet amour mécanique qui surgit du néant, sucre empoisonné. Comme si je voulais aspirer la fraîcheur de son point de vue, m’en nourrir pour ne pas me noyer et l’envelopper de mon néant, elle qui pense trop.

Et je me décolle, ne laisse pas le temps à la surprise de se dissiper. Il y a un sourire, sur mes lèvres. Parfait, pas fragile, pas désespéré.
Ou complètement, c’est selon.

Vide et plein.

Et ma tête qui ne cesse de tourner.

- Alors, mon coeur... tu comprends mieux les autres, maintenant ?
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MessageSujet: Re: Nocturnes   Nocturnes EmptySam 26 Déc 2015 - 0:10

L’atmosphère avait changé. La tension aussi.

Un peu comme si Love s’amusait désormais à tirer les ficelles de ce drôle de tourbillon. Plus la conversation s’éternisait, plus l’impression de s’enliser devenait étrange. Prenait une nouvelle tournure. Harmony secoua la tête un court instant pour reprendre le fil de ses pensées, mais peine perdue. Peut-être était-ce l’alcool et les paroles de la Lascive qui la rendait ainsi ? Il était difficile, si difficile d’y réfléchir.

Sans savoir pourquoi, l’artisane abandonna l’idée de la réflexion, puisque elle-même avait perdu le fil de la situation. Love et son attraction étaient beaucoup trop proches d’Harmony, une distance qui n’était pas là avant et qui n’aurait sans doute pas été ainsi avec quelqu’un d’autre. Love parlait, Harmony l’entendait, mais étrangement, ses oreilles bourdonnaient et une petite voix lui criait de se lever avant qu’il ne soit trop tard. Parce que Love, elle, semblait savoir d’où venait la curiosité de la Chef. Contrairement à cette dernière.

Le baiser, Harmony ne l’a pas vu venir. Il était aussi brûlant, mordant et vicieux que celui d’un serpent. L’artisane resta figée sur place, béate face à ce geste et perdue quant à la réaction qu’elle devait adopter. Intérieurement, elle se dit qu’il s’agissait simplement d’une façon de s’exprimer comme une autre. Alors, malgré la situation, Harmony tenta d’interpréter ce à quoi Love pensait. Sans résultat. Vide, donc ? Où était-ce simplement parce que la situation n’était pas propice à la réflexion ?

Sans doute, oui.
Ou peut-être que Love exprimait un simple avertissement.

« L’étreinte » sembla durer une éternité, tant et si bien qu’Harmony eut l’impression de réapprendre à respirer lorsque Love détacha ses crocs. L’impression de se consummer était désagréable, lorsqu’on ne savait pas si elle provenait de l’alcool ou de ça. L’artisane garda son expression de béatitude, tandis que son regard se posait sur le sourire de Love. Une nouvelle fois, son esprit redevint confus et Harmony peina à trouver ses mots durant un instant, tant elle était perdue.

- Alors, mon coeur... tu comprends mieux les autres, maintenant ?

- Non.

La réponse, involontairement sèche, parvint enfin. Son coeur, lui, battait à tout rompre. Sous l’élan de l’émotion ou de la peur, Harmony n’en avait cure pour le moment. Elle n’était pas habituée à ce genre de choses.
Comme beaucoup, d’ailleurs.

- Est-ce que la réaction des autres face à toi t’amuse ?

La question n’était pas crachée. Simplement curieuse.

- Ou te rend perplexe, au fur et à mesure que personne ne te ressemble ?

La birmane finit par couper court à son monologue, avant d’adresser un léger sourire à Love.
Sans toutefois ôter cet étrange sentiment.

- Je vais arrêter de t’ennuyer, pour l’instant. Tu n’es peut-être pas si anormale que ce que prétendent les autres.

C’est peut-être nous, les anormaux. Peut-être nous, qui devrions adopter ta façon de faire, pour survivre.
Enfin, ce n’était qu’une théorie. Pourvu, ô combien, qu’elle ne soit pas influencée par les gestes de Love.
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MessageSujet: Re: Nocturnes   Nocturnes EmptyMar 12 Jan 2016 - 22:55

Non, bien sûr que non. Réflexe de défense. D'innocence. Je suis encore un peu proche bien que détachée et je fixe la Mélodie, en attente. Mélodie stupéfaite, Mélodie qui ne s'attendait à rien de cela.

- Est-ce que la réaction des autres face à toi t’amuse ?

Mélodie curieuse, à croire que rien de ce que je pourrais dire ne saura la faire taire.

- Ou te rend perplexe, au fur et à mesure que personne ne te ressemble ?

Sourire d'elle, sourire de moi. Politesse contre assurance, je ne m'emplis que lorsque je conquiers.

- Je vais arrêter de t’ennuyer, pour l’instant. Tu n’es peut-être pas si anormale que ce que prétendent les autres.

Que lorsque l'on me voit.

Je m'assieds sur les talons, entreprend de boire une nouvelle gorgée. Brûlure interne. Soupir.

- Ai-je l'air amusée, Harmony ?

Arranger mes cheveux, dégager une épaule. Tous ces gestes calculés qui me sont devenus naturels à force de les répéter. Arrangés pour que l'on me remarque. Que l'on m'observe comme je frôle la Mélodie du regard, à-demi. Désabusée. Avec la chaleur dans les veines, le baiser encore à fleur de lèvres.

- Ai-je l'air perplexe ?

Mon regard quitte les alentours pour venir se crocher au sien.

- Plus important. Si tu m'ennuyais... mon coeur... pourquoi t'aurais-je embrassée ?

Cela ne me dérange pas. De dire les choses comme elles sont. C'est moins fatiguant ainsi.

Battement de cils. Envie de me rapprocher, encore. Préparer une cigarette pour compenser, cesser de la regarder pour me concentrer.

- Tu veux recommencer ?

Je le dis doucement, comme si cela n'avait pas d'importance.


Dernière édition par Love le Lun 7 Mar 2016 - 10:37, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Nocturnes   Nocturnes EmptyDim 14 Fév 2016 - 15:18

- Je... non, merci.

Non merci. Ce devait être la réponse la moins élaborée que Harmony avait pu prononcer durant son existence. En même temps, comment pouvait-elle le réussir lorsque se montrait ainsi ? Ce n’était même pas de l’attirance - du moins, c’est ce qu’elle prétendait. C’était de la curiosité, face à des gestes si beaux et pourtant si tranchants. Elle ne savait pas quoi répondre à Love. Non, elle n’avait pas l’air perplexe, ni amusée... enfin, c’était très difficile de jauger l’expression de chacun, surtout chez la Lascive. Lentement, Harmony secoua la tête et balaya les mèches de cheveux qui retombaient sur son front. Un bref instant, son regard se porta sur la bouteille de rhum, jusqu’à se planter à nouveau dans les yeux de Love. Chaleur, alcool. Le seul cocktail foudroyant et trouble de cette nuit.

- Je ne sais pas, répondit-elle tardivement à la question du baiser. Réponse quelque peu troublante de Love. Et sa posture. Et ses gestes, toujours ses gestes. Il semblait pourtant à l’asiatique que la flasque d’alcool devait être presque vide.

Se sentant au prise d’un étrange engourdissement, la birmane se remit droite sur ses genoux, et adressa un regard à Love. Un regard un peu perdu, puisqu’elle ne parvenait plus vraiment à se cacher.

- Je vais retourner à ma cabane.

Elle ne fuyait pas, non. Ou fuyait-elle tout simplement le trouble. L’asiatique se redressa lentement, épousseta ses habits et se tourna doucement vers Love.

- Si cela ne te dérange pas.

Elle ne savait même pas pourquoi elle demandait l’autorisation.

Hors RP:
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MessageSujet: Re: Nocturnes   Nocturnes EmptyLun 7 Mar 2016 - 12:35


- Je... non, merci.

Bien. D’accord. Je hausse une épaule, indifférente. Je la sais ferrée, malgré sa réticence. Et c’est automatique, je commence à m’en lasser. Pour le moment, elle ne m’intéresse plus. Plus rien à en tirer, qu’un regard troublé puisque je ne force pas. Jamais.

- Je ne sais pas.

Déboussolée, la Mélodie. Séduisante, dans son humilité.

- Je vais retourner à ma cabane.

Oui d’accord mon amour, fuis bien pendant que je te regarde. Une bouffée de fumée, un battement de paupière. Lent. Comme le ferait un chat. Engourdie, je la vois se lever.

- Si cela ne te dérange pas.

Rien ne me trouble, rien ne me change. Mais l’étonnement me frôlerait presque à sa demande. Ferrée, à ce point. Accrochée jusqu’à ne plus partir sans un regard vers moi. Et mon sourire en réponse, et mon rire. Langoureux. Ma plus belle arme, de ce qu’ils disaient tous.

- Va seulement, mon amour.

A mon tour de me lever, de glisser vers elle. Et - d’un geste de main - frôler son épaule. Délicatement, comme un rappel. Une araignée qui remonte. Un sceau, tu es à moi. Et très doucement, des lèvres, articuler les mots en silence.

Rêve bien de moi ce soir.

Avant de m’en aller à mon tour, disparaître dans les ombres. Dans ma poche, la flasque est légère. Et moi aussi. Vide, je n’y peux rien - on m’a créée comme ça.

Et triomphante d’ajouter un coeur de plus au mien.
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MessageSujet: Re: Nocturnes   Nocturnes EmptyMar 8 Mar 2016 - 11:43

The End


Il s'en passe des choses bizarres,
Sur l'île des rêves et cauchemars,
De fiers combats, de grandes magies,
Mais rien ne prépare à ceci,
Aux instants que même l'enfant fée,
Ne saurait toujours esquiver.


FIN DE L'AVENTURE




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