Suite directe de Aus Ausbild Ausbildung


La lumière du soleil perçait le lourd feuillage des arbres qui chantait, les feuilles se caressant les unes les autres, doucement secouées par une brise légère qui les faisaient frissonner.

Il faisait beau. Le cadre idéal. Atmosphère douce en pleine nature.
L'eau transparente de la cascade tombait comme au ralentie, s'écrasant dans le lac pour y provoquer de délicieux remous, peignant sa surface de mille reflets colorés et d'éclats de lumière dorés.

Magnifique.
Dans ce superbe paysage, comme un tableau de maitre dont le pinceau expert avait su relever chaque détails, mettre en valeur chaque rayons de lumière, deux jeunes garçons aux cheveux blond comme les blés discutaient, leurs voix basses se mêlant à la musique de la foret et de ses merveilles.

Les deux étaient perchés sur un rocher, l'un en face de l'autre, prit dans une conversation qui semblait passionnante, les coupant du reste du monde.
Le soleil les arrosait gentiment, réchauffant les peaux blanches mais pas vraiment les âmes.

"Il faut apprendre à rester calme, sans pour autant perdre toute humanité, sinon plus rien ne nous différencie des bestioles." Disait le plus pale des deux. Twice. "Certes, l'instinct, c'est animal, mais c'est aussi notre nature d'Hommes." L'autre l'écoutait avec grande attention.
"Faut juste apprendre à retirer la partie un peu... Un peu... impulsive du truc, la colère, la haine, tout ça ça existera toujours, mais t'es pas obligé de le montrer."

Le plus grand, Righteousness, avait agité doucement la tête à la positive, la mine presque penaude.

"Comme si.. Imaginons tu es gravement blessé, ou tu meurs."
L'idée surpris le sentinelle qui cligna des yeux, ses sourcils se relevant, éclairant sa bouille d'étonnement.

"Bah je vais pas pleurer comme un mioche, par contre, je mettrais toutes mes ressources en œuvre pour trouver et punir le ou les fautifs."
Ça, l'air de rien, c'était une étrange, mais surtout une sacrée déclaration d'amitié. Ne la ratant pas, le Rigoureux piqua d'un fard léger, ne pouvant s’empêcher de détourner le regard.
Ça lui faisait plaisir, bien entendu. C'était juste inattendu.
Pas le genre de trucs qu'on disait.

"J'en ferais autant pour toi, mec."
Il répondit pourtant sans hésitation.
Par ce que c'était sur.
Ce qui était moins certain, cependant, et ce qui justement tiraillait l'esprit de Right, c'était qu'il ne pleurerait pas ou ne se mettrait pas en rage.

Il fallait travailler sur soi.
Pas d'autres solutions.
Les efforts étaient la clef de tout les succès.
Prendre sur soi.
Ne pas se laissé aller à la faiblesse.

L'allemand se rendant compte lui même de l'incongruité de la situation devenue trop... Sentimentale, il se leva, faisant dos à son ami. Il était grand temps de changer de sujet.
Les confessions, c'était bien, mais à petite dose.
Mieux valait éviter d'exposer ses faiblesses, même face à un copain.

"Bon, trêve de gamineries, on est fatigués, on se laisse aller, c'est pas très "contrôle de soit" tout ça."
Cela arracha un souffle de rire au sentinelle.
"Ouais, t'as raison."

Le plus grand des deux blonds se laissa glisser de son rocher, se dirigeant vers son débardeur qu'il avait laissé trainer sur le sol, pas loin de la, le ramassant et le secouant pour le débarrasser de la poussière qui s'y était logé, puis, il se redirigea tranquillement vers son pantalon qu'il avait laissé sécher à la lumière du soleil.
Il passa une main dessus, s'en saisit, satisfait de voir qu'en effet, il n'était même plus humide.
Le fluo de son boxer jaune semblait plus flashy encore quand il se postait à la lumière, la réfléchissant comme un vrai petit soleil d'été. A en plisser les yeux si on y posait le regard trop longtemps.

On parle de la veille, avant la tombée de la nuit. Belle journée, comme sa soeur du futur, avec son soleil orangé et ses bras impalpables venus chatouiller le corps sombre de la forêt. Sous son épaisse chevelure verdâtre dansaient les filaments lumineux, châtiant les horizons de ses couleurs chaudes. Sous ce tableau se mouvait une silhouette ombrée, venue du Grand Canyon, avec le teint frappé par son climat désertique. Elle, qui sous chaque pas contrôlait sa respiration, en cadence avec le vent siffleux du nord, pour apaiser la fatigue dans ses muscles. Deux jours de marche et de chasse, lui semblait-il, depuis qu'elle avait quitté le village, pour retrouver son amour la jungle et s'extasier de ses couleurs. Ça lui avait manqué, la liberté. Pour tous ceux et celles désireux d'un jour goûter au privilège de la royauté, c'est qu'ils accoutumaient les journées vides de devoir, de maintien et de discipline. Lys était une âme indomptable, libre, qui ne se vouait à son rôle que par amour pour son peuple, mais aussi pour son tendre papa. Elle sera punie à son retour, très certainement. Avec l'image très vive d'un ourson complètement furieux de s'être fait berné par sa protégée.

La route n’était plus très longue, la jeune femme n’avait qu’à longer la rivière et chercher près des racines, là où elle prit une courte pause pour s'accroupir et remplir sa gourde en peaux. Derrière elle se dévoila son trésor; un endroit plus humide, à l’ombre, où elle récupéra cinq petites têtes blanches à la peau charnue et caractéristique du champignon. Il ne fallait pas tarder à bouger, néanmoins, pour éviter d’être le souper de quelque chose. Aussi, la brunette tendit ses cuisses et ses mollets puis s’aggripa au plus gros arbre du coin, se servant des branches les plus grosses jusqu’aux plus souples pour ascender jusqu’au sommet. Là-haut, c’était parfait, cachée des regards, loin de la majorité des dangers. Elle se balança jusqu’à la branche mère de l’arbre, suivie de près par une cascade chocolatée de cheveux, qui vint rebondir sur le bas de ses hanches pour finir sa chute au niveau des fesses, chatouillant celles-ci.

La bronzée jeta un regard en bas, croyant qu’il s’agissait d’une bestiole, d'un serpent, avant de réaliser qu’elle s'était fait duper par sa propre tignasse. Elle devait se rappeler qu'il restait primordial de s'attacher les cheveux chaque fois qu'elle devait s'aventurer en pleine forêt. Heureusement, cela ne fut pas un serpent, et un soupir vint trahir ce soulagement lorsqu'elle s'accrocha à une autre branche de l'arbre. Lily s'attela en premier à contourner le tronc d'une corde de bambou qu'elle ferma d'un noeud mou, puis lia solidement son carquois à une branchette plus haute. Son campement rudimentaire débuté, elle s'installa finalement sur l'épaisse branche. Fouillant dans sa besace afin de trouver son mortier et pilon pour commencer sa besogne. La brunette versa une petite portion d'eau, dans lequelle allèrent se baigner deux premières têtes de champignons, avant d'être broyées en une petite gelée qui peinait à s'harmoniser avec le corps plus souple du bouillon. Lorsque la mixture fut un peu plus homogène, elle rajouta le reste des ingrédients et mélangea jusqu'à produire une crème à peu près uniforme, en penchant un peu plus sur le liquide que le consistent. Le crépuscule pointerait bientôt le bout de son nez, et Lily ne tarda pas à avaler un quart de ses rations et de sa gourde, finalisant avec l'entièreté de la mixture étrange. Après avoir nettoyé à l'arrache son matériel et rangé ses effets, elle délia le noeud fait plus tôt et s'entoura la taille de ce dernier pour le refermer plus solidement autour d'elle, créant un lien de sécurité en cas où elle avait à tomber. Elle répéta son jeu pour ses jambes, mais cette fois-ci à la branche sur laquelle elle s'était posée.

"Que ce tonique puisse m'ouvrir le portail vers le monde immatériel et spirituel de l'île de Jamais." Pria-t-elle à voix basse, tandis qu'elle s'installait un peu plus naturellement contre l'arbre.

Plus ou moins en sécurité, là-haut, elle attendit. Il ne restait plus qu'à attendre et regarder la lumière disparaître, jusqu'à ce que tout ne soit éclairé que par la faible lueur de la lune. Là, les esprits de la forêt viendraient bientôt la saluer. Tranquillement, pendant que sa tête se détâchait de son corps, les yeux révulsés et le menton basculé vers le haut, elle admirait les étoiles qui se décollèrent du ciel pour venir la rejoindre et se mélanger au feuillage occulte de la forêt. Dans la pénombre, là où elle daigna poser ses yeux fatigués, serpentaient les veines de l'arbre, comme si le bois coulait tel un liquide, dans un enveloppe pourtant solide...

Le sommeil ne tarda pas à engourdir la réalité pour laisser place aux songes. La princesse marchait à présent sur l'eau, en plein coeur d'un torrent. Elle était entourée d'un paysage aux couleurs mordantes, venues caresser les larmes de la montagne où se trouvait la belle. À quelques pas de là, au bord du précipice, se dressèrent deux silhouettes. Sveltes et sculptés dans le marbre, au toison comme le blé, ils la regardaient intensément, puis ne firent qu'une avec la chute, coulant comme si leurs corps avaient été entièrement fait de liquide. La ténébreuse, qui avait tenté de les sauver dans leur chute, se rua vers le précipice. Ce n'est qu'en réalisant qu'elle marchait dans le vide qu'elle se figea, regardant sous elle, impuissante et effrayée. Elle s'était retournée en ravalant ce sentiment enivrant du vertige, mais sur chaque poignet se dessina la main des deux blondinets, qui la dévisagèrent d'un même regard.

Doux.
Gentil.
Dangereux.

Leur poigne était forte, de laquelle il fut impossible de s'échapper. Ils la tirèrent vers la chute d'eau, vers un bassin visiblement fait de néant et l'indigène chercha vainement à crier, se débattre pour s'en échapper, mais malgré sa bouche ouverte, elle demeura muette et tomba à son tour tout en bas de la cascade.


Un sursaut vint brusquer le réveil de l'endormie, appuyé par un halètement de surprise. Son cerveau se réveilla avant même que ses yeux ne comprennent l'information, alors qu'ils s'ouvraient à la nouvelle lumière du matin. Un mal de crâne, en tandem avec une violente nausée, aggrémentèrent son retour sur l'île de jamais, qu'elle nettoya d'une grande gorgée d'eau froide.

"Qu'est-ce que ça veut dire..." Se chuchota-t-elle à soi-même, le regard perdu dans le vague.

Il était temps de rentrer, se dit la tigresse, l'aventure était terminée. Elle se détacha de ses liens un peu meurtris par son sommeil agité et descendit de l'arbre.




La fille n'était pas tellement reposée par sa nuit, déjà parce que le confort de la branche d'arbre était discutable, mais aussi à cause de ce message étrange, envoyé par les esprits de l'île, alors qu'elle était à son plus vulnérable. Deux têtes blondes, des pirates ? Des garçons perdus ? Des fées maraines ? Elle n'avait pas le souvenir d'avoir déjà vu ces deux faciès, où ne s'en souvenait-elle plus aujourd'hui. Qu'importe, si les esprits savaient de quoi ils parlaient, elle serait déjà en route vers son destin.

Ce qui ne fut pas le cas, fut-elle convaincue lorsqu'elle débutait le pas pour rentrer au village, bien décidé à affronter les foudres de son paternel et accessoirement de son chef, mais après plusieurs minutes de marche, le bruit lointain des remous la troubla, il apportait avec lui la nouvelle qu'elle s'était trompé de chemin. Pire, il dissimulait derrière deux voix qui n'étaient même pas en fin de muer.

Hommes. La hâlée grimaça dans son saisissement, son corps et son souffle se stoppant à l'unisson, avant qu'elle ne se penche vers l'avant, à niveau des buissons. Elle tendit la corde de son arc pour le déprendre de son thorax, qu'elle souleva après avoir doucement tiré une flèche de son carquois. Se mettant en position, L'indigène se rapprocha des deux étrangers et resta dans l'ombre, alors qu'elle pointait dangereusement sa flèche vers le coeur du plus grand...

D'un coup sec, elle tendit sa corde, prête à tirer.

Elle fut néanmoins coupée dans son élan et un rictus soudain naquit sur son front, courbant dans le mouvement l'un de ses deux sourcils. Elle reconnu l'apparition, les couettes blondes, et ne su pas comment étouffer son expression de stupéfaction. Comme dans le rêve, ils étaient les garçons qu'elle avait vu sur la cascade. C'était un message, il ne fallait pas dès lors en brûler son papier...

Se ravisant, la jeune femme rangea sa flèche, puis son arc. Non, à la place, elle les embêterait, parce qu'il n'était pas question qu'elle se jette à la gueule du loup, comme ça, à découverte. Le loup viendrait à elle, pour lui donner la maigre chance de pouvoir fuir si la situation tournait au vinaigre.

Elle s'accroupit derrière un arbre, ramassa le premier cailloux qu'elle remarqua, puis le catapulta sur la tête du plus à découvert des deux - accessoirement le plus petit - avant de se cacher assise et rigoler en silence.

-J'en ferais autant pour toi, mec

C'était, particulier.
Ce genre d'instants parvenaient parfaitement à  lier Twice et son nom : la dualité.

Oh, il était satisfait, le poisson (gros poisson pour le coup) avait mordu à l'hameçon, déclarant de fait sa fraternité, et sa fidélité.
Le Rigoureux, attaché aux règles et aux paroles tenues était maintenant piégé, il ne suffirait qu'au chasseur de demander pour que ses désirs soient considérés, puis après discussion, réalisés.

Lire dans la psyché comme dans un livre, c'était l'objectif de L'allemand, il déduisait, mémorisait, synthétisait et classait des informations avec une efficacité teintée de rigueur, héritée d'enseignements d'une époque en proie aux idéologies extrêmes, aux politiques dépravées.

Finalement, il n'avait rien d'exceptionnel, le sang froid, il était le produit d'une éducation toxique, qui avait fait de lui un instrument dénué de bonne conscience, réalisant mécaniquement le devoir que le Reich lui avait choisi... Il voulait en faire de Même avec Right, Mais Twice n'est pas une entité gouvernementale, il n'est pas le résultat d'une réunification des cerveaux les plus malades d'Allemagne, c'est un homme, à son échelle, et il peut se rendre compte des dégâts qu'il commet, ses pions sont comptés, et ne sont pas qu'une figurine de cire qu'on positionne sur une carte pour parler stratégie.
La dualité je vous dis, Trop Humain pour se priver de toute considérations, trop pollué pour se lier aux autres.

Cependant, Même en dehors de son monde -qu'il imaginait maintenant être dominé entièrement par la toute puissante Allemagne- le devoir continuait, il ne pouvait laisser cette île en main à des forces contraires à ses valeurs.
Ainsi, Right, te voilà dans ses filets, nous verrons ce qu'il fait de toi.

Le regard détaché du Sang-froid, en pleine introspection, se décide enfin à lui revenir, ses mouvements se font plus précis, ses sens lui reviennent également pleinement, il est calmé.
Il reprends ses affaires, remet sur son dos sa fidèle peau de bête, enfile à nouveaux ses vieilles grolles trouées et au cuir assoupli -à l'extrême- par le temps et l'usage.

Il était l'heure, tout deux devaient vaquer à leurs occupations,
Il ne chasserait pas à outrance aujourd'hui, il a grand besoin de méditer, seul.
Tiraillé,
Vexé,
Apprécier une présence était contraire à ses plans,
Mais tellement rassurant.

Il devait trouver un équilibre, il s'était lié trop vite.

Alors qu'il s'apprête à repartir, il se souvient,
Il avait laissé son javelot, planté quelque part,
Alors, il balaye les lieux de ses deux prunelles d'un bleu rivalisant avec l'eau de la cascade elle même, en quête de tout objet se détachant de la terre.

Puis,
Il aperçoit le bois de son arme dépasser du sol, la pointe enfouie bien solidement sous quelques centimètres de terre sèche,
cependant, ce n'est pas vers là que son attention se porte.

Il remarque comme un point qui se détache des feuillages, des branches, et des bains de lumières qui émanent des interstices les séparant.
Et ce point se rapproche, suivant une trajectoire courbée..

Un projectile.

Premier Réflexe, en calculer le point d'impact,
Ca vient vers lui, Right n'est pas en danger.
Cependant, cette attention portée envers son ami -qui n'avait d'ailleurs sans doute même pas idée de cet objet qui se mouvait, fendant les airs- lui fait perdre trop de temps, se baisser n'était plus une option.

Une main se leva, puis l'autre vint l'assister, s'il s'agissait d'une flèche, il serait ravi de pouvoir la retenir avec deux fois plus de chair et d'os.

Et puis,
Presque décevant,
Juste une pierre.

Il avait déployé le meilleur de ses capacités,
Pour un caillou.

Il soupire.

Se retourne vers Le sentinelle, lui sommant d'un geste de la main de se rapprocher.
Il dit, bas, tout en montrant la pierre logée dans sa paume gauche.

-Il y'a quelqu'un.

Puis d'un geste du menton, il désigne la direction d'où la pierre avait émergée, la trajectoire étant en courbe, il n'était pas difficile de déduire ou se trouvait le "visiteur inattendu"

Pour qu'il ne l'ai pas entendu jusqu'alors, le visiteur en question devait être soit un prédateur, sois un homme ou toute créature assimilée ayant volontairement dissimulé ses pas,
A moins que cela ne soit que l'émotion qui aie privée le Sang Froid de ses pleines capacités auditives, pourtant aiguisées et entrainées par des mois de chasse.

-Qui va là ? Déclinez votre identité, et vos intentions.

Il dit ca en tendant le bras, comme pour retenir Right, sachant qu'il s'agissait d'un incident diplomatique sur pattes.
Il avait privilégié la seconde piste,
Pourquoi ?

Bah, les animaux ca lance pas trop de pierres.
D'ailleurs, plus légèrement, il la renvoie au pied d'un buisson, qui selon lui devait abriter l'intru.

-Arrêtons de jouer, je sais que vous êtes dans les parages, montrez vous.

Sa main droite descend au niveau des hanches, il est prêt à dégainer sa dague à tout moment.
Son regard est perçant, c'était presque grisant.

Il lui fallait bien un peu d'imprévu pour le sortir de sa torpeur sentimentale,
Inattendue, déroutante,
Dégoutante.

Le sentinelle avait ré enfilé son pantalon, le boutonnant tranquillement, quand soudain, un mouvement attira son attention du coté de Twice.
Il s'était reçu un truc la non ?
Right s’apprêta à lui demander ce qu'il se passait quand l'allemand lui fit signe de se rapprocher. Automatiquement, il s’exécuta, avisant l’instant d'après le caillou que lui présentait le chasseur, au creux de sa main.

"Il y'a quelqu'un."
D'un geste du menton, il lui désigna d’où ça venait, et les yeux verts du garçon se tournèrent illico vers un grand arbre touffu et recouvert de mousse, un peu plus loin de la ou ils étaient.
Automatiquement, le sentinelle se tendit, tout ses muscles se raidissant sous sa peau.
La pause prenait fin.
Après l'effort, le réconfort, après le calme; la tempête.

Il recula, dans un premier temps, faisant de petits sauts en arrière et se retourna pour rapidement aller chercher sa lance laissée contre un arbre un peu plus loin, arme de service. Après tout, la défense, c'était son truc. Il revint tout aussi vite aux cotés de l'allemand qui leva un bras comme pour le retenir, l’empêcher d'aller plus loin.

"Qui va là ? Déclinez votre identité, et vos intentions."

Righteousness était resté légèrement en arrière, mais prêt à en découdre si nécessaire.
Twice quand à lui avait renvoyé le caillou à l'envoyeur présumé, cherchant à le faire sortir de sa planque.

"Arrêtons de jouer, je sais que vous êtes dans les parages, montrez vous."

Visiblement, c'était le chasseur qui avait décidé de prendre les choses en main. Il se positionnait en leader, et ça allait très bien à Right qui pour autant ne comptait pas se reposer uniquement sur son collègue.
Non seulement Twice était son ami, mais il était aussi un enfant perdu du Grand Arbre, et Righteousness, de part son rôle assigné, était responsable de sa sécurité.

Attendant que quoi que ce soit se décide à montrer le bout de son nez, il serrait fermement sa lance, la mine sérieuse et le regard brillant.
S'il le fallait, ça allait barder.

Lily se serait un peu mieux marrée si le blondinet n'avait pas aussi bien réagit à son projectile. Hélas, il ne s'agissait plus d'un vulgaire jeu d'enfants. La tannée ravala ses rires et préféra le silence pour écouter les deux individus. Ils ne l'avaient que trop prise au sérieux, comme la norme, et demandaient maintenant à ce qu'elle dévoile son identité, si elle en comprenait bien le langage des visages pâles, toutes ces accents étaient difficiles à suivre, véritablement. Un regard en biais, la brunette crispa ses lèvres dans une expression un peu plus fermée, à guetter ça et là une potentielle attaque à l'aveugle, même si elle doutait fortement que deux êtres aussi intelligents en viennent à cette conclusion.

Dans son rêve, les deux jeunes hommes l'avaient entraînée en bas de la chute, se pouvait-il qu'ils soient la raison de son trépas ? Elle ne pouvait pas risquer cela, pas maintenant, si jeune. Il fallait se rendre à l'évidence, de ce qu'elle avait pu voir, ils étaient plus grands, plus gros et costauds qu'elle.

Surtout, ils étaient deux. Elle n'avait aucune chance s'il devait y avoir quelconque hostilité. Sa nature de guerrière et de Piccaninny lui criait de bondir à l'attaque, par instinct de survit, mais il fallait être un peu plus malin que ça, pour vivre sur l'Île de Jamais.

Un inspiration entre coupé, elle reprit son arc et tendit sa corde après avoir soigneusement positionné sa flèche. L'échine courbée, la brunette pointa en direction inverse à elle, derrière les deux garçons. Ils n'allaient pas être dupés par la flèche et continueraient probablement à foncer vers elle, mais un simple réflexe, un coup d'oeil à la mauvaise direction serait peut-être la différence entre la vie et la mort.

Elle relâcha la corde d'un coup, envoyant la flèche fendre l'air dans un bruit sifflant pour aller mourir dans le coeur d'un arbre. Ils avaient regardé, peut-être, la diversion pendant qu'elle prenait les jambes à son cou, sprintant les jambes bien hautes vers le creux de la jungle.

La tigresse priait bien fort aux esprits qu'elle soit suffisamment souple et rapide pour qu'ils ne soient jamais en mesure de l'attraper.

Il n'avait pas mis longtemps à redevenir opérationnel.
Il en était fini de la fraternisation, et de l'émotion.
Son cerveau tournait à plein régime.

Pas de réponse, évidemment, la chose était-elle seulement douée de parole ?

Combien pouvaient-ils être ?

Il balaya les alentours de son regard glaçant, ci ce n'est que de cet amas de buisson du quel le rocher avait émergé, il y avait tout de même un bon nombre de choses derrière lesquelles on pouvait s'abriter, les arbres peut être, des êtres de petite corpulences auraient pu s'y dissimuler, il y avait bien aussi d'autres buissons ca et là… la théorie du groupe était possible, peu probable mais possible, il fallait la prendre en considération…

De plus, s'il y avait un groupe de personnes, enfin un groupe assez conséquent, et qu'ils leur voulaient du mal, pourquoi commencer par un coup de semonce de la sorte ? Pourquoi ne pas avoir tiré une salve de flèches ou de projectiles plus costaud ? C'était un Non sens.

Mmm...

Bien conscient  que quelque chose se trame, il prends la lance des mains du Rigoureux, ca lui servirait.

-J'te La rendrait.

Cette garantie sonnait comme un "poses pas de question et fait ce que je te demande"

Puis, Un bruit, un truc qui se plante dans un tronc, assez loin d'eux.
Il détourne le regard.
Une flèche, voilà, logée dans le bois…
Il plisse les yeux, essayant dans la précipitation de regarder l'orientation du projectile,
Car oui, quand vous tirez à l'arc, la pointe est dans la cible (si vous visez bien !), mais la plume elle, est dirigée vers vous, uniquement horizontalement, la hauteur variant en fonction de l'angle de pénétration du matériau/de la personne visée.

Il était assez dur d'observer précisément l'arrière du morceau de bois en pointe, ce dernier étant encore en train de vibrer suite à l'impact.
D'après ce qu'il arrivait à en voir, ca pointait "grosso merdo" vers cette même zone qu'il inspectait et soupçonnait jusqu'alors.

La théorie de l'embuscade se révélait un peu moins plausible, s'ils étaient plusieurs ils auraient du tous se fourrer ici, sans faire de bruit ?
Les chances étaient minces.

De plus,
Ce n'était pas du tout, mais alors pas du tout sur la cible, il devait s'agir d'une sorte de manœuvre de diversion.. ou alors l'archer/archère n'était pas doué de beaucoup de talent,
Mais rater une cible a ce point, il fallait vraiment le vouloir quoi ! Ca sonnait faux.

Ainsi, il commence à avancer, en plutôt bonne confiance.
Il avait Right avec lui,
Une sentinelle robuste et fidèle.

Il s'attendait à ce que des gens sortent d'un coup d'un seul, des armes à la main, mais rien.. et avec cette flèche volontairement ratée..ca sonnait comme une tentative…
De fuite, c'est ca.

Et ca semblait évident maintenant, surtout qu'il l'entendait commençant à galoper.
Alors il se mets en chasse, Twice est léger, il court vite, et connais les alentours comme le fond de sa poche, mais apparemment il n'était pas le seul dans ce cas.

De plus l'intru avait de l'avance, une avance confortable même, mais le sang froid ne pouvait se permettre de laisser le fuyard partir, Imaginez par exemple qu'il s'agisse d'un éclaireur envoyé ici pour préparer un assaut ou autre tactique de ce genre..

Nein, c'était inacceptable de laisser ce truc partir.

Les enjambées étaient grandes, il le déduisait car chaque bruit de pied posé au sol était très espacé du précèdent, et ainsi du suivant.
La forme au loin semblait aller vite, mais le moindre faux pas et ses grandes foulées la mèneraient au sol, et le tout dans une chute spectaculaire,
enfin, ca valait aussi pour lui, il fallait rester serein,
Mettre en œuvre les méthodes de respiration qu'il avait apprises, et ne rien lâcher.

L'ombre était agile, ses mouvements aussi précis que sauvages, elle était habituée à se mouvoir ainsi et rien que la suivre se révélait être un challenge.
Au loin, il reconnait une silhouette assez fine, peut être même ce qui semble être une longue chevelure qui bat dans tout les sens, ballotée par la frénésie de la course.

C'était épuisant, cependant, il se devait de suivre le rythme un peu plus longtemps, dans cette direction, plus loin, se trouvait une pente, il pourrait utiliser le changement de vitesse impliqué par cette géographie pour améliorer les chances que son javelot avait d'aller au but, peut être qu'elle tournerait pour éviter la pente, dans ce cas il sprinterai en diagonale pour tenter de la couper, ou au moins réduire un peu l'écart et se mettre à distance de tir.

S'il le pouvait, il viserait les jambes, pour faire chuter.
Dire qu'ils étaient non violents au début.
Mais ca sonnait trop louche, il avait essayé de négocier, ca n'avait pas marché.

Alors il tiendrait le coup, pour sa sécurité et celle de Right,
Et aussi pour le frisson de la chasse qui lui parcourait tout le corps.


Ah, et, puis...

Concentré dans sa course il se rend compte de quelque chose,
Il a oublié quelqu'un, la bas.

Scheisse.

Aucune réponse aux appels de l'allemand.
Allons bon.
Right fit une moue de travers, peut être s’apprêtant dire quelque chose, mais quoi qu'il en fut, l'autre blond lui coupa l'herbe sous le pied, lui fauchant sa lance des mains sans se formaliser.

"J'te La rendrait." Qu'il avait fait, et le sentinelle ne dit rien. Il avait une confiance sans borne envers le Sang Froid. S'il avait besoin de la lance alors il avait eu raison de la prendre.
Si quelqu'un d'autre cependant s'était avisé de lui faire un coup comme celui la, nul doute qu'il l'aurait senti passer.

Le bruit d'un projectile qui fendait l'air et allait se ficher dans du bois coupa les réflexions de Righteousness, attirant son attention complète, regard compris.
Une flèche.
Les yeux verts du sentinelle s'agrandirent, revenant illico vers le chasseur.

"Des indiens !"

Mais ça n'avait pas de sens ! Pourquoi se feraient-ils attaquer par des sauvages ? Ils n'étaient pas en guerre avec Peter Pan, pour ce qu'il en savait !
Ces foutus peau-rouges en faisaient vraiment qu'a leur tête !
Ou alors ils avaient été confondu avec des pirates ?

Twice s'était avancé de quelques pas vers l'arbre, sans rien dire, et puis finalement, avait plongé la tête la première dans la jungle, partant visiblement à la poursuite de ce qui avait semblait-il tenté de les intimider !

"Et merde..." Le sentinelle grogna pour lui même. Mais pas le choix, il partit à la poursuite de l'allemand, s'immergeant à son tour dans les profondeurs de la forêt.
C'était un cas de force majeur.
Impossible pour lui de ne serait-ce qu’imaginer rester sur place les bras ballants. Il n'était pas ce genre de mec à attendre sagement que les choses se passent, que les autres fassent tout le taff à sa place.
Très peu pour lui.
Et puis merde, il était sentinelle ! Désarmé, certes. Mais sentinelle quand même.
Il devait assurer un minimum de sécurité à Twice et même, en l'occurence, celle du Grand Arbre ! S'il y avait un problème de type incident diplomatique ou il ne savait pas trop quoi avec l'un de ces foutus sauvageons, il se devait d'être présent et d'assurer !
Alors il cavalait à toute vitesse à travers la forêt, suivant la tache dorée qu'était la tignasse du Sang Froid, un peu plus loin devant lui.

Righteousness n'était pas mauvais à la course.
Il avait les jambes fortes et s'entretenait physiquement, souffle compris. De plus, sa grande taille lui conférait des enjambées plus larges que la moyenne, du moins selon les critères du Grand Arbre.
Bémol cependant, il était sentinelle. Il n'avait donc pas l'habitude de se mouvoir en pleine forêt, encore moins dans la jungle luxuriante.
Moins rôdé, moins souple dans ses déplacements, pourtant, il ne s'en sortait pas si mal, compensant avec sa détermination et sa force brute, fonçant comme un taureau lâché dans une arène, arrachant au passage quelques lianes sans que ça ne le fasse trop ralentir.
Il ne trébuchait pas.
Un petit avantage de plus, en passant, était que lorsqu'on suivait quelqu'un, il y avait comme une énergie supplémentaire qui boostait la performance.

Les deux blonds étaient donc bien partit à la poursuite d'un supposé ennemi, l'un des deux armé, bien décidé à chopper ce qui avait voulu s'amuser avec eux.

Ses pattes foulant le parterre terreux de la jungle, la ténébreuse s'engouffra à grandes enjambées dans l'épais feuillage, un peu plus loin, un peu moins vite. Ses maigres rations, en plus de sa mauvaise nuit, commençaient à peser lourd sur sa batterie. Son corps était endurcit, oui, mais il n'était pas invincible, ses muscles criaient famine pour de la protéine à chaque contraction, toutes les fois où ils la poussaient vers l'avant. Avec la grâce et l'agilité d'un fauve, elle se mouvait sur le terrain biscornu malgré l'épuisement, en faisant danser ses pieds habitués sur les branches tombées au sol, les racines et les petites buttes artificiellement créées par la faune environnante. Son corps tout entier vibrait, pleurant son sel pour s'assurer qu'il ne chauffe pas trop, en se faisant bercer par les halètements continus. La tigresse pouvait ressentir le feu lui monter jusqu'aux poumons, venant chatouiller sa gorge irritée. Si bien qu'elle commençait à geindre fragilement dans ses efforts, au bout d'un moment.

La hâlée pouvait sentir qu'ils se rapprochaient, d'ailleurs, pendant que son corps faiblissait. Son voyage jusqu'ici avait été éprouvant et son système le lui rappelait constamment. Étrangement, c'était bon. Ce désir du danger, ces sensations fortes l'enivrant d'adrénaline et d'un plaisir qui la firent sourire. Si elle n'avait pas été aussi occupée à retrouver son souffle, probablement serait-elle déjà secouée d'un fou rire.

L'extase du guerrier, dirons-nous. Ou une parcelle de folie ? À savoir.

Le bruit des pas se rapprocha, trahissant la proximité du chasseur. La brunette changea sa trajectoire, grimpant - avec une aisance de peau-rouge - sur un tronc d'arbre tombé à l'horizontal pour traverser un petit marais de boue et courir plus loin. Elle fit un autre morceau de chemin avant de comprendre qu'ils tentaient de la piéger. Faisant volte-face, son nez pointa vers le grand dadais, ce buffle, qui fonçait à toute allure vers elle. Le temps d'une seconde, ils se fixèrent dans le blanc des yeux. La princesse profita de l'échange pour lui envoyer un baiser dans le vent, se munissant simultanément d'un sourire aussi coquet que venimeux. Bien sûr qu'elle le taquinait, il fallait bien s'amuser dans cette situation ô comment dangereuse et impulsive. Mais pas une seconde de plus - parce que l'autre ne tarderait pas à joindre la fête. Lily s'éclipsa.

En se pensant maligne, elle galopa plus tranquillement vers ce qu'elle assuma être une grotte, en planifiant s'y cacher parce qu'elle pouvait voir dans le noir, mais en fait, ce n'était qu'un très grand rocher qui s'ouvrait sur une colline un tantinet trop apique pour directement se lancer. Les yeux comme deux sous, alors, elle ralentit jusqu'à s'arrêter. Réalisant lentement sa connerie.

Sueur froide quand le craquement des feuilles chanta derrière. Le regard vers l'horizon, elle inspira, puis revira tranquillement son corps vers l'orée du bois. La défaite dans les yeux, Lys Tigré fusilla les deux têtes blondes qui l'attendaient maintenant à quelques mètres de là.

Elle pinça les lèvres et tira une moue vexée. C'était pas juste d'abord, ils étaient deux contre une. Son corps tendu par sa soudaine nervosité, elle serra les poings. L'énervement des dernières minutes étaient si intenses qu'elle pouvait sentir les battements de son coeur taper férocement contre son thorax. Des perles translucides naquirent sur son front, allant rouler sur le long de ses jours, sur la courbe de ses narines, puis jusqu'à son menton. De là, elles allèrent successivement mourir dans le creux de sa poitrine qui se soulevait dans un rythme saccadé.

"Aowh, visages pâles."

La jeune femme les scruta de ses prunelles noisettes, celles-ci pétillantes de malice. Un rictus étira ensuite le coin de ses lèvres.

A mesure qu'il avançait, enfin qu'il suivait, il entendait également comme la terre se retourner derrière lui, un rapide coup d'œil suffit à le rassurer,
Il ne s'agissait pas d'une bête sauvage, mais bien de Right.
Enfin, c'était bien une bête, mais à tête blonde.

En vue de la vitesse de pointe qu'arborait ce qui semblait maintenant être une jeune femme, le chasseur se disait qu'il ne la rattraperait jamais, de plus, elle se déplaçait avec aisance et grâce, dans ce qui semblait être un festival de sauts, d'enjambées.
Avoir Right à ses cotés ne le rendrait pas plus rapide.

Hélas, malgré sa maitrise du terrain, elle finit par devoir s'arrêter, face au seul adversaire vraiment insurmontable, la nature.
la jungle avait fini par la trahir,
Cocasse.

Elle était dans une impasse, et les deux blond a ses talons,
Twice s'arrêta à quelques mètres, la respiration haletante et le corps lourd.
La forme était allée bien plus loin que prévu,
C'était agaçant, mais également remarquable, quelle vivacité !

-Aowh, visages pâles.

C'était bien ça, elle était l'une de ces personnes.
le doute n'était plus permis.

Le sang froid ne rendit aux airs de malice de la jeune femme qu'un regard froid, assassin.
ca l'avait profondément agacé, et épuisé, de dédier autant de temps à cette poursuite inutile.

Mais il fallait faire un effort, être diplomate.
Surtout que s'il laissait Right parler en premier, l'incident était assuré, la catastrophe garantie, et ce n'était pas par mauvaise volonté, juste qu'il avait le don de dire les choses de la mauvaise façon.

Ayant repris ses moyens, et remis son masque, il reprends :

-Fort Bien, nous pouvons reprendre notre conversation.

Tristement sérieux, il continue.

-Qui est tu, que nous veux tu, et que signifient toutes ces manigances ?

Il parlait comme un flic, vous savez, quand on vous demande "papier d'identité, vous avez bu ce soir ?" à la fenêtre de votre voiture, arrêtée à 5h17 du matin par une patrouille de nuit.

Elle arborait un petit sourire, comme confiante, peut être pour intimider ?
En tout ca, ne marchait pas,
La façon dont son corps avait paniqué en arrivant dans cette impasse -changeant d'appuis consécutivement et scrutant les environs en quête d'un échappatoire- avait trahi l'indienne.
Il n'y avait pas d'embuscade ici, juste une jeune femme, et deux blondinets.

L'allemand se tenait debout, ses deux glaciers rivés sur elle, inspectant tour à tour chaque équipement, chaque habit, chaque étoffe même.

Il était prédateur, presque effrayant, et sa respiration se rétablissait peu à peu, laissant à son visage l'occasion de reprendre son impassibilité habituelle.

Le Sang froid ne rigolait pas.
Vraiment pas.

"Aowh, visages pâles."

Une DONZELLE ?
Vraiment ?

Righteousness était arrivé quelques secondes après Twice, aussi essoufflé que lui, les cheveux en bataille et les joues rougies par l'effort. Dans la course, il s'était attrapé quelques estafilades un peu partout sur le corps, n'ayant pas eu le temps d'enfiler un T-shirt.
Tout était allé trop vite, et trop n'importe comment, surtout.

Et maintenant quoi ?
Ils découvraient que l'ennemi qui était venu leurs chercher des noises était...

Une indienne.

Une MEUF.

Le sentinelle ravala sa salive juste avant de pousser un soupire qui exprimait sa mauvaise humeur.
C'était presque s'il était déçu, en fait.
Cette peste les avait fait cavaler à travers forêt juste pour le plaisir ou quoi ?
Elle aimait bien faire courir les garçons, hein ?
Et ça la faisait sourire !!
Ptite conne...

"Fort Bien, nous pouvons reprendre notre conversation."

Il sembla en cet instant au Rigoureux que le Sang Froid n'avait jamais aussi bien porté son surnom.

"Qui est tu, que nous veux tu, et que signifient toutes ces manigances ?"

Right, lui, lui aurait demandé pourquoi elle était venu leur casser les couilles, mais il fallait croire qu'ils n'avaient pas le même vocabulaire.
Entre les deux, il y avait certains fossés, et heureusement, c'était l'allemand, plutôt conscient de ce fait qui avait prit les devants.

Elle avait de la chance.
Le sentinelle, lui, n'avait qu'une envie, c'était lui foutre une tarte histoire de lui remettre les idées en place !

Enfin...
Plus il la regardait, plus cette idée semblait s'éloigner.

Une meuf, ouais.

Déjà, on frappait pas les femmes. Sauf cas d’extrême urgence. Quand on avait pas le choix. Ça arrivait. Mais mieux valait éviter. Question de principes.

Et puis elle, elle était plutôt jolie. Fallait pas se mentir.
De longs cheveux noirs assortis à ses yeux sombres teintés de taquinerie.
Une jolie bouille aux joues rondes qui marquaient sa jeunesse.
Les formes qu'il fallait la ou il fallait, rappelant cette fois qu'elle était femme.
La taille fine, une belle poitrine qui se soulevait au rythme de sa respiration cadencée. Les hanches qui allaient avec.
De longues jambes fuselées qui lui avaient permis de les distancer pendant trop longtemps...

Et une cervelle moyennement fonctionnelle, clairement, qui cette fois leur avait permis a EUX de la rattraper.

Enfin... Non. Ca c'était un peu méchant, quand même.
C'était juste une demoiselle quoi ! Ca aimait attirer l'attention, les filles.
Celle ci semblait avoir perdu de vu sa cuisine.


Bref.
Right avait un peu les nerfs en pelotes, mais heureusement, tenait sa langue.

Pour l'instant.

La forêt n'avait pas stoppé sa fuite pour aucune raison, elle voulait depuis le début qu'ils se croisent, comme pour le rêve et tout le reste. Cependant, ça n'était probablement pas leur avis et Lily était encore trop peu certaine. S'agissait-il de pirates ? Ou de garçons perdus ? À cet âge, les deux possibilités demeuraient possibles.

En revanche, ceux-ci ne sentaient pas la mer, ni n'étaient vêtus des accoutrements habituels des pirates. Ils ne portaient pas plus le look abîmé d'un homme de Hook, puis pas de traces de calcaire en vue. Les chances penchaient un peu plus vers l'idée de garçons perdus, car géographiquement parlant, ils étaient loin de la plage et du Jolly Roger, mais pas du Grand Arbre.

Mais, comment en être réellement certaine ?

S'ils étaient les enfants de Peter Pan, pourquoi se braquaient-ils encore à sa vue ? Elle était peau-rouge, grande amie -seulement, à son grand dam- du petit roi, n'étaient-ils pas alliés ?

Ou peut-être étaient-ils furieux de s'être fait vaincre à la course par une fille ? Lily la tigresse se mordilla la lèvre inférieur, en ne lâchant pas son sourire malin, rien qu'à cette pensée.

Son souffle se calma progressivement, de paire avec son rythme cardiaque, mais ses muscles tressaillaient toujours sous les spasmes alors qu'ils se détendaient lentement.

"Qui est tu, que nous veux tu, et que signifient toutes ces manigances ?"

La tannée se secoua soudainement dans un gloussement narquois. Pas même son père, le grand chef, n'était aussi balais au cul lorsqu'il donnait ses ordres au clan. Ce petit prépubère au teint faible devait se penser un peu trop important.

Elle l'aimait déjà.

Ses mains jouèrent dans les pointes de ses cheveux, et l'une d'entres elles remonta jusqu'à sa poitrine pour plaquer la paume contre son coeur.

"Moi Lily. Lily la Tigresse." Tonna-t-elle. L'accent un peu maladroit, mais à la voix bien confiante. Elle pencha enfin son menton vers le sol, scrutant ses pieds avant de les diriger vers la forêt, puis terminer leur trajectoire vers le sang froid. Elle voyait bien que la hiérarchie était déjà bien définie. Le plus grand, plus soumis et naif, suivait aveuglément le petit grincheux.

"Vous, enfants Peter Pan ?" Questionna la ténébreuse en les pointant de son petit doigt.

Peter Pan. Ce nom, elle le prononçait bien, par contre, à force de le répéter elle avait apprit son énonciation anglophone.

Finalement, la princesse reprit une portion de son sérieux et les considéra avec un peu plus de profondeur. Il fallait bien s'expliquer un jour, et ça voulait aussi dire se faire potentiellement capturer par les pirates, mais concrètement, si ça avait été le cas, elle serait déjà mise en otage pour servir les petits plans fourbes de Hook, puis ils ne seraient pas aussi à l'aise dans un milieu qui ne soit pas la mer, ou enfin, c'est ce qu'elle croyait.

"Avant, Moi avoir chance tuer grand." Commença la brunette en pointant le désigné du doigt. "Mais pas faire, parce que garçons dans rêve. Forêt protéger garçons. Esprits forêt. Alors la tigresse tester garçons et voir si pirates." Un petit haussement d'épaules pour exprimer son sentiment vis-à-vis du tout, avant de conclure: "Pirates moins agiles dans forêt. Garçons amis."

Elle termina avec un petit rire -cette fois-ci inoffensif-, en gesticulant de ses mains et doigts pour imager ses dires, alors qu'elle les observait tour à tour.

Nous n'avons jamais abordé la question des Peaux Rouges,
Enfin, la question du point de vue de Twice les concernant.
Pourquoi cela ?
Sans doute pour éviter de choquer les consciences, ou d'être insultant,
Parce que L'allemand, vous vous en doutez, ne les porte pas en haute estime.

Oh certes, ils peuvent savoir se battre, se mouvoir, mais ils sont primitifs à ses yeux.

-Moi Lily. Lily la Tigresse. Vous, enfants Peter Pan ?

Et ce genre de dialogue n'aide en rien l'esprit toxique du Sang Froid à calmer cette haine qui bout au fond de lui,
Cette haine des autres, de la différence.

Et elle était là, a tenter de se faire comprendre dans ce qui était au yeux du chasseur un embryon de communication qu'on aurait du avorter.
Il se contenta d'un -Oui. clair et intelligible couplé d'un mouvement de tête.
C'était mécanique, rigide à l'excès, Le Sang froid ne ressentais pas la tension, il était donc compliqué de la faire diminuer.

-Avant, Moi avoir chance tuer grand. Mais Pas faire, parce que garçon dans rêve, Forêt protéger garcons. Esprits Forêts. Alors la tigresse tester garçons et voir si pirates. Pirates moins agiles dans forêt. Garçons amis.

Amis ?
Cette idée insuffla le dégout dans l'esprit de l'Allemand.

Tsss... Quelle perte de temps.
Il regrette, il aurait préféré ne pas la suivre,
Ou mieux, l'abattre.

Mais bon, elle ne représentait pas de menace, plus maintenant, et il n'allait quand même pas s'en prendre à elle comme ca, comme un sauvage, qui plus est devant son ami.
Il fallait paraître sain d'esprit.

Le cheminement de pensée de la jeune femme était assez évident, même s'il était exprimé via un langage des plus.. disons simple.

Je ne pas envie de communiquer avec un animal.

Ainsi, il se retourne vers Right, comme pour lui signifier d'intervenir, de dire quelque chose.
Si un incident diplomatique se proférait, il ne voulait pas en être la cause.

Il regarderait la situation évoluer, de loin, n'ayant aucunement envie d'avoir a faire à ces gens qu'il répugne.
Calme, il pose la lance, comme pour signifier qu'il ne possède pas d'intentions meurtrières...
Ou peut être pour justement les empêcher de lui monter à la tête.

S'il en était capable
Il soupirerait, longuement.

Aux questions du Sang Froid beaucoup trop bien posées, la jolie indienne éclata d'un rire cristallin qui hérissa un chouilla le grand blond. Il sentit la chaire de poule lui grimper aux bras et une moue dédaigneuse s'inscrivit sur sa bouille déjà pas à la joie.
Elle se foutait d'eux en plus !
Mais au final, elle concéda à répondre.

"Moi Lily." Sa main fine et gracile s'était posée sur son cœur. "Lily la Tigresse."
La mine colérique de Right s'effondra, laissant place à une surprise mal dissimulée.
La voix de l'indienne avait été d'une assurance sans limite, et pour cause...
Les yeux verts du sentinelle s'étaient agrandit de stupéfaction, et il avait ouvert la bouche sans pour autant rien dire.

Oh merde.
Une princesse.
Rien que ça.
Elle s'était approchée de quelques pas, et puis, les avait désigné du doigt.

"Vous, enfants Peter Pan ?"

Righteousness prit une inspiration pour répondre quelque chose, mais l'allemand, une fois n'était pas coutume, le devança d'un "Oui." Aux airs carrément martiales. Au moins, ça avait le mérite d'être clair. Il ne se perdait pas en conjectures. Accompagnant l'affirmation, le sentinelle avait agité la tête à la positive, mais de manière bien moins stricte, comme pressé d'être assimilé à Peter Pan plutôt qu'a un autre.
Ils étaient alliés avec les Piccaninny, aux dernières nouvelles.
Donc, cela devrait leur assurer une tranquillité au moins relative.

"Avant, Moi avoir chance tuer grand." Fit la Lily tout en pointant le Rigoureux du doigt, au cas ou sa cible n'ai pas bien compris. Celui la fit une mine choquée.
Heeey, mais pourquoi lui ??? Une moue boudeuse lui marqua les traits. T'façon c'était n'importe quoi. C'était pas une FILLE qui allait le buter lui, hein. Princesse guerrière ou pas ! Fallait pas trop rêver non plus. La bouderie se faisait renfrognée, et il renifla avec un air vexé.

"Mais pas faire, parce que garçons dans rêve." Rêve ? "Forêt protéger garçons. Esprits forêt. Alors la tigresse tester garçons et voir si pirates." Right tirait toujours un peu la gueule, mais au fur et à mesure des explications, il se détendait de nouveau. Attentif. "Pirates moins agiles dans forêt. Garçons amis." Et elle se mit à rire de nouveau, cette fois d'une manière tout à fait adorable.
Righteousness fronça les sourcils un peu plus fort, comme pour s’empêcher de s'attendrir.
Elle avait essayer d'le fumer !
Merde hein !

Le regard froid de Twice attira l'attention du plus grand. L'allemand était resté étrangement silencieux. Et puis, il lui rendit un peu brutalement la lance.
Le message était clair, il lui refilait le bébé.
La mission qui se présentait ne devait pas trop l’intéresser.
Il n'y avait plus rien à traquer, et encore moins à dépecer.
Bon.
Right prit une inspiration, visiblement pas très à l'aise avec ce qu'on attendait de lui. Il était pas diplomate ! Juste un sentinelle. Il allait devoir faire gaffe à ce qu'il allait dire.

"Oui ! Nous AMIS!" Il répéta d'une voix forte et en articulant d'une manière exagérée. "Nous pas pirates ! PAS pirates du tout ! Pirates ennemis de nous !" Tout en tentant de se faire comprendre, oubliant semblait-il que la princesse n'était pas sourde mais simplement moins à l'aise avec leur langue, il faisait de grands signes avec ses bras. Se désignant eux quand il parlait d'eux, mimant une croix quand il voulait mettre en valeur une négation. Ca ressemblait presque à une chorégraphie.
Right faisait de son mieux !
Une fois les choses bien clarifiées, il demanda;

"Princesse s'est paumée dans la jungle ?" Non par ce que l'endroit était pas des plus sécurisé non ? Si elle se faisait bouffer par un jaguar et que l'enquête remontait à eux, ils allaient pas être dans la merde. "Princesse besoin être raccompagnée chez elle ?"

Et les histoires de rêve ?
Oui bon.
Un truc de sauvage sans doute. Ils étaient complètement gaga par la bas, ils racontaient n'importe quoi. Sans doute des croyances bizarres qu'on pouvait pas comprendre. Fallait pas trop chercher.
Juste s'arranger pour pas se retrouver dans un conflit politique bien merdique avec des indiens à la réputation plus que sanguinaire !

Alors princesse elle allait pas trop faire chier hein !
En tout cas il espérait.

La réaction du plus petit refroidit la princesse, sentant bien qu'il choississait de se mettre en retrait plutôt que de tenter la communication avec elle. Quel était son problème ? Les enfants -surtout les plus jeunes- ne se fermaient pas face à Lys Tigré, d'habitude, même qu'ils l'aimaient bien, en général. Quoique, ça avait peut-être un lien avec sa peau plus foncée, l'écart racial et la barrière du langage. En soit, ce n'était pas la première fois qu'elle était confrontée à ce problème, mais bien franchement, elle comprenait. Habituée par ce comportement, ça ne l'atteignait pas personnellement, puisque c'était normal, commun. Même les peaux-rouges exhibaient ce préjugé, c'était la nature du vivant, l'instinct de survie de rester avec ceux qui sont similaires. Son rôle à elle étant d'enfanter et acheter la paix par sa main donnée en marriage. Était-ce qu'elle voulait ? Non. Elle, elle aimait se battre fiévreusement dans les guerres puis nager nue dans les rivières, mais ce n'était pas le chemin vers sa destinée. Les esprits avaient dessiné un plan bien précis pour elle, qui n'était hélas pas aux côtés de Peter Pan.

Heureusement, néanmoins, le jumeau prit la relève en réponse à ses explications limitées, au final, trahissant un sentiment plus ouvert et pacifique. la brunette en fut ravie, exprimant un contentement face à cette suite des événements.

"Oui ! Nous AMIS!" Beugla en permier la perche blonde. Il répondit positivement, oui, mais avec un peu trop de fougue, et moins de génie. L'agitation du jeune homme provoqua un petit ennui chez la demoiselle, qui tira bientôt la babine inférieure, dans une moue un brin piquée. Son vocabulaire anglais était atroce, elle le savait, mais comment étudier leur langage sans réel professeur anglophone ? Qui plus était, elle était déjà bien divertie par ses entraînements physiques au village, sachant aussi que les enfants perdus n'apprenaient pas, en général, à parler piccaninny, qu'elle sache. "Nous pas pirates ! PAS pirates du tout ! Pirates ennemis de nous !" Ce fut ses sourcils qui se plièrent d'ennuie, cette fois-ci, alors qu'elle croisait lentement les bras. La prenait-il pour une idiote ? Elle assuma que oui.

"Princesse pas stupide, garçon pouvoir parler normal." Se contenta de répondre la concernée, qui plongeait ses yeux sévères dans ceux, plus jovials, du blondinet.

C'est ce qu'il fit, plus ou moins, car elle distingua toujours le simplissime dans le reste de ses phrases, même si c'était moins évident. En revanche, elle ne prit pas totalement la mouche et assuma qu'il faisait l'effort de communiquer avec elle, à l'inverse de son ami. Aussi, ses traits se détendirent et ses bras se décroisèrent dans une position plus décontractée.

Plutôt, lorsqu'il lui proposa de la raccompagner jusqu'à son village, la tigresse eut une idée de génie. Avec eux comme preuves ambulantes, elle pouvait retourner au Canyon et faussement avouer à son papa chérie qu'elle s'était perdue hors chantier et que ces deux héros lui avaient sauvé la mise, ce sans se faire punir pour sa fugue devant l'entièreté du village ! C'était parfait, mais il fallait convaincre le deuxième garçon de la raccompagner jusque-là, à présent.

Réagissant un peu à la princesse de disney, Lys Tigré échappa un halètement de surprise, ouvrant grand la bouche et les yeux, tandis qu'elle plaquait maintenant ses deux mains contre son coeur, le tout en haussant les épaules dans une expression corporelle exagérément radieuse. "OUI !" Tinta son haltesse, avant de se prendre un mini sprint et bondir au cou du sentinelle, tout en s'esclaffant joyeusement. Pour une première rencontre, les peaux-rouges étaient connus pour leur façon... passionnée de saluer. Surtout le clan Delaware.

Si le grand avait eu le réflexe de lui jeter sa lance au visage, elle avait été trop vite et subite pour qu'il fasse quoique ce soit, pour l'instant. Ainsi, Lily se détacha de lui pour lui prendre la main et faire mine de le tirer vers son village. "Garçons venir clan Piccaninny, fêter retour princesse et recevoir récompenses ! Grandes récompenses. Chef donner garçons, garçons recevoir honneur Piccaninny !" S'agitait-elle en secouant le bras de sa victime. Au moment où elle étalait ses promesses, elle posa un regard attentif vers le chasseur, qui prenait de la distance.

"Mais route dure, longue. Grand couvrir peau." Termina Lys en désignant le torse nu du rigoureux avant de se secouer d'un petit gloussement taquin.

"Princesse pas stupide, garçon pouvoir parler normal."
Righteousness avait soupiré à la remarque.
Petite peste.
Non mais sérieusement, c'était l’hôpital qui se foutait de la charité ! Il faisait des efforts pour qu'elle comprenne et elle râlait en plus !
C'était pas de sa faute si elle parlait comme une gamine de 3 ans.
Ah ca, c'était bien les femmes !
Jamais contente.
Une princesse en plus. Elle devait avoir l'habitude qu'on soit aux petits soins avec elle et du coup elle en était devenue plus capricieuse encore que la moyenne !

Cependant, le grand blond se plia plus ou moins à l'exigence de la demoiselle, proposant donc de la raccompagner chez elle.
Gentleman !

La princesse Lys Tigré quoi. Non mais franchement, de tout les sauvages qui devaient trainer dans cette jungle, c'était sur celle la qu'ils devaient tomber.

La réaction de la tigresse ne se fit pas attendre ! Un chouilla excessive, mais n'était ce pas l'apanage des filles ?
Elle avait lâché un "OUI !" quasi jouissif à la proposition du sentinelle, et puis, elle s'était ensuite rien de moins que jetée au cou du garçon qui ne pu que la réceptionner par reflex, absolument dépassé par les évènements !

"Houla !" Qu'il avait fait, un "Doucement" en fond de pensée, mais sans plus. Ne la repoussant pas le moins du monde.

Elle se détacha de lui l'instant de juste après mais ne s'éloigna pas pour autant, lui prenant sa main libre, celle qui n'était pas armée, dans les siennes, s'amusant à tirer dessus comme pour l'entrainer dans une direction.

"Garçons venir clan Piccaninny, fêter retour princesse et recevoir récompenses !" Le Rigoureux, abasourdi, cligna des yeux plusieurs fois alors que l'indienne lui secouait le bras comme un hochet tout en minaudant, visiblement très excitée à l'idée de les ramener chez elle. "Grandes récompenses. Chef donner garçons, garçons recevoir honneur Piccaninny !" Le sentinelle jeta un regard mal-assuré vers Twice, pas sur de savoir quelle était la bonne marche à suivre.
Mais avait-il réellement le choix ?

Le chasseur l'avait.
Right, c'était moins sur.
En tant que sentinelle, il lui paraissait quasi impossible de refuser l'offre de la princesse. C'était qu'il était un peu sensé représenter l'autorité du Grand Arbre, l'air de rien. Sans doute que certains émettraient des doutes quand à la véracités de ce fait, mais pour Right, cela coulait de source.
Du fait de son poste, il était régulièrement, avec les autres, mis au courant de qui étaient les ennemis. Qui il fallait faire fuir, de qui il fallait protéger le Grand Arbre, ou pas. Et les Piccaniny, malgré leur culture guerrière et violente faisaient parti des alliés.
Leur princesse devait donc être traité avec tout le respect possible.
Il en allait des bons rapports entre les garçons perdus et ces indiens la.

"Mais route dure, longue. Grand couvrir peau." Elle avait finalement fait remarqué, désignant le torse nu de Righteounsness qui ne pu s’empêcher de sourire, même si un chouilla gêné, quand même.
"Ouais, c'est vrai que c'est pas une tenue décente face à une jeune fille." Qu'il fit. Il se frotta le visage, la mine embêtée. "J'avais pas prévu de rencontrer une princesse, moi."
Rien de plus vrai.
Surtout après un début de journée aussi éreintant, autant physiquement qu’émotionnellement.
Le repos, ce serait pour plus tard.
Le devoir l'appelait.

"Bon, bein... Allons y, princesse." Ils allaient donc devoir faire un crochet par la cascade d’où ils étaient parti en cavalant comme des fous.
Heureusement, la course poursuite s'était faite relativement en ligne droite, il ne serait donc pas difficile de revenir sur ses pas.

Alors qu'ils s'étaient mis en marche, Righteousness se dit qu'il était sans doute plus que temps de s’enquérir de l'avis de Twice vis à vis de tout ça. L'allemand était resté bien silencieux jusque la, et il en devinait facilement la cause.

"J'vais pas la laisser rentrer seule chez elle. C'est dangereux." Il commença, se justifiant. "C'est qu'une fille." La princesse des Picanniny, en fait, mais détail. "Elle va se faire bouloter par une bestiole ou se casser un ongle. T'imagine ! Affaire d’État." C'était mi sérieux, mi moqueur. Pour Right, la décision de raccompagner la donzelle à la maison était toute prise. "T'es pas obligé de venir. Ca fait pas partie de tes taches assignées. T'as aucune responsabilité la dedans." Et il n'y avait rien de plus sincère. Le Rigoureux était bien assez de lui tout seul pour jouer les escortes à une princesse paumée.
Pour le retour ?
Il se débrouillerait.
Le sentinelle était moins à l'aise à se repérer dans une forêt, mais ça devait pas non plus être bien sorcier !
Au pire, il demanderait à un des Picca de lui faire un plan, s'ils étaient capables d'écrire.