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Scallywag
Scallywag

♣ Livreur ♣


✘ AVENTURES : 18
✘ SURNOM : le Cerf-Volant
✘ AGE DU PERSO : environ 12 ans

✘ DISPO POUR RP ? : 1/1
✘ LIENS : grain de poussière


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MessageSujet: Grain de poussière   Grain de poussière EmptyMer 28 Fév 2018 - 15:31

Note 1 : pardon pour la longueur de la fiche, une fois n'est pas coutume, j'aurais certainement pu faire plus court mais je crois que j'ai eu envie de vous faire partager mon amour pour ce pays qu'est l'Afghanistan, et qu'il fallait pour cela une grande histoire (oui c'est un peu égoïste)
Je ne suis pas super content de cette fiche mais j'avais envie de jouer Scallywag donc le voilà !

Note 2 : Comme il y a certaines choses spécifiques en terme de culture et d'histoire je me suis permis de faire un petit lexique en spoiler sous le Bout d'aventure. Ce n'est pas non plus trop important !





Scallywag


Les Trucs

Surnom : le Cerf-Volant
Groupe : Garçon Perdu
Age : environ 12 ans (il n'a jamais su son âge)
Rôle : Livreur


Les Révérences

Il y a le noir, le rouge et le vert, comme le drapeau de l'Afghanistan.
Il y a le noir pour sa peau brune, plus brune que les autres, rendue plus brune encore par la poussière grise qui s'y est incrustée, qui ne semble plus partir, même quand la Mère frotte ses joues avec force.
Il y a le rouge pour ses cheveux qui ont la couleur du safran, et qui rendaient fier sa mor, car leur éclat flamboie comme des flammes dans la nuit, même sous la poussière grise.
Il y a le vert, pour ses yeux brillants comme deux émeraudes espiègles, vives et vivantes, même sous la poussière grise.
Il y a même un peu de blanc, pour ses dents qui éclairent son visage de poussière grise quand il sourit.
Sur le visage de Scallywag il y a le drapeau de l'Afghanistan, de la poussière grise et tant d'autres choses encore.

Scallywag pourrait te raconter comme il a traversé des déserts, des villes et des épreuves, mais Scallywag préfère écouter. Scallywag adore les histoires, et plus encore les poèmes. Scallywag te trouvera courageux et intéressant quoique tu lui racontes. Scallywag ne juge personne parce qu'il ne sait pas le faire.
De là où il vient, on ne peut pas juger. On ne peut pas dire "la guerre c'est mal" puisque la guerre est le monde et on ne peut pas dire "la violence c'est mal" puisque la violence est partout. On ne peut pas non plus dire ''je manque d'amour''  car de là où il vient, les gens s'aiment, fort. C'est pour ça que Scallywag a vécu dans la misère et la souffrance, mais jamais dans le malheur. Scallywag n'a jamais été malheureux.

▼▲

Scallyway est maigre et costaud. Scallywag est travailleur et désobéissant. Scallywag adore le Pays des Enfants mais Scallywag ne connait pas l'Émerveillement. Scallywag est un adulte et Scallywag est un enfant.
C'est possible, pour Scallywag, d'être tout ça en même temps..

Sais-tu ce que Scallywag aime le plus au monde ? Les cerf-volants. C'est sa magie préférée, celle-là, d'ailleurs elle vaut bien celle des chimères et des fées. Scallywag fabrique ses propres cerf-volants, et ce n'est pas tes petits cerf-volants de pacotille, les siens sont en fil coupant, et s'il y parvient il l'enduit de colle et de verre pilé, car les Afghans n'ont pas peur de jouer pour de vrai, ils n'ont pas peur de saigner, jamais. Scallywag n'a pas peur de grand chose.
Quand Scallywag joue au cerf-volant, c'est là que son sourire est le plus grand, mais Scallywag sourit beaucoup de toutes façons, et même presque tout le temps, même dans les moments où il faudrait pas tant.

Scallywag est jovial, rieur, il aime faire partie des groupes et du mouvement, suivre la cadence, il aime embrasser, caresser, écouter. Il est curieux, insistant parfois, il est dégourdi, incroyablement débrouillard. Il peut partir des lunes, tout seul, en pleine montagne, et revenir tranquillement, la peau brûlée et le sourire éclatant. Et puis parfois, il est extrêmement calme et doux, il se met à fredonner des litanies tout bas, en tapant sur un tambour peau-rouge offert par les Piccaninny. Toujours, son sourire est là, dans l'ombre, prêt à surgir dans toute sa lumière. Parfois, il danse, et toujours il entraine les autres à danser avec lui. Scallywag aime la joie, car plus encore que la cruauté de la vie, son peuple des montagnes lui a enseigné l'amour de la joie.  

Scallywag ne craint ni la fatigue, ni l'effort, ni la douleur. Parmi les Livreurs, il est un de ceux qui vont le plus loin et portent les charges les plus lourdes. Il a déjà porté plus lourd, il est déjà allé plus loin, de là où il vient. Son chef ici est si bon avec lui, en comparaison de tous les autres chefs qu'il a connu, qu'il lui voue une estime haute comme ses montagnes ;  parfois il lui baise la main, ou lui attrape tendrement le menton, en signe de respect. Il lui reste quelques automatismes, qui lui font lever les bras en croix sur son visage pour se protéger lorsque son chef se courrouce, mais jamais la main du Lionceau ne s'abat, et Scallywag continue de s'étonner. Il appelle Freckles « mirab », qui signifie Maitre de l'Eau. Dans son village, c'était un statut si important que dans les yeux de Scallywag, Freckles est une personne quasiment aussi important que le Roi.  

Ainsi Scallywag respecte Freckles, et respecte le Roi, il respecte la vie du Grand Arbre, et même toute la hiérarchie. Il n'a eu aucun mal à s'adapter à l'île. Scallywag sait s'adapter, il a du apprendre et il a bien appris. L'inconfort ne le gêne pas, il peut dormir dans une grotte ou sur le sable, il peut même dormir debout, et il n'aura pas mal au dos. Les bestioles ne lui font pas peur, lui qui a déjà senti des scorpions lui chatouiller les pieds quand il gardait les moutons dans les sommets. Il est toujours un peu sur le qui-vive, méfiant, prudent, alerte, car son Ordinaire pouvait exploser au moindre courant d'air.  Ça ne l'angoisse pas, ça ne l'épuise pas, pas vraiment. Ça le rend juste très attentif. Scallywag fait toujours très attention.
Pourtant,  Scallywag ne sait pas respecter les règles. C'est en ne respectant pas les règles que Scallywag a survécu à l'Ordinaire, et dans son Ordinaire, les montagnes étaient plus meurtrières, les intempéries plus effroyables, et les adultes plus vicieux encore que sur l'île de Jamais. Ainsi la Règle Ultime, pour Scallywag, est de ne pas respecter les autres règles. Respecter les règles, c'est se laisser mourir, et Scallywag aime beaucoup vivre.

Alors Scallywag va dans les endroits interdits, fait des trucs interdits, chaparde et marchande, il va même jusqu'au Port Débauché pour échanger ses trouvailles et surtout, surtout : avoir de l'Argent. L'Argent, c'est l'obsession de Scallywag. Il en a toujours voulu. Dans son esprit, entre les montagnes et les pur-sangs, au-delà des danses et des chants de son pays qui le rendent simple et pur, il y a l'ombre de l'Argent qui fait comme une tache dans son décor intérieur. Dans son esprit, l'Argent rime avec le Pouvoir, la Sécurité, la Liberté. Ça vaut bien une tache.
L'homme qui n'a pas d'argent sera condamné à trimer, ployer le cou, s'abimer dans la terre et la poussière, et pire encore, l'homme qui n'a pas d'argent est esclave de la vie et victime de la mort. Et cela, Scallywag le refuse, de toute sa force. Et il en a, de la force.
C'est pour ça qu'il va au Port, bien dissimulé dans ses turbans, et essaye de négocier dans l'ombre d'une ruelle, de vendre sa marchandise. Parfois, c'est des choses volées aux autres enfants, ou des matériaux qu'il a déniché aux abords de la Machine, de la Plage ou de la Lande – n'importe quel endroit dangereux, pourvu qu'il y ait quelque chose à trouver. Il a pris l'habitude de détrousser les morts, comme ses copains le faisaient avec les victimes de mines. « A quoi ça peut leur servir au Paradis ? ». Et quand il marchande, le sourire de Scallywag est enfoui en lui, enterré profondément, car l'Argent n'est pas affaire de joie.
Parfois, les Pirates jouent le jeu, ils lui donnent des pièces. Parfois, ils ne jouent pas le jeu, et Scallywag doit fuir, parce qu'il est trop malin pour penser qu'il peut se défendre. Scallywag connait le vice qui se cache dans le coeur de bien des hommes, il le connait bien. Il le connait si bien que depuis longtemps, ce vice ne lui paralyse plus les jambes. Il le renifle, le devine, et le fuit sans qu'on puisse l'attraper. C'est difficile d'attraper Scallywag. Je vous l'ai dit, c'est dur de lui faire mal.

C'est tout de même un peu triste, car à force de respirer une atmosphère de vice, on est forcément un peu contaminé. Et vu les nuages noirs qu'il continue de cracher, on devine qu'il n'est pas encore débarrassé. C'est pour ça, peut-être, que Scallywag n'est pas très sensible à la magie. C'est pour ça qu'il fait quelque chose de pas seulement interdit, mais quelque chose de vraiment grave, quelque chose de maudit.
Scallywag se rend souvent dans les Galeries de Cristal, comme il se rendait dans les mines. Il ignore les fées et le sacré. Il ne voit que l'éclat des cristaux. Leur magie ne l'émeut pas, ça n'atteint pas son âme, à cause de la tache dans son décor intérieur, qui fait barrage. Il se demande seulement : combien ça va me rapporter ?

Alors sans même entendre le gémissement de la roche qu'il lacère, qu'il dépouille, et le rugissement des fées qu'il injure, il enfouit dans son sac les cristaux du jour, tandis qu'une nouvelle couche de poussière incruste sa peau. Il les conserve précieusement, à l'abri des regards, pour ne pas qu'on le vole – car dans l'esprit taché de Scallywag, tout le monde réfléchit comme lui, dans son esprit c'est la seule façon de réfléchir, ainsi tout le monde cherche le profit, tout le monde a faim de liberté, et tout le monde voudrait ses cristaux.
A chaque fois qu'il arrache des cristaux aux Galeries, il fait des mauvais rêves la nuit suivante et tousse un peu plus le jour suivant. Mais la tache, dans le décor intérieur, ne ternit pas, ne s'efface pas, et continue de dominer le paysage comme un soleil noir. Alors lui aussi, continue de quêter le soleil noir, quitte à s'y brûler les ailes comme Icare.

...
Et puis.
Il y a autre chose, chez Scallywag. Derrière la tendresse apparente qu'il a pour les autres, derrière son enjouement, sa légèreté, sa facilité à vivre, il y a quelque chose... Il y a quelque chose de bizarre. C'est bien difficile à définir. C'est un peu sombre, un peu caché. Si on le regarde longtemps, on verra que son regard ne se fixe pas, et que même son corps ne reste jamais auprès des gens trop longtemps. Il papillonne, il déambule, il ne s'enracine jamais. On verra que Scallywag n'a aucun ami, aucun vrai ami. Il n'est attaché à personne. Il s'incruste dans les bandes et les jeux, il écoute les histoires et les peines de chacun, il troque ses trouvailles avec n'importe qui. Mais jamais il ne se lie.
Le seul lien sûr, si sûr qu'il s'inscrit dans sa chair,  est celui de son cerf-volant. Personne ne sait ce qu'il pense, ce qu'il ressent, ce qu'il veut. Personne ne sait rien de ce qui se passe dans son intérieur. Scallywag ne dit pas. Personne ne connait son histoire. Scallywag ne raconte pas. Sans s'en rendre compte, pas vraiment, Scallywag a placé une distance de sécurité invisible et invincible, avec les autres, avec tout le monde. Peut-être qu'il ne veut pas s'attacher. Peut-être qu'il ne sait pas. Peut-être qu'il a vu trop d'enfants mourir et d'adultes trahir, et que d'ailleurs ça revient au même, et que son coeur s'est fermé. Derrière le sourire, le coeur est fermé.



L'Unique au monde

Scallywag fait souvent claquer sa langue. Et aussi ses mains.

Quand Scallywag tousse, il y a toujours un nuage de poussière (ou de suie, on ne sait pas très bien) qui s'évade de sa bouche. Même quand il n'a rien avalé, le nuage sort. Peut-être que l'île a interprété à sa façon la crasse qui tapisse ses poumons. Peut-être que c'est plutôt un genre de malédiction. Freckles l'appelle la locomotive à cause de ça.

Scallywag est très religieux. Il prie plusieurs fois par jour, les Djinns ou son Dieu. Quand il prie, il dit surtout merci, car Scallywag n'a pas peur de mourir mais est heureux d'être en vie. Quand un enfant meurt, il récite le jenazah, la prière des morts, mais il a oublié plein de bouts, alors parfois il invente un peu.

Scallywag aime tous les paysages, mais celui qu'il préfère est celui des montagnes. Les montagnes sont dans son coeur comme les bras d'une mère.

On ne croirait pas, mais Scallywag est très endurant et très résistant. C'est difficile de lui faire vraiment mal, dans le corps comme dans l'âme.

Scallywag est un cavalier. Son rêve, disons son esquisse de rêve car Scallywag n'a jamais trop eu le temps de rêver, aurait été d'être champion de Bouzkachi. Il n'a vu un combat qu'une seule fois, il était tout devant et se tenait très fort aux barrières même quand des plus grands lui lançait des pierres. Scallywag aime les chevaux comme des frères de sang. Un jour, il trouvera une monture, et ne la quittera plus jamais.

Scallywag a du mal à manger la nourriture des mères. Il préfère même celle des Delaware. La nourriture des mères de l'Arbre manque d'épices et de nuances. Parfois, il y rajoute des choses qu'il a trouvé dans la nature. Il essaye de fabriquer du nan, le pain plat de son pays, qui n'existe pas ici. Il boit beaucoup de thé. Ça aussi, il le fait tout seul.

Beaucoup d'enfants pensent que Scallywag est sale parce qu'il est poussiéreux. Ce n'est pas vrai. Comme tous les Afghans, Scallywag est très propre, il se lave le matin et le soir. C'est juste qu'il n'arrive pas à enlever la poussière.

Scallywag aime la magie, même celle des illusions. Il aime les tours de magie, quand il les fait et quand il les regarde. Il croit aux mauvais sorts et disperse souvent de la fumée pour éloigner les esprits mauvais. Dans le Monde Ordinaire, il lisait l'avenir dans de l'herbe brûlée, mais dans son avenir à lui, il n'y avait qu'une tache.

Scallywag ne regarde pas beaucoup dans les yeux.




L'île

Comment vis-tu ton séjour à Never Never Land ? Que représente ce lieu pour toi ?  
L'enfant s'asseoit sur le rocher, pieds nus, un turban sur la tête parce que le soleil tape. Il est vêtu d'un shalwar kamiz, la tenue traditionnelle des Afghans dont il ne s'est jamais débarrassée, malgré qu'elle soit toute usée. Son regard percute le tien en saccades, ça ne dure jamais longtemps, il est fuyant, espiègle, il est toujours comme ça. Son sourire sursaute sur son visage qui s'agite, qu'il gratte, qu'il touche, tout le temps.
« C'est bien. » Tu dois insister, parce que l'enfant n'aime pas être interrogé, il a cette timidité qu'ont ceux dont le sort n'inquiète personne, qui n'ont pas l'habitude qu'on leur demande ce qu'ils pensent. « C'est un beau pays. Je voudrais rester, je travaille dur. Je voudrais rester ici avec les autres. Je ne grandis pas. » Il pense peut-être que tu le surveilles. Il se méfie.
Il sourit.


Regrettes-tu ta vie d'avant ? Voudrais-tu pouvoir retourner dans le monde ordinaire ?  Si tu n'en as jamais connu d'autre, désirerais-tu une autre vie ? L'autre monde te fait-il envie ?
L'enfant agite les mains, puis la tête. « Il n'y a rien là-bas. Ils sont morts. Je suis bien ici. Je travaille dur. » Tu te dis que ça ne sert à rien, il ne pourra pas te répondre sincèrement. Tu ne pourras pas l'entendre, puisque lui-même, il ne s'entend pas. Il ne s'écoute pas. Il croit encore qu'il n'a pas le droit.
Il sourit.


Comment vois-tu Peter Pan ? Quels sont tes sentiments envers lui ? A l'inverse, que ressens-tu pour le capitaine Hook ?
Son sourire clignotant disparait, son visage devient tout lisse. Tu remarques comme il est poussiéreux, même les cheveux. « C'est un grand roi. Un calife. » Il faut fouiller encore, encore et encore. Il y a un long silence, et il a l'air de penser, il a l'air sérieux. « Il fait la guerre mais il se bat aussi, il est très courageux. Il nous protège, il protège les enfants. Les adultes ne protègent pas les enfants. Peter Pan c'est un djinn que pour les enfants. Il les empêche de mourir. »





Le Bout d'aventure

Scallywag n'a connu que les montagnes.
Il y eut la montagne de neige, de roche et de liberté, où l'homme est si petit et si fragile qu'il se fond aux herbes sèches. A la poussière.
Il y eut la montagne de béton, les sommets carrés de la ville, sale et grouillante, où l'homme est toujours si petit et si fragile qu'il meurt sans faire de bruit. Comme la poussière.
Il y eut la montagne de plastique, de verre et de mouches, et là l'homme est si petit et si fragile qu'il peut se laisser engloutir par les déchets, par les maladies, par les accidents. Par la poussière.

Chacune de ces montagnes a rendu la peau et le regard de Scallywag plus durs, mais son sourire, lui, n'est jamais parti.

La première montage était la plus haute et elle abritait la nature dans toute sa férocité, dans toute sa majesté, si bien que Scallywag n'a pas été si surpris en découvrant les Grands Esprits. Il connaissait déjà celui de la Montagne, et ce dernier était aussi grand qu'eux. On disait que le Pamir était le toit du monde*, et même si Scallywag ne savait presque rien du monde, il se félicitait de vivre à son sommet. On disait aussi de la chaîne où vivait Scallywag, l'Hindou Kouch, qu'elle était était semblable à des doigts, mais c'était dur à visualiser pour lui, car Scallywag n'avait jamais vu de carte. Il préférait aux cartes et à la géographie les récits légendaires qui peuplaient, plus encore que les hommes, les vallées et les pics qui composaient son paysage.
C'est dans cette montagne que vivaient les Powindah, qu'on appelait aussi Kuchi, et c'est dans cette montagne que naquit Scallywag. Le nom que sa mor lui donna, à l'époque, était bien plus digne cependant. Elle le nomma Iqbal, et ce nom signifie «prospérité». La férocité de la montagne tua l'enfant avant Iqbal et celui après lui, mais quand ce fut son tour,  Iqbal exhiba à la Mort un sourire si lumineux qu'elle se détourna de lui – pourtant, il n'avait pas encore de dents.

Ce fut dans la montagne, poussé et bousculé par les mains du vent, qu'Iqbal fit ses premiers pas, et monta son premier cheval, et surtout, surtout, fit voler son premier cerf-volant. Et toutes ces choses, belles et puissantes, remplirent tant le coeur d'Iqbal que les pires douleurs, ensuite, ne furent jamais capables de le briser. On ne brise pas la montagne.
La famille d'Iqbal n'avait rien, tellement rien que même le désir leur était inconnu. Cependant, la mère d'Iqbal portait les tenues rouges et fières des femmes Kuchis, qui ne couvrent pas leur visage, qui ne baissent pas les yeux sous le regard d'un homme, et qui parlent fort, chantent fort, et sont fortes. Le père d'Iqbal ne disait presque rien, mais un sourire vacillait toujours au coin de ses lèvres toutes parcheminées, et ce sourire était si impressionnant qu'Iqbal pouvait l'observer à la dérobée pendant des heures. A leur façon, les parents d'Iqbal étaient de grands guerriers, que la montagne avait appris à respecter sans jamais se laisser conquérir.

Les Kuchis sont des nomades, ils traversent les montagnes, les steppes, les routes, en de longues caravanes ponctuées de couleurs vives – celles des vêtements de femmes. Leurs jambes sont solides comme celles des chevaux. Dès que les jambes d'Iqbal purent le porter, il marcha, il marcha, s'enfonçant dans les nuées de poudre grises ou blanches engendrées par la montagne, et bientôt, il ne put plus s'empêcher de marcher. « Si j'étais un cheval, je m'en irais au galop, et je ne m'arrêterais que lorsque je serai mort ». Ah, s'il était un cheval, il n'aurait pas à garder le troupeau, monter les tentes ou aider sa mor à faire le pain ! Il serait libre, pur-sang, pur enfant de la montagne.
Dans le coeur de la montagne, si loin du reste du monde, Iqbal n'entendait pas parler des Talibans. Il n'y avait même pas de mot pour dire « guerre » dans son vocabulaire.

▲▼

Le jour où Iqbal dut quitter les sommets pour se réfugier dans les ruines qui constellaient le corps des Grands Bouddhas, ceux de Bamiyan*, fut le premier jour triste de sa vie. Comme ni son père ni sa mère ne pleurèrent, il ne pleura pas. Il ne sourit pas. Il ne demanda pas pourquoi le visage de sa mor, soudain, était couvert, et pourquoi le sourire de son père, au coin des lèvres, avait disparu. Au fond de lui, Iqbal savait que le sourire était resté dans la montagne.
Iqbal apprit, au contact des autres habitants des ruines de Shahr-e Gholghola la cité du bruit étrangement silencieuse, qu'il était pauvre. Il apprit qu'un pauvre n'a d'autre souhait que de gagner de l'argent, afin de ne plus être pauvre. Il apprit qu'il devait être à la fois honteux et reconnaissant envers les camions humanitaires qui distribuaient des vêtements et des médicaments aux familles de Bamiyan. Iqbal devait apprendre vite, car il n'avait encore jamais été ni pauvre, ni honteux, ni reconnaissant, contrairement aux autres enfants. En retour, Iqbal leur apprit à être souriant.

Le désir mit beaucoup plus de temps à apparaitre. Les copains d'Iqbal rêvaient déjà de motos, de billets, et même d'armes. Les enfants ne jouaient pas beaucoup au docteur, aux aventuriers, et même leur façon de monter à cheval était différente. Le cheval devait obéir et non écouter, craindre et non respecter. Cela, Iqbal n'apprit jamais. Il apprit plus facilement à déterrer les mines et marchander avec des cartouches – peut-être parce que c'était dans la terre et la poussière. Il apprit plus facilement à se coucher par automatisme en entendant un bruit d'avion, et à force ça ne fit presque plus peur. Il apprit plus facilement à aimer la guerre, ou plutôt, le folklore de la guerre qui a l'air moins sérieux. Pourtant, quand il rentrait dans sa grotte, avec sa mor emmitouflée dans son tchador rouge, et son père assommé par l'opium, pourtant Iqbal se sentait si loin de tous. De son père et sa mère, des enfants de Bamiyan et des chevaux qui les craignaient.
Heureusement, il restait les cerf-volants.

▲▼

Trouver du travail était une chose importante pour les gens de Bamiyan. Pour les gens pauvres. Le sol était devenu infertile à cause des mines et du napalm, et les ânes fatiguaient trop vite. Le père d'Iqbal les grondait, mes Iqbal allait les caliner dans leur enclos en secret.
Le jour où le père d'Iqbal trouva du travail en ville, sa mor pleura, en prenant toujours soin de se couvrir. Iqbal se précipita dans leur grotte-maison en entendant les « Allah Wakbar » enjoués de son père, persuadé que le sourire serait enfin de retour. Il passa un long moment à observer le visage creusé de sillons de son père, il fouilla des yeux chaque recoin, chaque ride, s'attarda longuement sur les lèvres... Mais non. Le sourire n'était pas là, il en était sûr. Il y avait bien une grande joie dans sa voix, et dans son corps qui dansait, mais ce n'était pas le sourire vacillant, si pur, de la montagne.
Pendant que la famille chargeait leurs maigres affaires sur l'âne, Iqbal ne pensa à rien d'autre que le sourire, et il oublia de se retourner pour voir les Grands Bouddhas, une dernière fois.

▲▼

Les montagnes de béton furent certainement les pires, puisque d'un seul coup, la nature n'existait plus. Déjà à Bamiyan, elle était rare et malade, mais tout était pire ici. Le sol était recouvert de pierre lisse, les maisons étaient carrées, avec des portes, et tout, absolument tout, sentait la merde. Enfin, Iqbal supposait que c'était une sorte de merde.
Les voitures lui faisaient tellement peur qu'il ne voulait pas sortir. Son père devait lui donner des coups – mais il ne frappait jamais trop fort – pour qu'il daigne mettre le nez dehors. Car Iqbal devait travailler. Tout le monde devait travailler. A part ses soeurs et sa mère, bien sûr. C'était des femmes. Les femmes ne doivent rien faire, c'est la loi des Talibans. Iqbal les enviait de tout son être.
Lui devait aller au marché, vendre de la fumée, et des chewing-gums, et du thé, et quand il s'achetait quelque chose, il se le faisait toujours voler. Chez les Kuchis, le vol n'existe pas. Tout ça, ça n'existe pas. Au sommet du monde, on ne distingue rien de ces choses-là.
Iqbal se souvenait de ce temps où il rêvait d'être un cheval pour être libre, et s'en voulait un peu d'avoir été si bête. Heureusement, lui avait pensé à emporter son sourire avec lui, et il le sortait à la moindre occasion. Par exemple, les cerf-volants. Eux, ils existent partout.

Iqbal apprit à tricher avant d'appliquer les règles, car les enfants de béton qui connaissaient bien la rue furent ses professeurs. Ce furent eux, bien avant Peter Pan, qui lui dirent « Méfie toi des adultes. Ne fais jamais confiance à un adulte. ». C'était très perturbant pour Iqbal, mais quand il voyait des enfants se faire frapper, racketter ou kidnapper par des hommes, il savait qu'ils avaient raison. Il savait que dans ces moments, son sourire devait rester enfermé dans sa bouche et ne jamais sortir.
Iqbal avait très peur des Talibans. On lui avait dit que dès que sa moustache pousserait, il serait emmené et entrainé au combat, et qu'on le ferait exploser Inch'Allah.

Me faire exploser ? Pourquoi ?
Pour se venger des Américains.
Et des Européens.
Oui, surtout des Européens. En plus ils nous donnent des maladies. Ce sont des mécréants tu sais, Iqbal, méfie-toi.
Ça fait très mal d'exploser ?

Iqbal était resté fixé sur cette idée, il ne pensait à rien d'autre. Il ne songea même pas à demander ce qu'était un Américain.

Non, tu vas directement au Paradis.

Ses parents ne lui avaient jamais parlé de cette histoire, mais quand il leur posa la question, il était si nerveux et confus que sa mère lui renversa de l'eau sur la tête – et même pas bouillie, donc pleine de microbes.
Ils lui dirent de ne plus y penser, et de ne pas écouter les enfants d'ici. Iqbal n'osa pas leur dire qu'il ne pouvait écouter personne d'autre, puisque plein de gens de la ville ne parlaient pas sa langue.
Les deux semaines suivantes, il ne cessa de s'imaginer en train d'exploser. Il faisait des rêves où il avalait une mine et attendait en fermant les yeux qu'elle explose, mais chaque fois, elle n'explosait que le bas du corps et sa première réflexion, dans son rêve, était de se dire : « Je ne pourrais plus jamais monter à cheval ». Ensuite, le haut de son corps était emporté par une ficelle de cerf-volant qui lui lacérait la peau. En arrivant au Paradis, il ne restait plus que sa tête, et il découvrait sous lui le paysage brun et blanc du Pamir.

▲▼

Iqbal apprenait vite – toujours –, et il excella bientôt dans les trafics. Il acceptait tout et n'importe quoi, même très dangereux, du moment que ça lui donnait la sensation d'être libre. Et du moment, surtout, que ça lui faisait gagner de l'argent. Il commença par la farine, puis ce fut l'opium, et enfin les armes. Les adultes le trouvaient drôle et Iqbal les laissaient penser qu'il était un petit filou : lui se voyait très différemment. Il se pensait très malin, audacieux, bien plus que les adultes. Parfois même il les arnaquait, un tout petit peu, et se vantait devant ses copains. Les seuls vrais témoins de son changement. Eux, ils avaient trop peur de faire tout ça, Iqbal le savait, et cela le rendait fier. Il ne pensait plus à l'explosion, encore moins au Paradis, encore moins au Toit du monde.

Il a dit qu'il me paierait en dollars. Dollars ! Iqbal fit claquer sa langue contre son palet.
Mais la mine, c'est dangereux... Mon cousin Farid il est mort dedans. Il s'est évanoui à cause du manque d'oxygène et après, il y a eu un éboulement. Et mon autre cousin, il tousse tout le t...
Je ne suis pas comme toi, ni comme eux, Kamel ! Moi, je n'ai pas peur. Je vais avoir plein de dollars. Avec ça je vais acheter une villa, et des femmes. Je t'achèterai une moto, et une télé.
On n'a pas le droit de regarder la télé...
On le fera en cachette, je serai riche on vivra loin des Talibans. Ne t'inquiète pas. Sois juste patient.

Kamel ne disait jamais rien. Lui, il ne rêvait que d'aller à l'école.
Ils avaient connu l'école, quelques temps, dans un ancien orphelinat bombardé qui n'avait plus de toit – ce qui convenait à Iqbal – et où tous les enfants, de tous les âges, étaient assis par terre. Leur maitre leur avait appris la lecture, la géographie, et aussi à reconnaitre les mines anti-personnelles et les dangers de l'opium. Mais quelques mois plus tard, il avait été emmené par les Talibans, et personne ne l'avait remplacé. Cela n'avait pas trop marqué Iqbal, à présent qu'il était habitué.

Ainsi, Iqbal était allé à la mine au lieu d'aller à l'école, car l'école ça ne rapporte pas d'argent,  et la poussière noire du charbon s'était ajoutée à la poussière blanche de la montagne, à la poussière grise de la ville. Le travail était beaucoup plus difficile que ce qu'Iqbal avait anticipé, et son sourire avait peu à peu été avalé par l'obscurité de la mine. Il ne se plaignit jamais, pourtant.
A la fin de sa journée, il transportait  sur son dos sacs de farine et cargaisons d'opium à travers les frontières, évitant les hautes silhouettes sombres et les petites silhouettes rampantes, car des serpents ou des adultes, aucun n'est plus dangereux que l'autre. Iqbal ne se reposait guère et ses traits étaient marqués par l'effort, l'épuisement, et l’appât du gain.
Son cerf-volant prenait la poussière.

Une fois, Iqbal travailla quatre jours d'affilé à la mine. Comme son maitre refusa de lui donner l'ensemble de son du, Iqbal le vola. Il était fier, rayonnant et rompu quand il retourna chez lui au coeur de la nuit, ses billets à la main, ses billets et rien d'autre. Rien d'autre, oui, dans toute la maison en pierre, rien derrière les portes closes. Son père, sa mère, ses petites soeurs avaient disparu. Iqbal refusa de s'inquiéter et se coucha sur le vieux doshak*, comptant ses billets un à un avant de s'endormir.
Il avait de l'argent, il pourrait acheter ses parents s'ils avaient été enlevés.

▲▼

Iqbal resta couché plusieurs jours. Il dormit tel qu'il n'avait pas dormi depuis longtemps. Ce ne fut qu'au cinquième matin que, apercevant le vieux patou* de son père noyé de poussière, il se leva avec une certitude glacée : il était seul. Dans la maison, dans la ville, dans le monde entier. Il se rendit compte qu'il ne savait pas où étaient ses amis. Il ne les avait pas revus depuis qu'il travaillait à la mine. Il n'avait pas eu de nouvelles de ses parents, et il savaient que c'était à cause des Talibans. Il était vraiment tout seul, et il lui avait fallu une éternité pour le voir, derrière les billets.
Aux yeux d'Iqbal, toutefois, les Talibans n'étaient pas des hommes. Ils étaient plutôt une sorte de mal, de maladie, de sortilège irrépressible prenant d'assaut la tête et le corps des peuples. Il ne lui prit jamais l'envie de les haïr, le besoin de les combattre, de même qu'on ne hait pas une fièvre, on ne combat pas une mine. Les Talibans étaient si nombreux et terrifiants qu'Iqbal ne savait pas à qui s'adresser pour revoir le sourire vacillant de son père. S'il allait au devant des mauvaises personnes, on lui prendrait son argent, son précieux argent, et il ne reverrait rien du tout. Ce jour-là, Iqbal piocha dans les réserves d'opium de son père, car ce jour-là était le premier de sa vie où son sourire ne fut pas capable de vaincre sa détresse.

Il reprit une existence d'enfant des rues, demandant du travail aux marchands et refusant de mendier aux passants. Il trouva d'autres amis, qui parlaient peu mais partageaient beaucoup, sauf l'Argent. On ne partage pas l'Argent quand c'est tout ce qu'on a. Iqbal n'avait pas dépensé un seul de ses billets. La perspective de ne plus les avoir entre les mains le plongeait dans une angoisse si profonde qu'elle le pétrifiait.
Il travailla dans une métallurgie, dans une fabriques de briques, puis dans une décharge. Ce fut la troisième montagne, et la plus dure à gravir, car elle s'effondrait sous ses pieds et s'infiltrait dans sa peau sans scrupule.
Il récupérait du matériel englué dans les déchets, et parfois un peu de nourriture. Cela ne rapportait presque rien, mais il avait toujours ses billets, cachés dans son slip. Il dormait dehors, dans des bidonvilles, dans des poubelles, de toutes façons il se sentait mieux sous les étoiles que dans n'importe quel maison. Et pour l'odeur, on s'accommode. Les enfants avaient l'habitude de chanter, et ceux qui ne se comprenaient pas en parlant savaient danser ensemble. Ils faisaient du feu, ils faisaient du bruit, et le sourire d'Iqbal était revenu.

▲▼

Le jour où Iqbal fut attrapé, il ne pensa qu'à son argent. Il ne pensa pas à la violence des bras qui l'empoignaient, au déchirement des cris de ses camarades qui s'étaient fait prendre dans leur sommeil, dans leurs cartons, comme lui. Il ne pensa pas à sa mor qui n'était pas là pour le protéger, à son père dont la force lui manquait, à son corps qui avait si mal. Il pensait aux billets, encore à l'abri contre ses fesses, où personne, Inch'Allah, ne viendrait regarder. Il ne poussa pas un cri.
Il savait qui étaient ces hommes. Ils prenaient les enfants et les exploitait, dans des fabriques, des réseaux, ou pire. Pour Iqbal, ils étaient comme les Talibans, des sortes d'armées de démons qu'il ne sert à rien de combattre, qu'il faut juste fuir. Cette nuit-là,il n'eut pas le temps.

▲▼

Certains garçons avaient été utilisés dans le Bacha Bazi*, la «danse des garçons» en Afghan. Des jeunes garçons étaient habillés et apprêtés, et effectuaient devant une assemblée d'hommes une danse compliquée. Parfois, des hommes repartaient avec un garçon. Parfois, ils ne faisaient que regarder. Parfois, des garçons mourraient.
Tout le monde connaissait le Bacha Bazi et personne n'en parlait. Iqbal connaissait le Bacha Bazi et il fit semblant de ne pas savoir danser. Il fit semblant d'être bête, inapte et empoté, car un enfant qui a de la valeur est plus en danger qu'un enfant qui ne vaut rien. Iqbal savait faire le vaut-rien.

Ainsi, dans l'entrepôt gigantesque où les enfants étaient amassés, Iqbal ne faisait jamais partie des garçons arrachés à la nuit. Il tentait de ramener un billet par jour grâce aux décharges, et quand il n'avait pas son du, il préférait les coups de fouet à l'idée de donner l'un de ses billets.
Seule Fatima connaissait son secret. Elle l'avait surpris comptant ses billets alors que tous dormaient, mais avait promis de ne rien révéler. Depuis, Iqbal lui confiait les billets dès qu'il devait se laver ou sortir trop longtemps, et Fatima n'en avait jamais pris un seul. Tout ce qu'elle voulait, c'est qu'Iqbal ne parte jamais sans elle, et Iqbal avait promis. Fatima devint, avec le temps, presque aussi importante que son argent.

▲▼

Quand on partira, je t'achèterai une maison, et aussi une télé. Et un cheval, pour toi et moi. murmura Iqbal, allongé sur sur sa couverture aux côtés de Fatima.
Ce sera quand ?
Bientôt, quand j'aurais cent billets. Tu sais, dès que j'en ai un en rab, je le garde. J'en ai bientôt cent.
Je m'en fiche d'avoir une télé. Je veux aller dans ta montagne.

Iqbal ne dit rien. Cela faisait trop longtemps qu'il n'avait pas songé à sa montagne, et s'il devait songer à sa montagne, il devrait songer à la voix forte de sa mor, au sourire de son père, et à sa liberté.

Alors, pas de télé. Mais au moins un grand cerf-volant. Tellement grand, tellement, qu'on pourra s'y asseoir tous les deux et voler.
Ça n'existe pas, un cerf-volant comme ça...

Iqbal se tourna vers Fatima, il voyait l'ombre de ses fossettes dans la nuit.

Avec l'argent tout existe.

▲▼

Le lendemain, Iqbal était si exalté par son idée de cerf-volant géant qu'il fut le premier, sur la cinquantaine d'enfants, à se réveiller. Il laissa les billets, enroulé dans un châle, sous le coussin de Fatima, fit sa prière, et demanda aux adultes la permission d'aller travailler. Il passa deux jours, deux jours entiers dans la montagne de déchets, sans faire aucune pause, et d'ailleurs il ne se sentait pas fatigué.

Quand il revint, il avait gagné beaucoup d'argent. Au moins cinq billets, qui lui paraissaient tout propres, presque trop, en comparaison des siens. Il en dissimula deux dans ses fesses. Un pour lui, un pour Fatima. Son sourire étaient comme un éclat de soleil contre une vitre, il aurait fallu se couvrir les yeux pour s'en protéger.

▲▼


Mais où ??
Calme-toi, petit. Loin. Au Pakistan.
Et son châle, son tchador où est-il ??
Pour la dernière fois, calme-toi !! Nous pouvons aller au camp de réfugiés et tenter de la retrouver, mais ça ne sert à rien. Tu te feras d'autres copains. Tout est fini maintenant, tu es libre.

Iqbal regarda l'homme avec effarement. Peut-être qu'il ne comprenait pas bien sa langue.

Le réseau avait été découvert et démantelé par une ONG australienne. Les enfants avaient fui ou été emmenés par camions dans des camps de réfugiés. La guerre était finie. Iqbal s'en moquait. Il avait perdu Fatima. Il avait perdu tout son argent.
Il se débattit bien plus contre les gens de l'ONG que contre les Talibans, que contre les bourreaux d'enfant. Il ne supportait pas leur façon de faire croire qu'ils voulaient l'aider. Qu'ils faisaient ça pour lui. Iqbal s'occupait de lui depuis si longtemps qu'il avait oublié sa montagne. Alors ces gens là pouvaient bien repartir. Ils ne comprenaient rien. Ils n'aidaient personne.

A partir de là, Iqbal fut considéré comme un petit sac de souffrance par tous les adultes. Et c'était bien pire que d'être battu, exploité, affamé. C'était pire que tout. Il ne retrouva pas Fatima. Il ne retrouva pas son argent. Et il cessa de parler, peut-être parce qu'il ne savait pas quelle perte était la plus lourde. Cela fit penser aux gens de l'ONG qu'Iqbal était en grande détresse psychologique. Les gens de l'ONG insistèrent pour qu'il soit emporté, sans son accord, exactement comme les bourreaux du réseau. Emporté loin, au delà des montagnes, au-delà de son pays.

Les adultes, en Australie, furent très gentils avec lui. Ils lui donnèrent une chambre, des vêtements, un bain et un repas. Ils lui parlèrent cette langue nasillarde que parlent les Américains. Ceux qui font que les enfants explosent. Iqbal leur adressa un sourire qu'ils trouvèrent ravissant, mais seulement parce qu'ils ignoraient la force du vrai.
Il n'y avait rien de l'Afghanistan dans leur maison, pas une seule évocation, comme si l'Afghanistan était une tache, une pellicule de crasse sur son être, qu'il fallait laver, retirer, effacer. Pourtant, ils ne parvinrent jamais à ôter la poussière. C'était tout ce qui lui restait, et Iqbal avait une lueur de défi dans les yeux en voyant les adultes s'acharner à l'en débarrasser.

Le second soir, Iqbal, dans sa petite tenue d'Américain Australien sans odeur, fouilla toute la maison, prit tout l'argent qu'il put, et ouvrit la fenêtre. Il avait traversé trois montagnes. Il pouvait bien traverser la mer.

Ce fut ce moment que choisit Peter Pan pour apparaitre, cachant les montagnes et dérangeant la nuit.
Peter Pan fut le seul, de toute sa vie, à lui demander s'il voulait venir dans son Pays. Peter Pan ne le força pas et attendit. C'est peut-être pour cela qu'Iqbal dit oui.

Le sourire aussi, dérangea la nuit.




Lexique:


L'Invisible pour les yeux

T'as un Pseudo ? SakriPan
Et un âge ? mais non !
C'est quoi ton Avatar  ? little poor boy by studio-ark
Comment t'as découvert l'île ? dans mon décor intérieur.
Tu la trouves comment ? entière.
Dis, tu crois bien aux fées ? surtout celles des cristaux $$
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MessageSujet: Re: Grain de poussière   Grain de poussière EmptyMer 28 Fév 2018 - 16:16

DE QUEL DROIT T'ES PAS CONTENT BRO, ELLE EST SUPER CETTE FICHE Grain de poussière 2017123043

Ça a été un plaisir de découvrir un nouveau personnage à toi et - avec lui - un pays que je ne connaissais que de nom (mais tu m'as vraiment donné envie d'en savoir plus).
Scallywag sent la poussière mais le vrai aussi : tu nous entraînes dans son histoire avec une finesse toute panesque, je me suis retrouvée complètement dedans et je n'ai soufflé qu'à la toute fin. J'ai vraiment l'impression que ton écriture s'améliore et qu'elle s'affine, c'est assez magique. Et, forcément, j'ai très envie de suivre la suite des aventures de ton Cerf-Volant.

Bref. Rebienvenue une énième fois Grain de poussière 3864948088
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Keith Jackson
Keith Jackson

☠ Timonier du Jolly Roger ☠


✘ AVENTURES : 199
✘ SURNOM : L'Barré
✘ AGE DU PERSO : La quarantaine m'est passée d'ssus sans pitié

✘ DISPO POUR RP ? : J'ai passé l'arme à gauche mon gars, j'dois juste finir c'que j'ai commencé
✘ LIENS : Yoho, l'âme des pirates jamais ne mourra !


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MessageSujet: Re: Grain de poussière   Grain de poussière EmptyJeu 1 Mar 2018 - 13:44

I'm finaly here !

Eh beh mon gars... Ça sent la terre ct'histoire, mais surtout ça sent l'grand, l'immense. L'immense d'toutes ces montagnes qu'il a gravi, armé d'son sourire. La tune putain, jm'attendais pas à c'que ça ait tant d'importance (ouais tu me l'avais dit mais j'avais pas réalisé la teneur dl'affaire) C'est nouveau ça. C'est bien - évidemment, mon âme d'pirate dira jamais l'contraire.
Mais c'gamin... On a l'impression d'inspirer un grand coup, ptêtre même trop pour nos poumons qui menacent d'exploser. Un grand bol d'air aussi pur qu'vicié. Il fait voyager, c'est clair, c'est passionnant même. Ça se sent qu'tu t'es documenté (comme toujours tu m'diras) et ça sonne vrai (comme chaque fois tu m'diras).
Sincèrement l'ami, t'as pas d'quoi être insatisfait : c'est beau, c'est grand, c'est fort et c'est dur. Comme toujours tu m'diras.
J'suis content d'voir c'gamin crapahuter sur c'te foutue Île et j'ai grand hâte d'marchander avec lui, hehe.

Bravo, garçon des montagnes Grain de poussière 1567127440

(Je l'aime Iqbal putain, tellement fort ! ❤️)






Avatar dessiné par MadMax
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Smoke
Smoke

♣ Récolteur ♣


✘ AVENTURES : 513
✘ SURNOM : Le Rieur
✘ AGE DU PERSO : 17 ans

✘ DISPO POUR RP ? : Non
✘ LIENS : The smoke fills my lungs with the need to laugh.

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MessageSujet: Re: Grain de poussière   Grain de poussière EmptyJeu 1 Mar 2018 - 19:48

Grain de poussière 2674914318 Grain de poussière 3864948088 Grain de poussière 1312715125
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Freckles
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♣ Chef des Livreurs ♣


✘ AVENTURES : 1894
✘ SURNOM : Le Lionceau
✘ AGE DU PERSO : Quinze ans

✘ LIENS : you're running on unsolid ground

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MessageSujet: Re: Grain de poussière   Grain de poussière EmptySam 3 Mar 2018 - 17:35

Bon voilà on avait parlé du perso, et on avait parlé de lectures mais je savais quand même pas à quoi m'attendre, et j'aime Scallywag mille fois plus que tout ce que j'aurais imaginé.
(Et pas que à cause du paragraphe sur mon perso, PAS QUE).
Scally est entier, attachant, t'as réussi à intégrer sa culture avec beaucoup de sensibilité je trouve et t'as pas versé dans le drama facile du tout malgré la lourdeur du background, bref PARFAIT/20 pour changer.
(Et je sais pas quoi dire d'autre, sérieux je l'aime juste vraiment beaucoup beaucoup).

Viens faire du cerf-volant avec moi Grain de poussière 647365749
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Coquillage
Coquillage

≈ Sirène Simple ≈


✘ AVENTURES : 211
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✘ LIENS : Coquillages et crustacés
aventures en cours : 1-2

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MessageSujet: Re: Grain de poussière   Grain de poussière EmptySam 3 Mar 2018 - 19:27

Franchement que dire de plus sur cette somptueuse fiche ?

Tes persos nous frappent toujours droit au coeur, c'est fou, j'arrive pas à croire que je me suis encore laissé surprise :D

Scallywag est un perso qui cache une grande complexité, un caractère façonné par tout ce qu'il a traversé et le tout raconté avec une plume magnifique.

Juste wow.






Grain de poussière Sirene11

Merci Zanou :3 :


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Pit
Pit

♣ Chef des Raccommodeurs ♣


✘ AVENTURES : 1072
✘ SURNOM : Le Joker
✘ AGE DU PERSO : 17 ans

✘ LIENS : Quelques fleurs perdues dans un fossé de cartes
le SWAG


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MessageSujet: Re: Grain de poussière   Grain de poussière EmptyDim 4 Mar 2018 - 11:51

Gosh, t as bien utilisé l'univers de ce pays on dirait

Comme toujours je trouve tout cute, mais bon xD Ton Scally' est intéressant, j'aime bien sa quête de la money money Grain de poussière 4198890058 et tout le reste aussi u3u j'aime le complex 8D

Vive the POWA 8D

Huhu, bref, re-welcome 8D
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Scallywag
Scallywag

♣ Livreur ♣


✘ AVENTURES : 18
✘ SURNOM : le Cerf-Volant
✘ AGE DU PERSO : environ 12 ans

✘ DISPO POUR RP ? : 1/1
✘ LIENS : grain de poussière


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MessageSujet: Re: Grain de poussière   Grain de poussière EmptyDim 4 Mar 2018 - 20:06

Je vous remercie infiniment Grain de poussière 4270936508

J'aime beaucoup Scallywag mais il est difficile à raconter, et j'avais peur de ne pas avoir mis assez de coeur dans l'histoire, alors une fois encore ça me rassure de voir que ça vous a touché malgré tout hehe Grain de poussière 755109198
J'ai essayé de raconter ce personnage un peu comme un voyage je pense (ô l'autre) alors c'est chouette si vous avez apprécié de le suivre ainsi. Ca me fait méga méga plaisir et ça me rend très fier !

J'ai grande hâte de le voir sourire et danser parmi vous !! Grain de poussière 3582817743









Scallywag tousse en firebrick
.....


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James Hook
James Hook

☠ Capitaine des Pirates ☠


✘ AVENTURES : 245
✘ SURNOM : Le Capitaine
✘ AGE DU PERSO : La quarantaine


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MessageSujet: Re: Grain de poussière   Grain de poussière EmptyLun 5 Mar 2018 - 11:02

Ton Scallywag est tout aussi attachant que le reste de tes personnages, il a un côté vrai, on arrive à le comprendre sans connaître les montagnes ou la guerre. Et puis ça fait en effet voyager, j'ai appris beaucoup de trucs de l'Afghanistan, que finalement je ne connaissais qu'à travers deux leçons d'histoires bâclées. Là c'était beaucoup plus poétique et humain à la fois, donc aussi difficile que tu aies trouvé l'exercice, de mon point de vue tu l'as bien réussi !

Hâte de le voir parmi nous aussi !
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MadMax
MadMax

★ Mère des Chasseurs ★


✘ AVENTURES : 1130
✘ SURNOM : L'Increvable.
✘ AGE DU PERSO : La bonne quinzaine.

✘ DISPO POUR RP ? : Globalement, ouais.
✘ LIENS : Naissance, renaissance & La Meute

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MessageSujet: Re: Grain de poussière   Grain de poussière EmptyMar 6 Mar 2018 - 11:22

Félicitations mon enfant


Tu es condamné.





Cette fiche. Cette fiche !

Elle est grande, oui, comme la Montagne. J'avais grande hâte de voir Scally débarquer enfin, depuis le temps que tu m'en parles ! Et comme toujours, impossible d'être déçu. Tu n'aimes pas la fiche, mais pourtant elle transmet tant de choses ! Ce que tu partages de la vision du monde par Scally, son parcours, les montagnes qu'il rencontre et qu'il aime ou n'aime pas. Scally est fort dans sa survie, triste dans sa solitude, beau dans sa relation avec ses racines. C'est toujours un peu frustrant de te valider, parce qu'il est toujours difficile voire impossible de trouver les mots pour rendre justice à l'humanité vibrante de tes personnages. Qui ne sont plus des personnages, d'ailleurs : ils sont vrais.

Et Scally.. J'ai juste envie de lui dire "Take my money bb".


_______________________________


Je te serre chaleureusement la main. Cours vite créer ton Dé à Coudre et demander un Compagnon de Jeu afin de vivre une aventure ! Par ailleurs, n'oublie pas de prendre connaissance de L'intrigue du moment. Tu peux aussi participer au RP d'introduction spécialement conçu pour les nouveaux arrivants et qui permet d'immerger facilement ton personnage dans l'univers : Le Bannissement. A moins que tu ne choisisses de te lancer dans Mission Périlleuse ? Si tu préfères passer du bon temps en papotant, rejoins sans tarder la Nursery. Quoiqu'il en soit, que ton séjour à Never Never Land soit fabuleux et éternel.








J'suis Parole en #cc3300.

Merci Dog. ♥:

Merci Arrow. ♥:

Merci Coquillage. ♥:

Merci Sindri. ♥:

Merci Blue. ♥:
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Scallywag
Scallywag

♣ Livreur ♣


✘ AVENTURES : 18
✘ SURNOM : le Cerf-Volant
✘ AGE DU PERSO : environ 12 ans

✘ DISPO POUR RP ? : 1/1
✘ LIENS : grain de poussière


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MessageSujet: Re: Grain de poussière   Grain de poussière EmptyMar 6 Mar 2018 - 14:22

Merci du fond du coeur tous les deux ! Ça me touche énormément ! Grain de poussière 60569370

MadMax pfouh roh la la arrête ça Grain de poussière 512241947
Merci ma chère (je prends l'argent au passage thks)


Me voilà tout vert, je m'en vais de ce pas chercher mes cristaux niehehehe Grain de poussière 205033992









Scallywag tousse en firebrick
.....


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Rainbow
Rainbow

♣ Grimpeur ♣


✘ AVENTURES : 191
✘ SURNOM : Le Carambar
✘ AGE DU PERSO : 16 ans par légère anticipation

✘ DISPO POUR RP ? : Oui et Non, à voir ♥
✘ LIENS : Over the rainbow, there is a quiet companies

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MessageSujet: Re: Grain de poussière   Grain de poussière EmptyMar 6 Mar 2018 - 17:52

J'arrive un peu en retard mais je suis là! ♥️

J'aime beaucoup le caractère de scally, son côté ambigue, joyeux et sombre avec sa tâche au coeur.
C'est très poétique et sémantique je trouve ♥️
Et puis j'aime toujours autant la présence de la grande Histoire dans la petite histoire ♥️♥️♥️ Cette vision de l’Afghanistan est vraiment cool.

Plus qu'Arrow, je vois vraiment bien un lien (et un rp!) avec Rainbow car l'Arc-en-ciel a aussi grandi sur un cheval et est très bon cavalier même si pas de la même manière ahah (sa mère était voltigeuse et ils vivaient en itinérance avec leur chevaux). En plus, ils ont un peu cette culture du détachement, du fait qu'il ne faut pas avoir des vrais amis car on finira toujours par en être séparé!

Un rp à la recherche de chevaux sauvage à domestiquer ça pourrait être cool ♥️







Grain de poussière 93of
Merci Joy. Ton LSD, c'est de la bonne *_*

Playlist du bonheur

Les pensées de rainbow :

Spoiler:
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