Ses cheveux le dérangent. Pourtant, la coupe qu'il s'est infligée date d'il y a un moment. Le tout a bien repoussé depuis, devenant un peu en bazar. C'est ça le souci, cette imperfection. Lorsqu'il sent les mèches recouvrir en partie ses oreilles. Les avoir longs était une rébellion envers des règles cruelles. Pourtant, ne pas les couper de nouveau serait un crime similaire, et ça le dérange cette fois. Alors Wrath attrape des ciseaux au but médical, y allant trop brutalement une fois encore. Ce n'est pas mauvais, ça repoussera tout seul si certaines parties sont trop courtes. Du moment qu'on ne vient pas l'arrêter et lui infliger un blâme parce qu'il ne respecte pas des règles que lui seul connaît.

La rage habite son cœur, résonnant avec la moindre parole qu'il entend, le forçant à s'éloigner. Soul le laissera, n'est-ce pas ? Wrath n'en est pas certain, et il opte de ne pas demander, une cigarette entre ses lèvres et son blouson en cuir sur le dos tandis que ses pas l'entraînent loin. Et le soulagement vient au fur et à mesure, emplissant ses poumons en même temps que la fumée. Ça va lui manquer, quand il aura épuisé ses réserves du monde ordinaire. On fume aussi chez les perdus, mais la qualité est moins au rendez-vous. Wrath a survécu à pire, donc ça ira.

Le Nautilus n'est plus qu'un mauvais souvenir, un truc que certains n'ont pas vécu. Des fois, il se demande ce que ça ferait d'aller faire chier ses compagnons de voyage avec de l'alcool. Dangereux, certainement. Au moins son anglais est passé de pitoyable à médiocre. Une grande victoire ! Pas que ça aide tant que ça, dans le fond. Sa cigarette change de main, laissant la place à son couteau à cran d'arrêt à la place. Il l'ouvre et le referme à plusieurs reprises (toujours un nombre pair) pour se vider l'esprit avant de le ranger. L'idée de faire courir la lame contre un arbre est tentante bien que pas utile. Les marques sur ses doigts sont encore récentes, ça suffit amplement. Ses gants les cachent très bien de toute manière.

La clope terminée est écrasée sur un rocher au cours de sa marche. De toute façon, il s'en allumera une au retour, pour montrer que c'est vraiment une journée pourrie dans sa tête et que ça s'arrêtera pas si facilement. Si la Flamme ne parvient pas à contrôler ça, il ira embêter Samurai pour qu'ils aillent à l'arène. Il a encore quelques marques sur la figure à cause de leur dernière rencontre du genre. C'est pas grave, ils sont rivaux et amis (pas que Wrath en soit sûr mais l'autre crétin arrête pas de venir lui causer dès qu'ils se voient). C'est juste pour évacuer. Le craquement des chairs et le sang dans sa bouche, c'est une autre addiction.

Le musicien donnerait son royaume pour retrouver sa guitare, mais on ne peut pas tout avoir. L'adolescent ne réalise qu'il a marché plus que prévu qu'une fois devant la rivière. Ah, ça lui rappelle des souvenirs, par ce froid. Il s'accroupit devant juste un moment, pour y plonger ses mains, après avoir retiré ses gants. Le soulagement est immédiat, jusqu'à ce que ça le brûle plus qu'autre chose. Les dangers de la saison, il suppose.

Il compte les marques sans faire attention, juste pour s'assurer que le nombre reste identique de chaque côté. Comme s'il y avait une ligne de démarcation entre les deux.
C'est peut-être le cas, dans sa tête.

Au moins, personne va venir lui taper sur le système pour une fois.

Les coupures guérissent toujours par elles-mêmes, suffit de pas les rouvrir, de pas faire le crétin en voulant s'écharner. Des fois, Wrath passe sur les jointures, juste parce que c'est là que ça sera le plus dur à endurer. Un rappel de pas le faire la fois d'après, sauf que pour lui c'est tel un défi. Prêt à exploser pour prouver qu'il peut tout endurer, le Coréen se dit bien que ce n'est pas malin. Pas qu'il connaisse d'autres façon de faire, surtout sans la musique. Certains perdus jouent d'un instrument, bien que ça soit différent. Peu connaissent ses groupes favoris et on va pas lui offrir une guitare de nulle part. Trop simple, il faut qu'il le mérite en devenant un bon soldat dans cette armée destructrice composée uniquement de gamins.

Tout ça, les pensées qui s'accumulent coupant tout avec la même aisance que ses couteaux, ça s'arrête un peu à un moment. L'adolescent se prend à fermer les yeux, ayant l'impression de pouvoir presque ressentir quelque chose d'apaisant en lui. L'eau froide lui fait un tel effet ? Probablement pas. Il reste qu'après ça, la Flamme s'est bien calmée. Moins de colère à déverser sur la flore aux alentours.

La voix est faible, lorsqu'elle résonne à ses oreilles. Pourtant, Wrath ne voit personne lorsqu'il se retourne, se redressant lentement (autant ne pas se faire surprendre par l'ennemi). Enfin, sa rivale là, c'est juste une perdue, pour ce qu'il en suppose. Une fille qui saute de l'arbre pour s'approcher. Si il l'entendait à peine plus tôt, là c'est trop fort, assez pour qu'une main se lève et vienne couvrir son oreille. Pour une fois qu'on lui sort pas une phrase bien compliquée, Wrath pourrait limite être content d'avoir une conversation.

L'absence de ses gants, toujours par terre, ne le dérange guère. Il se cache pas d'avoir des problèmes, en majorité parce que la plupart des gamins s'en foutent tout autant que lui par ici. Et y'a une fille qui a la gueule toute massacrée, donc il est pas mal à côté.

« Qui tu es ? » Le courant derrière lui est plus intense qu'avant, ou alors le bruit ne lui était pas apparu comme si fort plus tôt. « Ça va. Balade. Toi ? »

Si ça crie pas 'je maîtrise pas ta langue', la Flamme ignore ce qui le fera. Pas que communiquer un moment ne lui pose problème, il se sent mieux que précédemment après tout.

Elle est le sable, tel celui qui recouvre les plages.
Est-ce que leurs noms sont supposés posséder un véritable sens ?
Ou ne sont-ils qu'un terme imposé au hasard ?

Wrath ne connaît la signification du sien que depuis peu. Il lui convient, qu'importe que ça soit la colère sourde, la rage qui l'habite et qui le blesse. Une identité est toujours une chose que l'on doit chérir. Son esprit est toujours un peu plus léger que d'ordinaire, les pensées se heurtant sans se détruire. C'est appréciable.

« Wrath. »

Mieux vaut faire dans le minimalisme, au lieu de se perdre dans des phrases trop longues. Elle n'est pas sa camarade, pas encore au tout cas. Après tout, la Flamme considère de plus en plus de gens comme méritants ce titre au sein du Grand Arbre.

Les paroles ne s'arrêtent pas, elles s'écoulent. Il imagine les vagues, celles qui viennent lécher vos pieds lorsque vous vous tenez près du sable. L'adolescent serait en mesure de les laisser couler, d'ignorer ce va et vient qui s'immisce un peu trop profondément dans la conversation. Son humeur lui permet néanmoins de tenir son regard, de le rendre même. Ses mains frappent l'une contre l'autre, quatre fois.

S'il fait ça, alors qu'importe ce qu'il dise, personne ne pourra le tuer.
La paranoïa n'est pas une bonne compagne. Un peu trop obsessionnelle, certainement.

« Je suis soigneur. » Ses mains ne sont qu'un reflet de ce qui se produit dans sa tête, Wrath présume. Il n'a jamais été trop loin, pas assez pour endommager quoi que ce soit d'autre. Il lui montre, juste un peu, que chaque marque a été nettoyée.

« Mon visage, combat. » Les bleus ne le dérangent pas, il les cite quand même, parce qu'elle risquerait de changer le sujet pour s'intéresser à ça ensuite. Ils sont presque effacés à présent, se confondant avec sa peau.« Arène. Ami. » Est-ce qu'elle sera en mesure de comprendre que la violence peut être utile à certains ? L'adolescent n'en sait rien. Il évite de s'exprimer sur les coupures, n'ayant guère envie de subir un interrogatoire.

« Toi poser beaucoup de questions, » d'habitude, la colère viendrait en premier, un pas en avant pour trois pas en arrière. Là, le Nord-Coréen a un éclat d'amusement dans son regard, fugace.